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 Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire

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Aetius d'Ivrey
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MessageSujet: Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire   Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire I_icon_minitimeMar 17 Aoû 2010 - 14:36

Le camp avait été défait avec une lenteur qui tenait de la mauvaise foi. Les hommes se plaisaient dans le petit bourg aux frais duquel ils vivaient. Les femmes, bien qu’effarouchées, commençaient à lancer des sourires d’une hypocrite timidité, ces sourires qui caractérisaient la ribaude qui voulait chercher un peu d’aventure dans les bras d’un soldat étranger plutôt qu’avec son cousin et qui se découvrait, en ce début d’été, un temple caché qu’elle aurait bien voulu qu’on découvre. Et oui, tout comme les autres animaux, la gueusaille restait attachée à des instincts très ancrés, ce naturel qui revenait au galop quand l’été pointait le bout de son nez. L’envie de frissonner grâce à quelques œillades, juste pour se rafraîchir sous cette canicule, venaitt titiller les chastes robes des locales. Certes, Oësgard n’était pas reconnue pour son ouverture sur les choses d’ailleurs, et encore moins réputée pour l’ouverture des cuisses des ses callipyges donzelles sur les choses de l’en dedans. Elles étaient farouches, dit-on, comme les Kerkands qui peuplaient l’Uberwald.

Mais là n’est pas la question ! Les hommes ne voulaient pas partir, et Aetius, jeune homme impatient et à l’exaltation facile, ne rêvait que de filer au triple galop vers la tanière que lui avait décemment vendu un ancien de la Sorgne, semblait-il, un certain Tombétoile, pseudonyme qui sonnait aussi faux que l’Ivrey, mais qui sait, le hasard est parfois grossier et souvent il faut préférer un pseudonyme qu’une atroce révélation. On avait donc ce tableau suivant. Aetius, à la tête d’une poignée de chevaliers et accompagné par maître Tombétoile, monté, harnaché, rasé et piaffant comme son canasson, qui ne pouvait s’empêcher de mimer l’énervement enthousiaste de son homme. Les nains traînaient du pied, se remettant de leur fête d’adieu de la veille, tandis que les coupables de quelques crimes perpétrés hier sous l’influence de la dive bouteille s’empressaient de ranger bagages, provisions et mauvaises conscience au fond d’une besace. Et puis enfin, enfin ! Ca bougeait bon sang. Les Cinq lui en étaient témoins, il avait su rester calme, se permettant uniquement quelques regards assassins à des nains peu impressionnés par les remontrances (fort déplacés pour un nain en garnison dans un village où il y avait assez de bière pour au moins quelques jours forcé à l’exil).

Et puis la troupe mercenaire se mut de nouveau, et le cœur d’Aetius sembla faire un bond suicidaire contre la cage thoracique de ce dernier, qui n’en pouvait plus d’attendre et rêvait déjà de voir ceint autour de sa taille le fameux baudrier d’argent. Tout le reste n’était qu’une formalité. Les journées de voyage, la bataille, le village en flamme. Peu d’importance pour l’insouciant gandin, même la lettre du régent d’Oësgard ne lui avait provoqué qu’un petit « Ah » indifférent. Il partait en mission, une mission sacrée. Récupérer un artefact de chevalerie, cet étrange morceau plaqué d’argent d’un homme qui avait été assez fou pour se proclamer roi d’Oësgard l’Assiégée. Cette effervescence rendait, bien étrangement, le jeune chevalier aimable et prolixe. Au début du voyage, il parlait avec volubilité à Tombétoile, riait avec le reste des chevaliers, aida même à soulever puis tuer l’un des chevaux blessés sur les routes accidentées qu’ils parcouraient. Bien sûr, le morne du voyage finit bien par affaiblir (un peu, tout du moins) cette jovialité naïve qui en devenait agaçante, mais les gens qui l’avaient connu avant et après la guerre civile auraient un cri de joie s’ils le voyaient avec cet entrain d’enfant et sans ce voile de tristesse et de douce folie qui rendaient le bleu de son regard si pénétrant, si indisposant.
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Cyric
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MessageSujet: Re: Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire   Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire I_icon_minitimeMar 17 Aoû 2010 - 23:12

Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire Ashgan
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Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire Barre10copia

    Son épaisse crinière de jais au vent, un sourire triomphant pendu au bout des lèvres, Cyric observait des paysages familiers défiler par le trot retenu de son destrier. Monter un cheval scellé était un véritable plaisir, pensa-t-il.

    Plus tôt dans la journée, on l’avait autorisé à s’équiper selon son bon vouloir. L’on avait même apporté une cruche d’eau plus cristalline que toutes celles venues rafraichir son gosier depuis belle lurette, ainsi qu’un récipient. Raviver la peau craquelée de son faciès fut une véritable bénédiction. La fraîcheur qui infesta ses pores sembla lui conférer un regain de vitalité, trop longtemps diminuée suite à son errance prolongée. Un fourreau et son épée, de facture moyenne mais fiable, venaient à nouveau battre son flanc. On lui fournit également de nouvelles bottes, ramassées sur le cadavre pourrissant d’un soldat. Au moins celles-ci n’étaient pas trouées.

    Il caressa distraitement sa cotte de maille légère, camouflée sous une chemise en toile et son gilet de cuir.
    «En conservant une allure respectable, on devrait pas mirer notre destination avant le zénith de demain.» Ces paroles égarées étaient à l’adresse de qui bon voulait les entendre. Depuis que la compagnie avait levé le camp, Cyric ne parlait que pour répondre aux badineries du chevalier allègre. Cette courtoisie ne plaisait guère au maraud qui, quand il n’avait rien à dire, se taisait. Il essayait d’imaginer quel genre d’éducation avait suivi cet Aetius. Son visage lisse trahissait sa jeunesse, et pourtant ses manières dépassaient le Walfen. Notre maraudeur se doutait qu’il y avait une explication dans chaque geste mesuré du noble éphèbe. Il parvenait à se faire comprendre par ses hommes, tout en sachant jouer avec les mots lorsque la situation s’y prêtait. Depuis toujours, la Noblesse de Sang s’était faîte l’ennemi du brigand, bien malheureux de ne pouvoir que rêver de la Noblesse d’Esprit. L’Ivrey était intriguant, il n’avait peut-être pas vu passer beaucoup d’hivers, et son enthousiasme impromptu accusait la naïveté qui ne se dressait qu’avec les années. Mais Cyric le percevait comme un jeune chevalier se levant avec un honneur, un code aussi strict que vertueux à respecter, et se couchait l’âme en paix, la dignité sauvegardée. Un sourire narquois remplaça le béat. Ces -idées pour paumés- ne le mèneraient nulle part.
    Mais pire que les drogues, des pensées enracinées au plus profond d’une conscience germent à ne plus pouvoir s’en dépêtrer.
    Alors, lorsque le meneur des troupes fut quelque peu isolé en avant, Cyric força la cadence avec trois talonnades successives dans le fanal de sa jument. Son étrier vint volontairement effeuiller celui de l'Ivrey.
    «Comme les dieux étaient cléments, les vents endormis et le chemin long, je me disais que, peut-être, vous accepteriez un de mes jeux favoris ?»
    Il sourit, une innocence feinte dans le regard.
    «Les règles sont simples, j’vous pose une question, vous donnez une réponse. Puis on inverse les rôles, et ainsi de suite.» La délicatesse et les formulations ne faisaient jamais les affaires de Cyric, qui en ressortait très souvent perdant. «Un exemple : Pourquoi vous avez choisi de faire ça ? Il fit un geste vague de la main en direction du néant. La chevalerie et tous ses trucs.»
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MessageSujet: Re: Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire   Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire I_icon_minitimeMer 18 Aoû 2010 - 20:03

Et tout allait bien dans le meilleur des mondes. On continuait ainsi notre route avec un chevalier toujours aussi idiotement joyeux et ces mercenaires qui se mouvaient derrière la maigre cavalerie. Ces derniers, petits et robustes, avançaient avec une régularité et une volonté que l’on connaît avec peu de soldats. En effet, la marche forcée semblait être de mise dans les compagnies naines, de telle sorte que lors des guerres (ou plutôt escarmouches) qu’il y avait pu avoir entre les nations des nains et des humains, ces derniers étaient souvent pris de vitesse par les troupes ennemies, lourdement armées et chargées, mais avec une discipline d’acier. Cela s’en ressentait dans les rangs de la compagnie de mercenaire du chevalier qu’était l’Ivrey. Les hommes, peu nombreux, qui l’accompagnaient, s’étaient d’ailleurs plaints de ce rythme infernal, mais s’y firent bientôt.

Mais sortons de ces considérations stratégiques pour revenir à nos landes désertes et nos villages désertées, ainsi qu’à la tête de la troupe, la cavalerie. Cyric était peu enjoué face à l’entrain de son compagnon, souvent taciturne. Il devait sûrement réfléchir au plan qu’il se gardait bien d’expliquer au capitaine de ses étrangers routiers, voire commencer à douter sur l’intérêt de sa traîtrise. Ces considérations dépassaient complètement le jeune chevalier, qui se contentait d’avancer, heureux de l’entrain systématique de sa troupe. Et puis Cyric lui adressa autre chose qu’une phrase monosyllabique. Il lui parlait d’un jeu. Un jeu de voyage qu’il appréciait. Se questionner les uns les autres sur quelques points. L’Ivrey accepta avec plaisir.

« Pourquoi vous avez décidé de faire ça ? La chevalerie et tous ces trucs. » Une interrogation qui refroidit bien vite le prince du sang et le plongea un instant dans un mutisme sinistre. Il fallait bien avouer que la jeunesse de l’Ivrey n’avait pas été rose, comme le fut d’ailleurs son enfance et sa naissance, bien que personne ne l’eût interrogé auparavant sur ces questions et qu’il se taisait souvent là-dessus. Bâtard de naissance, il n’avait eu que peu de considération de la part de son père, qui était pourtant père de nombreux enfants légitimes avec lesquels il passait tout son temps. Bien qu’assez indifférent à son fils naturel, il avait cependant décidé de lui offrir une place dans l’un des temples de son fief, aussi Aetius avait-il envoyé dans un sanctuaire pour devenir un prêtre. Mais c’était sans compter sur la fougue de l’enfant et de sa volonté d’attirer un seul moment l’attention de son paternel.

