Mesures de précautions [Harnyll]

Le mariage de mon cousin fut un franc succès, il ne faut pas le nier. Une grande partie de la noblesse avait répondu à l'appel. Aussi j'avais pu apercevoir le roi qui était présent lors de la cérémonie au temple.
Dans mon cas, le mariage fut assez morose car je n'avais pas pu danser et dus rester bien gentiment assise sous le regard vigilant de mon époux qui me prêtait une attention toute particulière. Deux jours plus tard, il fut temps de rentrer en Ysari.
Elanore était venue me dire au revoir. J'espérai la revoir bien vite. Cette jeune femme, car il est fort à parier que mon cousin n'a su attendre pour la défleurer, me plaisait beaucoup et ce serait un réel plaisir que de la revoir.

Pour le moment le temps était à la route. Une vague de chaleur se faisait sentir au fur et à mesure que nous descendions dans le sud du pays. Cette fois, on avait voyagé jour et nuit afin de rentrer le plus vite possible à Ysari. Mon époux ne désirait pas d'incident avec ma grossesse avec un voyage qui serait trop long.
Nous arrivâmes après sept long jours de chevauchée en Ysari. Je fus prise d'une douleur au ventre que j'essayai de dissimuler mais en vain. Mon époux installé en face de moi vit parfaitement mon visage déformé par la douleur. Il demanda alors que nous accélérions l'allure. Le château n'était plus qu'à une heure de route de là où nous étions.

Nous arrivâmes enfin. La douleur était passée mais Harnyll semblait inquiet. Aussi une fois que je mis pieds à terre, il me mit au repos dans nos appartements. Ma tante se tenait sur le perron à observer la scène. Camille heureuse de me revoir m'accompagna à mes appartements. J'inclinai alors simplement la tête en passant devant ma belle mère avant de suivre Camille.
Une fois dans la chambre, elle m'aida à retirer ma robe. Elle m'aida à enfiler une robe de chambre par dessus ma chemise puis prépara le lit pour que je m'allonge. Les ordres du baron avaient été clairs. Je ne devais quitter le lit pour un temps au moins.

Camille avait pris cet ordre très au sérieux et m'empêcha de me lever à plusieurs reprises. Moi qui voulait me dégourdir un peu les jambes, cela m'était refusé. J'avais déjà dormi un peu et le temps me paraissait long ainsi couchée. Je demandai alors Camille d'ouvrir la fenêtre en grand pour que je puisse au moins sentir la légère brise qui soufflait dehors. Elle accepta ma requête et alla ouvrir la fenêtre.

Camille, peux tu aller me chercher de quoi broder un peu. Rester ainsi m'insuporte!

Elle s'absenta alors et revint alors très vite car elle savait que je tenterai de me lever en son absence. Contrairement à ce qu'elle put penser j'étais restée allongée. Elle me donna le nécessaire pour broder un peu. La porte s'ouvrit alors. Mon époux apparaissait dans l'encadrement de la porte. Camille se leva et fit une révérence avant de nous laisser seuls en tête à tête.

Le mariage du gras comte d’Odélian était terminé. Une bien belle cérémonie à laquelle avait assisté une bonne part de la noblesse du royaume, bien que tous les visages n’aient pas abordé une joie sincère. Le baron avait ordonné de revenir à grande vitesse, l’alerte quand à la grossesse de Lucrèce l’ayant sérieusement inquiété.

Une fois à Ysari, elle pourrait mener sa grossesse à terme dans de meilleurs conditions. L’équipage venait justement de passer la frontière entre Sybrondil, terre de leur ami Erestor, et Ysari. D’ici une heure, ils seraient arrivés… lorsque Lucrèce porta la main son ventre, le visage crispé par une grimace de douleur. Penchant la tête à la fenêtre, Harnyll ordonna :

Fouette cocher !

Heureusement la route était bonne et la vitesse n’engendrait pas de cahots. Dès qu’ils furent arrivés dans la cour d’honneur du château, le baron fit emmener sa femme dans leur chambre avec ordre formel de l’obliger à rester au lit. La santé de sa femme l’inquiétait mais il lui fallait d’abord passer à la chancellerie vérifier les dernières missives.

Heureusement, aucune ne demandait une réponse immédiate et il pu se rendre au chevet de sa femme. Camille, qui veillait sur Lucrèce pendant son absence, s’éclipsa sur une rapide révérence, laissant les époux seuls. S’asseyant au bord du lit, le baron saisit la main de son épouse et demanda d’un ton où perçait son angoisse :

Comment vous sentez vous ?

Harnyll entra dans la chambre et Camille s'éclipsa. Mon époux vint alors prendre place à mon chevet en s'asseyant sur le lit. Prenant ma main dans la sienne, il me demanda d'un ton que je pus percevoir être angoissé si je me sentais mieux. Il est vrai que ces derniers jours il s'était fait du soucis pour moi. C'est avec un sourire que je lui répondis.

Tout vas bien à présent. Je suis sûre que cela n'était rien d'important et que ce n'était dû qu'à la fatigue provoquée par le voyage. Voyez vous même qu'il n'y a eu aucun incident lors de la cérémonie du mariage de mon cousin. Aussi je vous demande, de ne pas vous inquiéter pour cela. Si cela peut vous rassurer, je suis prête à me laisser examiner par votre médecin...

J'espérai que cette solution ferait en sorte qu'il soit moins angoissé et surtout que cela m'éviterait d'être alitée durant tout le reste de ma grossesse. Aussi Harnyll prit la décision comme je venais de le suggérer de me faire ausculter par son médecin. Je ne l'aimais pas beaucoup mais s'il ne fallait que cela pour le rassurer aussi je le ferai.
Le médecin fut alors appelé dans la foulée. Il ne lui fallut pas longtemps pour venir à mon grand désarroi. J'aurai aimé qu'il prenne son temps voir même qu'il ne vienne pas mais bon. Harnyll voulut me laisser seule le temps qu'il m'examine mais je le priai de rester.

Non restez, je vous en prie...

