Nom/Prénom : Ode. Son nom de famille a été oublié et elle signe son prénom en touchant sa tempe avec son index.
Âge : entre vingt et trente ans d’apparence, personne n’a pris la peine de compter, mais elle approche probablement la centaine d’années.
Sexe : féminin
Race : Ode est d’apparence relativement humaine, mais sa croissance ralentie indique du sang en partie elfique, probablement de moitié.
Particularité : Ode est sourde. Elle communique essentiellement par gestes qui peuvent se rapprocher du langage utilisé par certains drows mais qui sont essentiellement une version améliorée de mime. Elle sait aussi lire et écrire l’elfique mais avec lenteur, ce qui reste un moyen de communiquer qu’elle évite volontiers.
Alignement : neutre, dévouée à la forêt. Les notions de races, de bien et de mal lui passent plus ou moins au-dessus de la tête. Tant qu’on ne touche pas à la nature, elle n’interviendra probablement pas.
Métier : druide
Animal totem ? Le lombric. Ne me regardez pas comme ça, c’est super sympa, un lombric.
Classe d'arme : magie, axée sur le côté végétal du druidisme.
Équipement :Un équipement ? Quel équipement ? Ode est une adepte de la vie au grand air sans contrainte ! Quand elle veut manger, elle ramasse des baies ou cherche des racines, s’autorise parfois un peu de poisson qu’elle attrape à mains nues. En conséquence, elle ne possède que peu d’objets. Un briquet à amadou qui lui permet de mieux se chauffer si l’hiver est trop rude ou de cuire son repas si elle a décidé de se lancer dans de la grande cuisine – du genre poisson à demi-carbonisé – et quelques bols de bois qui serviront également à se préparer des remèdes si elle est malade ou se doit de guérir un animal. Elle a aussi un couteau qu’elle utilise au final assez rarement et qu’elle ne porte de toute façon pas sur elle. Elle ne possède donc pas d’arme, se contentant de sa magie qui est bien suffisante pour dissuader les intrus de lui chercher des ennuis.
Pour ce qui est des vêtements, Ode les oublie volontiers lorsqu’il fait chaud, n’y voyant pas de réelle utilité, en revanche, dès que le temps se couvre, elle portera des tenues faites de peaux ou de fourrures, cousues avec un savoir-faire appliqué, seul témoin de la jeunesse rangée qu’elle a eu. La plupart du temps pieds nus, elle a tout de même des bottes de fourrure l’hiver qui résistent bien à la neige.
Description physique :La plupart du temps, quiconque croise Ode doute l’avoir réellement rencontrée. Elle ne se montre guère, habituée à se fondre dans le paysage, n’hésitant pas à user de sa magie pour se dissimuler aux intrus. Car elle les surveille : quiconque pose un pied dans "sa" forêt a grand intérêt à respecter la nature qui l’entoure. Ode piste les voyageurs sans relâche et, au besoin, les force à quitter les lieux.
Ceux qui pourraient l’apercevoir vraiment verraient une jeune femme fine, au teint un peu mat à force de passer son temps au grand air, aux longs cheveux tirant tant sur le noirs qu’ils en ont parfois des reflets légèrement bleutés Ils bouclent jusque dans ses reins mais sont souvent quelque peu emmêlés, quoique disciplinés avec des lacets de cuir. Rien qui ne laisse vraiment penser à des origines elfiques lorsqu’on n’a pu constater sa croissance ralentie, si ce n’est une agilité et une légèreté hors norme pour une humaine.
Ode est sourde de naissance et a tendance à fixer les gens de ses grands yeux noirs qui cherchent désespérément à mieux comprendre la situation. Elle a pour cela un côté assez enfantin, elle donne l’impression d’une curiosité sans borne, ce qui n’est pas tout à fait faux. Lorsqu’elle pense avoir enfin compris, un sourire espiègle vient éclairer son visage... du moins est-ce ainsi qu'elle se comportait dans son enfance. Adulte, elle se montre plus réservée, peu encline à plaisanter avec ceux qu'elle rencontre, son regard, pour peu que vous le croisiez, semble indifférent. Disons qu'elle ne ressent plus le même besoin de se faire remarquer.
