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| Uulpharau'n, Obok Senger du Quatrième Ost. [Hans][Validé] | |
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Uulpharau'n
Drow
Nombre de messages : 11 Âge : 31 Date d'inscription : 09/07/2010
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Non-Initié
| Sujet: Uulpharau'n, Obok Senger du Quatrième Ost. [Hans][Validé] Ven 15 Avr 2011 - 18:00 | |
| ~ Nom/Prénom ~ Uulpharau’n Yylpharau’n Qqoth’k.
~ Âge ~ 603 années.
~ Sexe ~ Mâle.
~ Race ~ Drow.
~ Particularité ~ Quelques rumeurs flottent sur sa pureté de sang.
~ Alignement ~ Mauvais.
~ Métier ~ Obok Senger d’thalack du Quatrième Ost & Prime Parangon de Sol Dorn.
~ Classe d'arme ~ A distance.
~ Équipement ~ D’une capeline de bure crasse, de quelques flèches et d’un carquois de cuir, Uulpharau’n a tôt fait d’en arracher toute survie. Un rude arc balancé sur l’épaule, et de beaux empennages bleus comme nuit pour signifier qu’il est celui qui abat, voilà qui suffit amplement à armer l’Obok. Quelques bottes rêches complètent le personnage, et lui donnent l’aisance pour fureter sous la gibbeuse. Que les bandits au sang-mêlé, les larves semi-drowiques des alentours, lui servissent d’équipement, c’est une raisonnable probabilité ; car ils forment un admirable bouclier, une égide défenderesse tandis que bondit l’Obok.
~ Description physique ~ La Maleface, comme certaines vilenies l’ont fait nommer, porte sur son crâne les marques malencontreuses des unions de la race Drow. La Longue Lignée des Yylpharau’n ancre ses sangs jusque dans les confins des Prima originels, et c’est de Men’Arohel que descend cette branche-ci ; mais à cette heure, les nobles Yylpharau’n semblent bien moribonds, et leur sang s’est troublé dans les derniers siècles. Uulpharau’n est le reliquat de tout ceci. Longue face couturée de veines serpentines, qui partout morcèlent les traits et irradient en rigoles violacées, la Maleface est une rude esquisse du déclin, et de la déchéance. Sous ses épaules encore robustes, vient une stature qui se délite en frêles formes, et de très longs bras, habiles comme dérobés à quelque singe. Mais les longues traques au loin du Puy, et les ombres cavernicoles vous dévorant la trogne, ont enseigné à la Maleface à mieux se parer, pour venir ausculter les laideurs du grand-monde. Le vilain-visage est bleu, entaché par les masques d’indigo, et les quelques balafres de ses peinturlurages d’un écrin blanchi, comme l’os. C’est ainsi que l’Obok chemine, le crâne peint et enluminé de fards, et que rode sur les plaines son effigie rupestre de Maleface.
~ Description mentale ~ Retors est évident, cruel est tout naturel, et fourbe jusqu’aux tripes est bien la moindre des choses, lorsque votre couronne de gloire est celle d’être Obok Senger. Coulant, insaisissable, traître comme le vent, Uulpharau’n n’est plus à une veulerie prêt, et il est assuré que ce n’est pas sans faire courir le poignard et la duperie, que le garçonnet d’archerie s’est arraché un chemin de splendeur à la bourbe du Puy. Telles sont les choses. Qu’il ait conservé la rageuse noblesse des Prima, qu’il se soit auréolé à la clarté des Chambres Magmatiques, cela est bien vrai. La Noble Famille Yylpharau’n distille encore quelques carats de pureté entre ses veines, et colporter les racontars de la Lignée Abâtardie – car ainsi la nomment les impudents – est une idiotie, et une regrettable erreur. Dès lors que c’est aux confins de la Demeure Yylpharau’n que s’abattent les vents de soupçon, la Maleface retrouve le coutelas facile. Pour autant, le foudre de guerre qu’il eût pu être, s’est depuis longtemps éloigné à toutes jambes ; et c’est une âme bien plus silencieuse, lovée entre ses côtes, qui gouverne avec sagesse le corps et le cœur d’Uulpharau’n. Les longues courses sous les brumes de l’Ouest, les incursions des verts pirates venus du Ponant, et les princes baroques de Thaar et des anciennes cités, aujourd’hui noyés dans la boue – arraché aux abysses du Puy, l’Obok a appris à faire taire l’orgueil clinquant de sa race. Il est bien plus aisé de tromper, de duper – et traficoter avec des sangs-impurs, si c’est pour amasser plus d’armes qu’il n’en faut pour soutenir un siège de citadelle, voilà qui lui semble bon. Les Demis ont retrouvé droit de cité auprès de lui ; droit de mourir pour lui, également – c’est ce que le Senger nommerait justice.
~ Histoire ~
D’un bond, Urmgeliak’h quitta la corniche de pierre, et retourna dans la noirceur de l’ombre ; là, alentour, entre les dents de la nuit, une poignée de ses compagnons patientaient, parés à la traque. Quelques empennes, quelques dentelures d’archerie luisaient cruellement dans la pénombre. Le Streea Jabbuk avait trié sur le volet ses comparses de la nuitée ; maraudeurs aguerris, ils avaient la flèche vive, la parole close. Urmgeliak’h sourit doucement.
La lune, par-dessus leurs capes, grondait doucement les nuages, qui s’en allaient au cœur de l’obscurité, et ils arrachaient encore quelques lambeaux de brumes dans ces éclairs d’argent. Même la pluie s’était retirée, et un ciel rêche comme linceul saluait le triomphe imminent du Streea. Humant une dernière fois l’air, Urmgeliak’h inclina le crâne vers ses acolytes, et tous s’en furent rapidement de l’avant. Une traînée de fumerolles s’attardait encore, çà et là, dans l’air battu aux embruns. Pas loin, l’Océan grondait, la Mer rugissait sur les côtes de l’Ithri’Vaan, avec son flot de tempêtes, de bourrasques, et de navires ; des pavillons fiers comme les Sombres, et d’autres plus clairs, venus des humanités de l’Ouest. Le pas rapide des Drows les porta jusqu’au rebord tout proche, et l’enclave d’une grotte, tout à côté. C’était là un beau repaire pour les pirates de tout ordre, et nul doute qu’ils étaient nombreux à en user ; mais pour l’heure, il y avait de bien plus nobles usagers dans ces renflements-là. L’Obok, cet Yylpharau’n nouvellement échu ; un traître, une bedaine à percer. Et pas loin, alentour, ce devaient être ces messires les Hommes ; ils se drapaient de haut de leurs faiblesses, et leurs ombres devaient se noyer dans la nuit. Un admirable complot nocturne – une chance inespérée pour le Streea Jabbuk.
Pas un mot, pas un bruit. Les traqueurs se trouvaient trop loin encore. D’une foulée agile, Urmgeliak’h mena ses frères jusqu’au cœur de la cavité ; et leurs arcs étincelaient avec rudesse. Quelques pas, quelques marches encore, et voilà que les longues silhouettes se dessinaient. Sur la droite, ces trois choses devaient tenir lieu d’humanité. Et là, tout à côté, penchés sur quelque butin nuisible, le Senger et son orgueil. Le vent s’engouffrait entre les parois, quelques vêtures ondulaient sans grâce. Les dents gorgées de joies, le Streea entrouvrit ses lèvres, et cracha un ordre dans la nuit. Neuf flèches allèrent s’écarteler sur les quatre formes. Pas un cri.
Haussant un fin sourcil, Urmgeliak’h pénétra plus avant la caverne, et s’en vînt buter sur les cadavres. Ils puaient la traîtrise. Là, sur la poitrine de l'Obok deux vastes balafres avaient précédé le Streea ; quant aux trois humains, des coutelas leur avaient déjà arraché le visage – les flèches avaient échu sur des morts. Le bel empennage des comparses du traître, fièrement, brillait de toute force sur le poitrail de l’Obok. Putride théâtre. Mais ces frusques, ces vêtures trop grandes… Et là, ces Humains aux oreilles trop longues. Quel poison, quelle ruse…
A peine Urmgeliak’h eût-il saisi la fourberie, que les mâchoires du piège le broyèrent ; de quatre provenances, de belles flèches bleues se distendirent dans la nuit, et effondrèrent le corps du Streea Jabbuk et de ses malheureux nervis. Urmgeliak’h, sans bruit, alla choir sur le cadavre du Senger, et son fier sang de basalte ruissela doucement sous la lune – qui, hargneuse, riait d’un éclat empourpré.
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Quelque six siècles plus tôt, les clameurs de l’Elda faisaient vibrer la Demeure Yylpharau’n.
