Le soleil après la tempête [Harnyll]

Sujet: Le soleil après la tempête [Harnyll] Jeu 4 Mar 2010 - 17:37

Cela faisait à présent deux semaines que nous étions à Féoda. Il était temps de partir à présent. Comme j'avais repris un peu de force, c'était le bon moment pour revenir à Ysari. Montant alors dans le carrosse qui nous attendait dans la cours, Harnyll se tenait à disposition afin que je m'appuie sur lui en cas de besoin. J'avais certes récupéré des forces mais je demeurai néanmoins encore faible. Il faudrait plus de temps pour que je me remette complètement.
Le voyage me parût fort long. Peut être même plus qu'à l'aller. Cela était peut être du au fait que je ne voyais pas la situation sous le même angle à présent. Là je rentrai chez nous. J'avais beaucoup d'appréhension car les rumeurs allaient bon train. Le seul point positif à mon exil fut que je n'entendais pas les bruits de couloir qui courraient sur moi.
Je m'endormis finalement durant le trajet, la tête posée contre le moelleux de l'intérieur de la calèche. Au moment, où nous passions sur un chemin dont la terre avaient été battue par la tempête de la veille, les secousses me firent basculer sur mon époux sans que je m'en rende compte. Ma tête reposait sur ses cuisses. Toujours ancrée dans mon sommeil, il caressa mon visage et déplaça de ses doigts quelques mèches de cheveux qui tombaient sur ma figure.

La scène était des plus paisibles. Aussi quand nous arrivâmes à Ysari, personne ne pouvait se douter que j'étais dans le carrosse car je n'étais pas visible. Dans la cours du château, les domestiques s'étaient rassemblés et espéraient que je sois dans le carrosse. Camille attendait mon retour avec une telle impatience, je lui avais manqué et cela était réciproque.
Le majordome s'approcha de la porte de la calèche mais ne me fit pas assise à côté de mon époux, aussi il supposa que mon exil était prolongé. Se retournant vers les autres, il fit un non de la tête. Ouvrant alors la porte à son seigneur, il eut le loisir de me découvrir endormie, la tête reposant sur les genoux du baron. L'homme fit un grand sourire en découvrant la scène.
Ce sourire ne passa pas inaperçu auprès des autres qui comprirent de suite que j'étais de retour. Camille s'avança alors et attendit les instructions qu'allaient certainement lui donner mon époux. Le bruit de l'agitation extérieure m'éveilla. Lentement j'ouvris les yeux pour réaliser la position dans laquelle je me trouvais. Me redressant un peu brutalement, car cette situation était gênante pour moi, ma tête se mit à tourner.
Harnyll descendit alors du carrosse puis me tendit la main pour que je prenne appui sur lui. Comme la tête me tournait, je titubai un peu en descendant pour me heurter contre son torse. Un petit sourire amusé de Camille, heureuse de voir que presque rien n'avait changé. Presque rien car elle remarqua du premier coup d'oeil que je n'étais pas en grande forme et que j'avais perdu du poids.

Nous rentrâmes alors à l'intérieur du château. La voyage ayant été long, il fallait que je me repose. Mon époux prit le temps de me conduire à notre chambre pour que je m'allonge et me repose encore. Montant les escaliers menant au second étage, on dut faire plusieurs haltes. A plusieurs reprises, je faillis basculer en arrière, heureusement qu'il était là et que Camille se tenait derrière moi par prévention.
Une fois dans la chambre, Camille me déshabilla et me passa une longue chemise de nuit avant de m'aider à me coucher. Elle avait les larmes aux yeux sans toute fois pleurer. Elle était tellement heureuse de me revoir. Un sourire esquissait de ma part alors que sa main était dans la mienne. Cette situation était des plus tendres.
Harnyll ne s'était jamais questionné jusqu'à maintenant sur les raisons de Camille de rester près de sa maitresse et de s'occuper d'elle avec tant de tendresse, de compassion et surtout d'amour. Camille était la détentrice d'un secret qu'elle seule connaissait depuis la mort de ma mère.

Sujet: Re: Le soleil après la tempête [Harnyll] Jeu 4 Mar 2010 - 19:50

Un trajet calme et agréable, c’est ainsi que le baron d’Ysari l’aurait décrit. Il faut admettre qu’avec Lucrèce endormie sur ses genoux, il aurait eu mauvaise grâce à se plaindre. Harnyll en profita pour réfléchir à la suite. Certes Lucrèce était de nouveau à se côtés, mais les relations entre eux restaient quelque peu tendues. Comment gérer cela ? Avec naturel, ce serait probablement la meilleure méthode. Lucrèce le connaissait suffisamment pour savoir quand il forçait sa nature et cela nuirait à la confiance qu’elle devait pouvoir lui confier désormais.

Une fois arrivé, le baron, aidé de Camille, aida Lucrèce à rejoindre leur lit dans la chambre conjugale pour qu’elle puisse se reposer encore un peu. Certes elle avait repris des forces après deux semaines de détente à Féoda, mais elle restait encore un peu faible. Cela n’inquiétait plus vraiment Harnyll comme au début. Il en avait discuté avec les praticiens de Déoda qui lui avait expliqué que la vie de la jeune femme n’était en rien menacé, bien que le pire n’ait été évité que de justesse.

A chaque fois, le baron ressenti une bouffée de colère contre les serviteurs qu’il avait assigné à la garde de Lucrèce lors de l’emprisonnement de cette dernière. Persuadés que la répudiation ne souffrirait aucune discussion, ils avaient pris leur rôle un peu trop à la légère. Sans que Lucrèce le sache, Harnyll était retourné dans le manoir où elle avait vécu pendant ce difficile mois, et leur avait expliqué sa façon de penser. Enfin expliqué… le terme pourrait sembler un peu faible aux yeux d’un observateur objectif ayant assisté à la scène.

Laissant Camille s’occuper de sa maîtresse, le baron se rendit dans son cabinet de travail et commença à lire les dernières dépêches qui venaient d’arriver. Demande de promotion, rapport sur l’état des finances, détails sur un incendie criminel à Orfédie… tous les petits tracas qui rythment la vie d’une baronnie et qui constituaient le quotidien d’Harnyll. Le temps passant, l’estomac du baron commença à faire valoir son point de vue de manière insistante, lui rappelant que si Ysari n’avait pas besoin de se nourrir, lui si. Distraitement, il tira sur le cordon situé près de bureau, et quelques minutes après, un page rentra dans la pièce :

Monseigneur ?

Faîtes préparer un repas et amenez le moi, je mangerai dans mon bureau aujourd’hui.

Saluant, le page s’apprêta à sortir lorsqu’un ordre du baron l’arrêta au moment ou il allait poser la main sur la poignée de la porte :

Non !

Monseigneur ?

Faites préparer deux parts, je mangerai avec ma femme dans notre chambre.

A vos ordres.

Finissant une missive pour Arcani, le baron se leva et regarda au dehors. Le printemps était bien avancé et les premières chaleurs ne tarderaient plus guère, annonçant l’approche de l’été. Sur un dernier regard à la verdure renaissante, Harnyll rentra dans la chambre pour retrouver sa femme.

Sujet: Re: Le soleil après la tempête [Harnyll] Jeu 4 Mar 2010 - 22:39

On toqua à la porte. Un domestique entra avec en main un plateau avec deux plats. Pourquoi deux? A moins que mon époux se joigne à moi, il n'y avait pas de raison pour qu'il y en ait deux. L'homme posa le plateau sur la table et alla frapper à la porte qui menait au cabinet de mon époux.

Mon seigneur, le repas est servi.

