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| Un ultimatum: La mère ou l'épouse [Harnyll] | |
| | Auteur | Message |
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Lucrèce d'Uberwald
Humain
Nombre de messages : 704 Âge : 39 Date d'inscription : 08/11/2009
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| Sujet: Un ultimatum: La mère ou l'épouse [Harnyll] Sam 21 Nov 2009 - 22:35 | |
| Le Baron, sa mère et moi même, son épouse avions regagné la ville d'Ysari quelques jours plus tôt. Ma marâtre était arrivée bien avant moi au château. Le retard de sa bru lui avait d'ailleurs valu quelques frayeurs mais elle ne sembla point satisfaite de revoir sa belle fille accompagnée de son fils qui était censé rester à Diantra pour diriger les troupes armées. La vieille femme ne se privait pas de rabattre sans cesse qu'elle avait raison et que cela avait été de la pure folie que j'aille à Diantra. Le fait que j'eusse été attaquée en était une preuve irréfutable. Elle essayait de faire entendre raison à son fils mais en vain. Les jours avaient passé mais les tensions entre les deux femmes n'étaient toujours pas retombées. Cela faisait près de huit ans que ces tensions existaient, pourquoi en serait il autrement après le mariage de son cher fils et de sa nièce, fille de sa soeur qu'elle avait toujours envié par jalousie.
Ce matin là, comme tous les matins depuis que j'étais âgée de six ans; Camille, ma servante s'occupait de la vêtir et de la coiffer. Avec le temps, il était devenu beaucoup plus aisé pour Camille d'habiller sa jeune maitresse et cela d'autant plus depuis son mariage, celle ci semblait s'être résignée à sa condition. Assise dans la bergère ponteuse couleur azurin, toujours en chemise de nuit je me laissais coiffer sans dire mot. La brosse de crin glissant dans ma longue chevelure aux reflets d'ivoire, j'aperçus dans l'ovale du miroir la triste mine de Camille. Je ne dis rien pensant qu'il s'agissait certainement d'une humeur de ma servante. Mais en réalité c'était tout autre... Mais cela m'était impossible à le deviner. Continuant à m'habiller, Camille s'affairait autour de moi. Je n'avais pas vu cette larme qui venait de choir sur sa joue. Elle tentait tant bien que mal de dissimuler ses états d'âme pour que je ne m'interroge pas sur son sort.
Les leçons avaient débuté mais je n'étais pas très attentive. Toutes mes pensées allaient en direction de Camille. Elle qui s'était toujours occupée de moi depuis ma plus tendre enfance, elle qui avait su me réconforter et me calmer suite à notre attaque. Qu'est ce qui pouvait la rendre ainsi triste? Jetant un coup d'oeil distrait par la fenêtre, je pus voir Camille sur le perron avec son bagage à la main. Cette vision me troubla. D'un geste vif, je me levai de ma chaise sous l'oeil interrogateur de mon précepteur. Sans prendre la peine de m'excuser et de dire un mot, je sortis du petit salon en courant. Dévalant les escaliers deux par deux, manquant de chuter, le souffle court, ma silhouette se dessinait dans l'embrasure de la grande porte d'entrée.
Camille!
Je venais de crier son prénom. Elle s'arrêta mais ne se retourna pas pour autant, elle me faisait toujours dos. Ma tante et belle mère, Clothilde Enimia, se tenait également sur le perron et observait la scène en silence comme si elle savait pourquoi Camille partait. Passant devant elle, sans même prendre la peine de la saluer, elle tendit la main pour me saisir par le poignet mais trop tard. Je dévalai déjà ces autres escaliers qui me séparaient de Camille. La distance entre nous s'amenuisait au fur et à mesure de mes pas rapides. J'étais à présent dans son dos et des larmes de tristesse commencèrent à perler sur mon visage. Ma voix était tremblante et attristée, alors que je murmurai ces paroles que seule Camille put entendre à cet instant précis.
Pourquoi pars tu? Ne m'abandonne pas! Je t'en prie, Camille, reste.
Mes jambes se dérobant sous moi, je me retrouvai alors agenouillée à terre, mon visage dans les mains, dissimulant mes larmes. Camille se retourna et se laissa à son tour tomber à terre. M'enveloppant de ses bras, je pus sentir sa présence réconfortante. Alors qu'elle me caressait lentement les cheveux elle me murmura quelques paroles à l'oreille.
J'aimerai tant rester mais je ne peux. Votre tante serait furieuse si je désobéissais à ses ordres...
Ces paroles sonnèrent dans ma tête comme le glas. Ainsi c'était elle qui chassait Camille du château, de ma vie. Cela en était trop. Essuyant du revers de la main, les quelques larmes qui coulaient encore sur mes joues, la tristesse avait laissé place à la colère. Trop c'était trop, je ne laisserai pas faire cela. Ma tante avait descendu les marches du perron et marchait à présent dans notre direction alors que je me redressai avec l'aide de Camille. J'entendis ses pas dans mon dos. Me retournant, je lui fis face. Serrant les poings le long de ma robe à présent poussiéreuse, je la fixais avec une certaine foudre dans le regard. Cet expression qu'elle ne connaissait point la surprit. Cela m'étonna moi même, je me pensais incapable de colère. Un peu de mon père vivait donc toujours au fond de moi. Le ton sec et impétueux, j'ordonnai mes volontés de façon bien audible de tous. Les domestiques ne perdirent d'ailleurs aucune miette de cette altercation. Ma voix résonnait dans la cour et monta jusqu'aux fenêtres du bureau de mon époux.