Antique lignée échappée des plus grandes splendeurs, encore liée par le plus fier sang aux Men’Arohel, la Maison Oblongue – comme on la nomma bien vite – étirait étroitement ses rameaux dynastiques jusque dans le Volcan et ses proches confins. Jamais l’Yylpharau’n n’avait connu les pléthoriques descendances des quelques branches aînées de l’Elda, de ces castes nobiliaires qui noyaient sous les Dalharen les honneurs et ombrages de la Cité. Fermement ancrée à ses racines, la Noble Lignée Yylpharau’n, elle, choyait en déliquescence depuis quelques siècles déjà ; l’Oblongue Maison mourait dans le silence, et les couffins vides. L’on y murmurait que la pureté sanguine avait depuis longtemps revêtu les frusques du bas-peuple ; et quelques piètres esclaves, ou des lignées engrossées du peuple, auraient parachevé le renouvellement de la Maison, quitte à lui imprégner la puanteur des bourbes de descendance.
Uulpharau’n, délaissé par les pairs moribonds de sa race – quelques infections, quelques malheureuses maladies emportaient au linceul les derniers d’Yylpharau’n – purgea l’Oblongue Maison de ses vices, et de ses comparses. Les quelques-ceux qui alléguaient être de son origine, ou s’y être mêlé, furent chassés avec hargne. Peine perdue, la Lignée n’y gagna guère que le silence, et les vastes vacuités de chambres délaissées de tous. Seule l’Ancienne, qui ombrait son millénaire, demeura là ; mais elle crachait le sang. Quelques silhouettes, encore, passaient – parfois.
Silence en son sein, rumeurs à son pourtour, telle est la Noble Lignée d’Yylpharau’n.
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Sauf à considérer fascinant que découvrir les festins de la chair avec quelque préceptrice sylphide du lieu, et batailler en garnisons aux abords ennuyeux d’un Puy définitivement cadenassé par les Sombres, la vie bouillonnante du jeune Uulpharau’n ne débuta sincèrement qu’au jour où, un carquois flottant sur l’épaule, il délaissa ses comparses de l’Elda pour aller accompagner les bretteurs des Osts lointains, les arbalétriers aux yeux de souffre qui hantaient l’Ithri’Vaan. Les fourrés rachitiques de la plaine morte, les rocailles embrumées et les reliefs en poignards pierreux, voilà qui fut tourbillon de joie pour le jeune archer. Les pègres furtives de l’enclos, les négriers blafards de Sol Dorn, et quelques ligues muettes de comparses à la maraude, telles étaient les ombres qui chantaient et chuchotaient entre les griffes de la nuit. Des négoces crapuleuses, empuanties par les sangs et les crânes marchandés sous la gibbeuse, se passaient et se pressaient dans les voiles vespéraux. Ce furent ceux-là qui, les premiers, connurent les flèches bleues de celui qui, appelé à être Obok, n’était guère que Kyorl de quelques maraudeurs plus jeunes encore que lui. Sous les nuages traqués par le vent, ceux-là prirent coutume de se peinturlurer le crâne, et devinrent de belles obscurités passagères.
Lorsque Léandre de Soltariel mena l’ombrageuse croisade contre le Peuple Sombre, Uulpharau’n bondissait avec ses frères du Quatrième Ost, et il connut les torves massacres de l’ocre lutte. Les flèches létales, les carreaux d’airain pourfendaient joyeusement les fumées de la bataille, sifflant comme toupies pour aller trouver à se nicher, ici un crâne, là une gorge. Par-delà les ravages des vougiers impénitents, la Maleface trouva l’assurance que ceux des soltari qui fuyaient, jamais ne reverraient Boniverdi aux belles tours. Les traqueurs clairsemés d’un proche groupement, lorsque les flèches vinrent à filer sur le flanc Est, firent ralliement au vilain-visage, et eurent à faire chanter leurs cordes de malheur derrière le Kyorl – qui, sous les oripeaux de la victoire, fut fait Veldruk pour harceler les derniers bataillons en fuite.
L’étrange paix, qui par la suite naquit de ce charnier triomphal, fut l’occasion pour le Quatrième Ost de ramper jusqu’aux confins de l’Ithri’Vaan. Partout, les Drows faisaient rouler tempête pour écarteler les dernières forces, et il y eut jusqu’à Naelis qui trembla doucement dans ses petites murailles. Quant aux villes frontalières, à Thaar aux larges portes, elles connurent l’émoi. Sol Dorn commença de rayonner. Ce fut dès lors de ce bastion-là, que la Maleface arracha ses conquêtes.
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La revêche forteresse de Sol Dorn méritait certes ces qualifications, tant elle ancrait dans la terre ses racines tourmentées. Place viciée des hérauts de l’ordure, elle humait bon les senteurs charriées d’une cité livrée aux négligences du bas-peuple, tandis que s’abattait le lourde botte des Drows. Confluent des chalands plus que douteux, elle avait racrapoté sur ses provinces proches des meutes impavides de brigands, de sang-mêlés à la face creuse, qui échangeaient coutelas et piécettes avec une admirable vivacité. Sous la conduite du Senger de ces siècles-ci, l’Ocre-Cité, maigre campement de Drows en tête de pont des plaines viciées, s’était transmuée en véritable cathédrale du Quatrième Ost, qui n’en retirait plus la lourde empreinte de sa botte ; et, au-dessous, vivotaient et prospéraient les rats, les moisissures, et les chalands à la face grêlée – des Drows, ou ce qu’il en restait.
Au premier jour de leur arrivée, Uulpharau’n et ses comparses n’eurent que droit de traverse de la Cité, des battants du Nord à ceux du Sud ; mais ce que, tout alentour, ils dévorèrent à revers d’œillades, suffit à leur arracher quelques justes concupiscences – car partout, entre les étals vérolés et les chiens pelés à l’os, s’esquissaient de sombres capuchons noyés de fumées, des silhouettes vagues et dansantes, qui crachaient pièces et jurons sous les portiques délabrés. Et quelques toiles, et quelques draperies trouées, leur faisait apparat ; parfois, arrimé à son piquet, un esclave décharné patientait sous les brumes solaires. Mais la cohorte des Drows s’en fut vers le Sud, et érigea campement sur les berges orientales de l’Olyia, tandis que tonnait le courroux du Streea Jabbuk à la gorge de cendre, Gardomath – Le Poisseux, comme le persifflait la rumeur.
Alors, les Drows connurent l’ennui. Car enfin, Gardomath devait avoir de fières raisons que de laisser ici s’attarder un large fragment du Quatrième Ost ; le plus gros de la horde s’était enfui vers le Nord, pour rapiner sur Naelis, et plus encore d’entre les ombres de l’Aduram – mais là, sur les contreforts terreux du Fleuve, s’alanguissaient les Drows. Et sous les peintures craquelées par la bruine portée de la Mer, la Maleface se mit à songer avec rudesse.
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Le Gros Sgdom’kvas, et assurément il méritait son sobriquet fort piteux au demeurant, fit craquer ses jointures avant que de se courber. Il faisait toujours craquer ses jointures, ses grosses jointures grasses – tant que c’en était horripilant. Fort heureusement, il touchait en cette nuit à ses derniers craquements de jointures ; les fragiles osselets iraient bientôt, cisaillés, gésir dans la tombe ; ou bien encore la fosse commune, pour les pourceaux de son rang d’opprobre.
Sgdom’kvas était l’un des préposés aux pontons de Sol Dorn ; et, quoique le port de la Cité fut fort restreint, il était bonnement ahurissant qu’un imbécile de son rang eût emprise sur les navires, si petits fussent-ils. Mais enfin, telles étaient les choses. Emergé sous la lune fangeuse, le Gros avait délié les cordages de quelques bacs à fond plat, quelques petites barges des fermes du Nord – de celles qui charriaient, sous les vents, bétail et esclaves vers les confins du Sud, vers Thaar aux fiers marchés. Pour autant, cette nuit, ce ne fut guère jusqu’aux arrimages austraux que s’en furent les barges ; et, bien avant, elles allèrent s’échouer sur la rive de l’Ouest, aux encablures du campement. Quelques jambonneaux, et un sourire du Gros, avaient suffi à assoupir les peu pointilleux gardiens de Sol Dorn. Alors, ayant accosté sur la berge d’en face, Sgdom’kvas avait laissé grimper quelques hordes proches, et les déversa sur l’autre rive ; et, tandis même que débarquait le dernier des bacs, le Gros, juché sur sa colline, faisait craqueter ses maudites jointures devant la Maleface. Un beau poste dans l’Ost avait été promis au Gros, contre sa petite trahison.
Uulpharau’n, un sourcil élevé, jaugeait de l’œil les quelques douzaines – et bien plus encore – de gredins, de putrides-cœurs, qui venaient crapahuter sur le revers de la berge. Qu’étaient-ils, crapauds de misère, tenanciers mécontents, traficoteurs hargneux ou bien encore pirates crapuleux en quête de butin ? Peu importait. Seuls les quelques lames distordues, et ces rictus cognés, suffisaient à l’Yylpharau’n. Ils venaient pour abattre le Streea – formidable idée. Alors, se ressouvenant que ses comparses devaient avoir pris poste, le Veldruk se détourna brusquement du talus, et s’en fut parmi les draperies d’ombre, vers les arbres crochus. Et, au gosier du Gros qui réclamait, une flèche sifflotant de nulle part suffit à contenter sa bedaine ; lorsque la masse chuta dans l’herbe noircie, la terre trembla un peu.
