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 Une nouvelle dynastie

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Hanegard Kastelord
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MessageSujet: Une nouvelle dynastie   Une nouvelle dynastie I_icon_minitimeDim 24 Juil 2011 - 9:31

[Joyeux anniversaire Jena !]

Alors que les premières lueurs de l’aube commençaient tout juste à poindre à l’horizon, Levnar faisait les cent pas sur les remparts massifs de la puissante forteresse d’Alonna, l’éternelle gardienne de la frontière humaine. Le vétéran se souvenait encore des jours sombres où les osts drows venus du Puy avaient mis le siège devant la cité et de la titanesque bataille qui s’en était suivi. Des flots d’ichor avaient été répandus et Levnar n’avait qu’à fermer les yeux pour revivre ces moments : le fracas des armes, les hurlements des blessés et des mourants, l’odeur âcre de la fumée qui montait jusqu’aux cieux. Même après tout ce temps ses souvenirs restaient aussi vivaces qu’au premier jour.

Toutefois, les souvenirs de la bataille d’Alonna n’occupaient guère son esprit ce matin là. D’un œil attentif, il vérifia pour la dixième fois que ni trace de rouille ni entaille n’apparaissait sur sa cuirasse. Le vieux Ferber, le sergent en charge de son unité, allait leur faire passer une inspection minutieuse et malheur à celui qui ne satisferait pas à ses critères draconiens. Subir une engueulade dans les règles de l’art devant tout le régiment restait une humiliation douloureuse, surtout que Ferber disposait d’un vocabulaire particulièrement imagé. Grommelant contre son supérieur, Levnar reprit sa ronde en se disant qu’au moins il pourrait aller profiter des festivités en ville une fois son service terminé.

*******************************
A quelques centaines de mètres de là, un petit homme à face de rat se faufilait dans une ruelle obscure en pensant lui aussi à la journée qui s’annonçait. Jimmy-Doigts-Agiles, un des plus habiles tire-laine de la ville, souriait à l’idée des affaires qu’il comptait mener à bien. Le voleur savait qu’il lui faudrait être particulièrement prudent, car les gardes de la ville allaient être sur les dents pendant toute la cérémonie et les festivités qui s’ensuivraient. Les occasions que lui procurerait la journée étaient trop alléchantes pour qu’il envisage de les laisser passer.

Bien sur, s’il se faisait prendre, il ne se faisait guère d’illusions sur le sort qui l‘attendait. Déjà condamné par le passé pour vols, il n’échapperait pas à la corde en cas de récidive. Mais finir pendu au gibet des faubourgs restait l’un des risques du métier pour les crapules qui comme Jimmy vivaient en dehors de la loi. Vérifiant rapidement que sa petite dague était en place dans sa manche, Jimmy se fondit dans la foule. Les bourses pansues des badauds l’attiraient et si tout se passait correctement, plusieurs finiraient dans son escarcelle avant que la nuit ne tombe.

*******************************
Dans la taverne du Ménestrel, Greta, la femme de l’aubergiste, dirigeait ses servantes d’une main de fer, veillant à ce que la vieille jonchée qui recouvrait le sol soit remplacée, que les tables soient soigneusement nettoyées et que les marmitons commencent à préparer le repas. Son mari s’était rendu chez le boucher afin d’y récupérer une carcasse de bœuf qui serait mise à cuire dans la grande cheminée de la salle commune. Marchands, artisans, colporteurs et festifs de tous poils allaient pouvoir s’en pourlécher les babines.

Le cortège devait passer dans leur rue et Greta s’en réjouissait déjà. L’arrivée d’une nouvelle dynastie sur le trône d’Alonna la rassurait bien entendu, car la stabilité politique que tous espéraient pourrait permettre d’accroître le commerce et donc le nombre de client de la taverne. Mais en ce jour elle espérait surtout pouvoir contempler la nouvelle baronne et admirer la tenue qu’elle aurait mise pour l’occasion. Tous ceux qui avaient vu Jena Kastelord chantaient sa beauté, sa grâce, sa gentillesse et sa bonté. Décidément se dit Greta en passant vigoureusement un chiffon sur l’une des tables, le baron avait tout pour être un homme heureux.

*******************************
Ailleurs, dans l’enceinte de ma forteresse, les serviteurs s’affairaient déjà malgré l’heure matinale. Syria, couturière de son état, effectuait les dernières retouches sur la tenue de cérémonie d’un des valets qui servirait lors du grand banquet prévu pour le soir même. Hors de question de présenter une déchirure, aussi infime soit-elle, alors que la quasi-intégralité de la noblesse de la baronnie allait se retrouver présente. Le service se devrait d’être impeccable et cela incluait également les tenues.

Syria attendait le soir avec impatience car les restes du banquet finiraient dans les cuisines des domestiques et elle savait d’expérience que plusieurs plats y arrivaient à peine entamés, tant la noblesse gaspillait à ces occasions. Les cuisiniers de la forteresse allaient se surpasser, mais l’abondance de nourriture dépasserait comme toujours les capacités des estomacs des invités. Et bien ce ne serait pas perdu pour tout le monde et la jeune femme avait déjà prévu de ramener quelques bons morceaux chez elle pour sa famille qui aurait ainsi l’occasion de savourer les plats des seigneurs.

*******************************
Pendant ce temps, dans la chambre à coucher des appartements baronniaux, un couple dénudé s’ébattait avec ardeur sur le grand lit. Leurs lèvres et leurs mains parcouraient sans trêve ni répit le corps de l’être aimé. Luisants de sueur, les deux amants tournaient et retournaient au milieu du fouillis des draps, fouillis qui indiquait plus clairement qu’un discours qu’ils n’en étaient pas au premier round dans cette tendre joute et que ni l’un ni l’autre ne comptait mettre bas les armes dans l’immédiat.

Les gémissements et les râles de plaisir montaient crescendo jusqu’à ce que leurs corps enlacés se cabrent de concert, emportés par la même vague de plaisir, frappés par la délicieuse petite mort. Lentement, ils se laissèrent aller et le silence revint dans la chambre tandis qu’ils reprenaient leur souffle. Tendrement, la jeune femme vint poser sa tête sur le torse de son amant, qui passa un bras protecteur autour de ses épaules de nacre. D’une voix douce, le baron murmura :


Chérie, il va hélas falloir se lever. Ce pauvre Valkor doit se faire un sang d’encre à l’idée que nous ne soyons pas prêts à l’heure pour le début de la cérémonie.


