Un Cavalier aux portes du Manoir d’Odelian (Pv avec Gaucelm)

Un cavalier chargé par le Sénéchal de l’Armée Royale, Kazil De Sephren quitta le duché d’Erac tôt dans la matinée. Le soleil n’était pas encore levé lorsque l’homme après avoir s’être restauré et avoir sellé son cheval quitta l’écurie d’Erac. Pour le moment le froid et la nuit étaient ses principaux ennemis, néanmoins protégé par sa lourde cape en fourrure et par son expérience des chemins, il pouvait s’en affranchir sans grande difficulté.

Filant dans la nuit, en chevauchant sa fidèle monture, un cheval à la robe noire et blanche, il n’avait qu’un objectif en tête, accomplir sa mission. En effet, plaquée contre son ventre, une bourse contenant deux lettres manuscrites du Sénéchal qui devaient arriver en main propre au Comte Gaucelm d’Odelian. Sa quête était capitale et il devait se montrer discret et échapper aux péages entre les duchés. C’est en ce sens que sa tenue ne montrait aucune réelle appartenance à un quelconque duché.

Lorsque le soleil se leva enfin, le Cavalier se trouvait à la frontière entre le Duché d’Erac et de Ste Berthilde. Cela faisait quelques heures qu’il parcourait des chemins moins fréquentés et il arriva à traverser la frontière sans difficulté. L’homme se permit un moment de repos pour boire quelques gouttes d’eau et manger un morceau de pain qu’il partagea avec son compagnon de route. Il reprit la route et c’est vers la fin d'après midi qu’il arriva à l'autre frontière qui séparait le Duché de Ste Berthilde et de Serramire. Passant avec la même stratégie il parvint plus tard au domaine d’Odélian puis au manoir qui se trouvait dans plaines d’Atral. Le soleil quant à lui éclairait les plaines d'une lueur orange, la nuit allait bientôt arriver.

L’architecture du Manoir était époustouflante et l’on devinait le travail d’un grand homme, néanmoins, il n’était hélas pas venu pour une visite de courtoisie et bavarder sur l’assemblage de pierre en une combinaison de plus agréable. Le cavalier descendit de sa monture et s’approcha d’un des gardes qui protégeait l’endroit. L’homme inclina la tête et se présenta.

-« Bien le bonjour, je suis Koiju, un messager du Sénéchal de l’Armée Royale. Je viens en ces terres pour remettre une lettre à votre Seigneur, le Comte d’Odelian. »

Avant que le garde ne lui demande de se justifier sur la personne qu’il se prétendait être, le cavalier sortit un parchemin de sa bourse. Il le déplia puis le tendit à l’homme qui se trouvait face à lui.



Ne pouvant me rendre dans le domaine d’Odelian, Messire Koiju que j’ai envoyé en tant que messager, doit remettre la missive ci-jointe en main propre au Comte d’Odelian.

En vous remerciant d’avance, de votre coopération,

Le Sénéchal, Kazil De Sephren

Koiju laissa le temps au garde de lire la missive et espérait qu’il répondrait favorablement à la demande du Sénéchal. Comme à son habitude, il ignorait le contenu de la seconde missive mais il savait qu’elle était importe et que Kazil lui faisait confiance pour ne pas l’ouvrir et la remettre. Ce n’était pas la première fois qu’il effectuait ce genre de mission et sûrement pas la dernière.

Le Gras comtemplait avec fierté ses forces se masser au pied du grand manoir d’Odelian, toutes prêtes à fondre sur la faible Etherna qui ne se doutait de rien. Moult piquiers et fiers arbalétriers odelians avaient répondus à l’appel de Gaucelm, brandissant fièrement leurs étendards. Le comte avait passé la journée, penché au-dessus de cartes de la région, évaluant la meilleure route d’approche vers la capitale voisinne, et avait également convoquer ses ingénieurs, pour les pousser à produire toujours plus de catapultes. Gaucelm ne voulait rien laisser au hasard, son attaque devait être rapide, puissante et décisive … Il gloussait de plaisir alors que tout ce passait le mieux dans le meilleur des mondes, il ne restait plus qu’à convaincre Merwyn du bien fondé de l’attaque sur Sainte Berthilde. Les idées se bousculaient sous le crâne dégarni du comte ventripotent lorsqu’un de ses gardes entra dans le bureau en déclarant.

Monseigneur ! … Un messager du sénéchal demande à vous voir. Il m’a donné cette missive.

