Et les sombres étendirent leur pouvoir

Pour trop de temps l’histoire des drows est demeuré inconnue. Le siège d’Ellyrion avait vu la plus éclatante victoire des sombres sur les Honnis d’Anaëh. De l’étincelant et merveilleux Fort Ellyrion, il ne restait que quelques pans de murs écroulés sur la buttée et une enceinte en bien piteux état, par rapport à la stature qu’elle affichait quelques jours auparavant. Les corps inertes des combattants étaient autant de témoin de la grandiose offrande à Uriz et Teiweonn, que les Sengers avaient offerts à leurs dieux. La silhouette colossale du Jinburn Xuileb fendait la masse de guerriers victorieux et encore tremblants de l’excitation du combat, alors qu’il avait fait ordonné le repli sur Yutar. La poursuite sous les frondaisons de la Mère Anaëh était suicidaire et les patrouilles ne s’enfoncèrent guère loin sous la canopée. Le pillage des corps fut un rituel dirigé par les sombres comme une symphonie, dont les cris des agonisants achevés étaient les scories. La fête qui s’ensuivit récompensait les vivants et honorait les guerriers tombés. Epique fut la bataille. Glorieuse fut la victoire. Somptueuse fut la célébration. Mais la guerre, elle, ne faisait que commencer.

Le Karliik Glenn, enthousiasmé par la facilité avec laquelle son armée avait mis en déroute les elfes et prit Ellyrion, la fierté de leur peuple, était déterminé à pousser ses efforts en Ithri’Vaan, pour revendiquer toujours plus de richesses de ces vaches à lait. Alder’Aak était une fois de plus le Maître de Yutar, libérant le Quatrième ost de ses obligations et le laissant porter la nouvelle au Puy, escortant les délégations religieuses qui avaient fait le déplacement. Sous son masque morbide, Alder’Aak détaillait la liste des officiers tombés au champ d’honneur, notant le nom du Da’ron de la Garde Noire, l’époux de la Prime Sorcière … Peut-être que son retour à Yutar ne serait pas si heureux qu’elle le pensait. Une fois qu’elle reviendrait avec les Premier et Cinquième ost, le Deuxième viendrait poursuivre les travaux d’expansion tandis que les derniers guerriers victorieux déferlaient triomphalement sous les hourras des familles. Bientôt, le monde tout entier saurait que les drows étaient victorieux et que leurs armées s’étaient emparés des portes d’Anaëh, ouvrant ainsi une voie sûre vers la capitale des elfes, la Péninsule et les montagnes du Nord. Jamais les drows n’avaient eu une telle puissance et jamais les divisions de leurs adversaires ne leur avait été profitable. La menace était réelle … Et plus aussi lointaine que cela.