« Je crois que je l’ai fait pour mon père… finit-il par chuchoter, à présent immobile et maussade sur sa scelle. Et toi ? Pourquoi avoir choisi cette vie ? Une existence honnête ne t’aurait pas plu ? »
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MessageSujet: Re: Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire   Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire I_icon_minitimeJeu 19 Aoû 2010 - 1:19

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    Le rire franc de Cyric perça avec peine la musique des sabots martelant la terre oesgardienne. L’allure de leurs chevaux s’était faite plus soutenue sans que les deux cavaliers n’y prêtent plus attention. Les montures avaient-elles senti leur besoin de marquer le pas entre eux et la compagnie qui trottait en aval?
    La réponse d’Aetius avait d’abord suscité une certaine surprise chez notre ribaud. Les manières de l’Ivrey embrumaient une fois encore l’esprit peu affiné du Walfen. Sa méfiance n’avait d’égal que son ignorance, grande sur moult sujets. Il avait été bien trop sournois pour accepter comme véridique de telles paroles, même lorsqu’elles mettaient en jeu de si personnels propos que ceux concernant la famille. Cyric se disait avoir menti pour tout et sur tout. Alors, lorsque le tour des réponses vint à lui, le brigand hésita longuement après bonne esclaffade.
    « Je suis né esclave, Aetius. » Son regard dur plongea dans celui translucide.  « Je n’vous crois pas assez idiot pour devoir m’expliquer quant aux facilités que certains ont, et d’autres non, quant à mener une existence… honnête. »
    Cyric posa de nouveau son regard sur l’horizon.
    « J’ai fait ce que j’estimais être le plus honorable avec le peu qu’on me donnait. Je ne regrette rien. »  Fanfaronnades.
    « Si l’on vous donnait comme bouclier la misère, et rage pour épée, qu’auriez-vous fait ? » Attendait-il réellement une réponse de la part du seigneur ? Ou le maraud s'amusait-il à réciter tirades sans avoir appris à lire?
    « Oui. J’aimerais faire le bien. Mais je ne suis qu’un pauvre mécréant, et non un chevalier. » Il sourit, feintant avec brio un regard désabusé. Sans doute l'était-il, un peu.
    « Vous ne m’avez pas vraiment répondu précédemment. Ma deuxième question serait plutôt une demande d’explication. » Il dégaina sa lame en un éclair, et tapa du plat contre le fourreau d’Aetius. « Pourquoi chevalier ?»

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MessageSujet: Re: Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire   Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire I_icon_minitimeSam 21 Aoû 2010 - 15:52

Aetius, que ce bref reflux de souvenirs douloureux avait rendu moins jovial, plus alerte, perçut dans toute son ampleur l’intensité du rire que dégageait la gorge de son compagnon. Cette question était peut-être dérangeante pour l’ancien Scionneur de Pain Rouge, qui sait ? En tout cas, le chevalier écouta avec la plus grande attention la réponse de Tombétoile, autant pour ne pas se laisser à rêvasser d’anciens moments qu’il ne voulait pas réveiller mais également parce que cette attention nouvelle éveillait en lui un intérêt soudain pour le bougre. Le capitaine avait beau côtoyés d’anciens routiers et déserteurs, il ne s’était jamais vraiment pris à les considérer sous un angle autre que celui de guerriers, de chiens, une fois sans main pour les corriger et les guider, qui reprenaient tout ce qu’ils pouvaient avoir de primitifs. Ainsi, l’interrogation réciproque auxquels les deux jeunes gens se livraient intéressait vivement Aetius, et plus vivement encore lorsque ce dernier entendit la réponse que lui fit le sicaire nordique.

Les histoires de contraintes qu’Ashgan débitait laissaient le jeune homme sceptique. Ce dernier, relativement emprunt de l’idéologie du Choix de la déesse, bien que pervertie par tout ce que la culture féodale avait pu inséminer dans ce dogme qui se voulait, au début, très universel. Pour lui, ce jeune noble, le Choix signifiait beaucoup de choses et notamment le fait que la roture, sous la protection bienveillante des hommes d’armes et des dieux, avait le Choix entre le mal et le bien. Bien sûr, c’était une vision du monde tout à fait naïve et tout à fait sotte, mais elle justifiait la division de la société entre ses trois grands ordres et frappait d’anathème les hommes qui s’y opposaient voire ne s’y intégraient pas. Ainsi, les malheureux qui n’avaient eu d’autres choix que de voler leur pain étaient considérés par la loi du siècle comme un homme ayant opté pour le Choix du mal, donc un criminel et homme qui se détournait du précepte de la déesse, dont la société féodale se prétendait être l’illustration profane. Voilà pourquoi la jeune Ivraie, qui était pourtant une âme généreuse et haute, ne pouvait que rester sceptique à ces histoires de nécessité matérielle qui contraignait le chaland à faire le crime plutôt que le travail honnête.

La balle avait été relancée par Cyric, et elle était à présent dans le camp du jeune régent. Pourquoi chevalier ? La question était des plus extravagantes ! Existait-il une seule chose que les poèmes louaient avec plus de ferveur ? Une profession qui apportait plus de gloire et d’honneurs ? Quel enfant n’avait pas rêvé de monter les plus beaux chevaux, de combattre avec les meilleurs épées, couverts des étoffes les plus riches ? La chevalerie avait été, des siècles durant, mêlée à la noblesse du pays, qui se caractérisait à présent par ce trait. Le noble était chevalier, un homme d’armes qui combattait pour l’honneur de sa maison. Aussi, quel meilleur moyen de se faire remarquer par son père ? Quelle façon plus brillante d’amener la gloire sur sa noble maison qui l’avait rejeté ? Inlassablement, le fils prodigue revient, mais s’il est pauvre d’or, il essaye toujours d’être prisé par sa famille qui, entendant parler de ses succès lointains, veut que l’enfant revienne auprès des siens. Chevalier était donc la seule façon de se faire accepter auprès de son père, de montrer sa valeur et le rendre fier. Triste manœuvre, pour sûr inconsciente, de la part d’Aetius, mais qui avait tracé toute la route qu’il avait suivi depuis l’enfance. Ainsi, incapable de comprendre ces tropismes qui le faisait avancer, Aetius répondit le plus simplement du monde à la question d’Ashgan.

« Naguère, j’ai vécu au monastère. Il faut connaître l’obscurité des Temples pour jouir le plus possible de la lumière qui éblouit le chevalier. J’ai suivi les enseignements de la déesse, et j’ai fait mon Choix. Je préférais vivre dans ce monde plutôt que d’attendre, reclus, l’autre. » La réponse, plus longue, n’en était pas moins sibylline.

« Qu’étaient vos parents, qu’est-ce qui vous a donc motivé à embrasser la Peygre ? » fut la seconde question du chevalier, qui avait pourtant été intrigué par cette existence de pauvreté bientôt mu en vie de lascar qu’avait enduré son compagnon.



[Même pas peur. è_é]
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Cyric
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MessageSujet: Re: Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire   Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire I_icon_minitimeMar 24 Aoû 2010 - 22:07

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    Sa langue de fer mordait avec force dans les hautes herbes qui bordaient le sentier. Dansant au rythme du trot qu’avait adopté le mal tombé canasson, Cyric jouait de sa lame émoussée. Le ribaud tranchait les jonquilles aux longs cous, il fendait cette verdure machinalement, l’esprit tout tendu vers les élocutions alambiquées de l’Ivrey.
    Les épigrammes du chevalier se jouaient une fois encore du manque d’éducation dont souffrait le maraud. Il fronça les sourcils, non content d’appréhender le moindre bavardage auquel se livrait Aetius. Sa lutte pour extirper la plus petite confidence ne lui rendait aucune grâce. L’enfant sauvage ne savait que faire de ce qu’il ne comprenait. Il y avait une histoire d’ombre et de lumière dans ses dires. Le pimpant héros prétendait avoir fait son choix. Ainsi, la Chevalerie brandissait  le fleuron chatoyant du Bien. Enfin, le Walfen en avait résumé ainsi. Un sourire narquois se peignit.
     
    Un sapient oesgardien dit un jour -L’on déduit aisément ce que l’on désire d’un babillage, lorsqu’on ne saisit rien de ce même jabotage-
     
    Notre situation semblait donner raison au bougre. Aetius venait de rendre vie aux songeries romanesques que Cyric se faisait du chevalier et sa destinée. Le ribaud raviva les temps où certains l’acclamaient -Souteneur des petites gens-. Agir, sous des vertus respectées et l’œil bienveillant de l’astre brasillant, devait être aussi jubilatoire que sous le nom répugné de nuisance et l’ombre inquiétante de murailles étouffantes.      
    Réconforté par ses syllogismes abracadabrants, il poursuivit cette badinerie enrichissante d’un ton calme. « Mes géniteurs étaient d’humbles commerçants. Ils sont morts à Pranfeu, lors d’une épidémie dévastatrice : la Surine. » Les ragots colportaient bon nombre de galéjades à ce sujet. La moins saugrenue d’entre elles accusait l’âge. Les onze ou douze ans dépassés, la Surine annonçait une mort épouvantable. « Les enfants du village devinrent orphelins. Je n’ai pas échappé à la règle. » Ses prunelles s’empourprèrent  de flammes, comme pour imager un souvenir douloureux. Ou peut-être n’était-ce qu’un reflet de l’hélianthe magistral. « Des soldats furent entre temps dépêchés par la Citadelle afin d’éviter que les choses ne s’enveniment. Ces putes dégarnies étaient chargées de flécher quiconque osait sortir du village. Cinq lunes défilèrent avant que les cris ne s’éteignent. Ce fut ensuite au tour des esclavagistes d’embrasser la scène. » Le moulinet du maraudeur abattait toujours plus violemment ses crocs sur les vagues herbeuses. « Des paquets de gamins furent vendus pour une bonne somme en pièces d’argent, et plus encore pour acheter la discrétion des gardes. Tout le monde était gagnant. » Les braves se voyaient soulagés d’un fardeau contre quelques bouts de métaux fortement appréciés sur la Péninsule. La belle affaire ! « Je pointais juste sur mes sept hivers. »
    Cyric se mordit le dard, admonestant sa jacasserie trop peu timorée. Désireux d’en apprendre autant qu’il venait de l’illustrer, il se permit un sourire carnassier en direction de l’Ivrey. « Voyez ? C’est c’que j’appelle une réponse claire à une question claire. »  Pourtant, le ribaud sembla oublier la seconde interrogation. Par les Cinq non ! Ce n’était pas une amnésie volontaire, mais une simple rigueur quant aux respects des règles du jeu…
    « Qui sont vos parents ? » Connaître l’ascendance d’un sang-bleu, c’était ouvrir le recueil de ses confessions sur les lignes transcrivant son âge tendre.

