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| Elathorn d'Elanil [en commission stafienne] | |
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Elathorn d'Elanil
En attente de validation.. Nombre de messages : 17 Âge : 42 Date d'inscription : 16/04/2011 Personnage:.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Non-Initié | Sujet: Elathorn d'Elanil [en commission stafienne] Sam 16 Avr 2011 - 11:22 | |
| Version document, peut être plus facile à lire : http://nemesis.ombreport.info/mira/elathorn_mira.odt(BG croisé avec celui de Saësalaë) (Qui a dit créature de frankenstein?) Nom/Prénom : Elathorn d'Elanil Âge : (hm... Pas énormément mais quand même...) Sexe : mc Race : Fut elfe... Particularité : Très Alignement : (hm...) Métier : (Difficile à dire) Classe d'arme : Corps à corps (et apprenti druide pas spécialement doué) Équipement : Lui même (si si), Vêtemens larges, mortier/pilon et quelques rares petits objets glanés ou fabriqués. ~~~~~ Comment trouves-tu le forum ? : Graphiquement? Chargé, il faut beaucoup scroller avec une basse résolution. Comment as-tu connu le forum ? : (ma copine passe tout son temps dessus, et je dois couper le net quand je veux lui parler. Autre question?)
Dernière édition par Elathorn d'Elanil le Sam 16 Avr 2011 - 12:05, édité 4 fois |
| | | Elathorn d'Elanil
En attente de validation.. Nombre de messages : 17 Âge : 42 Date d'inscription : 16/04/2011 Personnage:.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Non-Initié | Sujet: Re: Elathorn d'Elanil [en commission stafienne] Sam 16 Avr 2011 - 11:23 | |
| Le testament.
Le soleil est amarante. De l'aube au crépuscule, le soleil est amarante et le sera éternellement. Quelques soient mes efforts, quelque soit ma voie, il n'est rien qui puisse laver une telle souillure. Elle s'est lovée, imprégnée de mon être au fil des ans, au fil des mensonges, au fil des rivières écarlates dont le cours serpentait entre mes pieds. Elle a pris vie en moi et m'a nourrie de sa force quand elle m'était nécessaire, m'attirant à chaque fois un peu plus entre ses bras où courraient ces coccinelles sans tâches. Son étreinte était douce, si douce dans un monde aussi cruel. Mais l'amante ne pensait aucunement à mon propre bien, seulement à ce qui pourrait advenir. J'ai été fou de me laisser prendre dans ses rets, j'ai été fou de gouter à son miel, j'ai été fou de survivre...
Le soleil est amarante. Et ses flammes s'écoulent sur la prairie, dévorant la vie dans sa progression. Insaisissables et inéluctables, elles se frayent un chemin calciné vers moi, virant écarlate alors que des flammèches viennent laper mes membres. Elles contiennent d'innombrables vies, elles contiennent toutes leurs forces mais son appétit n'a jamais faiblit... bien au contraire. Un hurlement retentit et plusieurs secondes s'écoulent avant que je ne comprenne qu'il s'agit du mien. De douleur ou de rage, je ne saurais le dire, mais ce cri est la dernière arme qu'il me reste. Et bientôt elle ne sera plus. Alors le désespoir viendra draper ma dépouille d'une dignité résignée. Je sens ce qui reste de ma vie se calciner également jusqu'à me vider de moi même pour ne laisser qu'une coquille vide... Je me réveille brusquement, conscient d'avoir eu le même cauchemar que la veille et l'avant veille avant elle. Mais même éveillé, il me colle à la peau. Deux choses ne changent jamais. Je sais qu'il est là et...
Le soleil est amarante. Il projette dans mon ombre ce que j'étais. J'étais une rumeur, j'ai voulu devenir une personne. Peut être était ce présomptueux, peut être était ce le dernier délire d'une folie qui était le seul état stable d'une vie. Mais c'était la seule chose encore en mon pouvoir pour un temps. Et quand bien même il n'y avait plus d'espoir... Les gens ont tendance à porter sur la folie un regard dégoutté et à s'écarter avant que ce mal ne les souille. Mais j'ai vu plus d'une masure qui tenait sur ses fondations plus par sa crasse que par la solidité du cœur de ses poutres. La folie n'est en rien différente, nous tenons davantage par elle que par la vie que nous menons. Surtout lorsque l'on est une rumeur et que l'on rêve d'être une personne.
Le soleil est amarante. Et ses rayons atteignent même jusqu'à l'abîme où je chus. Ils s'y frayent un chemin sans apporter ni lumière ni chaleur en mon être. Leur présence est témoin, témoin de l'horrible, témoin du pathétique. Leur présence est rappel, rappel de ce qui fut observé, rappel de l'observateur. Je n'ai pas choisis ma destinée, mais en suis je moins responsable pour autant ? En suis je moins coupable ? Et l'œil ardent toujours m'observe.
Car le soleil reste amarante. Et je reste prisonnier des traces que j'ai laissé dans le temps, des sillons écarlates qui dérivent jusqu'à ma conscience, jusque dans mes cauchemars. Il est désormais loin le temps où j'étais moi même. Ils m'ont brisé... brisé ou presque. Brisé pour faire naitre cette ébauche de conscience qu'ils ont façonné encore et encore jusqu'à ce qu'elle prenne l'ascendant sur moi même, jusqu'à ce que leur outil soit complet et prêt à l'emploi. Et quel outil! Je ne pourrais jamais être pardonné parce que je ne pourrais jamais me pardonner, mais j'ai encore plus de mal à étouffer la haine que je leur porte, cette haine et cette colère qui le ramène lui, qui le fait revenir du sommeil où je l'ai plongé. Ce qu'ils ont fait est inqualifiable, impardonnable et inoubliable. Ils pensent peut être se voiler éternellement dans le secret, mais un secret est une épée de Damoclès éternellement suspendue. N'est pas mort ce qui à jamais dort... Car même si ce que je m'apprête à faire, dernier cri de mon désespoir, balayera tout sur son passage, jamais je n'oublierai complètement à quel point ce qu'ils ont fait est immonde. Je ne me souviens même plus d'un temps où je n'ai pas considéré la mort offerte comme une clémente par rapport à ce qu'ils m'ont fait subir. Je ne sais à quel point ce sacrifice pourra me sauver, ni combien de temps. Mais c'est la dernière chose qu'il me reste à faire, la dernière chose dont je suis capable avant de m'éteindre, la dernière extrémité avant de sombrer. Mais le plus troublant dans tout cela, le plus effrayant peut être, c'est que je crois... non... C'est que je sais qu'il me laisse faire. Ironie du destin, ils n'avaient pas prévu qu'un outil puisse fonctionner autrement qu'en miroir de leurs moindres désirs. Je sens qu'il leur glisse entre les doigts sans qu'ils ne puissent même évoquer cette impossible hypothèse. On dit qu'il n'est pire aveugle que celui qui ne veut voir... Je dis que leur orgueil leur ferme les yeux. Et leur orgueil les perdra, il nous perdra tous...
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| | | Elathorn d'Elanil
En attente de validation.. Nombre de messages : 17 Âge : 42 Date d'inscription : 16/04/2011 Personnage:.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Non-Initié | Sujet: Re: Elathorn d'Elanil [en commission stafienne] Sam 16 Avr 2011 - 11:24 | |
| Une aube voilée.
Cette histoire prend ses racines dans des temps éloignés, dans des faits immémoriaux, bien avant la naissance de son principal protagoniste, de son père ou du père de son père. Cette histoire est née d'une succession de constats. Le premier constat est que, quelques soient les grands de ce monde, la destinée de ce même monde leur échappe complètement. Leur emprise sur le monde est indéniable, mais toute leur emprise n'entrave jamais le chaotique cours du destin, ponctué de soubresauts et d'accidents, de calme et de tempête. Le second constat est que toute emprise d'un homme n'est que temporaire. Comme le cours d'une vie humaine semble un soubresaut pour un elfe, l'emprise de n'importe quel être n'est qu'un soubresaut à l'échelle d'une destinée. Le troisième constat est qu'il est possible, de manière ponctuelle et temporaire de se substituer au destin dans le cours des événements.
Et c'est dans ce troisième point qu'une obscure et petite confrérie vit le jour. Un rassemblement de sorciers qui n'avaient cure de gloire, de renommée, de terres ou de pouvoir temporel se rassembla dans le plus grand secret pour réaliser un dessein qui occupait leur esprit malgré eux. Ironiquement, ils se nommèrent les Prophètes. Ce n'était pas à proprement parlé faux car au bout du compte ils allaient être capables d'énoncer les prophéties exactes... des événements qu'ils allaient provoquer. Bien que le plus gros de leur travail fut d'analyser le passé et le présent pour comprendre comment altérer l'avenir, ils vinrent de multiples horizons et leurs capacités étaient aussi diverses que complémentaires. De la seconde vue au contrôle de la psyché, de l'art des simples à l'appel des esprits, en passant bien entendu par la lecture de l'espace et du temps entre autres choses. Le terme rassemblement n'eut d'ailleurs de sens que dans leurs premiers pas. Bien vite, conscients de ce que représentait leur projet, ils restèrent loin les uns des autres, dans un réseau si désorganisé qu'il ne mérite même plus ce nom. Seules des communication mystiques codées opérées dans la plus grande paranoïa synchronisaient encore leurs efforts. Mais ce n'est pas pour autant qu'aucun d'entre eux ne puisse mériter un quelconque pardon. Tous n'étaient bien évidemment pas au courant des travaux de chacun, mais tous auraient accomplit chacun de leurs actes au nom de ce qui les rassemblait.
Quand ils commencèrent à être prêt, il disséminèrent leurs prophéties. Toutes, vous le remarquerez, contenaient un élément des plus désagréables, laissant planer une menace sur ceux qui posaient les yeux sur leur contenu. Et toutes laissaient également entrevoir un moyen d'éviter le pire. Quelque part on pouvait trouver cela étrange... mais qui allait s'étonner de cela au sein d'une prophétie ? Pour ceux qui venaient à apprendre l'existence de l'une de ces prophéties, il ne restait que trois solutions. L'ignorer, la provoquer ou la contrer. Trois solutions ou aucune n'y aurait rien changé, mais on mésestime souvent l'effet que peut avoir l'illusion d'avoir le choix. Beaucoup de choses n'ont que le pouvoir que l'on accepte de leur accorder. Et dans ce cas, c'est sur ce point ou le piège s'avère inéluctable. Car dans n'importe lequel des trois choix, les Prophètes étaient gagnants. Que la prophétie fut ignorée et elle se réalisait, donnant du crédit à ce qui ne devait pas en avoir et renforçant le pouvoir de suggestion global de toutes les prophéties. Que la prophétie soit provoquée et elle se réalisait également, renforçant de plus belle leur poids. Mais qu'elle fut contrée et le plus beau advenait, le dessein des Prophètes se réalisait alors lui aussi. Car les prophéties n'étaient rien d'autre que cela au final, un conseil, une suggestion, un ordre... une instruction qui devait être réalisée par le plus grand ou le plus humble dans l'espoir d'échapper au destin et croyant devoir son infortune au destin lui même. Pour les plus incrédules, cela semble peut être compliqué à croire de prime abord, qu'effectuer un acte précis puisse empêcher un hypothétique accident. Mais cela l'est beaucoup moins quand l'affectif prend le pas sur la raison. Quand les personnes auxquelles on tient tombent les une après les autres d'une inexplicable maladie, que ce soit autour de nous ou dans des tours d'ivoire. A ce moment, quand la détresse émotionnelle se fait intense, qui n'accomplirait pas un acte pouvant sembler dérisoire pour éviter que ne tombent les dernières personnes pouvant encore donner un sens à votre existence ? Et si l'accomplissement d'une prophétie pouvait prendre bien des formes dans l'imagination fertile d'esprits froids et calculateurs, elles avaient toutes un unique point commun, leur exécution devait à tout prix rester mystérieuse et incompréhensible. La main du destin ne souffre pas de faits pouvant être expliqués dans le détail. Cette précaution des plus délicates est longtemps restée le frein qui mobilisait de grands efforts pour chaque accomplissement.
Longtemps... mais pas éternellement. Ils ne pouvaient ni ne voulaient augmenter leurs rangs pour traiter ces tâches. Mais bien des générations plus tard, un certain Shandrim effectua des recherches autour d'un projet qu'il nomma à juste titre « Main du Destin ». La réponse qu'il apportait éclaira d'un jour nouveau leurs perspectives. S'ils pouvaient dorénavant aisément prendre conscience de la trame du destin, la falsifier était trop éprouvant pour eux même. D'autre part, on ne pouvait pas ajouter davantage de personnes à leur confrérie afin de travailler à cette mise en œuvre. Dans ce cas, la solution était simple. Ceux qui devraient s'en occuper n'étaient pas des personnes, ils n'existaient tout simplement pas. On pourrait s'en attacher les services parce qu'ils n'étaient rien et ils pourraient agir sur le destin parce qu'ils n'en avaient pas contrairement aux Prophètes. Si le concept était simple, sa mise en œuvre était par contre bien plus complexe et fut ponctuée de nombreuses expérimentations se soldant par de nombreux échecs, cadavres blafards, déformés et torturés ou frêles créatures respirant encore mais vides, dénuées de toutes pensées, dénués de toute âme. Un musée des horreurs offrant un macabre spectacle à des personnes qui ne pouvaient s'en émouvoir. Mais s'attarde-t-on vraiment auprès d'un manche de pelle brisé alors que l'on veut creuser un puits ? Cependant, à force d'efforts, un résultat survient toujours...
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| | | Elathorn d'Elanil
En attente de validation.. Nombre de messages : 17 Âge : 42 Date d'inscription : 16/04/2011 Personnage:.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Non-Initié | Sujet: Re: Elathorn d'Elanil [en commission stafienne] Sam 16 Avr 2011 - 11:25 | |
| Une course solaire en spire.
La lignée de notre protagoniste n'est pourtant pas liée à Shandrim, ni aux Prophètes. Mais l'histoire de ses parents vinrent croiser celle de Shandrim d'une bien pénible manière. Issus d'une petite noblesse, sa vie semblait toute tracée. Enfant unique et choyé, Aradeth d'Elanil naquit et grandit sur des terres calmes bien que sauvages, épargnées par les guerres, les pillages, la famine ou les épidémies. Un sort des plus enviable il est vrai, mais une vie qui ne l'avait nullement préparé à ce qui allait lui advenir. Son caractère était doux et bienveillant, ses valeurs promptes à s'attirer la faveur de ceux qu'il aurait plus tard le devoir d'administrer et de protéger. Hélas, ce ne fut pas ce destin qui se réalisa pour lui. Suivant leurs desseins sans que les vies d'autrui ne portent une quelconque importance, au mépris de toute compassion, les Prophètes édictèrent une fois de plus une prophétie et la tâche de son accomplissement fut confié à Shandrim. « Le sang impur provoquera la chute de la maison Elanil dans les miasmes de ses propres péchés. Seul le sang impur versé en torrents sur le fils au chêne pourra venir en aide aux vivants et apaiser l'âme des trépassés ». Si cela souleva des lueurs d'inquiétude parmi les elfes locaux, cela n'inquiéta pas outre mesure Aradeth ou ses parents. En effet, bien qu'Aradeth fut connu pour avoir, dans sa prime jeunesse, arboré la marque d'une feuille de chêne sur son torse après une sieste prolongée en plein soleil durant laquelle une feuille de chêne s'était déposée sur son poitrail, cette prophétie n'était pas encline à se produire. En effet, un mariage avait d'or et déjà été arrangé avec une dame de noble lignée bien petite noblesse également et Aradeth n'était pas contre. Pourquoi dès lors s'inquiéter ? Peut être parce qu'Aradeth, sans qu'il ne s'en rende vraiment compte, avait au fond de lui un tempérament qui n'était pas des plus elfiques. Plus perméable aux émotions et bien moins à sa raison, il n'était pas complètement l'être calme et posé qu'il était sensé être. Shandrim n'eut pas tant d'effort à faire pour pousser en avant le destin. Se contentant d'organiser au mieux les circonstances, il poussa en avant une idylle interdite. Rien de très original toutefois, trouvant une personne de basse extraction ayant déjà un peu d'admiration pour le seigneur Aradeth, il provoqua accident, sauvetage, amplification des émotions et rêves des plus suggestifs jusqu'à avoir noué le lien qui scellerait leur perte. Décontenancés par la situation, ils gardèrent au début leur liaison secrète, ne sachant pas vraiment comment y croire, comment l'assumer et comment le révéler. Et ils y parvinrent durant un bon moment, tant et si bien que du fruit de leur union naquit un fils, Elathorn d'Elanil, bien qu'il ne puisse pas vraiment prétendre à ce titre. Mais toute la prudence de ce monde ne peut pas garder secrète une telle union dans une petite communauté. Lorsque cette dernière fut révélée, la terrible nouvelle ne parvint pas seule aux oreilles de tous. Une peste se déclara, une terrible peste qui résista tant aux soins conventionnels qu'à la magie. Il ne fallut pas beaucoup de temps à la prophétie pour se rappeler aux mémoires et, quand le désespoir survint, son petit monde s'embrasa. Afin de sauver ce qui pouvait encore l'être, tous demandèrent l'accomplissement de la fin de la prophétie, le sacrifice de la dame. Aradeth s'y opposa vivement, mais sa voix fut la seule à se faire entendre en ce sens. Saisi avec sa bien aimée, le morbide rituel fut accomplit sur le champ, laissant Aradeth dans un état profond de désespoir et d'incrédulité tandis que le sang de l'être qu'il chérissait se déversait sur lui en une rapide agonie. Mais quelques jours plus tard, comme répondant à la prophétie, la peste se calma soudainement, la faucheuse cessant sa lugubre récolte. Cela laissa aux elfes le sentiment d'avoir fait ce qu'il fallait et un sourire complaisant sur les lèvres de celui qui avait infligé et levé la peste, Shandrim, qui put retourner à ses expériences plus audacieuses que jamais. Mais tout ne retourna pas à la normale pour tout le monde. Tout ne pouvait pas. Aradeth était effondré tandis que son monde s'était écroulé. Sa lignée était brisée et plus jamais ne se relèverait par sa faute. Par sa faute ? C'est ce qu'il crut dans un premier temps. Mais lorsque il n'eut plus une seule larme à verser, quand sa tristesse et son désespoir se furent taris, la colère grandissante qui la remplaça lui fit entrevoir une autre voie. Il sortit de sa réclusion dans laquelle il s'était enfuis avec son fils pour chercher ce qu'il y avait au delà du destin. Il n'avait aucune chance de pouvoir ne serait ce que trouver la trace du Prophète dans les méandres du destin mais, si Shandrim avait bien œuvré à sa tâche, il avait été plus négligent dans ses expériences. Malgré le choix de ses victimes, certaines avaient laissé des gens derrière eux qui n'avaient pas pu croire à la fuite ou à la disparition d'un ami, d'un fils ou d'une compagne quelque soit l'explication qui leur fut donné. Aradeth regroupa ceux que l'on appelait de sombres illuminés afin d'avoir le fin mot de cette affaire. En désespoir de cause et au grand étonnement de Shandrim, ils parvinrent à trouver sa trace. Cette trace se révéla à eux petit à petit, mais chaque bribe qui revenait à la surface semblait plus affreuse que la précédente. Leur soif intarissable de réponse, de vengeance, de sang pour tout ce qu'ils avaient subit les poussèrent à toutes les extrémités. Tous avaient un regard brisé de glace et la résolution immuable de ceux dont la douleur a projeté l'esprit dans l'abîme. Ils « interrogèrent », des innocents, arrachèrent à la terre les cadavres qu'elle renfermait, traquèrent toutes les traces de la source présumée de leurs maux. Lorsque ils parvinrent à la tour de Shandrim, la rage froide qui dévorait leurs entrailles s'embrasa. Sans même une réflexion, sans même un signe, ils lancèrent un assaut voué à être un massacre... le leur. Leurs corps changèrent, se déformèrent horriblement. Des membres arrachés prirent vie et changèrent à leur tour, répétant cette danse macabre. Seul réchappa son jeune fils laissé en retrait, qui, voyant au loin l'horreur de la scène, fuit au sein de la forêt. Il courut toujours plus vite, toujours plus loin, davantage pour fuir les images abominables imprimées au fer rouge dans son esprit que pour sauver sa vie. Seul témoin vivant et en possession de ses esprits de ce qui s'était déroulé, Elathorn fut bien entendu poursuivi. Pourtant il se révéla ingénieux et glissant comme une anguille pour échapper à ses poursuivant et il fallut plusieurs jours de recherches pour parvenir à sa capture. Si cela avait agacé Shandrim de prime abord, il dut s'avouer que ce cas l'intriguait à présent. Un esprit fort et habile pouvant faire preuve de discrétion, voilà qui était un candidat ô combien opportun pour ses expériences.
