[HT Uriz] Prière au Père des Batailles [PV Alyryne]

Après les colonnes élégantes du temple de Teiweon Dantah’Kor, le colosse prit le chemin de la demeure d’Uriz Vyn’Het’ Namaz. L’architecture changeait radicalement d’un temple à l’autre … Les colonnes étaient carrées, ceintes de bronze brut. La voix d’une jeune novice retentissait et venait appeler les bienfaits du Père des Batailles avant l’enfer qui allait être lâché sur les pauvres ennemis d’Elda.

[Chant à Uriz]

Au côté de Men’Rall, son frère, Alder’Aak se dirigeait vers la représentation d’Uriz, le visage toujours dissimulé derrière son masque funeste. Le plus jeune des Dolerian conduit l’aîné au pied de la statue gigantesque, puis le laissa à sa prière, glissant un.

J’ai à faire, Dalninuk … Qu’Uriz veille sur toi

Le colosse tourna son visage vers son jeune frère, lui laissant un regard terne, démunit d’un quelconque amour fraternel qui aurait du l’inonder et lui répondit machinalement.

Merci, Dalninuk …

Il redirigea ses yeux vers l’avatar d’Uriz et murmura sa prière entre deux souffles sinistres, s’inclinant avec un grand respect.

Ilharn d'l'Xonathulls,
Dosst wanre uriu fridj thanked P'wal ril tangi,
Dos izin uns'aa ulu tlu d'kl'ae ulu
Dos l'Tangi p'lospholor uns'aa ib'leua Tone da're wun nindol mat tresk'ri

Les yeux fermés, il reprit cette litanie en boucle, honorant le dieu du mieux qu’il savait le faire. La mélopée enivrante de la jeune femelle dévouée au Père de la Guerre s’estompait peu à peu, alors que le colosse sentit une nouvelle présence derrière lui. Son souffle siffla avant qu’il ne lance, sans se retourner.

Qui y a-t-il, Dalninuk ? ... As-tu oublié quelque chose ?

Etrange paradoxe que l'image guerrière et sanglante d'Uriz et la beauté apaisante de ses chants... Le temple était sombre et l'odeur du sang des sacrifié taquinait les bâtons d'encens. Il fallait être honnête, il n'y avait pas que de l'encens qui parfumait l'air, mais aussi quelques mélanges chimiques qui permettaient aux fidèles d'entrer en communion avec le dieu et de voir des choses qui leur étaient interdites en temps normal. C'étaient les mêmes drogues, plus fortes, que prenaient certains prêtres pour entrer en transe. Ceux qui avaient des difficultés à entendre la voix d'uriz.

Ce qui n'était pas le cas de sa Haute prêtresse.

Cela aurait été intolérable qu'Alyryne ai recours à ces subterfuges pour entendre son Dieu. Non, la belle n'était pas une usurpatrice et avait réellement les grâces du puissant et incontesté dieu de la guerre. Sa chevelure rouge feu en attestait.

Son pas léger s'entendait à peine. Vêtue d'une toge de couleur écarlate, richement décorée et retenue à ses épaules par des broches en or serties de rubis, la religieuse était tout simplement divine. Des triangles de tissus froncés cachaient à peine sa poitrine opulente alors qu'une mince centure d'or poli resserrait la robe sous sa poitrine pour ensuite la laisser s'évaser en pans souples qui soulignaient la grâce de sa silhouette épanouie. Une diadème caractéristique du dieu des batailles et représentatif de sa fonction ceignait son front, alors que sa chevelure cramoisie cascadaient en boucles souples et soyeuses sur ses épaules nues. Ses pieds, eux aussi, étaient nus, foulant la terre du volcan, foulant la terre gorgée du sang des sacrifiés.

Son regard saphir accrocha une haute silhouette, qu'elle connaissait de vue et de réputation. Voilà que son temple acceuillait un Senger et pas n'importe lequel. Il était de bon ton qu'elle se présente à lui et l'acceuille n'est-ce pas? De tous temps, les cultes d'Uriz et de teiweon se sont battus pour gagner les faveurs des drows et obtenir davantage d'importance. La Haute Prêtresse de la Déesse des Âmes était une mystique qui rendait fous les hommes et était capable de les mettre à sa botte pour donner de l'importance à son culte. Alyryne se devait de rétablir la suprématie d'Uriz!

Légère et gracieuse, elle s'approcha du Sender, frère du grand Prêtre d'Uriz. Descendant d'un haut prêtre... Autant dire qu'il était voué à Uriz, n'est-ce pas? Elle s'approcha doucement et fut acceuillie par un sifflement agacé et des paroles courroucées. Un sourire recourba ses lèvres purpurines alors que sa voix, féminine et mélodieuse, bien que sensuellement grave, répondait au Sender :

- "Votre fervente prière est une douce mélopée à mes oreilles et aux Siennes."