On se souvenait tous de comment s'était déroulé le premier examen et cela m'angoissait énormément. Tout d'abord le médecin me fit assoir. Il écouta mon souffle, examina mes pupilles. Rien à signaler jusque là. Le moment temps redouté arriva alors.
Soulevant le drap, il commença à m'examiner. J'avais fermé les paupières car je ne voulais pas voir ça. Je tenais fermement la main de mon époux. Le supplice me parut être une éternité. Le médecin replaça le drap et dit alors.

Tout semble être en ordre. Mais il vous faut du repos aussi vous devez garder le lit pendant une vingtaine de jours. Après cela, les sorties seront autorisées mais il ne faudra pas commettre de folie.

J'étais soulagée par cette annonce. Aussi je ne devrai garder le lit que quelques jours. Le temps allait me paraître long mais je pouvais me plier à cela pour le bien de l'héritier que je portais en mon sein. Le médecin se dirigea alors vers la porte. Harnyll s'était levé pour l'y accompagner suite à une demande de ce dernier. Sur le pas de la porte, le médecin lui glissa quelques paroles que je ne pus entendre.

Il va lui falloir plus de repos que cela mais la contrarier dans son état ne serait pas bon pour l'enfant à venir. Aussi je vous conseille mon seigneur de tempérer ses humeurs. Une fois le délais annoncé passé, faites lui faire quelques pas dans les jardins. Elle sera heureuse comme cela et il sera plus facile de lui faire garder le lit par la suite. Dernier détails, évitez de lui faire boire des boissons trop fortes ou des plats trop épicés. Sur ce mon seigneur, je reste à votre disposition.

La porte se referma alors et Harnyll revint à mes côtés. Je lui dis alors tout sourire ayant cru à ses mensonges. J'étais bien naïve et crédule...

Vous voyez, tout se passe bien. Un peu de repos et tout rentrera dans l'ordre.

Harnyll resta silencieux durant l’examen, la main de sa femme crispée dans la sienne. Il savait à quel point elle détestait qu’un médecin l’ausculte ainsi, mais il fallait vérifier, l’alerte d’Odélian était encore présente dans leur esprit. Heureusement, l’homme de l’art eut des paroles rassurantes quand à la grossesse de la jeune femme.

Rassurant… mais… en habitué des négociations diplomatiques, le baron ressentit une légère hésitation dans sa voix. Oh, très légère, Lucrèce n’avait rien du remarquer… peut être même avait-il juste craint entendre cette hésitation. Raccompagnant le médecin à la porte de leurs appartements, le baron lui jeta un regard interrogateur.

A voix basse, le praticien confirma les craintes d’Harnyll. La grossesse ne se déroulait pas sous les meilleurs auspices, et nul doute que le voyage à Odélian n’avait en rien amélioré les choses. Il allait leur falloir être particulièrement prudent par la suite, et les vingt jours de repos annoncés ne seraient de fait pas suffisants.

Le baron retourna s’asseoir sur la couche ou reposait son épouse. Lucrèce était souriante, apparemment soulagée par les mensonges que l’on venait de lui débiter. Mais cela était nécessaire, le médecin avait été formel : pas de contrariété. Il allait falloir jouer le jeu et la tranquilliser quand à son état.

Se penchant, Harnyll déposa un baiser sur le front de la jeune femme. Se couchant à ses côtés, il passa son bras autour de ses épaules et l’enlaça tendrement.

Oui, grâce aux dieux ce n’était qu’une fausse alerte. Vous verrez Lucrèce, ces vingt jours passeront vite, et je resterai au maximum auprès de vous pour vous tenir compagnie.

Heureusement, la baron allait devoir passer une bonne partie de ses journées à rédiger, relire et annoter les nouveaux décrets sur la gouvernance économique d’Ysari qu’il comptait publier sous peu. Les consultations avec les guildes de marchands et ses experts financiers étaient finis, les rapports étaient rendus. Et ainsi, il garderait sa femme à l’œil…

Harnyll revint vers moi, une fois que la porte fut close. Mon époux se pencha alors doucement au dessus de moi et déposa un tendre baiser sur mon front. Il se coucha ensuite à mes côtés après avoir retirer ses chaussures pour ne pas salir les draps. M'enlaçant, il me dit alors que ces vingt jours passerons rapidement et qu'il essayerait d'être à mes côtés un maximum. Un sourire se dessina alors sur mes lèvres.
L'étreignant avec tendresse, je relevai les yeux. Mon regard était pétillant à cette promesse qu'il me faisait. Espérons juste que je ne trouve pas le temps trop long. Je lui dis alors.

Pensez vous que nous aurons un héritier ou une adorable petite fille ? Et si les dieux nous bénissaient par la naissance de jumeaux ? Je sais que nous avons encore le temps mais si nous réfléchissions déjà aux prénoms...

Une douleur se fit alors sentir à ce moment là, m'empêchant de finir ma phrase. Je voyais Harnyll inquiet et angoissé. Il ne pouvait rien faire et cela l'agacer. La douleur fut de courte durée. J'avais la bouche pâteuse. Tendant la main pour prendre le gobelet d'eau sur le chevet, je bus une gorgée. Ca allait déjà un peu mieux. Regardant mon époux, je dis alors.

Je crois que je vais me reposer encore un peu... Vous n'êtes pas obligé de me veiller durant mon sommeil. Je sais que vous avez encore maintes choses à faire, aussi, je vous demanderai juste de faire venir Camille à mon chevet au cas où j'aurai besoin de quelque chose.

Me rallongeant dans le lit, je fermai doucement les paupières après avoir déposé un chaste baiser sur les lèvres de mon époux. Le sommeil ne tarda pas à me prendre. Mon époux n'eut pas le temps de quitter notre chambre que je dormais déjà.

La douleur qui crispa les traits de Lucrèce, coupant sa phrase, inquiéta Harnyll. Mais la crise fut courte, et la jeune femme s’apaisa. Fatiguée par le voyage, elle lui demanda de faire venir Camille à son chevet, lui expliquant qu’elle allait se reposer et qu’il n’était pas obligé de rester avec elle. L’embrassant tendrement, Harnyll répondit :

Je vais l’appeler, et je ne serai pas loin, dans mon bureau juste à côté.

Le temps qu’il atteigne la porte, sa femme dormait déjà. Passant dans le boudoir, il y trouva sa demi-sœur (mais cela lui seul le savait) en train de ranger du linge et lui ordonna de rester auprès de sa maîtresse, de veiller à ce qu’elle n’ait besoin de rien, et à le prévenir au moindre problème.