Description mentale :De fait, Ode petite fille est assez taquine. Prendre contact est un défi de tous les instants, aussi, si elle souhaite se faire "entendre", elle n’hésitera pas à aller de l’avant et à aller enquiquiner la personne visée pour se faire remarquer. Cela arrivait souvent lorsqu’elle était enfant, beaucoup moins à présent qu’elle est adulte. La forêt lui apporte tout ce dont elle a besoin, aussi, il est rare qu’elle se décide à intervenir auprès d’un humain ou de n’importe quel autre représentant des races bipèdes. Elle préférera de loin tenter d'apprivoiser un animal de passage qu'essayer de se faire comprendre par les siens.
La vie dans la nature lui a permis de trouver un certain équilibre, même si la plupart des humains la trouveraient un peu trop sauvage à leur goût. Pendant longtemps elle a vécu pour ainsi dire au jour le jour, alors que personne ne cherchait à lui expliquer le monde qui l’entourait. Considérée comme "gentille mais idiote", elle a découvert bien des choses lorsque Arnadil a décidé de la prendre en charge. Plus de trente ans de perdus qui l’ont confortée dans l’idée qu’elle n’est pas vraiment humaine et n’a rien à faire avec les siens. Pour elle, elle est "druide", cela suffit à la définir. Elle n'envisage pas réellement de prendre contact avec qui que ce soit.
A présent, Ode a pour seule ambition de protéger la forêt, et elle n’y va pas de main morte. Elle n’hésite pas à perdre gentiment ceux qu’elle veut chasser en les orientant vers d’autres chemins. Les végétaux s’adaptent, coupant la route ou ouvrant de nouveaux sentiers… il est facile de forcer quelqu’un à rebrousser chemin. Et si vraiment la forêt est menacée, alors Ode emploie les grands moyens. Elle a peu de scrupules face à ceux qui massacrent arbres ou bêtes. Peut-être errent-ils indéfiniment ? En tous cas, on ne les a jamais retrouvés. Enfin, Ode n’est pas inutilement cruelle - et pas stupide, toute magie à ses limites - et se contente la plupart du temps de regarder passer les voyageurs, du haut des feuillages. Humains, elfes, drows ou nains, tous sont semblables à ses yeux tant est qu’ils ne souillent pas la nature.
Ode est d’un naturel insouciant. Forcément, quand on a passé une trentaine d’années à ne pas parvenir à exprimer des idées abstraites telles que passé, présent et futur… La jeune femme préfère vivre au jour le jour, même si à présent elle tient compte du temps qui passe en se basant essentiellement sur la Lune et plus largement les saisons. Il y a deux situations qui la font redevenir sérieuse : l’atteinte à la forêt, que ce soit la faune ou la flore qui soit touchée, et la présence d’Arnadil qui reste son seul ami. Or, il s’agit à présent d’un dräke qui passe bien peu de temps à ses côtés. Ode n’a gardé aucun contact avec sa famille, à présent décédée, et n’en a que peu de souvenirs. Souvenirs peu joyeux qui ne lui font pas vraiment regretter quoi que ce soit de sa vie à la ferme.
Histoire : A la frontière du duché de Serramire, Arnadil avait fort à faire. Les elfes, les siens, respectaient la forêt sur laquelle il veillait, mais ces humains… Ah ! Ces humains le désolaient ! Le petit village Serraminois à l’orée d'Anaëh ne cessait de lui causer des soucis : les hommes s’enfonçaient de plus en plus pour couper du bois, faisant trop souvent fi des jeunes arbres, les enfants jouaient en écrasant les pousses... ils exploitaient la forêt sans retenue. L’elfe avait donc décidé de se limiter à la sauvegarde d’Anaëh, mais il ne pouvait s’empêcher de souffrir pour Aduram. Triste peuple qui ne respectait pas celle qui le nourrissait.