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Aetius d'Ivrey
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MessageSujet: Re: Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire   Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire I_icon_minitimeMer 25 Aoû 2010 - 18:44

La Surine ? Il avait déjà entendu des rumeurs sur cette triste maladie. Moins virulente que la peste, l’épidémie restait un fléau auquel on n’échappait guère souvent si on se trouvait dans un lieu accueillant ce monstre affamé. Il n’avait cependant jamais entendu parler des enfants qui lui survivaient, croyant depuis toujours que Cinq décidaient de qui mourraient et de qui en réchappaient. Il fallait bien avouer que malgré son éducation ‘monastique’, les cours traitant des maladies ne l’avaient jamais vraiment captivé et qu’il avait peaufiné ses connaissances sur celles-ci auprès des chevaliers rassemblés autour d’un feu de camp. Ici aussi, les fables prenaient le pas sur un discours froidement scientifique.

Il se rappelait des contes dont on l’avait nourri sur cette pandémie, dont plusieurs chevaliers prétendaient en être réchappés, sous-entendant souvent qu’il avait été digne de la grâce divine, qui avait jugé bon de l’épargner. C’était bien sûr des hâbleries effroyablement fausses, mais il était jeune et, comme de nombreux chevaliers, assez superstitieux ou assez bête pour gober toutes ces rodomontades. Et tandis que flottaient ses souvenirs au creux de son crâne (non moins creux), le Scionneur de Pain Rouge décida d’en faire remonter d’autres. A son tour, il l’interrogeait sur sa maisonnée, sur ses parents et son sang. A cette question, Aetius eut un mouvement vers son petit collier et sa main saisit instinctivement la petite poche de cuir scellée qui y était rattaché, la compressant sous ses doigts longs et nerveux. Inspirant profondément, il se permit un temps de flottement puis dit avec difficulté.

« Ma mère est… Aliénor Fiiram, sœur du roi des Hommes Gorman Fiiram deDiantra. Elle est beaucoup plus jeune que lui, et sûrement plus insouciante. Elle a rencontré un grand seigneur de la Péninsule et elle a succombé à ses charmes, s’unissant dans le secret et me donnant naissance des mois plus tard. Après cet esclandre, elle fut contrainte de rejoindre un sanctuaire. Je ne l’ai vu que trop peu. Quant à mon père, j’ignore qui il est. »

Bien sûr, c’était un mensonge, mais Aetius semblait être des plus réticents à parler de son géniteur. Cela avait sûrement un rapport avec le collier en cuir qu’il continuait à maintenir dans la paume de sa main. Et tandis qu’ils parlaient, les deux cavaliers furent de plus en plus proches d’un bois oësgardien, et lorsqu’Aetius eut fini sa tirade, ils se trouvaient tous deux à l’orée de cette forêt.
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Cyric
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MessageSujet: Re: Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire   Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire I_icon_minitimeMer 25 Aoû 2010 - 20:48

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    Alors que l’heure était aux confessions les plus intimes, notre maraudeur ne pu réprimer un haussement de sourcils. Que les Cinq lui pissent au front ! Cet Aetius n’avait pas menti lorsqu’il s’était vanté regorger de sang princier. Cyric se dressa un peu mieux sur sa scelle. Ses lèvres se muèrent fine ligne, emprunte d’une satisfaction non feinte. L’enfant voleur de poules cavalcadait désormais aux côtés d’un non moins prétendant au trône des Hommes. Il aurait souhaité rire aux éclats. Crier l’ironie de la situation à travers champs et bois. Mais le ribaud se contenta d’ouïr attentivement les révélations de l’Ivrey.
    Ses manies sournoises d'ancien Sicaire savaient épier ce qu’il fallait. Il rageait de ne pas avoir ouvert cette mystérieuse poche lorsqu’il l'eut en sa possession, tentant en vain de raviver son toucher. Briser ces coutures l’auraient sans doute mené ailleurs que sur ce sentier. La fosse commune ? Peut-être. Mais Cyric appréciait cultiver les secrets, et non pas récolter la curiosité maladive.
    Des drôles d’oiseaux, le ribaud en avait croisé quelques uns. L’on disait d’ailleurs de lui qu’il en était un très beau spécimen. Ce à quoi il ripostait d’un molleton craché ou d’une cinglante tannée, selon l’humeur. Mais jamais notre maraud ne pu mirer pareil pendentif autour d’un cou noble. Les supputations se multiplièrent au creux de sa cervelle, tandis qu’ils poursuivaient leur avancée.
     
    Une ombre grandissante vint l’extirper à ses spéculations. Levant les yeux en direction des hautes cimes, il tendit son bras, la paume ouverte, afin de couper l’avancée du chevalier. « Nous sommes arrivés. » Le ton était grave, l’intonation très faible.
    L’Ivrey stoppa le reste de la compagnie, puis s’approcha du Walfen. « A partir de maintenant, les hommes devront marcher aux côtés des bêtes. » Comme pour répondre au regard interrogateur d’Aetius, il rajouta « La forêt est surveillée. »
    Aux aventures passées plein cœur de ces vallées, l’ancien Sicaire pouvait affirmer que des rôdeurs arpentaient les bordures opposées du bosquet. « Saint-Ripolin se trouve de l’autre côté. Les Traquenards étouffent le village en son sein, et s’étendent tout autour. » Les Traquenards, ainsi les autochtones nommaient-ils ces sylves infestés de pièges en tout genre. Un chemin sécurisé existait bien, mais le Walfen l’emprunta trop longtemps auparavant pour parvenir à s’en souvenir. Il revoyait péniblement des visages balafrés sur fond verdâtre. Sans doute l’escorte de truands, alors censé l’éconduire vivant jusqu’au village. Il jura à mi-voix. Cette traversée là risquait de lui en montrer des pas mûrs. « Choisissez une poignée d’hommes, les autres devront prendre leur mal en patience et priez pour nous. » Cyric fit tournoyer sa lame, cercle argentin dévorant les airs. « On va devoir frayer un sentier sans danger pour les autres. Ainsi nous éviterons d’effrayer les chevaux et esquiverons l’attention des guetteurs. » Sourire cynique, sinon nerveux. «Croyez-moi, elle n’est pas désirable.» Pour ne pas entacher ses habitudes, le maraudeur rajouta  un «Serez-vous de la ballade messire? » Sarcasme dans la parole.
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Aetius d'Ivrey
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MessageSujet: Re: Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire   Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire I_icon_minitimeSam 28 Aoû 2010 - 1:07

Si Aetius était à l’aise de se rendre au combat ? Oui. S’il était soucieux de s’enfoncer dans une forêt dont il ne connaissait rien, truffé de pièges ? Oui. Et l’attitude de son compagnon de route ne lui disait rien qui vaille non plus. Les bardes chantèrent pourtant avec force mensonges l’aventure du comte dans la forêt de Saint-Repoli (c’est ainsi qu’on le retiendrait, dans le sud). Les chantres expliquaient que les Cinq, cléments, comme toujours, avaient fait tomber sur le soleil un voile épais, transformant le jour en nuit. Ainsi protégé par les divinités, les fiers chevaliers avaient donc chargés dans la forêt, tuant beaucoup de brigands (mille, selon le plus mielleux des chansonniers des cours). Et pendant plusieurs années, la mode était de rajouter son quatrain au poème du Bois de Malenuit. Peu à peu, ce modeste poème de cents vers étaient devenu une institution atteignant facilement trois mille vers. Chaque région faisait apparaître un chevalier qui était né deux générations avant Aetius ou une génération après. On y allait de son relent d’opportunisme, ajoutant çà un de ses mécènes, caricaturant là un ennemi. Il n’était pas une aberration qui ne fut épargné dans ce malheureux poème, si bien qu’à la fin, Cyric ne s’appelait plus ainsi, mais Messer Ryc d’Alonna, fier chevalier errant que le comte Aetius avait connu des années plus tôt lorsqu’ils combattaient les drows dans le Puy même. Ainsi, messer Ryc, qui connaissait la forêt et qui était ancien écuyer d’Herménégildoricius de Tourmalin, avait massé une puissante troupe de chevaliers, bientôt rejoint par une non moins puissante armée d’Aetius, surnommé le Vrai ( ?). S’abattant sur les hordes ennemies, ils terrassèrent au minimum une douzaine de chevaliers ennemis, et dans cet imbroglio se mélangeaient états d’âme, discours à n’en plus finir, traîtrise et duel.

La réalité était, bien sûr, tout autre. Aetius, qui avait préféré s’acoquiner avec la racaille naine, leur avait offert la préférence. Ces petits êtres avaient un avantage certain par rapport aux humains, du fait de leur taille et de leur quasi nyctalopie. Quelques brigands oësgardiens qui avaient rejoint la compagnie d’Aetius étaient également au côté d’Aetius et de Cyric. Le prince du sang était bien sûr venu, presque vexé par la pique de son compagnon de la Peygre, et sûrement motivé par cette dernière également. Ainsi, ils s’étaient enfoncés dans cette tanière verdâtre, suivant, bien malgré eux ? ce brave Cyric. Une poignée d’hommes étaient tombés dans des pièges aussi simples que sinistres, et une poignée de sentinelles avaient été envoyée ad patres grâce à la précision diabolique des arbalétriers nains, qui opéraient avec une main sure.
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MessageSujet: Re: Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire   Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire I_icon_minitimeSam 28 Aoû 2010 - 14:33

Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire Ashgan
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Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire Barre10copia

    Le reste de la Compagnie venait juste de disparaître derrière un virage lorsque les premiers cris percèrent le murmure des bois.
    La floraison y était dense et plus verte que l’éclat d’une émeraude. L’humidité se faisait lourde et oppressante parmi l’enchevêtrement biscornu de tous ces arbres. Ces derniers étaient assez gargantuesques pour gober toute brillance, ne laissant aux malheureux qu’une obscurité assez profonde pour éveiller Dame Angoisse au creux de leurs estomacs.

    Cyric ouvrait la marche, l’œil dansant et la lame affutée. Pourtant, il ne pu refouler un sursaut lorsque des hurlements poignants brisèrent l’accablant silence. Un des nains détachés par Aetius se tordait de douleur, empalé sur une branche acérée venue à sa rencontre par le déclenchement d’un vil mécanisme. La ribaud grogna, ce piège imageait parfaitement quels dangers les guettaient. Les Traquenards en étaient infestés. Il fallait agir, vite. Rebroussant chemin, l’assassin parvint jusqu’au nain et lui trancha la gorge. Son geste avait été rapide, sans fioriture ni hésitation. Des regards atterrés, figés par l’incompréhension, se posèrent tout autour de lui. Cyric n’y prêta aucune attention, s’approchant alors de l’Ivrey l’air mauvais. Celui-ci parut suspicieux du début jusqu’à la fin des explications de notre maraud. Puis il finit par hocher la tête, la mine sombre mais déterminée. Tout le monde se mit à couvert dans les arbres, les arcs sortis et les flèches encochées. D’interminables minutes s’écoulèrent avant qu’une ombre ne vienne rôder autour du cadavre, encore chaud, qui gisait plus bas. L’inconnu fit quelques signes, et un deuxième fantôme sortit des fourrées. Le premier était agenouillé près du nain aux deux sourires, lorsqu’il se rendit compte de son erreur. Un feuillage fut traversé par de légers sifflements, rapidement suivi d’une volée de flèches. Des -ARGHHH- grondés leur furent répondu, puis deux rôdeurs s’effondrèrent.