Il demeura un instant immobile, décroisant les mains, alors qu’il prenait conscience de son erreur. La voix suave n’avait rien en commun avec celle, nasillarde et enrouée, de Men’Rall. Mais qui ? … Il tourna son visage macabre vers l’étrangère, et put croiser un regard intense, aussi azuré que le sien était empourpré. Une fine chevelure cramoisi qui ondulait sur les épaules et une mèche blanche tombant sur un visage élégant et fin, une tenue aux couleurs du Père de la Guerre et des traits raffinés réhaussaient par un regard bleu profond, semblant comtempler le monde par delà les âges … Aucun doute possible, cette femme était la Haute Prêtresse d’Uriz Vyn’Het’Namaz, Alyryne Naerth, descendante de la lignée choisie par Uriz en personne. Il détailla la tenue, et le corps à moitié dissimulé en dessous, partant des pieds nus et fins pour remonter lentement jusqu’au regard bleutée de la belle drow, semblant inspecter chaque centimètre avec intérêt. Un sifflement respiratoire annonça sa prise de parole, alors qu’il s’inclinait avec respect.

Pardonnez mon insolence … Prêtresse … Veuillez accepter mes excuses, il y a eu méprise …

Le pan de sa toge glissa le long de son bras, découvrant une partie de son torse sculpté dans le marbre, alors qu’il demandait le pardon d’Alyryne. D’un geste vif, il attrapa le tissu et le remit en place sur son épaule, l’ajustant machinalement, alors qu’un râle respiratoire, légèrement agacé, s’échappait de sous le masque. Il poursuivit, en continuant à toiser la femelle aux courbes élégantes, plus par éducation que par réel intérêt.

C’est un honneur … Prêtresse … Que me vaut le plaisir d’une telle rencontre ?

Bien qu’il soit hermétique à toutes sensations de joie, Alder’Aak ne pouvait s’empêcher de noter la facétie de ses maîtres qui envoyaient leurs représentantes, une à une, au contact du colosse sans visage. D’un regard, il balaya la salle démesurée, plongée dans l’effervescence depuis l’annonce de la guerre. Une procession de novices passa près du couple, baissant tous leurs regards … Mais avaient-ils peur de croiser celui du Senger ou celui de leur supérieure ? Qui sait ? …

Dire qu'Alyryne ne savourait pas l'instant aurait été mentir. La belle scrutait le dos du drow comme un chat une souris. Il s'était trompé, il avait parlé avec familiarité à la voix d'Uriz. Que ressentait-il alors qu'il prenait conscience de sa grossière erreur? Avait-il peur qu'elle ne se sente offensée et ne cherche à se venger? En avait-il seulement quelque chose à faire? Son masque dissimulait toute émotion, de même que sa voix étrange, ce sifflement caractéristique. Pas facile de deviner quoique ce soit chez cet homme et le défi était un enjeu excitant. Il n'en fallait pas plus à Alyryne pour se prendre au jeu.

Plus amusée que courroucée, elle attendait.

Et elle fut l'objet d'un examen minutieux de sa personne. Elle aurait pu en prendre ombrage, elle aurait pu se montrer aussi revêche que certaines femmes haut placées qui pensent que personne n'est digne de les regarder ainsi. Mais elle était vanité et c'était agréable d'être ainsi regardée, même s'il n'y avait aucun désir dans le regard du Senger, juste un examen froid et minutieux alors qu'il devait enregistrer la moindre courbe de son corps dans son esprit.

- "Méprise en effet... Avez-vous une idée de la façon de vous faire pardonner pour cette erreur?"

Elle jouait. Entrerait-il dans son jeu? Découvrirait-elle un esprit acéré et futé ou resterait-elle face à un bloc de marbre dénué de sentiments et d'humour? Elle espérait bien qu'elle aurait quand même un peu le droit à des paroles un peu osées et enlevées, cela ne ferait que donner de l'intêret au drow. Le regard de la drow brilla un peu plus fort alors qu'elle découvrait un torse musclé, au hasard du caprice d'un tirru volage. Vision bien vite dissimulée à sa vue. Quel dommage! Il n'y avait pas de mal à se faire du bien n'est-ce pas? Et par Uriz, ce drow était vraiment bâti comme un colosse!

- "Il se trouve qu'Uriz apprécie les prières de ses fidèles et que je suis sa volonté. Vous êtes un guerrier Senger... Un homme qui vit pour se battre et travaille à sa Gloire. Je ne suis pas juste une belle femme enfermée dans sa tour d'ivoire... Je suis l'épouse du guerrier, je suis la mère vengeresse, je suis celle qui vit pour la lutte, pour le combat, pour que la gloire d'Uriz se perpétue au rythme des batailles et au son des épées qui s'entrechoquent et des corps qui tombent, pourfendus... N'est-ce pas votre but à vous aussi? Votre raison de vivre?"

La Haute prêtresse s'était déplacée tout en parlant. Féline, elle ondulait des hances et exsudait la sensualité. Une sensualité sauvage et primitive alors qu'elle parlait avec passion de la guerre, de la mort... Ses mains fines vinrent se poser sur la statue du dieu alors qu'une lueur de dévotion totale et même d'amour dansait dans son regard. regard se parant de teintes écarlates sous l'effet de l'excitation et du plaisir de parler de carnages.

La voix suave de la Prêtresse résonna d’accents amusés et provocateurs, doublée d’un regard qui laissant quelques sous entendus apparaître.

Méprise en effet... Avez-vous une idée de la façon de vous faire pardonner pour cette erreur?