Cela en est assez! Camille restera avec nous quoique vous en disiez... Vous êtes peut être la mère de mon époux et ma tante mais cela n'empêche pas le fait que cette fois vous venez de dépasser les bornes. Que cela vous plaise ou non, ce n'est plus votre rôle que de donner des ordres dans cette bâtisse.
Je lui faisais toujours face. Ma voix s'était nouée en disant ces paroles. Je venais de dire tout haut ce que je pensais tout bas depuis tant d'années. Cela m'apaisa, m'enlevant un poids des épaules... Néanmoins en tenant tête de la sorte à ma belle mère, je m'exposais à des représailles. D'ailleurs celles ci ne se firent pas attendre. Je reçus une avanie en plein visage de la part de cette dernière. La marque rouge de sa main se dessinait sur ma joue alors que dans mes yeux des larmes naissaient et coulaient sur mon visage.
Petite impertinente! |
| | | Harnyll de Hetalia
Humain
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| Sujet: Un ultimatum: La mère ou l'épouse [Harnyll] Dim 22 Nov 2009 - 11:47 | |
| Assis à son bureau dans son cabinet de travail, le baron d’Ysari relisait un compte-rendu sur l’état des troupes de la baronnie. Avoir laissé presque un millier d’hommes à Diantra en renfort l’avait obligé à faire quelques ajustements dans les différentes garnisons. Ayant rédigé rapidement quelques ordres pour le commandant de la garnison de Féoda, il scella la missive et attrapa les fiches techniques de la caraque qui servait désormais de navire amiral à la flotte.
L’architecte du port d’Ysari affirmait poursuivre optimiser les capacités manœuvrière de cette gamme de navire et avait envoyé une note détaillant ses idées. Le baron avait toujours été passionné par la construction navale et avait donné l’ordre d’être tenu au courant de toutes les évolutions possibles. Alors qu’il s’apprêtait à commencer sa lecture, il entendit un bruit de courses dans le grand escalier.
Surpris, Harnyll releva la tête. Que se passait-il ? Un messager venait-il d’arriver ? Mais non, le bruit semblait plutôt s’éloigner, comme si quelqu’un cherchait à sortir du château. Se levant, le baron alla regarder par la fenêtre. Au loin dans l’allée, Camille, la servante de sa femme avançait doucement, ses bagages à la main. Sa femme justement lui courait après tandis que sa mère contemplait la scène du perron.
Sans vraiment savoir ce qui se passait, le baron eut un mauvais pressentiment. Les relations entre sa mère et sa femme avaient toujours été tendues, mais cela avait empiré depuis leur retour de Diantra la semaine précédente. A plusieurs reprises, Clothilde était venue le voir pour tenter de le persuader d’être plus strict avec sa femme.
La veille encore, sa mère avait affirmé qu’il aurait du faire preuve de plus d’autorité et interdire à sa femme de les suivre en zone de guerre. Bien qu’Harnyll ait été en partie d’accord avec ce constat, il était hors de question qu’il tolère une remise en cause de ses décisions. Il avait donc sèchement rabroué sa mère qui n’avait depuis plus remis le sujet sur la table.
Dans l’allée, Lucrèce avait rattrapée Camille, et les deux femmes se tenaient à genoux, étroitement enlacées.
Les relations entre Camille et Lucrèce avaient souvent troublées Harnyll. Sa femme considérait sa suivante quasiment comme une grande sœur, ce que le baron n’approuvait pas. Cependant, depuis l’attaque qu’elles avaient subies en sortant de Diantra, et le sang-froid qu’avait alors montré Camille, l’avis du baron sur cette dernière s’était modifié. En privé, Aloys de Sangpierre lui avait raconté le combat, et il avait été clair sur le fait que l’intervention de Camille avait fait pencher la balance du bon côté.
Le baron sortit de son bureau et arriva sur le perron au moment même où Lucrèce recevait une gifle en plein visage. Descendant rapidement les marches, il rejoignit les trois femmes qui s’étaient figées en le voyant arriver. En apparence, le baron était parfaitement maître de ses émotions, mais un observateur attentif aurait pu remarquer dans son regard une lueur dangereuse.
Cependant, des années d’entraînement lui avaient forgées un solide sens des convenances, et il était hors de question que cette affaire se règle devant les domestiques. D’une voix glaciale, il se contenta d’ordonner :
Suivez moi toutes les deux. Camille, toi, tu retournes dans ta chambre pour le moment.
Tournant les talons, le baron reprit le chemin de son cabinet, sa femme et sa mère le suivant tout en continuant à se foudroyer l’une l’autre du regard.
Une fois les portes refermées, le baron alla s’asseoir derrière son bureau mais sans offrir de siège ni à sa femme ni à sa mère. S’il lui fallait faire montre d’autorité dans cette affaire, autant leur rappeler immédiatement qui était le maître en cette demeure. La marque rouge sur la joue de sa femme et les traces de larmes l’avaient touché, mais il était hors de question qu’il montre ses sentiments avant d’avoir démêler le nœud de cette affaire. Se composant le visage de marbre qu’il utilisait en rendant la justice, il demanda :
Je crois que vous me devez une explication toutes les deux. Lucrèce, que s’est-il passé ?