Dernière édition par Hanegard Kastelord le Mer 10 Aoû 2011 - 12:13, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Une nouvelle dynastie   Une nouvelle dynastie I_icon_minitimeSam 30 Juil 2011 - 23:49

    Diantre ! Mais que diable fichait-elle ? Pensait-elle un instant que cette cérémonie pouvait avoir lieu sans elle ? Etait-elle retombée en dépression ? Depuis l’aube Clarys tournait en rond dans la petite pièce destinées aux couturières de la nouvelle B aronne. La veille elles avaient convenues ensemble de se retrouver là le lendemain matin pour se préparer. Il s’agissait d’une journée importante pour les Kastelord et Jena avait tenu à ce que tout soit parfait. Elle avait tenue à broder sa robe elle-même afin de prouver aux mauvaises langues qu’elle n’était pas parvenue à cette position pour s’empiffrer de petits fours et se faire tailler une garde robe digne d’une reine.

    Sauf que voilà, le soleil commençait à monter et aucune trace de Jena. La servante qui devait coiffer la baronne attendait silencieusement dans un coin de la pièce tandis que la couturière de la citadelle pliait et dépliait inlassablement un morceau de tissus tout effilé.


    - J’y vais, je n’y tiens plus. Elle aura sûrement oublié de se lever.

    Une fois dans le couloir menant aux appartements personnels du couple baronnial, Clarys comprit immédiatement en voyant le visage cramoisi du jeune garde posté en faction près de la porte que Jena était loin d’avoir oublié de se réveiller. Clarys poussa un long soupir et se résigna à attendre près de l’une des colonnes à bonne distance des appartements.
    Certes le silence était revenu mais il aurait été gênant qu’elle se soit tenue devant la porte au moment ou celle-ci s’ouvrirait. Dans le meilleur des cas elle se serait retrouvée nez à nez avec Jena….mais il y avait une probabilité égale qu’elle se retrouve face au Baron…et là c’était autrement embarrassant.
    Au moment où elle s’éloignait de quelques pas, la jeune demoiselle de compagnie remarqua la présence tout aussi discrète de l’intendant, posté dans un angle à attendre patiemment le Baron et son épouse.
    Après un salut de la tête, Clarys s’efforça d’être aussi discrète que lui.

*********

    De l’autre côté de l’épais mur, Jena était en train d’adresser sa petite moue déçue. Elle n’avait aucune envie de quitter la chaleur réconfortante de sa chambre. Surtout qu’aujourd’hui il s’agissait de parader dans toute la ville et elle avait horreur de ça. Comme elle détestait être le centre de l’attention, le point ou tous les yeux convergent… Brrr, elle en avait des frissons.
    Même si elle avait voulu passer pour malade, Hanegard l’aurait trainé hors du lit pour ne pas se retrouver tout seul encerclé par une horde de noble ! Et après tout son premier devoir d’épouse était d’épauler son époux dans les bons comme dans les mauvais moments…bizarrement, elle ne savait pas dans quelle catégorie classer l’évènement du jour !


    - Tu as raison. J’aurais du rejoindre Clarys depuis plus d’une heure…je vais avoir droit à un sermon en règle sur mes devoirs de Baronne. Selon elle la ponctualité est une qualité essentielle.

    La veille, Clarys s’était évertuée à lui rappeler les qualités premières d’une Dame de la cour et celles d’une Baronne. Elle lui avait parlé de ponctualité, d’autorité et de raffinement… Bref, l’espace d’un instant sa demoiselle de compagnie s’était transformée en précepteur.
    Jena tentait d’étouffer son rire en se redressant légèrement pour croiser le regard de son époux.


    - Quand je lui ai dit qu’une Baronne n’est jamais en retard, que c’est forcément les autres qui sont en avance, elle m’a fait ses gros yeux noirs !

    Embrassant une dernière fois les lèvres tentatrices de son infatigable amant, Jena quitta le lit et fila dans la salle d’eau. Après un brin de toilette rapide, elle enfila ses dessous et passa sur ses épaules sa chaude robe de chambre. L’hiver s’installait progressivement, poussant un long soupir, la nouvelle baronne d’Alonna passa ses longs cheveux sur son épaule droite et quitta la chambre après un dernier regard vers son époux.

    C’est sans surprise qu’elle croisa Clarys dans le couloir et comme prévu elle du l’écouter pester tout le long du trajet.

******


    Il fallut plusieurs longues minutes pour vêtir, parer et coiffer la nouvelle Baronne.
    Sa robe turquoise épousait les formes de son corps, cette couleur particulière rappelait celle de ses yeux légèrement maquillés pour l’occasion. Pour la protéger de l’air frais de ce début d’hiver, un épais manteau en laine sombre drapé ses épaules. Ses cheveux étaient relevés au dessus de sa nuque et de fines boucles d’oreille pendaient de chaque côté de son visage. Après le calme et le silence de la pièce, Jena savait qu’elle allait passer une de ses journées éreintantes, durant laquelle elle devrait saluer de nombreuses personnes, sourire, danser et bavarder de politique et de futilités… En bref, elle avait hâte de retourner se coucher.

    Son seul réconfort s’était qu’Hanegard avait accepté qu’elle s’occupe elle-même de sa fille et que Merwan puisse les accompagner. Il était difficile de faire accepter pleinement la présence du petit garçon à Alonna. Certaines familles ne comprenaient pas ce qu’il fichait là, et encore moins pourquoi la Baronne s’évertuait à le protéger et à le couver ainsi. Ce qu’ils ignoraient c’est qu’au fil des jours, Merwan avait pris une place importante dans le cœur de Jena, et qu’il était tout bonnement impossible pour elle que l’enfant reste enfermé dans sa chambre comme s’il n’existait pas. Aujourd’hui Hanegard et elle étaient les nouveaux maîtres de la Baronnie et en cette occasion ils comptaient présenter leur fille aux nobles et aux habitants. Bien qu’il ne soit pas leur fils et qu’il n’ait aucun droit sur l’héritage qu’ils laisseraient derrière eux, Merwan faisait maintenant parti intégrante de la famille Kastelord.