Un jeu dans les règles échappaient à l’esprit d’Alder’Aak depuis longtemps maintenant, depuis que son visage était masqué … Pourtant, il gardait toujours sa répartie, même si le ton, saccadé par ses râles plaintifs, restait désespéremment neutre.

Je reste à l’écoute de vos exigences … Prêtresse …

Sous-entendu ? … On pourrait le penser, dans les faits … A dire vrai, il ne le savait pas vraiment lui-même … Elle poursuivit en tournant autour du colosse pour aller rejoindre l’avatar de pierre d’Uriz Vyn’Het’Namaz.

Il se trouve qu'Uriz apprécie les prières de ses fidèles et que je suis sa volonté. Vous êtes un guerrier Senger... Un homme qui vit pour se battre et travaille à sa Gloire. Je ne suis pas juste une belle femme enfermée dans sa tour d'ivoire... Je suis l'épouse du guerrier, je suis la mère vengeresse, je suis celle qui vit pour la lutte, pour le combat, pour que la gloire d'Uriz se perpétue au rythme des batailles et au son des épées qui s'entrechoquent et des corps qui tombent, pourfendus... N'est-ce pas votre but à vous aussi? Votre raison de vivre?

Arrogance et fierté, comme tout les Naerth … Cette famille était bénie par Uriz, et même dix millénaires de sacrifices en l’honneur du dieu ne pourraient rapprocher Alder’Aak du dieu, comme l’était les Naerth … La jalousie aurait pu couler dans les veines du colosse dévot, mais comme beaucoup d’autres sensations, elle s’était consumée en même temps que son visage. A présent, il s’en moquait, se contentant de servir froidement Uriz et Teiweon, sans se soucier du regard et du nom des autres. Il se permit de reprendre la Prêtresse, qui semblait juger de ses ambitions à sa place.

Je ne vis pas pour me battre … Ni pour ma Gloire … Prêtresse … Uriz et Teiweon m’ont permis de vivre … Et de vous parler en ce moment … Je les sers avec application … Et dévotion … Jusqu’à ce que Teiweon me rappelle à elle … Et qu’Uriz me juge …

Son regard incandescent et étincelant se posait sur Alyryne tandis que sa voix brisée s’échappait de sous le masque dans une image intimidante, pour ne pas dire effrayante. Il leva les yeux vers la statue, avant d’être pris d’une quinte de toux caverneuse, propre à arracher les poumons des plus fragiles. Un glaviot ocre et sanguinolent remonta jusqu’à la bouche du Jinburn Xuileb. D’un geste ample, il libéra son bras droit de l’emprise de sa toge, qui bascula en arrière, découvrant complètement le torse parfait de Dolerian. Les muscles massifs et saillants, tous parfaitement dessinés, se révélèrent aux yeux d’Alyryne et de ses ouailles parcourant la Grande Salle du temple. Il porta sa main à son masque, puis se tourna en baissant la tête. Le visage de bois glissa légèrement sur la peau brûlée, pour permettre au titan de cracher cet intrus sur le sol froid et pierreux. Alder’Aak remit en place son « visage », puis se redressa pour regarder de nouveau la jeune Naerth. Oh non, il n’était gêné, ces glaires poisseuses faisaient partis de son quotidien depuis plus de trois siècles, il poursuivit donc.

Vous êtes la volonté d’Uriz … Dites-vous … J’ai l’arrogance d’affirmer … Être son bras sur le champ de bataille …

Le beau visage de la Haute prêtresse de fendit d'un sourire, lèvres serrées, alors que son index volait entre elle et le guerrier et bougeait de droite à gauche.

- "Tut tut tut, allons, vous êtes capable de mieux que cela, non? Un peu d'imagination. Vous n'avez aucune suggestion pour me distraire?"

Mais Alyryne se lança bien vite dans son petit laius. Elle cherchait à cerner le Senger, à connaitre ses pensées, à deviner la motivation de ses actes, à savoir si oui ou non, il pourrait lui être utile et servir Uriz comme il se devait. Sa réponse la surprit quelque peu mais elle n'en montra rien, se contentant de le regarder, avant de souffler d'une voix douce, presque maternelle :

- "Pour quoi vivez-vous alors?"

Elle était intriguée. S'il ne vivait pas pour la guerre, pour la gloire, qu'est-ce qui le motivait? Simplement servir les dieux? Elle était contrariée qu'il vénère Teiweon également. C'était normal, mais qu'ik cite les deux dieux dans la même phrase laissait présager qu'il les honorait tous les deux sur un pied d'égalité. Et cela était gênant.

Elle était aussi intriguée par ce masque, se demandant ce qu'il dissimulait. Le Senger semblait vivre dans la souffrance. Il la masquait, mais sa respiration rauque en témoignait. Il se mit alors à tousser et la Haute prêtresse en tressaillit presque, se demandant s'il n'allait pas s'étouffer sous ses yeux et s'écrouler au pied de l'avatar d'Uriz, colosse terrassé par une malheureuse quinte de toux. Mais non, il résista, sans doute habitué et il libéra son bras d'un geste hébitué, exposant au regard d'Alyryne sa musculature impressionnante. Son regard étincela. Elle était femme après tout et elle se déléctait du spectacle. Quoique cacha son masque, son corps était tout simplement parfait. La Haute Prêtresse regarda pourtant froidement le Senger cracher à terre. Ses lèvres se pincèrent, comme si cela était une offense.

