[Voile] Sous le regard voilé du Père [Alyryne]

Sujet: [Voile] Sous le regard voilé du Père [Alyryne] Mar 5 Oct 2010 - 9:22

La victoire avait été en demie teinte. Mais personne ne semblait s'en rendre compte. Personne sauf Brylyan et Alder 'ack. Ils savaient eux, qu'ils auraient put pousser l'avantage si le Voile ne s'était étendu. De mémoire de drow, un tel evenement n'avait eu lieux depuis des centaines d'années. Seuls les plus agés se souvenaient encore de cet étrange évenement. Brylyan avait été se fondre dans les archives et ce qu'il avait découvert n'avait pas eu l'air inquiétant outre mesure. Mais maintenant...Cela faisait plusieurs semaines que la nuit se faisait éternelle, a la grande joie de l'armée d'ailleurs, car on ne comptait plus le nombre de raids drows dans les environs. Cela dit, on lui avait rapporté d'étranges rumeurs concernant les dieux. Pas les leurs non, ceux de cette race impie que sont les humains. Ainsi donc même leur dieu se détournaient de leur visage ? Possible, mais il devait aussi prendre en compte la disparition subite de Tebirach. Ne pouvant se lancer lui même a sa recherche, il avait envoyé la Garde du Temple, sous la supplique des prêtres qui parlaient qu'un nouveau Fils d'Uriz venait de s'éveiller. Suprême honneur que le Père versait sur le peuple en choisissant l'un de ses membres et quel membre si les mumures étaient exactes. Mais Brylyan ne s'avançait pas, pas tant que la Garde du Temple n'aurait pas retrouvé Tebirach. Une fois de plus, il avait dût distribuer les OST car l'un se retrouvait sans tête et si Alder s'était arrêté a Yutar, lui avait continué, apportant une victoire salvatrice sur leur cousins dela lumière, car oui, ils n'avaient pu aller plus avant, mais ils venaient de détruire la seule forteresse véritablement capable de les stopper et cela...cela était un grand pas en avant.

Ainsi le Karliik était rentré sous les rugissements de joie de son peuple et ses soldats se trouvèrent récompensés par des rapines violentes le long de la frontière humaine. Finalement, même en demi teinte, les Sombres c'étaient abreuvé du sang honni des elfes.

Il n'avait pas vraiment prit le temps de voir sa soeur depuis son retour de campagne, a peine quelques heures lorsqu'il avait reprit les rênes du pouvoir. Rênes qu'il lui avait confié, non pas en toute confiance, mais tout simplement parce que quitte a être trahit, autant l'être par son propre sang. Et finalement, nulle question ne pouvait véritablement se poser quand a sa présence dans le temple magnifique d'Uriz, bien qu'on le regardait passer avec une certaine méfiance mais aussi admiration puisqu'il avait si bien servit les dessins du Père, parce qu'il conduisait les Sombres sur le chemin de la guerre. Il avisa un prêtre et l'épingla de son regard carmin.

-Faites prévenir ma soeur que je désire la voir.

Sa voix n'était ni sèche, ni claquante, mais il n'était jamais bien bon de lui désobéir, même si il savait l'Ordre d'Uriz en pleine effervescence depuis Ellyrion, il pouvait tout de même soustraire sa soeur a ses devoirs quelques heures n'est ce pas ?

C'était à n'y rien comprendre!

Une nuit éternelle s'était étendue à la surface, c'était le moment idéal pour frapper, et pourtant, l'armée était rentrée au Puy, victorieuse, certes, mais ce n'était pas suffisant. Alyryne bouillait de frustration quant à cette guerre. Uriz s'agitait... Le culte était en effervescence. Illiv'aere, l'ancien Gardien, n'était plus et un autre faisait son apparition. Mais il restait invisible, malgré le zèle du culte à lui mettre la main dessus. Frustrant.

Tout était frustrant.