    Quittant à regret son refuge, Jena retourna dans le couloir de ses appartements. Là une servante finissait de coiffer la chevelure indisciplinée de Merwan, tandis que la nourrice s’approchait d’elle pour lui mettre Liliana dans les bras.
    La petite était chaudement vêtue, et une fois dans les bras de sa mère, elle se mit à gazouiller gaiement. La jeune femme se pencha pour prendre la main du petit garçon et l’entraîna dans le couloir jusqu’au grand escalier en bas duquel les attendait l’homme de sa vie !

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MessageSujet: Re: Une nouvelle dynastie   Une nouvelle dynastie I_icon_minitimeLun 1 Aoû 2011 - 9:15

Poussant un soupir théâtral, le baron s’arracha à la douce tiédeur des draps froissés et enfila sa robe de chambre qui trainait sur le dos d’un fauteuil. Tout en nouant la ceinture, il s’approcha d’un pas nonchalant de la fenêtre et regarda les jardins éclairés par le pâle soleil hivernal. Des gardes en patrouille quadrillaient minutieusement les lieux, signe que la sécurité au sein de la forteresse serait ce jour là portée à son maximum afin de s’assurer qu’aucun incident n’émaillerait la cérémonie. Au moins il ne pleut pas, se dit intérieurement Hanegard. Le soleil qui les avait quelque peu boudés ces derniers jours semblait avoir accepté de faire son retour, bien que ses pâles rayons restaient bien faibles et ne réchaufferaient guère l’atmosphère.

Sortant des appartements, il croisa le regard légèrement égrillard du garde en faction et se nota mentalement de voir ce qui serait faisable en terme d’isolation phonique de la chambre conjugale. Peut être du liège dans les cloisons, cela leur donnerait un peu plus d’intimité lorsqu’ils… ou alors modifier l’emplacement des factions des gardes pour les repousser au bout du couloir. Classant cette problématique à plus tard, Hanegard fila dans la salle de bain située près de son cabinet de travail, Jena ayant monopolisé celle de leurs appartements. Certes la baignoire pouvait aisément les accueillir tous les deux mais l’heure tournait et s’ils continuaient leurs ébats dans l’eau, jamais ils n’allaient réussir à être prêts dans les temps.

Une fois dans la salle d’eaux, le baron se saisit d’un rasoir. Sa femme avait insisté pour qu’il abandonne la barbe, qui selon elle lui donnait trop l’apparence d’un vieux militaire blanchi sous le harnois et pas assez celle d’un noble. Mais pour autant, Hanegard refusait farouchement l’idée de nommer un barbier officiel en charge de ce travail. L’idée de voir quelqu’un lui passer un coupe-chou sur la gorge le crispait trop pour qu’il accepte ne serait-ce que de l’envisager une seule seconde. Pas étonnant que certains puissants aient plus confiance dans les avis de leur barbier que dans ceux de leurs conseillers, au point de discuter des affaires d’état durant leur rasage quotidien.

Se passant une main sur son menton désormais glabre, Hanegard se rendit dans un salon attenant où deux valets l’attendaient avec les vêtements qu’il devrait porter ce jour. Un pantalon gris taupe et une chemise anthracite, des bottes de cavalier… rien que du sobre et du solennel. Il ne s’agissait pas d’aller danser mais d’en afficher, que le peuple en ait pour son argent. Enfin pour ses taxes. Une fois vêtu, le baron regarda l’armure de cérémonie qui attendait. Alonna demeurant une baronnie guerrière avant tout, il ne pouvait faire autrement que d’apparaître ainsi en ce jour. Les armuriers de la citadelle y travaillaient depuis plusieurs semaines, son ancienne armure de cérémonie étant encore aux armes de la légion noire de Serramire, et de ce fait fort peu adaptée.

Afin qu’il ne soit pas engoncé dans une carapace comme une tortue, le baron avait porté son choix sur une cotte de maille renforcée par des plaques métalliques finement gravées au niveau du torse, des épaules, des avants bras et des tibias. Le résultat était plutôt impressionnant, cela il fallait bien l’admettre, et largement plus esthétique que les armures utilisées couramment à la guerre. L’ancien militaire ne put cependant s’empêcher de noter en souriant que cette armure ne protégeait en rien plusieurs points vitaux, mais après tout elle ne devait servir qu’en temps de paix. Un valet lui ayant passé le ceinturon auquel pendait l’épée incrustée de joyaux qui donnait la touche finale à sa tenue, Hanegard s’estima enfin prêt.

Il venait d’arriver en bas de l’escalier d’honneur lorsque Jena, tenant Liliana au creux de ses bras et accompagné par un Merwan tout excité, apparut sur le palier. Par les Dieux qu’elle était belle… sa robe était somptueuse et ses bijoux finement choisis sans tomber dans l’ostentation outrancière… tout en elle la rendait infiniment désirable et admirable. Pour la millième fois du mois, le baron remercia le destin qui lui avait permis de rencontrer et d’épouser cette jeune femme. Eusse-t-il été déjà baron à l’époque qu’il lui aurait été bien plus difficile de se marier avec Jena, car son mariage aurait alors été une affaire d’état dictée non point par l’amour mais par des considérations politiques.

Valkor vint le rejoindre pour lui murmurer à l’oreille que toute la noblesse de la baronnie, hormis peut-être les agonisants et les grabataires, les attendait dans la salle du trône. Indiquant d’un hochement de tête qu’il avait comprit, Hanegard s’inclina lorsque sa chère et tendre atteignit la dernière marche de l’escalier.