- "Vous savez, on pourrait mal interpéter votre geste et penser que vous crachez au pied d'Uriz, en vous moquant de son importance... Mais cela ne serait que fausses conclusions, évidemment?"

Elle sourit de nouveau quand il parla d'être le bras d'uriz sur le champ de bataille.

- "Est-ce vraiment de l'arrogance? Je n'en suis pas certaine. Chaque vie ennemie que vous fauchez en son nom est autant de façon de l'honorer... Alors vous êtes son bras sur le champ de bataille et l'un de ses bras le plus précieux."

Elle s'approcha du Senger, juste assez prêt pour pouvoir le toucher en levant le bras, mais elle n'en fit rien pour le moment.

- "Le Seigneur des guerres s'ennuie Senger... Le sang des ennemis semble tari pour le moment, quand repartiez-vous l'abreuver?"

Elle tendit alors la main vers le masque du guerrier et l'effleura du bout des doigts. La Haute prêtresse irradiait de pouvoir désormais. Belle, terrible, comme la Guerrière qu'elle représentait.

La jeune prêtresse prenait un ton amusé, alors qu’elle s’adressait au colosse sans visage.

Tut tut tut, allons, vous êtes capable de mieux que cela, non? Un peu d'imagination. Vous n'avez aucune suggestion pour me distraire?

La réponse cingla au visage de la jeune Naerth, il ne chercahit pas à la provoquer, ni à la déstabiliser, il était juste comme ça.

Vous distraire ? … De l’imagination ? … Je ne suis pas un acteur ou un saltimbanque … Si vous désirez quelque chose, parlez clairement … Je n’ai jamais été très doué pour les devinettes …

Alyryne toisait le titan, et si il avait encore quelques émotions, il aurait surement remarquer la pointe de désir qui s’illuminait petit à petit dans son regard. Lui, restait de marbre, aussi froid que l’immense avatar qui se tenait devant lui, la seule différence étant cette respiration sonore et plaintive, qui semblait arracher la poitrine du Senger.

Pour quoi vivez-vous alors ?

Voilà une question bien étrange … Avait-il réellement une réponse ? Il y avait bien la sempiternelle phrase qu’il aimait répéter, comme pour s’en convaincre, « servir les dieux », mais la Haute Prêtresse semblait chercher une raison plus profonde, plus drow pourrait-on dire. C’est la quinte de toux qui servi de réponse et Alder’Aak opéra son petit manège, pour cracher le corps étranger qui s’était décroché de sa gorge brûlée. Les paroles d’Arylyne l’amusèrent presque.

Vous savez, on pourrait mal interpréter votre geste et penser que vous crachez au pied d'Uriz, en vous moquant de son importance... Mais cela ne serait que fausses conclusions, évidemment?

Belle et provocante, comme le devait être toutes femelles drows. Elle jouait, mais avait-elle conscience de son adversaire ? Encore une fois, la réponse fouetta l’air, se dissimulant sous le même ton saccadé et froid que les précédentes.

L’avis de ceux qui marchent dans ce monde m’importe peu … Seul les prêtres ou ceux qui se prétendent serviteur … Voient un affront dans cet acte … Le véritable affront est de ne pas rendre grâce à Uriz … De ne pas le servir à la bataille … Cet amas de pierre n’est pas Uriz … J’honore le dieu … Pas sa caricature …

Diffficile d’être plus clair. Sa conception de la religion pouvait sembler étrange, presque blasphématoire, mais cela lui importait peu. Il avait sa propre conviction et personne ne pourrait l’en faire dévier. Une nouvelle fois, elle rebondit sur les paroles du Senger, s’approchant lentement de lui, comme attirer sans qu’elle ne s’en rende tout à fait compte.

Est-ce vraiment de l'arrogance? Je n'en suis pas certaine. Chaque vie ennemie que vous fauchez en son nom est autant de façon de l'honorer... Alors vous êtes son bras sur le champ de bataille et l'un de ses bras le plus précieux.

Vos paroles sont d’un grand réconfort … Et je vous remercie de reconnaître l’humble serviteur que je suis

Il remettait lentement sa toge en place, alors qu’il prononcait ces paroles. La jeune Naerth continuait son approche, et Dolerian put presque sentir la chaleur de sa peau contre la froideur de la sienne. Elle poursuivit son discours semblant attirer irrémédiablement.

Le Seigneur des guerres s'ennuie Senger... Le sang des ennemis semble tari pour le moment, quand repartiez-vous l'abreuver?

La main de la Prêtresse s’approcha délicatement du visage de bois du Jinburn Xuileb, l’effleurant avec quelques interrogations dans les yeux. La main du Senger se mit en mouvement rapidement, et saisit le poignet d’Arylyne pour l’éloigner du masque. La force et la taille du Senger, ainsi que sa poigne naturellement puissante, firent se dresser la dévote sur la pointe des pieds. Il plogea alors son regard carmin et étincelant dans celui d’Alyryne, et après une énième sifflement respiratoire, il répondit aux interrogations de la jeune drow.