    Le reste de l’errance s’exécuta selon ce même principe. Des hommes tombaient sous des embûches toujours plus vicieuses, l’on mettait fin aux souffrances du bougre, puis l’on attendait, caché dans le maquis, que d’autres guetteurs pointent le bout de leurs sales petites gueules. Toutefois, la main de Tyra avait su se montrer clémente en quelques circonstances. Ainsi, certains parvinrent à esquiver des fossés diaboliquement camouflés, d’autres parèrent espiègleries mortifères. Le prince avait su dévier un javelot de frondaison filant plein cœur du Walfen. Au bout du compte, seuls l’Ivrey, notre voleur et un certains Belfor percèrent les ultimes branchages qui brouillaient la vue de Saint Ripolin.
    Les trois compères se plurent à souffler brefs jurons, dépourvus de vers et emphases que les bardes s’empresseraient d’ajouter, bien des lunes plus tard. Nulle beauté ne venait éblouir leurs yeux, injectés d’un sang tumulté par la peur et l’anxiété. Mais voir l’hameau semblait donner raison aux morts qu’ils avaient dû laisser derrière eux.
    L’astre bienveillant était sur le déclin, lorsque tout fut prêt et les troupes en position. D’épais nuages écarlates se faisaient paupière d’un pupille toute aussi cramoisie.
    Les sentinelles défuntes furent remplacées par des mercenaires d’Aetius, habillés avec les haillons de ceux-ci. Il s’agissait désormais d’entrer Saint Ripolin sous le couvert de l’anonymat. Cyric avait longuement cogité sur le problème. Une charrette égarée, transportant des litres de vin bon marché, saurait trouver sa place au sein de la tanière.
    Cyric enfonça un peu mieux le chapeau sur son crâne. Quatre archers, aux allures de gueux admirablement imitées, encadraient la chariote, dirigée par l’Ivrey et l’ancien Sicaire. Les deux arboraient des vêtements qu’on prêtait habituellement aux marchands modestes. Au loin, Cyric pouvait voir des vigies aboyer leur arrivée anormale. Il se tourna vers Aetius, un sourire carnassier sous le nez. « A vous de jouer mon ami. Souvenez-vous, pas de vague. Prenez un accent arétrian et paraissez aussi chamboulé qu’en colère. N’omettez pas le corps.» Il tapa sur le dos du cadavre.
    Les dés allaient quitter leur gobelet. La partie commençait.
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MessageSujet: Re: Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire   Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire I_icon_minitimeSam 28 Aoû 2010 - 16:54

[Désolé Cyric. é_è]

La encore, les créations des trouvères ont vite noyé les quelques faits réels que les moines avaient relaté sur cette bataille de Saint-Ripolin. Au fil des ans, le bourg tranquille était devenu la plus inexpugnables des citadelles, les fieffés peygrieux des chevaliers traîtres à Aetius et Messer Ryc, le chariot de vin toute une caravane prise par les armées de nos deux héros. Les bardes chantaient que les deux hommes, aussi rusés que braves (or ils étaient très braves !), avaient décidé de vider les tonnelets de vinasse oësgardienne lors d’une grande libation faite aux dieux pour ensuite les remplir d’hommes en armes, alertes et dangereux. Les hommes de la forteresse de Saint Ripolin, assoiffés comme tous bons soldats, auraient naturellement fait entrer le convoi au sein de leur bastion, mais tandis qu’ils s’apprêtaient à rassasier leur soif intarissable, c’est leur sang qui aurait coulé à flot, nourrissant le sol de terre battue devenue, tout au long du combat, un vaste marécage rougeâtre.

La vérité est tout autre, mais peu la connaissent, et moi-même je dois sacrifier un peu d’exactitude à la romance, sinon, ça serait pas vendeur. Ainsi donc, Aetius, déguisé en paysan cherchant de l’or contre du vin, avait, fatalement, échoué dans sa tentative. Son accent arétrian, il est vrai, était des plus caricatural, et les hommes finirent par flairer l’embuche. Le jeune chevalier, nerveux dans de tel cas, finit par laisser son instinct de chevalier prendre le dessus, et sans plus attendre, il cria « A MOI MES HOMMES » et versa le premier sang. Les nuages n’en finissaient pas de rougir tandis que sa compagnie, embusquée dans les fourrées denses de la sombre forêt bordant Saint-Ripolin, ne fonça sus à l’ennemi. Hélas, l’infiltration avait échoué, mais Aetius comptait bien vaincre grâce à la surprise et au nombre, qui déjà déferlait sur le village.
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MessageSujet: Re: Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire   Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire I_icon_minitimeDim 29 Aoû 2010 - 0:43

Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire Ashgan
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Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire Barre10copia

    Il sentit la peur s’emparer de l’Ivrey. Lentement, ce mal rongeait la moindre parcelle d’esprit que tentait de rassembler le pauvre chevalier. Ce dernier était jeune, et foncièrement inculte en matière de tromperie. Le Mensonge se voulait Art, au même titre que l’Ecriture ou l’Escrime. Plus on le travaillait, meilleurs vous deveniez. Mais Aetius suintait de frayeur, ses yeux en pissaient.
    Cyric grogna, les protecteurs de Saint Ripolin ripaillaient dans la même assiette que notre ribaud. Mécréants, meurtriers, floueurs, tous ressentaient cette belle frousse que chiait l’Ivrey. Ce dernier dû lui-même s’en rendre compte, car il tira soudainement l’épée. Sa taillade fut aussi précise que mortelle. L’un des deux guetteurs s’effondra, l’autre n’eut pas le temps de réagir. Cyric lui fendit le crâne comme une pastèque, glaive dégainé. Un beuglement empressé sortit de la gorge qui se voulait chevaleresque. Un flot hurlant vint y répondre, assaillant avec force les oreilles du Walfen. Les mercenaires jaillissaient des bois comme un requin sortant des eaux. Ils braillaient telles des bêtes, leurs lances et leurs haches reflétant un vermeil clairvoyant. La mine de Cyric se renfrogna, ces connards ne comprenaient rien.
    Alors il se mit à courir, aussi vite que ses jambes le lui permettaient. L’herbe glissait sous ses enjambées affolées. Puis arriva ce qui devait arriver. Les pillards s’alignèrent devant l’entrée du village, des pointes chatoyantes figées vers la vague dévastatrice qui se déferlait à leurs pieds. Un signal fut donné, puis des traits menaçants zébrèrent le ciel. Cyric ne se retourna pas une fois, il savait quelle scène venait d’être jouée dans son dos. Des cuirasses furent percées, des têtes roulèrent, des corps s’affalèrent. Un coup d’œil sur sa gauche lui assura qu’Aetius le -suivait au cul-. Ils arrivèrent aux portes de Sain-Ripolin lorsque ses défenseurs décidaient finalement de laisser respirer leurs lames à l’air frais du crépuscule. « Bouffe ça fils de pute. » Vrombît le ribaud, avant d’embrocher le premier bougre qui lui tombait sous la main. Un second tenta de lui trancher les bras, tandis qu’il retirait son glaive du corps sans vie. L’Ivrey choisit ce bon moment pour intervenir, parant l’estoc avec aisance, puis enfonçant le plexus de son adversaire d’un violent coup de pied. Un merci fut échangé, et Cyric se retourna violement pour balafrer mortellement le faciès d’un ennemi. La horde de belliqueux vint enfin soulager nos compères de leurs trop nombreux assaillants. Les rugissements raisonnaient comme l’écho entre monts. Evitant une attaque destinée à le pourfendre en deux, Cyric mortaisa son adversaire avec le pommeau de son arme. Une éclaboussure vint faire rougeoyer sa veste... « Tuez tout le monde ! Que ces sales enfoirés crèvent la gueule ouverte ! » Le fer mordait son frère, les craquements d’os retentissaient. « Massacrez les jusqu’au dernier !! »
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MessageSujet: Re: Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire   Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire I_icon_minitimeDim 29 Aoû 2010 - 18:02

La charge avait été meurtrière, et déjà les brigands s’enfuyaient.
Le problème n’était pas tant ce soudain excès de lâcheté qui dérangeait Aetius, mais plutôt les traits qui fusaient de toute part. Les villageois, complices des hommes de la Sorgne, s’étaient claquemuré dans leurs maisons et avaient brandi des arbalètes. Les premiers carreaux eurent raison de la gorge de nombreux mercenaires, mais ces derniers eurent la présent d’esprit de trouver refuge dans les recoins où les maisons, débutant déjà la chasse à la vermine. A leur tour, ils assenèrent des pertes aux ennemis barricadés, alimentant un feu nourri de carreaux. La bataille avait donc commencé, et pourtant Aetius pouvait voir les peygrions tenter une retraite, se massant du côté est du village pour rejoindre le sentier qui leur permettrait de s’évanouir dans la campagne. Ah ! Les félons ! Ils voulaient lui retirer ce qu’il avait désiré le plus, allant même jusqu’à ne plus pouvoir tenir dans son déguisement de cabaretier itinérant, ils voulaient lui ravir cette bataille, l’avorter. Très peu pour le chevalier !

Ce dernier, bloqué comme les autres, cria un « Boutez le feu ! » habile mais qui aurait le désavantage de faire partir le village en fumée. Les mercenaires, qui n’étaient jamais vraiment tendres avec un hameau qui lui faisait si mauvais accueil, ne tardèrent pas à mettre le feu à des torches, qui bientôt planèrent dans les airs pour retomber sur les toits de Saint Ripolin. Et tandis que les maisonnettes recevaient leur juste punition, Aetius continua à observer la fuite des autres pendards. Criant aux arbalétriers, ces derniers s’avancèrent jusqu’à lui et, dans ce champ de flammes, commencèrent à préparer leur tir sur les fuyards. Saint Ripolin, que nous n’avons pris le temps d’illustrer était un quiet village enfoncé au milieu de nulle part, sur une petite butte où trônait un gros moulin, moulin qui était devenu le bastion des femmes, des enfants, des vieillards. Ainsi, lorsqu’Aetius eut atteint, avec une poignée de ses hommes, la tête de la colline, il vit la fuite et ordonna la destruction des couards. Mais la destruction ne se fit pas. Les quelques arbalétriers qui s’étaient empressés de le rejoindre s’étaient contenté de prendre un plaisir malsain à abattre les rares chevaux des hommes de la Peygre, afin de ralentir l’avancée de toute la petite troupe et pour pouvoir laisser une chance à la cavalerie et l’infanterie qui serait jetée à leur poursuite. Car oui, le nain ne comprend pas vraiment à quel point le cheval est une denrée prisée et rare.