Spoiler:

Les doigts boudinnés de Gaucelm se crispèrent autour du pli, alors qu’il bougonnait. Un sénéchal ! Diantre, ce jeune roi avait fait preuve de réactivité, et le successeur de cette dévergondée d’Esidenir encore plus … Une étincelle malicieuse apparut aux fonds des yeux du Gras, il venait de voir là une occasion de se faire un allié de poids et un plan, teinté d’opportunisme, naquit dans son esprit de grassouillet. Un nouveau gloussement de satisfaction s’extirpa de son double menton puis il s’adressa à son guerrier.


Faites le venir, Pacôme


Il s’attela à ranger son bureau, dissimulant les cartes dans les tiroirs et tentant de mettre un minimum d’ordre alors qu’il entendait les pas de son invité qui résonnait dans le couloir. Alors que le sous fifre du sénéchal entrait, Gaucelm s’écria en arborant un large sourire.


Mon bon seigneur, vous êtes bien bon de vous être déplacer jusqu’ici !! Que me vaut le plaisir de cette visite ?

Le messager du Sénéchal, Koiju fut tout d’abord étonné par l’engouement dont faisait preuve le Comte d’Odélian. Cette attitude était bien différente aux réactions qu’avaient eu ses prédécesseurs. Le plus souvent, le récepteur d’une telle missive était nerveux, surpris ou encore dépité. D’ailleurs il se souvint d’une mission où il n’avait pu achever. La saison était aussi fraîche pour ne pas dire glacial et il s’était trouvé devant le manoir d’un noble quelconque. Tout se passait comme à l’habitude pour ne pas dire de façon monotone, il fut accueilli par un garde en faction qui alla prévenir son supérieur. Le noble descendit puis s’enquit de ce que lui voulait le messager. Néanmoins il n’accepta pas la lettre de l’Officier qu’était le Sénéchal à cette époque et il le renvoya. L’affaire s’arrangea plus tardivement de façon moins discrète. Il était vrai que lorsqu’une missive de l’Armée Royale parvenait à une personne, elle n’annonçait pas forcément de bonnes nouvelles, décès d’un proche s’étant engagé, trahison d’un membre de sa famille, arrestation, il y avait de nombreuses raisons de ne pas se sentir en joie devant une lettre de la sorte, mais le Comte d’Odélian était charmé.

Koiju s’inclina devant le l’homme grassouillet et l’observa rapidement. Impressionnant pourrait être un mot le qualifiant. Il ne semblait pas méchant de plus les personnes grasses nous paraissent au final rarement néfastes, mais il demeurait dans son apparence, surprenant. Son entrée en matière avait rendu le messager confiant et il s’avança vers le Comte.

-« Mes salutations, Comte d’Odélian. Je viens vous remettre une lettre du nouveau Sénéchal, Kazil de Sephren. Cette missive m’a été confiée et le Sénéchal m’a demandé de vous le remettre en main propre »

Le messager s’agenouilla puis extirpa de sa bourse, un parchemin scellé par le cachet des « De Sephren », famille à laquelle le Sénéchal appartenait. Il tendit alors la missive au Comte. Il allait voir si la mine de l’homme allait s’éclairer davantage, si cela était bien entendu possible ou bien si ses traits allaient se tirer jusqu’à ce qu’il fasse la moue.


Du Sénéchal de l’Armée Royale, Kazil De Sephren
Au Comte d’Odélian, Gaucelm d'Odelian


Cher Comte,

Suite à certaines manœuvres politiques de la part de plusieurs barons, un mouvement de contestation à l’égard du Roi est né dans le Royaume. La trahison de ses hommes est inacceptable et leur acte ne restera pas impuni.

Cette situation ne peut perdurer sans qu’elle ne devienne dangereuse pour le Royaume. Les Drows restent une menace importance et bien qu’ils se soient retirés durant la dernière bataille, il ne fait aucun doute qu’une nouvelle attaque aura un jour lieu. C’est en ce sens que nous devons rester uni et fort face à notre ennemi commun. Si le Royaume venait à montrer une faille, ils s’engouffreront, tels des prédateurs affamés.

Je pense que vous conviendrez que la situation demande une réaction et c’est en ce sens que je vous invite à rejoindre suite à cette missive le plus rapidement possible Dame Astéride et moi-même en Erac pour discuter de ce sujet. Je vous fais confiance pour que le nom d’Odélian demeure une source de respect dans notre Royaume.

Veuillez agréer mes sincères salutations distinguées

Le Sénéchal de Sephren.