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| | | Lucrèce d'Uberwald
Humain
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| Sujet: Re: Un ultimatum: La mère ou l'épouse [Harnyll] Dim 22 Nov 2009 - 17:20 | |
| La gifle fut donnée avec une certaine violence que les domestiques purent voir. Le vrai visage de cette marâtre qui était mienne était à présent visible de tous. Ma joue me brûlait à l'endroit de cet impact douloureux. Les larmes coulaient sur son visage sans que je puisse ni ne veuille les arrêter. Je n'avais pas vu que mon époux se tenait derrière sa mère au moment où celle ci me traitait de petite impertinente et je crois qu'elle non plus car jamais elle n'aurait osé me battre en public si elle l'avait su dans son dos. Il pouvait alors se rendre compte de l'horrible visage de cette mère qui l'avait élevé. Dans mon malheur, je pouvais m'estimer heureuse que mon cousin ne soit pas comme ma tante. Bien au contraire, il était doux avec moi, ne me brusquait jamais et surtout ne m'avait encore jamais touchée. Cela n'était peut être qu'une image qu'il se donnait en ma présence mais quoi qu'il en soit c'était l'image que j'aimais de lui. Ce mariage de complaisance se transformait peu à peu en un mariage d'amour dans mon cas. En était il de même pour lui? C'est le visage froid qu'il nous regarda toutes trois avant de prendre la parole de façon assez sèche et stricte. Il ordonna à Camille de regagner sa chambre. Cette maigre consolation m'emplissait le coeur car pour le moment, elle restait avec nous au château. Je baissai le regard expriment ainsi ma gratitude de façon dissimulée à mon époux. Il tourna ensuite les talons et nous le suivirent sa mère et moi dans son bureau. Il ne semblait pas vouloir régler cela à la vue de tous même si les domestiques n'étaient pas dupes de la rivalité qui s'était entre la mère et l'épouse.
Tout le long du chemin nous conduisant au bureau, un silence glacial s'était installé. On pouvait entendre le bruit des pas sur le parquet. Des regards foudroyants se faisaient voir entre ma marâtre et moi même. Les larmes atténuaient la colère de mon regard. La porte du bureau s'ouvrit puis se referma sur notre passage. Ayant repris sa place, derrière son bureau, nous nous tenions toutes deux, debout face à lui. Le silence s'était installé et la face grave de mon époux ne laissait rien présager de bon. Comme à son habitude, sa mère voulut exposer son point de vue sur la situation.
Mon fils! Votre épouse a …
Elle n'eut point le temps de continuer sa phrase quand Harnyll prit la parole, la coupant dans sa lancée. Elle se tut et nous l'écoutions toutes deux sans vraiment avoir le choix. Il voulait savoir ce qui s'était passé et je craignais que sa mère n'essaie de lui faire avaler des couleuvres concernant cette affaire. Comme il avait vu que j'étais l'agressée, il me donna la parole en première pour exposer les faits. Inclinant la tête respectueusement pour lui signifier ma reconnaissance, j'essuyais avec le revers de ma manche, une larme qui vient à choir sur mon visage. La voix encore tremblante mais atténuée de l'emportement qui m'avait saisie un peu plus tôt, je lui confia ces paroles.
Par où commencer, mon seigneur... Ce matin, j'avais déjà pré-senti que quelque chose se tramait quand j'ai vu la triste mine de Camille. Je pensais que cela n'était qu'un état d'âme alors je ne me suis pas posée de question concernant cette tristesse qui l'avait envahie. Cela me rongeait et ne voulait pas sortir de mon esprit... Le précepteur pourra témoigner de ma distraction durant les leçons de ce matin. Attardant mon regard par la fenêtre, je vis Camille, bagages en main, partir. Je suis alors partie à sa rencontre... La suppliant de rester, elle m'avoua à mi mot qu'elle avait reçu l'ordre de votre mère de nous quitter. Suite à cela, je me suis quelque peu emportée. Je ne suis point fière du catilinaire que j'ai formulé à son encontre et je comprends parfaitement le soufflet qu'elle m'a donné afin de me rabrouer. Je suis conscience que tous actes ou paroles véhémentes entrainent une sanction mais par pitié, permettez à Camille de rester parmi nous!
Au fur et à mesure que j'exposais la situation, ma voix se fit changeante. A la fin de mon plaidoyer, les larmes étaient revenues dans mon regard. La parole allait certainement être donnée à Clothilde Enimia, sa mère, à présent. Celle ci n'allait pas faire preuve de bonne foi comme je l'ai fait, elle était toujours opposée à ce que je pouvais dire ou faire. Mes paroles sonnaient comme une demande de pardon, des excuses alors que les siennes se feraient réprobatrices comme toujours. Une larme vint choir sur ma joue que je sécha à nouveau avec ma manche. Le regard fixant le sol, je n'osais affronter celui de mon époux. Je venais certainement de le décevoir par mon comportement et cela me peinait beaucoup. |
| | | Harnyll de Hetalia
Humain
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| Sujet: Un ultimatum: La mère ou l'épouse [Harnyll] Dim 22 Nov 2009 - 18:16 | |
| Tranquillement assis sur son siège, Harnyll avait patiemment écouté l’explication de sa femme sans mot dire. L’emportement du début s’effaça rapidement et quelques larmes perlèrent aux paupières de Lucrèce lorsqu’elle supplia qu’on lui permette de garder Camille auprès d’elle.