Le village incendié commençait à avoir raison des tireurs embusqué lorsque, du moulin, sortit une poignée de femmes et d’hommes. Eructant, ces soldats de fortune fonçaient droit sur les quelques nains, Cyric et Aetius. Le cœur empli de rage, on pouvait voir certaines femmes, qui avaient dû entendre le bruit des feux dévorant leur bourgade et leurs maris, fils ou père, pleurer tout en se jetant sur les mercenaires, une faux dans la main, parfois un couteau, souvent un simple morceau de bois arraché à la demeure du meunier. Leur nombre était restreint, mais les nains de la compagnie étaient peu nombreux, et ces derniers ne disposaient d’aucune possibilité de renfort, la plupart des soldats étant partie à grand galop dans la direction des fuyards. Ainsi la foule se répandit autour d’eux, et déjà les nains avaient jeté leur arbalète pour dégainer leur glaive et se protéger derrière leur rondin. Habitué à la guerre et assez aguerris pour éviter un encerclement, ils se déployèrent à leur tour. Le choc eut lieu et les malheureux villageois furent stoppés dans leur attaque par le mur d’acier d’Aetius et des siens. Ces derniers, équipés et en position, n’avaient aucun mal à pénétrer les protections de tissu de cette racaille, qui tombait comme le blé sous la faux. Par les Cinq ! La tuerie était mécanique, implacable. Les nains, Aetius, Cyric et les brigands qui s’étaient faits mercenaires à leur côté se contentaient de tendre le bras, propulsant l’acier mortel sur une nouvelle cible, qui s’agitait comme les premiers, incapable de blesser les défenseurs ou, pour certains nains, de les atteindre avant d’être tué à leur tour. Et tandis que le sang coulait à flot, peu à peu les soldats avancèrent sur leurs ennemis et finirent par rabattre la mâchoire de fer sur les derniers rebelles. Toujours plus près de la petite porte du moulin, ils abattaient les arrivants avec une efficacité simple et dérangeante. A grands coups de glaives, d’épées, le flot continu de paysans avait été endigué. Et lorsqu’il parut tarir, les hommes, ivres de sang, s’introduisirent dans le moulin et commencèrent à tuer les gens qui s’y étaient terrés. Ils n’étaient plus de simples civils, mais des adversaires ou juste des obstacles à détruire.
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MessageSujet: Re: Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire   Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire I_icon_minitimeLun 30 Aoû 2010 - 16:25

Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire Ashgan
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Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire Barre10copia

    Entre deux estafilades, Cyric pivota pour mirer un spectacle quelque peu dérangeant. Les enfants de la Maraille fuyaient. Lâches ! Il ne fallait sans doute pas s’étonner de voir la vermine tourner talon lorsque Dame Bravoure s’acharnait à crier - Chargeons -. Le ribaud fulminait, il ne pouvait en être ainsi. Ces foireux devaient périr, pour son salut. Haletant tel un bœuf courroucé, il empoigna le bras armé d’une paysanne éperdue, puis l’éventra sans sourciller. La poussière collait aux semelles, souillée par les vomissures démesurées d’hémoglobine. Les hommes dansaient sous une pluie de flèches, ou mourraient. Cyric parvint cahin-caha jusqu’au pan de mur où se réfugiait Aetius. Ce dernier hurlait des ordres incompréhensibles après ses troupes en mouvement. « Aetius ! Tenez parole ! » Il pointa les capitulards du bout du doigt. L’Ivrey acquiesça.
    Saint Ripolin brûlait, la tanière aux mille parasites était finalement purgée par de hautes flammes. Cette nuit, boucher se faisait martyr. Les mercenaires égorgeaient, poignardaient, saignaient toute forme séditieuse. Ces femmes et enfants ne subsistaient que par les pillages quotidiens des pères de famille. Ces maris n’étaient que vandales aux plaisirs roublards. Pourtant, le regard vide des marmots pleurait une toute autre vérité. Leurs corps chétifs et meurtris, qui jonchaient les rues chaotiques du village, levèrent soudainement le cœur du Walfen. Sa vue se brouilla, les couleurs se mélangèrent. Caché derrière deux tonneaux, il cracha un long filet de bave puis jura. Le revers de sa manche essuya alors sa bouche et ses yeux irrités. Lorsqu’il constata que personne n’avait pu assister à cette inavouable scène, le maraud repartit guerroyer.
    Ses hurlements redoublèrent d’intensité, ses coups de nervosité.
    Bientôt, les résistances s’amoindrirent, pour finalement se muer en un silence macabre. Un amoncellement de cadavres s’empilait devant les portes du moulin. Ce dévouement n’avait fait qu’accroître la curiosité des soldats. Quel trésor pouvait bien renfermer la meunerie ?
    Autour, des charpentes s’écroulaient toujours plus rapidement. Les brasiers dévoraient air et fraîcheur, pour ne laisser qu’une oppressante sensation d’étouffement. Aetius avait envoyé le gros de ses troupes pourchasser les quelques pleutres qui survécurent aux salves naines.
    Désormais, une vingtaine de mercenaires encerclaient les deux compères, figés devant les lourds battants du moulin. Un bélier de fortune fut dépêché, et l’on investit la tour en perdition. Perché sur un plateau supérieur, quelques archers scandèrent « MORT AUX CHIENS DE LA CITADELLE ! », puis déversèrent leurs jets aux pointes effilées.
    Les beuglements de souffrance retentirent à nouveau.
    Cyric tira l’Ivrey par l’épaule, pour mieux le fixer et s’assurer que celui-ci puisse lire sur ses lèvres, à défaut de pouvoir l’entendre. « On ne trouvera rien ici ! Laissez vos gonzes arpenter le souterrain pendant que nous partons déterrer votre récompense ! »
    Une trappe était camouflée sous un échafaudage précaire de caisses. Aetius donna ses instructions, puis pressa le pas pour rejoindre Cyric. Le Sicaire avait rebroussé chemin en direction de la Grand Place. Celle-ci était matérialisée par la présence d'un puits, aisément localisable. De sinistres supplices émanaient des noirceurs de ce trou sans fond. Le ribaud ne s’y attarda pas.
    Où diable ces scélérats pouvaient-ils entreposer leurs précieux magots ?
    Qu’importe l’horizon où se posait ses yeux, des couleurs carmines peignaient inlassablement la terre, les murs, les toits. Lâchant son dévolu sur un tripot, il fit sauter les gonds de la porte (déjà fragilisée) à grand coup de savate. Glaive au poing, il zieuta les environs avant de s’attarder sur une silhouette vorace. Ses yeux s’écarquillèrent tandis qu’un géant sortait de la pénombre. « Dieux… »
    Le monstre de chaire faisait dans les 300 livres et devait surpasser 7 pieds. Le chevalier, lancé au grand galop, ne pu s’arrêter à temps. Il percuta le dos prostré du Sicaire et tous deux s’effondrèrent au sol.
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MessageSujet: Re: Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire   Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire I_icon_minitimeMer 1 Sep 2010 - 4:06

Il y a qu’on n’était pas préparé à une guerre. Saint-Ripolin, ce digne repère, avait été inconnu des autorités pendant des années, des décennies qui sait. Les bois sauvages, armés des pires pièges que l’esprit pratique du paysan peygrion, fourbe par nature, avait pu imaginer, était un rempart naturel, et le maigre sentier qui reliait la bourgade au reste de la baronnie tenait plus lieu de goulot d’étranglement et de coupe-gorge que d’accueillant chemin de merciers. Saint-Ripolin était donc plongé dans un isolement salvateur et profitable, quand on savait apprécier les libéralités des brigands qui nichaient dans le hameau. Bref, le coin était une parfaite base, sauf pour un tel déploiement de force.

Ici, la complicité d’un traître avait déjoué la surveillance (ramollie) des sentinelles voire quelques-uns de ces traquenards mortels. L’un des anciens bayles de la Sorgne avait amené les loups dans la bergerie, établissement respectable où dormaient d’autres loups endormis. La responsabilité pourrait reposer sur les seules épaules de l’ancien Scionneur de Pain Rouge, il est vrai. Mais c’est faire une grande injustice à tous ces autres individus guidés par leurs instincts les plus vénaux, leurs désirs les plus vains. Ainsi, l’Ivrey, capitaine de la compagnie naine, avait fourni à Cyric le Sicaire l’instrument idéal pour sa vengeance : des centaines de soldats habitués à combattre de nuit, dans les villages, contre des gredins aux méthodes de brigands. L’incendie qui avait pris la paisible bourgade en était l’exemple le plus frappant, et l’efficacité pugnace que mettaient les soldats nains dans leur ouvrage soulignait l’importance de ce dont on parlait plus haut. Se dispersant avec une vitesse qu’on n’attend pas de la part d’un nain, ils se frayaient un chemin dans l’air lourd, poussiéreux, de Saint-Ripolin, extrayaient sans douceur les archers embusqués, les prenaient par l’arrière pour les transpercer de leur glaive. Les plus fourbes, qui étaient nombreux, (car les petites gens sont ainsi, c’est chose connue !) s’embusquaient là où les cadavres de leurs adversaires trônaient, épiant les ombres qui s’approchaient, ces sentinelles interloquées par le feu qui avait pris Saint-Ripolin et qui, par vagues successives et faibles, s’approchaient du lieu des combats. Les premiers des curieux étaient percutés par un carreau perdu, les autres tentaient de se regrouper pour lancer un assaut pour chercher un ennemi visible avec lequel découdre ou un simple moyen de trouver une monture et de s’enfuir de cette fournaise.

Se souciant peu de la situation à l’extérieur, nos deux héros contemplaient un monstre sorti d’un autre âge. Les dépassant facilement de trois têtes, le grand diable devait surveiller, quoi qu’il en coûte, les caisses de la Haute Peygre. Immense montagne de muscles ponctuée d’une moustache fournie et bien taillée, il avait un visage taillé à grand coup de hache, et les nombreuses cicatrices qui s’arc-boutaient sur cette cathédrale criminelle. Voyant Ashgan et Aetius débouler dans la mansarde dans une entrée aussi fracassante que maladroite, le colosse déploya un sourire aussi horrible qu’édenté. « Arh arh arh, dit-il, amusé, Jà soit forsoi d’mirer messaigneurs s’invester des mes gentilles manses. » Aetius se serait volontiers demander ce que signifiait ce sabir s’il n’était pas empressé de se relever et de remettre son épée dans son poing. Il fallait bien avouer que l’alcide, avec une sorte de gourdin court et renforcé à son bout par une sorte de boule d’acier entre les mains, ne donnait pas vraiment envie de rester en position de vulnérabilité.

