[Bibliothèque de Nisetis] On peut vraiment pas étudier tranquille, ici ?

La connaissance ne peut tomber entre toutes les mains, c'était la philosophie du Façonneur...

Là, dans ces ruines, il pouvait trouver un savoir qui, entre les mains de l'Étude Noire, et même entre celle des autres mages de cette expédition, pouvait être perverti et gâché par quelques esprits trop limités, c'était un drame qu'il fallait éviter ! C'est dans ce but des plus louables, que seul un homme tel que lui pouvait accomplir, par ailleurs, que l'on retrouvait le Façonneur seul avec Klez, errant dans les rues désertées depuis des siècles maintenant, sans escorte !
Ah ça, ça n'avait pas été forcément facile, mais il voulait absolument se libérer de l'emprise de cette jeune fille, la Prime Sorcière. Non, non, il n'y manquerait pas de respect, c'était pas le but, mais disons que l'étouffante maman peu soigneuse qui dorlote et surprotège le Façonneur tant sa valeur est grande, c'était trop, non mais, il sait se défendre, tous ses pouvoirs sont voués à ce seul but, quand d'autres jouent les durs avec leurs trucs qui agressent.

Enfin, il y était parvenu, faussant compagnie sans prévenir à ce garde, n'offrant pas l'occasion à la Prime Sorcière de suivre ses mouvements, d'estimer les découvertes du Façonneur, et même de savoir qu'il en aurait fait, et c'était bien là le but de la manœuvre. La nuit précédente, la première, il avait procédé à quelques repérages, remarquant qu'à cause de la présence encore récente d'une déesse étrangère, son détecteur de magie n'était d'aucune utilité, à moins qu'il ait eu la vision d'un humain et donc, besoin d'une lampe pour éclairer sa route, mais lui n'en avait pas besoin, aussi rangea t-il la chose sans plus de procès, il devrait se démerder sans ça, dommage.
Ce qu'il voulait trouver, loin du palais qui attirait l'attention de la Prime Sorcière, c'était une bibliothèque, un endroit, c'était certain, où les brutes ne se seraient pas attardés pour piller, illettrés qu'ils sont tous, sans comprendre que les bijoux et les piécettes ne sont pas ce qui a le plus de valeur !

Un gros sac sur le dos, vide pour l'heure, et Klez portant ses carnets et son matériel, le Façonneur espérait bien tomber sur des parchemins en assez bon état pour être étudié, mais aussi, et vient évidemment sur des tablettes, en un ou deux morceaux, qu'il n'ait pas à faire un puzzle improbable les prochains siècles. Et c'est sur cette pensée d'un travail plus que fastidieux que se conclut sa marche et qu'il découvrit l'impressionnant bâtiment, un véritable trésor de savoir, quoiqu'en partie perdu, c'est probable après le pillage d'il y a quelques siècles et puis, le temps, le manque d'entretien, enfin, tout ça.
Il entra dans l'édifice, escaladant parfois les gravats qui lui barrèrent la route jusqu'à parvenir dans une immense salle dont le plafond était par endroit effondré, reposant au sol, ça et là, autour, il vit quelques petites pièces, et par une chance qu'il trouva douteuse, la gravure indiquant l'annexe de la magie était encore en partie intact et au mur, il n'aurait pas à trop farfouiller pour trouver des choses intéressantes et c'est sans plus attendre qu'il traversa la pièce, évitant d'abîmer les vieux parchemins jonchant le sol à ses pieds, et pénétra dans une salle qui, si elle avait été ordonné autrefois ne l'était plus.

Un bruit et un gobelin paniqué alertèrent le Façonneur qu'un petit quelque chose était avec lui dans la bibliothèque, aussi, pour plus de prudence, il ordonna à voix basse.

« Donne moi ce sac et vas voir ce que c'est, et défends toi si ça t'attaque. »

Le gobelin s'exécuta à contrecœur, sachant la menace qui pouvait l'attendre, mais il le fit... Aussitôt, Ranaghar attrapa un maximum de parchemins, les plus proches qu'il fourra, sans réellement de soin et avec empressement dans son sac, ainsi que deux tablettes qui amenèrent à une charge plus que suffisante à son goût, après tout, il allait devoir fuir. Il mit les deux sacs sur son dos et tira le glaive de son fourreau avant de quitter la pièce, priant tant pour s'en sortir que d'avoir dans son sac quelques petites choses intéressantes, prêt à affronter mais surtout à fuir la menace, avec l'aide de son gobelin de compagnie.

