Lorsque le passé revient hanter le présent (pv nicolaï)

Les jours s’écoulaient paisiblement à Serramire. Aureane partageait son temps entre Nicolaï et Katialyne, sachant que, allez savoir pourquoi, elle n’avait plus demandé au jeune homme de l’accompagner lorsque la petite devait se nourrir. Finalement, elle s’était tout à fait trouvée prête à affronter l’intendant seule. A vrai dire, il ne l’effrayait plus tant que ça et la tendresse qu’il semblait éprouver pour l’enfant faisait plaisir à Aureane. Cette dernière s’était attachée à Katialyne et prenait un peu de temps avec la petite, temps dont elle ne savait que faire, étant donné que Nicolaï et elle resteraient coincés à Serramire tant que le jeune homme n’aurait pas retrouvé pleinement la vue et que Katalina ne serait pas de retour. Au mieux, ils s’autorisaient quelques promenades au marché, mais n’allaient jamais bien loin.

Aureane venait de passer un peu de temps avec le bébé, ne pouvant s’empêcher de se demander ce que deviendrait cette enfant sans ses parents. Certes, elle était nourrie et acceptait de l’être, elle avait à présent un prénom, mais au-delà ? Être élevée par un vieil intendant n’était pas l’idéal. Et puis, qu’était devenue Katalina ? Il n’y avait pas que pour sa fille qu’Aureane s’inquiétait : la gardienne semblait avoir disparu du jour au lendemain. Pour la jeune fille, il n’était pas concevable qu’on abandonne ainsi son enfant sans crier garde. Qu’on le mette en nourrice et qu’on s’en détache, certes, qu’on nomme un intendant pour s’occuper d’elle, pourquoi pas, mais là, Théodore avait été pris au dépourvu. Tout cela n’avait pas de sens. Et le père, quel qu’il soit, pourquoi ne se manifestait-il pas ?

On disait que les dieux étaient descendus parmi les mortels, peut-être cela n’était-il pas étranger à l’absence de la gardienne. Mais même si c’était le cas et que cela apportait un semblant de réponse, ce n’en était pas plus rassurant. L’éclipse persistait, d’ailleurs, ce qui n’aidait pas Aureane à se sentir à l’aise à Serramire. Il y avait trop de changements étranges et elle craignait ce qui pouvait en résulter. Au moins la présence de Nicolaï restait un point d’ancrage qui montrait au moins une évolution positive : il voyait de mieux en mieux et Aureane était heureuse de pouvoir à nouveau croiser son regard.

La jeune fille frappa doucement à la porte, entra lorsqu’elle entendit la voix de Nicolaï. Pour une fois, elle avait mis un peu de temps avant de le rejoindre après sa visite à Katialyne. Elle ne tarda pas à s’expliquer en montrant qu’elle portait un petit torchon replié.

" Je suis passée devant les cuisines… "

Elle posa sur la table son petit paquet et déplia le torchon, révélant deux tartelettes encore chaudes.

" J’ai dû avoir l’air alléchée par ce que je sentais, avoua-t-elle avec un petit sourire. On m’a donné ceci… elles ne sont pas au citron, mais elles ont l’air délicieuses malgré tout. "

En tous cas, si Nicolaï ne pouvait les voir clairement, il pouvait sentir leur odeur. Aureane se demanda un instant ce qu'il pouvait faire de son temps lorsqu’elle était absente. Pensait-il à cette lettre dont elle n’avait plus osé lui reparler ? Pour sa part, elle avait beaucoup songé à ses origines drows et elle devait reconnaitre qu’elle était encore inquiète à ce propos, même si elle prenait soin de le lui cacher. Ses préjugés avaient la vie dure, mais elle commençait à se faire une raison. Le fil qui enserrait son doigt l’y aidait : elle ne l’avait pas accepté contrainte et forcée, bien au contraire et pour rien au monde elle ne reviendrait sur sa décision.