Durant l'absence des guerriers et d'une partie des Cultes, Brylyan avait confié le pouvoir à sa sœur. Elle ne se leurrait pas, il ne lui faisait absolument pas confiance. Ils avaient beau être frère et sœur, ils en restaient des drows. La trahison était leur lot quotidien. Mais un lien étrange et fort unissait Alyryne et Brylyan. A eux deux, ils tenaient le Puy au creux de la main, ils n'avaient aucun intérêt à se trahir. Les religieux ne suivraient pas Brylyan sans le soutien de sa sœur et les guerriers ne suivraient pas Alyryne sans Brylyan. Ils avaient besoin l'un de l'autre. Les deux facettes d'une même pièce.

Elle fut ravie qu'on vint la chercher sur demande de son frère. Mais, fière et altière, elle décida de le faire languir un peu. Il n'avait pas eu le temps de la voir jusqu'à maintenant, il pouvait attendre un peu maintenant qu'il était là. La Haute Prêtresse, par coquetterie toute féminine, remit de l'ordre dans sa chevelure de feu, masse ondulante opulente qui cascadait dans son dos. Ses lèvres carmines s'étirèrent en un sourire quand elle vit son reflet dans le miroir. Elle portait un bustier cramoisi, au décolleté outrageusement profond. Le corset épousait ses formes généreuses, tandis que la jupe descendait en corolle autour de ses jambes, dévoilant par une fente le galbe parfait de celles-ci. Elle se décida enfin à rejoindre son frère et se glissa derrière, lui, féline, l'entourant de ses nras.

- "Yan, tu trouves enfin le temps de venir me voir."

Sa voix était caressante. Les rapports entre le frère et la sœur avaient toujours été... étrangement intimes. Malsains. Elle trouvait son frère très beau. Il était puissant et riche, et attirait foule de jolies drows attirées par le prestige, mais il était aussi bel homme, selon les critères drows : grand, musclé, un visage fin, mais viril, de longs cheveux blancs... Elle sentait les muscles de son dos contre sa poitrine. Elle le relâcha et tourna autour de lui, lui faisant finalement face.

- "Que me vaut le plaisir de ta visite?"

Divine avatar du Père. Nul doute que si Uriz avait été une femme, elle aurait revêtu les traits de sa sœur. Divine mais mortelle et cela, Brylyan ne l’oubliait pas, jamais. Même si une partie de lui pouvait se dire fière d’elle, l’autre se méfiait. Ainsi était la nature drow. Il sourit finement alors qu’elle plaquait ses formes sensuelles contre son dos. Il sourit en regardant les prêtres et leur yeux curieux, avides mais aussi affamés. Bientôt.

La soif de la guerre si présente dans le cœur des sombres, dans le sien même, mais ses pensées furent détournées, habilement même, mais cela en avait toujours été avec sa sœur. Faible devant une femelle dirait certain, mais il était bien placé pour savoir qu’il ne valait mieux pas les sous estimer. Bien que femme, Alyryne prenait une part active dans l’exercice du pouvoir et il n’était pas assez idiot pour ignorer le soutient qu’elle lui apportait en tant que Haute prêtresse.

-Ryne, ais je besoin d’une raison ?

L’iris sanguine flamboya un instant, narquoise, amusée, insondable, un peu tout cela avant qu’il ne se saisisse de ma main de sa sœur. Main magnifique qui conduit tant d’âme a la mort. Sans elle, il ne serait pas sur le trone. Sans lui, elle ne pourrait prétendre a la suprématie. Etrange dualité silencieuse qui les unissait. Surplombant sa sœur d’une bonne tête, Brylyan baissa les yeux sur son visage, altier et fière. Une pure femelle drow dans toute sa splendeur, il devait en convenir.

-Comment se porte mes neveux et nièces ?