Alentour, les quelques sentinelles dormaient au flanc des plaines ; de maigres brasiers, des feux de pacotille, vivotaient çà et là, épars. L’on aurait juré quelque campement d’humains – et il fallait bien dire que les Sombres guerriers, cantonnés à flâner sous les prés, avaient quelque peu égaré leurs lames crochues. Trois jours, on leur avait promis le départ pour le lendemain. Alors, lorsqu’ils n’avaient pas fui au Nord pour rejoindre l’Ost, ou bien dans l’Ouest pour quelque négoce sous la cape, ils somnolaient léthargiquement sous les nuages. Etirant ses capuchons sur quelques lignes, le quarteron des gredins en maraude s’épaula d’un peu de courage, de gnôle parfois, et ils s’en vinrent rapiner les abords du campement, forant leur voie parmi les dentelures de la nuit. Ils allumaient même des torches, les fous.
Lovée dans les creux du murmure, à quelques jets de là, la Maleface dardait ses yeux étincelants contre la pitoyable farce de ces gens-là. Les premiers Drows avaient été renversés, d’autres furent abattus dans leur course, mais déjà ils s’éveillaient, et pourfendaient cette marmaille de bandits qui jouait du coutelas comme bambin du hochet. Il fallut même, tant leur progression était cataclysmique, quelques volées des flèches bleues, pour clarifier leur chemin ; jaillies des fourrés, elles enserrèrent tendrement les Drows, qui chutaient sans bruit. Dès lors que la meute désordonnée, agitant ses torchères avec fracas, eût atteint quelque profondeur dans le campement encore rêvasseur, la Maleface cracha un ordre dans l’ombre. Ces piteux pirates s’étaient révélés au-dessous de toute force, et les voilà qui reculaient des premiers pieds, tandis que le Streea s’efforçait de rallier quelques embrumés à son noir panache. Mais un mot de l’Yylpharau’n, et le noir panache fut percé de part en part ; disloqué, désarticulé, le Jabbuk s’effondra d’un coup entre les griffes nocturnes, tandis que s’effilochait le rempart de sa garde. A peine le prodige admiré, les pillards blafards voulurent reprendre pied sur leur calamiteuse percée ; grand mal leur en prit, car de tous côtés émergèrent les archers bleutés, et Uulpharau’n fit abattre les quelques fous qui présumaient de leur victoire. Dans la confusion et le tumulte, dans les émois furieux, la Maleface se fit vengeresse, et déploya toute rage contre les malheureux meurtriers du chef. Jusqu’au fleuve, les pillards furent acculés, et là, décimés dans les eaux rouges au matin.
Le corps du Jabbuk, lui, demeura enlacé à l’herbe de la plaine – percé en cinq lieux de flèches sans empennage.
Six jours n’avaient pas passé, que l’Yylpharau’n fut mandaté Jabbuk.
Six jours encore, et l’Obok jaillissait à marche forcée vers Sol Dorn, pour pacifier les troubles de la province ; et d’autres raisons encore.
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Les Osts font tonner de loin leurs éclairs, lorsque s’éboulent les foudres des Sombres. Et le Streea nouvellement érigé à cette hauteur, ne fit guère exception.
Le Senger, cheminant au-devant de ses vastes hordes, faisait éclater les lourdes barrières des ennemis infiltrés jusqu’au sein d’Ithri’Vaan ; et c’était non sans hargne, ou rage, que s’abattait la colère du Sinistre, lorsque sa poigne jaillissait hors des baraquements de Sol Dorn. Inféodé aux rictus du Senger, menant les archeries sous l’égide du seigneur de l’Ost, la Maleface fut des noires luttes, des ravages suintants de la plaine grêlée par les vents. Dans les reflux et les embruns, sous les cris des oiseaux portés par la Mer encore lointaine, l’Yylpharau’n menait ses quelques légions bondissantes vers les hordes barbares, vers les caravanes hâtives qui fendaient les plaines ; et les Demis bourbeux, les pillards empuantis de tabac rance, étaient semés dans la brise comme paysan arpentant sa terre de ses lourdes bottes. Les flèches à l’empennage bleu, comme de larges mouches bombinant et frappant depuis les nuées, commencèrent de se tailler quelque renommée parmi les sangs mielleux des torves-crânes de l’endroit, les rebus de la lande. Les ans filaient, au rythme de l’arc et de la corde, tandis que chantaient les crocs acérés jaillis hors du carquois.
Jamais la Maleface ne retournait hanter les pénombres de la Maison Oblongue ; et qu’y eût-il fait, du reste ? La Lignée était éclatée entre les charniers du Volcan, et les carats de noblesse qui filaient entre ses veines, se raréfiaient parmi ses semblables. Fût-il adossé aux proches cavités battant des marées magmatiques, l’âtre était froid, l’antre était glacial.
Et, perçant les ombres de l’Ithri’Vaan, la Maleface trouvait bien plus de joie à quelque désastre mené à la pointe de ses flèches. Lorsque chutaient lourdement les carreaux crachés par les proches arbalètes, le chant clair des arcs prenait toute pureté en lardant les crânes pourfendus.
Les siècles roulèrent aimablement – et la capeline d’Uulpharau’n s’élima longuement à parcourir les fourrés rancis des pourtours dévastés.
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L’Obok Senger était un Guerrier, et Akth’ssurgmakh était son nom. Et sous ses auspices, lorsque paraissait la gibbeuse grinçante, Thaar et ses remparts hérissés, jaillissait de la plaine comme oursin à ses roches. Obscure citadelle battant sous les remous des pas, vivier des garnisons à la maraude – et repaire des catins vénales et des souteneurs aux dents brisées – l’Ocre-Cité chatoyait rudement, comme un buccin sous les brumes.
Là, d’entre les murailles du lieu, ne provenaient guère les lourdes effluves du Volcan d’Elda ; les flammes n’y dansaient pas, les cris y tonnaient moins. Les dagues, aussi, étaient moins nettes ; et quelques armures rouillaient au fond des baraquements. Et les piécettes, et les joyaux aux éclats faux, s’y promenaient de la paume à la paume dans les torves fumerolles des campements crevassés ; les négociants à l’âme arrachée, et les pillards venus tirer pécule de leurs larcins, y côtoyaient de bonne joie les rudes Sargtlin aux longs doigts. L’on y lorgnait les négoces, l’on y trafiquait les chairs sous la douce bénédiction des porteurs de vouges. Mais pour autant, lorsque l’astre bas faisait cortège aux trognes du Senger et de ses comparses, s’éparpillaient les moineaux en guenilles ; la pourriture avait quelque raison.
Cependant, l’Obok du Quatrième Ost n’allait guère reparaître avant longtemps ; car Alonna et ses fortins appelaient le couperet des Sombres, et vers le Nord allait bondir Akth’ssurgmakh. L’Ost, certes, ne déverserait pas ses pleines forces sur le Septentrion – et quelques réservistes seraient cantonnés aux mornes langueurs de Sol Dorn aux longs silences, tandis que le sang des Drows pourfendrait la Péninsule depuis les hauteurs. Et, tandis que déjà s’amassaient les cohortes des Streea, derrière les ombres argentées du Senger et de ses portefaix, le sinistre Akth’ssurgmakh confia dans un sourire les petites défenses de la Cité à l’Yylpharau’n. Il lui forgea même, d’un rictus, un honneur de Parangon, pour ornement de l’inanité qui serait la sienne.
Uulpharau’n ne frémit pas.
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La Maleface, sous ses peintures d’indigo, eut un sourire presqu’ennuyé.
Xxergemath était Streea Jabbuk parmi les féroces cavaliers du Quatrième Ost, et sa meute montée se déployait largement lorsqu’il fondait sur les plaines. Les trafiquants, négociateurs d’en-dessous de la cape, avaient appris à craindre son galop ; et les fossés, si rares fussent-ils, commençaient à se remplir de têtes lorsque le Cavalier passait. Et là, ce jour, le Jabbuk avait interrompu sa cavalcade, et de son tertre grouillant il haranguait la Maleface. Que disait-il, peu importait. Ses longues dents claquaient sur sa mâchoire, contre le Soleil ; il avait à la main une vouge, et la faisait tournoyer en sifflant. L’Yylpharau’n, silencieux, laissa son regard errer sur les rangs des chevaucheurs aux belles cottes rutilantes ; la lumière s’écrasait sur les flancs des montures. Sur la droite un petit Veldruk, au nom d’Urmgeliak’h, faisait danser une lame de guerre entre ses doigts forts ; sa monture piaffait dans la brise.
Xxergemath cracha quelques mots dans le vent, et il darda ses yeux sombres contre la Maleface ; il pouvait bien prétendre s’envoler pour Alonna, s’en aller quérir honneurs et ripailles dans les citadelles embrasées, ces paroles flottantes sombraient bien vite.
La cavalcade volta, elle reprit son odyssée courante.
Un jour, Uulpharau’n lui ferait humer l’acier d’une flèche.
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Fous qu’ils étaient.