Visuellement, il n'y avait personne d'autre dans la pièce plongée dans une lumière aléatoire du fait des trous épars ornant le plafond, laissant passer la lumière de la lune, mais au vu des tas de gravats et d'étagères en pièces s'offrant en tout sens à la vue du visiteur il était difficile de s'assurer que l'on soit seul dans la pièce.
Le "vaillant" gobelin s'en alla donc voir ce qui avait alerté l'esprit de son propriétaire, à pas feutrés pour tenter de parer au mieux à ce qui pouvait lui tomber dessus, le choix allant du maraudeur local à la créature zombifiée en passant par un bloc de pierre pouvant à tout moment se détacher du plafond au dessus de lui.
La tension monta au fil des pas se dirigeant vers l'entrée d'un couloir plongé dans l'ombre jusqu'à atteindre son paroxysme lorsque la créature verte jeta un demi-regard furtif sur ce qui se trouvait près de lui.
Aussitôt un éclat illumina le couloir mais aucune manifestation ne se montra, ce qui fut néanmoins suffisant pour forcer le recul de la créature. Pour Ranaghar, il n'y avait néanmoins pas de doute, quelqu'un venait d'user de magie mais avait avorté son sort en cours de route car le gobelin s'en tira sans égratignures.

Une silhouette apparue furtivement dans l'entrée, se dessinant au fur et à mesure qu'elle s'approchait d'un puits de lumière lunaire descendant du plafond. Le nouveau venu semblait quand même rester sur ses gardes, n'entrant que doucement dans la pièce après avoir attendu un cours instant après sa rencontre avec le gobelin.
Ranaghar put alors voir que la silhouette n'était ni plus ni moins que la Prime Sorcière elle-même ! La sorcière observait le gobelin qui reculait face à elle, semblant le reconnaitre car elle n'esquissait aucun geste offensif à son égard. Tout juste l'observa t-elle un moment avant de l'ignorer royalement une fois qu'elle s'était assurée qu'il ne représentait pas de menaces. Son regard se portait plutôt sur les alentours à la recherche d'une certaine personne qui allait de pair avec la petite créature verdâtre, ses pas commençant à lui faire explorer la pièce.
Le Façonneur semblait être caché dans un coin mais elle ne sembla pas renoncer à la tâche de le découvrir, un air grave sur le visage et s'avançant seule au milieu des décombres ..

Seule ? la jeune sorcière semblait être seule en effet, pas de gardes pour l'accompagner cette fois et le silence qui régnait confirmait cet état de fait.
Ce manque flagrant de sécurité trouvait en fait son origine dans le travail de repérage de la cité, Y'Shahinn souhaitant référencer par elle-même les sites intéressants à ses yeux. Délaissant les fouilles du palais, la sorcière s'était dirigée vers la zone de la bibliothèque, lieu de savoir qui ne pouvait pas attendre sa curiosité.
De plus l'étouffante chaleur qui baignait les ruines faisait qu'elle se sentait plus en confort à l'intérieur d'un bâtiment.
Seulement elle avait faussée compagnie aux gardes qui attendaient dans une pièce non loin, près d'une brèche dans un mur qui avait offert un passage à la petite troupe. Pour tuer le temps elle avait donc décider d'explorer certaines pièces avant de voir son attention rivée sur les étagères et les innombrables parchemins qui jonchaient le sol.

Mais pas de traces de Ranaghar, ni même du garde qu'elle avait envoyée le surveiller. Peu importe, elle venait de mettre la main sur son gobelin elle n'aurait qu'à le suivre un fois qu'il se déciderait à rejoindre la cachette de son maître. En attendant, la sorcière commença à ramasser quelques parchemins et livres sur le sol, gardant le gobelin du coin de l'oeil dans le même temps.
Pour le Façonneur, l'occasion de filer à l'anglaise était toute trouvée mais le problème était qu'entre lui et la sortie se trouvait une certaine sorcière..

C’est un tout petit bout de sa tête qui dépassa d’un angle un instant, juste le temps de jeter un coup d’œil à la situation mais surtout, à l’origine du bruit qui l’avait inquiété, et il s’avéra finalement que ça n’était pas si terrible que ça, juste une Prime Sorcière seule… Rien d’insurmontable pour l’intrépide Façonneur et son gobelin débile.
Enfin, tout rassuré que ça ne soit pas une bête aussi grosse qu’ignoble avec une gueule pleine de dents et des pattes griffues capable de le mettre en pièce d’un coup de pattes – parce qu’il faut admettre que dans un tel scénario, il aurait pas pu faire son malin et aurait en plus reçu un gros « J’vous l’avais bien dis » de la jeunette qu’était la Prime Sorcière et ça, s’aurait été terrible ! – il put se détendre… Bon, il pourrait moins faire ce qu’il était venu faire, à savoir récupérer des trucs pour sa pomme, quoique… Que la Sorcière aille se faire voir ! Il est arrivé le premier, ayant eu à l’esprit que les choses les plus intéressantes seraient ici, non dans ce fichu palais minable, donc il est en droit de se servir à sa guise et pour son seul profit, jusqu’à ce qu’il décide de ce qu’il peut ou non partagé… Premier arrivé, premier servi !