Baronne, vous êtes sublime.
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MessageSujet: Re: Une nouvelle dynastie   Une nouvelle dynastie I_icon_minitimeMar 2 Aoû 2011 - 11:41

    Ce n’est qu’une fois en bas des marches que Jena leva enfin les yeux vers son époux. La chute qui avait eut lieu la veille dans l’escalier d’honneur avait rendu la jeune femme plus prudente, d’autant qu’elle tenait, calé dans ses bras sa chère fille ainsi que la petite main de Merwan qui descendait chaque marche avec une fierté non dissimulée.
    Au pied des marches donc, Jena releva les yeux et croisa le regard de son époux. Aussitôt un sourire s’épanouit sur ses lèvres. Sa barbe ! Il ne l’avait plus ! Par Néera qu’il était beau ainsi, il semblait même plus jeune. Ses yeux si bleus, si pétillants la transperçaient, faisant battre son cœur plus fort. Cela semblait si aisé pour lui de l’émoustiller ainsi, elle avait l’impression de n’être qu’une jouvencelle savourant pour la première fois les compliments d’un homme. Et quel homme ! Celui-ci pouvait faire tourner la tête de toutes les demoiselles réunies dans la salle du trône… D’ailleurs il fallait reconnaître que c’était grisant de savoir qu’il n’y avait qu’elle qu’il regardait ainsi.

    S’inclinant à son tour, Jena lui sourit, amusée par cette scène. Elle ne s’était pas encore habituée à ce nouveau titre, pour elle, elle était encore la demoiselle de compagnie d’une femme exécrable qui avait eut le mérite de lui faire rencontrer son époux. Pendant une longue minute plus rien ne sembla bouger. Elle le regardait droit dans les yeux, appréciant chaque ligne de son visage, son petit sourire, ses cheveux coiffés et sa tenue de cérémonie. Le nouveau Baron d’Alonna était resplendissant dans son armure.


    - Enchantée, Monseigneur, je n’ai pas souvenir de vous avoir rencontré… vous ressemblez fortement à mon époux mais celui-ci à une énorme barbe qui le fait ressembler à … à quoi déjà…
    - Un ours ! s’écria le petit Merwan ravi de pouvoir participer.
    - Oui c’est cela, un ours ! Je devrais lui suggérer de la raser, il serait tellement plus séduisant ainsi !

    Amusée, Jena franchit les quelques pas qui la séparaient encore d’Hanegard et, se dressant sur la pointe des pieds –ben oui elle n’est pas très grande ! – elle posa ses lèvres sur celles de son époux. Liliana en profita pour griffer de ses petits doigts la cotte de maille de son père. Les maillons scintillants attirés ses yeux de bébé, elle fit d’ailleurs à nouveau entendre sa petite voix sûrement pour dire quelque chose d’extrêmement important, nous n’en doutons pas.
    Valkor qui s’était éclipsé quelques minutes pour vérifier que tout était prêt, revint les chercher. Même s’il ne se serait pas permis de leur faire la moindre remarque désobligeante, on voyait bien qu’il était plus que nerveux.
    Jena reprit la main de Merwan et lui adressa un petit sourire pour l’encourager, il ne devait certainement pas s’attendre au rassemblement qui avait lieu dans la pièce à côté. Relevant la tête, Jena croisa une dernière fois le regard d’Hanegard.


    – Tu es terriblement séduisant sans ta barbe,lui glissa-t-elle en suivant Valkor qui avait décidé d’activer le couple en prenant les devants.

    Lorsqu’ils eurent traverser le long couloir, l’intendant ouvrit lui-même la porte qui menait à la grande salle de réception. Celle-ci s’ouvrait sur le côté gauche de la pièce, près du mur du fond, là ou se trouvait les « trônes » leurs étant destinés. Ainsi ils arrivaient d’un côté de la salle, montaient quelques marches pour être légèrement surélevé et se retrouvaient devant une foule terrifiante. Des nobles, des dignitaires, des messagers venus d’autres contrées, des ménestrels, des jeunes demoiselles, des enfants, des vieillards, des soldats…. Il y avait de tout.
    Presque aussitôt auprès leur entrée, le silence se fit laissant à Valkor le plaisir d’annoncer les noms des nouveaux arrivants de sa voix de stentor. Le couple, accompagné de leur fille, monta les marches tandis que Merwan restait au côté du vieil intendant, caché derrière les plis de l’habit de ce dernier. N’étant pas un Kastelord, il ne pouvait les suivre, et même si cette règle du protocole était stupide, Jena s’y conformait.
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MessageSujet: Re: Une nouvelle dynastie   Une nouvelle dynastie I_icon_minitimeMer 3 Aoû 2011 - 7:38

Hanegard eut un petit sourire complice quand Merwan acheva la taquinerie de Jena en le comparant à un ours lorsqu’il portait encore la barbe. Après un dernier baiser à sa douce et tendre afin de se donner du courage, le baron et son épouse suivirent Valkor qui ouvrit devant eux les portes de la grande salle où s’entassaient les plus redoutables prédateurs de ce monde : les nobles. Que venaient donc faire ici un soldat et une demoiselle de compagnie ? Eh bien faire le couple régnant, tout simplement.

La grande salle était emplie à craquer, un tapis rouge déroulé de l’entrée jusqu’à l’estrade restant l’unique espace non occupé tant la presse était grande. Les nobles étaient venus en compagnie de leurs épouses, de leurs enfants, de leurs parents proches ou lointains. Des bourgeois de la cité avaient su profiter de l’aide, souvent pécuniaires, qu’ils apportaient à des puissants afin de se faire eux aussi inviter. En ce jour, tout ce qui comptait ou croyait compter à Alonna se devait d’être là, de préférence à une place bien visible et devant ses rivaux. Car pour eux il ne s’agissait pas seulement de voir la cérémonie, mais également d’y être vu.

Hanegard avait tout d’abord été quelque peu sceptique lorsque l’idée d’une grande cérémonie officielle avec festivités et tout le toutim était venue sur la table. Peu adepte de la pompe et des fastes de la cour, il manquait souvent d’enthousiasme lorsqu’il lui fallait se donner en spectacle. Mais ses conseillers avaient finalement réussi à le persuader qu’être noble impliquait également de le montrer, d’en étaler autant que faire se pouvait afin de rappeler à tous qui dirigeait Alonna. Décidément, se dit le baron, la politique se révèlait souvent un art bien plus compliqué que la guerre. Au moins sur un champ de bataille repérer ses alliés et ses ennemis ainsi que les hiérarchies respectives ne demandait guère d’effort.

Deux trônes les attendaient sur l’estrade, et les époux vinrent s’y asseoir. Clarys prit doucement Liliana des bras de Jena et se mit légèrement en retrait. La petite fille serait à l’honneur un peu plus tard, mais dans l’immédiat seuls ses parents étaient concernés.