Sans attendre les présentations, Aetius, n’écoutant que son cœur, fonça sur notre Hercule du terroir, qui effectua un lourd et ample mouvement avec sa masse d’armes, ce qui eut l’effet de projeter le chevalier contre l’un des murs déjà fragilisés par le feu qui prenait la maison.
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MessageSujet: Re: Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire   Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire I_icon_minitimeMer 1 Sep 2010 - 18:09

Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire Ashgan
Masque de chaire éphémère du Walfen

Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire Barre10copia

    Aujourd’hui encore, les bardes s’accordent à dire que notre bon Ivrey se serait senti pousser des ailes, lorsque le titan lui fit embrasser son gourdin. De quoi rendre jaloux les hirondelles chantonnait-on ! Bien sûr, Aetius ne gazouilla rien lors de son premier vol. Car la vérité était bien moins burlesque.

    La dépouille du chevalier s’effondra contre le mur embrasé dans un brouha effarant. Le Walfen ne pu que gronder un -Oh putain-, stupéfait. Il sentait la peur lui ronger les intestins. Mais cette sensation n’était pas désagréable, bien au contraire.
    Les babines retroussées et d’une poigne enragée, Cyric récupéra son glaive, avant de fondre sus l’homme gargantuesque. La langue d’acier mordit le bois, qui ne broncha pas un instant. L’épaisseur de l’arme aurait sans doute permit d’écraser le crâne d’un poney en un coup (à condition d’avoir la force nécessaire, évidemment). Et de la force, cet adversaire semblait en regorger à foison ! Dans un grognement, sa main enserra la gorge du ribaud. Ce dernier sentit ses yeux gonfler, aussi surpris par la rapidité avec laquelle cette serre venait de piquer, qu’exorbités sous la puissance du garrot.
    Ses bottes quittèrent le sol. La strangulation devenait toujours plus oppressante. Agir, vite. Un violent coup de genoux sous l’aisselle, un second dans les côtes, et le monstre amoindrit son emprise. Cyric en profita pour faire virevolter une dague. Celle-ci pourfendit la main du bourreau, qui relâcha le maraud dans un hurlement assourdissant.
    Inspirer de l’oxygène ressemblait de près à l’impossible, et tandis que notre Sicaire s’y efforçait, l’ennemi le cingla d’un pied en plein menton. Les dents devinrent cristal, et l’attaque, séisme faisant tintinnabuler le lustre qui trônait dans la gueule du Walfen. Son corps roula sur le tapis de poussière. Les flammes empêchaient désormais toute retraite. L’auberge s’effondrait lentement.
    Il cracha un glaviot rubicond. Mais alors qu’il tentait, avec peine, de se relever, une main agrippa son épaule. Cyric ferma les yeux. Trop tard. Alors c’était là, à Saint Ripolin, entre braises et sang, que les Dieux avaient joué sa fin ? Crier ne suffirait pas. Que son ennemi aille pisser dans le même bocal que lui, auprès de Tyra. Il se retourna, une haine peignée sur le visage. Là, Aetius lui sourit.

    Les ménestrels restent toutefois assez nébuleux sur ce point. Certains racontent que l’Ivrey, dans ce moment de grand désarroi, ce serait fait amant de Dame Folie. D’autres proclament qu’il aurait sourie sous l’insufflation divine d’une motivation salvatrice.

    Qu’importe, les deux hommes se redressèrent. Un rire digne d’infâmes hyènes rôdant autour de leur proie acculée. L’arme au poing, ils échangèrent un regard, puis s’élancèrent…

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MessageSujet: Re: Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire   Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire I_icon_minitimeMar 14 Sep 2010 - 9:57

Les gestes qui traitèrent de ce combat se font ampoulés sur les actes de bravoure de nos deux jeunes compagnons. Les deux chevaliers, Aetius le Vrai et Messer Ryc, après s’être relevés d’une bien humiliante chute due aux pouvoirs magiques de leur adversaire (car oui, les bardes illustrent ce gros paysan armé d’un gourdin tel un nécromant noirelfique aux talents aussi maléfiques que mortels), s’élancèrent en hurlant leur cri de guerre. Le géant, qui avoisinait, dans les racontôtes là aussi, les dix pieds de haut, aurait soufflé du feu, brûlant la peau des écus de nos deux fiers chevaliers, faisant fondre les liserés d’acier qui protégeaient leur bouclier. C’est alors que le château (car c’était un château, oui) prit feu de toute part et que, dans cet environnement méphitique, les deux hommes, l’épée à la main, affrontèrent l’ignoble monstre, qui ne finissait pas de cingler nos comparses avec son fléau noir, fouettant l’air enfumé sans pouvoir atteindre une seconde fois le Sire ni même l’Ivrey. Ces derniers, possédés par le feu du guerrier, étaient tels des lions, bataillant sans faiblir la force démoniaque de leur gigantesque ennemi, ils rendaient chaque coup que leur défense enflammée (leurs écus, quoi) subissaient. La résistance était héroïque des deux côtés, mais si le géant, par quelque maléfice, avait su rendre sa peau dure comme l’acier, les coups de glaives et la lutte perpétuelle finit par l’épuiser.

Voyant que leurs coups ne portaient pas, les chevaliers, rusés comme on sait, décidèrent de profiter de la faiblesse de l’être surnaturelle et invincible. Le maîtrisant avec brutalité, ils finirent par lui mettre la corde au cou et à l’élever à l’aide de l’une des poutres apparentes de l’immense salle des cheminées, où le truel, forme originale du duel à trois, se déroulait. Alors le géant, suffoquant par la corde et la fumée des feux qui envahissaient la pièce, déclara se rendre, mais comme nos deux sers étaient bons de bons Quinquérites, ils ne le crurent point et continuèrent de le pendre. Ainsi était puni le méchant sorcier drow, qui avait dérangé la quiétude de Saint-Ripolin et d’Oësgard tout entier. Bien entendu, ce qui se passa réellement était moins pittoresque et manquait beaucoup de cet esprit chevaleresque qu’insufflait à leurs personnages les chansonniers des cours du sud. En effet, les deux aventuriers, profitant de leur supériorité numérique, se jetèrent sur le grand diable avec un entrain et une précision cruels. Ce dernier, ne pouvant parer tous les coups, tenta de reculer en fouettant l’air de son bras d’épée. Adossé au mur brûlant, il hurla et se rejeta en avant, où les lames des deux pillards l’attendaient avec impatience. Recevant un coup d’estoc au bras et un de taille au poitrail, il ne put résister plus longtemps, cracha un glaviot de sang sur le sol cendreux et tomba, d’abord à genoux, puis complètement ensuite. Ses borborygmes funéraires furent accompagnés par le chant de l’incendie qui s’active.

Le gardien trépassé, les deux jeunes gens se jetèrent sur les trésors de la maison, l’un cherchant on ne sait quoi, l’autre s’intéressant uniquement à l’acquisition du Baudrier d’argent, qui devait se trouver ici même, à Saint-Ripolin. Et tandis que l’appât du gain obnubilait les deux gandins, la maison de bois continuait à crier de douleur, envahie par les flammes voraces.
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MessageSujet: Re: Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire   Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire I_icon_minitimeSam 12 Fév 2011 - 15:17

Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire Ashgan
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Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire Barre10copia

    Un court instant, Cyric contempla la dépouille du géant. La frénésie du combat mortel retombait lentement pour ne laisser place qu’aux tourments de ses noires pensées. Autour de lui, les flammes poursuivaient leur festin de bois et de paille, tels des ogres rougeauds à l’appétit insatiable.
    L’ancien Sicaire avait eu ce qu’il voulait, son passé s’était envolé avec les hautes fumées d’un Saint Ripolin calciné. Le corps de tous ces margoulins, solliceurs de panturnes, goliards de fauche et fadeurs de venettes qui formaient autrefois la belle Maraille, jonchaient désormais l’herbe carmine des plaines environnantes. Plus personne, ou presque, ne serait capable de le retrouver. Alors pourquoi cette sombre mine ?
    Un cri semblable au glapissement d’un chien enjoué le fit alors sursauter. Là, à genoux, les mains tremblantes et les yeux exorbités, un homme tenait entre ses mains un objet à la ciselure fine et scintillante. Le maraud ne pu retenir quelques jurons approbateurs sous l’émerveillement du Baudrier d’argent. Aetius affichait un sourire étrange, l’air lointain. Mais l’heure n’était pas aux exaltations ou à la réflexion, les cloisons gémissaient des crissements révélateurs. Nos deux hommes devaient déguerpir au plus vite s’ils ne voulaient pas finir leur folle aventure sous les décombres. Constat juste fait que déjà, la tête du maraud commençait à lui faire défaut, intoxiquée par la chaleur étouffante.
    Le vue du Sicaire se brouillait, ses yeux pleuraient, chaque inspiration lui déchirait soudainement la gorge. Sans plus réfléchir, Cyric prit l’Ivrey par le col et fonça tête baissée contre un mur embrasé. Un hurlement de douleur fendit l’air tandis que sa peau cuisait sous l’enlacement indésirable de flammes ardentes. Le bois quasi charbonneux, explosa sans difficulté devant la sauvage percussion du corps de notre maraud. Il souffrait, pire qu’une lame au travers du poitrail, Cyric aboyait un enfer nouveau. Instinctivement, il se rua au sol et roula sur lui-même. Le loup blessé ne laissait personne approcher, balançant ses pieds et ses poings serrés en tout sens. Impuissant, encore un fois il était impuissant. Cette pensée lui donnait la gerbe. Il hurla un dernier rugissement, puis sombra.



Dernière édition par Cyric le Lun 28 Fév 2011 - 11:27, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire   Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire I_icon_minitimeMer 16 Fév 2011 - 20:16

Lorsque le Sicaire attrapa Aetius à la nuque, ce dernier était en train de trifouiller dans l’abri enflammé. Indifférent à la fumée qui venait épaissir l’air de la pièce, il recherchait l’objet de sa quête, frénétiquement. Le combat avait exacerbé l’exaltation qui avait envahi Aetius dès le début des hostilités du le petit hameau. Maintenant qu’il avait abattu le dernier obstacle qui s’opposait à l’acquisition, rien ne pouvait plus l’arrêter. Pas même la fumée. Pas même les cendres. Pas même les murs enflammés. Aetius se trouvait dans un autre monde où rien n’avait plus d’importance que le fameux baudrier et sans l’intervention de son compagnon, Asghan, il aurait sûrement succombé sous l’effet de sa folie.