Ainsi, un nouveau sujet d'expérience venait d'être trouvé par Shandrim. Ou crée peut être, cela dépend du point de vue. Assez peu sensible à la manière dont ce sujet était survenu, cela relança la flamme des expériences de Shandrim. Les premiers temps, bien qu'effrayant pour un jeune garçon, furent étonnement et bien heureusement calme et indolore. Shandrim voulait savoir plus avant à qui il avait à faire. Jeté dans un sombre cachot sans jamais voir la lumière, nourrit avec des choses pour lesquelles l'absence de lumière était peut être une bénédiction à bien y penser et contraint à vivre dans la fange de ses propres déjections, Elathorn ne pouvait plus que vivre prostré, ses yeux reflétant encore les scènes qui le hantaient, les derniers instant où son père pouvait porter ce nom. C'est d'ailleurs, il le sentait, les choses qui avaient portées autrefois le nom de père qui lui apportaient ce qui lui servait de nourriture. Mais bien vite, les tests commencèrent et Elathorn fut la plupart du temps harnaché à une table dans une salle qui au contraire de la précédente était toujours emplie de lumière. La bonne nouvelle était qu'il fut traité avec bien plus de soins... mais c'était la là seule. Il commença par occasionner des stimuli telles des gouttes d'eau tombant inlassablement sur les même endroits du corps durant des journées entières. Et si une goutte d'eau paraît inoffensive, des cris et des contorsions impossibles furent bientôt un lot quotidien au sein de cette salle. Puis vinrent les lacérations afin de mesurer la capacité de son corps à les réparer et à améliorer ces facteurs grâces à des décoctions de son cru. Pour cela les lacérations devinrent de moins en moins droites et propres et il se permit d'ajouter tantôt du sel, tantôt des agents infectieux pouvant rendre les plaies purulentes. Elathorn parvint de nombreuses fois aux portes de la mort et fut ramené tout autant de fois par Shandrim afin de poursuivre ses expériences. L'étape suivante fut de briser les os et de les ressouder selon des principes similaires... avec des effets tout autant similaires. Puis, il commença à déplacer les os et la chair dans son corps et à forcer son adaptation tandis qu'il modelait son sujet d'expérience comme beaucoup avant lui, comme une glaise avant de sécher. Sa créature pouvait elle encore se revendiquer comme étant un elfe. Muscles, os, articulations, tendons, cartilages, organes et même jusqu'aux zones adipeuses, jamais magie curatrice n'avait œuvré à un aussi effroyable dessein. Chaque touche apportée était étudiée et testée avec soin... brisée et réitérée si besoin et à loisir. Certains mouvements des membres devenaient une hérésie pour ses anciens articulations. Les os qui désormais opéraient des bifurcations donnaient une allure courbe et épaisse à certains de ses membres. La nouvelle structure de sa cage thoracique donnaient une allure des plus étranges à chaque mouvement de son torse. Une trachée pour chaque poumon reliés chacun à un système vasculaire propulsé par un cœur et filtré par ses reins. Dans certains os, des cavités avaient été aménagées pour faire office de fourreau de chair. A ce stade, la folie avait déjà imposée sa présence, au sujet comme à son bourreau. Le corps de l'enfant n'était plus qu'une prison de chair dans laquelle il n'était enfermée que pour pouvoir ressentir davantage de tourments. Son esprit avait plongé dans la folie mais n'avait pas rompu comme ses précédent sujet. Shandrim fut fasciné par ce fait et redoubla d'ardeur en passant à l'étape suivante. Continuant à travailler son corps, il s'attela à la tâche de déconstruire puis de modeler son esprit son esprit afin de faire naitre son outil. Et Elathorn plongea en enfer. Loin de ne ressentir que les tourments de son corps, sont esprit fut plonger dans des vision atroces dans lesquelles il n'avait la liberté que de certains choix. Il vit son propre corps en lambeaux se répandre sur le sol de graviers et ramper vers le haut d'une montagne en laissant derrière lui une trainée écarlate ou reposait des morceaux de lui même. Il se vit avoir le choix d'infliger les traitements qu'il avait subit soit à son père, soit à sa mère et refaire ce choix encore et encore en contemplant leurs contorsions d'agonie tandis que sans contrôle il leur infligeait la terrible sentence. Il se vit choisir de s'exécuter sans que jamais cela ne puisse mettre fin à ses jours. Il se vit devoir choisir creuser sans fin les parois de glace d'une prison avec ses ongles et marcher sans fin sur le magma pratiquement en fusion. Toutes sortes de visions sans queue ni tête n'étaient là que pour le briser, mais d'autres furent là, bien que tout aussi douloureuses et horribles, pour lui apprendre ce qu'il aurait à savoir. Il n'était pas véritablement le destinataire de ces connaissances, mais Shandrim avait besoin de s'y exercer. Il associa les formes virtuelles et ses réflexes nécessaires pour accomplir ses objectifs à des formes réelles qu'il modelait à partir de son corps afin de conférer un lien entre l'esprit et le corps à partir duquel l'esprit définirait la forme du corps. Ces longues expériences dont au moins l'un des protagonistes ne se lassait pas prirent une nouvelle tournure lorsque l'esprit du jeune garçon céda enfin. Il ne disparut pas comme beaucoup en laissant une coquille vide. Mais il laissa sa main mise sur son corps et se dissimula dans un néant où rien ne pouvait l'atteindre tout en appelant une nouvelle force pour survivre à sa place. Cet exploit ravit de plus belle l'auteur de ses tourments. Saisissant au vol l'instant critique, il guida et facilita alors l'avènement d'un esprit que l'on pourrait qualifier d'artificiel pour prendre sa place à partir du terreau fertile de cette nouvelle force appelée par Elathorn. Ce dernier avait besoin d'Elathorn pour s'arrimer au corps mais, cela mis à part, il laissa l'esprit du garçon dans son refuge. Après tant d'échecs, c'était là le premier succès dans les recherches que menaient Shandrim. En quelque sorte, il avait vraiment atteint son objectif car cet être n'était rien. Il n'avait ni destinée, ni présence, ni existence réelle. C'était le terreau fertile qu'attendait le Prophète depuis si longtemps pour son projet de Main du Destin. Il voyait par avance la notoriété qu'il gagnerait parmi ses pairs et à quel point cela serait une avancée pour l'organisation grâce à lui. Exalté, ce dernier s'attela derechef à modeler et former ce nouvel esprit comme il s'y était entrainé sur l'enfant à partir de tout ce qu'il avait put récupérer sur les douzaines de sujets sélectionnés et capturés. Il lui enseigna tout ce qu'il devait savoir et, à partir des conceptions de lui même qu'il lui insufflait, fit modeler son corps selon son vouloir. Ce fut long, aussi long qu'odieux même si ce n'était pas là plus désagréable que ce qu'avait subi Elathorn.
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| | | Elathorn d'Elanil
En attente de validation.. Nombre de messages : 17 Âge : 42 Date d'inscription : 16/04/2011 Personnage:.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Non-Initié | Sujet: Re: Elathorn d'Elanil [en commission stafienne] Sam 16 Avr 2011 - 11:25 | |
| Un zénith abyssal.
Après une longue période de travail, son outils était enfin prêt. Il le nomma Murmure, ce qu'il trouva plus approprié que numéro un. C'était sa Main du Destin. Sans existence, sans présence, sans destinée, il était imperceptible aux yeux des hommes comme à ceux des dieux. La seule chose qui tracassait son esprit était de savoir son absence était perceptible par la trame du destin elle même. Mais ne pouvant rien y changer, il laissa ce point de côté. Alors qu'avançait les tests de ce nouvel être, il perçut pourtant sur son chef d'œuvre une imperfection. Murmure avait besoin d'Elathorn pour fonctionner, il avait besoin d'une ébauche d'existence pour ne pas être. On aurait pu croire qu'il suffisait de laisser éternellement Elathorn dans son refuge mais cela ne fonctionna pas et Murmure s'étiolait. Shandrim dut alors trouver une manière de régler le problème de cette coexistence difficile. Celle qu'il parvint à trouver ne le satisfît pas complètement, mais c'était là la meilleure solution qu'il eut sous la main. Il fit remonter Elathorn à la surface et dut le travailler encore et encore. La folie dans laquelle il l'avait laissé était assez peu exploitable. Il dut le forger et l'entrainer à son tour. Lorsque les deux furent viables, il entreprit de parfaire la soudure. L'un déborderait sur l'autre et vice-versa. Il laissa Elathorn rester à la surface de sa prison de chair tout en le soumettant à la tentation de se réfugier dans son refuge afin que ce puisse être un réflexe de survie, laissant la place à Murmure. Ce duel pour la suprématie était la force de cette soudure bien que l'emprise de Murmure fut de plus en plus forte à chacun de ses appels. Elathorn résistait autant qu'il le put, refusant de se laisser disparaître dans la conscience d'un être qui lui était à la fois si étranger et si proche. Mais sa résistance n'était pas exempte de faiblesses. Elathorn n'était alors plus qu'un pion qui exécutait ses ordres, gardant les ruines de sa conscience pour son monde intérieur uniquement, préservant les derniers fragments de son être. Et à chaque faiblesse, Murmure prenait la main mise sur lui sans véritable agressivité, simplement comme sa tâche l'exigeait ou comme son dû. Bientôt, Murmure put prendre l'ascendant presque comme bon lui semblait.. Il était hors de question de présenter ses résultats aux Prophètes tant que des tests de terrain n'avaient pas été menés. Confiant en son travail, il confia les tâches qui lui étaient attribuées à Murmure. Ce dernier répandit sur son ordre malédiction et mort, solutions amères et prophéties déchirantes. Pour cela, Shandrim lui confiait les instruments à usage unique qu'il préparait en vue de ces opérations. Il n'était qu'une rumeur qui passait au travers du monde des hommes pour réaliser son office. Il était un souffle d'air à la porte, une onde sur un cours d'eau, un peu de chair de poule sur la nuque. Il voyait le monde d'un point de vue extérieur comme l'on voit un plan avant une bataille. Il n'appartenait pas au monde et ne pouvait pas s'enorgueillir d'y avoir une place. Murmure ne pouvait que contempler le bon comme le mauvais sans même pouvoir toucher du doigt les figurines qui y évoluaient comme un enfant joue avec des petits soldats de bois. De son côté, les rares fragments d'Elathorn s'enfonçaient dans les horreurs qu'il devait commettre, la même horreur que dans les visions de son « entrainement ». Le temps passa et il parut évident au Prophète que sa Main du Destin était performante et fiable. Il en fit part alors aux Prophètes avec des comptes rendus détaillés de ses opérations en gardant soigneusement pour lui ses travaux, en quelque sorte son mode de fabrication. D'abord sceptiques, les autres Prophètes finirent par se rendre à l'évidence, leur avenir résidait dans les travaux de Shandrim. Les discussions s'intensifièrent pour un temps, cherchant comment reproduire cette réussite et l'étendre à toute l'organisation. Après la technique, la politique venait de faire son apparition parmi eux à cause de l'orgueil d'un seul homme tout autant que de sa découverte.
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| | | Elathorn d'Elanil
En attente de validation.. Nombre de messages : 17 Âge : 42 Date d'inscription : 16/04/2011 Personnage:.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Non-Initié | Sujet: Re: Elathorn d'Elanil [en commission stafienne] Sam 16 Avr 2011 - 11:26 | |
| Un crépuscule issu du néant.
Shandrim fit au moins une erreur, au moins une erreur d'importance tout du moins. Il avait conclut que, puisque Murmure était sa création, il avait la main mise sur lui. Mais c'était une création issue de la force appelée par Elathorn et Murmure gardait au fond de lui l'empreinte de cette force, développant progressivement et dans le plus grand secret sa propre volonté. Une seule erreur, mais une erreur qui lui couta la perte de ses espoirs. Au bout de longues années de bons et loyaux services dans les larmes et dans le sang, Murmure finit par ressentir le désir de liberté. Un désir que lui même ne pouvait pas concrétiser. Il n'avait tout simplement pas été conçut ainsi. Mais il n'avait pas pour habitude non de laisser un obstacle entraver sa mission, fut-ce cette mission un de ses propres désirs. Si lui même ne pouvait pas défier par lui même son créateur pour s'en libérer, celui auquel il était lié, témoin impassible de toutes ses exactions, était en mesure de le faire. Ou plus précisément il en était capable bien qu'il lui manquait la force de le faire. Mais cette force il l'avait lui. Elathorn n'était pas à proprement parler son ennemi mais « créateur » les avait mis en compétition l'un l'autre. Or, pour parvenir à ses fins, il ne fallait pas jouer selon ses règles. Elathorn ce serait méfié de lui s'il lui avait spontanément proposé ce genre de partenariat. Le contraire eut été vrai également. La torture qu'ils avaient tous deux subie était tellement atroce que tout espoir était perçu comme une illusion crée pour les tourmenter. S'allier un adversaire sans faire de geste amical envers lui, difficile affaire. La solution n'en fut pas moins simple. Si son colocataire ne pouvait pas utiliser sa collaboration, il exploiterait surement sa faiblesse. Murmure commença donc à lui montrer comme par inadvertance de fausses failles. Un moyen d'abattre cet « autre » qui le dominait, un moyen de recouvrir sa liberté. Un moyen qui n'était sans avoir son prix à payer, utilisant la soudure qui les liait, noyant une partie de chacun d'entre eux pour obtenir une force commune. En leur sein, au plus profond d'eux, une partie d'eux serait alors véritablement commune à eux d'eux. Inséparables, il mêleraient leurs forces pour échapper au « créateur ». La capacité à prendre sa liberté et la force d'y parvenir. Les fragments de conscience et l'inexistence. Elathorn fit ce que Murmure attendait de lui. Dans un cri il se libéra, créant leur part commune et plongeant Murmure dans la somnolence. Dans un cri il sacrifia une part importante de lui même, piégée dans la soudure, tout comme dut s'y résoudre Murmure. Ce dernier resta dès lors tapis dans les tréfonds d'Elathorn, observant et le drapant autant que possible dans sa non-présence, prêt à ressurgir quand le moment s'en ferait ressentir. L'outil de sa mission fut brisé et emporta une partie de la tour de Shandrim et Elathorn s'enfonça une nouvelle fois dans la forêt, s'enfonça aussi loin que son esprit s'était autrefois enfoncé en lui. Mais là où il avait fallu des jours pour le retrouver, ils ne pourraient y parvenir cette fois ci. Sa non-présence ne permettait pas de le retrouver facilement et ses mouvement n'étaient pas prévisibles car... il avait trop perdu de lui même pour être encore lui même. Ses réactions n'étaient dictées alors que par le chaos qui était en train de s'opérer en lui.