Cela fait, le baron se rendit dans son cabinet de travail, de l’autre côté des appartements conjugaux. S’asseyant à son bureau, il prit une plume et commença à rédiger un projet de décret, son esprit malgré tout préoccupé par l’état de santé de la jeune femme qui dormait dans la pièce voisine.

Les vingt jours passèrent. Harnyll avait passé autant de temps que possible à mes côtés mais il y avait des affaires qui l'obligeaient à me laisser seule. Je n'étais pas vraiment seule car il me laissait en compagnie de Camille. Camille était au petit soin pour moi, refusant aucune de mes demandes hormis celle de faire quelques pas pour me dégourdir les jambes.
Pendant ces vingt jours qui me parrurent une éternité, j'avais brodé une couverture pour mon futur enfant. Une rose blanche, symbole de notre terre et des petits agneaux qui s'intercalaient. Demain, je pourrai enfin me lever et reprendre le cours d'une vie normale. J'avais hâte.

Ce ne fut qu'au milieu de la matinée que je levai. Le matin me sentant un peu fatiguée malgré mon repos forcé, j'avais pris la décision de rester encore un peu au lit. Je me sentais reposée quand je quittai enfin le lit. J'eus quelques picotements aux jambes mais cela était tout naturel après une aussi longue durée d'inactivité.
Camille m'aida à aller dans la salle de bains. Un bain, chose que j'attendais également pendant tout ce temps. Je fus heureuse de pouvoir me plonger dans ce bassin d'eau chaude. Je dus y passer plus d'une heure. Je ne voulais plus sortir mais Camille insista un peu avec le bon argument.

Dame Lucrèce, ne désirez vous pas faire la surprise à votre époux de vous voir de nouveau en plein forme ?

Acquiesçant, je sortis de l'eau. Un petit vertige me prit. Camille étant de dos ne l'avait pas vu. Aussi je mis cela sur le compte de la chaleur de la pièce. Camille m'aida ensuite à me sécher et à me vêtir. Puis elle m'accompagna jusqu'au bureau de mon époux.
Frappant, je fus invitée à entrer sans qu'il ne sache que ce soit moi. Il semblait heureux de me voir sur pieds mais une lueur d'inquiétude traversa ses yeux. Je désirai faire quelques pas dans le jardin, aussi je le lui fis part.

Mon cher époux, consentez vous à m'accompagner pour une petite promenade dans les jardins du château. Je meurs d'envie de faire quelques pas à l'extérieur.

Les vingt jours recommandés par le médecin passèrent, le baron passant une bonne partie de son temps avec sa femme, ne la laissant que pour finaliser les décrets et présider les dernières réunions de planification avant qu’ils ne soient publiés. L’autarcie économique mi-imposée mi-choisie par Ysari allait enfin se relâcher, la baronnie ouvrant grand ses frontières aux investisseurs de toutes sortes.

Le baron avait eu fort à faire avec les résistances des quelques guildes de marchands locales qui verrouillaient le marché jusqu’alors. Si la baronnie souffrait de leur monopole, eux en profitaient, pouvant s’entendre illicitement sur les prix à pratiquer et s’alliant pour étouffer tout nouvel entrant. Mais Harnyll désirait plus que tout qu’Ysari devienne une baronnie plus indépendante sur le plan économique, qu’elle cesse d’être soumise au bon vouloir d’Ydril.

Certes, Harnyll ne se faisait pas d’illusion, et il se doutait bien que ses mesures ne permettraient pas de faire d’Ysari une puissance économique, mais si déjà ils atteignaient l’indépendance économique, cela serait une victoire remarquable pour lui. Sa terre avait de sérieux atouts dans sa manche : un positionnement privilégié sur la route d’Or, une double exposition maritime alliée à une flotte marchande en constante augmentation, une production agricole florissante et une industrie qui sortait enfin de son carcan législatif.

Le baron venait d’apposer son sceau à un décret modifiant les tarifs douaniers lorsque sa femme entra dans son bureau. Immédiatement, son esprit se détourna des problèmes économiques pour repasser sur le plan privé. Lucrèce semblait en forme, les jambes pas très stables mais cela paraissait logique après vingt jours où elle ne s’était quasiment pas levée.

Sa femme s’approcha et lui demanda d’un petit ton mutin si elle pouvait venir se balader avec lui dans le jardin. Harnyll adorait ces petites mines dont elle usait et abusait pour obtenir de lui tout ce qu’elle voulait. Néera, qu’elle était belle, et qu’il l’aimait ! Les roubles traversés par leur couple avait fait jaser à travers tout le royaume, mais la situation était enfin apaisée.

Se levant, le baron vint l’embrasser, glissant son bras autour de sa taille dans un geste tendre mais pas dénué d’arrière pensée. Tant que sa femme resterait collée à lui, il pourrait la rattraper si besoin était. Et si besoin n’était pas, eh bien il profiterait de la chaleur de son corps, de son parfum, de sa présence.

Les deux époux sortirent donc dans le jardin, sous la douce caresse du soleil d’été, parlant de petits rien, savourant la présence de l’être aimé. Pour l’instant, tout semblait bien se passer… pourvu que ça dure, se disait le baron.

Harnyll accepta ma requête de faire quelques pas dans le jardin. D'ailleurs avant que l'on ne sorte de son bureau, il m'entraina vers lui en me tenant par la taille. Je pouvais sentir son souffle sur mon visage. Je me mis à rougir car j'eus envie de lui. Ces vingt jours alités avaient eu raison de notre vie de couple et des tendresses que nous nous dispensions.
Posant une main sur son visage, je me mis légèrement sur la pointe des pieds pour l'embrasser. Un petit tiraillement dans le bas du ventre se fit sentir. Je mis cela sur le coup de l'émotion. Je ne dis rien, de plus cela n'avait pas été perçu donc autant le passer sous silence.