Harnyll aurait tant aimé la serrer contre son cœur et lui murmurer que tout allait bien se passer. Mais il ne pouvait pas, tout du moins pas encore. D’un regard, il indiqua à sa mère qu’elle aussi pouvait s’expliquer. Sans hésiter, Clothilde fit un pas en avant et commença une diatribe virulente :
Mon cher fils ! Je ne comprends décidemment pas pourquoi mais votre femme m’en veut et me croit responsable de tous ses malheurs ! Pendant des années, j’ai pris soin d’elle et j’ai tenté de la protéger au mieux. Encore lorsque nous sommes parti à Diantra, j’ai pris le risque de perdre votre amour filial en allant à l’encontre de votre avis sur sa venue. Je m’en excuse bien humblement mais je vous jure que je n’ai en tête que votre bien-être. Et hélas les événements ont failli me donner raison, bien que je rende grâce aux dieux qu’elle ait pu être sauvée. Mais cette petite peste de Camille ne cesse de me manquer de respect ! Vivre auprès de votre épouse lui a donné des idées au dessus de sa condition. Je suis sur que c’est elle qui empoisonne l’esprit de Lucrèce contre moi. Cela est intolérable et si ce mal n’est pas tranché à la racine, je n’ose imaginer contre qui elle dressera votre femme ensuite.
Poussant un soupir, le baron se prit la tête entre les mains. Il ne demanda même pas en quoi Camille lui manquait de respect. D’expérience, il savait que sa mère pouvait prendre un « bonjour » pour une insulte si elle en avait décidé ainsi. Sa mère n’était pourtant pas une mauvaise femme, et Harnyll se rappelait qu’à l’époque de son enfance, c’était une femme déjà sérieuse et guindée, mais encore capable d’éprouver de l’affection pour les autres.
Hélas, l’âge et le ressentiment contre l’arrivée d’une autre femme, plus belle et plus jeune qu’elle, avaient peu à peu desséché son cœur. Cependant, n’y avait-il pas un fond de vérité dans ses paroles ? Harnyll aurait aimé pouvoir réfléchir calmement au problème, mais il n’en avait pas le temps. Il lui fallait prendre une décision, et il lui fallait la prendre vite. Au risque de se tromper…
Se levant, il marcha jusqu’à la fenêtre. Un jardinier traversa la cour et jeta un regard vers les fenêtres du bureau. Croisant le regard sombre de son seigneur, il se détourna et fila s’occuper de ses plantations. Ainsi, tout le monde était au courant de ce qui se passait ici.
Sa décision prise, il se retourna pour faire face aux deux femmes. Harnyll les regarda longuement : la mère et l'épouse, les deux personnes qui comptaient le plus pour lui en ce monde. Toutes deux l’aimaient, et lui aussi les aimaient. Sans élever la voix, une profonde tristesse lui étreignant le cœur, il leur expliqua le fond de sa pensée :
Je crois que je commence à cerner le problème. Au fond, tout cela est un peu de ma faute. J’aurai du m’occuper de traiter votre inimitié depuis longtemps mais j’ai cru que vous finiriez par réussir sinon à vous entendre, du moins à vous supporter. J’ai eu tort… Vous le comprenez sûrement toutes les deux, je ne peux pas tolérer dans ma demeure que vous vous insultiez en public pour une domestique. Vous m’obligez donc à prendre une décision que j’ai trop longtemps retardée.
Se tournant vers sa femme, il ajouta :
Ma chère, allez m’attendre dans le grand salon, je dois tout d’abord parler à ma mère en privé. Et je vous rappelle que le chemin du grand salon ne passe pas par la chambre de Camille. |
| | | Lucrèce d'Uberwald
Humain
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| Sujet: Re: Un ultimatum: La mère ou l'épouse [Harnyll] Dim 22 Nov 2009 - 20:16 | |
| C'est avec le regard baissé que j'attendais les indignations de mon époux. Un jeu de regard se fit entre la mère et le fils que je ne vis pas. Il venait de lui donner l'autorisation de parler à son tour. Ecoutant avec une vive attention les propos de ma belle mère qui s'était avancée tel un soldat d'un pas. Son discours me glaça le sang. Camille n'avait jamais manqué de respect envers cette dernière. Ce qu'elle narrait là n'était que pure fabulation. Comment pouvait elle ainsi déguiser la vérité? Elle voyait Camille comme une mauvaise herbe dont il fallait arracher la racine pour qu'elle ne repousse pas. Pourtant jamais ma loyale servante n'avait eu un mot à mon égard concernant sa mère, cela n'avait jamais été un sujet de discution entre nous. Il est vrai que je n'aimais pas beaucoup ma belle mère mais Camille y était pour rien. D'aussi loin que je me souvienne, à mon arrivée au château, la Baronne m'avait toujours offert un visage froid au regard réprobateur en toute circonstance. Je n'ignore pas que cela était dans le but final de faire de moi, une demoiselle et une épouse convenable, et je lui suis même gré de cela mais j'aurai tellement aimé qu'elle prenne le relais de ma mère en m'aimant comme sa fille et non comme sa futur bru. Relevant le regard alors qu'elle venait de finir son réquisitoire à l'encontre de Camille, je vis mon époux, sa tête dans ses mains. Je pus deviner le dilemme qui se jouait alors en lui. Il devait faire un choix et statuer sur le sort de Camille, cela n'était pas chose évidente. Rendre la justice n'était point chose aisée et cela encore plus quand cela concerne sa propre famille.