La porte s'ouvrit et laissa apparaître mon époux. Visiblement c'était lui qui avait expressément fait cette demande pour passer du temps avec moi. Me redressant dans le lit, je me mis debout. Une robe de chambre passée sur mes épaules, je me dirigeai vers la table où je pris place.
Il y avait sur le plateau du potage, du jambon fumé, du pâté en croûte et des céréales croquantes. Une carafe de vin avec deux verres n'attendaient que nous. Pour le dessert, une tarte aux pommes et quelques sucreries à la rose de notre si belle région. Un repas simple mais suffisant au vue de mon appétit encore faible.
Le repas prit une bonne heure pour être consommé. J'avais peu mangé mais déjà plus qu'il y a quelques temps ce qui laissait entrevoir une nette amélioration de mon état. Une fois que mon époux eut fini également de manger, j'eus voulu prendre un peu l'air à l'extérieur. J'avais été enfermée beaucoup trop longtemps.

Que diriez vous d'une petite balade dans les jardins? J'aimerai prendre l'air avant de retourner me reposer...

Sujet: Re: Le soleil après la tempête [Harnyll] Sam 6 Mar 2010 - 15:45

Le repas se fit dans le calme, Lucrèce reprenant des forces et Harnyll couvant son épouse d’un regard tendre et empli d’amour tandis qu’elle découpait de petits bouts de jambon fumé ou dégustait une sucrerie à la rose. L’état de santé de la jeune femme s’améliorait nettement, preuve en était si besoin l’appétit quasi-retrouvé dont elle faisait désormais preuve. Les terribles heures du tournoi puis de leur brutale séparation s’enfonçaient peu à peu dans les brumes du passé, mais elles demeuraient toujours présentes en toiles de fond, prêtes à se rappeler à leur mauvais souvenir.

Depuis leur retour, Harnyll et Lucrèce faisaient à nouveau chambre commune, reprenant leurs habitudes d’avant Diantra. Toutefois, il ne se passait plus rien dans le grand lit conjugal, car le travail accompli par la baronne d’Olyssea avait été réduit à néant par la peur que ressentait encore Lucrèce par moment. Sur ce plan là hélas, tout serait à rebâtir, et la patiente reconstruction entamée par Harnyll ne promettait pas d’être aisée. Toutefois, le baron restait fidèle à sa jeune épouse, et malgré la tentation, il ne quittait jamais leur chambre pour retrouver les soubrettes du château, au grand regret de ces dernières qui auraient vu leur situation assurée si elles avaient pu mettre au monde un bâtard de leur maître.

Le doux souvenir de Tarja Hietala, l’elfe maître d’armes de Diantra, s’éveillait parfois dans l’esprit du baron… ses envoûtants yeux émeraudes, ses courbes parfaites, sa peau satinée, son ardeur dans les joutes du lit, son habileté à faire monter l’excitation de son amant humain jusqu’à ce qu’il ne puisse plus tenir… il se souvenait de chacun de ses gestes, de chacune de ses paroles, de chaque détail de son corps. Pour autant, Harnyll ne regrettait pas une seule seconde ce qui s’était passé entrer elle et lui à Diantra. Cet amour ardent, cette passion incontrôlable qu’ils avaient ressenti l’un pour l’autre lors du tournoi, il le chérissait tendrement comme le meilleur souvenir de ce grand évènement où Lucrèce l’avait tant fait souffrir. Avec la distance, il arrivait à contrôler ses émotions assez aisément, mais parfois, au beau milieu de la nuit, alors que sa femme sommeillait paisiblement à ses côtés, Harnyll se demandait comment il réagirait s’il se retrouvait de nouveau face à sa belle elfe. La flamme couvait encore dans son cœur et ne demandait qu’une occasion pour redevenir un incendie dévastateur.

A la fin du repas, Lucrèce lui demanda si une promenade dans les jardins du château pouvait s’envisager. Enfermée qu’elle était depuis près de deux mois, mis à part les trajets en carrosse du manoir à Féoda puis de Féoda à Ysari, elle devait vraisemblablement désirer respirer de nouveau l’air frais et pur du dehors. Son mari hésita un instant, puis estima que la santé revenant, cela ne pouvait pas lui faire de mal. Lorsqu’elle aurait reconstitué toutes ses forces, il se promit de se balader à cheval avec elle dans les environs d’Ysari, d’explorer la forêt et la côte, juste tous les deux… avec bien sur une escorte discrète… afin de pouvoir vraiment se retrouver.

Se levant, Harnyll déposa un baiser sur les boucles blondes de Lucrèce et répondit :

Bien sur ma chérie, je vais demander à Camille de venir vous aider à vous habiller.

Une demi-heure plus tard, la table débarrassée et Lucrèce vêtue, les seigneurs d’Ysari quittèrent leur chambre, la baronne au bras de son époux. Sortant du château, ils pénétrèrent dans le grand jardin ornemental qui prenait ses belles couleurs printanières. Quasi à chaque pas, Lucrèce, humait la douce fragrance d’une fleur ou s’arrêtait pour écouter le chant d’un oiseau. Elle ressemblait à une écolière qui ferait l’école buissonnière, s’émerveillait de tout, goûtant et savourant pleinement sa liberté retrouvée. Un chat vint en miaulant se frotter contre les jambes de la jeune femme, quémandant des caresses puis s’enfonça dans les buissons, sans doute à la poursuite d’un petit rongeur.

Marchant tranquillement, ils finirent par atteindre le bassin qui se trouvait au centre des jardins et s’assirent sur un banc en son bord pour permettre à Lucrèce de se reposer avant le trajet du retour. L’allégresse de la jeune femme réjouissait le cœur de son époux qui l’enlaça au creux de ses bras. Du bout de l’index, il releva le visage heureux et épanoui de son épouse, lui déposa un baiser sur le front, un autre sur le bout du nez… hésita un instant, s’attendant presque à voir ressurgir la crainte dans les beaux yeux qui le fixaient avec amour, puis, doucement, tendrement, posa ses lèvres sur les siennes.

Sujet: Re: Le soleil après la tempête [Harnyll] Dim 7 Mar 2010 - 16:39

Mon époux annonça suite à ma demande qu'il acceptait une petite ballade en ma compagnie dans les jardins. Il devait certainement comprendre que j'avais besoin d'air et que rester enfermée dans le chateau me pesait un peu. Il appela alors Camille pour qu'elle m'habille.
La jeune femme apparut quelques minutes après. Comme je n'avais pas repris complètement mes formes, elle choisit pour moi une tenue simple non corsetée. Il s'agissait d'une robe longue couleur mysotis dont le décoleté était peu profond et arrondi. Les manches courtes au trois quart, laissant une amplitude de mouvement. Camille noua alors la robe dans le dos mais celle ci ne comprimait nullement la poitrine ni le ventre, me laissant ainsi respirer. Cette robe ne faisait pas parti de ma garde robe, c'était l'une de Camille.
Elle me tressa ensuite les cheveux en une longue natte qui tombait dans mon dos. J'étais enfin prête. Mon époux me tendit son bras et nous sortîmes.

Une fois dans le jardin, nous avançâmes lentement en direction de la fontaine centrale. Je me sentais mieux, cela faisait du bien de respirer l'air printanier chargé du délicat parfum des fleurs. On pouvait me voir revivre, renaître.
Mes yeux étaient grands écarquillés à la vue de ce spectacle. Les oiseaux chantaient dans les arbres. Qu'est ce que cela faisait du bien que de sortir enfin... Nous nous assîmes alors sur le banc près de la fontaine.
Assis sur le banc, les bras de mon époux vinrent à m'enlacer. Je me laissai faire sans dire mot. J'étais à ce moment heureuse. Il y avait un peu de mieux dans notre relation et cela suffisait à mon bonheur pour l'heure actuelle.
De son index, il me releva le visage et put voir mes yeux pétillants. Je n'avais d'yeux que pour lui. Ma peur était endormie. Il déposa alors un baiser sur mon front, un autre sur le bout de mon nez puis un troisième sur mes lèvres.
Je me laissai faire, sans dire un mot, sans bouger. Fermant simplement les yeux, je savourai cet instant de bonheur et de complicité retrouvés. C'était un petit pas dans notre couple, essentiel pour la reconstruction de notre vie comme avant.

Ô Harnyll, comme je vous aime. Cela faisait si longtemps que vous ne m'aviez pas embrassée ni même regarder de la sorte.