Au lieu de cela, il fut tiré hors de la bâtisse avec violence par le sicaire, qui se précipita loin de la maison pour s’écrouler sur l’herbe après avoir craché tout son souffle. Aetius, qui n’avait d’yeux que pour le butin, n’accorda même pas un regard au spectacle pathétique de cet homme qui lui avait sauvé la vie. Il contempla un instant le feu qui consumait l’ancienne baraque de la Sorgne et, après un instant de concentration, agita ses bras en direction de sa cible enflammée, comme s’il lançait sur elle une énorme marmite.

Un courant d’air envahit alors violemment le trou qu’avait créé le fils de la Nuit quelques instant plus tôt, augmentant les flammes furieuses de quelques pieds. Pourtant celles-ci, après s’être embrasé avec colère, disparurent un instant, se rétractant pour survivre à l’état de braises. Le chevalier se jeta alors dans la maisonnette et recommença ses fouilles. Lorsqu’il en sortit, les flammes avaient repris leur aspect normal, et il tenait dans une main recouverte de tissus calcinés le fameux baudrier.

Le combat était terminé, à présent. Aetius avait eu ce qu’il voulait et quelques hommes de la Sorgne (les plus chanceux ?) étaient reconduits dans le village réduit à l’état de monceaux cendreux par les mercenaires du capitaine l’Ivrey, qui arborait un sourire satisfait derrière la poussière qui le recouvrait.
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MessageSujet: Re: Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire   Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire I_icon_minitimeLun 28 Fév 2011 - 11:36

Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire Ashgan
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Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire Barre10copia

    Point de rêve, point de cauchemar. Cyric s’était évanoui aux côtés de Dame Douleur, et reprenait conscience sous sa coupe.
    Les paupières mi-closes, la respiration lourde, notre ribaud semblait chercher ses repères. Depuis combien de temps était-il allongé sur ce sommier pour va-nu-pieds ? Simple morceau de toile étendu au beau milieu d’un gourbi sans plafond ni cloison. Autour de lui, des rires gras s’entremêlaient au tintamarre des choppes qui s’embrassaient. Les mercenaires d’Aetius avaient remporté la bataille.
    Ces cupides aventuriers ripaillaient désormais sur les cadavres d’un Saint Ripolin dévasté. L’on ne prenait pas la peine de brûler les corps ou encore moins de les enterrer. Demain, il n’y aurait plus âme qui vive sur cette colline, la pestilence des lieux délaisserait leur odorat aussi rapidement qu’elle l’avait agressé. Les charognards s’occuperaient sitôt de tout faire disparaître. Alors on s’asseyait dessus, conversant avec ses compagnons d’arme et dégustant une bonne miche de pain.
    Le regard vitreux de notre ancien sicaire s’attarda finalement sur les quelques survivants qu’avaient fait prisonniers la horde de l’Ivrey. Cyric grogna, ils étaient plus nombreux qu’escompté. Une des dernières faveurs quémandées auprès du chevalier avait été de capturer vivant un « grand balafré avec un bandeau sur le crâne ». Evidemment, la description était bien trop sommaire pour retrouver Pard, son vieux compagnon de galère.
    En réalité, notre gredin ne s’attendait pas vraiment à revoir son bras-droit sans une flèche dans le dos ou une épée au travers du jabot. Non, cette requête devait simplement alléger une conscience noyée par trop de traîtrise. Pard ne l’avait jamais abandonné, pas une fois il n’avait hésité à protéger le Walfen de sa vie. Il était le croisement parfait du chien confident, une sorte de meilleur ami, se disait Cyric.
    Un meilleur ami… Son corps gesticula violemment, ses poumons recrachaient avec difficulté la fumée auparavant inspirée, tandis que l’ironie de ses pensées le poussait à s’esclaffer.
    L’ancien sicaire se rappela avec quelle aisance il savait utiliser Pard pour effectuer les pires besognes, comme anéantir les restes de La Sorgne. C’était son homme de main qui avait rameuté, selon ses instructions, les cadavres qui parsemaient désormais les parages de Saint Ripolin.
    D’un air malhabile, Cyric se redressa lentement avant de claudiquer jusqu’aux rescapés séquestrés. L’on dévisageait sans pourtant reconnaitre celui qu’ils nommèrent un jour Sicaire ou frère. Son masque de chaire éphémère le rendait méconnaissable: le talent de Muelle la Sorcière restait impérissable. Laissant échapper un vieux râle, il cracha un glaviot cendré. Une haine profonde tailladait les traits de son visage crasseux et encadré par une tignasse aussi noire que la nuit. Avec hargne, il tira le glaive d’un fourreau qui passait par là. Son possesseur, un des mercenaires, afficha une vue brouillée par la boisson. Assez lucide pour préférer les festivités aux hostilités, il reprit sa route sans demander son reste.
    D’un pas boiteux, le ribaud se fraya dès lors un chemin parmi les prisonniers, distribuant ici et là des coups du plat de sa lame rageuse.
    Il ne fallut pas longtemps au Walfen pour reconnaître son brave compagnon d’infortune. Celui-ci restait impassible, les yeux plissés, pieds et poings liés. Pas une once de peur, de colère ou d’un quelconque ressentiment, ne se dépeignait sur cette gueule cassée tandis que le tranchant d’une épée venait doucement embrasser son épaule. « Lève-toi, quelqu’un voudrait te parler. »
    Les deux compères s’éloignèrent silencieusement du village en ruine, théâtre d’une bien macabre frairie. Les flammes d’incendies meurtriers avaient laissé place aux feux de joie, les étoiles venait de succéder au soleil. L’herbe sèche qui bordait les Traquenards criait supplice sous le poids de leurs bottes ensanglantées, aucun vent ne venait apaiser leur peau boucanée et leurs pupilles irritées. Sous les reflets paresseux de la lune, Cyric se contentait d’observer son vis-à-vis, l’épée brandie en sa direction. « J’arrive pas à croire que t’ais survécu. Je suis soulagé, Pard. » L’interpellé ouvrit un instant la bouche, stupéfait, mais aucune réponse ne sortit. Le maraud abaissa son arme, puis s’avança d’un pas vers son bras-droit. « Quoi, tu ne me reconnais pas ? Merde, t’as vraiment le grelot vide la teigne luronne. Au vent de l’Affre hurlent les oiseaux Goëpeurs. »

    Un moment, Cyric cru que les sourcils de son interlocuteur allait s’envoler.

    «Walfen. » Souffla-t-il. L’autre acquiesça. L’air désabusé, notre ribaud posa une main lourde sur l’épaule de son confrère. La surprise se coloria soudainement en une rage insurmontable. D’un véloce coup de pied, le colosse fit valdinguer l’arme du maraud avant de lui sauter dessus. Plus affaibli qu’un chien sur deux pattes, Cyric s’effondra comme une carte au sol. Pard cingla alors sa gorge du lien qui emprisonnait ses mains, puis commença à forcer.
    « Sale fils de putain. Tu m’as envoyé au… Au casse-pipe sans sourciller ! Tu le savais ! Tu savais ! Tu… Tu le savais que je n’avais aucune chance ! Tu nous as trahis, tous. TOUS ! Même moi, ton bouclier, tu m’as sacri… Crifié comme vulgaire pion ! UN PION ! Tu… Je… Tu ne tiens vraiment à rien ni personne. »
    La strangulation se fit moins oppressante tandis que Pard affichait une mine horrifiée. « J’ai pitié de toi Walfen. Ta vie ne vaut vraiment pas la peine d’être vécue. » La main de Cyric cherchait désespérément un pommeau. Les yeux de son bourreau le remarquèrent. Sous la suffocation, le loup blessé se débattait mollement. Rire dément, « Débats-toi petite merde… personne ne viendra à ton secours, parce que personne ne tient à toi. Non… Tu n’as toujours été qu’un instrument des grandes gens. Ta… Ta mort restera à l’effigie de ton existence, dans l’ombre et… Et l’oubli.» Ces mots glacèrent d’effroi l’ancien sicaire, qui dévisageait son vieil ami avec une bestialité qu’on lui connaissait si bien. Ses débattements doublèrent. « Jamais tu ne seras un héros, tu n’en as pas l’étoffe. » Gloussement aliéné, « Pauvre fou… Même… Même la Nuit ne semble pas vouloir de toi ! Regarde la lune, elle dédaigne illuminer ce qui sera ton... Ton tombeau. Tu es pathétique Walfen. Pleure, pleure pardon pour que Tira t’accepte! » Des hurlements étouffés tentaient de percer la gorge étranglée de Cyric, sans résultat.

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MessageSujet: Re: Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire   Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire I_icon_minitimeMer 2 Mar 2011 - 9:36

On néglige souvent le lin et ses dangers. Et pourtant, enrobée d’un morceau de bois et attifée d’un carreau, sa corde en a faire voir des mauvaises à certains des plus vaillants hommes du monde. Oh, Pard ne devait pas être de ceux-là, bien qu’il ait sa valeur. Cependant, lui aussi ignorait souverainement, avec un dédain appuyé, les propriétés de cette plante qui pourtant n’oublie pas les outrages qu’on lui fait. Ainsi, récolté par les paysans, noué par les tisserands, porté par les merciers, le lin, patiemment, prépare sa vengeance, silencieux et mortel. Et alors il convulse, et alors colérique il s’abat, et alors il propulse rageusement son serviteur le carreau. Le châtiment tombe aveuglément sur sa proie, sur l’animal que l’on traque, sur le plus vaillant des hommes. Et sur Pard. Il n’y a pas de justice et il n’y en aura jamais. Le lin frustré exprime sa rage envers le monde et le détruit un peu. Pourtant tous resteront sourds à son cri désespéré. On dira « C’est la vie, » on dira « C’est comme ça, » on accusera le destin, on verra la déveine. Les vantards hurleront « c’est mon œuvre, » les amis chercheront un coupable ; les familiers accableront les puissants, les nobles dénonceront l’arbalète. Un océan de coupables s’éveillera, grondera, explosera dans un rugissement inutile, aspergera les hommes, les dieux, le bois et l’acier. Alors qu’au fond, c’est le lin qui tirait les ficelles.

Ainsi le carreau transperça Pard en pleine tête. Le trait avait été si avide qu’il avait traversé le crâne et sortit par une des orbites. Le grand diable cracha un peu de sang par son œil, son faciès se crispa soudainement et sa prise se relâcha. Il finit par tomber sur Ashgan. Mort en quelques secondes.