Le grincement de la chaise sur le parquet de bois se fit entendre quand il se leva sans mot dire. Je l'observais se diriger vers la fenêtre et regarder à l'extérieur. Le silence était revenu dans le bureau et j'attendais la décision de mon époux qui se faisait quelque peu attendre. Il se retourna enfin pour nous faire face. Toujours dans le silence le plus complet son regard se porter tantôt sur sa mère, tantôt sur moi. Nous avions toutes deux un comportement bien différent et opposé alors que son regard se portait sur nous. Ma tante, la tête haute, les bras le long du corps, le regard droit et fier, alors que moi, la tête inclinée fixant le sol, les mains crispées sur un pan de ma robe. Il prit enfin la parole mais on put lire dans sa voix une certaine mélancolie. Il se sentait coupable de la situation. J'avais envie de lui dire que non, rien n'était de sa faute et ne le serait jamais mais je restai muette, ne dérogeant pas à ma condition de soumission envers mon époux. Il avait pris sa décision mais ne l'avait toujours pas annoncée. Voyant ses pieds se tourner vers moi, je compris qu'il allait s'adresser à ma personne, je relevai alors la tête tout en conservant les yeux baissés pour ne pas croiser son regard craignant une réponse négative concernant le fait que Camille puisse continuer à me servir. Il voulait entretenir en privé avec sa mère avant de rendre son verdict, et me demanda de l'attendre dans le grand salon. Acquiesçant d'un geste de la tête tout en faisant une révérence, je sortis de la pièce.
Je m'avançais dans le couloir du premier étage. Une fois devant l'escalier principal, mon regard se porta sur les marches qui menaient à l'étage où se trouvait nos appartements et la chambre de Camille. J'avais tellement envie d'aller la voir mais je ne pouvais désobéir aux ordres de mon époux. Lentement, je pris la direction du grand salon. Celui ci était calme, vide et sans vie. Je devais attendre que mon époux me rejoigne mais il me fallait meubler le temps d'ici qu'il arrive. Je n'étais point d'humeur à laisser mes doigts parcourir les touches de nacres du clavecin. La lecture serait semble t-il une façon de passer le temps. La bibliothèque offrait un large choix de lecture mais mon attention se porta sur un ouvrage intitulé: Les secrets d'Arcam. Ce livre était haut placé sur l'étagère et je ne put l'atteindre en tendant ma main et en me mettant sur la pointe des pieds. Il n'y avait pas d'échelle, certainement que les livres hors de ma portée l'étaient pour une bonne raison. Comme une enfant trop curieuse à qui l'on interdisait quelque chose, je me suis mise en tête de vouloir lire cet ouvrage. Prenant une chaise, je grimpai dessus et pris ainsi un peu de hauteur afin d'atteindre cet ouvrage. Les portes s'ouvrirent au moment où ma main était sur le quart de couverture. Surprise, mes jambes tremblèrent faisant vaciller la chaise. J'étais sur le point de tomber... |
| | | Harnyll de Hetalia
Humain
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| Sujet: Un ultimatum: La mère ou l'épouse [Harnyll] Dim 22 Nov 2009 - 21:17 | |
| Une fois Lucrèce partie, Harnyll se tourna vers sa mère. Le regard de l’ancienne baronne était interrogatif et un peu inquiet, semblable à celui d’un escrimeur attendant le prochain assaut. Elle était trop fine politique pour croire avoir partie gagnée simplement parce qu’elle était restée. A voix basse, le baron rendit son jugement :
Mère, vous ne pouvez rester sous le même toit que ma femme. Je vous envoie vivre au manoir de Herdryn, au nord d’Arcani, près du lac Eora. Je me souviens que vous aimiez beaucoup ce lieu autrefois lorsque nous allions nous y reposer. Bien sur, si un autre endroit à votre préférence, je n’y verrai aucun inconvénient.
Figée telle une statue, Clothilde resta un moment sans bouger, ouvrant et fermant la bouche comme si elle cherchait en vain des mots qui ne pouvaient pas franchir ses lèvres. Harnyll s’était attendu à une crise de colère ou à des larmes, mais rien de tel ne se passa… Même vaincue, l’ancienne baronne d’Ysari ne montrerait pas sa douleur, fusse à son propre fils. Son honneur était tout ce qui lui restait, et elle s’y accrocherait jusqu’au bout.
Si telle est votre volonté mon fils, je m’y résoudrai et je vous obéirai. Puisse Néera veiller sur vous.
Déposant rapidement un baiser sur la joue du baron, elle sortit de la pièce sans rien ajouter d’autre.
Assis sur le coin de son bureau, Harnyll resta prostré de longues minutes, des larmes coulant sans retenue sur ses joues. Le choix était fait, mais la douleur persistait. Se levant péniblement, il sortit du bureau et prit la direction du grand salon où l’attendait sa femme. Il lui restait à décider quel serait le destin de Camille, mais au moment de poser la main sur la poignée de la porte, Harnyll hésitait encore.
