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 La procession qui fit trembler Serramire

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Herménégildoricius
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Herménégildoricius


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MessageSujet: La procession qui fit trembler Serramire   La procession qui fit trembler Serramire I_icon_minitimeMar 21 Juil 2009 - 16:45

Sitôt le divin baron eût-il délivré ses bénédictions aux velléités du baudrier que celui-ci le remercia avec effusion et s'en retourna d'un pas vif vers son fidèle Manfred. Il croisa en chemin une troupe d'artisans cireurs venus dorloter les bottines du suzerain d'Oesgard. Ces hommes habiles furent éberlués par la prestance D'Herménégildoricius et, sans le connaître pourtant, ils s'inclinèrent sur son passage. Le champion des guerriers-bûcherons dégageait en cet instant un charisme rare. Arrivé aux écuries, il se saisit de sa monture par la bride et crut lire dans le regard de l'animal un soupçon d'admiration. Le baudrier ne put réprimer un sourire d'aise. Sans doute le cheval savait-il lui aussi qui était son maître, et de quel amas de gloire il allait se couvrir après la parade...

Le capitaine chevaucha à bride abattue vers le Quartier général de ses hommes. Aussitôt arrivé, la mine grave et le regard luisant, il dégusta dans la cour intérieure un vin du cru qu'il trouva meilleur qu'à l'habitude. Se sentant gaillard, Herménégildoricius escalada le porche de la bâtisse qui servait de caserne aux Leümberjack.

Ainsi posté, dominant la petite place, il fit un signe de main nonchalant à un joueur de cor posté sur une tour de guet. A peine sa main se fut-elle baissé que déjà des notes claires s'élevaient vers les cieux d'Oësgard, intimant à tout les preux du nord de venir ouïr la harangue que de Tourmalin se proposait d'engager. Une foule de virils combattant sortirent des bâtiments, leurs haches colossales en bandouillère. Ils semblaient prit d'une véritable frénésie à la vue de leur chef de guerre... Exhaltés comme rarement par la solennité de l'instant, ils saluèrent ensemble le commandeur des Leümberjack.

" Gloire à qi en a encargiet les armes!"

Herménégildoricius n'avait jamais compris le sens de ces mots, mais cela ne pouvait être que flatteur, quoique sybillin.

"Chers frères, dit il. Je vous réunis en ce matin radieux afin de vous annoncer une nouvelle qui, à l'évidence, vous transportera d'allégresse! Le baron Baudoin(à ce nom, des vivas se firent entendre dans l'assistance), nous mande d'aller en Erbay parader pour glorifier la splendeur d'Oësgard, le triomphe d'un peuple aux coutumes martiales populaires enviées à travers toute les terres émergées!
Dans un lieu avoisinant à ce point Serramire, les riverains seront ébaudis de nous voir ainsi représenter la volonté de fer de la baronnie. C'est tout le duché en prendra ombrage, entendez vous mes hardis compagnons? TOUT LE DUCHE JALOUSERA VOTRE PRESTANCE ET VOTRE ARDEUR."

Une clameur s'éleva.

"Le pitresque Merwyn, Matamore rare par le ridicule, sombrera dans la folie en contemplant de si féroces apôtres de la mort parader à ses portes, il ne pourra que se rendre à l'évidence et laisser notre peuple prendre l'essor qui lui est du. Allons donc épouvanter ce sinistre emblème de déchéance! Montrons lui ce que l'énergie et la fougue peuvent accomplir! haut les coeurs mes frères! C'est à la guerre que je vous mènerais."

Des cris s'élevèrent de toute part, les impétueux soldats étaient prêts à humilier toute les nations qui s'opposeraient à leur maître.

Le baudrier d'argent (aussi bien l'homme que l'objet) étincelait au soleil du haut de son porche. Il sauta à bas et sans mettre le pied à l'étriller, il grimpa sur son Manfred bien-aimé.

La majestueuse procession se mit alors en branle au son des fifres, des cor et des olifants, des pipeaux et des tambours. Des airs martiaux retentissaient dans tout Oësgard tandis que la population, déchainée par l'ardeur patriotique qui se réveillait en elle hurlait des slogans peu flatteurs à l'égard des rats de Serramire. Une nation en ebullition, des spectateurs exaltés, il n'en fallait pas plus à Herménégildoricius pour entamer le lai des massacreurs. Sa voix de miel ne fut entendue que par les gens les plus proches de lui, il est donc impossible d'en donner la transcription exacte. Tout au plus peut on alléguer que ceux qui l'ont perçue en ont eu l'âme chamboulée, et nombreux furent les soldats bouleversés par l'aimable poème chanté du Baudrier.

Une fois sortis de la cité, les immenses oripeaux d'Oësgard furent déployés, le visage altier du baron apparaissait sur les plus ornementés d'entre eux. Les étendards flottaient au vent et le cortège progressait à un train de sénateur.
Herménégildoricius commanda à sa troupe d'entonner des chants de guerre. Il sortit son épée et l'éleva bien haut, comme si il voulait que la voix de ses audacieux hommes atteigne le firmament. Ainsi donc partit le groupe des 400 hommes destinés à faire trembler la région la plus agitée du septentrion.

Partout sur le chemin, des voyageurs, des paysans, quelque commerçants itinérants et même des vagabonds saluaient les hommes de guerre qui s'acheminaient vers les limites de la baronnie. Ils agrémentaient leurs gestes de louanges pour le baron et le fidèle Herménégildoricius qui devançait ses hommes avec un air de dédain qui convenait parfaitement à son rang.

Après une longue route qui fut tant glorieuse que pénible, la délégation arriva dans la charmante bourgade d'Erbay, mais apparemment, les pontes et autre responsables de l'ordre public n'avaient pas été informés de la venue des Leümberjack. Ils furent donc déconcertés de voir que Tourmalin ordonna aux bûcherons de prendre leurs aises dans les foyers de la cité. Quand un maroufle tenta de s'opposer à cette évidence, le Baudrier lui même lui infligea un soufflet en hurlant.

"CE SONT LES ORDRES DU BARON, PENDARD!"

L'installation se fit ensuite sans ennuis majeurs... Il ne restait plus qu'à attendre les invités.
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