Il ne pouvait pourtant s’empêcher d’aller surveiller ce qu’il en était à la frontière humaine. Sous forme de dräke, son animal totem, il se faisait discret et observait les humains en cherchant à les comprendre. Arnadil avait l’esprit ouvert, mais plus il regardait et moins il avait envie d’en voir. Mais il continuait à surveiller, fidèle à son statut de druide.
C’est ainsi qu’il remarqua une fillette qui ne ressemblait pas beaucoup aux autres. Oh, physiquement, elle n’avait rien d’extraordinaire, elle était plutôt jolie, mais comme nombre de ses petites camarades quoiqu’avec une certaine grâce qui se rapprochait de celle des elfes. Non, la différence qui frappa le druide, fut plutôt la façon dont elle se comportait en forêt. La petite faisait preuve d’un étrange respect lorsqu’elle se promenait au milieu des arbres. Toute jeune, elle était encadrée par des adultes ou des enfants plus grands, mais jamais elle ne prenait part au massacre de plantes ou d’animaux. Elle aimait courir partout, mais elle faisait attention où elle mettait les pieds. Souvent chahutée par les autres gamins, la petite semblait faire preuve d’un bon tempérament et n’hésitait pas à les taquiner en retour, même s’ils la considéraient volontiers comme une idiote. Elle semblait ne pas s’en formaliser et continuait à déborder de joie de vivre... et de magie. L'elfe ne doutait pas une seconde qu'elle avait un potentiel exploitable, si seulement sa famille s'en apercevait.
Les années passèrent, l’elfe resta en place, surveillant les abords de sa forêt bien-aimée. La petite, elle, s’appelait Ode, il avait entendu les enfants le dire. Drôle de nom pour une fillette qu’on n’entendait jamais. Plutôt ironique... Elle grandissait lentement, bien plus lentement qu’elle n’aurait dû le faire et on commença à chuchoter dans le village que son père n’était peut-être pas le sien. Ce dernier, d’ailleurs, n’éprouvait visiblement aucun amour pour sa fille, mais il attribuait ce retard de croissance à une anomalie physique au même titre que la surdité. Elle était juste attardée en tout points, voilà tout. La mère accordait à sa fille, comme aux deux jeunes sœurs de la petite, une attention assez négligée. Ode, quant à elle, ne se formalisait pas de l’indifférence parentale et s’efforçait de satisfaire sa famille en imitant ses petites sœurs qui grandissaient plus vite qu’elle, même si elle ne comprenait pas grand-chose au monde qui l’entourait étant donné que personne ne prenait la peine d’essayer de lui expliquer quoi que ce soit. Elle travaillait donc dur dans la ferme familiale, mais continuait à respecter la nature sans qu’apparemment personne ne lui en ai donné l’idée.
D’ailleurs, Arnadil, même sans s’intéresser plus que ça à la gamine, finit par se dire qu’il y avait décidément un manque de communication entre elle et son entourage. Il la vit un jour tomber nez-à-nez avec un louveteau abandonné. La façon dont elle le câlina l’étonna : les humains de ce village auraient plutôt tenté de récupérer la peau. Il la laissa nourrir le petit avec un peu de lait dérobé chez ses parents, avant d’intervenir : même si la mère du bébé avait disparu, la fillette ne pouvait garder le louveteau. Lorsqu'Ode revint le lendemain, après avoir caché le petit loup bien au chaud dans de vieux tissus au pied d’un arbre, elle ne trouva rien d’autre que les vieilles loques qu’elle avait laissé là. L’expression désolée de la gamine aurait presque fait de la peine à Arnadil, mais un louveteau n'était pas un jouet.
Le temps passa. L’elfe surprit la petite alors qu’elle admirait - oui, c'est bien le mot - l’éclosion d’œufs d’escargots. A plat ventre, sans se préoccuper de quoi que ce soit d’autre, elle resta des heures à les observer et revint durant des semaines vérifier qu’ils se portaient bien. Une feuille de salade à la main, elle ne tarda pas les nourrir, le sourire aux lèvres. A force, la forêt était devenue sa seconde demeure. Certes, elle ne s’éloignait jamais beaucoup et dès qu’elle voyait sa mère tourner en rond sur le paillasson de sa maison, elle savait qu’elle devait rentrer, mais elle passait beaucoup de temps à califourchon sur une branche à tenter d’observer de plus près un nid d’oiseau ou à rêvasser le nez dans les feuilles.