L'ombre des orangers s'étendait dans le petit patio. Je suis là. Appuyé contre un arbre. Les jambes détendu, je ne penser à rien de particulier. L'été est beau, le soleil darde ses rayons à travais le feuillage ses arbres et le ciel bleu n'est parsemé que de petits nuages. Je reste là à attendre. Attendre. Attendre.

Je passe ma main dans mes cheveux roux et joue un moment avec les mèches.

*Il ne se passe rien. Elle devait me retrouver pourtant. J'en suis tout à fait certain. Me serais-je trompé sur l'heure qu'il est?*

Nicolaï demeurait sur son lit. Tranquillement installé, passant une main dans ses cheveux et jouant avec certaines mèches. Parfois, jouant simplement avec l'air. Comme s'il avait eu les cheveux plus longs. Il attendait. Attendait quoi? Attendait qui?

Les oranges, sentaient bon.

On frappa à la porte. Instinctivement, il lâcha un « Entrez. » sans se poser la question de l'étrange présence d'une porte dans l'orangerie. Aureane entra dans la chambre.

Erina entra dans le jardin.

Un sourire se dessina sur les lèvres du jeune homme. Il avait encore quelques petits problème pour distinguer les choses lointaines ou celles qui se déplaçaient vite, mais autrement, il n'y avait plus de problème.

Elle était belle cette jeune femme qui avançait vers lui. Dans une de ses éternelles robe verte, ses cheveux châtain cascadant en boucle sur ses épaules. Et ses yeux si gris qui se posaient sur lui. Sans parler de son sourire.

Le jeune homme se leva, se dirigeant vers la petite table de jardin où elle avait déposé le petit torchon replié qu'elle transportait.

" Je suis passée devant les cuisines… "

Erina déplia le torchon, révélant deux tartelettes encore chaudes.

" J’ai dû avoir l’air alléchée par ce que je sentais, avoua-t-elle avec un petit sourire. On m’a donné ceci… elles ne sont pas au citron, mais elles ont l’air délicieuses malgré tout. "

Citron? Pourquoi s'excusait-elle qu'elles ne soient pas au citron? Il n'aimait pas le citron.

Elles dégageaient une odeur tout à fait délicieuse en tout cas.

Nicolaï eu l'air parfaitement alléché par se qu'il avait devant lui.

« Merci beaucoup Erina. Elles ont l'air délicieuses. »

Aureane marqua un temps d'arrêt. Était-ce parce qu'il l'avait appelé Erina? Ou à cause de cet étrange échos dans la voix du jeune homme? Comme si quelqu'un prononçait les mêmes mots au même moment.

« Aurélien vas bien? »

Encore cette voix discordante. Il y avait sans doute là quelque chose qui n'était pas normal.

Nicolaï fut parcourut comme d'un frisson. Puis, il reporta son attention sur Aureane.

« Quelque chose ne vas pas Aureane? Tu as l'air étrange. Ça vas? »

L'inquiétude pouvait se lire dans le regard gris du jeune homme. Et tout aussi étrange qu'aient put être ses réactions, il paraissait tout à fait normal. Sa voix aussi.

« Aureane? »

Aureane se figea lorsque le jeune homme l’appela Erina. Elle se serait bien dit qu’elle avait mal entendu, mais les prénoms n’étaient tout de même pas assez proches pour qu’il y ait méprise. Qui était Erina ? C’était la première fois qu’elle entendait ce nom. Se pouvait-il que Nicolaï ait fait un lapsus ? Si c’était le cas, il ne paraissait même pas s’en être rendu compte. Troublée, Aureane n’avait pas fait attention au changement de voix, mais lorsqu’il se remit à parler, elle ne put passer outre. Et puis, parler soudain d’un Aurelien acheva de la convaincre qu’il y avait quelque chose qui lui échappait. En tous cas, c'était plus probable que de penser que le chevalier l'avait soudainement confondue avec une autre.