Un grand gaillard, autrefois sergent dans les légions noires et attaché à l’état major de campagne d’Hanegard, s’avança. Le baron connaissait la puissance vocale dont il faisait preuve sur le champ de manœuvre et l’avait pour cela nommé comme héraut afin qu’il lise les proclamations à sa cour

Oyez, oyez ! Voici un édit de notre bon roi Trystan relatif à la lignée des Kastelord et à la baronnie d’Alonna.

Le baron se laissa quelque peu aller à rêvasser tandis que le héraut déclamait la proclamation, ou plutôt la braillait afin que tout le monde puisse l’entendre. Ces immenses salles se révélaient certes bien pratiques lorsqu’il fallait réunir une grande assemblée, mais cela obligeait de disposer d’un bataillon de grandes gueules aptes à se faire entendre d’un bout à l’autre y compris par ceux dont l’ouïe baissait.

Il connaissait par cœur l’édit, l’ayant lu et relu depuis le jour où un messager de Diantra la lui avait amené. De fait, peu de gens dans l’assistance ne l’avaient pas encore entendu en entier, cet édit n’ayant rien eu de secret. Il ne s’agissait ni plus ni moins que d’un anoblissement de l’ancien régent d’Alonna à qui le roi donnait la baronnie en fief, à lui et à ses descendants. Rien que de très classique, être ainsi nommé par son suzerain consistait en l’option A permettant de devenir le seigneur d’une terre. L’option B passait par des combats, des morts, et une déclaration du type : « je suis le chef ici, et j’ai assez de guerriers pour casser la tête de ceux qui ne seraient pas d’accord ! ».

…écrit en notre palais de Diantra. Puisse les Cinq veiller sur vous et les vôtres.

Le héraut se tut et descendit de l’estrade. Se concentrant à nouveau, le baron posa doucement sa main sur le poignet de son épouse, comme pour une caresse mais également pour lui indiquer discrètement d’attendre, puis se leva.
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MessageSujet: Re: Une nouvelle dynastie   Une nouvelle dynastie I_icon_minitimeJeu 4 Aoû 2011 - 9:29

    Lorsque le couple fit son entrée, le silence se fit. D’abord au premier rang, puis au fur et à mesure jusqu’au fond de la salle. Il fallut bien une longue minute pour que ceux près de la grande porte remarque l’arrivée du Baron et de son épouse. Une fois sur l’estrade, Jena se sentit pâlir à la vue de cette multitude de gens amassé devant elle. En cet instant elle regretta presque les tâches ingrates qui lui incombaient lorsqu’elle était demoiselle de compagnie. Donner un bain à Dame Camelia avait l’air d’une broutille à côté de ça. Malgré son cœur qui battait à tout rompre, Jena se composa un visage calme et serein, ce qui était loin d’être le cas intérieurement. Hanegard s’installa sur son trône et elle en fit autant.
    Sculpté dans le bois, il n’était guère confortable, mais après tout elle ne s’installait pas là pour faire une sieste. Elle remarqua néanmoins qu’une âme charitable avait glissé un coussin pour rendre son attente un peu moins douloureuse !

    Aussitôt assise, Clarys s’approcha d’elle, lui prit Liliana des bras et se posta à quelques pas en retrait. Il était évident qu’avec sa fille contre elle, Jena aurait eut plus tendance à s’occuper d’elle que d’écouter ce qui allait se dire. D’ailleurs un homme venait de s’avancer et faisait face à la foule. Il déplia un document qu’elle reconnut immédiatement pour l’avoir eut dans les mains quelques instants.
    A ses côtés, elle sentit Hanegard se détendre légèrement. Visiblement écouter ses mots qu’il connaissait par cœur rendait ce moment moins pénible.
    Enfin… pénible… elle n’avait pas non plus à se plaindre hein ! Elle était nommée Baronne tout de même ! Mais là vue de tous ses nobles agglutinés lui fichait une peur bleue. Elle aurait préféré être en train de laver du linge en compagnie des servantes de la citadelle plutôt que de devoir croiser le regard de tous ses gens.

    Pourtant elle allait devoir apprendre à vivre ainsi désormais. Valkor le lui avait bien fait remarqué la veille lorsqu’elle avait voulu se rendre aux cuisines pour diriger et aider tout le petit monde qui y travaillait. Le vieil intendant l’avait chassé – poliment – mais énergiquement. Pour lui, il était maintenant hors de question de laisser approcher la baronne de cet endroit, même le couloir y menant lui était presque interdit.
    Elle qui avait toujours été active, comment allait-elle supporter de rester assise toute la journée à broder et à converser avec Dame Trucmuche et Dame Jenesaisquoi…?
    Même le maître des écuries lui avait recommandé vivement de ne pas faire de balade seule… Et c’était tout juste si on ne la surveillait pas à chaque pas qu’elle faisait pour s’assurer qu’il ne lui arriverait rien.


    - ….écrit en notre palais de Diantra….blablabla….

    Ah ! On en arrivait au bout ! Bon et maintenant qu’elle était la suite du programme ? Valkor n’avait rien voulu lui dire pour éviter qu’elle se mêle des préparatifs, même Hanegard s’était montré mystérieux, et ce, malgré tous les trésors de charme et de séduction qu’elle avait développé pour le faire parler ! On ne lui avait permis que de s’occuper de sa tenue – qu’elle trouvait très réussi d’ailleurs – et de rien d’autre.
    Elle allait se tourner vers Clarys pour jeter un coup d’œil sur sa fille qui était étrangement calme, lorsqu’elle sentit la main de son époux se poser sur la sienne. Une caresse qui la fit frémir. Tournant son regard vers lui, elle lui adressa un sourire et opina discrètement de la tête à sa demande silencieuse.
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MessageSujet: Re: Une nouvelle dynastie   Une nouvelle dynastie I_icon_minitimeJeu 4 Aoû 2011 - 13:16

Alors qu’Hanegard se levait et s’avançait jusqu’au bord de l’estrade, son armure scintillant de mille feux sous les rayons du soleil matinal passant par les hautes fenêtres, un bruissement parcouru la foule qui attendait impatiemment d’assister à la suite. Leur attente fut récompensée lorsque Valkor apparu dans l’embrasure de la grande porte, tenant dans ses mains un coussin de velours pourpre sur lequel reposait la couronne d’Alonna. D’un pas lent et majestueux, le vieil homme remonta l’allée, laissant à chacun le temps de bien admirer le bijou d’orfèvrerie qu’il amenait à son suzerain.

