Les préparatifs d'avant le départ [Vik]

D'ici deux semaines les bals d'Ysari auront lieu. Viktor m'en avait déjà parlé et il était censé me donner quelques leçons de danse car j'ignorai si je savais danser ou non. Aussi ce matin là, je l'attendais dans le petit salon habituel où nous prenions le thé. Pour une fois, c'était moi qui l'y attendait et non l'inverse, je devais tout faire pour me faire pardonner.
Assise sur le canapé, les mains croisées déchiraient un morceau de papier nerveusement. Je l'attendais aussi patiemment que possible. Edelweiss ronronnait gentiment à mes côtés. Le chaton n'en était plus un et avait perdu son côté joueur pour celui du dormeur. Cela n'enlevait rien au fait qu'il soit toujours aussi attachant.

La porte s'ouvrit mais ce n'était pas Viktor mais la nourrice qui fit son apparition avec le plateau contenant la théière, les tasses et les petits gâteaux qu'affectionnaient tant le baron. Je fus quelque peu soulagée et cela n'échappa guère au regard de la gouvernante qui vit en moi l'ombre d'un remord.
S'approchant de moi, elle me dit que Viktor avait une affaire urgente à régler mais qu'il n'allait pas tarder. Devant cette nouvelle, j'étais un peu rassurée. J'avais une chose à voir avec Viktor concernant un détail du bal, la danse autre que celui de mon infidélité. Mais bizarrement alors que Nane se trouvait là, un autre détail me vint en tête.

Me levant du canapé, ce qui éveilla Edelweiss qui commença à faire ses griffes sur le velour en s'étirant, je me rendis derrière le petit secrétaire. Il y avait toujours un nécessaire d'écriture. Me saisissant de la belle plume d'oie, je la trempai dans l'encrier.

Nane, pouvez vous m'aider à choisir les trois robes que je porterai durant les bals qui se dérouleront à Ysari? Je ne voudrai pas que le baron reçoive quelques désapprobations de la part du reste de la noblesse pour m'y avoir amenée ou par comportement...

Tendant la note à la gouvernante, celle ci la lut et donna un avis favorable à ma demande. Cela me soulageait grandement de savoir qu'elle acceptait. Elle ajouta d'ailleurs que dès demain, on s'occuperait de faire les essayages des robes ce qui laisserait le temps d'en confectionner si rien ne convenait.
La porte s'ouvrit à nouveau. C'était Viktor cette fois. Je fus mitigée en le voyant, point de bonheur, point de ressentiment. Cela put se lire sur mon visage qui fit une petite moue dont on ne décrypta point la réelle raison.

Il y avait une certaine agitation dans les couloirs du palais de Missède. On voulait que tout soit absolument parfait pour le départ vers les terres d'Ysari.

Les couturières s'activaient afin que les tenues de bal des nobles de Missède qui feraient partit de la suite du baron soient toute parfaite. C'était l'image de la baronnie qui était en jeu. Hors de question d'avoir un faux plis ou un quelconque accrocs à sa veste ou à sa robe. Les tissus devaient tomber à la perfection.

S'ils savaient tout ces naïfs que la réputation de la baronnie était déjà plus que largement entachée par les récents exploits de leur future baronne. Ils n'agiraient certainement pas de la même façon.

Dans les couloirs, on saluait galamment cette jeune femme muette et que certains qualifiaient d'intrigante. Ils étaient peu nombreux à la qualifier ainsi. Surtout depuis que leur baron leur avait annoncé officiellement qu'il avait l'intention de l'épouser. Intrigante ou pas, elle serait leur future baronne. Et Missède avait désespérément besoin de ce type d'événement. Après des changements très rapides à la tête de la baronnie, il fallait en stabiliser le pouvoir. Quoi qu'on en dise, Viktor n'était issus que d'une branche assez lointaine d'Amédé de Missède. C'était pur hasard s'il était devenu baron.

Un mariage et la possibilité d'avoir rapidement un héritier à la baronnie, voilà qui rassurerait beaucoup de monde.

Alors, mis à part une Ysera verte de rage qui broyait du noir dans son coin, tout le monde se montrait à présent aimable avec cette jeune femme.

S'ils savaient les naifs.

Et parmis toute cette agitation incontrôlable, Viktor avançait, tout souriant d'aller retrouver sa bien aimée dans le salon où ils avait l'habitude de se retrouver à cette heure. Pour aujourd'hui, se ne serait pas une de leurs balade dans les jardins de Missède qui allait occuper les quelques heures qu'ils passeraient ensemble, mais de simples leçons de danse.

