Au marché.. Pour la première fois.[Daphnée]

Tout ce passait " bien " . Eléonor avait ses tâches à faire, quasi toujours les même, il fallait qu'elle nettoie, qu'elle prépare le dîner, ou qu'elle fasse autre chose comme de la couture, raccommoder, créer... Enfin bref, ce n'était pas la chose la plus dure à faire pour un esclave qui était si bien logé et nourrit! Toutes les journées se ressemblaient jusqu'à épuisement du stock de nourriture. Azrayen, son maître, lui demanda alors d'aller au marché, seule.. sans lui car il devait surement être occupé à faire quelque chose. En plus de l'envoyer seule, il lui donna de l'argent, de l'argent? Vous le croyez vous? Elle pourrait facilement se payer une traversé de l'océan avec ça, et s'enfuir une bonne fois pour toute, mais là c'était différent, elle était loin d'être mal traitée.

Partant de bonne heure pour ne pas se retrouver avec trop de monde au marché, Eléonor prit un grand panier et avait retenu tous ce que le maître lui avait demandé d'acheter. Elle partit donc à pied, à sa aise, tranquillement, vers le marché de Meca. Arrivée sur place il y avait déjà beaucoup de monde. Et elle avait oublié une chose... Elle ne connaissait pas du tout cet endroit, alors elle mettrais du temps à savoir où se trouves tout ce qu'elle doit acheter.

Au niveau de la présentation d'Eléonor, elle avait mis une robe, certes, simple, mais propre. Elle avait peignée ses cheveux et c'était lavé. En outre, on ne pouvait en aucun cas voir qu'elle était une esclave.

Elle commença par un stand qui proposait des légumes, elle en prit quelque uns et les acheta au meilleur prix, toutes ces opération lui demandait de la parole, ce qu'il n'arrangeait en rien Eléonor, surtout qu'elle ne voulait pas se faire arnaquer.

[ Je n'ai pas décrit une situation de rencontre car je ne connais pas ton personnage, je ne sais point si c'est son genre d'aller faire ses courses au marché enfin bref, si tu veux tu n'a qu'a décrire ce que toi tu fais et je viendrais te bousculer xD ]

Le vent puissant lui fit un bien fou.
Fermement accrochée à poteau, rassurée d’être enfin arrivée sur la terre ferme, solide et parfaitement stable, Daphnée contrôlait difficilement la nausée qui l’avait prise peu après avoir quitté les abords du continent. La sueur formait un film brillant sur son front et ses tempes douloureuses d’un sang qui y battait trop fort à son goût.
Elle était arrivée ici sur un bateau dont elle ne pouvait plus se rappeler le nom ni le type – n’y connaissant rien aux bateaux – ayant vogué tranquillement sur une mer passablement agitée, qui avait rendu malades plusieurs des passagers à bords. La danseuse n’était d’ailleurs pas peu fière d’avoir été l’une des seules, hormis l’équipage, à ne pas vomir. D’accord l’envie ne lui manquait pas présentement mais quand même.
La question qu’elle se posait néanmoins, entre deux déglutitions dégoûtées et prudentes, la question qui la taraudait, même, restait : mais qu’est-ce que je viens faire là ? Effectivement la réponse paraissait ténébreuse. En fait elle n’avait pas de réponse. Un beau jour de soleil – pas comme aujourd’hui où les nuages commençaient à s’amonceler – le fantôme l’avait convaincue de partir en voyage prendre l’air. Depuis son entrée au Clair-Obscur, l’argent ne manquait pas, et le travail non plus. L’apparition spectrale avait estimé qu’elle se surmenait, et décrété que la jeune fille avait besoin de repos. Et voilà le résultat : elle agonisait sur le port de Meca.

Une demi-heure s’écoula ainsi à retrouver ses esprits et son sens de l’équilibre, sous les regards tantôt étonnés et tantôt lubriques des passants. Par chance il était tôt, et ceux-ci étaient rares ; elle n’eut donc pas d’ennui. Puis, parce que les priorités naturelles ne sont jamais chassées bien longtemps, même par les plus grands maux, l’estomac de la jeune femme se mit à émettre des sons assez peu distingués. Elle se releva donc avec précautions puis partit en quête d’un marché.
La réputation de labyrinthe des rues de Meca n’étant absolument pas usurpée, elle dut demander son chemin à plusieurs reprises avant d’y parvenir enfin.
L’endroit était déjà plus peuplé que le reste de la ville, mais pas autant que ce à quoi Daphnée était en droit de s’attendre, habitante d’un continent comptant bien plus d’âmes. Ne connaissant pas les lieux et peu désireuses de se perdre, elle s’appliqua à observer attentivement les différents étalages, histoire de pouvoir se repérer ensuite. Comme toujours lorsqu’elle ne dansait pas et qu’il y avait du monde autour, le fantôme avait disparu, et la danseuse se sentait étrangement seule et vulnérable. Elle prit une pomme d’un air mélancolique, perdue dans ses pensées, oubliant qu’elle devait être attentive, et s’apprêtait presque à partir avec quand le marchand colérique lui rappela sans ménagements qu’elle n’avait pas payé.
Ce brusque retour à la réalité lui fit réaliser qu’à côté d’elle se trouvait une jeune femme frêle, au teint un peu grisâtre, comme malade, mais aux yeux intelligents, qui attendait déjà avant elle de pouvoir payer. Daphnée ne parvenait pas à deviner son âge, et sa tenue – aussi simple que celle de la danseuse qui avait opté pour une robe de coton bleu clair – ne lui donnait pas plus d’informations. En souriant, elle lui désigna le marchand.