Ouvrant la porte, il trouva sa femme en équilibre précaire sur une chaise, vacillant déjà. Elle avait apparemment voulu prendre l’un des livres dans la bibliothèque et son entrée l’avait troublée. Le baron eut juste le temps de traverser le salon en courant pour rattraper sa femme dans ses bras au moment où elle perdait définitivement l’équilibre.
La serrant contre lui, Harnyll s’assura qu’elle n’avait rien. Les yeux fixés sur les hautes étagères de la bibliothèque, le baron se demanda l’espace d’un instant ce que sa femme avait pu vouloir chercher dans les vieux livres de son père, mais il serait toujours temps de s’occuper de cela plus tard. La tête de son épouse reposant contre sa poitrine, il lui caressa doucement les cheveux, cherchant ses mots pour lui annoncer la nouvelle qu’elle attendait et redoutait à la fois :
Lucrèce, j’ai prévenu ma mère qu’elle devrait désormais résider au manoir de Herdryn. Elle y vivra avec sa domesticité et vous n’aurez donc plus à la rencontrer que lors de quelques cérémonies publiques. Concernant Camille par contre…
Posant l’index sous le menton de son épouse, Harnyll lui releva doucement la tête pour la regarder dans les yeux. De grands yeux pleins de larmes où se mêlaient à la fois amour et crainte. Dieux qu’elle était belle ! Dieux qu’il l’aimait ! Ses derniers doutes chassés, le baron termina sa phrase.
…elle reste auprès de vous. |
| | | Lucrèce d'Uberwald
Humain
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| Sujet: Re: Un ultimatum: La mère ou l'épouse [Harnyll] Dim 22 Nov 2009 - 23:29 | |
| La chaise commencer à vaciller sous mes jambes tremblantes, ce léger vacillement se fit plus soutenu, j'étais sur le point de tomber. Mon regard s'était porté sur les portes qui s'ouvraient sur mon époux et non sur un éventuel élément du mobilier qui me permettrait de me rattraper. Des bruits de pas, une course en réalité. Mon tendre époux traversa le salon avec une certaine rapidité, réduisant la distance entre nous deux et par la même occasion dans le but de me rattraper. Je venais de perdre définitivement l'équilibre. Heureusement, ma chute ne fut pas grave. C'est tête contre le torse de mon époux que je me retrouvai alors qu'il me prenait dans ses bras. L'enlaçant avec la plus grande délicatesse, je sentis sa main caresser ma tête. Un bref instant, le silence se fit. J'enfouissais mon visage dans le creux de son épaule alors que des larmes coulaient sur mon visage, à nouveau. J'ai eu si peur...
Je... Je...
Je venais de balbutier ces quelques mots mais mes sanglots m'empêchaient d'en dire, plus. Sa main réconfortante, toujours à caresser mes cheveux, cela m'apaisait. Bizarrement cette scène rappelait celle que j'avais vécu il y a peu après l'incident dans la campagne de Diantra. Le silence fut rompu par ses paroles. Il avait pris sa décision et m'en faisait part. Ainsi sa mère allait nous quitter. Cela me soulagea un bref instant mais le point le plus crucial n'avait pas encore était abordé. Camille allait elle rester parmi nous? Le commencement de sa phrase me serra le coeur car elle ne présageait rien de bon. Un blanc à nouveau. Il releva mon visage de son index. Il put voir mon regard rouge et humide de larmes. Plongeant son regard dans le mien, j'attendais cet instant tellement redouté. La réponse qu'il me donna n'était point celle à laquelle je m'étais attendue en écoutant le début de sa phrase. Camille restait avec nous, auprès de moi. Ce cadeau qu'il me faisait était un petit rien, un tout petit rien qui ne faisait que grandir l'amour que j'éprouvais pour lui. Une lueur de joie se fit alors voir dans mon regard. Les larmes de peur et de tristesse se changèrent en larme de joie. Je ne pourrai jamais assez le remercier pour ce qu'il venait de faire. Passant mes bras délicatement autour de son cou, m'obligeant à me mètre sur la pointe des pieds pour l'enlacer complètement, un sourire se dessina sur mes lèvres. Je lui murmura alors simplement ces quelques mots.
Merci pour tout!
Dans ma chute, je n'avais pas fait attention que l'ouvrage que je convoitais avait également chuté et se retrouvait à présent ouvert sur le sol. Comme si cela était un signe d'Arcam, il s'était ouvert sur une gravure représentant une scène d'amour, peu courtoise il en va de soi... Mon époux put donc clairement voir l'intitulé du chapitre qui était: L'art du baiser. J'avais mon visage dans le creux de son cou alors que mes lèvres avançaient lentement vers son visage, je n'avais pu voir le livre ouvert. Je voulais lui déposer un baiser sur la joue en guise de remerciement mais je n'y parvins pas car sa joue était trop haute et pour ce faire il aurait fallu qu'il se baisse. Il put tout du moins déceler mes attentions. Me lovant simplement dans ses bras, séchant mes larmes. Je murmurai alors quelques mots comme si je ne voulus que personne d'autre à part lui puisse les entendre.
Je vous aime, mon seigneur et maitre.