Votre frère m’a confié Yutar pour les prochains mois … Je crains que je ne pourrais abreuver Uriz … Pendant longtemps encore … La guerre n’est pas toujours affaire de bataille … Elle est affaire d’organisation

Il relâcha son étreinte, laissant la drow retomber sur l’intégralité de sa voûte plantaire, puis ce fut à son tour de l’interroger, croisant son regard sans ciller.

Pourquoi vouloir toucher mon masque ?

La jeune drow poussa un soupir à fendre l'âme alors que le Senger ne semblait pas enclin à jouter verbalement avec elle et rivaliser d'audace pour faire grimper le désir. Le soupir était outrancièrement exagéré, encore par jeu, évidemment. Elle haussa les épaules, comme pour dire, tant pis et passa à autre chose. Car la conversation devenait plus sérieux bien que continuée sur un ton badin par la haute prêtresse. En revanche, le Senger ne semblait pas avoir une seule once de légèreté. Il prenait tout au premier degrès et ses réflexions restaient bassement terre à terre, sans philosophie. Etait-ce sa vie qui l'avait ainsi amené à être si monolithique? A moins que cela ne soit en rapport avec ce que cachait son masque... Ce que trahissait sa respiration.

Elle lui demanda pour quoi il vivait et jamais elle ne reçu de réponses. Il cracha par terre et elle se joua encore de lui. Cela lui permit d'avoir une réponse des plus intéressantes quant aux convictions du Senger concernant les dieux. Il se fichait des idoles, du culte, il ne servait que le dieu, pas ses avatars... Intéressant. Toujours féline, elle susurra :

- "Vous honorez Uriz... Honorez vous de même sa voix sur Miradelphia?"

Respectait-il la Haute prêtresse et toute la pléthore de religieux qui la suivaient? Ou s'en moquait-il autant que ses avatars?

- "Mes paroles ne sont que vérité."

Soudain, elle ne semblait plus joueuse, plus sensuelle. Elle était femme oui, mais ses yeux brillaient d'une profondeur trahissant son lien mystique. Elle pouvait aussi être mère réconfortante... Sa main se porta vers le masque et vif comme l'éclair, le Senger la lui saisit, mettant ainsi la Haute prêtresse dans une situation délicate où elle n'avait plus l'avantage... Vraiment? Il lui suffisait d'une pichenette de pouvoir pour retourner cette attaque contre le guerrier, mais elle n'en fit rien. Il ne lui faisait nul mal et sa poigne n'était que fermeté. Un sourire recourba ses lèvres quand il lui rappela que la guerre n'était pas que batailles sanglantes mais aussi stratégies intelligentes.

- "Voilà une chose que bien des gens n'ont pas encore compris Senger..."

Mais Brylyan n'était pas un butor stupide. Et ceux qui l'entouraient non plus. Cela pouvait susciter l'interrogation chez les leurs, mais c'était mieux planifier pour mieux attaquer et tuer. Il la relâcha alors et elle résista à l'envie de se masser le poignet, se contentant de relever la tête vers lui et de tenter de paraitre imposante face à une montagne. Sa question la fit de nouveau sourire.

- "Parce que je ne peux toucher votre visage."

A question idiote... Mais elle avait comprit que ce n'était pas à cela qu'il songeait.

- "Parce que je me demande ce qu'il dissimule aux yeux du monde... Je me demande ce qu'il s'est passé pour que vous soyez celui que vous êtes désormais."

Vous honorez Uriz... Honorez vous de même sa voix sur Miradelphia? … Mes paroles ne sont que vérité.

Voilà une réflexion bien étrange. La réponse s’échappa des lèvres brûlées du Senger, avec toute la sincérité qui le caractérisait.

J’ai du respect pour vos fonctions, Prêtresse …

Il y avait bien une réponse dans cette brève réponse. Non, il n’honorait pas les prêtres, mais la diplomatie était de rigueur face au Naerth, surtout que Alyryne semblait partager la fougue de son frère, selon les dires du propre frère du Senger. Et voilà qu’il se retrouva à enserrer le poignet délicat de la jeune drow. Les regards se croisèrent et alors qu’il finissait son exposé sur la stratégie et sur sa mission à Yutar, elle eut des mots à la fois étranges et intéressants aux yeux du Jinburn Xuileb.

Voilà une chose que bien des gens n'ont pas encore compris Senger...

Bien des gens ignorent bien des choses, Prêtresse … Et pourtant … Bien des gens parlent

Y verrait-elle une attaque personnelle ? Possible, connaissant le caractère des « Bénis d’Uriz », mais peu importe. Et alors qu’il relâchait son emprise en l’interrogeant sur son geste, la réponse arriva sans attendre, sublimé par un sourire charmeur.

Parce que je ne peux toucher votre visage.

Joueuse ? De lointains souvenirs de séduction lui revinrent en tête. Les femelles étaient décidemment toutes les mêmes. Si les muscles de son visage n’avaient pas oubliés toutes leurs fonctions, ils auraient pu s’étirer pour faire naître un sourire en réponse à celui de la Dame d’Uriz. Elle poursuivit pourtant.

Parce que je me demande ce qu'il dissimule aux yeux du monde... Je me demande ce qu'il s'est passé pour que vous soyez celui que vous êtes désormais.