C'est en compagnie de mon cher époux que je pus gouter la joie de faire quelques pas dehors. Il y avait une légère brise. Cela était rafraichissant. Nous marchâmes dans les jardins en direction de leur centre. Sentant une nouvelle fois ce tiraillement dans le bas de mon ventre, je lui demandai une pause sans en donner la raison.
Il accepta. Je pris place alors sur le rebord du bassin centrale. Plongeant ma main dans l'onde azurée et fraiche, cela me fit un peu de bien de sentir cette fraicheur. Quand je ne sentis plus ce tiraillement nous refîmes chemin inverse.

Regagnant le château, je décidai alors de retourner prendre un peu de repos dans notre chambre. Camille vaquait à d'autres occupations et Harnyll était retourné dans son cabinet de travail. Alors que je l'avançais vers le lit, les tiraillements reprirent en un peu plus violents. Je chutai alors sur le sol.
La violence de la douleur m'avait fait poser genoux à terre. C'était douloureux. Serrant les dents, il fallut que je rassemble ce qui me restait de force pour me hisser sur le lit. Si Harnyll ou Camille me voyait ainsi, je serai alitée tout le reste de la grossesse. Je refusai cette éventualité d'autant plus que toutes les invitations pour le bal avaient été envoyées.

Par le passé, ma tante m'avait jugée trop jeune pour y assister mais maintenant étant l'épouse de son fils, elle ne pouvait plus me l'interdir. La seule chose qui pouvait me l'interdir c'était mon état et sur ordre de mon époux. Je pris donc la décision de ménager mes forces pour y assister et faire bonne figure devant toute la noblesse de la péninsule.
Une fois sur le lit, j'étais pliée en deux par la douleur. Serrant les dents, mes mains sur mon ventre. Je perdis connaissance. Quand Camille revint pour voir si je dormais, elle me découvrit en position foetus sur le lit. Elle me pensait endormie aussi elle tira juste une couverture sur mes épaules pour que je ne prenne pas froid. La douleur avait disparu et l'évanouissement transformé en somnolence.

La promenade leur avait fait du bien à tout les deux, à Lucrèce qui faisait ses premiers pas à l’extérieur depuis vingt jours, et à Harnyll qui était quelque peu rassuré sur l’état de santé de sa femme. En effet, la jeune baronne avait parue parfaitement en forme, la pause demandée près du bassin passant pour un simple désir de sentir la caresse de l’onde aux yeux de son époux.

Une fois de retour au château, les deux époux se séparèrent sur un baiser, Harnyll retournant dans son cabinet pour continuer son travail. Une heure plus tard environ, il sortit afin de se changer quelque peu les idées et croisa Camille.

Comment se porte votre maîtresse ?
Bien monseigneur, elle dort.

Harnyll s’admit un peu surpris à cet instant. Lucrèce dormait ? Surprenant, elle venait pourtant de passer vingt jours alitée, son époux se serait donc plutôt attendu à devoir la retenir de trop sortir. Fouillant sa mémoire, il se rappela les mises en gardes du médecin et réfléchit de nouveau à leur promenade un peu plus tôt.

Sa femme avait pourtant parut en forme… bien que… juste avant de demander une pause… ne s’était-elle pas passé une main sur le ventre ? Maudite mémoire, les détails lui échappaient. D’un pas pressé, il se rendit dans leur chambre conjugale et y trouva Lucrèce endormie en chien de fusil sur leur lit.

Elle paraissait si fragile ainsi… une femme enfant presque… s’asseyant doucement au bord du lit, le baron caressa de la main la joue de sa belle qui s’éveilla lentement sous cette tendre caresse. Elle eut un regard fatigué mais plein d’amour pour son époux, ce regard qui lui mettait les genoux en compote à chaque fois…

Ma douce… je désirerai que notre médecin vous examine de nouveau afin de me rassurer quand au fait que ces vingt jours de repos ont bien fait leur œuvre.

Je sentis une caresse sur mo, visage endormi. Ouvrant doucement les paupières, je vis qu'il s'agissait d'Harnyll. N'était il pas en train de travailler sur ses dossiers ? Il semblerait que non car il était assis sur le lit à côté de moi. A la vue de son visage penché sur le mien, je lui souris malgré ma mine fatiguée.
Harnyll me demanda alors que je me fasse à nouveau ausculter par le médecin. Je n'en avais pas vraiment envie mais si je n'acceptais pas il ne me laisserait pas le choix alors autant paraître coopérative là dessus.

Si tel est votre désir, je peux vous le refuser...

Il s'en alla alors faire quérir le médecin par l'intermédiaire d'une servante qui passait dans le couloir puis revint aussitôt à mon chevet. Une fois qu'il fut à nouveau assis sur le lit, je lui pris une main pour la porter à mes lèvres. Une fois le baiser déposer sur le revers, je me rapprochai de lui afin qu'il me prenne dans ses bras.
Enlacée dans ses bras. Je lui déposai un autre baiser sur ses lèvres cette fois. Mon époux fut ravi de cette attention et laissa alors ses doigts se faufiler dans mon corsage alors que nous nous ré embrassâmes. Ce baiser langoureux éveilla une envie charnelle au creux de mes reins.

Soudainement, j'eus envie de lui, de sentir sa peau contre la mienne, son souffle sur moi, ses caresses. Il ne m'avait plus touchée depuis mon malaise en Odelian. Doucement, je lui fis comprendre en glissant une main sous sa chemise. Il comprit alors mes intentions.
Je le vis alors se lever une nouvelle pour fermer à clef notre chambre puis revenir vers moi. Doucement, je commençais à lui déboutonner sa chemise en lui déposant de petits baisers dans le cou. J'en étais au dernier bouton quand on frappa à la porte.

Puis je entrer mon seigneur ?

A la voix, il ne faisait aucun doute que c'était le médecin. Il avait fait vite pour venir. En même temps, il se dépêchait toujours quand le baron le faisait mander. Reboutonnant sa chemise, Harnyll alla lui ouvrir. Il put d'ailleurs voir ma mine déçue.
Le médecin entra sans se douter qu'il venait de nous déranger. Posant sa sacoche près du lit, il entrouvrit le dos de ma robe pour écouter ma respiration. Harnyll était resté de son propre chef cette fois ci. Pour le moment, tout semblait en ordre. Le reste de l'examen le confirma.

Tout semble en ordre. Les vingt jours de repos semblent avoir eut l'effet escompté. Ne présumez pas de vos forces, madame ! Et n'hésitez pas à vous reposer autant que cela est possible.