Son neveu…Il serait temps d’en faire un guerrier… Sa nièce…trop jeune encore et était elle digne ? Cela était difficile a concevoir. Les enfants d’un étalon sans envergure…Mais cela, Brylyan le tut, il était responsable de la disparition d’Ant’zar, mais si sa sœur s’en doutait, il ne lui donnerait pas la certitude.

Finalement, il enlaça la taille svelte de sa sœur et l’entraina a sa suite.

-Viens, je te soustrais un instant a tes devoirs…Le Père ne saurait m’en garder rancune, après tout, tes conseils sont toujours les bienvenus n’est ce pas ?

Dehors attendant sa garde, froide et efficace, c’était tout ce qu’il exigeait d’eux et même si il était parfaitement capable de se débrouiller tout seul, il n’était pas assez sot pour se passer de cette protection supplémentaire. Son regard carmin passa, apparemment absent, sur les soldats de sa garde, mais chaque détail était enregistré, il ne risquerait pas la vie de sa sœur, altruisme ? Peut être, Brylyan tenait a sa sœur plus qu’a aucune autre femelle présente au Puy, mais cette faiblesse n’était connue d’aucun, pas même de la principale intéressée. Il avait par contre, refusé la présence des filles d’Uriz, femelles trop emportées par leur devoir pour ne pas troubler sa propre garde.

-Nous n’avons guère eut le temps de parler des événements de mon absence…

Et c’était vrai, il voulait toujours tout savoir, tout connaitre. Paranoïa dirait certain et ils auraient raison mais dans le Puy, là n’était qu’une question de survie.

Ils se firent escorter jusqu'à ses appartements, sombre comme lui, inquiétant peut être mais Alyryne n’était pas femme a se laisser dominer…sauf par une espèce d’étalon idiot, mais ça, il le tut. Du coin de l’œil il avisa une esclave et un signe de tête lui suffit pour qu’elle s’éclipse chercher du vin et quelques encas en attendant le repas qu’il avait fait préparer en prévision.

Son bras se fit plus pressant alors qu’il l’attirait vers lui, qu’il baissait les yeux sur ce visage terrifiant par sa beauté et qu’un demi sourire ombrait ses lèvres.

-Quel gout a le pouvoir Ryne ?

Un rire grave, rauque, éveillant les désirs masculins les plus bas s'échappa de la gorge de la Haute Prêtresse alors que son frère lui rétorquait qu'il n'avait pas besoin de raisons de la voir. Allons, allons, elle savait pertinemment qu'il croulait sous les responsabilités et doutait qu'il se rende jusqu'au temple d'Uriz simplement pour le plaisir de la voir. Il aurait pu venir chez elle, pour cela.

- "Yan, je ne me leurre pas d'être assez importante à tes yeux pour que tu dédaignes tes obligations, simplement pour le plaisir de ma compagnie."

Amusée, elle l'était. Un sourire se dessina sur ses lèvres quand il s'empara de sa main, puis ce fut un soupir suave et promesse de volupté qui s'exhala de ses lèvres. Elle leva le regard vers lui. Il était grand et il la dominait de la taille, mais elle ne se sentait pas inférieure à lui. Ni supérieure d'ailleurs. Ils étaient égaux dans la puissance. Une lueur de fierté farouche alluma le regard saphir de la drow quand son frère parla de sa précieuse progéniture. Mère lionne, elle les protégeait avec férocité. Jusqu'à ce qu'un jour, ils suivent leur propre voie, mais ce n'était pas encore le cas.

- "Rhyl grandit. Son entrainement est sévère et je dois me rendre à l'évidence qu'il n'est plus mon bébé."

Il avait 15 ans... Un enfant pour les humains, mais cela faisait quelques années que son entraînement martial avait commencé. Son corps n'avait plus grand chose de poupin. Ainsi en allait-il de tous les petits drows.

- "Quant à ma fille, elle aussi, elle pousse. Je me demande quelle voie ils choisiront tous les deux..."