Le rouge me monta aux joues, j'étais troublée par son baiser. Mais il est vrai que cela faisait longtemps qu'il ne m'avait pas regardée de la sorte, comme une femme, comme sa femme et non comme celle qui lui avait brisé le coeur et à qui il pardonnait de ses trahisons passées.

Sujet: Re: Le soleil après la tempête [Harnyll] Dim 7 Mar 2010 - 19:18

Ce simple baiser troubla Harnyll autant que Lucrèce. Il promettait tant dans sa pureté si fragile… le pardon des trahisons, des déceptions, des incompréhensions… à cet instant, tout cela n’existait plus, rien d’autre ne comptait au monde que leur amour. D’un ton taquin le baron murmura juste avant d’embrasser de nouveau sa femme :

Et vous n’aurez pas à attendre aussi longtemps cette fois ci ma chérie.

Ils restèrent près d’une heure assis sur ce banc, Lucrèce sommeillant, la tête posée sur l’épaule de son époux. Ce bonheur auquel Harnyll aspirait, qu’il avait cru toucher avant ce maudit tournoi, pouvait-il y croire encore ? Pour la première fois depuis qu’ils s’étaient retrouvés, Lucrèce n’avait pas semblée avoir peur de lui, aucune réticence ne se faisait sentir dans ses actes. Enlacée dans les bras de son mari, elle s’était abandonnée à ses baisers, ivre de vivre l’instant présent.

Pour autant ; le baron ne poussa pas plus loin son exploration. La peur de Lucrèce était semblable à une citadelle assiégée. Il venait de remporter un combat, de faire tomber une ligne de défense, mais croire que la victoire lui était acquise serait une grossière erreur. Peu à peu, le soir tomba sur les jardins alors que le soleil finissait sa course quotidienne. Tranquillement, les deux époux reprirent le chemin du château, le bras d’Harnyll enlaçant la taille fine de Lucrèce.

Lorsque vous irez mieux, nous pourrons prendre des chevaux pour aller faire une petite promenade en bord de l’Olienne. Respirer l’air marin vous fera le plus grand bien.

Oui, l’idée plaisait à Harnyll. S’échapper pendant une journée de la routine d’Ysari, galoper dans les prés, le long de la côte, s’arrêter sur une plage, laisser les flots leur lécher les pieds… loin des soucis du quotidien. Mais ce soir là, le baron n’eut d’autre réponse qu’un murmure à moitié assoupie. Le pas de son épouse se faisait quelque peu lent, la fatigue reprenant ses droits après la passion. Pour éviter qu’elle ne tombe, Harnyll la souleva et ce fut finalement dans les bras de son époux que Lucrèce revint dans la chambre conjugale.

Camille !

La femme de chambre de sa femme apparut quasi instantanément. Le baron s’étonnait toujours de la capacité de cette jeune femme à savoir quand Lucrèce avait besoin d’elle.

Lucrèce est fatiguée, aidez là à se coucher et faîtes lui monter un repas des cuisines. Je serai dans mon cabinet de travail, demandez que l’on m’y monte également de quoi me restaurer.

Embrassant le front de son épouse ensommeillée, Harnyll murmura :

Je vous rejoindrait après dîner ma chérie.

Sujet: Re: Le soleil après la tempête [Harnyll] Lun 8 Mar 2010 - 22:27

Le temps passa lentement au moment de ce baiser comme si le temps venait de se figer un instant et pour l'éternité. Je me sentais bien, appaisée. Pour la première fois depuis des semaines, je n'avais pas peur de lui, mon époux. J'avais beau l'aimer mais une partie de mon être conservait une peur malsaine. Il avait levé la main sur moi lors du tournoi, il m'avait battue. Mon eil n'avait fait que précipiter notre couple dans un couffre sombre et profond dont il serait dur et douloureux d'en sortir.
Ce baiser venait comme un geste de la main balayer le passé afin de faire table rase pour mieux reconstruire l'avenir, notre avenir. De petits progrès étaient faits chaque jour, cela ne servait à rien de se dépêcher de reconstruire notre relation. A la va vite, elle ne tiendrait pas sur la longueur car comme le papillon, elle serait éphémère et s'effondrerait dès le premier coup de vent venu. Il vallait mieux prendre notre temps et y aller petit à petit, reconstruire une vraie relation et non ce faux semblant d'avant. Les sentiments étaient certes présents avant cet incident mais notre vie commune n'avait rien de celle d'un véritable couple. Tout n'était que mascarade.
Ce baiser éveilla en moi un frisson de bien être. Je fermai même les yeux pour en savourer les délices que je ne soupçonnais pas jusque maintenant. Un petit goût de miel, un petit goût de sucré comme ces bonbons à la rose que nous fabriquons dans notre belle région. C'était la première fois que je ressentis cela. Peut être était ce dû aux épreuves que nous avions dues traverser? A moins qu'il ne m'ait jamais embrassée de la sorte avant par pudeur, par retenue ou simplement par volonté propre? Je ne le saurai point.
Quand nos lèvres s'éloignèrent de cette douce caresse, je ne pouvais m'empêcher de rougir. Harnyll pouvait voir l'émoi dans lequel il m'avait plongée. Reposant ma tête dans le creux de son épaule, nous restâmes un instant là face à la fontaine. Rien ni personne ne vint troubler notre quiétude. Seul le bruit de l'eau de la fontaine se faisait entendre.
Je somnolais à moitié, preuve qu'il était temps de rentrer me coucher. Aidée par mon époux qui me soutenait plus que de raison, nous retournâmes dans notre chambre. A peine, sommes nous arrivés qu'il demanda Camille pour qu'elle s'occupe de moi. Il ne fallut pas plus de deux minutes pour que ma servante arrive. Elle était toujours là quand j'avais besoin d'elle, elle ne me laissait jamais tomber quelques soient les apparences, les situations.

Camille me dévêtit pendant que mon époux retournait dans son cabinet pour travailler encore un peu sur ses dossiers en cours. Me recouchant dans le grand lit, Camille s'absenta pour aller cherchr le repas et conformément aux ordres de mon épou, un repas pour lui aussi. Sur le laps de temps où elle s'absenta, je fus plongée dans le sommeil. Aussi quand elle revint dans la chambre, elle me découvrit endormie. Elle hésita à me réveiller. Posant le plateau sur la table, Camille frappa à la porte du cabinet de mon époux.

Mon seigneur, le repas est servi comme vous l'avez demandé. Néanmoins Lucrèce est endormie et il serait préférable de ne pas la réveiller...

Le baron serait donc seul à diner ce soir là. S'il le désirait, Camille lui apporterait dans son cabinet à moins qu'il ne prenne l'initiative de me réveiller. je doute que cette solution soit la plus probable car lui, plus que tous autres savaient qu'il me fallait du repos pour recouvrir toutes mes forces. Il est vrai que j'avais retrouvé des couleurs et quelques formes, mais l'on voyait également que je n'étais pas comme avant mon exil. Pour certains, j'étais malade; aussi les rumeurs courraient bon train dans les cuisines à ce sujet et entre les diverses femmes de chambres du chateau.
Un peu plus tard dans la soirée, il faisait déjà nuit depuis plusieurs heures certainement, mon époux ne m'avait toujours pas rejointe dans le lit conjugal. Je m'en apperçus car quelque chose m'éveilla. La faim sans doute. Me levant alors du lit en titubant quelque peu, je vis de la lumière dans son cabinet. Me dirigeant vers la source de cette luminosité, les yeux encore mis clos, j'ouvris la porte sans même prendre la porte de frapper avant. J'eus à peine le temps de prononcer le prénom de mon époux que je le découvris assis dans son fauteuil, endormi paisiblement.
M'approchant lentement de lui, je le regardai un instant. Il avait l'air calme et paisible. Cette vision me plaisait beaucoup car je le voyais comme l'homme qui l'était réellement. M'avançant à lui, je vis un dossier sur son bureau portant mon nom. Je désirai connaitre son contenu mais cela n'était pas bien. Après tout, cela me consernait directement, j'avais donc le droit de savoir mais je ne voulais pas être surprise à lire le dossier. J'avais commis déjà trop d'erreurs par imprudence, celle ci en serait une de plus si jamais je profitai de son sommeil.
Effleurant de ma main sa joue, je le sortis de sa torpeur mais peu avant il avait murmuré un prénom dans son sommeil. C'est ce qui avait fait reporter mon attention sur lui et non plus sur le dossier. Pour le dossier, je lui demanderai plus tard. Pour le moment, ce prénom avait reçu toute mon attention car il n'était pas le mien.