Pourquoi tant de curiosité … A mon égard ? … Bien que cela me flatte … Prêtresse

Il se pencha légèrement vers Alyryne, mettant son visage bien en face de la drow. Il saisit le pan de sa toge qui glissa de nouveau de son épaule. Il pesta en silence, notant que la broche qui devait retenir le tissu était brisé et tombait sur le sol en tintant froidement. Il fit glisser le pan dans un pli de sa toge, offrant une nouvelle fois aux yeux d’Alyryne, son torse parfaitement dessiné, et il continua sans y prêter plus d’attention, consentant à apporter une réponse.

Celui que je suis aujourd’hui … N’est pourtant pas si différent … De celui que j’étais hier …

On aurait presque put entendre de l’amusement dans les mots craquelants du vieux drow, et il porta sa main au masque, puis.

Mon visage est celui que vous voyez devant vous …

Puis, il se permit une réflexion, qui sembla presque lui échapper, souvenir de séduction passé, presque par réflexe.

Et … Je ne vous demande pas de voir ce que cache vos atours … Pourquoi vouloir voir ce que cache les miens ?

Un sourire malin s'afficha sur les traits harmonieux et juvéniles de la Haute prêtresse à la réponse diplomatique du Senger. Ce n'était pas tout à fait ce qu'elle voulait entendre. Il aurait été si simple de déclamer quelque chose du genre : Haute prêtresse vénérée, je ne vis que pour vous servir... Cela aurait fait plaisir à Alyryne, quand bien même ça n'aurait été qu'un mensonge.

- "Êtes-vous toujours sincère? Ne vous arrive-t-il jamais de mentir pour sauver votre vie ou flatter l'ego de personnes qui pourraient vous la prendre?"

Une menace? Mais non voyons, quelle idée! Ce n'est pas comme si la Haute prêtresse d'Uriz avait le pouvoir de réduire l'existence de quelqu'un à néant d'un claquement de doigts! Quoique décider de sacrifier le Senger par simple caprice personnel n'était pas vraiment une idée des plus judicieuses... Et si la jeune drow était capricieuse, elle était aussi intelligente... De cette inteeligence stratégique qui font les bons chefs de guerre. Car Uriz était violent et primaire, mais il était aussi stratège et patient pour arriver à ses fins. Et sa plus haute représentante était à son effigie.

- "Seuls les idiots parlent de ce qu'ils ne maitrisent pas, de ce qu'ils ne comprennent pas... Que les idiots jugent donc les actions de mon frère, qu'ils grondent et trépignent d'impatience. Il agit pour Uriz et la gloire de notre race."

Mais Alyryne relégua cela au second plan et décida de jouer avec le colosse, voir le découvrir. Elle ne savait trop comment y parvenir aussi décida-t-elle de tatonner. De le prendre au dépourvu. Ses mains fines approchèrent du masque sans toutefois l'atteindre puisqu'une poigne de fer s'empara de son poignet délicat et qu'une question lui parvenait. La réponse de la drow fut destabilisante.

- "Pourquoi? Parce que vous m'intriguez à vous cacher ainsi et à agir comme vous le faites. Vous parlez abruptement, disant la vérité, sans vous soucier de plaire ou non à votre interlocuteur. Je me demande comment vous avez pu survivre jusqu'ici... Parce que vous êtes un maitre de la guerre peut-être?"

Le regard azuré d'Alyryne suivit la chute de la broche avant de venir se poser sur un pectoral admirable. Cela devait être dur comme la pierre. La main fine de la Haute prêtresse glissa du masque au torse et s'y pose bien à plat. Elle semblait ridiculement petite face au géant, mais elle n'avait pas peur. Elle se mit à rire quand il parla de voir ses atours. Oh, un trait d'esprit! De l'humour!

- "Moi qui vous pensait dénué de tout second degrès... Vous me surprenez."

Féline, elle se plaqua contre lui alors que sa main glissait sur son torse mis à nu.

- "Parce que me demander cela serait compromettre ma pudeur, alors que votre visage ne cache rien d'indécent... n'est-ce pas?"

Dans un tourbillon écarlate, la prêtresse s'éloigna du guerrier, avant de lui faire de nouveau face, tandis que sa robe reprenait sagement sa place après avoir dévoilé des parties charnues de son anatomie. Elle glisse une main sur son épaule, faisant lentement descendre la bretelle de sa robe et dévoilant la rondeur de son épaule. Un sourire coquin ourlait ses lèvres carmines et son regard semblait s'être assombri.

- "Pensez-vous que vous ayez l'honneur de me voir nue? Que vous méritiez une telle faveur?"

Elle était Haute Prêtresse après tout. Toujours habillée de façon suggestive, mais rarement encline à montrer son corps admirable. Comme elle le disait si bien, il fallait le mériter. Elle était élue des dieux, elle était sacrée et les mortels ne pouvaient la souiller de leurs mains ou de leurs yeux à moins de le mériter.

Elle souriait, mais son regard trahissait une certaine frustration quand à la réponse du Senger. Elle fit une des ses moues dicrètes si féminines, mélant l’interrogation et l’intérêt, que vous, femmes, avaient lorsque vous vous retrouvez en face d’un homme à la fois repoussant et attirant, voir provocateur. Ses mots en furent d’ailleurs le reflet.

Êtes-vous toujours sincère? Ne vous arrive-t-il jamais de mentir pour sauver votre vie ou flatter l'ego de personnes qui pourraient vous la prendre?