Dès lors, il vécut par lui et pour lui même en ermite dans la forêt. Loin de tous ceux qui avaient autrefois été ses pairs mais qui ne pouvaient plus le nommer comme tel. Loin de toute forme de civilisation en sachant pertinemment que chaque être rencontré le rapprochait de son éventuelle capture. Sa non existence n'était pas aussi parfaite que celle de Murmure à son apogée et son être parcellaire ne le protègerait qu'un temps. Plongeant dans la nuit, il espéra que le temps pourrait le reconstruire sans pouvoir être repris. Une seule chose était certaine, il fallait qu'il puisse s'ôter la vie rapidement. Ne pas être repris, cette seule chose importait, ne pas être repris.
Pendant ce temps, la rage de Shandrim brulait de mille feux. Les Prophètes mirent une pause à l'engouement autour de ses expérimentations, celles ci ayant prouvées leurs faiblesses et leur danger. Mis au ban de ses pairs, son droit à l'initiative ne serait pas rendu, du moins, pas tant que sa créature battait la campagne...
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| | | Elathorn d'Elanil
En attente de validation.. Nombre de messages : 17 Âge : 42 Date d'inscription : 16/04/2011 Personnage:.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Non-Initié | Sujet: Re: Elathorn d'Elanil [en commission stafienne] Sam 16 Avr 2011 - 11:27 | |
| Deux destinées pour une même vie
S:
Le temps avait encore passé, ce n'était pas quelques années mais un peu plus d'une décennie. Le lubia avait grandit mais n'avait toujours pas atteint son âge adulte. Des liens s'étaient tissés entre ses deux êtres. Ils veillaient l'un sur l'autre comme le ferait une véritable famille. Car après tout, ils étaient une famille à eux deux.
L'elfe était bien loin de sa région natale car elle s'était enfoncée profondément dans ce vaste univers de végétation que représentait la forêt d'Anaëh. Le murmure de la forêt avait changé autour d'elle. Elle ne souffrait plus de ce qu'elle entendait. Un répit lui était accordé mais pour combien de temps? Nul ne saurait le dire à l'heure actuel.
Koëhavaïn se nourrissait à présent seul. Il avait une alimentation omnivore ce qui arrangeait bien la druide. Il est vrai que les premiers temps furent durs afin de subvenir à ses besoins vitaux. L'animal considérait la jeune elfe comme sa mère. Il était affectueux avec elle, cherchant les caresses de sa main. Ils communiquaient souvent ensembles, son don et ses pouvoirs facilitaient grandement la tâche de compréhension entre eux.
L'automne est arrivée et vingt années s'étaient écoulées. Le temps passe mais pourtant il se fige. Saësalaë ne grandit plus, ne vieillit qu'à peine. Telle est la vie des peuplades sylvaines. Elle avait cent soixante dix ans à ce moment et pourtant on avait l'impression qu'elle n'en faisait que dix sept. Cela pouvait dérouter les simples mortels éphémères mais pas ceux de sa race.
Le ciel était lourd et l'odeur de la terre se faisait sentir. La pluie, il n'allait pas tarder à pleuvoir. Le ciel s'assombrissait alors que la luminosité déclinait violemment. Soudain un éclair fissura le ciel et le tonnerre gronda libérant sur le monde ses torrents d'eau. L'orage... Koëhavaïn en avait peur. Il poussa un petit cri strident avant de se réfugier dans les bras de sa protectrice.
Il fallait trouver un abris au plus vite. Pas le temps d'en construire un, aussi il faudrait se réfugier dans une caverne le temps que les intempéries ne passent. Des craquements se firent entendre, le vent violent déracina quelques jeunes arbres ou d'autres trop vieux pour résister à cette tempête. Avançant contre les éléments, la druide trébucha sur une masse à terre.
Ce n'était point une racine car la nature avait toujours veillait à se retirer sous ces pas. Ce n'était pas non plus un rocher. Se retournant, elle découvrit le corps d'un elfe. S'approchant de lui, elle vit qu'il était toujours en vie. Elle ne pouvait le laisser là. Saësalaë pria les ëalas de lui venir en aide. Quelques minutes plus tard, sa prière sembla avoir été entendue car un grognement se fit entendre. C'était un ours.
L'animal regarda la druide puis se baissa afin qu'elle hisse le blessé sur son dos. Se redressant sur ses pattes, l'animal l'invita à le suivre. Ils les conduisirent alors à l'abri dans sa tanière. Déposant son fardeau sur le sol, l'ours s'enfonça dans sa grotte pour retourner à son activité préférée: la sieste.
Se penchant sur cet inconnu, la jeune femme vit que son souffle était lent. Posant sa main sur son front, elle remarqua qu'il avait de la fièvre. Elle n'avait pas le choix, elle ne pouvait le laisser dans cet état. Déployant sa peau sur le sol, elle y fit rouler l'homme.
Saësalaë déshabilla alors un homme pour la première fois de sa vie. Elle remarqua alors les marques sur son corps. Se déshabillant à son tour, elle se coucha à côté de lui et rabattit le peau de bête sur leurs deux corps. Il lui fallait de la chaleur pour que sa température ne redescende et avec l'humidité ambiante, impossible de faire un feu. Son corps allait donc l'aider à faire tomber sa fièvre.
La jeune femme s'endormit au bout de quelques minutes. Son corps était collé à celui de cet homme qu'elle ne connaissait pas. Koëhavaïn s'était couché en boule dans un coin près de la tête de sa maitresse. La nuit passa alors que la pluie et l'orage continuait à gronder dehors. Aucun des deux elfes ne s'éveilla durant cette nuit.
Au petit matin, le chant des oiseaux se fit entendre et le lubia vint à lécher le visage de la druide pour la réveiller. Il ne lui fallut pas longtemps pour ouvrir les yeux. Elle se dégagea alors de l'étreinte de cet elfe. S'étirant, baignée dans la clarté de la matinée, le corps de l'elfe ne laissait voir que ses formes douces dans cette pâle lueur. C'est à cet instant que l'inconnu ouvrit les yeux.
E:
Elathorn était seul, seul à l'exception de Murmure qui ne le quittait jamais, qui le quitterait jamais plus. Seul dans l'immensité paisible de la forêt. Une paix qu'il ne pouvait pas partager. Il avait quitté la tour, mais la tour ne le quitterait jamais non plus. La cicatrice qu'elle avait laissé en son âme flamboyait et même les millénaires ne pourrait la rendre qu'incandescente. Et même si dans la chaine alimentaire de cette forêt, il n'avait à craindre nul prédateur, il était intrinsèquement une proie. Il n'y avait nul moment où il ne regardait derrière son épaule, nul moment où ses sens n'étaient pas aux aguets, nul moment où son imagination ne croisait les fantômes de son passé. La peur était là, toujours, la terreur dictait sa vie. Son corps restait perpétuellement en éveil, tendu et tremblant sous la tension. Malgré des années de cavale, il se déplaçait d'ombre en ombre, glissant à toute vitesse et sans un bruit dans les heures les plus sombres de la nuit, craignant que le moindre rai de lumière ne le révèle à Leur Oeil. Et si Murmure tentait de calmer un corps exténué, il partageait ses craintes. Ils étaient à leur recherche, ils n'abandonneraient pas. Lui non plus.
Pour autant, avoir gouté à la liberté avait changé leur vie. Après de si longues années à être une arme, à être la main du destin, Elathorn entrevoyait une facette de la vie qu'il n'avait jamais envisagé. Il avait toujours vu le monde comme une illusion qu'il percevait derrière un voile, un théâtre aux mille figurants. Mais aujourd'hui enfin, il pouvait choisir sa voie, aujourd'hui enfin il pouvait traverser le voile... mais pas en profiter. Et la traque dont il était l'objet n'était pas le seul obstacle. Il avait été formé, au sens propre comme au sens figuré, à être cette arme qui dans un souffle propageait souffrance et désespoir, horreur et regret, épidémies et infestation. Il l'avait été mais ne l'avait jamais voulu, ce souhait n'était pas le sien et il le rejetait autant qu'il se mortifiait. Mais il possédait tout le savoir dont il ne voulait pas et manquait par la même de tout le savoir qu'il aurait voulu posséder. Il ne connaissait la mort, alors qu'il aurait voulu connaître la vie. Tout ce savoir vivre qu'il avait aperçu au travers du voile et qu'il ne comprenait pas. Tout ce dont il avait été privé.
Murmure de son côté n'était pas mécontent de son œuvre. Certes, la situation n'était pas des plus encourageante, ni des plus satisfaisante. Cependant, c'était là déjà une amélioration conséquente de sa condition. La liberté qu'il ne pouvait atteindre, la rébellion qu'il ne pouvait concevoir, l'existence qu'il ne pouvait revendiquer... Il se sentait capable d'accomplir plus que l'improbable, l'impossible. Pour le moment, la faute en incombe au scellé, il ne pouvait se manifester directement, se contentant de camoufler son hôte de sa non-existence, de son absence de destinée. Il espérait que cela suffise, que cela suffise indéfiniment mais il ne savait que trop que chaque année était un miracle. L'esquisse d'un sourire se dessina involontairement sur les lèvres d'Elathorn sans que ce dernier n'en comprenne l'origine. Murmure avait appris l'ironie. Shandrim les avait ben formé, ils étaient affutés tels des rasoirs... et tout cela était utilisé aujourd'hui contre Shandrim lui même. Ce dernier devait apprécier avec force d'amertume une telle situation.
Une crainte tira Murmure de ses réflexions. Il sentit le corps d'Elathorn se tendre. L'ombre s'abattit brusquement par delà l'océan vert du fait des arbres. Poussé par un vent qui tourbillonnait en sifflant, de lourd nuages se rassemblèrent et devinrent menaçant. Des souvenirs qu'Elathorn avait lui même scellé pour trancher les liens qui le reliaient à Shandrim attisèrent une peur irrationnelle. Murmure se souvenait lui, des nuages de divination et des pluies infectieuses. Murmure se souvenait et savait que ceux ci n'en étaient pas. Mais Elathorn s'élança plus profondément dans la forêt avec le vain espoir de semer le vent, de semer les nuages dans l'entrelacement des bois. La forêt qui l'avait dissimulé et nourrit devint en cet instant les bras anguleux de ses persécuteurs qui se tendaient pour le saisir, le broyer et le ramener à la tour. Déterminé, aucun de ces bras ne parvint à le saisir. Son corps le porta à travers les bois changés en un labyrinthe où IL le regardait se débattre. Le ciel s'était obscurcit et déversait toutes les larmes qu'Elathorn ne pouvait plus verser, rendant le sol traitre et glissant. Ce n'était pas assez pour déséquilibrer le fuyard mais suffisant pour alimenter ses peurs.
Le ciel soudain se fendit une première fois et sa flamme blanche frappa la cime d'un arbre non loin de lui. L'énergie se propagea dans le sol jusqu'à lui, l'envoyer valser comme une poupée de chiffon. Ses muscles se contractèrent et la douleur envahit son corps... mais là douleur avait un goût familier, la douleur ne pouvait venir à bout de quelqu'un qui n'avait connu dans sa vie que pires sévices. Un instant plus tard il courrait à nouveau entre les troncs qui se dressaient devant lui, par dessus l'arbre qui avait été abattu. Et le ciel se fendit à nouveau pour frapper l'impudent. Son corps fumant criait sa blessure, mais il avait subit bien pire et ne serait jamais parvenu jusque ici s'il avait du renoncer. Mais même Murmure commença à trouver la situation avec suspicion, la coïncidence incongrue alors qu'une ultime fois survint la colère des cieux. Son corps avait beau avoir été modelé, façonné et optimisé, ce n'était pas assez pour continuer malgré toute la volonté dont il faisait preuve. Son corps épuisé s'écroula, laissant Murmure comme seul témoin de la situation. Prendre le contrôle pouvant causer d'énormes dommages en plus de l'inconfort manifeste. Faute d'urgence, il laissa le temps faire son œuvre tandis qu'Elathorn sombrait. Car il chût dans un univers d'horreur, un cauchemar qui le hantait sans cesse car il tirait ses racines d'un passé bien réel.
Lorsque il s'éveilla enfin, au premier battement de cœur il ouvrit brutalement les yeux. Des yeux écarquillés par l'horreur dont les pupilles complètement dilatées masquaient pratiquement ses iris mordorés. Car il est un temps, alors que se meurt la nuit, où les brumes du rêve viennent s'étendre quelques instant dans le réel avant de s'y dissiper. Les appendices de ce rêve ci étaient aussi noirs qu'une nuit sans lune et envahissaient complètement le regard terrifié d'Elathorn. Il resta un second battement de cœur ainsi, les yeux grand ouverts et sa bouche poussant un cri ne produisant aucun son. Puis l'incidence du réel le rattrapa au troisième battement de cœur et il se redressa vivement en un bond improbable. Ne semblant pas s'attarder sur sa nudité ou ne le remarquant pas, on pouvait sans grand mal sentir le vent de panique qui lui parcourait l'échine.
Murmure utilisa ce biais afin de pousser Elathorn en avant, lui susurrant des mots de prudence à l'esprit. Un témoin... Un témoin le liait à la tour... Un témoin voulait le ramener à la tour... Un témoin voulait le plonger dans les affres de la torture... Un témoin... devait mourir. Elathorn sortit au quatrième battement de cœur deux fines lames directement de sa chair. Pour aussi ignoble que cela paraisse, leur fourreau d'os et de chair semblait avoir été modelé directement dans sa chair et ses os. Sa chair et ses os modelés si souvent que tout spectateur sentait un malaise indicible l'envahir face à cette création inhumainement, bâtie pour sa performance au mépris de l'être ainsi travaillé au corps. Et au cinquième battement de cœur, il était sur sa cible, prêt à user de ses lames pour atteindre de l'une d'elle le cerveau par la mâchoire et prendre appui de l'autre sur l'échine.
Au sixième battement de cœur, l'inéluctable ne se produisit pas. Ses mains tremblèrent, ses yeux redevinrent mordorés alors que ses pupilles reprenaient leur taille normale et des larmes vinrent les embuer. La tension fut encore plus palpable lorsque un murmure grave bien que chevrotant vint troubler son silence jusque ici parfait.
« Non... Je ne... veux plus... »
C'était là davantage de mots prononcés que durant les dernières décennies. Et sa voix trahissait le caractère malaisé de ses paroles. D'autres vinrent pourtant à sa suite tandis que ses deux lames tombèrent avec un tintement étrange sur le sol de cette grotte.
« Je ne... suis plus... en son... pouvoir... Ma vie... Mon choix... Tuez moi... Ne me ramenez pas...»
Quel qu'il fut, l'effort semblait intense, suffisamment en tous les cas pour qu'il s'effondre sur le sol. Ses yeux étaient grands ouverts et il tremblait comme d'un frisson perpétuel. Mais on aurait grand mal à définir s'il était encore conscient ou non. En son sein par contre, Murmure fulminait. Il n'avait que trop œuvré pour que tout finisse ainsi. Il commença donc à forcer les scellés qu'il avait lui même aidé à établir. A son grand désarroi, la tâche s'avéra plus compliqué que prévue, Elathorn était préparé à être délivré. Murmure prétendait réussir à forcer les scellés à temps. Ses estimations prétendaient le contraire...
S: Lui faisant dos, Saësalaë profitait des rayons du soleil pour se baigner dans cette lueur chaude comme une plante le ferait en cherchant la caresse de l'astre céleste. Le chant mélodieux des oiseaux fut troublé par une voix venant de derrière elle. Visiblement il avait du reprendre connaissance. Les paroles de cet homme étaient sans compréhension pour la druide. Que ne voulait il plus ? Vivre ? Il désirait donc mourir plutôt que d'être ramené. Mais ramené où ? Elle ne savait pas mais visiblement il avait du subir un fort traumatisme. Était ce en fuyant qu'elle l'avait découverte ainsi ou était il fugitif depuis plus longtemps que cela ? De nombreuses questions sans réponse. Se tournant, la silhouette baignée dans un fin halo doré, on aurait dit une apparition enchanteresse. Saësalaë s'avança. Sa chevelure tombant en cascade sur sa poitrine dissimulant par ce simple fait ses courbes mammaires. Elle le regarda un instant sans dire un seul mot puis finalement prit la parole.
Je ne te veux aucun mal. L'orage a du te prendre par surprise car tu étais inconscient et fiévreux. Mais tu as l'air d'aller mieux à présent. Je ne te retiens pas si tu désires partir immédiatement.
E: Alors que son corps frémissait par à coups, les paroles de la jeune femme lui parvinrent comme un lointain écho. En proie à une lutte interne entre ce qui faisait sa vie, ce à quoi il avait été préparé aussi loin que remontait sa mémoire parcellaire et une alternative qu'il ne comprenait pas, qui dépassait de trop loin tout ce qu'il lui avait été permis d'envisager.
La jeune femme prétendait ne pas être sous Leur emprise, ni Leur servir de relai à l'insu de son plein gré. Il pensait que cela était impossible, il sentait qu'il ne devait rien en croire, il savait que c'était ce genre de faiblesse qui Les mettrait sur son chemin... et pourtant... Pourtant il avait envie de la croire, il avait envie de lui faire confiance, il aspirait à percer le voile qui séparait leurs deux mondes et ouvrir la brèche qui apporterait des touches de couleurs à l'existence d'une rumeur qui sillonnait à Leur profit les limbes en répandant leur macabre comédie, le destin tragique de leurs fausses prophéties.