Trois lourdes cargues à la belle coque, rebondies comme femelles pleines, ondulaient sur les troubles eaux de l’Olyia. Leurs voiles dansaient calmement sous la brise, et les rames pendaient nonchalamment de part et d’autre des corps de bois, comme quelques pinces oubliées. Depuis les cales remplies jusqu’aux plaines proches, cela flairait l’or et les pierreries, le larcin et la rapine ; et la sueur moite des sales-sangs, des bâtards du Noble Peuple. Sans doute ces trois caravelles-là allaient elles s’échouer à quelques encablures en amont de Sol Dorn, et dilapider leurs richesses parmi les tribus d’hommes de corde de ces régions-là. Combien de cabanes, combien de fermes crasses, enfermaient entre le foin et les crânes, de belles cargaisons comme celle-ci ?
L’Obok, on le savait, du fond de son bastion de Sol Dorn, et par-devers les murailles élancées en flèches féroces, avait quelques largesses pour ces négoces-là – quoiqu’il éventrât de temps à autres les pillards trop impudents, et que l’Ocre-Cité eût pu tirer son sobriquet des tourbes pourpres qui parsemaient les landes alentour. C’était pourtant toute sa valetaille de garde, toute son honorable piétaille, qui s’arrondissait les besaces pour fermer les paupières sur les aimables négoces de la proche-contrée. Mais enfin, lui, il était loin ; au Nord. Et cerclé de Streea aux longs crocs.
La nuit était tombée, les chasseurs avaient faim ; quelques empennages, déjà, chantonnaient doucement sous la caresse des archers. Ecachant l’écorce d’un arbre racorni, l’Yylpharau’n embrasa une belle torchère, et éleva la flamme sur la rive Est ; à ses côtés, et de la rive voisine, vinrent en réponse quelques dizaines d’éclats rouges, sanglants, qui balafraient tendrement l’obscurité.
Et, élevant haut son archerie, le Jabbuk décocha un long trait embrasé jusqu’au fleuve bleu, où s’embrasa la voile du premier de ces navires. Dans le sillage de la première étincelle, des bourrasques de flammes furent déliées de toutes parts, et vinrent s’ébouler avec fracas contre les trois goélettes nocturnes ; la nuit était roussie par les braises.
Au matin revenu, le spectacle était fort étrange, de ces trois carcasses calcinées, qui allaient doucement craquer dans un coude de la rivière.
Mais le Jabbuk n’était plus là ; à cette heure, il frappait aux portes de Sol Dorn, l’Ocre-Cité, et rameutait quelques garnisons pour éclaircir les fermettes avoisinantes, et les galops boiteux des marchands de chair rancie.
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Les émissaires jaillis du Nord avaient fait long chemin, à cavalcade tourbillonnante, pour parvenir aux confins de Sol Dorn ; et, tandis que le Streea avait mené quelque ravage contre de trop clinquants marchands d’esclaves des ravins de l’Ouest, ce fut le carquois vide et les mains alourdies, que les messagers trouvèrent le Jabbuk à la face azurée.
Akth’ssurgmakh n’était plus. Lame traîtresse, carreau vengeur, ou quelque hallebarde des paysans d’Alonna, mais le Senger avait été pris par le vent ; était-il mort, ce n’était pas même avéré. Si du moins c’était une escobarderie de Xxergemath qui l’avait emporté, celui-ci l’avait su faire fort habilement – mais le Quatrième Ost n’avait guère gagné de grande gloire, à voir son seigneur envolé dans les plaines lointaines.
Alors, de la Maleface étendant son emprise sur les confins de l’Ocre-Cité aux longs murs, ou bien encore du Streea Xxergemath cavalcadant sous les Lunes du Nord, aux côtés des phalanges de la Sombre Armée, ce serait entre ces deux-là qu’échoirait l’Ost.
Déjà, l’Yylpharau’n avait ramassé en silence ses forces sous les oripeaux de Sol Dorn, et sa petite armée avait conservé les lourdes dignités ; même dans les plaines lointaines, à tant de lieues du Volcan et de ses braises, nul trouble ne vint faire ondoyer les rangs de ses Sargtlin. Les nervis d’Akth’ssurgmakh avaient entamé leur chemin à rebours des terres d’Ithri’Vaan, et rejaillissaient vers Sol Dorn ou l’Elda. Xxergemath, à la tête des coursiers de la lande, devait tracer la voie des lutteurs de l’Ost. Déjà, Uulpharau’n s’apprêtait à s’envoler pour le Volcan aux vastes fumées, pour ourdir les commandements des trois seigneurs, le Triumvirat aux longs visages.
Mais la Maleface n’eut pas à aller à l’Elda ; ce fut les ordres des Sombres qui galopèrent à son encontre – une bague d’Obok dans quelque repli des capelines claquantes.
~ ~ ~ ~ ~
L’Elda, enfin, faisait rugir ses destinées jusque dans les provinces de Sol Dorn. Coquetterie, l’Ocre-Cité s’était parée, pour chasser le vieux fanion bruni, d’un large étendard aux rouges marques. Ce fut l’unique concession que l’Obok nouveau accorda aux coutumes nobiliaires venues de l’Ouest – et, pour le reste, l’emprise des Drows commença de s’étendre vers le rivage, et vers la Mer.
Lorsque les bras de l’Ost confluèrent vers Sol Dorn, pour reconnaître le Senger, ce ne fut pas l’orgueilleux Xxergemath qui vînt à passer devant la Maleface ; et certes, il se serait courbé avec raideur. Pourtant, il aurait eu bien du mal à paraître sur ses deux bottes face à l’Yylpharau’n, car c’était dans quelque noble charnier qu’il gisait. Et Urmgeliak’h, le petit Veldruk, semblait avoir mis à profit des pensées aussi retorses que celles d’Uulpharau’n. Tant de morts avaient secoué l’Ost ; une poigne de fer saurait redresser les vouges et les piques de ces pourfendeurs-ci.
Presqu’entre gens de bonne compagnie, l’Obok sourit au Jabbuk aux longues-dents ; ce sinistre harpagon des gloires, empêtré à arracher ses dignités de Streea, avait livré à la poigne de la Maleface l’élévation et la bague du Senger d’thalack. Celui-ci, cet Urmgeliak’h, serait le prochain à déchoir ; et le soir-même, d’étranges messagers vinrent confier sous la cape au Jabbuk, que l’Obok trafiquait dans quelque grotte avec d’obscurs pillards vendus à la Couronne de Diantra…
Ainsi, prenant plein pied dans son sixième siècle, Uulpharau’n l’Obok eut un regard délectable pour Sol Dorn, ses plaines, ses morts.
~~~~~
~ Comment trouves-tu le forum ? ~ Blou. ~ Comment as-tu connu le forum ? ~ Bli. ~ Crédit avatar et signature (lien vers l'image d'origine et nom de l'artiste dans la mesure du possible) ~ DeviantArt. (Refonte de Here We Go)
(Quelques doutes sur la recevabilité de mon histoire... @_@)
Dernière édition par Uulpharau'n le Dim 24 Avr 2011 - 11:20, édité 2 fois |
| | | Hans
Ancien
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| Sujet: Re: Uulpharau'n, Obok Senger du Quatrième Ost. [Hans][Validé] Sam 16 Avr 2011 - 20:41 | |
| Hello
C'est moi qui vais m'occuper de ta fiche :)
Celle-ci laisse pas mal d'interrogations, notamment par rapport à comment tu envisage la situation drow en itirhivaan, ainsi que la manière dont tu dépeins la gestion du quatrième Ost. Concrètement :
-Sol Dorn est une ville militaire érigée par les drows à la suite de leur invasion de l'ithrivaan ; par conséquent, la présence d'un Prince à cet endroit là est compromise. -W’n Styggya : un drow ? un homme ? On est loin des sonorités d'Ithrivaan, ni même de Zurthanie. Il y a eut, lors de l'invasion drow, un Prince (de Thaar) qui a du courber l'échine, ça c'est sûr, mais j'aide des doutes qu'un nom pareil lui sied.
-La gestion du quatrième Ost est à proprement parler catastrophique : Obok Senger absent & corrompu, Strea Jabbuk ayant tout pouvoirs, divisant l'Ost en deux ; attendu que la discipline reste le leitmotiv de l'armée drow, tout ce laisser aller semble assez étrange. D'autant plus dans la période de la guerre d'alonna, et tout le suivi que ça implique (réunion de l'Olath Blada, etc.).