Le discours du médecin était plutôt réjouissant. Quittant la pièce, Harnyll le raccompagne à la porte. Le médecin lui glissa alors.

Souvenez vous de ce je vous ai dit mon seigneur. Pas de contrariété, ni de folie, et repos un maximum. Sinon à part ça, si les douleurs refont surface, prévenez moi et je viendrai aussitôt.

Le médecin retourna à ses occupations nous laissant seuls. J'espérai que nous allions reprendre où nous nous étions arrêtés...

Lucrèce ayant accepté une nouvelle « inspection », probablement plus pour lui faire plaisir qu’autre chose, Harnyll sortit dans le couloir, héla une servante qui passait et lui ordonna d’aller quérir le médecin. Cela fait, il revint s’asseoir au côté de sa femme, qui se lova au creux de ses bras. Une main exploratrice se glissa sous ses vêtements, caressant sa peau nue et éveillant de petits frissons de plaisir.

Un sourire aux lèvres, le baron alla verrouiller leur porte puis retourna auprès de Lucrèce, qui reprit ses taquineries, lui déposant de petits baisers dans le cou tout en déboutonnant sa chemise. Malheureusement, leurs petits jeux furent interrompus par un coup frappé à la porte, indiquant l’arrivée du médecin. Au grand regret des deux époux, le baron reboutonna sa chemise et alla ouvrir.

L’examen se passa plutôt bien, les vingt jours de repos ayant eu l’effet escompté, toutefois l’homme de l’art glissa discrètement au baron, avant de partir, de surveiller attentivement sa femme, en particulier si des douleurs apparaissaient au niveau du ventre. Cela nécessiterait une surveillance rapprochée, mais avec l’aide de Camille, une telle surveillance était envisageable.

Une fois le médecin partit, Harnyll verrouilla la porte, arrachant ainsi un sourire à son épouse qui désirait apparemment remettre le couvert pour la suite des… hostilités. Revenant à pas lents vers le lit tout en déboutonnant sa chemise, le baron la posa sur le dossier d’une chaise et s’allongea aux côtés de sa belle. La main de la jeune femme se posa sur son torse mais il la saisit doucement par le poignet et l’éloigna.

Vous avez entendu le médecin ma chérie, il vous faut être raisonnable et ne pas présumer de vos forces.

Une petite déception apparut dans le regard de Lucrèce à l’idée de se voir refuser toute intimité avec son époux. Déception que son époux éteignit heureusement bien vite.

Bien sur, cela ne vous interdit pas quelques amusements…

La joie réapparut… décidément, de vierge effarouchée qui craignait tout contact charnel, Lucrèce était devenue une amante exigeante… et cela n’était pas pour déplaire à Harnyll, bien au contraire. Lâchant le poignet, il laissa les douces mains de la jeune femme se poser de nouveau sur son corps. Pas de contrariété avait dit le médecin, il ne la contrarierait donc pas, ce d’autant plus que lui aussi désirait savourer leurs tendres ébats interrompus depuis l’alerte d’Odélian.

Les lèvres de son épouse rejoignirent bien vite ses mains, mordillant légèrement ses tétons. Basculant sur le dos, le baron se laissa aller aux caresses de sa douce, qui eut un grand sourire en voyant qu’une partie de l’anatomie de son époux commençait à se sentir à l’étroit. Délaissant le torse d’Harnyll, elle laissa ses lèvres et ses mains papillonner sur son ventre et descendre peu à peu vers leur proie…

Le médecin venait de quitter nos appartement nous laissant à nouveau seuls à notre tête à tête que j'espérai bien continuer. Harnyll referma la porte à clef pour ma plus grande joie. Je vis alors mon époux revenir près de moi à pas lents en déboutonnant sa chemise qu'il déposa sur le dossier d'un chaise. Il vint alors à s'allonger près de moi.
Ma main se glissa sur son torse mais me saisissant par le poignet délicatement il l'écarta. Devant ma mine boudeuse. Il me rappela les paroles du médecin comme quoi je ne devais pas faire de folie et présumer de mes forces. Aimer son mari et avoir envie de lui était il une folie ? Il semblerait bien que oui quand dans la noblesse les mariages sont bien souvent arrangé et de complaisance. C'est d'ailleurs à ce moment là qu'une phrase d'Elanore me revint en mémoire pour me faire rougir. Elle avait raison...

Mais Harnyll me dit que je pouvais néanmoins me permettre quelques amusements ce qui me redonna le sourire. Déposant alors une multitude de petits baisers sur son torse, je jouais avec mes mains et mes lèvres sur ses pectoraux. Heureux de ce contact tant attendu, mon époux se laissa basculer en arrière et savoura cet instant.
Une bosse se forma sous le pantalon de mon cher et tendre. Cela me fit sourire et plaisir de voir que ce que je lui faisais lui plaisait. Mes doigts descendirent plus bas vers l'origine de ce pic alors que mes lèvres suivirent avec un temps de décalage. Mes lèvres n'avaient jamais encore plus loin que le nombril de mon époux alors que mes mains, elles, ne craignaient plus le contact de son membre viril.

Déboutonnant le premier bouton de son pantalon, je donnai un peu de liberté à son phallus un peu à l'étroit dans cette cage vestimentaire. Remontant alors mes lèvres sur son torse, je me lovai près de lui, contre lui. Une main aventureuse s'était glissée dans son pantalon alors que ma tête reposait à présent au creux de son épaule.
Le dos de ma robe était toujours ouverte suite à l'intervention du médecin. Cela laissa donc l'opportunité d'y glisser une main pour le caresser et tenter d'effleurer ma poitrine par les côtés. J'étais heureuse à cet instant, heureuse d'être dans les bras de mon époux, heureuse de porter son enfant, heureuse de la vie.

D’une main habile, Lucrèce ouvrit le premier bouton du pantalon de son époux, redonnant un peu de liberté à son membre viril qui se sentait quelque peu à l’étroit dans son carcan de tissu. Ses lèvres remontèrent doucement vers son torse, et elle se lova contre lui, savourant comme lui ces tendres préliminaires, ces instants où peu à peu se découvraient des parcelles de peau de l’être aimé. L’absence de rapport charnel ces dernières semaines leur pesait, les craintes quand à l’état de santé de la jeune femme ne leur ayant pas permis de dépasser le stade du baiser.