Tout ça pour dire qu’il recula quelques instants, remettant de l’ordre dans son gros sac, s’adonnant à un casse-tête à l’origine inconnue visant à empiler un maximum de trucs dans un espace réduit en optimisant à fond la position de chaque chose en fredonnant tout doucement une obscure musique, tout espace s’avérant éliminatoire, à terme.
Bref, quand ce fut fait, et qu’il comprit en plus qu’il pourrait emporter encore plus de chose maintenant qu’il n’y avait plus de raisons de paniquer, il évita tout de même d’y retourner tout de suite, faire des ronds de jambes et contrôler le moment où elle le verra, non risquer de laisser la chose au hasard, car le hasard, c’est mal, très mal.

Bref, il débaroula donc de la section dans laquelle il se trouve, celle dont les inscriptions nisétiennes indiquaient que c’était celle de la magie, prenant son plus grand et son plus poli sourire et l’apostropha.

« Oh mais quelle surprise ! Vous m’avez fait peur, Prime Sorcière ! »

Et il s’approcha, rangeant son glaive dans son fourreau, prenant une mine des plus rassurée, comme celle qu’il avait eu en voyant que c’était elle et non un vil et affreux croque-Ranaghar. Son gobelin ne manqua pas de se replacer à ses côtés, légèrement en arrière.

« Mais, je vous croyais en train de fouiller le Palais ? Vous en avez déjà terminé ? »

Il ne fallu guère longtemps pour que le diable ne sorte de sa boite et Ranaghar émergea de sa cachette en envoyant son plus beau sourire à la sorcière. Nul doute qu'il venait d'être dérangé dans ses activités au vu de son épée tirée mais il était plutôt comme une jeune enfant que l'on venait de surprendre en train de faire une bêtise. La Prime Sorcière ne répondit pas sur le coup, délaissant la lecture du parchemin ramassé pour chercher en silence la présence du garde qu'elle avait posté aux cotés du Façonneur. Comme prévu : aucune trace du garde, soit il était mort ou il avait été égaré quelque part dans la cité. Sur le coup elle n'aima guère le fait qu'on se moqua de ses décisions, la cité était dangereuse et Ranaghar semblait s'en moquer. Mais bon .. inutile de faire un scène dans ces ruines, elle avait non loin une bonne dizaine de gardes qui pourront emmener le drow espiègle, enchainé s'il le faut. pour le moment autant le surveiller soi-même et explorer cette ravissante petite bibliothèque.

Ranaghar .. Votre gobelin de garde est également des plus intimidants, j'en viens à regretter de vous avoir confié un garde sans raisons valables. Mais j'avoue que de vous rencontrer ici est une bienheureuse coïncidence.

Sous-entendu qu'elle n'aurait pas à le chercher dans les tanières les plus sombres de la cité s'il venait à manquer à l'appel. Ainsi donc il avait eu la même idée qu'elle : être attiré par l'appel de la connaissance littéraire. D'ailleurs le Drow sortait du rayon d'étalage "Magie et sortilèges" de la bibliothèque, signe qu'il était allé droit au but. Avait il trouvé des choses intéressantes ? certainement au vu des parchemins et autres livres jonchant le sol. Peut être allait il partager ses découvertes sinon la Prime Sorcière trouverait le premier croque-ranaghar sur le chemin afin de le lui offrir. Non pas qu'elle déteste qu'on la double sur certains sujets mais ne pas partager ses connaissances alors qu'elle était venue pour la même chose avait de quoi la mettre en colère.

J'ai préféré laisser la fouille du palais à d'autres sorciers, les esclaves travaillent mais il va falloir encore un peu de temps pour dégager les accès.
De plus je ne pouvais guère attendre de visiter ce charmant endroit, malgré le saccage de la cité je suis soulagée que cet édifice contienne encore du savoir. Vous semblez avoir déjà pris possession des lieux Ranaghar, avez vous trouvé quelque chose d'intéressant ?

Y'Shahinn restait une sorcière profondément attirée par la connaissance, c'était d'ailleurs dans ce but qu'elle avait montée cette expédition. D'ailleurs un coup d'oeil à la besace du Façonneur lui indiqua qu'elle était bien rempli par rapport à la veille, une lueur d"intérêt illumina son regard à la pensée des trésors probables que le drow avait ramassé sur le sol. Mais c'était une autre question, Y'Shahinn vint rejoindre Ranaghar, observant le rayon de la magie en ruine. Il y avait des choses et elle enverrait des serviteurs ramasser tout ce qui pouvait l'être.
Pour le moment autant profiter de la présence du Façonneur pour chercher d'autres choses. Adressant un sourire d'invitation à Ranaghar elle lui proposa une idée.