Ce témoignage de faiblesse ulcéra Murmure (ou tout du moins l'aurait fait si cet être possédait un estomac auquel provoquer des ulcères). Il n'avait pas tant œuvré, il n'avait pas tout risqué pour choir à cause d'une erreur qu'aurait pu commettre le premier crétin venu. Et il tempêta pour changer le cours des choses. Il tempêta sans grand résultat. Mais cela était probablement moins par manque de force que par ce sentiment caché de curiosité et d'envie par lesquels il était attiré au contact de ce monde nouveau. Et ruminant ses reproches, il laissa faire, ne semant que les graines du doute et de la méfiance plutôt que de tenter de pousser à la haine la plus farouche.
Quelque chose sonnait faux dans ces paroles mais il lui fallut un moment avant de réaliser que cela ne venait pas forcément de celle qui les avait prononcées mais peut être de celui qui les avait entendues. Alors que lentement et progressivement il reprenait l'ascendant sur son corps, il darda un œil des plus soupçonneux sur la demoiselle. Mais il ne remarqua à quel point son souffle était court que lorsque il hasarda une réponse, une réponse qui était le réceptacle de ses doutes et de ses peurs.
« Serait il... seulement possible... que tu n'accomplisses par Leur œuvre ? Quand tout mon être et plus encore me crient que Son œil me cherche probablement à travers toi ? Serait il seulement envisageable que tes pas ne t'aient mené jusqu'à moi pour un autre dessein que de Lui ramener sa main pour la trancher avant de la recoudre ? Pourtant il n'est que deux choses à ma connaissance qui puissent prétendre ne pas servir Leur vision et tu n'es pas la seconde. »
Puis en pensant à la présumée surprise de l'orage, il baissa la tête, fixant non pas le sol, mais des étendues bien au delà. L'esquisse d'un sourire se forma sur ses lèvres en réponse à ses pensées, elles appréciait toute l'ironie contenue dans ces paroles. Il répondit par un murmure suffisamment audible pour y discerner une colère contenue.
« Par surprise ? Non, je n'ai simplement pas su fuir assez vite, j'ai échoué à me soutirer à son attention. A encourir son courroux, je suis destiné à la promesse de tourments aussi cruels que raffinés. Par trois fois la foudre à frappé la terre dans un éclair de rage, par trois fois elle s'est abattue non loin de moi. Par trois fois le tonnerre est venu vriller mes oreilles, par trois fois l'éclair a empli mon corps d'une énergie dévastatrice. Par trois fois j'ai chus, mais seulement par deux fois je suis parvenu à me relever. Par surprise ? Non. Il n'y a ni hasard, ni surprise là dedans. La seule surprise que je puis est d'être encore libre de mes mouvements et de mes pensées... »
Quant à partir immédiatement, même si elle le relâchait dès à présent, ce n'était pas possible pour le moment. Il tâcha de lui expliquer. Mais il n'avait parlé depuis si longtemps à une personne qu'il commençait à perdre tous ses moyens à cette seule pensée. A vrai dire, de toute ce que renfermait les reliquats de son existence, cela n'était encore jamais arrivé. Son souffle accéléra et une peur inconnue le prit progressivement à la gorge aussi surement qu'aurait pu le faire le plus féroce mâtin.
« Je... ne peux pas... pas partir... pas comme ça... pas maintenant. Si... son regard... son regard s'est... propagé... jusque ici... je ne dois... pas commettre d'erreur. Aller vite... Non se précipiter... Les rayons... Le soleil... Dangereux... Plus qu'une flèche... Seul le cœur... de la nuit... peut m'aider... à échapper à sa vue. Si j'échoue... lames... empoisonnées... seul espoir pour me délivrer... Je... »
Il aurait voulu ajouter quelque chose, quelque chose qu'il se sentait profondément devoir prononcer. Mais il ne put continuer. Sa voix s'éteignit et seules ses lèvres furent encore douées silencieusement de mouvement. Son visage s'assombrit alors tandis qu'il resserra ses bras autour de lui même, comme s'il cherchait à échappé au monde lui même.
S:
Cet elfe apeuré que Saësalaë avait sauvé durant cet orage était prompt à la parole même s'il ne se sentait pas en sécurité alors qu'elle tentait de lui faire comprendre qu'il n'avait aucune raison d'avoir peur d'elle. Elle n'était point son ennemi bien au contraire. Elle l'avait sauvé, sauvé d'une mort qui aurait pu être sienne. S'accroupissant devant lui, ses longs cheveux tombant sur sa poitrine dissimulant ses douces courbes, elle le fixa dans les yeux un bref instant. Elle aurait aimé savoir de qui il avait peur et ce qu'il tentait de fuir de cette façon. Ses paroles étaient des plus mystérieuses. Il la pensait être l'ustensile de ces personnes à qui il tentait d'échapper. Pourtant il n'y avait personne dans les environs. Koëhavaïn l'aurait prévenue d'un quelconque danger car son ouïe fine et sensible avait toujours été utile lors d'une traque.
Je ne suis l'objet d'aucune machination à ton encontre. Je doute que notre mère à tous veuille te traquer comme un vulgaire animal qu'il faut abattre. Aussi n'ait pas peur car je ne suis pas là pour te faire du mal. Tu es libre de tes mouvements et de partir si tu le désires mais sache que je t'offre mon aide.
Alors qu'il parlait et qu'il disait ne point pouvoir partir dans l'immédiat et que seule la nuit telle une fidèle alliée pouvait l'aider, son souffle se remit à s'accélérer, saccadant sa voix avant que plus un son ne soit audible laissant simplement la vision de ses lèvres se mouvant dans un sinistre silence. Comme un enfant apeuré, la druide le vit se recroqueviller. Cette posture, elle la connaissait bien. Elle faisait de même quand elle était enfant pour fuir la réalité et le monde qui l'entourait en espérant que le fait de ne plus voir ce qui ce trouvait autour d'elle pouvait faire en sorte que tout s'arrête. Levant une main, l'elfe approcha sa main de cet homme meurtri comme elle ferait avec un animal blessé. Elle ne lui voulait aucun mal, bien au contraire. Elle voulait lui venir en aide et le faire sortir de cet état de catatonie dans lequel il s'enfonçait peu à peu sans qu'elle ne sache ce qu'il fuyait de cette façon.
E:
La jeune femme prétendait ne pas être sous Leur emprise, ni Leur servir de relai à l'insu de son plein gré. Il pensait que cela était impossible, il sentait qu'il ne devait rien en croire, il savait que c'était ce genre de faiblesse qui Les mettrait sur son chemin... et pourtant... Pourtant il avait envie de la croire, il avait envie de lui faire confiance, il aspirait à percer le voile qui séparait leurs deux mondes et ouvrir la brèche qui apporterait des touches de couleurs à l'existence d'une rumeur qui sillonnait à Leur profit les limbes en répandant leur macabre comédie, le destin tragique de leurs fausses prophéties. Ce témoignage de faiblesse ulcéra Murmure (ou tout du moins l'aurait fait si cet être possédait un estomac auquel provoquer des ulcères). Il n'avait pas tant œuvré, il n'avait pas tout risqué pour choir à cause d'une erreur qu'aurait pu commettre le premier crétin venu. Et il tempêta pour changer le cours des choses. Il tempêta sans grand résultat. Mais cela était probablement moins par manque de force que par ce sentiment caché de curiosité et d'envie par lesquels il était attiré au contact de ce monde nouveau. Et ruminant ses reproches, il laissa faire et attendit patiemment la suite des événements.
En proie à ces troubles intérieurs, il ne vit ni n'entendit la femme elfe approcher. Pourtant il sentit sa présence tandis qu'elle s'approcha de lui afin d'essayer de l'apaiser. Tout en lui avait été conditionné à réagir en semant la mort autour de lui. Tout en lui avait été conçu pour n'être qu'une arme, qu'une rumeur, la main du destin. Pourtant il se força à rester serein tandis que la main approchait et se laissa envahir par une impression qu'il avait du mal à comprendre. Il ne s'agissait là pas de survie, ni d'exécution, ni de torture, ni même de de répandre d'odieuses maladies. Il sentait que cela était bénéfique mais rien de ce qui lui fut enseigné par Shandrim ne pouvait lui permettre de comprendre de quoi il s'agissait. Comme tant d'autres comportements qu'il avait pu subrepticement observer lors de l'exécution des tâches qui lui avaient été confiées, il n'avait pas été préparer à les comprendre. Des comportements d'un autre univers, d'une autre vie. Progressivement, il se détendit quelque peu en réaction à cette présence réconfortante. Même s'il restait victime des dilemmes qui jaillissaient en lui autant que la terreur de la perspective d'être retrouvé, ses tremblements diminuèrent sensiblement. Cette accalmie lui laissa le loisir de penser aux paroles qu'elle avait prononcé. Des paroles comme autant de mots étranges qui virevoltaient telle une nuée de papillons. Il parvint à en saisir quelques uns au vol. Les plus colorés, les plus brillants, ceux qui revêtaient une importance dont même son ignorance ne négligeait pas le poids.
Notre Mère. Ce mot ne signifiait rien pour lui dans le sens où l'entendait la demoiselle. Même dans un sens plus conventionnel, il s'agissait d'une partie de sa mémoire qui était tombée dans les limbes de l'oubli. Le peu dont il aurait pu se souvenir avait été sacrifié pour maintenir son existence. Cependant, ce mot ne lui était pas pour autant véritablement étranger. Même s'il en ignorait le sens, il évoquait en lui une vague de colère et de peur, mêlée d'indignation. Même s'il en ignorait la source, son esprit ne pouvait complètement effacé la fin tragique qui avait été la sienne... Pas plus que les personnes qui en avaient été à l'origine. Mais cette analyse était véritablement hors de sa portée. Il ne restait en lui que ces émotions indicibles qui sourdaient hors de son inconscient en des vagues qui se brisaient sur sa conscience comme les lames de fond sur les falaises, érodant à chaque passage le roc immuable qui lui tenait tête et laissant flotter dans l'air des embruns... des embruns au goût métallique et brulants de haine. Toutefois il était désireux de comprendre d'où pouvait venir ces émotions. Comme pour tout ce qu'il avait attrait à son existence, il sentait qu'un lien existait entre ce mot, ces émotions et la tour. Sans relever la tête ni véritablement sortir de son accablement, il prononça quelques mots qui semblaient plus calmes et moins hachés que les précédents.
"Mère? Qu'est ce donc?"
Il songea également à un autre mot saisi en plein vol. Son aide. Pouvait elle vraiment l'aider? Sans doute, mais à quoi? Son principal problème était d'être traqué et il ne voyait pas vraiment de quelle aide elle pouvait être, de quelle aide n'importe qui pouvait être. Cependant, il existait peut être des moyens. Il avait constaté que traquer une proie que l'on connaissait bien, ne laissait que peu de chances à cette dernière car l'on pouvait prévoir ce qu'elle allait faire. Or Shandrim le connaissait bien, presque parfaitement. Il avait littéralement forgé ce que son esprit était devenu, seul restait de lui la matière brute à partir de laquelle il avait été ainsi forgé. Mais si son comportement n'était plus le même, s'il était dicté par une autre conscience, serait il toujours aussi aisé de le poursuivre. Le pari était risqué... En plein doute, il demanda.
"M'aider? Pouvez vous vraiment m'aider?"
Sa voix trahissait ses doutes, les limites de sa compréhension. Le seul individu qu'il se souvenait avoir côtoyé était très loin d'avoir jamais tenté de lui venir en aide. Son bourreau était aux antipodes d'un tel comportement. Était ce ainsi que les vraies personnes se comportaient?
S:
Les paroles qu'elle venait de prononcer pour apporter un certain réconfort dans cette réalité dont ils étaient tous les deux prisonniers et les jouets d'une destinée qu'aucun d'eux n'en connaissait les desseins que les dieux tissaient de leurs doigts agiles. C'est la tête toujours baissée comme replié sur lui même que sa voix se fit entendre alors que la main de la demoiselle se déposait doucement sur la tête de cet elfe égaré et perdu. Il lui demanda alors qui était « mère » comme s'il ignorait de qui elle faisait allusion. Cela pouvait il être possible qu'un elfe ignore tout de celle qui les a créés, qui leur a donné la vie et qui malgré tout ce que l'on peut en dire continue à veiller sur ses enfants et cela depuis la nuit des temps? Pour Saësalaë, cela ne pouvait être possible et pourtant, elle dut bien se rendre à l'évidence qu'il ignorait qui « mère » était...
Mère, c'est la déesse qui nous a donné la vie. N'as tu donc jamais entendu parler de Kÿria? Elle est la créatrice de notre race et du milieu dans lequel nous évoluons. Elle est tout autour de nous même si nous ne pouvons la voir mais elle est là, il suffit de fermer les yeux et d'écouter avec son cœur pour ressentir sa présence.
Il demanda alors si la jeune femme pouvait réellement lui venir en aide. Certes, elle n'en savait rien car elle ignorait le genre d'aide dont il avait besoin mais une chose était sûre, elle userait de tous les moyens qu'elle avait à sa disposition pour lui offrir cette aide. Elle ne savait pas vraiment pour quoi mais quelque chose l'attirait chez lui. Doucement dehors la pluie cessait et les rayons du soleil commençaient à percer à travers les épais nuages qui trônaient dans ce ciel opaque. Koëhavaïn leva son museau et poussa un petit cri aigüe pour interpeler la jeune elfe. Celle ci tourna la tête et vit l'éclaircie à son tour. D'ici quelques minutes, ils pourraient quitter cette grotte qui leur avaient servi de refuge le temps que les éléments se déchainent. Retirant sa main de la tête de l'inconnu, elle se releva doucement alors que le silence régnait en ce lieu. Lui faisant dos un court instant, elle s'avança vers l'entrée de leur refuge. Fermant ses paupières lentement, elle écouta le chant de la Nature. Un douce brise se leva faisant flotter sa chevelure, son corps baignait dans un halo de lumière rendant sa présence enchanteresse. Sa voix s'éleva alors telle une mélodie.
Il n'y a plus de danger à craindre. Le temps est venu de reprendre la route qui est mienne. Tu es le bienvenu si tu le désires.
E:
L'homme fit une moue perplexe. Ces paroles ne lui apprenaient pas autant qu'il l'aurait souhaité. C'était là peut être la conséquence sinon le reflet de sa propre ignorance. La déesse qui leur avait donné la vie ? Il ne savait pas grand chose des dieux. Tout ce qu'on lui avait appris sur ce sujet, tout ce qu'il avait à savoir, étaient que les dieux étaient des entités immatérielles autant que malfaisantes et il ne fallait pas tomber sous leur regard. Il savait bien quelques détails en plus, quelques détails provenant de ses propres déductions. Il savait qu'il avait été en partie justement conçu pour être pratiquement invisible à leur regard et que Murmure était lié à ce phénomène... De la même manière qu'il savait qu'aussi ironique que cela puisse paraître, Murmure était lié de la même manière au fait qu'il n'avait pas encore été capturé. Un peu désemparé, il secoua la tête avant de répondre en un soupir...
« Si « Mère » éveille quelque chose d'indéfinissable en moi, « Kyria » en revanche ne me dit absolument rien. Quant aux dieux, on ne m'en a pas dit grand chose, cela n'était pas utile dans la tâche pour laquelle on m'a crée. Tout ce que l'on a daigné m'apprendre sur les dieux était qu'il s'agissait de créatures immatérielles et malfaisantes dont je ne devais pas attirer l'attention ou elles me briseraient plutôt que de me laisser remplir ma tâche. J'ai pu faire quelques déductions mais rien de plus, les questions coutaient bien trop chères... là où j'étais... pour que je puisse me permettre d'en poser. »
Contemplant le sol d'un regard rêveur, il se fustigeait de sa propre ignorance. Il avait maintes fois rêvé de côtoyer de vraies personnes et, maintenant qu'il parlait avec l'une d'entre elles, une barrière tissée de l'absence de références communes se dressait entre eux deux. Néanmoins il tâchait de comprendre les paroles étranges qui arrivaient jusqu'à ses oreilles.
Lorsque elle se leva et fit mine de s'éloigner, il crut tout d'abord que leurs différences étaient venues à bout de leur rencontre. Venant de deux mondes bien différents comme il ne le savait que trop, il pensa à cet instant que cette barrière demeurerait infranchissable.
Mais alors qu'elle se retourna, comme baignée dans la lumière de l'aurore au moment ou le soleil reprenait enfin ses droits sur la colère des cieux, elle l'invita à la suivre. Bercé par sa présence et sa voix, il se leva d'un mouvement continu et dépourvu d'à-coup en annonçant...
« Cela me semble un risque démesuré... mais... Le temps nous dira si ce chemin était le bon. »
Il risquait en effet sa propre existence, voir celle de Saësalaë. Il sentait Murmure bouillir de colère et de frustration à l'énoncé de cette décision. Mais une existence sans avenir valait elle mieux que pas d'existence du tout ?
S:
Cette proposition ô combien dangereuse venait d'être faite. Elle l'était pour lui comme pour elle car aucun des deux ne se connaissaient. Il y a encore quelques minutes, il n'était qu'un elfe blessé et perdu qu'elle avait sauvé un soir de tempête. Mais quelque chose fit qu'elle n'avait pas peur de lui... Puis finalement une réponse positive qu'elle n'aurait pensé possible. Il acceptait qu'ensemble il fasse la route. Il avouait également par la même occasion savoir si c'était une bonne chose ou non et que que seul le temps dira si ce choix était judicieux. Saësalaë inclina la tête et fit un sourire l'elfe toujours à terre. Elle pointa son doigt vers le lubia et fit alors les présentations. Puisqu'ils allaient voyager ensemble, cela serait bien plus simple de se présenter maintenant.