Mais en cet instant, toutes leurs craintes, toutes leurs peurs étaient oubliées, ils n’étaient plus qu’amour et bonheur. Lucrèce enlacée aux creux de ses bras, Harnyll glissa sa main sur les côtés de sa robe pour venir effleurer la courbe d’un sein, titillant le mamelon du bout du doigt. Se glissant derrière sa douce, le baron commença à déposer de petits baisers sur son dos dénudé, démarrant par la nuque et suivant lentement la colonne. Un ronronnement pareil à celui d’un chaton s’échappa des lèvres de Lucrèce.

Doucement, Harnyll abaissa la robe de Lucrèce, dévoilant une épaule de nacre, une deuxième. La jeune femme se mit sur le dos tandis que lentement, il la dénudait jusqu’à la taille. Les deux époux échangèrent un long baiser passionné, puis les lèvres du baron, infatigables petites bêtes voyageuses, entamèrent ce doux périple sur le corps de sa belle. Les oreilles, qu’il mordilla, la courbe de son cou, ses seins rondis… continuant son cheminement, le baron déposa un baiser sur le ventre de sa femme, qui commençait à rondir, signe de sa grossesse, signe qu’elle n’était pas stérile comme quelques mauvaises langues avaient commencer à le chuchoter ces dernières semaines.

Maintenant que se répandait la nouvelle selon laquelle la baronne attendait l’héritier d’Ysari, ces rumeurs s’étaient tues, toutefois Harnyll s’en inquiétait parfois. Ses espions n’avaient pu remonter à la source des libelles sur Lucrèce, mais ils étaient persuadés que la source était interne à Ysari. Mais qui ? Et pourquoi ? Une rivale de Lucrèce peut être… et en tout cas une affaire à continuer de surveiller de près.

La main chaude d'Harnyll se glissa dans mon dos pour venir sur le côté et effleurer un sein dont il joua avec qui se mit à durcir sous son contact. Les mains balladeuses de mon époux vinrent à retirer ma robe entrainant ma chemise dans leur sillage. Mes épaules étaient nues, ma poitrine plus ronde qu'à l'habituel à cause de ma grossesse était visible à ses yeux pétillants. Alors qu'il était en train de me dévêtir, je m'allongeai sur le dos.
Il suffirait à présent que d'un seul coup pour que la robe et ma chemise passe mes hanches et me dévoilent tout entière à son regard amoureux. Il ne retira pas ces dernières barrières qui me couvraient encore. Au contraire, il en resta là pour se consacrer à des baisers tendres sur les parties dévoilées.

Tout d'abord le lobe de l'oreille qui me fit frémir puis le cou pour lentement descendre sur ma poitrine et enfin sur mon ventre sur lequel on pouvait commencer à voir ma grossesse. Cela ne se voyait que si j'étais nue, un regard extérieur ne pourrait le voir sous mes robes. Je portais un héritier pour la baronnie mais cela était encore secret et ne serait annoncé que lors du grand bal qu'Ysari organissait.
En attendant, je m'abandonnai aux baisers de mon époux. Mon souffle s'était accéléré et ma poitrine se soulevait à chaque fois qu'il jouait avec sa langue sur ma peau. Je me laissai aller à ces sensations que je ne redoutais plus à présent.

Levant les bras pour les passer autour du cou de mon époux, je le fis rouler sur le lit. Il fut surpris d'un tel acte de ma part. Je me tenais au dessus de lui avec un regard pétillant en me mordant la lèvre inférieure. Glissant mes mains sur son glaive de chair, je le libérai complètement de son entrave vestimentaire.
Il est dressé, fier et droit attendant quelques délicatesses de ma part. Je me mis à rougir en le voyant ainsi. Jusqu'à maintenant tous nos ébats avaient eu lieu sous le couvert de la nuit et d'une lumière tamisée. Aussi c'était la première fois que je me retrouvais face à la bête en pleine lumière.

Avec les vingt jours que j'avais passé alitée, j'avais eu le temps de lire. Ma lecture fut ce fameux livre qui se trouvait dans mon boudoir et qui portait pour nom les Secrets d'Arcam. Les choses de l'amour y étaient décrites et j'y avais découvert bien dès choses que je n'avais imaginé jusque ici. Je n'étais pas très aventureuse aussi dans un premier temps j'avais envie d'expérimenter une position toute simple. Celle du cavalier.
Comme Harnyll était allongé sous moi, il serait donc facile d'essayer ce dont j'avais en tête. Passant une jambe de chaque côté de de ses hanches, je pus sentir sa virilité effleurer ma vénuseté. J'étais confuse mais je devais aller jusqu'au bout de mes ambitions même minimes soient elles. Lentement alors, je me laissai glisser sur sa virilité. La douleur était présente alors que je descendais doucement sur ce pieux de chair. J'avais l'impression d'être empalée sur lui tellement je le sentis profondément en moi.

Lucrèce se révélait une amante bien plus hardie que lors de leurs premiers rapports. Était-ce du au goût qu’elle prenait aux joutes du lit, à l’abstinence forcée qu’ils s’imposaient depuis Odélian ou bien à un autre facteur, il n’aurait su le dire… mais la jeune femme ne se montrait plus seulement réactive aux attentions de son époux, elle lui en prodiguait. Et le baron adorait la voir comme cela… oui, adorait…

Le faisant rouler sur le dos, elle finit de libérer sa verge qui ne demandait que cela et qui se dressa fièrement. Une légère rougeur lui teintant les joues, Lucrèce vint se positionner au dessus de son époux, lui offrant la douce vue de son corps de nacre. La légère rougeur de ses joues ne pouvait toutefois pas cacher l’éclat de désir qui brillait dans son regard, éclat qui ravissait son époux.

Certes le médecin avait interdit à la jeune femme de présumer de ses forces, mais là tout de même, cela aurait été cruel de lui refuser son plaisir alors qu’elle en avait tant besoin, qu’elle le désirait et l’exigeait. Pas de contrariété non plus, tels était les consignes, et bien un étalon ne doit pas contrarier sa cavalière. Lucrèce était déjà une cavalière émérite à l’extérieur, elle était en train de le devenir également au lit.