Je trouve bien d'intégrer un côté assez crapuleux au sein de l'armée drow, mais d'autre part, cela (ainsi que la question de sol dorn) induit certaines incohérences vis à vis du bg. Je te laisse clarifier tout ça, et après je pourrais te valider :) |
| | | Uulpharau'n
Drow
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| Sujet: Re: Uulpharau'n, Obok Senger du Quatrième Ost. [Hans][Validé] Dim 17 Avr 2011 - 10:59 | |
| Il faut dire qu'établir une histoire autour d'éléments ayant peu, voire pas, de BG, est toujours une expérience intéressante \o/
Sol Dorn, effectivement, est considéré comme l'avant-poste militaire des Drows dans la région... mais en considérant que Sol Dorn n'a jamais été évoqué le moins du monde dans les événements, et considérant que Thaar est particulièrement autonome sous l'impulsion de Cosme, je me suis permis de croire que Sol Dorn n'assurait pas tant que cela la présence Drow, dans les faits. Cette vision permet plus ou moins de justifier que Sol Dorn n'ait jamais eu le rayonnement qu'on lui supposerait, et permet aussi de lui redonner une nouvelle impulsion maintenant (suite à Ellyrion ; et à la redéfinition des Drows, par Gau, qui est un peu plus brutale qu'auparavant). Pour le reste, un Prince... oui, bon, son nom sera changé au besoin, mais il est effectivement Drow. Le fait qu'il y ait un prince vient d'une remarque de Gau, qui envisageait de "régionaliser" les Ost, mais trouvait peu probable que Sol Dorn soit directement dirigé par un Senger. Disons que cela permet de croire que Sol Dorn était un minium émancipé par le passé... (quant à l'idée d'une principauté, on peut bien sûr lui mettre un titre un peu moins dynastique). L'inspiration est un peu trop thaarienne, en fait :)
Obok Senger absent et corrompu, pas vraiment. D'une part, le récit est subjectif, donc il y a un peu d'exagération en faveur du Streea... les Streea prenant, par ailleurs, leurs ordres du Senger, bien sûr (tiens, oui, j'ai peut-être été elliptique sur ce point... \o/). Pour le reste, le Senger n'est pas absent, mais disons qu'il centralise autour de Sol Dorn. Ce qui ne veut pas dire qu'il ne fait rien, mais disons que quelques Streea ambitieux tendent à s'accorder tous les mérites. (Le problème étant que le Quatrième Ost n'a jamais connu de Senger, et n'a donc jamais été cité dans les événements récents... il est un peu difficile de réécrire l'histoire d'Alonna ou d'Ellyrion, en rajoutant un plein Ost. Et pour le reste, l'activité Ithri'vaanienne ne fut jamais folle.)
Sinon, côté crapuleux de l'armée, tout cela, oui, bien sûr. L'éloignement par rapport à Elda, aussi, permet une gestion un peu moins orthodoxe de l'Ost.
Hm. Msn, en fait *_* |
| | | Hans
Ancien
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| Sujet: Re: Uulpharau'n, Obok Senger du Quatrième Ost. [Hans][Validé] Lun 18 Avr 2011 - 8:26 | |
| Y'a donc bien une petite divergence de vision sur la situation ^^
Sol Dorn a été créé avec l'arrivée des drows en Ithri-Vaan : c'est, en gros, le camp fortifié romain devenu ville. Comme il est décrit dans le bg d'Ithri-Vaan, être dirigé par l'Obok Senger me semble être logique. C'est là que transitent tout ce qui provient d'Elda, etc. Au final, c'est une ville majoritairement drow, militaire, bien qu'on puisse supposer l'intallation de tout ce qui suit généralement une armée (et la prolifération de traine-misères demis, produits en masse dans les bordels à zurthanes).
C'pour ça que j'ai vraiment des gros doutes sur la possibilité d'un Prince, ou autre représentant d'un pouvoir temporel. Comme les drows sont vraiment centrés autour de l'armée, que les chefs militaires ont une importance politiques non négligeable, etc.
À contrario, Thaar est l'exemple phare de ville "embrigadée" ; elle existait avant l'arrivée des drows, et sous leur dominance, a pu se développer en tant que pseudo-protectorat. D'où le gouvernement "indépendant" (bien que soumis à la règle drow).
Quant au Senger, soit, l'éloignement peut permettre ce genre de relâchement. Par contre, avec la bataille d'Alonna, y'a forcément eut des réunions du conseil de guerre, et donc des comptes à rendre au trium-virat de l'époque ; si tu peux en parler dans la fiche, ça serait bien. |
| | | Uulpharau'n
Drow
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| Sujet: Re: Uulpharau'n, Obok Senger du Quatrième Ost. [Hans][Validé] Mer 20 Avr 2011 - 17:17 | |
| Hm, après une relecture globale à tête reposée... oui, y'avait du boulot
J'ai donc édité, amendé, raccourci, et (hopefully ) rendu le tout un peu plus cohérent. Je vais tout de même compulser quelques archives sur les rapports du Triumvirat avec les Senger, pour voir s'il n'y aurait pas possibilité d'affiner un peu. En revanche, j'ai dû greffer la disparition du Senger sur Alonna... j'espère que cela ne s'oppose pas trop au fait que le Quatrième Ost n'ait jamais été mentionné durant ces événements-là (j'ai, dans ce but, limité les forces engagées par l'Obok).
Bon, le Senger inactif, les Streea libertaires, le Prince, et autres... j'ai préféré trancher dans le vif, tout est évacué. Histoire plus courte, plus propre, woilà. (Tu as bien fait de m'inciter à remanier le tout @_@)
Mais bon, 'm'étonnerait pas que cela demeure perfectible sur quelques points... :)
(En spoiler, tu trouveras précisément les passages de l'histoire qui ont été modifiés... certains pans ayant été gardés tels quels, notamment au début, tu épargneras peut-être un temps précieux)
- Spoiler:
{En gris, les modif'}
~ Histoire ~D’un bond, Urmgeliak’h quitta la corniche de pierre, et retourna dans la noirceur de l’ombre ; là, alentour, entre les dents de la nuit, une poignée de ses compagnons patientaient, parés à la traque. Quelques empennes, quelques dentelures d’archerie luisaient cruellement dans la pénombre. Le Streea Jabbuk avait trié sur le volet ses comparses de la nuitée ; maraudeurs aguerris, ils avaient la flèche vive, la parole close. Urmgeliak’h sourit doucement. La lune, par-dessus leurs capes, grondait doucement les nuages, qui s’en allaient au cœur de l’obscurité, et ils arrachaient encore quelques lambeaux de brumes dans ces éclairs d’argent. Même la pluie s’était retirée, et un ciel rêche comme linceul saluait le triomphe imminent du Streea. Humant une dernière fois l’air, Urmgeliak’h inclina le crâne vers ses acolytes, et tous s’en furent rapidement de l’avant. Une traînée de fumerolles s’attardait encore, çà et là, dans l’air battu aux embruns. Pas loin, l’Océan grondait, la Mer rugissait sur les côtes de l’Ithri’Vaan, avec son flot de tempêtes, de bourrasques, et de navires ; des pavillons fiers comme les Sombres, et d’autres plus clairs, venus des humanités de l’Ouest. Le pas rapide des Drows les porta jusqu’au rebord tout proche, et l’enclave d’une grotte, tout à côté. C’était là un beau repaire pour les pirates de tout ordre, et nul doute qu’ils étaient nombreux à en user ; mais pour l’heure, il y avait de bien plus nobles usagers dans ces renflements-là. L’Obok, cet Yylpharau’n nouvellement échu ; un traître, une bedaine à percer. Et pas loin, alentour, ce devaient être ces messires les Hommes ; ils se drapaient de haut de leurs faiblesses, et leurs ombres devaient se noyer dans la nuit.Un admirable complot nocturne – une chance inespérée pour le Streea Jabbuk. Pas un mot, pas un bruit. Les traqueurs se trouvaient trop loin encore. D’une foulée agile, Urmgeliak’h mena ses frères jusqu’au cœur de la cavité ; et leurs arcs étincelaient avec rudesse. Quelques pas, quelques marches encore, et voilà que les longues silhouettes se dessinaient. Sur la droite, ces trois choses devaient tenir lieu d’humanité. Et là, tout à côté, penchés sur quelque butin nuisible, l’Antique Prince et son orgueil. Le vent s’engouffrait entre les parois, quelques vêtures ondulaient sans grâce. Les dents gorgées de joies, le Streea entrouvrit ses lèvres, et cracha un ordre dans la nuit. Neuf flèches allèrent s’écarteler sur les quatre formes. Pas un cri. Haussant un fin sourcil, Urmgeliak’h pénétra plus avant la caverne, et s’en vînt buter sur les cadavres. Ils puaient la traîtrise. Là, sur la poitrine du Prince deux vastes balafres avaient précédé le Streea ; quant aux trois humains, des coutelas leur avaient déjà arraché le visage – les flèches avaient échu sur des morts. Le bel empennage des