Sujet: Re: Le soleil après la tempête [Harnyll] Sam 13 Mar 2010 - 13:39

Relire, annoter, ordonner… la routine pour Harnyll qui devait chaque jour veiller au bon fonctionnement d’Ysari. Bien sur, ses collaborateurs abattaient la majeure partie de travail mais il détestait foncièrement être tenu à l’écart aussi suivait-il de près tout ce qui se passait. Baillant, le baron s’attaqua à un nouveau rapport. Allez, encore un, se promit-il, et il irait rejoindre Lucrèce pour dîner. Ils avaient bien tous les deux mérités un bon repas et une bonne nuit de sommeil.

Mais au fur et à mesure des pages, ses yeux se firent lourds, sa vision s’obscurcit peu à peu. Une petite sieste ? Oui, cela lui ferait du bien, juste cinq minutes et il continuerait ensuite à travailler. Refermant le dossier en cours, Harnyll se renversa dans son fauteuil et plongea rapidement dans le sommeil.

Il rêva d’une femme, mais pas de la sienne. Non, d’une femme qui s’était offerte à lui, ce que sa femme se refusait obstinément à faire. D’une femme qui n’avait pas peur de lui, qui avait su lire et comprendre sa douleur. D’une femme qui avait su soigner son cœur blessé, qui l’avait réconforté lorsqu’il errait dans les rues sombres de Diantra, au plus profond de son désespoir. Il rêva de cette femme, de ce corps d’albâtre que l’on eut dit ciselé par les dieux eux-mêmes, cette poitrine arrogante, ces hanches de rêves… et ses caresses, ses baisers… il lâcha un petit gémissement à ce souvenir. Le nom de sa belle remonta brusquement.

Tarja…

Tarja…

Tarja…

La caresse d’une main sur sa peau l’éveilla lentement. Son elfe adorée l’avait-elle rejoint par delà les songes ?

Tarja.

Ouvrant les yeux, Harnyll vit que ce n’était pas son amante mais sa femme qui se tenait à ses côtés. D’une voix encore un peu pâteuse, il demanda :

Quelle heure est-il ?

Sujet: Re: Le soleil après la tempête [Harnyll] Lun 15 Mar 2010 - 15:40

Un prénom était murmuré dans le sommeil de mon époux. Un prénom que je n'avais encore jamais entendu jusqu'à maintenant. Un prénom qui n'était pas mien. A qui était ce prénom? A l'une de ses maitresses? J'espère que non et que cela ne soit rien d'autre qu'un de ses hommes de main ou le nom d'un nouveau chien qui vient grossir la meute canine du château pour la chasse.
Ma main sur son visage, un simple effleurement dans le but de le réveiller. Il ouvrit les yeux répétant une nouvelle fois ce prénom. Il n'y avait nul doute à avoir que cette Tarja ne pouvait être d'autre que sa maitresse. Cela me peinait énormément qu'il rêve à une autre femme.
Comme conscient qu'il venait de dire une chose dont il aurait du taire l'existence toute sa vie, il changea de sujet pour me demander s'il était tard. Bien sur que l'heure était avancé sinon, je ne me serai pas aventurée dans son cabinet de travail seulement vêtue de ma chemise de nuit.
Un sourire quoique un peu triste qu'il put parfaitement voir et comprendre. Je murmurai alors.

Oui, il est tard. Vous devriez venir vous coucher au lieu de veiller ainsi. Vous seriez mieux avec un peu de repos, en ma compagnie...

Ces trois dernier moi était lourd de sens. Ils montraient à mon époux que je l'avais entendu prononcé cet autre nom. Je ne dis rien à propos de cela. Pas un mot, muette comme une carpe, ce stupide poisson que l'on croit leurrer avec un appât.
Me dirigeant vers notre chambre, je jetai un coup d'oeil derrière moi pour voir si mon époux me suivait. Chose qu'il fit. Je continue alors mon avancée vers le lit. M'asseyant, je lui faisais dos. Je me mordais l'intérieur de la joue par rage et par colère. Les poings crispés sur le tissu de ma chemise. Un petit gémissement de douleur se fit entendre. Le sang, doux effluve acre, vient emplir ma bouche de son délicieux nectar. J'ai du me mordre un peu trop fort pour éviter de parler.
Qu'est ce que j'étais en train de faire? On avait promis de faire des efforts, de tout se dire afin que notre couple avance. Et moi, comme une petite cruche, je n'osais rien dire comme d'habitude. Chassez les bonnes résolutions et le naturel revient au galop. Poussant un soupire et avalant le sang qui coulait dans ma cavité buccale, lui faisant toujours dos, le regard vague, je me faisais violence intérieurement pour lui demander. Finalement, le venin perça et mes paroles sortirent avec un son qui s'apparentait à de la rancoeur et de la tristesse.

Qui est cette Tarja?

Sujet: Re: Le soleil après la tempête [Harnyll] Lun 15 Mar 2010 - 20:06

En ma compagnie… apparemment Lucrèce avait entendu son époux murmurer le nom d’une autre femme qu'elle. En tout cas, elle n’avait que partiellement raison de penser qu’Harnyll se trouverait mieux au lit avec elle qu’avec Tarja. Ce soir là, il avait grand besoin de la douceur et de la chaleur d’un corps féminin, ce que la jeune femme ne semblait pas capable de lui offrir.

Poussant un soupir, le baron se leva et suivit Lucrèce dans leur chambre conjugale. Assise au bord du lit, elle lui tourna le dos tandis qu’il se déshabillait, semblant hésiter, lutter contre elle-même. Finalement, la jalousie finit par prendre le dessus sur la peur et elle demanda :

Qui est cette Tarja ?

Harnyll ne répondit pas et finit de se déshabiller, puis enfila un pantalon pour la nuit et se mit au lit. Devait-il répondre à cette insidieuse question ? Après tout, ce qui s’était passé entre Tarja et lui ne la concernait pas, elle, la seule coupable de l’infidélité de son mari. Par ses agissements lors du tournoi, par la cruelle humiliation qu’elle lui avait fait subir, Lucrèce était à la source de la rencontre entre son époux et la maître d’armes elfe. Une sourde colère commençait à poindre dans l’esprit du baron : que croyait-elle donc ? Qu’un homme dévoué et attentionné pendant tout ces longs mois le resterait après une rebuffade publique ? Tarja constituait la seule aventure que s’était autorisé Harnyll durant l’éloignement de sa femme, alors qu’il aurait été en droit de courir de lit en lit. Et elle osait encore faire la difficile ?

Se calmant, le baron décida toutefois de répondre. Un peu plus tôt dans la journée, il avait exhorté son épouse à faire preuve de franchise envers lui, il n’allait tout de même pas agir à l’encontre de ses propres directives le soir même. Elle avait posé une question, il se devait d'y répondre avec franchise. Et puisqu’abcès il y avait, il fallait le crever, le plus tôt serait le mieux. Ce n’était que justice au fond que Lucrèce comprenne vraiment les résultats de ses actes lors du tournoi. Un jour, bien des mois auparavant, Harnyll lui avait expliqué que toute action entraînait des conséquences. Peut être comprendrait-elle enfin qu’il ne s’agissait pas là de mot en l’air.

Fixant le plafond, le baron commença son explication.