C’était trois nains qui l’avaient vu. Postés en sentinelle, ils étaient partis pisser un peu plus loin, à l’orée des bois rendus obscur par la nuit. En revenant de leur petit détour, ils avaient vu deux hommes se battre, ou plutôt un individu en tabassant un autre à mort. Les nains ne s’en formalisèrent point, bien au contraire. L’un d’eux releva son arbalète et ajusta paisiblement son tir. Un autre posa sa paluche sur son épaule pour l’interrompre. Là s’ensuivit une de ces discussions lapidaires et d’un terrible prosaïsme qui firent la réputation du peuple nain. Bien sûr, Ashgan, s’il avait eu quelques bases de nanique et s’il eût pu entendre autre chose que l’afflux de sang qui martelait ses tympans, aurait alors pu mieux comprendre la petite race et ainsi améliorer sa compréhension du monde. Au lieu de cela, il préférait s’acharner à survivre à un prédateur autrement plus coriace, projet qui le réduisait au simple état d’animal, nous en conviendrons. Les deux nains qui conversaient tinrent donc une discussion sur ce couple de vident-goussets qui se laissaient aller à des effusions pour le moins violente. L’un demandait à l’hypothétique tireur s’il reconnaissait l’un des leurs. Et l’autre de lui répondre bien naturellement que pour lui, ces gens-là se ressemblaient tous. Le premier, qui n’avait rien à y redire, relâcha l’épaule de son compagnon qui tira.

Et c’est ainsi que meurt Pard et survit Ashgan. Celui-ci, aspirant à grande goulée comme pour ravaler une âme séparatiste et ingrate, certes, mais à laquelle il s’était attaché, fut bientôt accueilli dans le monde des vivants par les bottes de trois nains qui le remerciaient de gâcher leur après-pissou, ce laps de temps court et béni où les vessies, les foies et les esprits pouvaient souffler avant le prochain bock. L’un d’eux finit par le saisir par le col pour qu’il se relève et les autres, ne ménageant pas leur plaisir, continuèrent à cingler le survivant avec leurs chaleureux coups de pied. Une fois celui-ci en état de marcher, ils se dirigèrent vers les feux qui s’étaient amoncelés sur la colline. Peu à peu, les lumières se firent plus éclatantes et les rumeurs plus bruyantes. Au sommet de l’élévation s’amassaient des centaines de soldats qui se relaxaient après une dure après-midi de meurtre et de saccage. Certains solitaires continuaient à fouailler les cendres au cœur des bâtisses calcinés. D’autres, comme les cranequiniers nains et le Sicaire, vagabondaient de feu en feu, cherchant un compagnon ou un débiteur. Les feux semblaient fous, divins, à cause de leur taille et ils dégageaient une lumière qui rendaient les traits plus seyants, plus coupants. Les visages virevoltaient avec les flammes et donnaient l’impression de masque mouvant au gré des secondes. Ces soleils terrestres, encerclés par les ombres qui dansaient autour d’eux, dessinaient une fresque infernale, une sorte d’immense ballade où se poussaient les brigands de légende, les reîtres de renoms.

Ils étaient tous là. Les Arétrians, les Serramirois, les nains et les Oësgardiens. Arbalétriers, chevaliers, sergents d’armes et coutiliers. Des nobles, des vilains, d’anciens serfs, des bannis. Le sang, la condition, le passé ne comptait pas cette nuit là. Ils étaient tous des brigands et les brasiers les confondaient pour un soir. Et ils semblaient le sentir. Tous buvaient jusqu’à plus soif, savourant la piquette dérobée au village-cadavre, et à certains feux, on s’amusait avec les femmes et les enfants qui avaient eu le malheur d’en réchapper. L’une des scènes les plus affligeantes de cette grande comédie se passa d’ailleurs sous les yeux des nains et du Sicaire. C’était, d’ailleurs, des gens du Petit-Peuple qui perpétraient le forfait. Ayant attrapé une fillette, ils s’amusaient à se la jeter les uns sur les autres et à l’arroser de vin. L’un d’entre eux, qui en avait assez de ces préliminaires tout naniques, l’empoigna sans douceur avant de soulever ses guenilles. Elle n’était pas plus haute que trois pommes, mais le soudard ne la dépassait que de quelques centimètres. Celui-ci, après avoir remué sa moustache et jeté un dernier regard torve à la pauvrette, se tourna vers les siens et s’écria joyeusement : « Voilà que je trouve femme à ma taille dans ce maudit pays ! » Les nains qui escortaient le Sicaire s’esclaffèrent et la fille fut violée.

L’escorte poursuivit son chemin, passant de feu en feu, observant spectacle sur spectacle jusqu’à ce qu’ils arrivent devant une sorte de gentilhommière qui n’avait pas été trop esquintée par la déflagration. Entre la grande porte – défoncée – de la bâtisse et un non moins grand feu de joie se trouvait Aetius. Installé sur le parvis de la maison sur un siège sur lequel on avait jeté quelques tapisseries prises dans les logis à présent éteints, il tanguait, les cheveux sur les yeux et le bock à la main. Torse-nu, hagard mais riant à gros bouillons parfois aux loques qui l’entouraient. A ses pieds, des victuailles et des bouteilles vides se mélangeaient avec les trésors de guerre. Au centre d’eux luisait le Baudrier d’argent.

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Cyric
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MessageSujet: Re: Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire   Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire I_icon_minitimeDim 20 Mar 2011 - 22:00

Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire Ashgan
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    Le regard du ribaud restait insondable, perdu dans le rougeoiement du feu qui crépitait à ses pieds. Les derniers mots de Pard résonnaient encore dans sa tête comme un carillon tourmentant. Pard, son plus ancien et fidèle ami, avait quitté Miradelphia les yeux grands ouverts, une flèche en travers du dos. Comme tant d’autres cette nuit, il était mort pour la cause du Walfen. Comme tant d’autres cette nuit, il avait été trompé. L’ancien Sicaire, flegmatique, se demandait si Tira le blâmait ou bien le bénissait pour ce grand nombre de gens qu’il envoya frapper à ses portes. Des femmes, des enfants, des vieillards, tous victimes d’un plan qui ne les concernait pas. Ils étaient le tribut imposé par Dame Réussite, et s’il souhaitait la rencontrer, alors Cyric devait l’accepter. Ils étaient le contrepoids d'un balance morbide sur laquelle reposait sa destinée. C'était eux, ou lui. Le ribaud avait vite fait le tour de la question et pris encore plus rapidement sa décision. Pour que plus personne ne puisse découvrir son passé, lui entacher sa liberté, il devait tous les tuer. La pièce macabre s’était jouée sur les versants de Saint Ripolain, condamnant ainsi la vie de tous ses habitants.
    « Oui » Murmura-t-il. Ses prunelles ne cessaient de lécher les flammes qui réchauffaient les pieds de l’Ivrey. Les choses s’étaient déroulées comme il l’avait espéré, et notre maraud désirait désormais clore cette tragique aventure au plus vite. Reprenant contenance, il dévisagea Aetius avec une arrogance qu’on lui connaissait bien. Puis, dans un grognement, Cyric se libéra des mains naines qui n’avaient cesse de malaxer ses bras. « Vous semblez satisfait Aetius, à la bonne heure. » Ses pas l’avaient déjà mené aux côtés du comte lorsqu’il lui chuchota dans un souffle vicieux « Alors laissez-moi l’être tout autant. Tenez parole Monseigneur. Nous avons réalisé le plus dur. Il faut maintenant zigouiller les derniers prisonniers. »

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MessageSujet: Re: Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire   Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire I_icon_minitimeMar 22 Mar 2011 - 2:45

Sortant de l’ombre de la gentilhommière, le Haudoin, âme damnée du comte d’Arétria et capitaine d’Aetius, poussa le traître, l’écartant sans douceur de l’Ivrey, qui continuait à cuver son vin. Après un instant de silence et tandis qu’il fixait son regard sur le baudrier en argent qui étincelait sous la lumière des flammes, le capitaine mercenaire articula lentement un début de réponse à la requête du défiguré.
« On raconte que le Baudrier d’argent, Herménégildoricius de Tourmalin, après de nombreux combats, tous victorieux, se serait élevé jusqu’au ciel pour le trancher d’un coup d’espadon et y entrer. Ainsi, la légende serait vraiment. Le Baudrier de Tourmalin rend invincible. Mais on se doute qu’il s’est envolé avec. Quand j’ai repensé à ce conte, je me suis posé la question suivante : comment savoir que ce baudrier est le baudrier ? Je pourrais le porter et me faire tuer, pour vérifier, mais ça n’aurait plus grand intérêt pour moi.

Alors voilà ce que nous allons faire. Je vais emmener ces prisonniers avec moi. Je suis sûr que la populace de Serramire sera très heureuse d’accueillir leur pendaison. Et toi, Ashgan, tu vas prier pour que ce baudrier soit le véritable artefact et prier également pour que je ne sois jamais tué. »


Et sans plus attendre, il vida sa coupe d’une main maladroite. L’arrogance de maître Tombétoile n’avait pas dû être à la convenance, ou bien Aetius ne se sentait pas de finir le travail, soit par esprit de contradiction, soit par suspicion. Après tout, la hâte du traître était des plus douteuses, et cela aurait pu exciter la curiosité du désargenté. Même si, vu les jarres brisées qui jonchaient le sol autour de lui, c’était peu probable.
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MessageSujet: Re: Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire   Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire I_icon_minitimeMer 23 Mar 2011 - 14:54

Et l’on découvrit Saint-Ripolin, baignant dans une lumière crépusculaire Ashgan
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    Cyric fronçait les sourcils. « Prier, voilà bien un passe-temps d’homme libre ». La déception se lisait aisément sur son visage, souillé par le sang séché et la suie. Aetius n’était qu’un sang bleu après tout, ses promesses étaient sans valeur, à l’instar de son titre ronflant. Notre maraud ricana, lui qui s’émoustillait si aisément au chant du mot chevalier, s’était une fois encore fait berné. « Finalement, on s’ressemble plus que vous le croyez sieur Aetius. Vous auriez fait un bon aigrefin pour sûr. Vos paroles sont moins pourvues d’honnêteté que les miennes. » Cyric outrepassait les bornes, chose fréquente, le ribaud ne savait point contrôler ou faire abstraction de ses émotions. Son tempérament de feu aiguisait sa langue aux premières lueurs d’incommodité venues. Inconsciemment, il reculait d’un pas en direction de l’obscurité qui couvrait ses arrières. Pard avait raison, il n’était qu’un enfant de l’Ombre, un nuisible. Ses pas le conduisaient toujours en dehors des sentiers éclairés. Son museau était inextricablement lié aux relents de débauche et de pourriture. Il afficha un ignoble rictus. Non, notre Walfen saurait s’élever, l’on entendrait parler de lui, en bien ou en mal, qu’importe. Si les légendes portaient le nom de seigneurs tel cet Ivrey, dont la parole était aussi faisandée que celle d’un solliceur de panturnes, alors il y avait raison d’espérer. Mais pour l’heure...
    « Veuillez m’excusez monseigneur, je ne pensais pas mes dires. La journée fut longue et je n’ai pas encore eu la chance de goûter les bienfaits du vin. » Ses dires furent accompagnés d’une révérence appuyée. « Je suis à votre service. »
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