Commencer par le rayon de la magie est une idée. Mais ce bâtiment est grand, que diriez vous de chercher avec moi l'entrée de la réserve aux archives ?

La réserve .. l'endroit où les ouvrages les plus précieux étaient conservés. Qui sait quels secrets pouvaient être encore conservés là-bas ? Cela changerait de la "banalité" des ouvrages exposés dans des rayons d'étalage classiques. Et pour deux sorciers avides de connaissances c'était là un trésor à chercher en premier lieu. Sur le coup la Prime Sorcière avait abandonné un temps son rang et semblait plus comme une enfant cherchant un trésor. Et puis avoir Ranaghar à ses côtés signifiait qu'elle pourrait le surveiller elle-même cette fois.

Son Gobelin de Garde ? Klez ? Mais non, c’est sa diversion, son amuse-gueule pour Croque-Ranaghar afin de détourner l’attention et fuir, enfin, rebrousser chemin, ouais, ça fait plus classe, plus technique et moins couard. Bref, il savait qu’elle devait penser à mal en constatant l’absence du garde sur les lieux… Oui, il s’en était débarrassé ! Mais il devait faire croire à autre chose, et c’est là qu’être lui avait tout ses avantages… Et il se lança dans un mensonge dissimulé, se fondant dans ce comportement qui le caractérisait… Critiquer et juger, rabaisser absolument tout ou presque ce qui n’était pas lui.

« Mon gobelin de garde ? Ah, Klez ? Eh bien, heureusement que je l’ai, ce gobelin parce que votre garde ! Voila le boulet que vous m’avez refilé ! Cette nouille de brute a trébuché sur une pierre en faisant le fier et vlan, le voila gémissant et se plaignant comme une humaine parce que j’marche trop vite, alors que j’marchais normalement ! Bref, puisqu’il était devenu encore plus chiant que mon gobelin, je l’ai autorisé à retourner au camp, et il s’est pas fait prier tient ! Quelle conscience professionnelle, je vous jure ! »

Oui, c’est vraiment salaud, mais il se plaignait et il savait y faire, c’était crédible… Enfin, quand on tient compte que Ranaghar rabaisse et exagère la plupart du temps, tout au moins au regard des autres. Bref, c’était ainsi qu’il avait choisi de détourner la culpabilité de lui pour la diriger vers l’innocent garde dont le seul tord avait été de ne pas être assez malin pour suivre le Façonneur, ce qui a son goût était évident… La démonstration qui veut que dans le cas des guerriers, multiplier la taille de l’épée par le grade donne le degré d’intelligence de l’individu était on ne peut plus clair et précise… Un trouffion de base à une intelligence nulle, c’est un fait mathématique.
Bref, après avoir répété ce discours qu’il se garderait bien de prononcer à voix haute, parce que malheureusement, les autres esprits instinctivement refusent et réfutent cette évidence scientifique, et n’ont pas l’ouverture et les capacités pour comprendre et accepter la véracité de ce dernier.

Et là, dans les propos de la Prime Sorcière… Ces propos que Ranaghar craignait… Elle voulait savoir ce qu’il avait trouvé. Des choses, il en avait trouvé, mais tant qu’il n’avait pas tout examiné en détail, comprit la portée de chaque découverte et donc jugé si elle pouvait être accessible à des esprits simples comme ceux des autres mages, il ne pouvait rien dire… Mais la parade, à demi véridique en plus, était toute trouvée.

« Je pourrais vous répondre si vous n’aviez pas surpris mon inspection. Comprenez que j’ai cru à une bête alors j’ai pris tout ce que j’ai pu, les ai fourré dans mon sac et je les aurais examiné à tête reposée et en toute sécurité. »

Vlan ! Prends ça dans les dents, suceuse de connaissance ! Après cela, elle lui fit une proposition, une chose censée et déjà dans son plan, quoique désormais totalement mise à mal par son apparition… Bientôt, bien avant qu’il ait pu trouver le plus intéressant et le garder pour lui, elle, ses hommes et esclaves, viendraient prendre tout ça et ensuite, pour mettre des documents de côté pour lui seul, ça serait bien moins simple.
Et s’abattrait sur lui la pire des malédictions des grands esprits de ce monde, voir des esprits inférieurs lire et prétendre comprendre des choses qu’à l’évidence ils pourront jamais pleinement appréhender.

« Si vous voulez, oui… Je comptais d’abord tirer des rayons sur la magie le meilleur, mais en effet, chercher les archives est une bonne idée. »

Il s’arrêta, regarda son gobelin.

« Klez, ouvre le chemin ! »

Et il lui indiqua un couloir et l’ouverture a demi effondrée qui devait autrefois logé une porte, s’enfonçant plus en profondeur dans le bâtiment, hors des rayons.

Rechercher

Résultats par : Messages Sujets
Recherche avancée