Tarja est une elfe, maître d’armes à la cour du roi, à Diantra. Vous vous souvenez du premier jour du tournoi ? Ce jour où vous m’avez humilié devant tout le royaume ? Le soir venu, je n’arrivais pas à trouver le sommeil tant la honte et la colère étaient grandes en moi.

Oui, elle devait se souvenir. Harnyll, lui, se souvenait encore de chaque détail de cette fatidique lice de joute où elle avait apporté un franc soutien à un autre que lui, le ridiculisant publiquement. Pour cet acte infamant, il aurait pu la faire répudier voire exécuter, et si Lucrèce partageait de nouveau sa couche, ce n’était que pour une simple raison : Harnyll savait désormais qu’elle n’avait pas ce jour là comprit ce qu’elle faisait, que c’était légèreté et non traîtrise de sa part. Juger les raisons, pas seulement les actions, tel était depuis toujours le credo du baron.

Continuant, il revécu cette soirée à Diantra :

Incapable de trouver le sommeil, je suis sorti dans les rues pour tenter de me changer les idées. Tarja m’a trouvé dans un bar où je buvais verre sur verre, tentant en vain d’effacer de ma mémoire ce que j’avais subi par votre faute. Nous avons dîné ensemble dans une auberge, et j’ai trouvé auprès d’elle une oreille attentive, quelqu’un qui ne me jugeait pas sur mes actes mais sur ce qu’elle lisait au fond de mon cœur, sur l’homme que je suis et pas seulement celui que je fais paraître. Elle compris ma douleur et ma honte, ce sentiment de trahison qui me rongeait. Et elle su m’apporter sa présence réconfortante, pas des mots qui sonnent creux ou des regards emplis de pitié, non, elle est au dessus de cela.

Attitude dont Lucrèce semblait incapable. Elle craignait les colères de son époux mais jamais n’avait été en chercher la source, jamais ne cherchait à le comprendre. Elle voulait qu’il corresponde au beau prince charmant de ses rêves… mais la vie n’offre hélas pas souvent ce que l’on rêve. Harnyll acceptait Lucrèce avec ses défauts comme avec ses qualités, la jugeant sur ses intentions et non pas sur ses actes. Que ne pouvait-elle faire de même ?

Se retournant légèrement, il fixa son épouse :

Je suppose que vous voulez savoir si nous avons couché ensemble ? La réponse est oui.

Sujet: Re: Le soleil après la tempête [Harnyll] Mar 16 Mar 2010 - 14:53

Une fois que ma question fut posée, le silence se fit à nouveau. Silence pensant et douloureux qui emplissait cette pièce et cet atmosphère la rendant terriblement lourde et pesante. Seul le bruit de ses vêtements de nuit se faisait entende sinon tout n'était que silence. Il était en droit de ne pas répondre à ma question, il pouvait le faire mais ne le fit pas. Sa voix assez grave brisa ce silence dans lequel nous étions enfermé.
Il annonça que cette prénommée Tarja était une elfe maitre d'armes rencontrée à Diantra lors du tournoi. Pour le moment, il n'y avait pas d'inquiétude outre mesure à avoir mais j'étais inquiète quand même. Il était normal que lors du tournoi, il ait rencontré des maitres d'armes et d'autres chevaliers et nobles des autres contrées. Jusque là, rien d'anormal en soit.
La suite était plus lourde de sens. Mon époux avait su trouver une oreille attentive et une épaule compatissante. Qu'avais je fait! Je l'avais poussé bien malgré moi dans les bras d'une autre pour qu'il y trouve réconfort. Je m'en voulais. Je comprenais dans ses explications qu'il n'avait pas fait que discuter. Des fois la chaleur d'un corps peut être plus réconfortante que de simples mots. Il m'avait trompée mais je ne pouvais m'en prendre qu'à moi même. Je ne pouvais pas lui en vouloir car tout était de ma faute.
Les larmes coulaient sur mes joues, finissant leur course sur mes mains crispées à un pan de ma chemise de nuit. Quelques sanglots se firent même entendre. Il aurait pu s'arrêter là mais non. Comme pour me faire comprendre toute la gravité de mes actes, chose que j'avais déjà compris à mes dépends, il ajouta en une question rhétorique que oui. Oui, il l'avait fait avec elle. Cette elfe qui avait su être là quand il allait mal alors que je n'avais jamais su lui porter une oreille attentive.
A cette annonce déchirante, je ne pus contenir l'eau de mes larmes qui cherchait à sortir. Me retournant sur lui, il put voir mes larmes et toute la peine que j'avais à cette annonce. Que faire? Les élans de mon coeur étant bien trop forts et pesants, je me réfugiai dans ses bras. Petite chose fragile que j'étais... Je me rendais à présent compte de toute l'horreur de mes actes et surtout des conséquences qui étaient plus que lourdes. Balbutiant quelques mots, malgré une pensée assez floue, je réussis à formuler une phrase à demi étouffée par mes sanglots.

Comment vous en vouloir alors que tout est de ma faute... Je m'en veux tellement de n'avoir su être cette épaule sur laquelle vous auriez pu vous reposer et comprendre le poids qui pèse sur vous. J'espère qu'à l'avenir, je saurai prendre ce rôle auprès de vous et ainsi expier mes erreurs passées.

Le baron pouvait comprendre que je ne lui en portais pas rancune de m'avoir dit tout cela et que je ferai mon possible pour être celle qu'il aurait fallu que je sois dès le début de notre mariage. Comment demander à une jeune femme d'acquérir toute la maturité d'une épouse alors que personne ne l'a préparée à ce rôle. Je ne lui en voulais pas de m'avoir trompée même s'il est vrai qu'il aurait pu dire la chose avec plus de délicatesse afin d'épargner mon esprit encore sensible. Peut être fallait il toute cette violence pour m'ouvrir enfin les yeux sur le monde, sur ce monde dans lequel je vis où le rêve n'a pas sa place.

Sujet: Re: Le soleil après la tempête [Harnyll] Mar 16 Mar 2010 - 19:49

Harnyll ne savait pas trop à quoi s’attendre de la part de sa femme… colère ? tristesse ? remords ? Finalement, ce fut la honte et la culpabilité qui eurent le dessus, au vu des torrents de larmes qui s’échappèrent brutalement des yeux de la jeune femme lorsqu’elle se retourna pour lui faire face. Se jetant dans les bras de son époux, elle sanglota ses remords, lui promettant qu’à l’avenir elle saurait jouer le même rôle auprès de lui que celui qu’avait tenu Tarja à Diantra.

Les larmes de Lucrèce coulaient sur son torse, mais ces larmes en un sens étaient nécessaires. Aucun abcès ne se crève sans douleur, et celle que ressentait Lucrèce serait une sorte d’expiation libératoire pour elle. Le lendemain, elle sentirait enfin avoir vraiment payé pour ses actes lors du tournoi, et alors seulement leur couple pourrait se rebâtir sur des bases saines et solides.

Enlaçant tendrement le corps tremblotant de son épouse, Harnyll lui déposa un baiser sur le front et lui glissa à voix basse des paroles réconfortantes. Ces larmes que versait Lucrèce étaient hélas nécessaires, mais elle devait savoir qu’elle n’était pas seule, elle devait savoir qu’elle n’affrontait pas seule sa culpabilité. D’une voix douce et aimante, le baron murmura à l’oreille de sa femme :

Dors ma chérie.

Peu à peu, le souffle de Lucrèce se ralentit et elle sombra dans le sommeil, la tête reposant sur le torse de son mari. Pour Harnyll, le sommeil fut plus long à venir. Il sentait que ce soir, la dernière page de la triste histoire entamée à Diantra venait d’être écrite… ou en tout cas il l’espérait.