Lentement, elle s’empala sur lui, laissa sa virilité s’enfoncer en elle. Un très léger rictus de douleur apparut l’espace d’une seconde mais elle n’arrêta pas sa descente pour autant. Tel une amazone chevauchant sa monture, la jeune femme commença un lent va-et-vient. Une amazone, oui, mais cependant pas au point de se couper un sein afin de mieux tirer à l’arc, ce qui soit dit en passant aurait été un sacrilège que d’abîmer une aussi belle paire.

Un gémissement de plaisir monta quasi simultanément aux lèvres du baron et de sa femme tandis que son pieu de chair allait et venait en elle. Leurs mains se cherchaient, exploraient le corps de l’être aimé, chaque caresse, chaque mouvement devenait une nouvelle et inestimable source de plaisir.

J'étais sur mon époux à le monter telle le ferait une cavalière sur son équidé. Cette position me m'était mal à l'aise mais je l'avais voulue aussi j'en assumais les conséquences quelles qu'elles soient. A chaque mouvement de bassin d'Harnyll je le sentais entrer plus profondément en moi. Je me retenais de lâcher un cri en me mordant la lèvre inférieure. Ma poitrine bougeait sous la cadence de ses accoues car l'étalon ne semblait pas vouloir se laisser dompter si facilement.
Un gémissement se fit alors entendre de sa part comme de la mienne.

Un douleur se fit alors sentir me faisant pousser un gémissement qui se perdit dans ceux du plaisirs. Je pensais que cela était dû à la position ou alors à toute la vigueur de mon bel étalon. Je ne voulais pas le décevoir alors je ne dis rien et fit comme si de rien n'était.
Sauf que la douleur revint plus vive et plus pernicieuse me faisant rouler sur le côté. On aurait pu croire que c'était une nouvelle facétie de ma part mais point du tout. Je sentais s'écouler doucement un liquide chaud entre mes cuisses. C'était la même sensation que lorsque j'étais indisposée.

Portant alors une main tremblante entre mes cuisses, je découvris du sang sur mes doigts en les retirant. Harnyll reposait toujours sur le dos à cet instant sans savoir. Je regardais mes doigts avec des yeux horrifiés. Les larmes ne mirent pas longtemps à venir puis à ruisseler sur mes joues. Pourquoi ce sang ? Je ne comprenais pas et j'avais peur.
C'est alors d'une voix tremblante dans laquelle on pouvait entendre effroi et peur que je dis tout en regardant mes doigts.

Harnyll... Je … Du sang...

Mes paroles étaient saccadées et reflétaient l'horreur qui se présentait devant mes yeux. Le sang fut sans doute la chose la plus importante qui alerta Harnyll. Rien ne servait de faire un long discours, de toute façon au vu de mon état je n'aurai pas pu en faire un...

Lucrèce le chevauchait avec ardeur, la cavalière domptant son étalon avec une vigueur sans cesse renouvelée. Soudain, elle ralentit la cadence et roula sur le côté, laissant son époux pantelant reprendre son souffle. Qu’avait-elle en tête pour la suite ? A ce stade, il se sentait près à tout accepter de sa part, ravi de voir qu’elle dépassait ses limites.

Mais les paroles de la jeune femme ne reflétaient plus que de l’horreur lorsqu’elle murmura… du sang… se tournant brusquement, il vit ses doigts rougis, ses yeux descendirent vers ses cuisses… par Néera ! Se relevant d’un bond, le baron se rua à la porte qu’il ouvrit à la volée :

Garde !
Monseigneur ?
Le médecin ! Vite ! Allez chercher le médecin !

Comprenant l’urgence, le garde ne prit même pas la peine de saluer et fonça comme un dératé dans le couloir tandis qu’Harnyll retournait en hâte près de son épouse. Quelques instants plus tard, le médecin entra, embrassa d’un regard la situation et fit signe à Harnyll.

Sortez monseigneur, je m’occupe d’elle.

La porte se referma derrière le baron. Comprenant qu’il était toujours… ben… à poil quoi… il passa dans son bureau limitrophe à leur chambre pour y trouver de quoi s’habiller. Heureusement, il gardait toujours une vêture de rechange et pu revenir patienter dans le couloir dans une tenue un peu plus digne d’un baron.

Je demeurai toujours sur le côté à observer mes doigts maculés de sang avec une certaine horreur. J'étais terrifiée à ce moment là. Je ne pouvais détacher mon regard de ma main. Harnyll ayant comprit la situation sortit en quatrième vitesse de la chambre sans prendre la peine de se vêtir pour faire appeler le médecin qui nous avait quitté il y a peu.
Le médecin arriva plus rapidement qu'habituellement. Il fit sortir mon époux de la pièce pour rester seul avec moi. Je demeurai toujours sur le côté à observer mes doigts. Je n'arrivais pas à y détacher mon regard horrifié.

Le médecin avait compris à ma tenue que je venais de commettre une folie en tentant de coucher avec mon époux. Il m'examina alors dans le plus grand silence. Je ne me rendis même pas compte qu'il était entrain de m'ausculter. J'étais absorbée par ce sang.
Quand il eut fini,il se nettoya les mains pour en retirer le sang et me couvrit du drap taché. Il rangea son matériel puis sortit en me laissant seule et perdue. Harnyll était dans le couloir. Il ne le laissa pas entrer immédiatement, il voulait s'entretenir avec lui.

Mon seigneur, j'ai à vous parler.

Le couloir n'étant pas un endroit des plus appropriés pour ce genre de discussion, il proposa au baron de la suivre dans son laboratoire. Le chemin fut silencieux, un silence pesant et lourd de conséquence. Une fois dans la pièce, il alla chercher un flacon sur une étagère,puis un autre et encore un autre. Il commença à préparer une mixture sous les yeux du baron tout en lui donnant ses recommandations.