Rayonnant, le baron entra dans le petit salon où il découvrit une Agniezka assez morose qui lui accorda une petite moue. La jeune femme paraisssait maussade depuis plusieurs jours. Sans doute ne dormait-elle pas assez.

Avec un sourire, il s'approcha de la jeune femme.

« Allons, ne fait pas cette tête là. Fait moi un sourire. Tu veux bien? »

Le jeune homme lui adressa un sourire.

« Il faudra que tu dorme un peu plus. Tu as l'air fatiguée. »

Viktor venait d'entrer dans le petit salon, il s'attendait certainement à l'habituel sourire plein de vie quand je le voyais mais ce ne fut pas le cas car une petite moue vint à se dessiner sur mon visage. Il s'approcha alors de moi avec son sourire habituel qui savait me réchauffer le coeur. Mais ma faute était trop lourde pour que cela ne puisse complètement m'apaiser.
Il me demanda un sourire. Je ne pouvais le lui refuser après ce que j'avais fait. Aussi ce fut un léger sourire, un sourire dont on pouvait lire dans le regard de la tristesse. A ce pâle sourire, il m'en adressa un bien plus éclatant qui me fit souffrir. Combien de temps pourrai je lui cacher la vérité ? Il pensait cela dû à de la fatigue aussi je hochai bêtement de la tête.

Il est vrai qu'il faudrait que je dorme plus. Toutes les nuits depuis cet incident c'était la même chose. Je restais allongée sur le côté à pleurer tant de larmes que l'oreiller était encore humide le lendemain. J'étais toujours debout avant les servantes qui me retrouvaient toujours dans un baignoire d'eau à peine à température ambiante. Je me sentais sale et l'eau n'effaçait à rien à cette sensation. Nane n'avait encore rien dit à Viktor pensant que c'était le tresse du bal et des fiançailles qui me troublaient.
Mais pour le moment, le temps était à la légèreté et à la danse. Me levant du canapé, Edelweiss dérangé par le frôlement de ma robe sauta hors de celui ci pour se placer devant la cheminée pour faire sa toilette. Je fis une révérence à Viktor puis lui tendis ma main droite afin qu'il s'en saisisse et que la leçon commence.

En me relevant, je marchai sur un plis de ma robe ce qui me fit basculer contre le baron qui me rattrapa. Relavant doucement la tête afin qu'il puisse voir mes lèvres se mouvoirent, je dis toujours avec cette voix quepersonne n'entendra jamais.

Désolée..

Etait ce pour cet événement dont il venait d'être l'un des protagonistes ou pour une autre affaire dont il ignorait tout. Les deux sens doutes. Nane resta là à nous observer telle une mère bienveillante sur ses enfants. La leçon pouvait commencer car le maitre de ballet entra dans la pièce et nous pria de prendre place pour la leçon. Nous y voilà à cette prime leçon. Il y en aurait une tous les matins jusqu'à la veille du départ afin que Missède face honneur à ses terres et à la noblesse toute entière.

Agniezka lui adressa un tout petit sourire. Qu'est-ce qui lui arrivait? Elle paraissait tellement triste? Cela l'embêtait d'aller au bal d'Ysari? Elle paraissait toute triste. Cela dérangeait pas mal le jeune baron de la voir dans cet état. Si elle ne voulais pas se rendre à ce bal, il lui suffisait tout simplement de le dire. Viktor n'allait pas l'y forcer. Elle se contenta d'un simple petit hochement de tête lorsqu'il lui dit qu'elle devait plus se reposer.

Mais il n'eut pas le temps d'y réfléchir vraiment plus longtemps. La jeune femme se leva, dérangeant le chaton qui décida de changer d'emplacement pour être plus tranquille. Il alla s'installer auprès de la cheminée où il entreprit une toilette minutieuse.

Agniezka, une fois debout effectua une petite révérence devant lui, lui tendant délicatement sa main. Pour que la leçon commence.

Comme toujours un peu maladroite, la jeune femme se prit les pieds dans sa robe et bascula contre le jeune homme qui, il faut le dire, était habitué à se qu'elle tombe, la rattrapa sans grande difficulté. Elle avait maigrit. Il y avait vraiment quelque chose qui n'allait pas. Se n'était pas la fatigue. Elle était en train de se laisser mourir. Ou tout du moins, dépérir. Il allait falloir au plus vite trouver se qui était en train de lui arriver.

La jeune femme releva doucement la tête dans sa direction afin qu'il puisse voir ses lèvres qui se mirent à nouveau à bouger en silence. Le jeune baron avait apprit depuis longtemps à comprendre se qu'elle tentait de lui dire. Et, mit à pars quelques petits problèmes, il comprenait se qu'elle lui disait. Elle lui demandait pardon. Pardon pour quoi? Qu'est-ce que c'était que cette histoire encore? Elle demandait sans doute pardon pour être tombé ainsi dans ses bras. Mais il n'y avait pas à le faire. Enfin, Agniezka était comme cela. Elle s'excusait souvent pour des choses toutes simples et tout bêtes.