Ce fut lorsqu’il la vit pleurer en s’accrochant au pantalon de son père qu’Arnadil eut pour la première fois clairement l’idée que la fillette était destinée à devenir druide à son tour. L’humain avait décidé, selon la croyance populaire, de clouer une chouette à sa porte afin d’éloigner le mauvais esprit. Les drows, disait-on, rodaient dans les parages… Ode protesta de toutes ses forces, mais sans un mot. Ce fut à ce moment aussi que l’elfe compris vraiment qu’elle devait être muette. Ou plutôt sourde, car elle ne réagissait jamais aux bruits extérieurs, mais était capable de pousser des cris de détresse, comme dans l’instant présent. La chouette fut sauvée, grâce à la fillette qui lui permit de s’envoler mais reçut en retour quelques coups de ceinture.
Réfugiée dans la forêt pour pleurer de dépit, Ode eut la surprise de voir apparaître devant elle un homme étrange aux oreilles pointues. Elle ne savait pas ce qu’était un elfe et prit peur à la vue de cet inconnu vêtu de peaux et armé d’un arc. Arnadil hésita : que dire, que faire ? Pour ce qu’il en avait vu, elle ne pouvait l’entendre. Lui expliquer le principe du druidisme par… gestes ? Comme la situation restait figée en s'éternisant, la fillette essuya ses larmes et lui fit finalement un petit coucou de la main, intimidée mais intriguée. L’elfe se demanda où il avait trouvé une idée pareille, lui fit aussi un vague signe de la main et disparut à nouveau.
Il fallut attendre encore de nombreuses années et quelques apparitions sans suite, pour qu’il se décide à tenter réellement d’engager Ode comme apprentie. Ayant renoncé à communiquer directement avec la fillette qui semblait à présent avoir une bonne dizaine d’années, il se présenta un beau jour dans la ferme familiale. Reçu par un vieux père revêche qui le regarda avec de grands yeux, partagé entre crainte et hostilité, - Pensez donc ! Un de ces sales elfes ! - Arnadil eut envie de faire demi-tour. L’homme le fit grincer des dents en collant un coup de pied au chien qui trainait dans ses jambes et demanda sèchement ce qu’on lui voulait. Pas à lui, à sa fille, expliqua l’elfe. Non, pas à la petite dernière qui était si jolie avec ses grands yeux bleus, non, il ne venait pas la demander en mariage, oui, il s’agissait d'Ode. Qu’est-ce qu’il lui voulait ? Arnadil était face à un mur de bêtise condensée dans un gros bonhomme qui avait envie de se débarrasser de ses gamines maintenant qu’elles étaient en âge de quitter le foyer, surtout de l’ainée qui ne décrochait pas trois mots et devait être une parfaite idiote. D’accord, elle se montrait utile, mais il doutait que quiconque en veuille un jour. Que dire face à ça ? L’elfe alla au plus simple : il voulait l’emmener pour qu’elle devienne son apprentie car il était druide. Le père avait accepté avant même de connaître le fin mot de l’histoire et il beugla à sa femme d'aller chercher "la gosse qui devait encore trainer dans cette foutue forêt".
Ode était une grande fille obéissante - et curieuse, elle avait tout observé de la fenêtre, étonnée que ce monsieur qui venait régulièrement lui dire bonjour soit venu chez elle. Elle embrassa donc sa famille et fit son baluchon : une robe de rechange usagée et un fromage habité par des asticots. Arnadil faisant une drôle de tête en la voyant emballer la chose – l’odeur, ça ne s’invente pas – elle lui fit un sourire en désignant le fromage, puis mettant ses mains pour former comme un toit. La maison des asticots, comprit finalement le druide en se demandant où le mènerait tout cela. Ode reçut une paire de claques de son père pour avoir osé ce qu’il appelait "gesticuler comme une attardée" et la mère versa une larme pour le fromage qui avait été gâché. Les petites sœurs étaient absentes, ils partirent donc sur ces beaux adieux émouvants.