Posant la tartelette qu’elle avait prise, la jeune fille observa Nicolaï avec une réelle inquiétude. Qu’il se trompe de prénom en toute lucidité lui aurait fait mal, mais là, c’était sans doute bien pire. Elle avait presque l'impression de se voir elle-même lorsqu'elle ne savait plus ce qui était vrai ou pas.

" Quelque chose ne va pas Aureane ? Tu as l'air étrange. Ça va ? "

Elle hésita, le dévisageant, encore perturbée par ce qu’il venait de lui dire. Ce ne fut que lorsqu’il insista qu’elle secoua la tête lentement.

" Moi… oui. "

Devait-elle lui expliquer ? Sans doute, oui. Il valait mieux ne pas fermer les yeux. Mais il devait voir qu'elle n'était pas à l'aise du tout. Déjà que cette histoire de drow l'avait secouée, si en plus il se mettait à délirer, alors elle ne saurait vraiment plus où elle en était.

" Vous… vous venez de m’appeler Erina. Et… vous m’avez demandé si… si Aurelien allait bien. "

Même en essayant de ne pas paraitre trop angoissée, elle ne pouvait s’empêcher de montrer son inquiétude. Elle n’avait pas osé insister, quelques jours plus tôt, lorsqu’elle l’avait senti ailleurs. Mais à présent, elle était certaine que quelque chose lui échappait et elle ne pouvait pas continuer à l’ignorer. Elle ne se permit pas de demander qui étaient Erina et Aurélien, mais elle murmura tout de même :

" Nicolaï… Qu’est-ce qui ne va pas ? "

Elle lui avait posé la même question lorsqu’ils avaient rencontré Katialyne la première fois. Et qu’il ne lui réponde pas que tout allait bien ! Elle pouvait concevoir qu’il garde certaines choses pour lui, mais là, il ne s’agissait pas de lui faire des cachotteries, c’était beaucoup plus important. Pendant un instant il avait paru ailleurs et, si jusqu’à présent elle n’aurait pu jurer qu’il avait des moments d’absence, elle en était à présent certaine.

Elle le connaissait suffisamment pour savoir qu’il allait se dire qu’il risquait de l’inquiéter – et étant donné la tête qu’elle faisait, ça n’avait rien d’étonnant. Du coup, il ne lui dirait rien. Et comme elle ne se permettrait pas d’insister… Elle préféra tourner sa requête autrement, évitant, comme toujours, d'exiger quoi que ce soit.

" Cela fait des jours que vous avez parfois l’esprit ailleurs… elle hésita, osa finalement compléter, voulez-vous m’en parler ? "

Elle n’irait pas plus loin, s’il refusait. En revanche, elle s’inquiéterait encore plus qu’elle ne le faisait déjà. Savait-il seulement qui étaient Erina et Aurelien ? Elle avait beau chercher dans ses souvenirs, rien ne lui revenait à ce propos. En même temps, sa mémoire avait été suffisamment ébranlée pour qu’elle ne soit sûre de rien et, de toute manière, elle était loin de tout savoir de lui.

Bon, au moins, il avait l'air de ne rien voir d'étrange en cet instant précis. Puis Aureane proposa de tenter son idée et vit la surprise qui passait sur le visage de Nicolaï. Elle se hâta de secouer la tête craignant qu'il ne se fasse de faux espoirs :

" Attention, je n'ai pas dit que je pouvais te débarrasser de cela ! J'ai dit que je pouvais peut-être, je dis bien peut-être, t'aider à savoir qui sont ces personnes. Si tu les évoques, c'est forcément qu'elles ont un sens pour... elle sembla s'apercevoir de quelque chose et conclut doucement sa phrase en baissant les yeux... toi. "

Elle venait de perdre le fil de se qu'elle racontait, se rendit compte qu'elle rougissait légèrement, mais Nicolaï n'avait pas besoin de ça, aussi elle se reprit assez vite pour tâcher de continuer à s'expliquer.