Guerrière? Magique? Religieuse? Assassine? Elle n'en avait aucune idée et ne forcerait ni l'un ni l'autre. Elle se contenterait de voir leur prédisposition, même si elle rêvait d'une voie glorieuse guerrière pour son fils, et que sa fille suive ses traces, plus brillamment encore. Et ils grandiraient tous deux sous l'oeil de leur mère, mais sans père. Ant'zar avait disparu. Il n'avait laissé aucune trace. Il devait être mort. Alyryne n'avait jamais osé demander à son frère qu'il envoie ses meilleurs espions à sa recherche. Parce que Brylyan n'avait jamais apprécié Ant'zar.
Et parce que la Haute Prêtresse avait bien peur que son frère ai fait disparaitre son amant qu'il jugeait indigne d'elle. Mais dans un élan de lâcheté, elle refusait de découvrir la vérité.

Brylyan l'enlaça par la taille et un éclair de convoitise éclaira le regard bleuté.

- "Indubitablement."

Elle le suivit et découvrit sa garde. La sienne était absente, sans doute Brylyan n'avait-il pas jugé bon d'y faire appel. Beaucoup aurait pensé qu'Alyryne était inconsciente de sortir ainsi, avec tant d'hommes armés qui n'étaient fidèles qu'à son frère. Elle-même ne pouvait s'empêcher de songer qu'elle ne serait peut être pas en mesure de contrer une attaque surprise. Mais son frère ne voulait pas sa mort, pas maintenant, cela n'aurait aucune logique. Il amorça le sujet de cette entrevue, avant qu'ils ne parviennent chez lui. Telle une reine, la féline prit ses aises. Elle s'approcha de son frère, le désir se faisant pressant dans ses veines.

- "Il a un goût indéfinissable, mais enivrant... Je comprends que beaucoup tuent pour s'en emparer..."

Taquine, elle se hissa sur la pointe des pieds et murmura à son oreille :

- "Crains-tu que je ne t'assassine pour y goûter à nouveau?"

Ses dents effleurèrent la chair sensible du lobe de l'oreille, tandis que son souffle chaud effleuraient la peau du mâle.

L’écarlate des iris du Souverain s’éveillèrent le temps d’un souffle d’Isten, flammes incertaines qui ne laissaient jamais rien voir de plus qu’il ne le désirait. Il contrôlait ses réactions, même les plus instinctives, les plus primaires, c’était ainsi. Une froideur étrangement brulante émanait en permanence de lui, peut être était ce ce qui attirait les femelles. Quoiqu’il n’était pas encore assez aveuglé par sa propre arrogance pour oublié que le pouvoir avait un parfum bien a lui.

-Dommage.

Fut son unique réponse, ni une vérité, ni un mensonge, juste un trouble jeté un peu plus sur les certitudes de sa sœur. Son sourire s’élargit a lorsque le regard de la Haute Prêtresse s’alluma dangereusement. Parler de ses enfants était un risque, il le savait parfaitement. Alyryne ne permettrait jamais qu’on les touche et pourtant, par cet acte, elle les dévoilait faiblesse. Bien que Brylyan n’ai pas l’intention de se servir d’eux. Pour l’instant du moins.

-Quelques échos me sont parvenus oui et tu sais qu’aucune grâce ne lui sera accordée si il échoue, mais je sais que tu l’a bien éduqué.

Fils de Haute Prêtresse destinée à l’amour d’Uriz, neveu d’un souverain en place. Sa position était difficile, surtout lorsque l’on savait que Brylyan n’avait pas de descendance propre. Aucun cadeau ne lui serait fait, pas dans leur monde. Son nom ne le protégerait pas, pas plus que son sang.

Par-dessus le crane de sa sœur, Brylyan avisa les prêtres, inquiets, curieux mais son regard demeurait insondable, impalpable, même aux aimés d’Uriz.

-Peut être la notre.