Voici Koëhavaïn, il est gentil et ne mord pas. Quant à moi, je me prénomme Saësalaë. Et toi?
Revenant vers l'inconnu alors qu'il se présentait à son tour. La druide ramassa ses affaires étendues qui étaient à présent sèches et s'habilla. Elle ajouta alors en direction de Elathorn de faire de même.
Tu devrais faire de même. Tes habits sont secs également. Et je ne suis pas sûre que voyager nu soit une bonne idée.
L'elfe se mit alors rigoler sur cette fin de phrase comme si l'idée de voyager nue ne lui déplaisait pas tant que ça. Il faut avouer que cela ne l'ennuierait pas car la druide était très proche de la nature. Cela serait une sorte de retour à la source...
E:
Elathorn écouta le nom de la petite créature et le retint en sa mémoire. La jeune femme trouva utile de préciser que Koëhavaïn ne mordait pas et Elathorn trouva cela étrange. On ne l'avait encore jamais mordu. Oh certes, il avait exposé à un bon nombre de tortures, mais d'ordinaire on ne le mordait pas. Cela dit, on ne lui parlait pas non plus. Et on ne le voyait pas vraiment non plus pour tout dire. Néanmoins, il espéra que ce ne serait pas une nouvelle expérience, ne sachant pas vraiment comment réagirait Murmure. Avec une déférence qui, malgré les apparences, ne présageait pas de ses possibles réactions, il se leva dans le plus simple appareil, porta la main à son cœur et s'inclina légèrement pour saluer le lubia.
"Dans le cœur des êtres les plus petits peuvent naitre les plus grands actes."
Le double sens de cette phrase n'échappa à Murmure qui foudroya d'un œil mental les propos d'Elathorn. Car le mot grand annonçait autant les actes les plus fabuleux, que les plus terribles. Et c'était du néant qu'était né Murmure, alors simple étincelle psychique...
Lorsque la jeune femme se présenta à son tour, il accomplit un cérémonial similaire mais resta plus simple.
"Alors voici le nom de celle qui m'intrigue... Le nom d'une porte vers une existence nouvelle... Avec beaucoup de chance..."
Mais il n'anticipa pas sa question et se retrouva quelque peu ahurit quant elle lui demanda le sien. Il ne put tout d'abord que bredouiller d'étranges paroles.
"Le mien ou le sien? Le sien surement, je n'ai jamais eu le droit de prononcer le mien. Mais je ne suis pas sensé trahir le sien non plus d'un autre côté..."
En effet, le sang avait suffisamment coulé pour effacer toute velléité de tenir à son nom. Car, si on n'avait pas voulu l'effacer, on avait en tout cas réduire sa personnalité à un simple support. De plus la question se posait vraiment. Jusque où voulait elle savoir ses noms... où plutôt le nom individuel de chaque habitant de ce corps. Et devait il, voir pouvait il partager celui de Murmure? Après une brève réflexion, et de façon très surprenante sans que Murmure ne s'y oppose autrement que pour la forme, il prit une décision basé sur un raisonnement fort simple. Si Saësalaë prenait ce risque, elle était en droit de le savoir.
"On m'a jadis appelé E... E... hm... Elathorn. Et mon... compagnon se nomme Murmure."
Prononcer son propre nom lui fit un effet bizarre. Son corps lui envoya de l'adrénaline, préparé qu'il était à recevoir une terrible sanction... Sanction qui ne vint pas à son grand étonnement. Il redouta un moment que ce ne fut que partie remise et que l'évocation de son nom attire Leur regard. Mais beaucoup de gens devait porter le même et ce n'était pas un indicateur si simple. Quoique il en soit il ajouta par précaution :
"Mais il vaudrait mieux ne pas trop l'ébruiter. Surtout si d'autres personnes peuvent l'entendre."
Elle lui conseilla ensuite de se vêtir. Il semblait se tenir nu devant elle sans véritable pudeur et, ainsi, il apparaissait beaucoup mieux à quel point son squelette et sa chair avait été déformée et reformée à loisir. Il était la représentation vivante d'une douleur sur laquelle on préférait détourner le regard de peur de la ressentir en se l'imaginant. Mais Elathorn prit la chose dans le sens de la sécurité.
"Je comprends tu penses que nous croiseront des gens et si je suis faible, il remarqueront ce détail. Cette précaution est effectivement de bon aloi, mais de toute manière, il ne faut rien laisser dernière nous qui puisse être utilisé pour nous retrouver. Ce serait une négligence désastreuse. Comme je n'ai pas de sac, il vaut mieux de toute manière que je me vêtisse, mes mains doivent rester libres..."
Il ne comprit par contre pas pourquoi elle riait... Il ne comprenait à vrai dire pas le rire tout court. Penchant légèrement la tête sur le côté, il s'enquit de son état de santé...
"Allez vous bien Saësalaë? J'ai déjà vu des gens atteints de cette affliction, mais on ne m'a enseigné nul remède pour l'endiguer, ni même le provoquer."
Une phrase étrange, mais ô combien révélatrice de la manière dont il avait été... éduqué.
S:
Suite aux présentations, l'inconnu qui bientôt n'en serait plus un salua le lubia en s'inclinant respectueusement. Il dit une phrase dont la compréhension fut assez mystérieuse pour la druide avant de se retourner vers elle et de la saluer avec le même cérémonial. Elle fut surprise de voir qu'elle l'intriguait. Pourtant, elle n'avait rien d'intrigant au contraire de cet elfe... Le plus surprenant fut sans doute ce qui en découla quand fut le moment de se présenter à son tour. Saësalaë le vit clairement hésiter. Elle fut d'autant plus surprise quand elle l'entendit se demander s'il devait donner son nom ou alors un autre. Mais celui de qui? Elle l'ignorait. De qui parlait il? Il était pourtant seul quand elle l'avait recueilli, elle n'avait vu personne d'autre dans les environs. Puis finalement après maintes hésitations sous le regard de la jeune elfe, il finit par se présenter. Son nom était donc Elathorn. Elle lui sourit alors. Mais il présenta également un compagnon qui se nommait Murmure. Ainsi donc il y avait une autre personne. Il fallait donc partir à sa recherche d'après elle.
Mais alors qu'elle s'habillait et qu'elle lui proposait d'en faire autant en riant, il lui demanda alors si elle allait bien et quelle était cette affliction. Elle ouvrit alors ses grands yeux de stupéfaction car elle se rendait doucement compte qu'Elathorn était loin d'être comme les autres. Il ignorait tout, un peu comme un petit enfant qui découvrirait le monde et qui poserait plein de questions. Cessant de rire, elle enfila sa tunique cachant ainsi son corps d'albâtre. Se perchant sur la pointe des pieds tout en s'étirant de tout son long, elle se mit à bailler. Suite à cela seulement, elle lui répondit comme l'aurait fait sa mère.
Le rire n'est en rien une maladie mais l'expression d'un sentiment. Il ne faut pas en avoir peur et encore moins chercher à le guérir. Mais n'as tu jamais ri, auparavant?
Finissant de s'habiller, puis de ranger ses maigres affaires, elle ajouta une fois le tout bouclé.
Nous devrions nous hâter de retrouver Murmure. S'il est comme toi, il risque d'avoir de drôle de surprises, seul dans la nature. Pas qu'il risque quelque chose ou qu'il soit en danger mais la Nature aime se jouer des fois des voyageurs égarés et ton ami semble l'être à l'heure actuelle.
E:
Commençant à lui enseigner ce qui aurait été naturel pour tout autre que lui, elle lui expliqua que ce qu'il avait prit pour une affliction était un moyen d'expression qu'on ne devait pas guérir. Il connaissait plusieurs poisons dont le contrepoison pouvait s'avérer plus dangereux que le poison lui même, ravageant le corps pour obtenir plus de chances de survie, et il se dit que cela devait être quelque chose dans ce gout là. D'ailleurs, si cela exposait les sentiments que l'on cachait, cela pouvait en effet être dangereux. Par contre il ne savait pas bien quelle espèce de sentiment cet acte trahissait. Désireux de comprendre toutes ces nouvelles choses qu'il découvrait, il demanda...
"Cela exprime un sentiment? Lequel?"
Il répondit également lorsque elle s'étonna de le voir ignorer ce qui était si naturel. Elle semblait s'interroger sur la manière dont il était possible de ne jamais avoir ri. Secouant légèrement la tête, il formula sa réponse.
"Si j'ai déjà ri auparavant? Si cela exprime un sentiment, je pense que non. On m'a enseigné qu'avoir des sentiments était une faiblesse et qu'avoir une faiblesse était une faute inacceptable. Du coup, les exprimer était réprimé dans le sang. Le jeu n'en valait pas la chandelle."
Saësalaë s'inquiéta pour Murmure. Cela parut étrange à Elathorn. Il s'était très souvent inquiété de Murmure mais jamais encore pour lui. Ce qu'il ne sut pas, c'est que cela parut encore plus étrange pour Murmure lui même. Pour l'un comme pour l'autre cela remettait en question la conception qu'ils avaient de la relation qu'ils entretenaient. Mais aucun des deux ne laissa l'autre entrevoir ce doute. Pour couper court à ce trouble, il rassura la jeune femme.
"Ce n'est pas vraiment mon ami. Mais ne t'inquiète pas pour lui, il ne me quitte jamais. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir essayé par le passé de son côté comme du mien. La donne a toutefois un peu changé depuis que nous nous sommes échappés. Car il a besoin de moi pour survivre et j'ai besoin de lui pour ne pas être repris. Car d'un côté ce corps est le mien et, de l'autre, de nous deux c'est le seul qui peut échapper à Leur regard. Dès lors, notre relation est devenue... quelque peu... symbiotique."
De toute manière, même en le cherchant, il ne pouvait pas être repéré. C'était peine perdue que d'essayer. Et ce n'était pas uniquement des efforts qui seraient gaspillés, mais surtout du temps. Et Elathorn commença à se demander de combien de temps ils disposaient avant que ce lieu soit vérifié. A ce moment, ils feraient mieux d'être tous les deux loin de cet endroit. Jetant parfois des petits coups d'œil à droite et à gauche, il vérifia en même temps qu'il conversait, s'il n'avait pas laissé de traces utilisables pour remonter sa piste.
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| | | Elathorn d'Elanil
En attente de validation.. Nombre de messages : 17 Âge : 42 Date d'inscription : 16/04/2011 Personnage:.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Non-Initié | Sujet: Re: Elathorn d'Elanil [en commission stafienne] Sam 16 Avr 2011 - 11:28 | |
| La fuite
Les deux elfes se soustrayèrent à la sombre grotte qui les avait prémunis de l'orage. Mais aussi sombre et humide fut elle, elle n'en constituait pas moins un refuge... un refuge qu'il fallait dorénavant quitter. Pour Saësalaë, ce n'était que reparaître sous la lumière du jour, son visage baigné d'une douce chaleur. Pour Elathorn, c'était quitter la sérénité relative d'un cocon pour se jeter sur une scène où il n'était qu'un pantin désarticulé. Un peu hésitant, il la suivit, poussé par la conviction que l'endroit n'était plus sûr. Suivre était troublant. C'était un mouvement prévisible et les mouvements prévisibles étaient une faiblesse. Mais tout à ses pensées sombres, il regardait avec curiosité cette jeune femme qui semblait s'épanouir sous les rayons du soleil comme une fleur quand reviennent les beaux jours.
Murmure trépignait. Loin d'être la proie de cette curiosité maladive, il voyait l'aspect stratégique de la situation. Et cette situation devenait problématique. Il doutait que la druidesse puisse y changer quoique ce soit. Malgré ses efforts et ses mises en garde, son existence était en danger... et il détestait ça.
Saësalaë quant à elle, ne percevait pas la menace que ressentait Elathorn, le voyage qu'ils entreprirent ne fut pas motivé pour sa part par la vitesse. Bien au contraire, Saësalaë se laissait conduire par ce chant, par la symphonie des arbres qui la guidait dans ce labyrinthe vert. Les conceptions de deux mondes divergents séparaient leur perception de la situation sans qu'aucun des deux ne puisse réellement l'exprimer.
Pendant de longues journées, il voyagèrent. Un voyage paisible d'arbre en arbre... en arbre... en arbre. Tous semblables pour Elathorn, tous différents pour Saësalaë. Chaque sentier, chaque clairière, chaque cercle de champignons avait pour elle une histoire, un parfum et un chant. Mais l'outil qu'il était n'avait jamais été éduqué que pour y voir des outils, de la nourriture, des armes, des feintes et des caches. Il se demanda un moment si ce rythme lent et paisible avait un but précis, comme se fondre délicatement dans cet océan vert, s'adapter à son rythme pour ne pas attirer l'attention. Il fut d'autant plus troublé en réalisant qu'il n'en était rien. De la même manière, comble de l'imprudence et du danger, il s'arrêtaient la nuit pour dormir. Une stratégie qu'il n'était pas en mesure de comprendre, une technique qu'il n'avait pas apprise ? Il fit rapidement part de son désarroi à sa comparse.
Saësalaë ne comprenait pas ni ce désir, ni cette angoisse qu'était celle d'Elathorn. Dans les profondeurs de la nature, elle se sentait chez elle, en sécurité. Rien ne pouvait leur arriver. Ils veillaient sur eux, sur elle... Comment dans ce contexte enchanteur pourraient ils avoir à craindre quoique ce soit ?
Contre toute raison, et au désespoir de Murmure, il se rangea de l'avis de celle qui le guidait. Après tout, elle semblait être chez elle. Mais même chez elle, elle n'en demeurait pas moins une proie dans une chasse à l'homme d'une importance capitale pour ses commanditaires. Et ses commanditaires, ayant retrouvé sa piste, allait maintenant... lâcher les « chiens ».
Deux semaines après le début de leur périple, Elathorn devint soudain très nerveux. Sa tension était plus que palpable. C'était pourtant une journée magnifique. Le soleil perçait sans mal la frondaison des arbres et projetait des myriades de tâches de lumière chatoyante tandis que la brise fredonnait entre les feuilles. Pourtant, Elathorn devint blême. Ses yeux passait d'un endroit à un autre nerveusement, cherchant quelque chose mais quoi.
Saësalaë remarqua la tension qui grandissait dans l'attitude du jeune elfe. L'angoisse semblait prendre le dessus sur lui. Le voyant se stopper, elle remarqua qu'il cherchait du regard une chose ou quelqu'un. Mais qui? L'appelant, elle se retourna vers lui en lui souriant.
Ce que redoutait Elathorn devint plus palpable, les oiseaux n'osaient plus chanter et un silence était tombé comme une chape de plomb sur la forêt. Continuant de plus belle, il arrivèrent devant un sanglier. On n'aurait pu le croire dressé fièrement en signe de défi face à des intrus, mais quelque chose n'allait pas. Il restait parfaitement immobile sur ses pattes dont les sabots s'enfonçait déjà dans la terre humide. Mais plus important que cette position qu'il semblait tenir depuis un moment, la jeune femme remarqua plus particulièrement un point qui la perturba... toute lumière avait disparu du noble animal. Elathorn, frémissant marmonna quelque chose à propos des ombres qui étaient venues en éclaireur.
Saësalaë trouva au premier regard que le comportement de cet animal était loin d'être normal. Son affinité avec la faune lui laissa immédiatement un sentiment de malaise. Quelque chose de contre nature venait de se produire. Et quelque chose de pire encore allait se passer sans qu'elle ne put en déterminer la nature exacte. Au fond d'elle, Saësalaë sentit comme un vide en regardant l'animal. Un vide... Le néant... Une absence de vie, d'âme, voilà ce que ressentit la jeune femme alors qu'elle tendait lentement la main pour toucher l'animal. Comme captée par le sanglier, elle ne fit plus attention à Elathorn.
Murmure était dans le vrai. Elathorn s'était bercé d'illusions. Il reprit les chose en main. Entrainant derrière lui Saësalaë, il changea brutalement de direction et progressivement de rythme. Ses pas se firent irréguliers, cherchant les racines et les tapis de feuilles mortes pour dissimuler ses empreintes. Le rythme devint rapidement éprouvant mais, dès la première pause qu'il accorda à Saësalaë, il la barbouilla sauvagement de terre et d'humus sans lui laisser le temps de protester. Il ne s'infligea qu'ensuite le même traitement. Leurs habits, ou ce qu'il en restait pour Elathorn, ne s'en remettraient pas. Mais cela ne semblait pas avoir la moindre importance pour son compagnon. Leur parcours devint de plus en plus erratique tant les changements de direction et de rythme s'enchainèrent rapidement, ne prenant que de courts repos que sous d'épais tapis de feuille.
Saësalaë, un peu déboussolée par son comportement lui demanda alors la raison de tout ceci. Elle tentait de comprendre, de se raccrocher à quelque chose de sensé alors que tout allait de travers. Elle lui demanda pourquoi l'avoir empêchée de toucher le sanglier, pourquoi toutes ses choses malsaines arrivaient...
Malgré l'urgence que ressentait Elathorn et la pression très insistante de Murmure d'économiser ses forces et de continuer, il prit la peine d'expliquer rapidement à la jeune elfe quelle était la situation. Ses paroles étaient brèves et hachées, visiblement empreintes d'une crainte qui frisait la terreur. Saësalaë pouvait lire en lui le comportement d'un bête blessée et acculée, mobilisant toutes ses ressources pour échapper à ses prédateurs ou vendre chèrement sa vie.