" Je pense que lorsqu'on voit quelqu'un qui n'existe pas, c'est soit que cette personne existe et que l'on s'en sert pour exprimer quelque chose, soit qu'on a créé une personne pour représenter quelque chose. C'est exactement ce que j'ai fait, en tous cas. "

Développer sa théorie n'était pas évident car elle continuait toujours à douter d'elle, mais, pour le moment, le jeune homme avait l'air si désemparé, qu'elle était prête à prendre des risques (et quels risques ^^) pour lui.

" Je pense que ces personnes viennent forcément de quelque part. Soit vous les avez connues et oubliées, soit elle sont composées de divers éléments qui sont la clef de tout cela... "

Elle lui laissa le temps de réagir, s'assura qu'il écoutait toujours et ne sombrait pas dans un nouveau délire, et reprit :

" Ma grand-mère nous faisait analyser nos rêves, par association d'idées... On pourrait tenter de faire cela. On peut travailler lorsque vous êtes inconscient, si je note ce que vous dites et que j'essaye de vous faire parler, et lorsque vous êtes conscient, on essayera de trouver à quoi cela correspond. Qu'en dites-vous ? "

Ce n'était pas grand chose, et cela pouvait échouer. Mais elle estimait que c'était mieux que rien étant donné qu'ainsi il ne resterait pas passif face à ces passages à vide.

" Si vous voulez, on commence de suite avec ces deux prénoms. "

Nicolaï acceptant l'expérience, la jeune fille passa donc dans sa chambre chercher de quoi écrire. Lorsqu'elle revint, elle ferma les volets, les laissant entrebâillés pour pouvoir voir ce qu'elle notait, mais de façon à garder la pièce dans la pénombre. Elle lui sourit comme pour lui assurer que tout se passerait bien, puis déclara :

" Allongez-vous, fermez les yeux et essayez de faire le vide dans votre esprit. "

Elle parlait d'une voix douce, aussi calmement que possible. En haut de sa feuille, elle avait noté les deux phrases prononcées par Nicolaï un peu plus tôt. Elle attendit de voir qu'il s'était apaisé pour se remettre à parler, presque en murmurant :

" Bien, à présent, choisissez Erina ou Aurélien et essayez d'imaginer à quoi il ressemble, de loin... Dites ce qui vous passe par la tête sans réfléchir, n'essayez pas de garder une cohérence, concentrez-vous simplement sur l'un de ces personnages que vous modelez comme vous le souhaitez."

Elle prenait son temps, essayait de ne pas le brusquer, de lui laisser la possibilité de s'adapter petit à petit à l'exercice. Elle était prête à écrire le moindre de ses mots et essayait de garder un rythme efficace : elle devait lui permettre de lui laisser le temps de tout dire sans pour autant laisser s'installer de longs silence durant lesquels il risquait de laisser échapper des informations. Il devait parler le plus possible sans prendre le temps de réfléchir.

" Décrivez-moi son allure générale... ses vêtements... puis approchez-vous petit à petit et continuez à imaginer... "

Elle continuait à noter sans encore se préoccuper du sens et finit par conclure :

" Si vous avez quelque chose à ajouter... pensez à présent à ce que cette personne vous laisse entendre... à ce que vous sentez... "

Très vite, Aureane se mit à secouer la tête.

" Attention, je n'ai pas dit que je pouvais te débarrasser de cela ! J'ai dit que je pouvais peut-être, je dis bien peut-être, t'aider à savoir qui sont ces personnes. Si tu les évoques, c'est forcément qu'elles ont un sens pour...toi. "

Nicolaï était quelque peu septique. Ne ne voyait pas du tout quel sens cela pouvait bien avoir. Il ne connaissait personne qui s'appelle Aurélien ou bien Erina. Il n'en dit pourtant rien de peur de décourager Aureane. Et hop. Malgré le fait que sa vue n'était pas encore tout à fait se qu'elle avait été, Nicolaï vit parfaitement les joues d'Aureane se farder de rouge. Se reprenant assez vite, elle ne perdit pas de temps et enchaina tout de suite avec le reste des explications.