Mais cela, rien ne pouvait l’affirmer, vu la tare qu’ils portaient qu’était ce nom synonyme d’abandon. Finalement, il préféra chasser l’image d’Ant’zar de son esprit, qu’importe jusqu'à quel point il a pu compter pour sa sœur, il n’était plus dorénavant et là n’était que son propre désir.
Sa sœur était petite comparée a lui, délicieusement désirable mais jamais il n’avait franchit les lignes de ce qui les liait. Jeu ? amusement ? Sans doute un peu des deux. Toujours est il qu’il su la flatter en parlant de ses conseils, tout en sachant qu’elle n’était nullement dupe. C’était énoncé sur ce ton qu’est le compliment mais n’en restait pas moins vrai. Brylyan ne prenait que rarement des décisions sans l’aval complet de son conseil et la bénédiction du temple, ainsi ses avis restaient inattaquables. Sans compter qu’il fallait parfois faire preuve d’humilité pour obtenir son contraire. Sa réponse ne le surprit donc pas, tout au plus sourit il avec plus d’arrogance. Au dehors, ces propres gardes l’attendaient. Il n’était pas sans savoir les pensées de sa sœur, parce qu’il aurait eu les même, mais il ne la rassura pas. Peut être plus tard, lorsque les Filles d’Uriz viendraient la chercher pour l’escorter jusqu'à ses appartements.

Il la regarda s’avancer chez lui, effaçant par sa simple présence les femelles qui avaient pu traverser ces appartements, s’approprier sans honte aucune, sans déférence ce qui restait le domaine de son frère. Il n’en avait cure de toute façon.

Il jouait avec le feu dans toute sa splendeur en enlaçant sa sœur, en la laissant glisser contre lui avec une souplesse toute vipérine mais cela l’amusait tout en le séduisant. L’iris de ses prunelles prit des ombres étranges, en tomba même amoureuse, bien que sa sœur reste assez fine pour savoir discerner le désir. Un coin de ses lèvres s’incurva dangereusement. Bien sur que le gout du pouvoir était attrayant, extatique même…Sa main remonta sur l’épaule de sa sœur, glissa sur son cou sans s’y attarder avant de s’enfouir dans ses cheveux. Ses doigts se refermèrent sur la masse écarlate et ondoyante.

-J’aurais pu le craindre avant. Plus maintenant.

Arrogance ? Peut être mais avant il y avait un mâle pour prendre cette place qu’elle ne pouvait pas tenir. Un mâle sous sa coupe, ce qui n’était plus le cas maintenant. Même si il écoutait sa sœur avec attention, il restait conscient de sa dangerosité. Il lâcha sa chevelure, amorça la caresse d’une lèvre purpurine avec la pulpe de son pouce avant de sourire plus largement, plus arrogant encore, de la libérer de son étreinte, de s’éloigner, chose que peu de mâle pourrait faire lorsque sa sœur les regardait ainsi.

-J’espère que tu ne m’en veux pas d’avoir envoyé la moitié de ta garde sur les traces de Tebirahc…

Fit il alors que l’esclave revenait, tremblante, n’osant même regarder devant elle avec un plateau presque trop lourd pour elle. Elle trébucha, faillit tomber, mais tint bon, tomber signifiait bien souvent la mort, elle le savait.

-Mais il semblerait qu’une nouvelle Voix vienne de s’élever…Quel dommage que ce ne soit pas toi.

Soupira-t-il doucement, l’œil faussement perdue dans l’âtre alors qu’il souriait légèrement. Elle aurait pu être reine depuis longtemps si sa fierté ne l’avait retenue. Mais non, cet idiot d’étalon avait réussit a brider l’ambition de sa sœur, quelle pitié.