Cet aveu ne sembla pas en être un réellement mais c'était la première fois que je lui avais mes sentiments. J'ignorai s'il ne voyait en moi que sa cousine et épouse forcée ou si je comptais à ses yeux. Mais le fait qu'il permette à Camille de rester était une preuve de son affection pour moi, il devait donc m'aimer un peu. Me reculant un peu, mon pied heurta le livre. Baissant le regard, mes yeux se portèrent alors sur la gravure. Je fut déroutée et troublée par ce simple dessin. M'agenouillant, je pris le livre en main et le referma sans autres formes de procédure. Mon époux put d'ailleurs voir que cela m'avait troublée quelque peu car mes joues avaient pris la douce couleur des pivoines. Les oiseaux dans leur cage roucoulaient de leur douce mélodie. Arcam semblait tout faire pour rapprocher ces deux jeunes gens qui malgré leurs noces ne s'était toujours point abandonné l'un à l'autre. Le temps résout bien des choses mais cela faisait à présent presque un an qu'ils étaient mariés et la jeune baronne ne portant toujours pas un ventre arrondi donnait naissance à des rumeurs sur son incapacité à concevoir un héritier pour son époux, le baron d'Ysari. J'avais eu vent de ces rumeurs et c'est pour cela que je voulais faire un pas en avant afin que l'infamie ne soit pas jetée sur notre union. |
| | | Harnyll de Hetalia
Humain
Nombre de messages : 1607 Âge : 120 Date d'inscription : 14/11/2009
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| Sujet: Un ultimatum: La mère ou l'épouse [Harnyll] Lun 23 Nov 2009 - 20:10 | |
| Le bonheur qui envahit les yeux de Lucrèce à l’annonce de sa décision réjouit Harnyll jusqu’au plus profond de son être. Pour la première fois depuis leur mariage, il avait l’impression que la tension qui les séparait tous les deux commençait à s’estomper. Se serrant contre lui, sa femme lui passa les bras autour du cou. A voix basse, elle murmura :
Je vous aime, mon seigneur et maitre.
Le cœur d’Harnyll fit un bond dans sa poitrine. Ces mots venus du coeur, il ne croyait pas les entendre un jour. Il avait toujours su que Lucrèce et lui étaient destinés à se marier, il avait été tenu au courant des longues et âpres discussions autour de la dot, il y avait participé, il avait même fait avancer la date de son mariage pour éviter que cette dot ne risque de disparaître dans le tourbillon de la guerre.
Lucrèce, elle, n’avait appris le sort que l’on lui destinait que quelques mois avant l’événement. Toute sa vie, elle avait été ballottée de droite à gauche, séparée de sa mère alors qu’elle n’avait que 8 ans. Ses précepteurs lui avaient appris tout ce qu’une noble dame doit savoir, mais jamais personne ne lui avait demandé son avis sur son avenir. Harnyll n’aurait pas pu lui en vouloir si elle l’avait considéré comme responsable de cette difficile situation. Savoir que tel n’était pas le cas l’emplissait d’une douce euphorie.
Se reculant un peu, Lucrèce butta contre le livre qui était tombé par terre, le fameux livre qui avait failli lui valoir une mauvaise chute. Rougissant brusquement, elle s’empressa de le ramasser et de le refermer, pas assez rapidement cependant pour que son époux ne puisse voir l’illustration… explicite qui remplissait une pleine page. Un doux sourire aux lèvres, Harnyll prit le livre des mains de sa femme et le posa sur une petite table à côté de la bibliothèque.
Reprenant sa femme dans ses bras, Harnyll l’embrassa doucement. Lucrèce lui rendit son baiser avec une passion et une ardeur qu’il ne lui connaissait pas. Le désir s’éveillant en lui, Harnyll commença à la caresser, mais une soudaine tension dans le corps de son épouse lui fit arrêter son geste. Après leur nuit de noces ratée, il s’était juré de ne pas la prendre de force, d’attendre qu’elle soit prête. Ils étaient désormais plus proches l’un de l’autre que jamais, mais la barrière qui avait existé entre eux depuis ces longs mois n’était pas encore complètement tombée.
Reprenant péniblement le contrôle de ses émotions, Harnyll fit un pas en arrière. Le feu que ce simple baiser avait allumé en lui refusait de s’éteindre. Aucune autre femme auparavant ne lui avait jamais fait cet effet là. Voulant éviter de brusquer les choses, le baron d’Ysari rompit ce tendre combat :
Allez prévenir Camille qu’elle peut rester à vos côtés. La pauvre doit se ronger les sangs.
Sur ces mots, les jambes légèrement flageolantes, il quitta la pièce et repris le chemin de son cabinet de travail. Depuis plusieurs semaines, il entretenait une relation épisodique avec l’une des servantes du château, mais il savait que ce soir là il n’irait pas la voir. En fait, il savait qu’il n’irait plus jamais la voir. Un seul visage occupait désormais ses pensées : celui de Lucrèce.