L’apprentissage commença. Au début, il fut simplement question d’imitation. Ode avait compris qu’elle devait apprendre et ce que lui montrait Arnadil lui plaisait. Mieux, au fil du temps, cela la passionna. L’adolescente ne ménageait pas ses efforts, se sentant parfaitement à son aise dans la forêt. Si la magie l’effraya quelque peu dans un premier temps car elle n’y avait jamais été confrontée, elle se révéla plutôt douée quant à manipuler les plantes. En revanche, la communication animale restait plus difficile. Elle parvenait à échanger des pensées avec Arnadil lorsqu’il se transformait en dräke, mais avec les autres animaux, c’était plus que laborieux. Si les bêtes ne la craignaient pas tellement et qu’elle put apprendre à les soigner, elle ne parvenait pas à développer une quelconque magie en rapport. Les plantes, par contre, se pliaient à ses sorts, de bon cœur aurait-on dit. Manipuler lianes et racines pour attraper ce qui se trouvait à proximité lui paraissait très utile et Arnadil orienta son apprentissage dans ce sens. Puisqu’elle était douée dans ce domaine, autant en profiter.
Les années passèrent durant lesquelles Ode développa une habileté certaine avec les végétaux et une aisance dans la forêt qui lui firent assez rapidement oublier la vie à la ferme. Elle suivait Arnadil partout et ils inventèrent une sorte de langue des signes qui se perfectionna peu à peu. Au bout d’un certain temps, le monde parut bien plus évident à la jeune fille qui commença à appréhender son avenir : elle souhaitait devenir une druidesse à part entière et savait que pour cela il lui fallait découvrir quel était son animal totem. Sauf qu’Arnadil ne la sentait pas encore prête et repoussait l’échéance, exigeant qu'elle se perfectionne d'abord en magie. Elle apprenait peut-être vite, mais justement, c'était l'occasion de la pousser plus loin. Et pourtant… le temps paraissait bien long à Ode, à présent qu’elle parvenait à se repérer : elle avait été élevée au milieu des humains où tout allait à toute vitesse : l’elfe lui semblait d’une lenteur parfois exaspérante, même si elle l’adorait. Mais Arnadil tenait bon : ils n’étaient pas pressés, il voulait la former convenablement afin d’atteindre l’excellence malgré l’impatience de sa jeune élève.
Il l’emmena parfois afin de rencontrer d’autres elfes, tous des druides. Ode se rendit compte avec désespoir que parmi eux, elle retrouvait les difficultés à communiquer de sa jeunesse. Ce fut elle qui demanda à Arnadil de lui apprendre à lire et écrire. Elle avait un jour été étonnée que l’elfe puisse recevoir un message grâce à ces étranges petits signes griffonnés sur un parchemin. Elle comprit rapidement ce qu’elle pouvait en tirer pour elle-même. Le druide accepta de lui apprendre, mais Ode déchanta rapidement : même à grand renfort de gestes, il était bien difficile de parvenir à la compréhension de ces gribouillages. Quand à écrire elle-même… Elle mit de longues années, ponctuées de périodes de découragement, à parvenir à un résultat satisfaisant quoique toujours trop lent à son goût. Pratiquer la magie lui paraissait tellement plus simple ! Plus naturel, aussi, et Arnadil dut mettre un frein à quelques débordements concernant des lianes qui venaient lui chatouiller les doigts de pieds à toute heure du jour et de la nuit.
Puis, le jour tant attendu arriva : Ode put attendre en forêt que son animal totem vienne à elle. La jeune femme se demandait sérieusement ce qu’il pourrait être. Elle n’avait pas d’affinité particulière avec un animal, elle les appréciait tous beaucoup, sans parvenir à en faire sortir un du lot. Assise sagement au pied d’un arbre, elle attendit. Un écureuil passa, quelques petits oiseaux folâtraient dans les branches. Elle laissa même un cogianth s’approcher sans frémir. Le prédateur sembla l’observer puis disparut comme il était venu. Les heures passèrent, mais la jeune femme gardait les yeux grands ouverts. "Un animal mourant viendra à toi, lui avait signé Arnadil. Tu me l’apporteras et je t’expliquerai ce qu’il convient de faire." Elle lui avait demandé comment réagir si aucune bête ne daignait s’occuper d’elle. La réponse était tombée : attendre. Il fallait juste attendre. Ode attendit. Encore.