Non, en effet, Rhyl n'avait pas le droit à l'erreur, pas le droit d'être faible. Parce qu'il était le fils de la Haute Prêtresse de la guerre et neveu du Souverain des Sombre,s il avait un fardeau écrasant à porter sur ses jeunes épaules. Année après année, son apprentissage le façonnerait, lui apprendrait à devenir un guerrier chevronné, craint et respecté, assez fourbe pour récupérer le trône de son oncle. Car il ne fallait pas se leurrer, pour avoir le trône Rhyl devra se débarrasser de Brylyan, ainsi en va-t-il de la vie chez les drows. Se débarrasser de sa cousine également. Alyryne fit part de ses doutes concernant la voie que prendraient ses enfants et la réponse de son frère la fit sourire brièvement. S'ils marchaient dans leurs pas, alors ils seraient sa plus grande fierté. Alyryne et Brylyan ne descendaient pas des nobles et vieilles familles du Puy. Leurs parents étaient des artisans, du menu fretin, méprisé par les classes dirigeantes. Mais leurs deux rejetons avaient su se frayer un chemin dans ce monde de ténèbres et de duperies, s'élevant au delà de leurs espérances. Aucune des deux ne pouvait supporter la médiocrité.

Ils quittèrent le temple. Alyryne, encadrée de la garde de son frère. Haeldra serait folle en apprenant que sa Haute Prêtresse avait ainsi tendu le dos aux coups de poignards, mais sa mort n'était pas programmée pour aujourd'hui, c'était sa certitude. Ainsi pénétra-t-elle dans l'antre de son frère, lugubre à souhait, mais elle s'y sentait assez bien. Et elle fit comme chez elle. S'appropriant son frère avec possessivité. Il était beau, puissant, un mâle dans toute sa splendeur et cela faisait des décennies qu'ils se tournaient autour, alimentant les fantasmes de leur entourage par leur relation ambiguë. Le désirait-elle? En cet instant, oui, terriblement. Il parcourut son visage, son cou, sa chevelure et elle réprima un petit soupir languide. Même alors qu'il lui disait ne pas craindre qu'elle prenne sa place.

- "Tu es la figure du pouvoir, mais je tire certaines ficelles en coulisses. Sans mon appui, tu ne tiendrais pas sur ce trône... Je te le laisse, il ne m'intéresse pas."

Et c'était la vérité. Il s'éloigna d'elle, comme pour lui prouver qu'elle n'avait aucune ascendance sur lui. Elle sourit, un brin cruelle. Qu'il se l'imagine donc, son frère ferait comme tous les autres : il plierait sous le poids de son influence, de son intelligence et de sa beauté sensuelle. Mais qu'il se rassure ainsi, elle n'en avait cure.

- "Pourquoi t'en voudrais-je? Tu disposes de mes gardes comme bon te semble..."

Il y avait un éclat dangereux dans le regard saphir. Une mise en garde : il prenait trop de libertés, elle le tolérait, mais simplement pare qu'il agissait intelligemment.

- "Tant que tu le fais de façon éclairée et dans la volonté de satisfaire Uriz..."

Elle haussa une épaule avec délicatesse. Devenir Gardienne? Oh oui, bien sûr, c'était las consécration suprême, mais en effet, ce n'était pas elle l'élue.

- "C'est ainsi, la volonté d'Uriz est parfois difficile à comprendre. Je reste sa fidèle servante... Mais rencontrer ce nouveau Gardien est ma priorité, tu t'en doutes sûrement."

Elle décida de s'asseoir sur le divan, exposant la beauté parfaite de ses jambes à la vue de son frère. Elle n'était que sensualité sauvage.

Ah l’arrogance de sa sœur. Nul doute qu’elle valait la sienne. Brylyan ne répondit pas a la provocation sous jacente, se contentant d’un sourire en coin quelque peu moqueur. Sans doute avait elle raison, mais sans lui, l’armée ne lui obéirait pas si aveuglement et elle se retrouverait incapable de mener le peuple. Mais il n’avait guère envie de titiller la fierté de sa sœur. Quoiqu’ils disent ou fassent, il étaient immanquablement liés, ainsi en allait il des Naerth au Puy. Admirés et jalousés pour leur ascension plus qu’admirable, eux partit de rien.