La couronne d’Alonna consistait en un cercle ciselé surmonté de huit fleurons servant de bases à des diadèmes perlés qui se réunissaient au sommet, lequel surmonté d’un loup stylisé rappelait les armes de la baronnie. Il ne s’agissait pas de la couronne qui avait été utilisé lors des couronnements précédents, les anciens bijoux du trésor ayant pour partie disparus lors des troubles consécutifs à la guerre civile. Une nouvelle dynastie s’installait, et les orfèvres de la cité avaient été sollicités durant les semaines précédentes afin de fournir du nouveau… matériel… pour les cérémonies officielles.

S’agenouillant au pied de l’estrade, Valkor présenta respectueusement la couronne à celui qui désormais serait son suzerain de par la volonté des hommes et des dieux. A tout le moins il la présenta à celui qui serait son suzerain de par la volonté du roi, appui amplement suffisant. Prenant la couronne, Hanegard la leva bien haut tandis que Valkor s’éclipsait discrètement et que l’assistance retenait son souffle. On aurait entendu une mouche voler si le narrateur n’avait pas attrapé une tapette pour écraser ladite mouche. Bref, l’instant remplissait parfaitement la solennité requise.

Le nouveau baron avait longuement hésité sur le comportement à adopter pour cette partie de la cérémonie. Il savait pouvoir faire appel à une personnalité locale afin de le couronner, que cette personnalité soit religieuse ou politique. Mais une telle solution ne lui plaisait guère et il craignait qu’elle ne puisse être interprétée comme un manque d’assurance. Son pouvoir lui venait directement du roi, et il ne comptait pas plier le genou devant quiconque. Certes cela serait interprété comme un signe d’une volonté de tenir les rênes d’une main de fer, mais cela ne déplaisait pas à l’ancien militaire.

Lentement, Hanegard posa la couronne sur son auguste tête. J’insiste sur l’auguste, une tête de baron pendant une cérémonie de couronnement ne pouvant bien évidemment que l’être. La banalité n’a pas sa place durant ces moments, les poètes et les bardes sont tous d’accord sur ce point et leurs épopées le confirment. Mais alors que l’assistance pouvait croire que le baron allait se rasseoir, il n’en fit rien. Un murmure de curiosité naquit tandis que leur seigneur et maître choisi presque librement semblait attendre patiemment quelqu’un.

A cet instant, Valkor revint, portant un second coussin sur lequel reposait une autre couronne. Assez semblable à la précédente au niveau de la base et des fleurons, les diadèmes en étaient toutefois absents. Le même cérémonial se renouvela : l’intendant de la citadelle s’inclina devant son suzerain qui se saisit de la couronne et la leva afin que tous la voit. Puis il se tourna vers sa femme et inclina légèrement la tête à son intention.
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MessageSujet: Re: Une nouvelle dynastie   Une nouvelle dynastie I_icon_minitimeVen 5 Aoû 2011 - 10:58

    Les évènements qui suivirent furent dès plus surprenants. Croyant que son époux allait faire un petit discours, rien de bien long, un truc du genre « Je suis votre nouveau baron, passez une bonne journée ! La sortie est derrière vous… », Jena leva les yeux vers lui pour lui porter la plus grande attention. Elle le trouvait tellement beau sans son épaisse barbe… elle n’avait qu’une envie …
    Mais nous ne nous étancherons pas davantage sur cette envie puisque ce cher Valkor fit son entrée, portant à bout de bras un épais coussin sur lequel brillait quelque chose qu’elle avait du mal à identifier. Lorsqu’il fut au pied de l’estrade, Jena vit qu’il s’agissait d’une couronne. Elle était différente de celle qu’elle avait vu quelques années plus tôt lors d’une visite de Dame Camelia à sa cousine Pearla. Dans un style bien moins ostentatoire, elle n’en restait pas moins un bijou de cérémonie qui était fait pour être vu et admirer de tous. Légèrement surprise, Jena attendit de voir la suite. Pourquoi ne lui avait-on pas parlé de ça ? Qu’Hanegard dut porter une couronne aujourd’hui pour la cérémonie d’intronisation, cela n’avait rien d’une surprise alors pourquoi tant de cachotterie.
    Valkor releva la tête et croisa son regard, elle en profita pour froncer légèrement les sourcils, le vieil homme détourna aussitôt le regard, visiblement inquiet. Pour l’heure, elle observait, abasourdie, son époux prendre lui-même la couronne et la poser sur sa tête.

    Voilà une belle entorse au règlement, mais personne ne trouva à redire tant le moment était solennel. Et puis après tout pourquoi pas ! Cela montrait aux gens rassemblaient devant lui qu’il dirigerait cette baronnie d’une main de fer, qu’il appliquerait la justice du Roi avec toute la rigueur et l’honnêteté possible, et qu’il ne plierait genoux devant personne d’autre que son Roi.
    Jena se permit alors de balayer la foule du regard, si elle ne l’avait pas remarqué jusqu’alors, c’est à ce moment qu’elle vit les sourires sur les visages des soldats, des Dames et des riches seigneurs. Certes, il devait bien en avoir une poignée qui se composait un masque de façade car cette nomination ne devait pas enchanter tout le monde, mais la plupart avaient une expression ravie, voire même bienveillante à l’égard de leur nouveau suzerain.