comparses du traître, fièrement, brillait de toute force sur le poitrail de l’Obok. Putride théâtre. Mais ces frusques, ces vêtures trop grandes… Et là, ces Humains aux oreilles trop longues. Quel poison, quelle ruse… A peine Urmgeliak’h eût-il saisi la fourberie, que les mâchoires du piège le broyèrent ; de quatre provenances, de belles flèches bleues se distendirent dans la nuit, et effondrèrent le corps du Streea Jabbuk et de ses malheureux nervis. Urmgeliak’h, sans bruit, alla choir sur le cadavre du faux-Prince, et son fier sang de basalte ruissela doucement sous la lune – qui, hargneuse, riait d’un éclat empourpré. ~ ~ ~ ~ ~ Quelque six siècles plus tôt, les clameurs de l’Elda faisaient vibrer la Demeure Yylpharau’n. Antique lignée échappée des plus grandes splendeurs, encore liée par le plus fier sang aux Men’Arohel, la Maison Oblongue – comme on la nomma bien vite – étirait étroitement ses rameaux dynastiques jusque dans le Volcan et ses proches confins. Jamais l’Yylpharau’n n’avait connu les pléthoriques descendances des quelques branches aînées de l’Elda, de ces castes nobiliaires qui noyaient sous les Dalharen les honneurs et ombrages de la Cité. Fermement ancrée à ses racines, la Noble Lignée Yylpharau’n, elle, choyait en déliquescence depuis quelques siècles déjà ; l’Oblongue Maison mourait dans le silence, et les couffins vides. L’on y murmurait que la pureté sanguine avait depuis longtemps revêtu les frusques du bas-peuple ; et quelques piètres esclaves, ou des lignées engrossées du peuple, auraient parachevé le renouvellement de la Maison, quitte à lui imprégner la puanteur des bourbes de descendance. Uulpharau’n, délaissé par les pairs moribonds de sa race – quelques infections, quelques malheureuses maladies emportaient au linceul les derniers d’Yylpharau’n – purgea l’Oblongue Maison de ses vices, et de ses comparses. Les quelques-ceux qui alléguaient être de son origine, ou s’y être mêlé, furent chassés avec hargne. Peine perdue, la Lignée n’y gagna guère que le silence, et les vastes vacuités de chambres délaissées de tous. Seule l’Ancienne, qui ombrait son millénaire, demeura là ; mais elle crachait le sang. Quelques silhouettes, encore, passaient – parfois. Silence en son sein, rumeurs à son pourtour, telle est la Noble Lignée d’Yylpharau’n. ~ ~ ~ ~ ~ Sauf à considérer fascinant que découvrir les festins de la chair avec quelque préceptrice sylphide du lieu, et batailler en garnisons aux abords ennuyeux d’un Puy définitivement cadenassé par les Sombres, la vie bouillonnante du jeune Uulpharau’n ne débuta sincèrement qu’au jour où, un carquois flottant sur l’épaule, il délaissa ses comparses de l’Elda pour aller accompagner les bretteurs des Osts lointains, les arbalétriers aux yeux de souffre qui hantaient l’Ithri’Vaan. Les fourrés rachitiques de la plaine morte, les rocailles embrumées et les reliefs en poignards pierreux, voilà qui fut tourbillon de joie pour le jeune archer. Les pègres furtives de l’enclos, les négriers blafards de Sol Dorn, et quelques ligues muettes de comparses à la maraude, telles étaient les ombres qui chantaient et chuchotaient entre les griffes de la nuit. Des négoces crapuleuses, empuanties par les sangs et les crânes marchandés sous la gibbeuse, se passaient et se pressaient dans les voiles vespéraux. Ce furent ceux-là qui, les premiers, connurent les flèches bleues de celui qui, appelé à être Obok, n’était guère que Kyorl de quelques maraudeurs plus jeunes encore que lui. Sous les nuages traqués par le vent, ceux-là prirent coutume de se peinturlurer le crâne, et devinrent de belles obscurités passagères. Lorsque Léandre de Soltariel mena l’ombrageuse croisade contre le Peuple Sombre, Uulpharau’n bondissait avec ses frères du Quatrième Ost, et il connut les torves massacres de l’ocre lutte. Les flèches létales, les carreaux d’airain pourfendaient joyeusement les fumées de la bataille, sifflant comme toupies pour aller trouver à se nicher, ici un crâne, là une gorge. Par-delà les ravages des vougiers impénitents, la Maleface trouva l’assurance que ceux des soltari qui fuyaient, jamais ne reverraient Boniverdi aux belles tours. Les traqueurs clairsemés d’un proche groupement, lorsque les flèches vinrent à filer sur le flanc Est, firent ralliement au vilain-visage, et eurent à faire chanter leurs cordes de malheur derrière le Kyorl – qui, sous les oripeaux de la victoire, fut fait Veldruk pour harceler les derniers bataillons en fuite. L’étrange paix, qui par la suite naquit de ce charnier triomphal, fut l’occasion pour le Quatrième Ost de ramper jusqu’aux confins de l’Ithri’Vaan. Partout, les Drows faisaient rouler tempête pour écarteler les dernières forces, et il y eut jusqu’à Naelis qui trembla doucement dans ses petites murailles. Quant aux villes frontalières, à Thaar aux larges portes, elles connurent l’émoi. Sol Dorn commença de rayonner. Ce fut dès lors de ce bastion-là, que la Maleface arracha ses conquêtes. ~ ~ ~ ~ ~ La revêche forteresse de Sol Dorn méritait certes ces qualifications, tant elle ancrait dans la terre ses racines tourmentées. Place viciée des hérauts de l’ordure, elle humait bon les senteurs charriées d’une cité livrée aux négligences du bas-peuple, tandis que s’abattait le lourde botte des Drows. Confluent des chalands plus que douteux, elle avait racrapoté sur ses provinces proches des meutes impavides de brigands, de sang-mêlés à la face creuse, qui échangeaient coutelas et piécettes avec une admirable vivacité. Sous la conduite du Senger de ces siècles-ci, l’Ocre-Cité, maigre campement de Drows en tête de pont des plaines viciées, s’était transmuée en véritable cathédrale du Quatrième Ost, qui n’en retirait plus la lourde empreinte de sa botte ; et, au-dessous, vivotaient et prospéraient les rats, les moisissures, et les chalands à la face grêlée – des Drows, ou ce qu’il en restait.Au premier jour de leur arrivée, Uulpharau’n et ses comparses n’eurent que droit de traverse de la Cité, des battants du Nord à ceux du Sud ; mais ce que, tout alentour, ils dévorèrent à revers d’œillades, suffit à leur arracher quelques justes concupiscences – car partout, entre les étals vérolés et les chiens pelés à l’os, s’esquissaient de sombres capuchons noyés de fumées, des silhouettes vagues et dansantes, qui crachaient pièces et jurons sous les portiques délabrés. Et quelques toiles, et quelques draperies trouées, leur faisait apparat ; parfois, arrimé à son piquet, un esclave décharné patientait sous les brumes solaires. Mais la cohorte des Drows s’en fut vers le Sud, et érigea campement sur les berges orientales de l’Olyia, tandis que tonnait le courroux du Streea Jabbuk à la gorge de cendre, Gardomath – Le Poisseux, comme le persifflait la rumeur. Alors, les Drows connurent l’ennui. Car enfin, Gardomath devait avoir de fières raisons que de laisser ici s’attarder un large fragment du Quatrième Ost ; le plus gros de la horde s’était enfui vers le Nord, pour rapiner sur Naelis, et plus encore d’entre les ombres de l’Aduram – mais là, sur les contreforts terreux du Fleuve, s’alanguissaient les Drows. Et sous les peintures craquelées par la bruine portée de la Mer, la Maleface se mit à songer avec rudesse. ~ ~ ~ ~ ~ Le Gros Sgdom’kvas, et assurément il méritait son sobriquet fort piteux au demeurant, fit craquer ses jointures avant que de se courber. Il faisait toujours craquer ses jointures, ses grosses jointures grasses – tant que c’en était horripilant. Fort heureusement, il touchait en cette nuit à ses derniers craquements de jointures ; les fragiles osselets iraient bientôt, cisaillés, gésir dans la tombe ; ou bien encore la fosse commune, pour les pourceaux de son rang d’opprobre. Sgdom’kvas était l’un des préposés aux pontons de Sol Dorn ; et, quoique le port de la Cité fut fort restreint, il était bonnement ahurissant qu’un imbécile de son rang eût emprise sur les navires, si petits fussent-ils. Mais enfin, telles étaient les choses. Emergé sous la lune fangeuse, le Gros avait délié les cordages de quelques bacs à fond plat, quelques petites barges des fermes du Nord – de celles qui charriaient, sous les vents, bétail et esclaves vers les confins du Sud, vers Thaar aux fiers marchés. Pour autant, cette nuit, ce ne fut guère jusqu’aux arrimages austraux que s’en furent les barges ; et, bien avant, elles