S’éloigner d’elle demandait un certain effort, mais après un siècle de ce jeu, il y était rompu et même si il distingua du coin de l’œil le sourire de sa sœur, il ne répondit rien. Tellement sure de son pouvoir, de son charme. Elle n’avait pas tord d’un coté, mais qu’elle se pose la question de savoir pourquoi dans ce cas il ne l’avait jamais réellement touchée. Le carmin de ses prunelles s’agitait langoureusement, sans réellement laisser entrevoir ce qu’il pensait et même si il y avait de l’amusement dans ses excuses, il n’oubliait pas que si il avait mit a disposition du Temple une Garde armée, il en restait le maitre. Bien qu’il pouvait encore tolérer la création d’une division spécialement dédiée a Uriz.

Il haussa une épaule, peu sensible a la mise en garde en elle-même. De son point de vue, elle n’était pas necessaire, sa sœur le connaissait donc si peu ? Pour un peu, il en aurait rit. Voyons, il ne faisait jamais rien d’irréfléchit.

« Tu as le regard très expressif, Ryne. Si j’en crois tes prêtres sur le champ de bataille, j’agis exactement pour la gloire de ton temple. »

Sous entendu qu’il avait envoyé la Garde d’Uriz parce que les mots des prêtres ne laissaient aucun doute sur l’identité du nouveau Gardien du Père et qui nul mieux qu’elle pouvait a ce titre ramener Tebirach auprès des siens ? Il ne craignait ainsi nulle trahison ou ambition démesurés de l’un de ses hommes, alléché par la perspective de gagner en puissance en abattant un Obok doublé d’un Gardien, bien que ce fait risquait d’être hautement improbable.

Il soupira sur les regards du Père qui ne c’était pas posé sur sa sœur, quel dommage. Mais dans un sens, cela était préférable. Bien que drow jusqu’au bout, adepte de leurs dieux bien plus réels que ceux de ces humains pathétiques, il n’oubliait cependant pas que Tebirach venait de s’ouvrir les portes du monde mais qu’il serait dans l’incapacité de réellement user de ce pouvoir, devant avant tout se dédier a son dieu. Etre l’Avatar d’un dieu aussi puissant est terrible et Brylyan n’aurait pas aimé voir sa sœur s’éloigner du Puy.

« Son Choix est tout de même judicieux, bien que je déplore la perte d’un Obok de cette envergure. Il sera difficile de le remplacer, d’autant que cette charge était tenue magistralement par sa famille depuis des siècles. Mais nous fêterons dignement son retour en tant qu’Image du Père, qu’en dis tu ? La fête d’Uriz approche bientôt. »

Fit il en approchant, un verre de vin dans une main, le tendant a sa sœur non sans admirer l’éclat ténébreux de ses jambes. Il se penchait assez pour avoir les yeux a la hauteur de ceux de sa sœur, son propre sang agréablement divinisé par les regards d’Uriz. Après tout, n’étaient ils pas ses Elus ?

« Une occasion pour toi de démontrer, si besoin il y a, ta majesté n’est ce pas ? »

Sous entendu, sa suprématie sur les autres cultes, il sourit a demi, plissant légèrement les paupières.

Elle le fusilla du regard alors qu'il se moquait d'elle. Oui, son regard était expressif, ses colères aussi soudaines qu'inexplicables et dangereuses, de même que sa bonne humeur. Elle était quelqu'un de réfléchi et maître de ses réactions, mais, parfois, la folie la gagnait et elle ne contrôlait plus rien. Surtout quand cela n'était pas très dommageable pour elle. Ses serviteurs en avaient fait l'expérience. Néanmoins, Brylyan avait raison et cela l'empêcha d'exploser. Elle retrouva son calme en une fraction de secondes. Il déplora qu'elle ne fut pas l'élue et quelque part, elle n'en était pas mécontente. Cela demandait énormément de sacrifices et une façon de voir le monde différente. Cela demandait aussi d'être prêt à trahir sa race pour les desseins du Père et elle n'aurait pas aimé cela.