La réponse sortit de sous le masque, avec la même simplicité que ses précédentes interventions.

Ma vie est entre les mains d’Uriz … Et de Teiweon … Pourquoi mentir ? … Pourquoi flatter ?

Elle s’emporta légèrement sur les actes de son frère et les jugements de certains. Qui osait juger le Karliik Glenn ? Il ne répondit pas, mais il partageait l’avis de la Prêtresse. Son frère avait plus fait pour la gloire des habitants d’Elda que les autres triumvires et son influence se faisait grandissante. Un nouveau Roi semblait émerger naturellement. Elle répondit au Senger, de plus en plus joueuse et féline.

Pourquoi? Parce que vous m'intriguez à vous cacher ainsi et à agir comme vous le faites. Vous parlez abruptement, disant la vérité, sans vous soucier de plaire ou non à votre interlocuteur. Je me demande comment vous avez pu survivre jusqu'ici... Parce que vous êtes un maitre de la guerre peut-être?

Les regards se croisaient sans se détourner un seul instant. Les deux fauves se toisaient, semblant se défier involontairement, avant de se donner l’assaut. La voix outragée répondit calmement à la jeune Naerth.

Ma survie découle de ma foi et de ma force … Je ne vois aucune raison de plaire ou non … Pardonnez moi, si je vous ai offensée Prêtresse.

Son trait d’esprit fut relevé par Alyryne avec un certain amusement et elle ne put réprimer une exclamation, lors qu’elle posait sa main sur le torse ciselé du colosse. Elle semblait minuscule, si proche du Senger sans visage.

Moi qui vous pensait dénué de tout second degrès... Vous me surprenez … Parce que me demander cela serait compromettre ma pudeur, alors que votre visage ne cache rien d'indécent... n'est-ce pas?

Elle continuait ses provocations, tant dans les paroles que dans les gestes, alors qu’elle s’éloignait avec un sourire charmeur et sensuel. Les voiles, qui couvraient sa nudité, virevoltèrent en dévoilant les formes charnelles de la magnifique femelle. Alors qu’elle se retourner le Senger poursuivit ses réponses claquantes et qui semblaient provocantes et amusantes à l’oreille de la Prêtresse.

Dites-vous qu’il est question de mon intimité également.

Elle glissa ses doigts sous une des bretelles de sa robe éthérée, avant d’ajouter toujours plus coquine et incandescente, tentant de faire fondre le mur de glace qui lui faisait face.

Pensez-vous que vous ayez l'honneur de me voir nue? Que vous méritiez une telle faveur?

Il tourna alors la tête et observa aux alentours, les prêtres et novices qui déambulaient entre les colonnes du temple, puis il revint à Alyryne.

Et eux ? … Le mérite-t-il ?

Un craquement douloureux, s’apparentant à un rire, s’échappa brièvement. Il passa la main derrière la tête, et commenca à tirer sur une des lanières de cuir qui retenait son masque. Il arrêta son geste et reprit son intervention.

Seule vous êtes en droit de me dire si j’ai le droit à cette faveur … Pensez vous être digne de l’honneur de voir ce qui se cache sous mon masque ?

Alyryne accusa le coup quant à la réponse d'Alder'Aak. A l'écouter, la vie était simple. A l'écouter, il n'y avait que les dieux et pas leurs intermédiaires, pas de rois, pas de politique. Il se foutait complètement de plaire ou de déplaire et pourtant, il était encore en vie... Comment cela était-il possible? Alors qu'Alyryne et Brylyan avaient du se hisser à force de complots, d'ambitions et de meurtres jusqu'à leurs posts respectifs et respectés. Le frère et la soeur tenaient le Puy au creux de leurs mains. En étant partis de rien. Mais en étant obligés de flatter les bonnes personnes. Pour mieux les écraser.

- "Je ne suis pas offensée. Juste curieuse."

Si elle apprenait comment il faisait, cela pourrait peut être lui servir par la suite... Alyryne était fière et arrogante, mais pas idiote. Elle savait être emportée, comme réfléchie. Elle était la dualité du guerrier et du stratège. La fougue et la patience. Elle savait ourdir un plan qui mettait des mois, voire des années à voir le jour. Et elle pouvait tuer d'un claquement de doigts. Si bien qu'on ne pouvait prévoir ses réactions, ce qui était une force.

Le sujet dévia et elle chercha à voir sous le masque. La réponse du Senger concernant sa violation d'intimité la surprit quelque peu, mais pourtant elle comprenait et finalement, connaissait déjà la réponse. Oui, c'était son intimité qu'il cachait sous ce masque... Elle en avait conscience. Comme elle avait conscience de lui demander quelque chose qu'elle n'était pas en droit d'exiger.

Elle regarda autour d'elle quand il indiqua les disiples qui se faufilaient comme des ombres. Oui, ils voyaient et entendaient, même s'ils se faisaient discrets. Elle ne répondit pas alors qu'il retirait une lanière de son masque avant de suspendre son geste. Ses yeux s'écarquillèrent quand il lui demanda si elle était digne de cet honneur. Elle prit cela comme un gifle. Comment osait-il? Comment osait-il!!! La Haute Prêtresse empoigna la toge du guerrier et l'attira à sa suite dans une alcove qui était totalement hermétique aux regards. C'était son royaume, nul n'avait le droit d'entrer sans sa permission.