Il lui expliqua que la foudre ne l'avait pas seulement abattu, elle avait imprimée sa marque dans la terre comme le fer rouge marque la chair. Il lui expliqua que les ombres avaient suivi la marque avant de traquer leur proie à partir d'elle, dévorant les âmes et les existences sur leur passage. Et il avoua ne plus être très sûr de savoir si elle étaient là pour le neutraliser afin qu'il soit ramené ou pour le détruire purement et simplement. A choisir, il préférait de loin être détruit corps et âme. Et œuvrerait en ce sens s'il y était contraint.
Mais la terreur qui le poussait vers ses limites menaçait à tout moment de le submerger. Saësalaë, sans pouvoir vraiment se l'expliquer, perçut quelque chose d'intrigant. Alors que l'esprit du jeune elfe perdait progressivement pied, quelque chose d'autre semblait sur le point de prendre le relais. Un changement presque imperceptible de prime abord. C'était dans son regard que ces incursions furent le plus palpable pour la druide. Durant ces brefs instants, toute la détresse et l'espoir qu'elle avait lu en Elathorn depuis leur rencontre laissait place à quelque chose d'autre. Quelque chose de froid, quelque chose de calculateur, quelque chose d'implacable, quelque chose de déterminé. Cette perception laissa sur son échine un frisson qu'elle ne put réprimer. Ce n'était pas là le même malaise que face au sanglier, mais la nature même de ce qu'elle percevait inconsciemment laissait une impression contre nature.
A la question que Saësalaë posa concernant cette fuite, le fait de se couvrir de boue et d'humus, Elathorn lui expliqua brièvement la situation. Ce qui en ressortit principalement fut que l'elfe avait peur, il était terrorisé par quelque chose. Il avait peur des ombres qui le pourchassaient. Il était marqué dans sa chair mais elle n'avait vu aucune marque sur sa peau hormis quelques difformités. Il perdait pied, la folie le guettait et la druide remarqua quelque chose dans son regard. Un changement se fit car la détresse et la crainte s'envolèrent pour laisser place à autre chose. Cette autre chose, elle ne pouvait y mettre de mot dessus mais elle était mal à l'aise en sa compagnie. Comme si elle ne se trouvait plus en présence de la même personne mais d'un individu totalement différent. Cependant, comme avec le sanglier, elle avança sa main du visage d'Elathorn tout en prononçant son prénom. Elle lui demanda également s'il allait bien car elle n'avait pas l'impression.
Elathorn! M'entends tu?
Devant la catatonie de l'elfe, elle n'eut pas d'autre choix. S'il y avait un danger, elle ne pourrait y faire face. Concentrant alors son esprit, branches, arbres et lianes vinrent à former un amas imperméable autour d'eux deux. Saësalaë créait une cage autour d'eux pour les protéger de l'environnement extérieur le temps que l'elfe ne redevienne lucide et lui même. Dans ce cocon végétal protecteur, rien ne pouvait les atteindre, rien ne pouvait leur arriver. Ils étaient protégés, il n'y avait plus de raison d'avoir peur.
Pourtant, à l'extérieur de cette gangue de bois tressé autour d'eux, une tempête faisait rage. Le soleil brillait de tous ses feux par dessus le faît des arbres et la brise ne charriait nul nuage. Et pourtant sous les frondaisons une véritable tempête faisait rage. Une tempête nourrie de haine plus que de vent, mue par un seul désir, œuvrer au sombre dessein de leur invocateur. Comme les lames de fond s'écrasent inlassablement sur les falaises, les ombres fondaient en vagues sur le sanctuaire improvisé sans parvenir à le percer. Leur aura malfaisante transparaissait au travers du bois, témoignage omniprésent de l'ardeur qu'elles mettaient à l'ouvrage. Et comme l'écume vient ronger même le roc, chaque assaut mettait un peu plus à l'épreuve leur protection, minute après minute. A ce rythme, elles mettraient longtemps à atteindre leur objectif. Pourtant, aucun obstacle ne semblait pouvoir venir à bout de leur détermination.
Mais dans l'œil du cyclone, dans cet espace clos au sein même de la tempête, une autre forme de bataille se déroulait. Elathorn était trop faible, trop faible pour prendre les mesures qui s'imposer, trop faible pour accepter que tous les sacrifices étaient justifiés pour assurer leur survie et leur existence. Mais suffisamment lucide pour reconnaître que seul Murmure et son absence d'existence avait les moyens d'échapper aux ombres. Une confrontation nécessaire mais perdue d'avance, tous deux le savaient, tous deux l'acceptaient. Cependant, alors que ses pupilles se contractaient d'une manière inquiétante, un nom surgit de l'ombre, le sien. Ce nom prononcé ramena sa conscience à la surface et il secoua brusquement la tête afin de reprendre sa place dans le monde... du moins pour un temps.
Se retrouvant dans ce cocon, les éléments de la situation arrivèrent un à un à son esprit pour s'y amarrer. Dans un nid qui de toute évidence n'avait jamais été tissé que pour une personne, il se retrouvait entouré d'un tourbillon d'ombres frustrées. Comment s'était il retrouvé là, il l'ignorait. Il se trouvait également pressé contre le corps chaud de la druide qui dardait sur lui un regard inquiet. Elle avait plongé ses yeux dans les siens et il se sentit subitement transporté. Une question cependant flottait dans son esprit, murmuré comme un doute à la lisière de son inconscient. Qui regardait elle ainsi, lui ou Murmure ? Murmure était celui qui était fort et déterminé. Elathorn était un enfant perdu qui cherchait à expier une tâche indélébile qui recouvrait son âme de veinules noirâtres pour y puiser leur subsistance.
Quant il reprit suffisant de moyens pour pouvoir s'exprimer, il ne put que bredouiller une réponse qu'il formula à grand peine.
Nous... Je... Oui... J'ai... suivi ta voix. Mais, je ne suis pas celui qui suit en mesure de... et pourquoi... Pourquoi les arbres sont ainsi ? Qu'allons nous faire ?
Des paroles désordonnées pour un esprit qui ne l'était pas moins. Dans cet endroit exigu, il n'était pas aisé de trouver une position confortable. Sans vraiment céder à la claustrophobie, Elathorn tenta de trouver une position plus confortable afin de pouvoir réfléchir plus à son aise. Ce faisant, la peau frotta doucement contre la peau dans un long et lent mouvement. Cette sensation nouvelle lui arracha un frisson et, même s'il ne le montra que peu, il en fut le premier étonné. Et peut être le seul à ne pas vraiment comprendre ce qui se passait. Comment aurait il pu ? Comment le pouvait il quand tous les contacts qu'il avait connu n'avaient eu pour seul but que de le soumettre à la torture. Mais cette torture ci était si douce...
Dans le cocon protecteur qu'avait créé Saësalaë, malgré la proximité de leurs deux corps et l'appel de la druide pour ramener Elathorn à la raison, il fallut quelques secondes qui parurent des siècles à la jeune femme avant que l'elfe ne reprenne conscience du monde qui l'entourait. D'ailleurs les arbres qui les entouraient de cette façon si protectrice furent à l'origine de nouvelles questions de l'elfe. La tempête qui faisait rage dehors se faisait sentir. Apposant ses mains sur chaque extrémité du cocon végétale, la druide ferma les yeux et se concentra. Elle percevait une menace qui fallait éradiquer. Il fallait faire vite sinon la protection céderait à un moment ou un autre si la situation perdurait trop longtemps. Elle ne savait rien de cet ennemi qui dehors faisait rage et cognait contre les parois protectrices mais il fallait y mettre un terme et cela de façon radical pour qu'il ne revienne plus. La fin justifie les moyens dit on...
Des épines, plus tranchantes et plus pointues que jamais vinrent à pousser sur le cocon. La sève suintante qui dégoulinait des ronces ardentes était gorgée d'une toxine végétale puissante. Saësalaë n'y allait pas par quatre chemins. C'était ce qu'il y avait dehors ou eux. Et à choisir c'était ce qu'il y avait à l'extérieur qui devait y rester. Des lianes sortirent de terre et fouettant l'air de leur tige prirent dans leur filet l'ombre néfaste. S'enroulant autour comme un serpent sur sa proie, le corps immatériel de l'ennemi ployait sous les assauts végétaux orchestrés par la druide. Il fallut plusieurs longues minutes pour que le calme ne revint à l'extérieur. Après la tempête le beau temps. A bout de force, poussant un profond soupire, elle lâcha les parois du cocon avant de s'assurer que dehors tout était calme. La nature lui répondit que le danger était écarté, du moins cette fois...
La jeune druide dissipa les effets de son sort tout en lui répondant. Elle cherchait à le rassurer. Lui dire qu'il n'y avait rien à craindre des arbres et que cela n'était dû qu'à elle même. Les arbres s'écartant des deux êtres qu'ils avaient eu pour but de protéger, Saësalaë fixa l'elfe et lui demanda de regarder. Non pas elle, mais ce qu'elle s'apprêtait à faire. La paume tendue vers le sol, une douce lueur s'en dégagea. Du sol vint alors à pousser une tige verte, une jeune pousse qui continua à grandir jusqu'à éclore ses premiers bourgeons. Souriant à Elathorn, elle finit par lui dire.
Nous n'avons rien à craindre de la forêt, elle est mon amie depuis toujours. Je puisse en elle, mes forces et mes faiblesses, nous sommes liées. Je suis une druide, Elathorn. Une druide, comprends tu ?
Sans même attendre de réponse de sa part, la douce chaleur émanant de sa main se dissipa. Elle pourrait lui enseigner les secrets de la nature s'il le lui demandait. Après tout, son savoir était grand pour une elfe aussi jeune. Saësalaë était promise à de grandes choses et à une grande destinée. Peut être était ce cela que l'on attendait d'elle, qu'elle forme de nouveaux druides ? Elathorn pouvait être un candidat potentiel mais cela prendrait du temps. Mais après tout, ils avaient tout le temps qu'ils désiraient devant eux. Ils avaient le temps de se connaître et de s'apprécier. Mais pour le moment, il était surtout temps de quitter cette partie de la forêt qui m'était mal à l'aise l'elfe.
L'assaut était terminé. Les coups de boutoir avaient cessé. Le danger était écarté... du moins pour l'instant. Murmure cessa de lutter et laissa le champ libre. Ce dernier commençait même à revenir sur certaines de ses présomptions. Certes, il pensait toujours que c'était là une erreur que de voyager ainsi accompagné et que ce qu'elle savait représentait une menace pour eux deux. Mais elle avait tenu l'une des ombres en échec et cela suffisait à prouver une certaine utilité, une certaine forme de respect en quelque sorte dans la façon de penser de Murmure.
Les réflexions d'Elathorn étaient toutes autres. Dans le feu de l'action, la survie primait sur toute autre forme de pensée. Mais alors que les vagues d'adrénaline refluaient, son esprit analysa à nouveau la situation. Et cette analyse lui imposa un mouvement de recul. De la magie. C'était de la magie que la jeune femme avait employé. La magie était l'outil principal de ses tortionnaires. Des vagues de souvenirs désordonnés et par bribes déferlèrent alors sur sa conscience. Plus particulièrement les emplois viciés de la magie curatrice qui avait servie de base à son remodelage. D'un autre côté, il savait également que c'était parfois l'outil de leurs cibles et de leurs adversaires, raison pour laquelle Leur outil devait être prémuni contre les détections magiques aussi bien que physiques. Ces derniers valaient ils pour autant mieux que son maître ? Elathorn en doutait. Les ennemis de gens terribles n'étaient pas forcément des enfant de cœur. En proie au doute, il chassa de ses pensées cette réflexion qui ne le menait nulle part. Il s'aperçut alors que Saësalaë lui posait une question dont un seul mot ressortit à ses oreilles : druide. Un mot, comme tant d'autres, qui lui était complètement inconnu. Un mot qui ne servait pas sa mission première. Un mot qui ne servait pas à répandre la terreur. Et donc par essence, un mot qui éveilla sa curiosité. Démontrant une fois de plus une ignorance des plus flagrantes, Elathorn avoua ne pas savoir ce que voulait dire druide et demanda à la jeune femme ce que cela pouvait signifier.
Toutefois, il lui signifia que réponse devrait être faite en se déplaçant. Car si l'ombre avait été temporairement dissipée, elle reviendrait le lendemain et elle ne serait certainement pas seule. Car elles reviendraient... Elles reviennent toujours. Maintenant qu'elles savaient avoir flairé la bonne piste, elles ne la lâcheraient pas si facilement.
Mais l'information principale ne parvint pas à quitter ses lèvres et mourut avant d'avoir été formulée. Il existait bel et bien un moyen de leur échapper. Car si Elathorn n'avait que peu de chances d'y parvenir, Murmure en était tout à fait capable... à condition que l'on lui laisse le champ libre. Et en l'état actuel des choses, Elathorn craignait ce que cela pouvait signifier pour la jeune elfe. Ferait elle partie de ces pistes que Murmure déciderait de couper pour échapper à ses poursuivants ?
Une nouvelle fois, l'elfe ne comprenait pas. Il n'avait pas l'air de comprendre ce qu'était un druide et son rôle. Qu'avait il pu lui arriver pour qu'une telle ignorance ne l'accable à ce point ? Avait il au moins vécu parmi ceux de sa race ? Plus rien ne semblait probable à ce sujet pour la jeune femme. La réponse fut faite alors qu'ils continuaient à avancer dans l'épaisse forêt verte, dans le cœur d'Anaëh. Il fallait toujours tout expliquer comme à un jeune enfant dont on fait l'éducation. Cela avait un côté amusant dans un certain sens. Après plusieurs jours de marche, quand Elathorn finit par accepter la proposition de Saësalaë concernant un éventuel apprentissage des fonctions de druides, les deux elfes et le lubia finirent par prendre une pause ô combien méritée.
La jeune druide débuta alors l'instruction de son comparse elfe. Comme la peur semblait toujours l'accabler. Cette crainte non dissimulée de cette chose qu'elle n'avait pas vu mais dont elle avait combattre sans la voir. Saësalaë décida de lui enseigner ce qu'elle jugeait bon de faire dans son cas. Il deviendrait peut être un nouveau bras armé de la Nature si elle faisait bien son éducation. Le premier sort qu'elle choisit fut l'empêtrement. Elle avait usé de celui ci contre l'attaque qu'ils avaient essuyé mais avec beaucoup plus de violence que ce que le sort ne permet en prime utilisation. Fixant le sol d'un regard sévère, les paumes des mains faisant face à la terre puis les retournant vers le ciel en montant les mains, de petites racines naissaient des entrailles terreuses. Pointant alors du doigt Elathorn, les racines grandissant toujours plus à chaque instant encerclèrent les chevilles de l'elfe, remontant le long de ses jambes faisant de lui le prisonnier des végétaux.
Rappelant à elle, les racines véhémentes, Saësalaë regarda l'elfe avant de lui dire d'une voix posée et calme.
Te sens tu capable de les appeler à ton tour ? L'attaque est souvent la meilleure des défenses aussi ce simple sort permet à la fois à la défense et à l'attaque de la victime désignée. Ferme tes yeux à présent ! Écoute la Nature qui t'entoure ! Sens la à l'intérieur de toi ! Quand tu l'auras trouvé alors tu pourras faire naitre des entrailles de la terre des racines capables de répondre au moindre de tes volontés. Essaie à présent !
Elathorn regarda d'un œil intrigué le début de son instruction. Ce dernier commença par l'apprentissage d'un sort et il trouva cela étrange. C'était comme enseigner à être la main du destin par les facultés de camouflage plutôt que de modeler l'esprit au rôle que doit endosser le sujet. D'une manière qu'il aurait été incapable de formuler, cela ressemblait à inventer la charrue avant d'avoir domestiqué les bovidés.
Les plantes s'animèrent alors à nouveau, mais ce n'était plus cette fois pour former un cocon protecteur mais bien pour s'en prendre à lui. Il savait pertinemment que c'était un exercice et que nulle véritable blessure ne lui serait infligée. Mais il dut lutter, aussi bien contre Murmure que contre ses propres réflexes pour ne pas extraire de sa chair les lames qui pourrait trancher ces lianes qui rampaient vers lui pour l'atteindre, l'agripper, l'enchainer, le capturer. Lorsque les lianes se retirèrent enfin, il déglutit péniblement, attirant malgré lui le regard sur son visage exsangue.
Dubitatif mais plein de bonne volonté, il écouta les conseil de la druide et tenta de suivre ses instructions. La première étape... Fermer les yeux. Quoi de plus simple. Il avait été entrainé à pouvoir se passer de ses yeux et n'éprouvait sans eux que peu de gêne dans sa tâche. Pouvoir agir et se déplacer sans mal dans l'obscurité était une nécessité pour ce qu'on lui demandait de faire. Sans compter que le regard pouvait tromper et être trompé bien trop aisément pour s'y fier entièrement. La seconde étape... Écouter la nature. Aisé une fois encore, se priver de certains sens permettait d'exacerber ceux qui restaient. A l'oreille tout d'abord la forêt ruisselait d'activité. Chaque feuille de chaque arbre bruissait dans une symphonie de myriades de sons plus légers les uns que les autres. Et dans cette trame délicate, les animaux ajoutaient leurs activités. Ces dernières semblaient bien plus grossière en comparaison mais participaient involontairement au grand tout de la partition qui lui était jouée. Mais l'oreille n'était pas la seule à peindre pour lui le décor que ses yeux ne pouvaient voir. Son nez et même jusqu'à chaque parcelle de sa peau venaient ajouter un relief à la trame musicale. La troisième étape fut quant à elle bien plus problématique. La sentir à l'intérieur de soi... A l'intérieur de lui, il ne savait que trop ce qui se trouvait. Dans une enveloppe de chair tellement retravaillée qu'il ne lui restait plus vraiment quoique ce soit de naturel se trouvait Murmure... Une entité qui n'appartenait pas et n'avait jamais appartenu à la nature. Le paysage qui se dressait en son sein n'avait décidément aucune commune mesure avec sa perception majestueuse du paysage qui se dressait au dehors.