Sujet: Re: Le soleil après la tempête [Harnyll] Mer 17 Mar 2010 - 15:25

Alors que je pleurais toutes les larmes de mon corps et que mon époux aurait pu me repousser, il ne le fit pas et au contraire laissa tomber ses bras sur moi pour m'enlacer. Je continuais à pleurer sans retenir toute cette eau qui cherchait à sortir de mon être.
Je pleurais mais il ne dit rien pour calmer mes larmes. Il me laissa pleurer tout en embrassant mon front et en caressant mes cheveux. Cela me faisait penser à Camille quand j'étais plus petite et qui me réconfortait de la sorte quand je faisais un cauchemard. Sauf que là, le cauchemard était bien réel et j'étais en plein de temps et ce n'était pas Camille qui me consolait mais mon époux.
Des mots tendres et réconfortants suivirent alors que peu à peu la sécheresse qui apparaissait dans mes yeux. Doucement, j'étais bercée par sa voix et je lachais prise alors qu'il me murmurait de dormir. Il ne fallut pas longtemps pour que le sommeil me prenne.

Endormie dans ses bras, je me réveillai le lendemain matin très tôt, bien avant lui, à ses côtés. Je ressentais un sentiment d'appaisement comme si un lourd poids était retiré de mes épaules. Je vins alors me blottir contre lui, posant ma tête sur son torse afin d'écouter les battements de son coeur.
Il dormait encore, pendant ce temps. Un baiser sur son torse avant de reposer ma tête sur son coeur. Un bras vint se poser sur mon épaule ce qui me surpris. Il venait de se réveiller.
Levant les yeux vers son visage, je pris appuie sur mon coude pour me relever un peu. Mes cheveux tombaient en cascade le long de son visage. Un sourire sur mes lèvres, je descendis lentement mon visage vers le sien pour déposer sur ses lèvres un tendre baiser.

Je vous aime mon époux.

Un autre baiser vint cloturer mes paroles. Un baiser tendre, un baiser langoureux. Par ce baiser, je lui montrais que j'avais tiré un trait sur cette infidélité donc la cause principale était mienne. Tout en même temps, mes doigts caressaient son torse puis son ventre sans oser aller plus loin pour le moment.

Sujet: Re: Le soleil après la tempête [Harnyll] Mer 17 Mar 2010 - 20:01

Aux premières lueurs de l’aube, la douce caresse des lèvres de Lucrèce sur son torse l’éveilla … agréablement. Il y a de pires réveils, n’est-ce pas ? Si l’on se réveille attaché sur une chaise au milieu d’une bande de prêtres fanatiques et cannibales, cela peut être classé comme un très mauvais réveil. Sans doute l’un des plus mauvais dans l’échelle mondiale des réveils. Mais il existe bien des réveils qui sans atteindre ces extrêmes n’en demeure pas moins problématiques…. Ouch, j’ai l’impression d’avoir participé à un concours d’enfoncer de clou avec la tête, j’ai peut être un peu trop chargé hier soir… Néera, non ! Ma belle-mère arrive aujourd’hui… Mais ? Qui êtes-vous? Et que faîtes vous dans mon lit ?... enfin, voilà pour donner quelques exemples.

Non, là c’était un réveil catégorisable dans les bons. Oui, sans hésitation. Harnyll n’y était d’ailleurs pas habitué, Lucrèce étant d’habitude une jeune femme assez prude. En tout cas, si elle désirait prendre cette nouvelle habitude, son mari ne risquait pas de s’y opposer, bien au contraire. Tendrement, il l’enlaça et la serra contre lui, goûtant le délicieux contact de son corps à travers la fine chemise de nuit. Jouant avec les nœuds, il en défit un et dénuda une épaule qu’il caressa lentement du bout du doigt.

Prenant appui sur son coude, la jeune femme vint effleurer ses lèvres des siennes. Comme enhardie par ce premier baiser, elle lui en prodigua un second, bien plus langoureux, tandis que ses doigts exploraient le torse et le ventre de son mari. Elle n’alla pas plus loin, et Harnyll ne tenta pas de l’y inciter. Il savait qu’elle s’offrirait lorsqu’elle serait prête, pour le moment ils regagnaient déjà le terrain perdu suite à cette malencontreuse affaire de Diantra. S’autoriser ces petites privautés prouvait déjà que Lucrèce ne craignait plus autant son mari qu’avant, ou alors qu’elle faisait des efforts pour se comporter en véritable épouse.

En tout cas, le baron appréciait. Les longs cheveux de Lucrèce glissaient sur son visage, faisaient comme un petit cocon qui leur serait réservé, où ils seraient libres de vivre pleinement leur amour. S’installant plus confortablement sur lui, Lucrèce commença à déposer de tendres petits baisers sur son visage. Un sourire espiègle aux lèvres, Harnyll en profita pour glisser ses doigts sur les côtes exposées de sa belle et la chatouiller. Riant aux éclats, Lucrèce se tortilla pour essayer de s’échapper. En vain. Riant lui aussi, le baron la plaqua contre lui pour l’empêcher de s’échapper.

Chatouilleuse, hein ? la taquina Harnyll avant de recommencer de plus belle.

Sujet: Re: Le soleil après la tempête [Harnyll] Jeu 18 Mar 2010 - 14:10

Le réveil était des plus agréable pour le baron car il était rare que je sois réveillée avant lui d'autant plus que je me serre contre lui comme cela. Un réveil câlin le matin était chose rare avant et devait l'être normalement à la suite de notre conversation de la veille. Mais il ne fallait pas que je laisse cette spirale nous détruire alors que je faisais tout pour tenter de nous reconstruire. Tous mes efforts auraient alors étaient vains.
Les doigts d'Harnyll jouaient avec les rubans de ma chemise de nuit. Il venait d'en défaire un. S'arrêtant là pour le moment, il dénuda mon épaule ce qui me fit rougir. Nous n'avions pas eu ce genre de contact charnel depuis si longtemps. La dernière fois qu'il avait vu une parcelle de ma peau était à Féoda. Non pas pour un câlin mais pour m'aider à me laver suite à mon affaiblissement qui aurait pu me couter la vie si je m'étais entêtée à suivre cette pente. Durant cette période, j'avais appris à être moins timide quand à ma nudité à son égard. Il m'avait également fallu un temps pour que cela devienne coutumier avec Camille.
Avant j'aurai certainement enfoui mon visage au creux de son épaule mais maintenant je gardais la tête haute même si mes joues prenaient cette teinte rouge, signe de ma pudeur. Même si j'avais encore un peu peur des réactions de mon époux et qu'il me force comme à Arcani à le caresser, je tentais d'y faire face et de me comporter comme une épouse aimante. C'était ce que j'étais car je l'aimais mais ma pudeur naturelle allait contre ce genre de geste.
La position relevée en appui sur les coudes m'était douloureuse au bout de quelques minutes. Il fallait en trouver une plus confortable où je puisse me relever et plonger mon regard dans le sien sans difficultés. Et si j'osais? Mes joues se parurent de ce rouge si coutumier. Mon époux le remarqua sans comprendre la raison de ce rouge.
Quand il sentit ma jambe passer par dessus lui, il commença à comprendre et se laissa faire. S'il bougeait ou tenter quoique ce soit cela couperait mon timide élan et ce n'était pas ce que nous voulions tous deux. Lentement, je me positionnai sur lui à califourchon. Cette position peu coutumière d'une noble dame relevait les pans de ma chemise de nuit jusqu'en haut de mes cuisses.
Mon époux en profita alors une fois que je fus en place pour glisser ses mains chaudes sous ma chemise et effleurer mes flancs encore amaigris mais qui avaient presque retrouvé leur aspect d'autrefois. Un sourire espiègle aux lèvres, je ne compris pas ce qu'il préparait par ses caresses.
Des chatouilles. Je me mis à rire aux éclats alors qu'il me maintenait par la force, une douce force, pour que je ne fuis pas ces chatouilles. En se tortillant telle une couleuvre dans tous les sens, les rubans de ma chemise se défirent dévoilant ma poitrine à ses yeux pleins d'envie.
Il se stoppa une seconde fois, profitant de ce répit pour reprendre ma respiration et ma contenance, je lui souris. C'était la première fois que je voyais un véritable désir de ma personne dans son regard. Cela me toucha. Descendant lentement mon visage vers le sien, je scellais mes lèvres aux siennes avant de les diriger vers son oreille.