Puis elle le vit : un lombric qui se tortillait sur le sol meuble, juste sous ses yeux. Un long ver qui paraissait en avoir plus qu’assez d’agoniser et qui semblait lui dire "dis donc, toi, ça fait trois heures que j’attends que tu baisses le nez ! C’est bien beau de regarder voler les petits oiseaux, mais je vais quand même pas grimper à un arbre pour me faire remarquer !" Ode le prit délicatement dans sa main et le ramena à Arnadil avec un grand sourire ravi. Elle aimait bien les lombrics, elle avait toujours déploré de les voir se cacher sous terre où elle ne pouvait les observer. Elle manqua pourtant de le faire dégringoler en signant à l’elfe qu’elle venait de trouver son animal totem, et le rattrapa de justesse. Le druide lui expliqua qu’elle devait commencer par mettre fin à sa vie. Oh, comme c’était triste ! signa-t-elle rapidement… en oubliant encore la pauvre bête qui dégringola au sol et s’y écrasa. Bon. Première étape menée à bien, même si Arnadil ne pensait pas que c’était une façon très conventionnelle de tuer son animal totem.
Et maintenant ? demanda Ode en observant le petit cadavre qui avait cessé de se tortiller. Arnadil avait deux nouvelles. La bonne, c’était que la jeune femme passerait peu de temps à trouver des idées pour utiliser les os ou la peau de l’animal et ne rien gâcher. La mauvaise - même lui, si proche de la nature, devait le reconnaître - c’était que la chair du lombric devait être mangée.
Avertissement : la scène suivante est susceptible de heurter la sensibilité des plus jeunes, à moins qu’ils ne soient amateurs de spaghettis.
- Spoiler:
Slurp.
Ode se retrouva donc druidesse des lombrics et contrairement à ce qu’on pourrait penser, elle en était tout à fait satisfaite. On dit que la vie d’un druide est régie par son animal totem, mais il est rare que les vers de terre soient associés à des qualités quelconques – ni même des défauts quand on y pense – et Ode ne parut pas changer de comportement outre mesure. Peut-être que les lombrics sont des petits être plein de vie qui aiment faire des plaisanteries ? Après tout, personne n’est encore allé vérifier.
Le temps passa. Très proche d’Arnadil, Ode fut pourtant bien forcée de prendre ses distances alors que le druide passait de plus en plus de temps sous la forme de son animal totem. Transformé en dräke, ils échangeaient souvent des pensées mais la jeune femme sentait que le druide s’éloignait de plus en plus de son statut d’elfe. Ils connaissaient tous deux les dangers d’un tel comportement. Ode n’était pas une adepte de la transformation en lombric si ce n’était pour passer inaperçue lorsqu’elle le souhaitait et encore, elle préférait de loin grimper dans un arbre et orienter les branches de façon à ne pas se faire voir. Elle mit en garde Arnadil plusieurs fois, mais rien n'y fit car l’elfe avait transmis son savoir et semblait ne plus avoir goût à la vie elfique. Ce qui devait arriver arriva et Ode se retrouva seule. Le petit dräke venait parfois lui rendre visite mais la jeune femme n’eut bientôt plus personne avec qui communiquer au jour le jour.
Ce fut ainsi qu’elle commença à s’intéresser d’un peu plus près à ceux qui voyageaient à travers la forêt.
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Comment trouves-tu le forum ? : immense et marron, un bon sol terreux pour les lombrics, en somme.
Comment as-tu connu le forum ? : il y a fort longtemps… une publicité, je crois, à moins que ce ne soit un lombric qui me l’ait conseillé.
Crédit avatar et signature (lien vers l'image d'origine et nom de l'artiste dans la mesure du possible) : par ici pour la zolie nimage !