" Je pense que lorsqu'on voit quelqu'un qui n'existe pas, c'est soit que cette personne existe et que l'on s'en sert pour exprimer quelque chose, soit qu'on a créé une personne pour représenter quelque chose. C'est exactement ce que j'ai fait, en tous cas. "

Théorie interessante. À quelques détails prêt. Mais ça, ni l'un ni l'autre n'étaient en mesure de le savoir et il fallait bien dire les choses comme elles sont. Niveau vision hallucinatoires, Aureane avait une longueur d'avance sur lui. Aureane doutait et hésitait toujours. Mais il n'avait pas besoin de tendre l'oreille ou de lire sur ses lèvres pour comprendre le sens de ses paroles.

" Je pense que ces personnes viennent forcément de quelque part. Soit vous les avez connues et oubliées, soit elle sont composées de divers éléments qui sont la clef de tout cela... "

Connues et oubliée? C'était tout à fait possible. Aureane semblait oublier qu'elle était en train de parler à une personne dont les dix premières années de la vie étaient purement et simplement effacée? Aureane s'assura qu'il n'était pas à nouveau en train de sombrer dans un délire. Mais se n'était pas du tout le cas. En revanche, si de l'autre côté de la porte légèrement entrouverte la demoiselle en vert voulait bien arrêter de les espionner, cela n'en serait que plus appréciable.

Aureane ne tarda pas à reprendre.

" Ma grand-mère nous faisait analyser nos rêves, par association d'idées... On pourrait tenter de faire cela. On peut travailler lorsque vous êtes inconscient, si je note ce que vous dites et que j'essaye de vous faire parler, et lorsque vous êtes conscient, on essayera de trouver à quoi cela correspond. Qu'en dites-vous ? "

Bah. Pourquoi pas. Ils pouvaient toujours essayer quelque chose dans ce goût là. Ça ne coutait rien. On lui demandait juste de dormir pendant qu'Aureane veillerait sur son sommeil. C'était pas comme si c'était la première fois. Et si cela pouvait la rassurer alors tant mieux.

" Si vous voulez, on commence de suite avec ces deux prénoms. "

Nicolaï hocha la tête.

La jeune femme passa rapidement dans sa chambre, le laissant seul un bref instant. Nicolaï regarda de loin la demoiselle en vert toujours en train de l'épier et qui s'était précipitamment écartée quant Aureane était passée.

« Dites, on vous dérange pas trop? »

« Oh non, pas du tout. Je ne fais qu'aider moi. »

« Eh bien allez aider quelqu'un d'autre. »

« Mais quel râleur. »

La jeune femme s'éloigna à pas rapide et quelques instant plus tard, Aureane revenait dans la chambre avec assez de papier et de matériel pour écrire une encyclopédie complète de Miradelphia. Elle ferma les volets, les laissant à peine entrebâillés, donnant tout de suite à la chambre un aspect rassurant et calme. Enfin. Rassurant, surtout parce qu'elle se trouvait là. En réalité, Nicolaï était mort de trouille. Il n'avait qu'à peine eu peur face à Veshork, aux drow, aux Gorlock. Mais tout cela, c'était des adversaire qu'il était en mesure de mesurer, de quantifier, d'évaluer et par dessus tout, de combattre. Là, se n'était pas le cas. Et c'était bien cela qui lui faisait peur. Aureane lui sourit comme pour le rassurer encore.

" Allongez-vous, fermez les yeux et essayez de faire le vide dans votre esprit. "

Elle parlait d'une voix douce, calme et apaisante. Nicolaï suivit tout se qu'elle disait. Puis, elle lui murmura, plus apaisante que jamais.

" Bien, à présent, choisissez Erina ou Aurélien et essayez d'imaginer à quoi il ressemble, de loin... Dites ce qui vous passe par la tête sans réfléchir, n'essayez pas de garder une cohérence, concentrez-vous simplement sur l'un de ces personnages que vous modelez comme vous le souhaitez."