Nane restait un peu à l'écart à les observer tranquillement avec un léger sourire qui flottait sur ses livres. Le maitre de ballet entra dans la pièce et les pria de prendre place pour la leçon.

Viktor prit la jeune femme contre lui comme lui indiquait de le faire le maitre de ballet.

La leçon commença alors. En réalité, Agniezka semblait déjà savoir danser. Sans doute même mieux que le baron. C'était comme si son corps se souvenait de reflexes et de choses qu'avaient oublié son esprit. La jeune femme paraissait plus détendue.

Mais à présent, c'était Viktor qui commençait à se poser des questions. Qu'est-ce qui arrivait à sa jeune fiancée?

En posant ses mains sur mes hanches Viktor put sentir comme une légère minceur. En plus de ce qu'il croyait être de la fatigue s'ajoutait un manque d'appétit qui me faisait maigrir doucement et lentement. Ce secret pesant me torturait l'esprit et faisait mourir mon corps à petit feu. Mais ce n'était pas le moment de penser à cela,l'heure était à la danse.
Malgré une légère faiblesse,je virevoltais. Nulle doute que je savais danser. Je m'en sortais mieux que Viktor qui semblait s'emmêler les pieds à chaque pas. Mais j'appréciais l'effort qu'il faisait car cela aurait pu être un autre cavalier qui m'aurait donné sa main le temps de ces leçons.

Mon corps indépendant de mon esprit réalisait avec une quasi perfection les mouvements que demandait le maitre de ballet. Comment se faisait il que je sache tout cela alors que je suis incapable de m'en souvenir. Peu à peu,on me sentait un peu plus détendue et un sourire se fit voir sur mes lèvres. J'étais heureuse d'être en sa compagnie. Cela eut pour effet, au moins un temps de me faire oublier et d'apaiser la douleur de mon âme.
La leçon était finie pour aujourd'hui. J'étais épuisée et un peu de sueur perla sur mon front et mon décolleté. Prenant place sur le canapé, Nane s'était absentée pour aller nous chercher de quoi nous rafraichir après pareille activité. Elle revint avec un plateau contenant du jus de fruit frais, des découpes de fruits et des petits gâteaux.

Les deux verres d'un jus d'orange provenant de l'orangeraie du jardin sentait délicieusement bon. Ayant un peu soif, je bus quelques gorgées avant de déposer le verre à moitié plein sur la table. Je n'arrivais pas à détacher mon regard de Viktor pourtant je n'arrivais pas à soutenir son regard. Cela lui mettait la puce à l'oreille.

Lorsque la leçon se termina enfin, Viktor et Agniezka sentait tout deux la sueur qui perlait légèrement sur leur front. Viktor l'épongea rapidement avant de gagner la fenêtre d'où il se prit à observer les jardins où les jardiniers taillaient en ce moment les haies fleuries. Agniezka quant à elle était allé s'étaler plus qu'elle ne s'était assise, sur le canapé. Nane revint avec un plateau sur lequel trônait des jus de fruits et la jeune femme ne se fit pas prier pour bondir sur la boisson.

Viktor regardait sa jeune fiancée du coin de l'oeil. Elle ne le quittait pas des yeux, pourtant était totalement inccapable de le regarder dans les yeux. Il y avait décidément quelque chose qui n'allait pas. Et même pas du tout et Viktor n'aimait pas cela.

Doucement, il s'approcha de la jeune femme et alla la prendre dans ses bras, caressant doucement ses cheveux.

« Qu'est-ce qui ne vas pas Agni? C'est le bal qui te met dans un état pareil, demanda-t-il après un moment de silence? »

Il continua à passer ses doigts dans les longs cheveux d'Agniezka.

« Tu sais, je n'ai pas encore informé la baronne que je viendrais accompagné. Tu n'es pas obligée de venir si cela te tracasse à ce point. »

Viktor était à la fenêtre mais voyant que quelque chose en moi n'allait pas, il s'avança et prit place sur le canapé. Me prenant dans ses bras, j'eus envie de pleurer quand il me demanda ce qui n'allait pas après être restés un moment enlacé alors qu'il caressait doucement mes cheveux bruns. Secouant la tête, je m'éloignai légèrement avant de lui répondre en épongeant la petite larme qui commençait à perler au coin de mon oeil gauche.