Gaucelm tendit sa main boursouflée vers Koiju, et se saisit de la missive qu’il décacheta et ouvrit dans mouvement leste. Il fronça légèrement les sourcils pour déchiffrer l’écriture fine du sénéchal, et lut rapidement le pli. Il évoquait la rébellion et l’attaque contre le Roi, ainsi que le sort réservé aux rebelles. Ses lèvres se retroussèrent avec mépris alors que Kazil évoquait la menace drow qui, d’après lui, était toujours présente. Et si une chose valait bien la peine de cesser les tractations contre Sa Cécité, c’était bien ces gougnafiers de sombres. Il concluait sur une rencontre en Erac avec Dame Astéride et par une quelconque flatterie qui toucha à peine le comte. Il réfléchit un bref instant, jugeant le pour et le contre de cette entrevue et, surtout, le fait d’abandonner ses terres quelques temps aux mains de cet incompétent de Duc de Serramire. Cependant un refus serait pris irrémédiablement pour une rebellion et là n’était pas le but du Gras. Il se saisit d’un parchemin et ouvrit l’encrier qui trônait face à lui. Oui ! Il allait écrire de sa main grasse et délicate. Il lança un regard au messager et s’adressa à lui vivement avant de débuter la rédaction.

Asseyez vous un instant, Messire … Qu’on apporte du vin à mon invité !!

Il adressa son plus beau sourire hypocrite à Koiju et maudit la lenteur de ses gueux de serviteurs alors qu’il rédigeait la réponse.

Spoiler:

Il plia soigneusement le parchemin et fit couler un petit filet de cire pour cacheter la missive. Il appliqua le sceau au bélier avec fermeté. Il leva alors les yeux vers Koiju et lui tendit la lettre avec un nouveau sourire qui dévoila les résidus d’une feuille d’épinards coincé entre ses incisives. Il s’adressa à l’estafette, en conclusion de cette entrevue.

Tenez mon bon ! Permettez moi de vous acceuillir pour cette nuit, vous reprendrez la route demain … Passez une bonne soirée mon cher ! Maintenant excusez moi, j’ai encore beaucoup de travail

Le comportement du Comte d’Odélian surprenait de plus en plus le messager. Non seulement heureux de sa visite, il l’honorait d’un doux nectar. Il était assez rare de recevoir l’hospitalité de la part de la personne à qui on transmettait une missive alors être traité tel un noble l’était encore plus. La mine réjouit le Comte lui tendit la réponse à la missive du Sénéchal. Il la rangea soigneusement dans sa bourse qu’il verrouilla.

-« Votre invitation m’honore, cher Comte. J’accepte volontiers votre proposition et je vous en remercie. Le Sénéchal attendra votre visite avec impatience. »

Il s’inclina de nouveau devant Gaucelm puis il se retira. Un page le conduisit dans les cuisines pour qu’il se restaure avec la collation offerte par le Comte. Il ne parla pas beaucoup mais observa les serviteurs qui s’activaient et les allés et venus de certains soldats. Tout semblait être normal, la vie semblait continuer son cours en apparence. Le messager apprécia la nourriture de qualité et reconnu dans le vin, un bon cru. Une fois qu’il s’était rempli convenablement la pense, il fut accompagné à sa chambre. Ce n’était pas une chambre comme pouvait avoir les nobles mais pour Koiju, il avait un lit bien douillet où de nombreuses couvertures lui garantissaient une protection totale contre les morsures du froid, et une chaise où poser ses équipements.

La nuit passa bien rapidement pour le messager et à l’heure où il avait quitté Erac le jour d’avant, il rejoignit les écuries après avoir reçu quelques provisions pour le voyage et quitta le Manoir d’Odélian. Durant le voyage de retour, son ressentiment envers le Comte d’Odélian était mitigé, cet homme gras et répugnant possédait un certain charisme qui le rendait charmant dans ses manières. Il savait recevoir mais quelque chose lui semblait faux dans son comportement. De toute manière, le messager n’avait pas à juger un Comte, il avait terminé sa première mission et il fut confortablement accueilli c’était le principale.

Cette journée ressembla à la précédente. Heureusement que Koiju avait l’habitude de voyager seul et connaissait sa monture comme personne. Ils firent quelques pauses et continuèrent leur chevauchée jusqu’en Erac après avoir franchi Sainte Berthilde. Maintenant que le message approchait de sa destination, il pensa à un repos bien mérité pendant quelques jours. Il était épuisé et la position qu’il avait tenue durant son voyage le faisait souffrir.

Bientôt il allait embrasser un doux repos.