Un guide pour une invité de marque.

La noble comtesse d'Eldarinwa avait eut le projet de visiter le royaume humain. S'il n'était pas toujours facile pour une elfe de qualité de prendre contact avec la noblesse humaine, cette personne-ci avait eu des facilités étonnantes à se trouver des oreilles attentives, et un guide tout désigné pour sa visite.
Anthèlmes d'Aurillac.

Attendant au détour d'un chemin avec un carrosse et un douzaine de servants, doublé d'un même nombre de gardes d'élites, la compagnie diplomatique dirigée par le chevalier vaquait à une attente prolongée de l'arrivée de la très estimée comtesse elfe. La raison de leur attente en dehors des limites de la ville était des plus simples, le voyage de Dame Elbereth se devait d'être au plus confortable. Aussi, ses affaires seraient directement acheminée à ses appartements en ville, et les gardes des portes seraient déjà prévenus que le convois du sire d'Aurillac devait passer sans la moindre embûche, afin de ne porter aucune contrainte temporelle à la demoiselle elfique.


Ainsi, l'officier du Librium attendait. Cela faisait tout au plus trois heures déjà, mais il était prévu d'arriver avec une certaine avance pour recevoir au mieux la comtesse. Sa cape pourpre flottant au gré du vent, il envisagea d'un regard l'horizon aux couleurs d'automnes qui se profilait devant lui. Si la plaine n'avait pas changée, les champs aux alentours et les derniers restes de forêt s'étaient acclimatés à la saison. Finalement, quelque chose bougea sous la lueur chaude du zénith et une ombre sembla se rapprocher depuis le nord. Grossissant au fil de l'avancée de Dame Elbereth et de sa suite, le cortège parvînt enfin à hauteur de ses hôtes et l'officier arqua son cheval en direction de l'invité, se rapprochant quelque peu avant d'incliner galamment la tête et de prononcer d'une voix aimable:

- Mes salutations à vous, Dame Elbereth. J'ose espérer que votre long voyage vous fut agréable. Si vous le permettez, je vais vous guider jusqu'à la capitale où vous pourrez vous restaurer pendant que vos bagages seront acheminées jusqu'à vos appartements.

Terminant sa tirade, il invita d'un large geste de la main son interlocutrice à ouvrir la marche. Se faisant, le chevalier jugea un peu plus profondément la demoiselle d'un regard peu appuyé pour ne pas être gênant. La raison en était qu'il n'avait encore jamais rencontré d'elfe de lignée, et les caractéristiques de ce peuple d'esprit l'intriguait. Pourtant, leur sagesse ne déteignait nullement sur leur physique, et l'esprit elfe semblait aussi beau que leur beauté surnaturelle. C'était un peuple avec quelque chose de... Magique.

La veille au soir


Quoi?


Ce fut là l'ultime réponse, après quoi la porte de bois se referma lourdement, laissant Esmëldiz seule dans la grande pièce circulaire qui composait sa chambre. Le regard tourné sur les hauts arbres qui cernaient la demeure, et dont les couleurs chatoyantes, composés de tons orangés pour la plupart, contrastaient parfaitement avec la vert surnaturel des grands pins, la jeune elfe laissa échapper un long soupir.
« Il est temps que tu te prennes tes responsabilités en main Esmëldiz, tu es comtesse je te le rappelle ... De ce fait, je t'ai organisé un voyage dans les terres humains, le fils d'un ancien ami t'attendra là-bas ... Tu pars demain à l'aube ... » Ni plus, ni moins. Isilbridiz avait argumenté pouvoir redorer les responsabilités qui était du à sa fille en tant que jeune héritière. Mais la jeune elfe s'était toujours refusé de suivre les bons principes d'une aristocratie qu'elle n'accepta jamais, préférant dès lors, voyager en quête d'aventure, loin des règles de la Noblesse qui lui incombait. Mais sa chère mère ne jugeait ses « vagabondages » que bon aux « esprits libres » car selon elle, « Les esprits libres n'ont rien à faire avec ceux de notre rang » ... La jeune Elfe à l'allure dépité, laissa ses souvenirs l'envahir et son père en fut l'image la plus représentatif. Qu'aurait-il voulu? Devait-elle rassurer sa mère, celle qui ne l'avait finalement jamais vu telle qu'elle était ? ...
Au dehors, la nuit habillait déjà le ciel, parsemé d'une poussière d'étoiles.


Mendrà, prépares mes affaires ... La journée de demain risque d'être longue ...



A l'aube ...


Le soleil donnait de sa douceur sur l'horizon. Dans l'une des écuries du domaine, la jeune elfe avait semble-t-il passer sa nuit ici auprès de son ami Aëlthez, un meharas à la robe aussi blanche que la plus pure des neiges. Il lui fût offert par son père lors de son 80ème anniversaire. Rejeté par les siens, Aëlthez noua avec l'elfe un lien intense et profond, tous deux ayant appris à communiquer dans un language qui leur était propre. Leurs vies n'en valaient en vérité qu'une seule.


Il y a des choses que nous devons encore apprendre ...


"Le soleil se lève, nous devons y aller ... "


Une main apposée sur le museau de son fidèle compagnon, Esmëldiz ferma les yeux pendant un court instant.
Quelques instants plus tard, un cortège composé de quelques soldats et d'une servante fut apprêtés par sa mère. La demi-journée passée, ils s'arrêtèrent près d'un grand lac, aux abords d'une forêt, se régalant de quelques frugales que l'elfe accompagné de sa servante prirent plaisir à chasser. Esmëldiz regarda derrière elle, une ultime fois, avant qu'ils ne reprennent leur route.



"C'est pour toi père ..."