Non ce n'est rien. Je dors mal ces derniers temps à cause d'un cauchemar que je sens à chaque instant comme s'il me dévorait de l'intérieur. Je suis juste épuisée mais ce n'est rien. Je tiens plus que tout à vous accompagner à ce bal. Et ce sera un véritable plaisir que d'être en votre compagnie. Cela va passer alors ne vous inquiétez pas...Promettez le moi...

Mensonge ou vérité ? Les deux à la fois car l'acte qu'elle avait commis était devenu un cauchemar qui la hantait aussi bien le jour et la nuit. Mais elle était honnête et sincère quand elle lui dit d'être heureuse d'être sa compagne et cavalière pour cet événement.
Posant alors délicatement mes mains légèrement tremblantes sur son visage, j'avançais mon visage du sien lentement pour déposer un tendre baiser sur ses lèvres afin de le rassurer plus que des mots. Je l'aimais. Trop même...

Comment pouvais je lui cacher pareille chose. Pourtant, il le fallait du moins pour le moment. Je ne voulais qu'il annule le bal et qu'il se retrouve seul par ma faute,mon unique faute. Alors que mes lèvres se détachaient des siennes. Je ne pus m'empêcher de fondre en larmes.
J'étais odieuse... Après m'être laissée touchée par un autre homme que lui, je l'embrassais comme pour oublier comme pour me réveiller de ce rêve maudit qui me pour chasser sans fins.

Agniezka secoua la tête pour dire que non, mais elle n'allait pas bien. Pas bien du tout. La preuve, une petite larme commença à perler à son oeil gauche, puis, coulant le long de sa joue. Elle s'éloigna un peu afin qu'il puisse voir ses lèvres bouger silencieusement.

Le jeune homme ne comprit pas tout se qu'elle venait de lui dire. Il en saisit la plus grande partie, mais pas tout. Elle voulait aller au bal, se n'était pas cela qui la mettait dans un état pareil. Elle faisait des cauchemars. Voilà se qui la torturait. Des cauchemars qui la poursuivait même lorsqu'elle était éveillée. Quant au fait de ne pas s'inquiéter, il n'en était pas capable. Il s'inquiétait toujours pour Agniezka. C'était normal après tout.

S'il savait se qu'elle lui cachait. Si seulement il savait. Mais un peu aveuglé par son amour, il n'avait pas la moindre idée de se qui pouvait bien la déranger à ce point.

Viktor vrisonna sous la caresse de ses mains lorsqu'elle les posa sur son visage. Des mains un peu fébrile. Puis, elle approcha son visage afin d'y déposer un baisé. Un tendre baisé pour le rassurer. Elle allait bien. Cela aurait put fonctionner.

Oui, cela aurait put fonctionner si à ce moment là, elle n'avait pas fondu en larme.

Doucement, le baron l'attira contre lui et la berça doucement pour qu'elle se calme. Bon sang, mais qu'est-ce qui était en train de lui arriver?

« Chut Agniezka. Tout vas bien, lui murmura-t-il à l'oreille en essuyant les larmes qui coulaient abondamment sur les joues de sa fiancée. »

Alors que je venais de me reculer légèrement après ce doux baiser que je lui offrais, je me mis à fondre en une cascade de larmes. Viktor comme toujours protecteur envers moi, il m'attira contre lui et se mit à me bercer doucement, lentement. Il me chuchotait que tout allait bien alors qu'au contraire dans mon esprit rien n'allait bien.
Il essuyait mes larmes avec ses doigts mais au bout d'un moment épuisée par les torrents que j'avais versé je m'étais endormie contre lui. Aussi me soulevant délicatement sans m'éveiller, il me porta à ma suite et m'allongea sur mon lit me laissant aux bons soin de Nane.

Les jours suivants ne furent pas bien différents. Leçons de danse le matin, isolement volontaire de ma part l'après midi. Nane qui devait me trouver des tenues de bal dut se dérouiller seule mais je pouvais lui faire confiance. Il y avait une certaine distance que j'essayais de mettre volontairement entre Viktor et moi même comme pour me punir de mes actes.
Finalement, le jour du départ était arrivé. Les malles étaient chargées à l'arrière et sur le toit du carrosse. Nous montâmes dans la voiture tous trois. Nane nous accompagnait, ou plutôt devait veiller sur moi comme le souhaitait le baron. Les gardes de la bibliothèque nous entouraient durant le voyage. Contrairement à certains nobles, nous avions fait le choix de voyager léger et non avec un faste excessif comme certains nobles. Le baron de Missède était un homme discret en règle générale.

Nous voilà partis pour Ysari... Mon coeur était toujours aussi lourd, mon esprit tourmenté et mon corps un peu plus amaigri...

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