allèrent s’échouer sur la rive de l’Ouest, aux encablures du campement. Quelques jambonneaux, et un sourire du Gros, avaient suffi à assoupir les peu pointilleux gardiens de Sol Dorn. Alors, ayant accosté sur la berge d’en face, Sgdom’kvas avait laissé grimper quelques hordes proches, et les déversa sur l’autre rive ; et, tandis même que débarquait le dernier des bacs, le Gros, juché sur sa colline, faisait craqueter ses maudites jointures devant la Maleface. Un beau poste dans l’Ost avait été promis au Gros, contre sa petite trahison. Uulpharau’n, un sourcil élevé, jaugeait de l’œil les quelques douzaines – et bien plus encore – de gredins, de putrides-cœurs, qui venaient crapahuter sur le revers de la berge. Qu’étaient-ils, crapauds de misère, tenanciers mécontents, traficoteurs hargneux ou bien encore pirates crapuleux en quête de butin ? Peu importait. Seuls les quelques lames distordues, et ces rictus cognés, suffisaient à l’Yylpharau’n. Ils venaient pour abattre le Streea – formidable idée. Alors, se ressouvenant que ses comparses devaient avoir pris poste, le Veldruk se détourna brusquement du talus, et s’en fut parmi les draperies d’ombre, vers les arbres crochus. Et, au gosier du Gros qui réclamait, une flèche sifflotant de nulle part suffit à contenter sa bedaine ; lorsque la masse chuta dans l’herbe noircie, la terre trembla un peu. Alentour, les quelques sentinelles dormaient au flanc des plaines ; de maigres brasiers, des feux de pacotille, vivotaient çà et là, épars. L’on aurait juré quelque campement d’humains – et il fallait bien dire que les Sombres guerriers, cantonnés à flâner sous les prés, avaient quelque peu égaré leurs lames crochues. Trois jours, on leur avait promis le départ pour le lendemain. Alors, lorsqu’ils n’avaient pas fui au Nord pour rejoindre l’Ost, ou bien dans l’Ouest pour quelque négoce sous la cape, ils somnolaient léthargiquement sous les nuages. Etirant ses capuchons sur quelques lignes, le quarteron des gredins en maraude s’épaula d’un peu de courage, de gnôle parfois, et ils s’en vinrent rapiner les abords du campement, forant leur voie parmi les dentelures de la nuit. Ils allumaient même des torches, les fous. Lovée dans les creux du murmure, à quelques jets de là, la Maleface dardait ses yeux étincelants contre la pitoyable farce de ces gens-là. Les premiers Drows avaient été renversés, d’autres furent abattus dans leur course, mais déjà ils s’éveillaient, et pourfendaient cette marmaille de bandits qui jouait du coutelas comme bambin du hochet. Il fallut même, tant leur progression était cataclysmique, quelques volées des flèches bleues, pour clarifier leur chemin ; jaillies des fourrés, elles enserrèrent tendrement les Drows, qui chutaient sans bruit. Dès lors que la meute désordonnée, agitant ses torchères avec fracas, eût atteint quelque profondeur dans le campement encore rêvasseur, la Maleface cracha un ordre dans l’ombre. Ces piteux pirates s’étaient révélés au-dessous de toute force, et les voilà qui reculaient des premiers pieds, tandis que le Streea s’efforçait de rallier quelques embrumés à son noir panache. Mais un mot de l’Yylpharau’n, et le noir panache fut percé de part en part ; disloqué, désarticulé, le Jabbuk s’effondra d’un coup entre les griffes nocturnes, tandis que s’effilochait le rempart de sa garde. A peine le prodige admiré, les pillards blafards voulurent reprendre pied sur leur calamiteuse percée ; grand mal leur en prit, car de tous côtés émergèrent les archers bleutés, et Uulpharau’n fit abattre les quelques fous qui présumaient de leur victoire. Dans la confusion et le tumulte, dans les émois furieux, la Maleface se fit vengeresse, et déploya toute rage contre les malheureux meurtriers du chef. Jusqu’au fleuve, les pillards furent acculés, et là, décimés dans les eaux rouges au matin. Le corps du Jabbuk, lui, demeura enlacé à l’herbe de la plaine – percé en cinq lieux de flèches sans empennage. Six jours n’avaient pas passé, que l’Yylpharau’n fut mandaté Jabbuk. Six jours encore, et l’Obok jaillissait à marche forcée vers Sol Dorn, pour pacifier les troubles de la province ; et d’autres raisons encore. ~ ~ ~ ~ ~ Les Osts font tonner de loin leurs éclairs, lorsque s’éboulent les foudres des Sombres. Et le Streea nouvellement érigé à cette hauteur, ne fit guère exception.
Le Senger, cheminant au-devant de ses vastes hordes, faisait éclater les lourdes barrières des ennemis infiltrés jusqu’au sein d’Ithri’Vaan ; et c’était non sans hargne, ou rage, que s’abattait la colère du Sinistre, lorsque sa poigne jaillissait hors des baraquements de Sol Dorn. Inféodé aux rictus du Senger, menant les archeries sous l’égide du seigneur de l’Ost, la Maleface fut des noires luttes, des ravages suintants de la plaine grêlée par les vents. Dans les reflux et les embruns, sous les cris des oiseaux portés par la Mer encore lointaine, l’Yylpharau’n menait ses quelques légions bondissantes vers les hordes barbares, vers les caravanes hâtives qui fendaient les plaines ; et les Demis bourbeux, les pillards empuantis de tabac rance, étaient semés dans la brise comme paysan arpentant sa terre de ses lourdes bottes. Les flèches à l’empennage bleu, comme de larges mouches bombinant et frappant depuis les nuées, commencèrent de se tailler quelque renommée parmi les sangs mielleux des torves-crânes de l’endroit, les rebus de la lande. Les ans filaient, au rythme de l’arc et de la corde, tandis que chantaient les crocs acérés jaillis hors du carquois.
Jamais la Maleface ne retournait hanter les pénombres de la Maison Oblongue ; et qu’y eût-il fait, du reste ? La Lignée était éclatée entre les charniers du Volcan, et les carats de noblesse qui filaient entre ses veines, se raréfiaient parmi ses semblables. Fût-il adossé aux proches cavités battant des marées magmatiques, l’âtre était froid, l’antre était glacial.
Et, perçant les ombres de l’Ithri’Vaan, la Maleface trouvait bien plus de joie à quelque désastre mené à la pointe de ses flèches. Lorsque chutaient lourdement les carreaux crachés par les proches arbalètes, le chant clair des arcs prenait toute pureté en lardant les crânes pourfendus.
Les siècles roulèrent aimablement – et la capeline d’Uulpharau’n s’élima longuement à parcourir les fourrés rancis des pourtours dévastés.
~ ~ ~ ~ ~
L’Obok Senger était un Guerrier, et Akth’ssurgmakh était son nom. Et sous ses auspices, lorsque paraissait la gibbeuse grinçante, Thaar et ses remparts hérissés, jaillissait de la plaine comme oursin à ses roches. Obscure citadelle battant sous les remous des pas, vivier des garnisons à la maraude – et repaire des catins vénales et des souteneurs aux dents brisées – l’Ocre-Cité chatoyait rudement, comme un buccin sous les brumes.
Là, d’entre les murailles du lieu, ne provenaient guère les lourdes effluves du Volcan d’Elda ; les flammes n’y dansaient pas, les cris y tonnaient moins. Les dagues, aussi, étaient moins nettes ; et quelques armures rouillaient au fond des baraquements. Et les piécettes, et les joyaux aux éclats faux, s’y promenaient de la paume à la paume dans les torves fumerolles des campements crevassés ; les négociants à l’âme arrachée, et les pillards venus tirer pécule de leurs larcins, y côtoyaient de bonne joie les rudes Sargtlin aux longs doigts. L’on y lorgnait les négoces, l’on y trafiquait les chairs sous la douce bénédiction des porteurs de vouges. Mais pour autant, lorsque l’astre bas faisait cortège aux trognes du Senger et de ses comparses, s’éparpillaient les moineaux en guenilles ; la pourriture avait quelque raison.
Cependant, l’Obok du Quatrième Ost n’allait guère reparaître avant longtemps ; car Alonna et ses fortins appelaient le couperet des Sombres, et vers le Nord allait bondir Akth’ssurgmakh. L’Ost, certes, ne déverserait pas ses pleines forces sur le Septentrion – et quelques réservistes seraient cantonnés aux mornes langueurs de Sol Dorn aux longs silences, tandis que le sang des Drows pourfendrait la Péninsule depuis les hauteurs. Et, tandis que déjà s’amassaient les cohortes des Streea, derrière les ombres argentées du Senger et de ses portefaix, le sinistre Akth’ssurgmakh confia dans un sourire les petites défenses de la Cité à l’Yylpharau’n. Il lui forgea même, d’un rictus, un honneur de Parangon, pour ornement de l’inanité qui serait la sienne.