"Nous ne sommes plus très loin Esmëldiz ... "


Et en effet, les plaines ombragées prenaient forme au loin. On la prévint alors qu'un groupement venait à leur rencontre. Esmëldiz attendit patiemment quelques instants. Les paysages qui les entouraient étaient bien différents de ceux qu'elle avait connus jusque-là. Des champs s'étendaient à perte de vue, sans autre forme, que le mouvement des plantes qui les composaient. Un peu plus à gauche, de grandes villes aux vues imprenables se dessinaient dans l'encadrure d'un ciel presque parfait. La journée en semblait presque idéale.


Mes salutations à vous, Dame Elbereth. J'ose espérer que votre long voyage vous fut agréable. Si vous le permettez, je vais vous guider jusqu'à la capitale où vous pourrez vous restaurer pendant que vos bagages seront acheminées jusqu'à vos appartements.


Ces mots la tirèrent de sa contemplation. Esmëldiz détourna alors le visage, jugeant l'escorte d'un œil méfiant. Ce n'est qu'après quelques secondes, qu'elle se tourna vers celui qui venait, d'une douce voix, de lui adresser la parole. Son regard émeraude tomba dans ceux du jeune officier, aux yeux d'un bleu intense. Inclinant poliment la tête, elle se reprit aussitôt, accompagnant le geste à la parole.


Mes salutations, Anthèlmes d'Aurillac c'est bien ça? Les voyages de longue durée me sont plaisants lorsqu'ils ne sont pas dépourvus d'intentions ...

" Esmëldiz, ta trop grande franchise te vaudra des malheurs "


L'elfe ne donna guère attention à Aëlthez, détournant de nouveau son regard. Le meharas s'avança alors de quelques pas pour ainsi reprendre leur chemin.
Esmëldiz s'était vêtue d'une robe ocre, couvert d'un bustier au vert naturel, et d'une cape blanche attachée à ses articulations de l'épaule et du coude, préférant ses vêtements quand aux affreuses robes riches que sa mère lui avait recommandé. Les traits fins de son visage furent alors révélés sous la lueur du soleil, tandis qu'une brise souffla la longue chevelure rousse dont les boucles parfaites ornaient parfaitement son visage, contrastant avec la pâleur de sa peau et le jolie couleur émeraude de ses yeux.
Le visage dur et la sculpture du corps de l'Officier ressemblaient plus ou moins à ceux de grands nobles qu'elle pût entrevoir lors des visites de sa mère, mais quelque chose d'insaisissable se dégageait de lui, quelque chose qui réveillait en elle cette sensation étrange. Etait-ce l'homme humain qui était ainsi?


Où allons-nous exactement ?



Sa voix s'était faite douce et posée, alors qu'elle admirait la pureté de nouveaux paysages qu'elles ne connaissaient pas encore, les sabots des chevaux résonnant sur le chemin de terre.





[Cela est-il assez inspiré pour toi ? ]

La comtesse connaissant déjà son nom, Anthèlmes n'eut nul besoin de se présenter et acquiesça donc du plus simple signe de tête. Il y avait un ton de malice dans la voix de la créature sylvestre qui ne semblait pas des plus accommodée par ces bienséances qui seyait à des dames de son rang et de son sang. Ou peut être avait il mal interprété ses paroles? Son intuition lui suggéra aimablement le contraire et le chevalier se contenta d'un sourire poli avant de rapporter son regard à l'horizon avec la conviction certaine d'alléger au plus les désagréments de la demoiselle elfique, puisque cette visite lui semblait être un poids. Elle lui demanda cependant quelques précisions sur leur destination.

- Une table vous a été préparée dans l'un des plus beaux quartiers de la ville. C'est une résidence étrange tenue par un noble courtisan, qui met sa demeure au service d'étrangers à Diantra.

On pourrait qualifier ça d'hôtel de luxe, mais il était difficile d'évaluer l'authenticité de ce terme. La comtesse pourrait juger de la véracité de ces propos par elle-même d'ici bientôt! Le regard perçant de l'officier scruta les alentours et il porta un regard dur sur les serfs qui effectuaient un travail qui l'était tout autant. Le Roy s'était prit défenseur du peuple et en avait allégé les taxes imposées par des nobles peu scrupuleux. Bien que faisant lui même parti de ces êtres privilégiés, le chevalier se sentait proche des petites gens de par ses contacts fréquents avec ces dernières, au sein de l'armée. Il y avait appris d'importantes leçons d'humilité, ce qui n'était somme toute pas de trop...

Les deux cavaliers parcouraient à présent une route parmi les champs, alors que la populace s'affairait à planter les nouvelles graines qui germeraient au printemps. Travailler la terre, l'aérer, répartir les semences... Le bien dur labeur du petit peuple, qui permettait à tout le monde de manger à sa faim. Ou presque.

Le chevalier espérait que cette proximité avec le Tiers n'incommoderait pas sa délicate invité. Ces travaux rudimentaires contrastaient étonnamment avec la finesse de ses traits elfiques. Ce parcours était cependant passage obligé, puisque la capitale était entourée de toute sa circonférence par de tels paysages. Et puis, après tout, c'est grâce à ces paysans qu'ils allaient déjeuner des mets raffinés...

- Est ce que vous auriez des questions ou des envies particulières?

Il s'était légèrement tourné vers elle se disant, Silifen continuant sa marche sans interruption. Sa voix se faisant toujours cordiale et son regard jaugea avec attention son interlocutrice privilégiée:

- J'ose espérer que votre séjour ne se clôturera pas d'ennui, je suis prêt à céder à quelques requêtes de votre part si cela peut un tant soit peu y incliner.

Puis il écouta.
Qu'est ce qu'une noble elfe pouvait bien vouloir? Comme toute question, cela méritait réponse.