« Je suis navrée, vous étiez avant moi » dit-elle avec douceur et politesse.

Voyant que son interlocutrice la laissait payer – ce qui au fond l’arrangeait un peu, elle mourait de faim – Daphnée sourit en guise de remerciement poli et sortit une bourse bien remplie. Une pièce termina son voyage dans la main du marchand dont les yeux s’étaient déjà posés avec avidité sur le petit sac plein d’argent. Avec n’importe quelle autre demoiselle de son rang, il aurait eu droit à un regard méprisant et vaguement dégoûté, mais le monde de la danseuse n’acceptait pas ce genre de sentiment, et elle ne vit donc pas cette lueur malsaine. Au lieu de ça elle lui murmura un agréable « merci » et se tourna vers la jeune fille à ses côtés en croquant sa pomme.
Avec surprise, elle la vit qui fixait sa robe avec intérêt. Le compliment qu’elle lui adressa la fit rire.

« Vous l’aimez ? » dit-elle en riant. « Je peux vous en offrir une si vous voulez, j’en ai des tas comme celles-ci ».

Elle lui désigna d’un geste évasif la sacoche qu’elle portait en bandoulière sur ses fines épaules.
La danseuse avait apporté cinq robes, ignorant encore la durée de son séjour sur l’île de Meca. Une seule sur ces cinq était plus sophistiquée. Mais Daphnée avait préféré la simplicité, tout comme le fantôme, encore sous l’emprise de la terrible vision apparue lors de son entrée au Clair-Obscur, alors qu’elle était fardée, chaussée et vêtue comme une vraie princesse. Elle n’avait pu, néanmoins, se résoudre à enlever l’énorme rubis qui trônait encore comme une goutte figée sur sa gorge dorée.
Elle l’effleura d’une main pensive. Il agissait comme un charme ; elle se sentait beaucoup plus en confiance lorsqu’elle le portait, tout en ayant la vague certitude qu’en se reposant sur cette confiance, elle jouait les funambules… sans filet.
Revenant à ses esprits, la jeune danseuse voulut s’assurer que son interlocutrice fascinée la prenait bien au sérieux, car il n’était pas une promesse qu’elle ne tenait pas.

« Je termine ma pomme » lança-t-elle en croquant un nouveau morceau, « et je vous montre mes robes. Enfin, si vous en voulez une… »

Mais à vrai dire, se dit-elle, j’ai trop envie de vous en donner une.
Il y avait quelque chose de si naïvement envieux dans les yeux de la jeune fille qui la fixait qu’elle s’était immédiatement attendrie. Elle voulait lui faire un cadeau.

« Oh ! mais je suis navrée ! J’ai complètement oublié de me présenter. Je m’appelle Daphnée Astrann, danseuse de son état » dit-elle avec une solennité feinte, esquissant une révérence valsée. « Et vous êtes ? »

Eléonor ne s'attendait pas à une telle réaction de la part de l'inconnue. Elle pensait que la dame la remercia puis s'en irait mais c'est autre chose qui sortit de sa bouche.

« Vous l’aimez ? » dit-elle en riant. « Je peux vous en offrir une si vous voulez, j’en ai des tas comme celles-ci »

En donnez une? Mais est-elle tombée sur la tête? Était elle peut-être riche à ce point? Pouvait-elle se permettre d'offrir une robe à une simple inconnue? Ou bien avait-elle le plus grand cœur qu'on puisse trouver sur Miradelphia. Eléonor opta pour la dernière solution, elle préférait penser qu'elle était gentille et non égoïste que le fait qu'elle puisse jeter de l'argent par les fenêtres. La jeune femme avait l'air décontractée, tout le contraire d'Eléonor, elle avait une tâche à remplir. Elle devait faire les courses et les finir au plus vite pour rentrer et faire ses autres tâches ménagères, mais le fait d'avoir une nouvelle robe l'amusait à un point qu'elle n'arrivait pas à répondre quoi que ce soit.

« Je termine ma pomme » lança-t-elle en croquant un nouveau morceau, « et je vous montre mes robes. Enfin, si vous en voulez une… »

Montrer ses robes? Alors elle avait plusieurs... Et en plus elle lui laisse l'ambras du choix ! Mais elle est vraiment généreuse cette inconnue! Enfin inconnue... Plus pour très longtemps vu que tout d'un coup la jeune femme se présenta.

« Oh ! mais je suis navrée ! J’ai complètement oublié de me présenter. Je m’appelle Daphnée Astrann, danseuse de son état ,Et vous êtes ? »

Une petite valse au passage, Eléonor ne savait même pas pourquoi elle faisait cela, était-ce un geste de respect ou autre chose encore? Elle n'en savait vraiment rien, comment réagir alors? Devait elle faire la même chose? Cela risquerait d'être difficile vu que la jeune esclave ne savait même plus comment il fallait faire. Elle opta donc pour la réponse la plus simple qu'il soit :

" Enchanté, je m'appelle Eléonor "

Maintenant parlons des robes... enfin comment lui dire qu'elle ne pouvait accepter tant de gentillesse? Et puis si elle revenait avec une robe chez son maître il va surement croire qu'elle s'en ai achetée une ce qui risque de la mettre en colère.

"Euh... par contre, vous êtes bien gentille mais je ne peux accepter votre robe, je suis certaine qu'elles sont magnifique mais ... enfin... je peux pas, veillez m'excusez. "

Finit-elle par dire en baissant légèrement le regard, signe de faiblesse de la part d'un esclave.