Uulpharau’n ne frémit pas.~ ~ ~ ~ ~ La Maleface, sous ses peintures d’indigo, eut un sourire presqu’ennuyé. Xxergemath était Streea Jabbuk parmi les féroces cavaliers du Quatrième Ost, et sa meute montée se déployait largement lorsqu’il fondait sur les plaines. Les trafiquants, négociateurs d’en-dessous de la cape, avaient appris à craindre son galop ; et les fossés, si rares fussent-ils, commençaient à se remplir de têtes lorsque le Cavalier passait. Et là, ce jour, le Jabbuk avait interrompu sa cavalcade, et de son tertre grouillant il haranguait la Maleface. Que disait-il, peu importait. Ses longues dents claquaient sur sa mâchoire, contre le Soleil ; il avait à la main une vouge, et la faisait tournoyer en sifflant. L’Yylpharau’n, silencieux, laissa son regard errer sur les rangs des chevaucheurs aux belles cottes rutilantes ; la lumière s’écrasait sur les flancs des montures. Sur la droite un petit Veldruk, au nom d’Urmgeliak’h, faisait danser une lame de guerre entre ses doigts forts ; sa monture piaffait dans la brise. Xxergemath cracha quelques mots dans le vent, et il darda ses yeux sombres contre la Maleface ; il pouvait bien prétendre s’envoler pour Alonna, s’en aller quérir honneurs et ripailles dans les citadelles embrasées, ces paroles flottantes sombraient bien vite. La cavalcade volta, elle reprit son odyssée courante. Un jour, Uulpharau’n lui ferait humer l’acier d’une flèche. ~ ~ ~ ~ ~ Fous qu’ils étaient. Trois lourdes cargues à la belle coque, rebondies comme femelles pleines, ondulaient sur les troubles eaux de l’Olyia. Leurs voiles dansaient calmement sous la brise, et les rames pendaient nonchalamment de part et d’autre des corps de bois, comme quelques pinces oubliées. Depuis les cales remplies jusqu’aux plaines proches, cela flairait l’or et les pierreries, le larcin et la rapine ; et la sueur moite des sales-sangs, des bâtards du Noble Peuple. Sans doute ces trois caravelles-là allaient elles s’échouer à quelques encablures en amont de Sol Dorn, et dilapider leurs richesses parmi les tribus d’hommes de corde de ces régions-là. Combien de cabanes, combien de fermes crasses, enfermaient entre le foin et les crânes, de belles cargaisons comme celle-ci ? L’Obok, on le savait, du fond de son bastion de Sol Dorn, et par-devers les murailles élancées en flèches féroces, avait quelques largesses pour ces négoces-là – quoiqu’il éventrât de temps à autres les pillards trop impudents, et que l’Ocre-Cité eût pu tirer son sobriquet des tourbes pourpres qui parsemaient les landes alentour. C’était pourtant toute sa valetaille de garde, toute son honorable piétaille, qui s’arrondissait les besaces pour fermer les paupières sur les aimables négoces de la proche-contrée. Mais enfin, lui, il était loin ; au Nord. Et cerclé de Streea aux longs crocs. La nuit était tombée, les chasseurs avaient faim ; quelques empennages, déjà, chantonnaient doucement sous la caresse des archers. Ecachant l’écorce d’un arbre racorni, l’Yylpharau’n embrasa une belle torchère, et éleva la flamme sur la rive Est ; à ses côtés, et de la rive voisine, vinrent en réponse quelques dizaines d’éclats rouges, sanglants, qui balafraient tendrement l’obscurité. Et, élevant haut son archerie, le Jabbuk décocha un long trait embrasé jusqu’au fleuve bleu, où s’embrasa la voile du premier de ces navires. Dans le sillage de la première étincelle, des bourrasques de flammes furent déliées de toutes parts, et vinrent s’ébouler avec fracas contre les trois goélettes nocturnes ; la nuit était roussie par les braises. Au matin revenu, le spectacle était fort étrange, de ces trois carcasses calcinées, qui allaient doucement craquer dans un coude de la rivière. Mais le Jabbuk n’était plus là ; à cette heure, il frappait aux portes de Sol Dorn, l’Ocre-Cité, et rameutait quelques garnisons pour éclaircir les fermettes avoisinantes, et les galops boiteux des marchands de chair rancie.
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Les émissaires jaillis du Nord avaient fait long chemin, à cavalcade tourbillonnante, pour parvenir aux confins de Sol Dorn ; et, tandis que le Streea avait mené quelque ravage contre de trop clinquants marchands d’esclaves des ravins de l’Ouest, ce fut le carquois vide et les mains alourdies, que les messagers trouvèrent le Jabbuk à la face azurée.
Akth’ssurgmakh n’était plus. Lame traîtresse, carreau vengeur, ou quelque hallebarde des paysans d’Alonna, mais le Senger avait été pris par le vent ; était-il mort, ce n’était pas même avéré. Si du moins c’était une escobarderie de Xxergemath qui l’avait emporté, celui-ci l’avait su faire fort habilement – mais le Quatrième Ost n’avait guère gagné de grande gloire, à voir son seigneur envolé dans les plaines lointaines.
Alors, de la Maleface étendant son emprise sur les confins de l’Ocre-Cité aux longs murs, ou bien encore du Streea Xxergemath cavalcadant sous les Lunes du Nord, aux côtés des phalanges de la Sombre Armée, ce serait entre ces deux-là qu’échoirait l’Ost.
Déjà, l’Yylpharau’n avait ramassé en silence ses forces sous les oripeaux de Sol Dorn, et sa petite armée avait conservé les lourdes dignités ; même dans les plaines lointaines, à tant de lieues du Volcan et de ses braises, nul trouble ne vint faire ondoyer les rangs de ses Sargtlin. Les nervis d’Akth’ssurgmakh avaient entamé leur chemin à rebours des terres d’Ithri’Vaan, et rejaillissaient vers Sol Dorn ou l’Elda. Xxergemath, à la tête des coursiers de la lande, devait tracer la voie des lutteurs de l’Ost. Déjà, Uulpharau’n s’apprêtait à s’envoler pour le Volcan aux vastes fumées, pour ourdir les commandements des trois seigneurs, le Triumvirat aux longs visages.
Mais la Maleface n’eut pas à aller à l’Elda ; ce fut les ordres des Sombres qui galopèrent à son encontre – une bague d’Obok dans quelque repli des capelines claquantes.
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L’Elda, enfin, faisait rugir ses destinées jusque dans les provinces de Sol Dorn. Coquetterie, l’Ocre-Cité s’était parée, pour chasser le vieux fanion bruni, d’un large étendard aux rouges marques. Ce fut l’unique concession que l’Obok nouveau accorda aux coutumes nobiliaires venues de l’Ouest – et, pour le reste, l’emprise des Drows commença de s’étendre vers le rivage, et vers la Mer.
Lorsque les bras de l’Ost confluèrent vers Sol Dorn, pour reconnaître le Senger, ce ne fut pas l’orgueilleux Xxergemath qui vînt à passer devant la Maleface ; et certes, il se serait courbé avec raideur. Pourtant, il aurait eu bien du mal à paraître sur ses deux bottes face à l’Yylpharau’n, car c’était dans quelque noble charnier qu’il gisait. Et Urmgeliak’h, le petit Veldruk, semblait avoir mis à profit des pensées aussi retorses que celles d’Uulpharau’n. Tant de morts avaient secoué l’Ost ; une poigne de fer saurait redresser les vouges et les piques de ces pourfendeurs-ci.
Presqu’entre gens de bonne compagnie, l’Obok sourit au Jabbuk aux longues-dents ; ce sinistre harpagon des gloires, empêtré à arracher ses dignités de Streea, avait livré à la poigne de la Maleface l’élévation et la bague du Senger d’thalack. Celui-ci, cet Urmgeliak’h, serait le prochain à déchoir ; et le soir-même, d’étranges messagers vinrent confier sous la cape au Jabbuk, que l’Obok trafiquait dans quelque grotte avec d’obscurs pillards vendus à la Couronne de Diantra…
Ainsi, prenant plein pied dans son sixième siècle, Uulpharau’n l’Obok eut un regard délectable pour Sol Dorn, ses plaines, ses morts.
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| | | Hans
Ancien
Nombre de messages : 1666 Âge : 33 Date d'inscription : 19/03/2010
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 44 ans Taille : Niveau Magique : Eveillé / Néophyte.
| Sujet: Re: Uulpharau'n, Obok Senger du Quatrième Ost. [Hans][Validé] Sam 23 Avr 2011 - 19:15 | |
| Désolé du retard, j'avais zappé Je relève pas certaines petites incorrections, des "princes" qui se baladent par-ci par-là. D'ailleurs, le titre de parangon... gouverneur, plutôt. Je valide Foire au RP ~ Pour tout ce qui est recherche de compagnons RP. En bref, que du bonheur ! Inventaire ~ Pour suivre ton évolution {obligatoire}. Et enfin, si tu as des question, n'hésite surtout pas à demander l'aide d'un parrain, ou à tout simplement poser tes questions dans la partie créée à cet effet. - Code:
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[Métier & Classe] : Obok Senger d’thalack (Quatrième Ost), Gouverneur de Sol Dorn
[Âge & Sexe] : 603 ans & Masculin
[Classe d'arme] : À distance
[Alignement] : Tueurs de l'Ombre |
| | | Uulpharau'n
Drow
Nombre de messages : 11 Âge : 31 Date d'inscription : 09/07/2010
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| Sujet: Re: Uulpharau'n, Obok Senger du Quatrième Ost. [Hans][Validé] Dim 24 Avr 2011 - 11:21 | |
| Merci pour la walidation'
(Effectivement, deux ou trois princes baladeurs vers le début... par excès de zèle, j'ai re-corrigé ces petites imperfections typographiques)
Promis, j'irai demander un parrain... \o/ |
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| Sujet: Re: Uulpharau'n, Obok Senger du Quatrième Ost. [Hans][Validé] | |
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| | | | Uulpharau'n, Obok Senger du Quatrième Ost. [Hans][Validé] | |
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