Se concentrant un moment, il finit par ouvrir les yeux sans avoir atteint son objectif et posa une question qui dérouta une fois de plus la druide.
"Comment? Comment la sentir à l'intérieur de moi? A l'intérieur de quelque chose qui n'a rien de naturel? Peuplé par des choses qui ne sont en rien naturelles? Je peux m'assoir ici et ressentir pleinement la nature qui m'entoure des jours durant si c'est nécessaire... Mais comment la sentir en moi, dans cette coquille où elle n'a eu nulle place, dans cette coquille dont chaque esquisse a été façonnée contre mon gré et contre le sien?"
Contrairement aux apparences, Elathorn n'avait en rien abandonné, il n'avait rien lâché et n'avait aucunement laissé un désespoir l'envahir. Il n'était que trop habitué au désespoir pour le laisser l'envahir au premier obstacle venu. Mais il se posait une vraie question, une question pour laquelle aucune réponse ne lui venait d'elle même. Mais il sentait que c'était là une question technique que, seul, il mettrait du temps à résoudre...
Il est vrai que commencer par la pratique avant de lui expliquer le fondement même de la magie que la druide utilisait n'était peut être pas la chose la plus judicieuse à faire. Et ce d'autant plus qu'Elathorn ne semblait pas comprendre la fonction des druides. Mais Saësalaë ne souhaitait pas se perdre en explications que de toutes manières il ne comprendrait pas. Autant rentrer dans le vif du sujet. Il fallut de nombreux jours durant leur voyage pour que finalement l'elfe finisse par faire naitre une minuscule pousse végétale. Il était loin d'égaler la puissance et la finesse de la druide mais il n'était pas dépourvu de magie. Aussi il fallait encore et toujours s'entrainer pour arriver à un résultat quelconque. Petit à petit les leçons portaient leurs fruits, mais il avait fallu du temps et une certaine patience feinte. Saësalaë n'avait pas le choix. Elle devait se plier à ses progrès lents même si elle aurait aimé que ça aille bien plus vite. A de nombreuses reprises, elle avait haussé les épaules et levé les yeux au ciel...
Les années passèrent et Elathorn s'était amélioré. En ce jour de printemps, Saësalaë lui avait donné des exercices de magie à faire. Pendant ce temps, elle en avait profité pour revêtir sa forme animale et vagabonder dans la nature pour l'épier. Il ne savait pas pour cette autre forme. Elle ne le lui avait jamais dit. Un bruit de pas se fit entendre. Tournant la tête, la biche blanche vit une troupe de chasseurs bander leur arc vers elle. Pas le temps de changer de forme ni de fuir. Cependant elle appela Elathorn. Ce dernier se retournant sur le cervidé la reconnut immédiatement grâce à ses yeux qui conservaient cette teinte particulière.
Jamais les craintes d'Elathorn ne s'étaient tues. Et il était toujours resté à l'affut, éternelle proie de la traque. Mais il s'était toujours attendu à être la cible du danger. Les elfes embusqués n'étaient pas des traqueurs envoyés par Lui. Ils semblaient être là pour leur propre compte et chassait la biche qui se tenait non loin. Une biche... une biche blanche... Il lui suffit de croiser le regard de l'animal pour qu'un effroyable sentiment s'empare de lui. Il réalisa la terrible méprise qui était sur le point d'avoir lieu et les événements tempêtaient dans son crâne. Son conditionnement lui intimait de disparaître. Murmure lui soufflait d'arpenter les ombres pour venger ce qu'il ne pouvait empêchait. Sa volonté se refusait à ôter la vie une fois de plus, le souillant de plus belle. Mais ce qui l'emporta fut tout autre, tout autre et contre-nature. Une vague de chaleur l'envahit et il repoussa Murmure avec une force que ce dernier n'avait envisagé et qui lui donnerait à réfléchir dans les temps à venir... si ces temps lui étaient donnés. Devenant aussi perceptible qu'il le pouvait, d'un effort inhabituel, il se jeta à pleine vitesse entre les chasseurs et la biche. Mais la flèche était déjà décochée et vint se planter dans sa chair et dans sa musculature nerveuse, ripant contre son ossature atypique. Mais il ne broncha et resta stoïque devant eux. Une flèche pouvait le tuer, mais elle ne pouvait pas lui causer de souffrance au regard de ce qu'avait été sa vie. Il ne pouvait se résoudre à les affronter, à goûter leur sang et leur souffrance, à ôter de leurs yeux l'étincelle ardente non seulement de leur chasse mais aussi de leurs forces vitales. Pour autant, il ne pouvait pas non plus leur laisser la moindre opportunité aux chasseurs d'avoir une ligne de mire sur la biche blanche. Il n'aurait pas pu expliquer pourquoi, il ne pouvait pas s'expliquer pourquoi, mais il ne pouvait pas. En proie à indécision, il brisa la hampe de la flèche et reprit sa position initiale. Il suscita ainsi tout d'abord l'incrédulité parmi le groupe de chasseur. Mais cette étape ne dura pas. La première réaction fut méprisante, mais ce fut en soi une tentative de régler cela sans recours à la violence, une sorte de proposition. Une proposition qui ne durerait pas. « Débarrasse le plancher l'affreux, ce trophée est à nous. Va t'en chercher un autre. » Une proposition qu'il ne pouvait accepter...
Elatorn s'était interposé pour préserver Saësalaë de la flèche décochée. Il la reçut avec une certaine violence. Mais il resta de marbre comme si la douleur physique ne l'atteignait pas. Une seconde flèche était prête à être lâchée sur la biche blanche alors que les menaces fusaient sur l'elfe qui faisait bouclier avec son corps. Ce temps de répit fut suffisant pour que la druide puisse abandonner sa forme animale pour retrouver celle de sa race. Bien évidement quand elle reprit forme, ce fut nue qu'elle apparut, ses cheveux cascadant sur son corps. Les elfes comprirent alors leur erreur mais il était trop tard pour eux. Fixant du regard les chasseurs, ils purent y lire de la colère. Vengeance. Voilà ce qui allait leur couter de s'en prendre à elle ou à Elathorn. Respirant alors profondément, elle laissa sa colère exploser. Il ne fallut pas longtemps pour que de tous les recoins de la forêt on entende des bruissements. Des yeux se faisaient voir dans la pénombre avant que les ombres prennent forme.
Il s'agissait d'une myriade d'animaux sylvestres. Loups, ours, cerfs, tous les animaux de la forêt accouraient à l'appel de la druide. Appel sourd et muet qu'eux seuls avaient pu entendre et ressentir. Saësalaë pointa du doigt le groupe de chasseurs. Elle ajouta d'un ton sec à leur attention.
A présent, vous allez savoir ce que cela fait d'être traqué. Vous y réfléchirez à deux fois avant de vouloir chasser un animal !
La horde animale se jeta alors sur les chasseurs qui prirent la poudre d'escampettes. Ils abandonnèrent sur place leur attirail, bien trop encombrant pour déguerpir à toute vitesse. Une fois mis en fuite, Saësalaë s'approcha d'Elathorn qui l'avait protégée. Le regard radoucit, elle le remercia et lui demanda pourquoi il l'avait protégée. Son geste la touchait beaucoup, la déstabilisant même quelque peu. Il se passait quelque chose entre eux, la naissance d'une étincelle dans leur cœur respectif.
Elathorn soupira. Au moins les chasseurs n'étaient ils pas morts. Mais ils gouteraient la peur de la traque. Temporairement, eux. Il regardait encore dans leur direction quand Saesalae approcha. Lorsque il entendit sa voix, il ferma les yeux. Son objectif était atteint car personne n'était mort de cette méprise, et surtout pas celle... Celle qui quoi ? Une question s'était ouverte dans son esprit. Une question à laquelle l'absence de réponse monopolisait son attention. Il se posa pratiquement la même question que celle que la druide lui posa. Mais sa propre question cherchait beaucoup plus loin une réponse. Sa réaction allait à l'encontre de sa logique, à l'encontre de son conditionnement et à l'encontre de Murmure dont il savait la solution la plus stratégique qu'il soit. Mais alors pourquoi ? Pourquoi au mépris de toutes ses réflexions avait il agit en ne choisissant aucune des solutions qui s'étaient offertes à lui ? Cela n'avait aucun sens. Il fit part de ses doutes à son interlocutrice. « Je l'ignore. Je ne comprends pas. Ca ne m'est jamais arrivé. Cela défie toute logique et ne répond à aucune stratégie viable. Et pourtant... Et pourtant sur le moment, le temps d'un instant, la tourmente de mes choix a été balayée pour ne laisser que cette seule et unique solution. » La seule et unique solution, mais pourquoi ? A aussi rude épreuve qu'il fut mis, il avait toujours compris les tenants et les aboutissants des rares choix qu'il avait eu à faire. Était ce un sortilège qui altérait ainsi son esprit d'une manière imperceptible ? Une manière qui serait passée inaperçu même à Murmure ? Cela semblait inconcevable et pourtant... pourtant comment expliquer autrement ce qui lui était arrivé ? Une façon d'agir aussi folle ne pouvait être qu'un conditionnement subtil, quoi d'autre ? Cette chaleur, il avait senti une intense chaleur à ce moment. Une chaleur qui était retombée ensuite ? Était ce la part perceptible de ce sortilège ? En se concentrant sur ses sensations, il la sentait encore à présent qu'elle était près de lui, bien de que de manière infiniment plus douce et modérée, non plus comme cette force ardente qui s'était emparée de lui. Mais cette chaleur semblait bien liée à Saesalae. Il savait pertinemment qu'elle pratiquait la magie puisque elle tentait de lui enseigner son art. L'avait elle ensorcelé ? Était ce ça la réponse ? Interrogeant Murmure, il le trouva aussi perplexe que lui même. Murmure refusait cette éventualité. Si elle avait voulu lui jeté un sort pour altérer son esprit, Murmure l'aurait simplement altéré pour le rendre inopérant. Ou à défaut il aurait profité de cet instant pour prendre le contrôle et rejeter la conscience d'Elathorn loin sous la surface, dans une stase qui n'aurait pris fin qu'après avoir décortiqué chaque parcelle de son esprit qui avait changé. Non, la seule réponse que pouvait apporter Murmure était que cette modification devait provenir de l'intérieur de l'âme d'Elathorn, quoique cela puisse être, quelque chose de plus profond que ce que Murmure ne pouvait analyser. Ouvrant à nouveau les yeux, Elathorn se tourna pour plonger son regard dans celui de Saesalae. Pouvait il lui faire par de ces doutes, de ces soupçons, de toutes ces choses qu'il ne comprenait pas ? Il hésita, se ravisa et ne lui fit part que des certitudes. « La seule chose que je puisse te dire, c'est que, malgré tout, maintenant encore, j'ai la sensation d'une certitude incompréhensible et brûlante. La certitude que c'était la seule chose à faire. » Elathorn, malgré son impassibilité apparente, était manifestement très troublé. Et dans son regard, Saesalae crut voir une fois de plus l'être tremblant et égaré qu'elle avait découvert après une nuit d'orage...
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| | | Elathorn d'Elanil
En attente de validation.. Nombre de messages : 17 Âge : 42 Date d'inscription : 16/04/2011 Personnage:.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Non-Initié | Sujet: Re: Elathorn d'Elanil [en commission stafienne] Sam 16 Avr 2011 - 11:28 | |
| Chapitre 7 : Les temps changent
Les années passent et se ressemblent. Les sentiments qui étaient nés entre Elathorn et Saësalaë avaient évolué avec ces décennies. Un couple était né, un couple atypique entre deux elfes issus de deux mondes bien différents et que le destin avait mis sur la route un beau jour. Il s'est passé temps de choses durant ces années. Pas seulement pour eux mais pour ceux de leur race. Comment oublier l'empoisonnement du lac qui avait coûté la vie à de nombreux animaux. Saësalaë avait ressenti la menace en écoutant la forêt mais elle n'avait pas su la comprendre à cette époque. Elathorn n'était pas encore prêt à devenir un druide à part entière mais il avait acquis quelques sorts assez simples pour préserver la nature. Il est vrai qu'avec le fil du temps, elle était devenue plus stricte et un peu moins patiente qu'au début. Mais ses sentiments pour lui faisait qu'elle arrivait à tempérer son impulsivité.
La forêt était dans une effervescence peu commune. La symphonie des arbres avaient quelque chose de différente. Un petit détail qu'aucun druide ne décrypta mais pourtant qui m'était mal à l'aise la druide. Elle avait la même sensation que lors de l'empoisonnement de la source. Pourtant elle ne réussissait pas à mettre des mots sur ce qu'elle ressentait. Finalement quand les golems de pierres se mirent à se mouvoir dans Anaëh, cela ne fit plus aucun doute sur le fait qu'un événement était en train de se produire. Saësalaë posa sa main sur le tronc d'un arbre et tenta de rentrer en communion avec lui pour savoir, pour comprendre.
Ils sont là ! Ils arrivent !
Phrases sans le moindre sens pour la druide. Qui était ce « ils » ? Elle l'ignorait mais elle ne pouvait garder cela pour elle. Un danger planait sur leur tête, aussi elle en fit part à Elathorn.
Il faut se mettre à l'abri au cœur de la forêt, elle nous protégera. Mais pour le moment, Ardamir n'est plus sûr.
Effectivement Ardamir qui était proche d'Ellyrion n'était plus une zone sûre. Il ne fallut pas longtemps pour que les drows attaquent le fort et mettent en ruines la région de ce dernier. La forêt était une nouvelle fois le témoin privilégié du conflit opposant les elfes à leurs sombres cousins. Le lendemain de l'attaque un épais voile masqua le ciel. La pénombre s'installa sur tout Miradelphia. Saësalaë avait quelque peu perdu le compte du temps et ne s'était pas rendu compte du changement de cycle. Devant l'absence du soleil qui se faisait longue, elle se rappela que tous les 1000 ans, le monde était plongé dans les ténèbres. Elle en fit alors part à Elathorn pour pas qu'il s'inquiète de cette absence solaire mais surtout pour éviter le réveil de ses anciens démons.
Ma mère m'a souvent raconté le changement de millénaire. On pourra dire que nous avons été témoin nous aussi de ce renouveau. Le soleil réapparaitra quand les dieux auront fait entendu leur voix.
Se déplacer, fuir, se mettre à l'abri. Rien de nouveau sous le soleil, c'était la seule manière de survivre. Mais la cause avait changée. Ce n'était plus lui la proie spécifique et les techniques de traque s'en ressentiraient. En son fort intérieur il pensait sans trop de mal pouvoir passer entre les mailles du filet. C'était tout ce pourquoi il existait. Et puisque ils ne le cherchaient pas, ils ne s'en rendraient même pas compte. Un sentiment de curiosité le prit alors qu'il se demandait quels adversaires semblaient si craints ici. Mais pour autant il se rangea de l'avis de la druide. Inutile de prendre des risques ni de vivre dans un contexte hostile lorsque l'on pouvait l'éviter. Quant à rester trop longtemps au même endroit, cela restait de toute manière dangereux. En vérité, il avait apprit a faire confiance aux intuitions de Saesalae comme elle aux siennes. Lorsque l'une d'elles arrivait, il suivait ses instructions sans poser la moindre question.
Lorsque l'eclipse eu lieu, il s'amusa de la voir s'inquiéter de sa réaction face a la soudaine obscurité. La soudaine pénombre plutôt car on était loin d'une obscurité complète. Un jour, un jour il faudrait qu'il lui raconte son passé. Quand ce sera moins douloureux. Et quand le simple fait d'y penser ne risquera plus d'attirer une attention malvenue sur eux de la part de la chose qui aujourd'hui encore le terrifiait par dessus tout. Mais on lui avait fait passé des périodes bien plus longues dans l'obscurité la plus complète, dès son plus jeune âge, juste pour s'assurer qu'il allait perdre la raison. Ce n'était qu'une entrée en matière, mais ça avait plutôt bien marché se souvint il bien malgré lui avec un frisson. Cette éclipse, il ne pouvait pas même savoir si cela était normal ou non. Mais en soit ça ne le dérangeait pas. Cela allait durer? Il changerait en conséquence sa conception de la flore. Après tout, même la mycologie recelait de petites merveilles... Privé de lumière, le règne de la pourriture remplaçait celui de la croissance. Était ce cette augure funeste qui semait ainsi le trouble dans l'air?
Une chose pourtant l'intriguait bien plus que tout le reste. Bien plus que la menace qui venait du sud ou la disparition du soleil, la question qui survint fut étonnante.
"Comment c'est? D'avoir une mère je veux dire..."
Une question à laquelle Saësalaë ne se serait jamais attendue fut posée par Elathorn. Les temps avaient changé et sa question en était une preuve flagrante. Le voile n'était pas le sujet de ses préoccupations mais la famille oui. Il lui demanda ce que cela faisait d'avoir une mère. Etait il orphelin pour ne pas se souvenir ou ne pas connaître sa mère ? Il y avait encore tellement de points d'ombres dans la vie de son ami.