« Commençons par Erina. »

Des deux, c'était celle qui l'intriguait le plus. Il voulait comprendre qui elle pouvait être. Mais avant et surtout, pourquoi est-ce qu'il l'avait confondue avec Aureane. Nicolaï gardait les yeux fermé mais l'esprit grand ouvert. Il ne faisait que se répéter la même chose.

*Erina, Erina,Erina, Erina, Erina, Erina.*

" Décrivez-moi son allure générale... ses vêtements... puis approchez-vous petit à petit et continuez à imaginer... "

Il y eu comme quelque chose de froid qui vint lui toucher la main. Nicolaï n'y fit pas vraiment attention. Restant concentré uniquement sur son objectif. Les yeux femé. Cette senssation se répendit tout le long de son bras. C'était...comme de l'eau. Il ne disait rien. Il n'y avait rien à dire.

*Erina, Erina,Erina, Erina, Erina, Erina.*

Soudain, se fut comme une explosion dans son esprit. Les mots jaillirent de ses lèvres comme une cascade. À nouveau avec cette voix comme un léger échos.

« Pour vous chevalier. Arthan...je t'aime. NON LAISSEZ LE! Mon amour, j'attend un enfant. Aurélien. Aurélien, arrête de manger si vite, personne ne te piquera ta part de tarte au citron. Non, tu vas voir. Ils sont gentil. Il faut qu'on parte. Vite. Câlin câlinou, dans le cou, d’un petit pouyou, assis sur mes genoux. Câlin câlinou…Arthan, qu’est-ce qui se passe. Arthan non. Ne fait pas ça. Arthan. Se n’est pas un jeu, reviens ici tout de suite. ARTHAN!!! Il est partit mon ange. Non, je ne pense pas. Accroche toi à ça. Je te retrouverais, je te le promet. On restera enssemble. AURELIEN!!!!!!!!! »

Il y eu comme un moment de flottement. Puis, Nicolaï se redressa. Un peu maladroitement. Comme s'il avait du mal à vraiment maitriser les mouvements de son corps. Les yeux grand ouvert, il se tourna vers Aureane et lui accorda un sourire aimable avant de lui ouvrir et bras et d'aller dans sa direction, manquant de s'écraser au sol à trois reprises. Il fini pourtant par prendre la jeune femme totalement abasourdie dans ses bras.

« Je suis très heureuse qu'il vous ait trouvé. Oui oui. Je vous assure. Vraiment très heureuse. Enfin. Nous sommes très heureux tout les deux. Mais moi particulièrement. »

Nicolaï mit deux baiser sur les joues d'Aureane.

« Bien sur, vous avez notre bénédiction. Je suis fole de joie. Il lui ressemble beaucoup vous savez. Et c'est quelqu'un de bien. Il prendra soin de vous. J'en suis certaine. Il vous aime tellement. »

Nicolaï affichait un grand sourire un peu béat. Mais...il n'avait jamais affiché cette expression là sur son visage pourtant. Et sa voix était toujours dissonante.

« Et puis, vous êtes tout à fait ravissante. Je suis vraiment contente. Contente contente conten... »

Les yeux de Nicolaï se révulsèrent, il perdit son expression béate et partit en arrière.

Le jeune homme ne tarda pas à rouvrir les yeux. Apercevant la mine d'Aureane.

« Qu'est-ce qui s'est passé? Pourquoi tu fais cette tête? Et...pourquoi je suis par terre? J'ai dit quelque chose d'interessant? »

Aureane écrivit "Erina" en titre et s'apprêta à noter ce que disait le jeune homme. Puis elle eut soudain l'impression de le voir imperceptiblement sursauter. Le flot de paroles qui suivit lui fit ouvrir de grands yeux avant qu'elle ne se reprenne et note à toute vitesse :

" amr, attd enf Aurél. tart cit. st gtl. faut part. Vit. Câlin chanson…Artan non fais pas ça pa jeu, reviens il partit je pense pas accroch toi à ça. J't'retrouverai, j'promet. On rest ensble . Aurel ! "

Il délirait complètement. Aureane notait aussi vite qu'elle le pouvait mais plus le temps passait, plus elle sentait une angoisse sourde l'envahir. La façon dont il se comportait était tout simplement terrifiante : il parlait comme s'il était une femme, peut-être cette Erina - du moins fallait-il l'espérer pour avoir au moins une chance de mettre un semblant de sens sur cet imbroglio.