Mon seigneur semble être un homme intelligent il me semble. Pourtant vous venez de commettre une grave erreur en cédant aux impulsions de votre corps. La baronne est d'une constitution dès plus faible. Cette grossesse s'annonçait depuis le début comme difficile à supporter. Aussi quand je vous ai demandé de veiller à ce qu'elle ne commette aucune folie, l'acte d'amour en faisait parti. Le désir d'une femme enceinte est bien souvent accru aussi il serait préférable que vous refusiez les avances de votre épouse à l'avenir pour le bien de l'enfant.
Pour le moment votre héritier semble bien accroché mais ces saignements ne sont pas de bons augures. La prochaine fois, il se pourrait bien qu'elle perde l'enfant aussi j'espère que vous saurez la raisonner. Il est impératif pour l'avenir que la baronne reste au lit le reste du temps de sa grossesse. Ce n'est plus un conseil mais une doléance.

Lemédecin remplit alors un petit sachet en lin de son mélange composé de diverses plantes et le tendit au baron avec une recommandation.

Si à l'avenir la baronne se faisait pressante, faites lui boire cela en infusion. Cela devrait calmer ses ardeurs et l'assoupir. Si je puis me permettre mon seigneur, au cas où ce soit votre ardeur qui soit remise en cause, une maitresse saurait vous satisfaire sans que votre épouse ne soit en danger...

Merci docteur, j’y prendrai garde.

Une fois sorti du laboratoire, le baron d’Ysari retourna à sa chambre et s’appuya contre le mur, se passant une main lasse sur le front. L’alerte avait été critique cette fois, et désormais la crainte d’une fausse couche devenait une probabilité hélas à très haut risque. Le reste de la grossesse de sa femme allait relever du parcours du combattant plus qu’autre chose…

Le cœur lourd, il entra et vint s’asseoir au bord du lit où reposait une Lucrèce à moitié assommée par le choc. Lui prenant la main, le baron demanda d’une voix douce :

Lucrèce ?

Deux yeux pâles se tournèrent vers lui, deux yeux où se lisaient de la peur et de la douleur. Par Néera, il ne supportait pas de la voir comme cela, et se sentir impuissant à la soulager n’en était que plus difficile.

Ma chérie, je viens de parler au médecin… si notre bébé va bien, son pronostic est toutefois très mesuré. Il…

Ouvrant le tiroir de sa table de nuit, Harnyll y déposa les herbes recommandées par le médecin en cas de pulsion charnelle chez la jeune femme. Cela risquait de leur servir, en effet…

Il a prescrit un strict repos jusqu’à l’accouchement, ce qui t’obligeras à passer la majeure partie de ton temps au lit.

La totalité avait dit l’homme de l’art, mais cela aurait tout bonnement été irréalisable, Lucrèce ne supporterait pas une réclusion forcée de près de deux mois. Le rôle de son époux allait désormais être de faciliter au maximum la vie de son épouse durant cette période. Peut être pourrait-il la faire transporter en chaise à porteur dans le jardin durant la journée… hmm, oui, cela lui éviterait de rester enfermée, voire même lui installer un dais près de l’étang avec lit, fauteuil et tout le reste… une idée à creuser.

Je restai allongée sur le lit sur le dos mes deux mains posées sur le ventre depuis que le médecin avait quitté la pièce. Harnyll n'était toujours pas venu me re joindre. Que ce passait il ? Il devait très certainement discuter avec le médecin de mon état. Bien entendu on me laissa en dehors de la discussion alors que j'étais la première concernée. Je ne m'offusquai pas pour cela. Bien au contraire. Il était évident que l'on semblait vouloir me ménager de toutes mauvaises nouvelles.
J'étais à demi endormie quand mon époux revint dans la chambre après de longues minutes. Longue fut le cas car près d'une heure venait de s'écouler depuis que le médecin était parti. Finalement quand la porte s'ouvrit et que la silhouette d'Harnyll se dessina dans l'embrasure de la pièce, je lui lançai un regard plein d'inquiétude et de remord.

Cela ne faisait aucun doute dans mon esprit que j'avais perdu l'enfant que je portais. Le silence d'Harnyll n'aidant pas à me faire croire autre chose. Il vint s'assoir sur le rebord du lit et me prit la main. C'est d'une voix douce qu'il m'appela par mon prénom. Je m'attendais à la terrible nouvelle aussi je pris les devants en m'excusant. On pouvait noter de la tristesse, du remord et de l'inquiétude dans le son de ma voix alors que les larmes s'échappèrent de mes yeux.

Je suis désolée, Harnyll. Je sais ô combien vous attendiez un héritier...

Cela ne faisait aucun doute que je pensais à la fausse couche mais Harnyll me rassura en me disant que l'enfant allait bien. Etait ce un mensonge ? Non ! Cela serait bien trop cruel de me cacher de la sorte la vérité. Ainsi donc je n'avais pas perdu le bébé. Un soupire de soulagement se fit alors entendre. Toute une tension retomba avec ce soupire libérateur.
Je vis alors mon cher époux ouvrir un tiroir d'un des chevets mais je ne prêta pas attention à ce qui y fut déposer. Harnyll reprit alors la parole pour me dire qu'à présent je devrai rester alité tout le long de ma grossesse afin de ne pas risquer le moindre incident.

Non pas cela. Pas encore... Je venais de passer vingt jours enfermée dans cette chambre. Je ne voulais pas rester une nouvelle fois dans ce lit à longueur de temps. Même si les paroles d'Harnyll semblaient indiquer un repos complet, j'avais parfaitement compris que je ne devrai pas quitter ce lit avant mon accouchement. Mes yeux s'emplirent de tristesse alors. D'une voix dont on pouvait noter quelques sanglots, je lui dis alors.

Harnyll, je vous en supplie, non... Ne m'enfermez pas une nouvelle fois dans cette chambre pour un repos complet. Vingt jours ont déjà été difficiles, je ne supporterai pas d'y être contrainte jusqu'à la naissance de notre enfant. Il doit bien y avoir une solution pour que je n'ai pas à rester prisonnière de nos propres appartements...

Le ton était donné. Je ne supporterai pas de rester enfermée de la sorte. Nous savions lui comme moi comment cela avait tourné lors de mon exil à Féoda. Le risque était bien trop grand que si on me forçait à rester définitivement alitée,l'apathie générale qui m'avait envahie ne revienne. D'ailleurs le terme de « prisonnière » que j'avais utilisé reflétait bien la situation. J'étais prisonnière dans mon propre château sans possibilité de m'y soustraire.

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