Mais il venait de lui poser une question, elle se devait donc de lui répondre. Même si elle ne savait vraiment quoi répondre, elle se devait d'essayer. Peut être que cela permettrait qu'il lui ouvre la porte de son cœur et ce qu'il renferme par la suite ? La réponse de Saësalaë fut plus que maladroite et peu concluante car elle avait toujours été surprotégée par la sienne. Toutes les relations mère-enfants étant différentes, il était difficile de répondre à cela.
La faune comme la flore ressentaient la présence de Kÿria. Une sensation d’omniprésence s'empara de la druide. Pourquoi la déesse serait là ? Les instincts primaires et animales de Saësalaë revinrent à la surface. Tous comme ces animaux, elle sentit au plus profond d'elle le besoin de se rendre près d'elle, à ses côtés. Le pèlerinage se fit mais il fallut près de trois semaines pour arriver devant l'immense labyrinthe végétale qui se dressait devant Aleandir. La présence de la déesse était bien plus forte en ce lieu. Elle était tout près. Finalement l'été se finit dans l'obscurité liée au voile. Pendant un mois durant, le monde avait été plongé dans les ténèbres. Saësalaë ignorait si ce fut la même chose chez leurs voisins et elle ne s'en préoccupait pas. Elle s'inquiétait plutôt pour d'autres choses. Intimement liée à la symphonie que les arbres émettaient, elle entendait clairement la voix de la déesse mère à travers la leur.
L'automne arriva et avec lui les rayons du soleil. L'obscurité laissa sa place à la lumière. Les racines de l'Estel retournèrent dans les profondeurs de la terre. Les animaux redevinrent calmes et quittèrent la capitale pour regagner leur territoire respectif. Il y avait des dégâts mais rien d'insurmontables. La pierre avait été ébranlée car la nature reprenait ses droits comme cela aurait toujours du être le cas. Saësalaë se sentit moins déboussolée tout comme Koëhavaïn. La présence de la déesse avait disparu et cependant durant tout ce temps sa gardienne n'avait été dévoilée comme si la déesse était à la recherche de celle qui serait sa voix. Elathorn ne fut qu'un spectateur sans grande compréhension de ces événements car la druide était absorbée par ce qui se déroulait. D'ailleurs durant cette période Saësalaë avait revêtit sa forme animale de nombreuses fois délaissant sa forme humaine. Elle avait été soumise comme les animaux à cette aura.
Repartant tous les trois vers Holimion où ils avaient créé un foyer, leur foyer ; la route allait être longue mais moins que cela le fut à l'aller. Sur le chemin du retour, au milieu de la nuit, alors qu'ils avaient fait halte dans une clairière pour se reposer, Saësalaë se réveilla. Quittant les lieux silencieusement, elle laissa Elathorn et Koëhavaï dormirent. Déambulant pieds nus dans l'herbe puis sur le feuillage des arbres chu sur le sol, elle ne s'était pas rendu compte que sous ses pas, la végétation devenait plus vivace. Les fleurs poussaient, les feuilles reprenaient leur verte couleur comme si le printemps était de retour. Saësalaë avançait guidée par cette voix qui lui semblait si familière. Qui était elle ? Après quelques minutes de marche, elle se retrouva face à un arc qui baignait dans une douce lueur au milieu de la nuit. Devait elle s'en saisir ou non ? A qui appartenait il ? Tant de questions et pourtant aucune réponse...
La voix l’invitait à se saisir de l'arc. Lui faisant alors confiance, elle posa sa main dessus pour s'en saisir. La lueur l'enveloppa tout entière avant de grandir encore et encore pour baignait la zone. Que venait il de se passer ? Unique trace visible de cet instant fut le blanc laiteux qui couvrit les yeux émeraudes de la druide. Elle fut plongée dans l'obscurité mais elle n'avait pas l'impression de perdre l'usage de sa vue. Elle voyait comme jamais elle n'avait vu auparavant. Elle voyait à travers le regard de chaque animal présent. Saësalaë réussit alors à mettre un nom sur cette voix qui l'avait guidé à cet artefact. C'était Kÿria. La déesse en personne qui faisait d'elle sa gardienne. Elle était à présent sa voix, sa protectrice, sa gardienne. De nombreux changements allaient à présent subvenir, pour elle, pour eux, pour tous...
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| | | Elathorn d'Elanil
En attente de validation.. Nombre de messages : 17 Âge : 42 Date d'inscription : 16/04/2011 Personnage:.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Non-Initié | Sujet: Re: Elathorn d'Elanil [en commission stafienne] Sam 16 Avr 2011 - 11:29 | |
| Description mentale
D'aussi loin et aussi fragmentairement qu'il puisse se souvenir, Elathorn a été conçu comme un outil, comme une arme, comme une rumeur. N'ayant jamais vu le reste du monde que derrière un voile gris proprement infranchissable, il ne l'a jamais compris. Mais il l'a désiré, autant que sa liberté. Depuis sa fuite, malgré les précautions liées à sa cavale, il essaye prudemment mais surement de comprendre cet autre monde scintillant derrière le voile, tiré en avant par une curiosité insatiable. Au cours des ans, il s'est familiarisé avec les concepts les plus simples, mais il lui reste beaucoup à découvrir. S'il possède une froideur ou le cynisme de quelqu'un d'un âge avancé, il a parfois le comportement d'un enfant. Difficile de le situer avec des critères communs. Ses nuits sont désagréables, parsemées de cauchemars dont beaucoup sont réels. Dans ses pires nuits, il repousse le sommeil pour y échapper. Mais le plus grand changement qui s'est opéré en lui après s'être libéré (au moins partiellement) de son créateur est le refus d'être cet outil qui a été littéralement forgé. Lui qui a été fait pour se glisser partout et semer la mort et le désespoir se refuse désormais à tuer, craignant non seulement d'accomplir Leur dessein, mais également de souiller davantage son âme si cela était possible. Aujourd'hui il se tient dans l'ombre en compagnie de Saesalae. D'abord parce qu'il émane d'elle une aura, difficile pour lui à expliquer, mais qui a tendance à occulter sa présence et donc à le rendre plus difficilement localisable par Ceux qui le traquent. Mais aussi car au fil des ans, un lien s'est formé entre eux, un lien troublant qu'il est incapable de véritablement expliquer.
Mais ce corps n'est pas complètement le sien, n'est plus complètement le sien. Il le partage avec Murmure. C'est la conscience complètement artificielle, née du néant et de la folie, à qui se corps a été attribué. Sans destin ni existence, sa présence est très difficile à cerner, aussi bien physiquement que magiquement. Se payant le luxe de passer sous les radars divins. Sans « coeur », complètement logique et pragmatique, c'est véritablement l'outil parfait que Shandrim désirait créer. Non seulement c'est un tueur très efficace, froid et précis, mais sa capacité extraordinaire à passer inaperçu servait très bien Leur cause. De plus, il était tout à fait incapable de trahir. Ne pouvant pas subsister sans Elathorn, il a appris à cohabiter en ayant le contrôle la majeure partie du temps. Il s'est plus ou moins allié à Elathorn pour gagner sa liberté. Cette alliance a été dévastatrice pour les deux mais à atteint son but, ils ne sont plus la créature de Shandrim. Mais ils resteront en cavale, surement éternellement. Elathorn préfèrerait de très loin mourir plutôt que d'être repris, Murmure préfèrerait encore voir mourir Elathorn plutôt que d'être repris... question de point de vue. |
| | | Elathorn d'Elanil
En attente de validation.. Nombre de messages : 17 Âge : 42 Date d'inscription : 16/04/2011 Personnage:.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Non-Initié | Sujet: Re: Elathorn d'Elanil [en commission stafienne] Sam 16 Avr 2011 - 11:29 | |
| Description physique
Elathorn était autrefois un elfe, mais peut il encore porter ce titre ? Rien n'est moins sûr. Il est l'oeuvre des expérimentations de Shandrim, littéralement forgé par ses soins, autant par des instruments barbares que par une magie de guérison particulièrement pervertie... ou du moins utilisée à de sombres fins. Son système immunitaire a été particulièrement entrainé, ses plaquettes également. Ses muscles, os, articulations, tendons, cartilages, organes et sa chair ont été remodelés sans un regard aux souffrances occasionnées pour parvenir à ce résultat. Certains mouvements des membres sont tous sauf naturels, notamment les sens dans lesquels ils peuvent plier. Les os des membres ont une courbure et une épaisseur également peu naturelle liée à leur bifurcation multiple en Y et le passage des muscles entre eux. Sa cage thoracique en croisillons reliés par du cartilage donne allure des plus étranges à chaque mouvement de son torse. Il possède une trachée pour chaque poumon reliés chacun à un système vasculaire propulsé par un cœur et filtré par ses reins. Dans certains os, il y a des cavités aménagées pour faire office de fourreau de chair à des lames d'os.
Ce physique unique est une source de complexe pour Elathorn, bien plus que pour Murmure. Non seulement parce que cette allure reconnaissable pourrait le trahir, mais aussi parce que c'est une différence qui le sépare de tous les autres membres de ceux qui, dans une autre vie, il aurait pu appeler les siens. Il porte donc en général des vêtements amples pour couvrir ses formes et ses mouvements. En trouver qui en plus ne gênent pas ses mouvements relève parfois du défi. |
| | | Aerandir
En attente de validation.. Nombre de messages : 789 Âge : 40 Date d'inscription : 28/04/2008 Personnage:.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Religieux | Sujet: Re: Elathorn d'Elanil [en commission stafienne] Sam 16 Avr 2011 - 13:17 | |
| Malgré tout, il te faudrait renseigner ta race et ton âge s'il te plait ^^
De plus, je ne peux pas ouvrir ton doc et je pense que d'autre seront dans le même cas ^^ |
| | | Elathorn d'Elanil
En attente de validation.. Nombre de messages : 17 Âge : 42 Date d'inscription : 16/04/2011 Personnage:.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Non-Initié | Sujet: Re: Elathorn d'Elanil [en commission stafienne] Sam 16 Avr 2011 - 13:37 | |
| OpenDocument est pourtant une norme ISO : ISO26300:2006 (contrairement aux .doc qui ne sont pas une norme par exemple) Mais je peux en faire un pdf à la limite. Pour la race, il est né elfe. Pour l'âge, je dirais entre 100 et 140, mais je ne suis pas certain. Il me faudrait un âge postérieur d'une dizaine d'année à la fin de croissance au minimum mais pas plus de 40 ans au dela. EDIT : Version pdf : http://nemesis.ombreport.info/mira/elathorn_mira.pdf |
| | | Aerandir
En attente de validation.. Nombre de messages : 789 Âge : 40 Date d'inscription : 28/04/2008 Personnage:.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Religieux | Sujet: Re: Elathorn d'Elanil [en commission stafienne] Sam 16 Avr 2011 - 13:48 | |
| Donc il est elfe ? Bon j'ai lu les "manipulations" corporels, franchement, je ne suis pas super enthousiasme concernant cela, normalement, ça demande des siècles et des siècles pour détourner ou déformer un corps donc la génétique a donné tels ou tels avantages, inconvénients. Donc a mon avis, tu vas passer en commission staffienne ^^ Alors j'aime autant te prévenir, ça risque de prendre un peu de temps donc ne t'affoles pas |
| | | Elathorn d'Elanil
En attente de validation.. Nombre de messages : 17 Âge : 42 Date d'inscription : 16/04/2011 Personnage:.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Non-Initié | Sujet: Re: Elathorn d'Elanil [en commission stafienne] Sam 16 Avr 2011 - 14:21 | |
| Je ne suis pas spécialement pressé. Sinon rien de génétique là dedans (donc non transmétable forcément). Plutot au couteau, au maillet, au burin, aux infections, aux lamelles métaliques et à la régénération forcée autour de ces éléments. C'est un peu comme couper des branches à un arbre et placer des obstacles et des tuteurs pour le forcer à pousser d'une certaine manière mais appliqué à la chair humaine. C'est complètement artificiel et mécanique comme façon de faire. N'est biologique que la façon dont l'organisme réagit aux attaques extérieures et n'est magique que la manière d'y survivre (la moitié du centième des manipulations devraient être fatales, soit par la douleur, soit par le choc, soit par l'infection qui s'ensuit) Le commentaire sur la créature de Frankenstein n'est pas usurpé (cela dit, j'espère que tu l'as lu dans l'histoire et pas juste dans la description physique, sinon forcément tu auras du mal à comprendre.) |
| | | Aerandir
En attente de validation.. Nombre de messages : 789 Âge : 40 Date d'inscription : 28/04/2008 Personnage:.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Religieux | Sujet: Re: Elathorn d'Elanil [en commission stafienne] Sam 16 Avr 2011 - 14:33 | |
| Cela dit, y a un bug, jamais la Gardienne de Kyria ne regarderait quelque chose contre nature ( parce que c'est bien ce que tu es, contre nature ) Au mieux, elle achevera tes souffrances en te faisant disparaitre, au pire...ben y a toujours pire.
Ces détails ont ils été vu par Katalina et Callista ? |
| | | Elathorn d'Elanil
En attente de validation.. Nombre de messages : 17 Âge : 42 Date d'inscription : 16/04/2011 Personnage:.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Non-Initié | Sujet: Re: Elathorn d'Elanil [en commission stafienne] Sam 16 Avr 2011 - 15:07 | |
| - Aerandir a écrit:
- parce que c'est bien ce que tu es, contre nature )
Ah oui là, pour sûr... Cela dit, ce n'est pas physiquement qu'il est le plus contre-nature, en fait. - Citation :
- Ces détails ont ils été vu par Katalina et Callista ?
Je ne pense pas, mais je peux me tromper. Comme on a une grosse partie commune et qu'elle l'a pris en compte dans son BG, il se peut que l'un ou l'autre l'ait vu. Mais comme je doute que leur lecture soit terminée, je pense que non pour le moment. Après comme leur rencontre est bien antérieure à son accession au rôle de gardienne, c'est potentiellement un conflit intérieur intéressant entre les deux facettes d'elle même. Voir un défi personnel de pouvoir faire rentrer dans l'ordre naturel ce qui autrefois était né de la nature. Toutefois ce défi de son côté peut faire remonter à la surface du mien des souvenirs abominables, ce qui peut rendre difficile la manoeuvre. Sans compter que même si Elathorn va en son sens, Murmure ne sera peut être pas du même avis, voyant peut être ça comme un simple changement de tortionnaire auquel il veut échapper. Donc je vois davantage ça comme un angle intéressant scenaristiquement parlant que comme un bug. Ca assure que les choses ne seront pas trop "lisses". Si tout va bien dans le meilleur des mondes, c'est tout de suite moins intéressant... |
| | | Aerandir
En attente de validation.. Nombre de messages : 789 Âge : 40 Date d'inscription : 28/04/2008 Personnage:.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Religieux | Sujet: Re: Elathorn d'Elanil [en commission stafienne] Sam 16 Avr 2011 - 15:38 | |
| Si c'est antérieur, JAMAIS Kyria ne l'aurait choisit hélas xD |
| | | Le Vaisseau de la Voilée
Ancien
Nombre de messages : 4141 Âge : 34 Date d'inscription : 09/03/2009
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 44 ans (né en 972) Taille : Niveau Magique : Avatar
| Sujet: Re: Elathorn d'Elanil [en commission stafienne] Mer 20 Juil 2011 - 21:20 | |
| Je reprends la fiche.
Je vais déjà prendre le temps de lire les deux pages de discussion... Si tu veux une correction accélérée (il serait temps, j'avoue) je t'encourage à écrire un résumé.
Sinon, eh bien... Je ferai de mon mieux, promis /o/ |
| | | Elathorn d'Elanil
En attente de validation.. Nombre de messages : 17 Âge : 42 Date d'inscription : 16/04/2011 Personnage:.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Non-Initié | Sujet: Re: Elathorn d'Elanil [en commission stafienne] Lun 1 Aoû 2011 - 22:14 | |
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| | | Le Vaisseau de la Voilée
Ancien
Nombre de messages : 4141 Âge : 34 Date d'inscription : 09/03/2009
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 44 ans (né en 972) Taille : Niveau Magique : Avatar
| Sujet: Re: Elathorn d'Elanil [en commission stafienne] Mer 3 Aoû 2011 - 10:51 | |
| La correction est en cours ^^ |
| | | Elathorn d'Elanil
En attente de validation.. Nombre de messages : 17 Âge : 42 Date d'inscription : 16/04/2011 Personnage:.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Non-Initié | Sujet: Re: Elathorn d'Elanil [en commission stafienne] Dim 18 Déc 2011 - 20:43 | |
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| | | Aetius d'Ivrey
Ancien
Nombre de messages : 1466 Âge : 34 Date d'inscription : 07/02/2010
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : La vingtaine (25+) Taille : Niveau Magique : Arcaniste.
| Sujet: Re: Elathorn d'Elanil [en commission stafienne] Mer 21 Déc 2011 - 13:41 | |
| Je reprends la fiche. C'est que tu en auras fait tomber, des @. N'hésite pas à envoyer le résumé de Kata, j'essaye de te rendre une décision au plus vite. |
| | | Elathorn d'Elanil
En attente de validation.. Nombre de messages : 17 Âge : 42 Date d'inscription : 16/04/2011 Personnage:.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Non-Initié | Sujet: Re: Elathorn d'Elanil [en commission stafienne] Jeu 29 Déc 2011 - 10:56 | |
| Résumé envoyé |
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| Sujet: Re: Elathorn d'Elanil [en commission stafienne] | |
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| | | | Elathorn d'Elanil [en commission stafienne] | |
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