Je... Soyez tendre, s'il vous plait.

Murmurant quelques paroles tant attendues à ses yeux, je relevais la tête pour plonger mon regard dans le sien . Même si j'avais des craintes, la peur d'avoir mal, c'était le moment ou jamais car à ce moment notre complicité était telle que je pouvais m'offrir à lui sans véritables peurs et par envie. Je sentais également son désir pour moi qui se matérialisait physiquement par une bosse sous son pantalon.
Ne sachant qui de lui ou de moi devait dévêtir l'autre, je retirai alors ma chemise de nuit. J'offrais à ses yeux la vue tant attendue de mon corps de femme. C'était la première fois que je m'offrais à lui de la sorte, volontairement tout du moins même s'il m'avais déjà sentie nue contre son corps dans le lit conjugal mais la situation n'était pas la même à l'époque car c'était suite à mon insolation.
Je m'apprêtais à m'offrir à lui pour la première fois quand la poignée de la porte descendit. La porte s'entrouvrit et Camille se tenait debout avec le plateau de mon petit déjeuné dans les mains. En règle générale, je dormais encore à cette heure ci et mon époux était déjà dans ses papiers à gérer les affaires de la baronnie. Aussi elle fut des plus surprises.

Veuillez m'excuser!

Elle sortit alors de la chambre avec son plateau. Elle était confuse car elle ne s'attendait certainement pas à nous voir en plein ébats amoureux. De là où elle se trouvait c'est ce qu'elle avait pu voir et comprendre. D'autant plus que lorsqu'elle me surpris dans cette position sur mon époux, instinctivement j'étais descendue de lui pour reprendre ma place de mon côté du lit en tirant les draps sur ma nudité pour la dissimuler. J'étais rouge mais de honte cette fois.
Quand une fois seuls à nouveau, Harnyll s'approcha de moi pour me prendre dans ses bras avec l'envie de continuer ce que nous allions commencer, il put sentir la raideur dans mon corps. Je n'étais plus détendue comme il n'y a même pas cinq minutes. Rien ne servait de continuer car je ne pouvais plus. Je m'étais à nouveau renfermé sur moi même et ma pudeur avait repris ses droits. Tout était tombé à l'eau pour cette fois.

Sujet: Re: Le soleil après la tempête [Harnyll] Jeu 18 Mar 2010 - 18:57

Assise à califourchon sur lui, sa belle ôta sa chemise de nuit et apparut dans toute sa splendeur virginale. Harnyll ne l’avait plus ainsi vu nue depuis leurs retrouvailles à Féoda, à l’époque où elle refusait de s’alimenter au point de s’en évanouir de faiblesse. Mais Lucrèce était quasiment rétablie désormais et elle avait retrouvé ses douces et attirantes courbes féminines. Plus important que tout, pour la première fois depuis leur mariage, elle s’offrait à lui. Les sens en ébullition, Harnyll laissa ses mains caresser le beau corps de Lucrèce.

Mais alors qu’ils s’apprêtaient à passer à la suite des réjouissances, les deux seigneurs d'Ysari furent malheureusement interrompus par Camille, qui entra de façon impromptue avec le plateau du petit déjeuner. Bafouillant une excuse, elle ressortit aussitôt… trop tard. Le mal était fait, et lorsque Harnyll voulut de nouveau enlacer son épouse, il sentit le raidissement caractéristique annonciateur d’une peur et d’une honte qui renaissait en elle. Poussant un léger soupir, le baron se laissa retomber sur les oreillers. Il était déçu mais pas en colère. Lucrèce avait fait un effort colossal, de cela il était conscient, et en d’autres circonstances ils auraient enfin pu s’unir. D’une voix douce, il murmura :

Ne t’inquiètes pas ma chérie. Je saurai attendre que tu sois prête. Lorsque tu en auras envie, je serais là pour toi.

Glissant hors du lit, il enfila rapidement une tunique, se gardant bien de toucher Lucrèce. Tenter d’abuser de la situation serait la pire erreur qu’il pouvait commettre, car il aurait alors brisé le fragile lien de confiance qui existait enfin entre eux. Pour l’instant, il laissait à sa femme le soin de décider le moment, le lieu et les circonstances où elle lui offrirait sa virginité. Le baron savait que ce moment viendrait bientôt, car un soleil nouveau s’était levé après les tempêtes qu’ils avaient traversées.

Sortant de leur chambre, il tomba sur la servante de sa femme, qui attendait penaude, le plateau du petit déjeuner toujours dans les mains. Mécontent, le baron grommela :

Frappez avant d’entrer à l’avenir.

Arrachant le plateau des mains d’une Camille honteuse, il retourna à l’intérieur. Lucrèce avait profité de son absence pour se rhabiller et restait assise sur le lit, toujours un peu gênée. Craignait-elle qu’il lui tienne rigueur de ne pas avoir su aller jusqu’au bout ? Tel n’était pas le cas. Lui souriant, Harnyll posa le plateau sur la table et s’assit. Saisissant une belle tranche dorée de brioche, le baron mordit dedans avec appétit et demanda à son épouse.

La journée va être magnifique. Bien trop belle pour rester enfermé. Je vais aller faire une promenade à cheval, voulez vous m’accompagner ?

Sujet: Re: Le soleil après la tempête [Harnyll] Ven 19 Mar 2010 - 7:01

Harnyll avait tenté de reprendre où nous en étions lorsque nous fumes surpris par Camille mais les tensions dans mon corps et mon esprit empêchaient cela. Il poussa alors simplement un soupire qui s'apparenta à de la déception d'avoir échouer si près du but. Un but qu'il tentait d'avoir depuis le début de notre mariage mais en vain.
Mon époux se laissa retomber sur le lit avant de murmurer à mon attention que ce n'était pas grave et qu'il saurait être patient. Il avait déjà attendu de longues semaines, il pouvait bien attendre encore un peu... Finalement, il sortit du lit et enfila une chemise.
Je l'entendis quitter la chambre quand la porte se referma sur son passage. Aussi je profitai de cet instant pour remettre ma chemise de nuit. J'attendais la venue de Camille, assise sur le lit, fixant la fenêtre.
Camille patientait toujours devant la porte de notre chambre, le plateau en main et l'air honteuse. Elle les avait surpris. Le baron ne fus pas spécialement tendre avec elle quand il lui arqua de frapper la prochaine fois en lui arrachant le petit déjeuner des mains.

Je suis désolée, je ne voulais pas... Je pensais que...

Des excuses, cela ne servait à rien car le mal était fait. Le baron retourna alors dans la chambre et déposa le plateau sur la table. S'asseyant sur l'une des deux chaises, je le vis croquer dans une tranche de brioche.
Comme pour changer de sujet et faire tomber ma gêne, il changea de sujet et parla du beau temps de ce jour avec le sourire. Me levant du lit, je vins le rejoindre pour le petit déjeuner quand il ajouta qu'il irait certainement se promener à cheval et m'invitait à l'accompagner.
J'étais heureuse car c'est la première fois qu'il me faisait cette invitation alors qu'à l'accoutumée c'était toujours moi qui lui en faisait la demande. Lui répondant par un grand sourire qui signifiait que j'étais d'accord, je me levai et me dirigeai vers la porte. Camille se tenait toujours là.
Honteuse de son acte, elle n'avait pas bougée de là et attendait qu'on lui dise de disposer. C'est avec le sourire que je lui pris les mains et lui dis.

Ne t'inquiète pas, ce n'est pas grave. Je ne t'en veux pas. Par contre peux tu aller demander à ce qu'on aille seller les chevaux. Nous partons en ballade ce matin.

Camille acquiesça et exécuta ma demande. Nous reprîmes notre petit déjeuner. Puis fut venu le temps de nous vêtir et enfin de sortir. Les chevaux nous attendaient déjà dehors. Cela faisait tellement longtemps que je n'étais pas montée à cheval depuis... Depuis la mort de ma jument. Mon regard se fit triste quand je me remémora ce souvenir douloureux en posant mon regard sur les chevaux.