    Pensant que son époux allait regagner son siège, Jena se redressa légèrement pour avoir l’air tout aussi digne que lui. Le pauvre ! Bien que cette couronne soit somptueuse, elle avait du mal à s’y faire. Comme il ne bougeait toujours pas la jeune femme pensa qu’il profitait quelques minutes de l’effet produit et qu’il allait prononcer quelques mots, mais là encore elle se trompait. Valkor traversa à nouveau la foule, un nouveau coussin dans les mains….avec une autre couronne.
    Ah non…pas ça… Il est hors de question que…. Voilà pourquoi on ne lui avait rien dit sur le déroulement de la cérémonie. Hanegard savait parfaitement que Jena aurait refusé catégoriquement de porter une couronne, il le savait pertinemment et ce vil traître la mettait ainsi devant le fait accompli.
    Il s’était tourné vers elle et la fixait droit dans les yeux, un sourire pendu à ses lèvres. Dans ses yeux à elle il pouvait y lire tantôt de vaines supplications « Non je t’en prie, ne me pose pas ça sur la tête…pitié ne me fait pas une chose pareille… », tantôt des menaces « Ose mettre ça sur ma tête et je ne t’adresse plus la parole jusqu’à ce que Liliana soit en âge de se marier » et même des ordres silencieux mais néanmoins largement compréhensibles « Repose ça tout de suite où tu l’as trouvé et retourne t’asseoir ! ».

    Mais rien n’y fit, il resta là, planté devant elle, n’attendant qu’une signe de sa part pour….la couronner. Oh qu’il allait le lui payer cher… et dire que le matin même elle s’était laissée prendre au piège lors de leurs ébats amoureux…. Oh le vil, le traître, l’infâme manipulateur. Il s’attendait parfaitement à sa réaction et Monsieur en avait profité avant de se voir interdire l’accès au lit conjugal !
    Coincer comme elle l’était, Jena finit par incliner la tête devant son époux, dissimulant de son mieux les envies de meurtre qui lui venaient à l’esprit.

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MessageSujet: Re: Une nouvelle dynastie   Une nouvelle dynastie I_icon_minitimeVen 5 Aoû 2011 - 12:00

Vraiment glorieux cette histoire, vous ne trouvez pas ? Un couronnement avec la pompe et le cérémonial nécessaire, le tout filmé par une trentaine de caméras et avec les commentaires de Stéphane Bern en sus. Les paillettes, les stars, tout le gratin est venu et les magazines people vont pouvoir s’en donner à cœur joie. Hmm, la seule ombre au tableau reste la moue de Jena. Certes notre baronne adorée est littéralement adorable lorsqu’elle boude, mais ce coup-ci elle semble vraiment mécontente.

Bah, nous allons mettre ça sur le dos de l’émotion, et ce pauvre Hanegard va complètement interpréter de travers ses regards suppliants ou colériques. De toute façon, avec la couronne entre les mains que peut-il faire ? La rendre à Valkor en expliquant tranquillement qu’en fait ce n’est pas nécessaire ? La mettre par-dessus la sienne comme les pharaons qui disposaient d’un morceau de tiare pour la haute Égypte et un autre pour la basse Égypte ? Non bien sur, alors continuons.

Jena ayant incliné sa charmante tête, son époux déposa doucement la couronne sur ses boucles brunes puis se saisit de sa main et y déposa un tendre baiser tandis que des applaudissements se faisaient entendre dans la salle et que Stéphane décrivait à l’antenne les différentes couronnes baronniales ayant existés à Alonna durant les quatre derniers siècles. Tout semblait parfait, si l’on exceptait le nuage d’orage métaphorique qui tournait autour de la tête de Jena, annonciateur d’une engueulade dont on pourra évaluer l’impact en termes de rayon de portée.

Hanegard se demandait tout de même vaguement s’il n’aurait pas du parler un peu plus du déroulement de la cérémonie à son épouse, mais ces derniers jours avaient été tellement remplis que certains détails comme celui du couronnement étaient malencontreusement passés à la trappe. En toute bonne foi, il pouvait penser que sa douce et tendre ne verrait guère d’inconvénient de se retrouver ainsi en plein sous les projecteurs, comme quoi les hommes sont parfois les derniers des imbéciles lorsqu’il s’agit de comprendre leurs compagnes.

Passant le bras de Jena sous le sien, le baron fit signe à Clarys de les suivre avec Liliana dans les bras. D’un pas lent et solennel le couple descendit de l’estrade et passa entre les rangs de la noblesse en liesse, chacun tenant à bien montrer à quel point il se réjouissait… preuve que décidément la veulerie des courtisans n’aura aucune limite en ce bas-monde. Car si certains pouvaient réellement s’enthousiasmer de voir un pouvoir fort s’installer à Alonna, d’autres voyaient surtout leurs propres ambitions s’effondrer définitivement.

En sortant de la salle du trône, ils tournèrent à droite et arrivèrent dans la cour d’honneur, où les attendait un carrosse entouré d’une escorte de cavaliers en tenue de parade. Stéphane nous expliquait justement à l’instant que la cérémonie impliquait une parade dans les rues de la ville afin que les bons gueux puissent eux aussi exprimer leur immense joie à la vue de leurs suzerains et admirer le faste de la cour. L’honnêteté intellectuelle impose toutefois de préciser que la joie pourrait aussi venir des festivités offertes par le baron suite à cette parade.

Galamment, et tournant toujours dans son petit monde idéal vu que lui n’a pas lu le post de Jena, le baron indiqua le carrosse à sa femme.


Je vous en prie ma chère, après vous.
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MessageSujet: Re: Une nouvelle dynastie   Une nouvelle dynastie I_icon_minitimeSam 6 Aoû 2011 - 9:39

    Malgré l’excitation de Stéphane qui ne cessait de s’extasier devant le nouveau couple régent de la Baronnie, il était loin de s’imaginer l’orage qui approchait. D’ailleurs il aurait été difficile à quiconque de se douter de l’état intérieur de Jena tant celle-ci était douée pour sourire et saluer les gens d’une inclination de tête. Lorsqu’Hanegard prit sa main et la leva à ses lèvres, elle dut se forcer pour ne pas la retirer, il y avait trop de monde autour d’eux pour qu’elle puisse se permettre pareille réaction. Mais dès qu’ils seraient seuls….wouuuuh…il allait l’entendre. Alors qu’elle pensait qu’il avait fini ses conneries, il la fit lever et faire face à la foule. D’un geste de la tête il fit signe à Clarys de les suivre. Qu’allait-il encore inventer ? Ne tenait-il donc pas à sa tête ?
    Jena se tint néanmoins bien droite et tenta de s’habituer au poids de la couronne qu’elle portait. Elle n’avait qu’un désir, la reposer sur son cousin de velours et quitter cette pièce. L’un de ses désirs fut d’ailleurs exaucé ! Visiblement, Hanegard souhaitait maintenant qu’ils sortent de la grande salle… mais elle aurait largement préféré la petite porte sur le côté que celle tout au fond de la pièce.
    Hanegard l’entraîna à travers la foule, marchant lentement, cérémonieusement. La jeune femme en profita pour planter ses ongles dans le bras de son époux, un petit avant goût de sa future vengeance, celui-ci du croire qu’elle avait peur aussi resserra-t-il sa prise comme pour la rassurer.