Peut-être était-il temps de le tirer de ses hallucinations ? La jeune fille s'apprêtait à ouvrir la bouche pour tenter quelque chose lorsqu'il se mit à se relever, la figeant sur place. Le sourire qu'il lui lança n'était pas le sien et la fit bondir de sa chaise, apeurée. Qui était-il devenu, subitement ? Elle buta contre le mur alors qu'elle reculait, mais rien n'empêcha Nicolaï de venir prendre sa main qu'elle lui laissa à contempteur, incapable de bouger tant il lui faisait peur. Elle savait qu'elle n'aurait pas dû, mais c'était plus fort qu'elle : en cet instant, il la terrifiait.

" Je suis très heureuse qu'il vous ait trouvé. Oui oui. Je vous assure. Vraiment très heureuse. Enfin. Nous sommes très heureux tout les deux. Mais moi particulièrement. "

Aureane ferma les yeux pour échapper à ce cauchemar lorsqu'il lui fit deux baisers sur les joues. Autant les rares fois où il l'avait embrassée l'avaient transportées, autant là elle se sentit davantage agressée qu'autre chose.

" Nicolaï, arrêtez par pitié... "

Elle essaya encore de reculer malgré le mur, commençant à vraiment perdre contenance. Elle voulait qu'il redevienne lui, tout de suite. Le voir ainsi lui était insupportable. Elle avait l'impression qu'il n'était qu'une marionnette dont les fils étaient tirés par quelque esprit maléfique.

" Et puis, vous êtes tout à fait ravissante. Je suis vraiment contente. Contente contente conten... "

La jeune fille se mordit la lèvre pour ne pas s'effondrer en larmes, réussissant juste à gémir :

" Nicolaï ! Arrêtez, ce n'est pas vous... arrêtez... "

Lorsqu'il partit en arrière, elle eut malgré sa peur un mouvement pour accompagner sa chute mais ne put vraiment le retenir ce qui fit qu'elle se retrouva aussi par terre, à son niveau.

" Qu'est-ce qui s'est passé ? Pourquoi tu fais cette tête ? Et...pourquoi je suis par terre ? J'ai dit quelque chose d'intéressant ? "

Les yeux embués de larmes qu'elle s'efforçait de contenir, Aureane esquissa un sourire soulagé en le retrouvant enfin. Elle l'aida à sa redresser tant bien que mal et essaya de se calmer un peu en tentant de répondre à au moins une de ses questions.

" V... vous... vous avez dit... b... beaucoup de choses oui. "

Elle s'aperçut que ça voix tremblait de façon incontrôlable. Pour tenter de cacher son trouble, elle prit ce qu'elle avait noté et le lui tendit. C'était peut-être un peu illisible et... et il n'y voyait pas très clair. Elle récupéra aussi vite la feuille et la reposa en bredouillant. Elle prit sur elle pour proposer malgré son malaise :

" Vous... voulez... que je vous le lise ? "

Elle le regardait un peu comme lorsqu'il lui avait annoncé qu'il avait du sang drow, comme si elle s'attendait à ce qu'il lui saute à la gorge. Enfin, non, elle voyait bien qu'il était lui, elle savait que si elle continuait à le fixer avec de grands yeux terrifiés elle allait lui faire du mal, mais... elle n'arrivait pas à se calmer, même en essayant de se raisonner. L'entendre parler avec cet écho, le voir se lever comme un zombi... Cela l'avait plus secouée qu'elle ne voulait bien l'admettre. Il avait soudain eu l'air mort pour laisser place à une créature sortie tout droit du néant et cela, c'était trop choquant, d'autant qu'elle craignait que cela ne recommence sans qu'ils ne s'y attendent.