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| | | Lucrèce d'Uberwald
Humain
Nombre de messages : 704 Âge : 39 Date d'inscription : 08/11/2009
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| Sujet: Re: Un ultimatum: La mère ou l'épouse [Harnyll] Mar 24 Nov 2009 - 1:18 | |
| Alors que je venais de refermer le livre intitulé les Secrets d'Arcam, toute confuse et faisant dos à mon époux, celui ci me le prit des mains sans que je m'y attende. Avait il vu cette gravure? Je l'ignorai et cela me mettait mal à l'aise. J'avais peur qu'il ne feuillette le livre qu'il tenait à présent en mains. Au lieu de cela, il le déposa sur la table à côté de lui. Je fus soulagée, apaisée, de savoir qu'il n'avait pas la curiosité d'en savoir plus sur le contenu de ce tome. Je sentis ses mains se poser sur moi, il m'enlaçait à nouveau. Je me sentais si petite et si fragile quand il me prenait ainsi. Ses lèvres vinrent se poser sur les miennes. Fermant lentement les paupières, je lui rendis son baiser. Arcam s'était emparé de moi et guidait ma bouche en ce baiser passionné. J'étais transportée par les sentiments que j'éprouvais pour lui, ne me rendant point compte que mes gestes étaient inconvenants. Il n'était pas convenable pour une demoiselle de se laisser aller à la passion. Ses mains commencèrent à me caresser tendrement. Je ne me rendais pas bien compte de la situation me laissant faire en innocente victime consentante que j'étais. Peu à peu, je reprenais mes esprits. Mon corps se raidit d'une tension palpable que mon époux put sentir sous ses doigts. Il arrêta alors ses caresses , humant simplement le doux parfum de fleur de mélisse et de rose que je dégageais, le temps de reprendre lui aussi ses esprits. Il se recula alors d'un pas. Comme confus de ce qui venait de se passer, il prit la parole me disant que je pouvais rejoindre Camille pour lui annoncer la nouvelle. Et quelle nouvelle? Cette bonne nouvelle! Elle pouvait rester au château, près de moi. Je lui souris alors tendrement avec tout mon amour. Je resta plantée debout, le regardant quitter le salon. Il se dirigeait certainement vers son bureau où il travaillait avant d'être interrompu par cet épisode fâcheux. Le livre était toujours sur la table attendant d'être rangé ou porté sous le regard d'un innocent regard. J'hésitais à le laisser là ou à le consulter. Mais n'y tenant plus comme si l'interdit avait quelque chose d'excitant, j'avançai une main tremblante pour m'en saisir. Il était à présent dans mes mains avant que je le serre dans mes bras, contre mon coeur. J'avais reçu l'autorisation d'aller voir Camille, aussi je ne me privai pas de ce droit. Calmement quoique toujours troublée, je sortis du grand salon. Je me dirigeai d'un pas lent vers le second étage où mes appartements se trouvaient mais également mon boudoir et la chambre de Camille.
J'étais à présent devant la porte de mon boudoir que j'ouvris avec la plus grande délicatesse. Je voulais faire la surprise à Camille en passant par la porte dérobée. Déposant le livre que je tenais toujours en main sur la duchesse brisée, je me faufilai telle une petite souris derrière le paravent. Je frappa pas trois fois de façon assez rapide à la petite porte en bois comme j'avais l'habitude de faire pour lui annoncer ma présence. Mais rien pas de réponse cette fois. Elle ne vient pas m'ouvrir sa porte comme à l'accoutumée. Mon coeur se serre craignant qu'elle soit partie. Aussi la main sur la clenche de la porte, j'ouvre celle ci. Camille est assise sur son lit, ses mains dissimulent son visage en pleure. Les bagages ne sont pas défaits et attendent patiemment devant le montant de son lit. Je m'avance alors vers elle et d'une voix douce, je lui annonce la décision tant attendue.
Sèche tes larmes, elles n'ont pu lieu d'être car le baron a statué sur ton sort. Tu resteras parmi nous...
Elle releva le visage et me regarda avec une certaine lueur de reconnaissance dans le regard. Je compris sans qu'elle ne dise aucun mot qu'elle me remerciait. J'étais heureuse qu'elle reste. Séchant ses larmes, elle me vit afficher un sourire radieux.
Déballons donc ces valises, veux tu?
Prenant un des ses sacs dans mes mains, j'allais l'aider à défaire ses affaires. Mais elle ne me laissa pas le temps de faire quoi que ce soit.
N'en faites rien, je me chargerai moi même de cette corvée dont vous ne devez pas vous accommoder.
Elle commença alors à déballer ses affaires. Je m'éclipsa la laissant faire. Je ne lui étais d'aucune utilité aussi je l'aurai gênée plus qu'autre chose si j'étais restait dans cette chambre au dimension des plus modestes. J'emprunte à nouveau cette petite porte et me rends dans mon boudoir. Au vu de l'heure avancée de la matinée, les leçons n'étaient plus d'aucune utilité. Je pris l'initiative alors de m'accorder un moment de calme et de détente. Le livre demeurait toujours sur la duchesse alors que je m'asseyais derrière le clavecin. Mes doigts commencèrent alors à pianoter sur les touches de nacres qui offraient leur douce mélodie aux spectateurs invisibles. Ma voix emplissait la pièce d'une douce mélopée qui se fit entendre dans les couloirs de la demeure comme un tendre écho.
L’amour se porte autour du cou Le cœur est fou Quatre bras serrés qui s’enchaînent L’âme sereine Comme un foulard de blanche laine L’amour s’enroule et puis se noue Amour, Amour m’a rendu fou
Amour, Amour je t’aime tant Je t’aime tant Pourquoi frappes-tu à ma porte De la sorte J’ai attendu que tu m’apportes Ce bonheur depuis temps de temps Hum Hum Hum Hum Hum Hum Hum Hum
(Chanson tirée de Peau d'âne ) |
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