Non, elle n'enviait pas Tebirahc, pas vraiment et Brylyan allait surement vite comprendre que tout était finalement pour le mieux ainsi.

- "C'est en effet dommage, il ne pourra plus te servir aussi fidèlement. Le voilà indépendant, à œuvrer pour le Père des Batailles sans dépendre de ton autorité ou de la mienne. Nous fêterons son retour oui, mais est-ce que cela est une bonne chose pour notre peuple, je ne saurais l'affirmer."

Elle était songeuse. Cela était glorieux pour les Sombres, mais contrairement à ce que la plupart pensaient, cela ne leur assurerait pas la suprématie. Uriz vivait pour la guerre, pour les Sombres, mais pas Mogar. Mogar avait un dessein plus subtil. Et Tebirahc le suivrait, c'était son rôle. Elle prit le verre que lui tendait son frère, remarquant son regard sur ses jambes. Elle sourit à ses insinuations.

- "Évidemment. Plus personne ne pourra contester ma légitimité, ni celle de mon culte, à la tête du Puy après cela. Même si ces idiots sont loin de se douter de ce que tout cela implique. Tebirahc ne sera pas forcément de notre côté Yan... Il sera du côté de la guerre et le jour où nous serons prêt de la faire se terminer, ou si cela ne sert pas les plans de Calymehtar, alors nous perdrons sa faveur."

« Uriz ne vit que pour la guerre. Nous vivons pour la guerre. »

Souffla-t-il avec un étrange sourire. Oui, il savait la position dangereuse qu’il occupait et même si les desseins d’Uriz lui étaient cachés, tant qu’il agirait selon son souhait, rien n’arriverait, bien au contraire. Brylyan n’était pas un homme de paix, pas un homme privilégiant les mots. En cela, il devrait plaire au Père, il était un guerrier et c’est vers celle-ci qu’il poussait son peuple. Plus de pouvoir, plus de territoire, la suprématie jamais totalement accordée. Leur vie était une guerre perpétuelle.

« Alors faisons en sorte de ne pas la perdre. »

Murmura-t-il dans un souffle, les lèvres a demie écartées d’un sourire atrocement complice pour sa sœur. Non, ils ne le décevraient pas. Mais pour cela, il lui faudrait déployer des trésors de diplomatie, chose qu’il n’appréciait pas vraiment, laissant cela a sa sœur. Il leva son verre en direction de sa sœur, aussi féline et dangereuse que son animal de compagnie. A eux deux, ils pourraient se maintenir a la tête du Puy. Ils le savaient, mais pas l’un sans l’autre. Etrange contraste et pacte scellé voilà longtemps.

Finalement, il s’installa au creux d’un fauteuil teint d’écarlate, face a sa sœur, au bout de ses doigts, son verre dansait dans l’air.

« Il en va de nos ambitions, laissons le suivre les pas du Père, nous n’y pourrons rien mais laissons l’ignorance au peuple. Ils veulent la Gloire d’Uriz, nous allons la leur donner »

Ajouta-t-il en admirant durant quelques secondes l’éclat carmin du vin, l’œil perdu dans ses reflets rougeoyants. Puis son regard remonta par-dessus le verre pour épingler sa sœur.

« Tu ne m’as jamais déçu. »

Soupira-t-il comme si nul ne l’écoutait vraiment mais il savait que sa sœur l’avait parfaitement entendu de son coté. Il disait vrai, en oubliant l’épisode Ant’zar auquel il ne préférait pas penser. Celui-ci était mort si Uriz le voulait et là n’était que sa volonté.

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