Sujet: Re: Le soleil après la tempête [Harnyll] Ven 19 Mar 2010 - 9:59

Le sourire de Lucrèce lorsqu’il lui proposa de l’accompagner lors de sa promenade à cheval réjouit Harnyll, qui adorait plus que tout la voir heureuse. Depuis que le soleil brillait à nouveau sur leur couple, il s’était juré de passer plus de temps auprès de sa jeune épouse. Une petite chevauchée tous les deux le long de la côte s’inscrivait dans la continuité après la promenade dans les jardins la veille.

S’habillant rapidement, le baron sortit avant Lucrèce pour donner quelques ordres, recommandant à sa belle de le rejoindre devant les écuries lorsqu’elle serait prête. Passant dans le bureau de ses assistants, il leur laissa quelques consignes pour les affaires courantes, puis il descendit aux cuisines demander que l’on prépare un panier repas qu’ils emmèneraient avec eux.

Sortant dans la cour, Harnyll marcha d’un bon pas jusqu’aux écuries, le cœur léger à l’idée de la suite de la journée. La côte de l’Olienne restait l’une des plus magnifiques côtés qu’il soit, avec ses plages de sable fin, ses anfractuosités, ses petites criques cachées… l’endroit idéal pour une ballade en amoureux, seuls face à la nature. Bayard, le fidèle destrier du baron, qui l’accompagnait à la guerre comme aux tournois, piaffait d’impatience en l’attendant, grattant la terre meuble du bout de son sabot.

Une petite dizaine de gardes attendait non loin de l’écurie avec leurs montures. Ils seraient chargés d’établir un cordon de sécurité à distance raisonnable du couple, leur laissant l’intimité nécessaire tout en évitant les risques. La garde personnelle du baron était parfaitement entrainée à assurer ces surveillances discrètes, leur maître détestant par-dessus tout que l’on vienne le troubler lorsqu’il cherchait le calme.

Tout en caressant l’encolure de sa monture, Harnyll se rappela de la tristesse qu’avait ressenti Lucrèce à la mort de sa jument préférée quelques mois plus tôt, lorsqu’Erestor de Sybrondil, son ami de longue date, était venu leur rendre visite. Cette visite qui avait permis le lancement du projet d’une grande construction commune aux deux baronnies restait endeuillée par la perte qu’avait subie Lucrèce, et s’était finalement terminée de manière assez triste.

Le baron savait l’importance de la relation entre la monture et son cavalier, et lui-même n’aimait guère monter un autre cheval que son grand étalon de guerre. Aussi, lorsque les deux époux étaient revenus à Ysari ensemble, Harnyll avait voulu acheter une nouvelle jument pour son épouse, fouillant avec acharnement les meilleurs haras d’Ysari afin d’y trouver la perle rare, et il pensait avoir réussi. Lucrèce ignorait tout de ce projet et Harnyll comptait profiter de ce jour pour lui offrir cette jument.

Voyant sa femme approcher, le baron s’approcha du palefrenier et murmura à voix basse pour que Lucrèce ne l’entende pas :

Allez la chercher.

Avec un peu d’appréhension, le baron attendit de voir si sa femme allait apprécier son cadeau.

Sujet: Re: Le soleil après la tempête [Harnyll] Sam 20 Mar 2010 - 13:56

Le cheval de mon époux était comme toujours ce fidèle Bayard mais Cannelle était morte en poulinant. Un vide s'était installé dans mon coeur alors que mon visage devenait triste en regardant le cheval de mon époux.
Ce dernier s'avança vers le palefrenier et lui murmura quelques paroles. J'étais bien trop loin pour entendre quoique ce soit mais le garçon d'écurie se retira en faisant un signe de la tête à mon époux.
Un bruit de sabot se fit entendre. Comme ma monture du jour n'était toujours pas prête, je pus en déduire que ce serait le cheval que je monterai. Même si j'étais heureuse de monter à cheval aujourd'hui, le souvenir de Cannelle me peinait.
Le palefrenier sortit des écuries en tenant dans ses mains les rennes. Je ne voyais toujours pas quel cheval il allait me faire monter. Quand soudain apparut une magnifique tête blanche. Le cheval était d'un blanc immaculé, de grands yeux sombres, et grande de taille, 1m65 au garot. Il s'agissait d'une splendide haquenée d'à peine quatre ans.
Je ne savais pas que nous avions des chevaux de cette robe dans nos écuries. Je n'en avais jamais vu quand je venais voir Cannelle. Me tournant vers mon époux, je lui demandai du regard si elle était pour moi. Son signe de la tête et son sourire furent une réponse.
M'approchant alors du palefrenier, je regardais cette jeune jument. Je passais alors ma main sur son encolure pour la descendre en une douce caresse jusqu'à son épaule. Elle hennit en baissant la tête puis se gratta la tête avec son antérieur.
Je demandai alors au palefrenier qu'elle était son nom. Il me répondit Neige. M'aidant ensuite à monter sur ma nouvelle jument, une fois en selle, j'avançai vers mon époux.

Merci beaucoup pour ce cadeau. Elle me plait beaucoup. J'espère que je m'entendrai aussi bien avec Neige qu'avec Cannelle.

Je lui offris alors mon plus beau sourire pour lui montrer que son cadeau me faisait infiniment plaisir et qu'il avait bien choisit.

Spoiler:

Sujet: Re: Le soleil après la tempête [Harnyll] Sam 20 Mar 2010 - 21:32

Le bonheur de Lucrèce faisait plaisir à voir, et Harnyll sentit une petite faiblesse dans ses genoux lorsqu’elle lui sourit. Allons, cet austère et rigoureux baron était décidément bien amoureux de sa tendre épouse. Si Neige devenait sa fidèle compagne comme l’avait été Cannelle, nul doute que la jeune femme serait toujours partante pour une promenade équestre.

Sautant à son tour en selle, le baron talonna Bayard et fit signe à leur escorte de se mettre en route. La petite troupe passa au petit trot le pont-levis du château et traversa les rues de la ville encore calme au vu de l’heure matinale. Une fois sortis d’Ysari, les gardes laissèrent leurs seigneurs prendre de l’avance, se répartissant eux-mêmes en un cercle quasi hors de vue.

Chevauchant côte à côte en direction de l’Olienne, Harnyll et Lucrèce auraient pu se croire seuls au monde, n’eut été de loin en loin un mouvement indiquant la présence discrète mais rassurante de leur escorte. Harnyll sentait les muscles de Bayard jouer sous lui tandis que le grand étalon prenait de la vitesse. Tirant légèrement sur les rênes, le baron calma l’ardeur de sa monture pour ne pas distancer sa femme. Les deux cavaliers mirent leurs chevaux au galop lorsqu’ils abordèrent la terre plus ferme de la route côtière.

Le vent faisait voler les longs cheveux de Lucrèce, et une expression extatique se lisait sur le visage de la jeune femme. Les deux chevaux, le noir et le blanc, les deux cavaliers, Harnyll vêtu de sa sempiternelle tenue sombre et Lucrèce de ses robes claires, tout formait un contraste parfait entre les ombres et la lumière. Un peintre aurait trouvé l’harmonie des couleurs idéal pour une toile de maître et sans doute aurait-il voulu immortaliser l’instant, immortaliser l’amour que les deux époux se portaient.

Guidant son cheval à travers les dunes, Harnyll se rapprocha du bord de l’eau. Une longue plage de plusieurs kilomètres de longueur leur faisait face, sans que personne ne s’y trouve, offerte juste à eux deux. Non loin, ils pouvaient voir la route côtière en haut de la falaise, où de loin en loin apparaissait un garde à cheval. Les sabots de Bayard soulevaient de petites gerbes d’écumes lorsque les vaguelettes venaient jusqu’à lui. Lorsque Lucrèce s’approcha sur sa haquenée blanche, le baron lui sourit tendrement.

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