- "Désormais, il n'y a plus que vous et moi et rien ne sortira de cet endroit."

Elle semblait plus sincère, moins joueuse. Plus grave également. Ses mains fines se posèrent sur celles du Senger qui tenait encore son masque.

- "Montre-moi."

Jeu étrange et discussion lourdes de sous entendus … Quel délice que de jouer avec les femmes, ce jeu de provocation et charmeur … Il avait aimé ça, il y avait fort longtemps. À présent, tout semblait mécanique, même ses gestes visant à ôter une des lanières du masque semblaient fait pour attirer toujours plus la Prêtresse aux cheveux incendiaires. Elle jeta un regard rapide aux alentours, toisant les disciples d’Uriz qui les observait maladroitement. Elle empoigna la toge du colosse, et gagna un petite alcôve, baignée d’une lumière rouge sang. Elle avait quitté ses airs joueurs et semblait plus sérieuse et sincère, lorsqu’elle s’adressa au Jinburn Xuileb.

Désormais, il n'y a plus que vous et moi et rien ne sortira de cet endroit.

Elle eut pour unique réponse, une expiration rauque et un regard qui la détaillait des pieds à la tête. Elle vint se coller de nouveau à lui, semblant apprécier le contact des muscles saillants du poitrail de Dolerian et mit ses mains sur celles, massives, du colosse.

Montre-moi

Il plongea son regard dans celui de la Haute Prêtresse, crispant légèrement ses doigts en signe de protestation. Il dit avec le même ton régulier qu’à l’accoutumée.

Que vais-je recevoir en échange ? … Seulement une nudité ?

Il finit d’ôter la première lanière, puis il écarta les mains, avant de prendre celle d’Alyryne. Il reproduisit le geste de la Prêtresse mais cette fois ci, sur son corps, à elle. Toujours engagé dans cet affrontement de regard, il dit alors.

À vous l’honneur … Montrez-moi

Jeu dangereux mais amusant, qui planait encore dans les ruines de son inconscient. Aucun tréssaillement ne trahissait une quelconque excitation, ni aucune peur, même si chacun de ses mots pouvait être pris comme un affront. Mais ça, il n’avait cure …

- "Ne sois pas si basique Senger... Me penses-tu donc si vénale? Si futile? Penses-tu que je ne souhaite que m'envoyer en l'air avec un héros de guerre?"

Oh il avait le droit de le penser, il avait même la légitimité au vu du comportement de la Haute prêtresse. Mais Alyryne était un peu plus fine que cela. Certes, elle pouvait bien offrir son corps, quoique cela reste encore à prouver, mais surtout, elle allait lier cet homme à elle et s'assurer de sa loyauté. Il pouvait bien dire qu'il n'honorait que le dieu, elle était son avatar. Elle allait gagner à sa cause un Senger de son frère... Bien qu'elle ne chercha pas à lui voler ses hommes, elle cherchait à assurer son pouvoir. Définitivement. Au détriment de Teiweon. Mais ainsi en allait-il de la religion au Puy et jamais l'influence du Dieu n'avait été aussi marquée.

- "Avoir les faveurs d'Uriz n'est-il pas une récompense en soit? Je prierai pour toi Senger, pour que jamais Il ne se détourne de toi et qu'Il t'accueille auprès de Lui quand viendra l'heure de ta mort."

Il lui retira les mains de la lanière et les porta à ses vêtements, l'incitant à se déshabiller. Mutine, la Haute Prêtresse reprit :

- "Une lanière pour un morceau de peau dénudé."

Lentement, elle retira une bretelle, exposant la rondeur d'une épaule délicate. Son regard était désormais carmin sous l'excitation du jeu qui se déroulait entre elle et le guerrier.

Ne sois pas si basique Senger... Me penses-tu donc si vénale? Si futile? Penses-tu que je ne souhaite que m'envoyer en l'air avec un héros de guerre?

Elle semblait quelque peu contrariée, et s'emportait sur des propos bien plus innocents qu'elle ne pouvait le penser. Elle poursuivit, soutenant toujours le regard du colosse.

Avoir les faveurs d'Uriz n'est-il pas une récompense en soit? Je prierai pour toi Senger, pour que jamais Il ne se détourne de toi et qu'Il t'accueille auprès de Lui quand viendra l'heure de ta mort. Une lanière pour un morceau de peau dénudé.

Il l'observa sans bouger, faire glisser une bretelle le long de son épaule. Elle semblait exciter par le jeu qu'elle pensait avoir créé, elle semblait sûre de sa domination dans leur échange. Elle ne savait pas, ou ne se rendait pas compte de l'analyse détaillée que le Senger effectuait. La moindre parole, le moindre mouvement, même inconscient, était décortiqué. Pensait-elle réellement qu'il pouvait ressentir quelque chose? Le savait-il lui-même? Pourtant il continuait à jouer également, faisant glisser une nouvelle lanière dans sa boucle, faisant bailler un peu le masque au sommet de son visage, laissant deviner la chair calcinée et atrocement déformée par les flammes. Il la toisa en ajoutant.

A vous ... Prêtresse