    Ils allaient enfin sortir, elle pourra retirer cette fichue couronne et hurler sur Hanegard… mais....qu’est-ce que c’était que ce carrosse attelé ? Pourquoi les cochers étaient habillés avec de telles livrés ? Ah non… pas ça… pas une parade… C’était ridicule ! Elle, une demoiselle de compagnie… Une gueuse selon certains ! Déjà qu’elle n’avait rien à faire avec cette couronne sur la tête, c’était encore plus vraie dans ce carrosse à parader dans la ville.
    Mais les nobliaux avaient suivis le couple pour le voir monter et partir faire le tour de la citadelle, aussi ne pouvait-elle se dérober. Son seul réconfort était qu’une fois devant la porte, elle tournait le dos à la foule et qu’elle put jeter un regard noir et lourd de menaces à son cher époux. Une fois à l’intérieur, Jena prit sa fille des mains de Clarys pour que celle-ci puisse monter et s’asseoir en face d’elle. Lorsque sa demoiselle de compagnie voulut reprendre la petite, Jena s’apprêtait à protester lorsque son époux fit son entrée. Mieux valait tenir Liliana loin lorsque l’orage éclaterait.

    Une fois assis près d’elle, Hanegard se tourna tout sourire. Il avait l’air ravi, dans un monde ou le soleil brillait haut dans le ciel bleu ! Et évidemment il n’avait pas regardé la météo avant l’émission de Stéphane, sinon il aurait vite vu qu’une vigilance orange menaçait Alonna. Le carrosse se mit en route et à peine eut-il passé la porte de la première enceinte, Jena se tourna vers lui, le foudroyant de son regard noir.


    - Comment as-tu osé me faire une chose pareille ! Tempêta-t-elle. Une couronne ? UNE COURONNE ? Non mais qu’est-ce qui t’a pris.

    Clarys, qui elle avait vu venir l’engueulade depuis le moment où elle avait remarqué la légèrement crispation de sa Baronne, la tête inclinait en train de recevoir l’objet de la discorde, tenta aussitôt de calmer sa maîtresse tout en berçant la petite Liliana que les cris de sa mère avaient réveillée.

    - Allons Jena….calme toi, elle te va très bien cette couronne et puis tu…

    - Je ne t’ai rien demandé à toi, coupa Jena en la fusillant du regard.

    Aussitôt la demoiselle de compagnie se tassa sur son fauteuil, se faisant toute petite, son attention sur la fille du couple assis en face d’elle.


    - Et maintenant une PARADE ! Je n'arrive pas à le croire... Tu aurais du me demander mon avis... Le bon côté des choses, commença-t-elle étonnamment calme C'est que tu pourras en profiter pour réserver une chambre dans une auberge, parce qu’à notre retour je te jure que tu ne m’approches plus.

    Tournant son visage vers la fenêtre, Jena se recomposa un visage souriant pour saluer les gens qui sortaient des maisons et commerces, juste pour les voir passer.
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MessageSujet: Re: Une nouvelle dynastie   Une nouvelle dynastie I_icon_minitimeSam 6 Aoû 2011 - 15:21

Dire que le baron fut surpris par la réaction de sa femme est un doux euphémisme. S’il savait pressentir les raids de pillards, deviner les tactiques utilisées par un ennemi et sonder les pensées d’un courtisan, l’âme féminine restait pour lui emplie de mystères. Le coup de la couronne lui avait pourtant semblé être une excellente idée à l’origine, de même que la parade. Il pensait que Jena serait ravie de pouvoir profiter de son nouveau statut social… eh bien il venait de se flanquer magistralement le doigt dans l’œil jusqu’à l’omoplate.

Clarys pliait sous l’orage et avait prudemment battu en retraite, Liliana dans les bras. Ouvrant la bouche, le baron s’apprêta à répliquer à la haineuse diatribe dont il était l‘objet.

Mais bobonne…

Hmm non, ce ne serait pas une bonne entrée en matière. Si Jena avait eu quarante ans de plus et des bigoudis sur la tête, l’expression aurait pu être envisagée, mais dans le contexte actuel cela risquait surtout d’empirer les choses. Ce terme faisait trop vieux couple, donc nous mettons cette expression à la poubelle au grand soulagement de Stéphane Bern qui en hoquetait d’horreur à l’idée d’entendre traiter une baronne de « bobonne ».

Mais ma douce…

Non plus, hein ? Parce que douce, notre Jena adorée ne l’est plus vraiment. Furibarde, mécontente, pareille à un joueur du stade toulousain venant de se prendre une nouvelle raclée par l’équipe du racing métro, elle semblait prête à écraser et à piétiner quiconque se mettrait sur son chemin. Encore heureux qu’elle n’en ait pas pour autant oublié de sourire à la foule, une engueulade en place publique aurait vraiment été atteindre le fond du trou.

Sauf que là, Hanegard aussi commençait à sentir la moutarde, le poivre, les épices et la mayonnaise qui lui montaient au nez. Pour un peu il aurait pu ouvrir une épicerie fine. Comprenez le aussi… sa femme était bien gentille de lui faire un caca nerveux en pleine cérémonie (oh poésie, quand tu nous tiens…) mais là il faut savoir dire stop.

Stop !

Voilà qui est dit. L’heure est venue de faire preuve d’autorité dans le couple, de rappeler qui dirige et qui doit obéir ! Enfin à tout le moins d’essayer. D’un ton sec et cassant, malgré le sourire destiné à ceux qui les regardaient, Hanegard laissa éclater sa colère :


Mais bon dieu, cesses de te conduire comme une gamine, Jena ! Que croyais-tu donc ? Qu’une baronne pouvait rester loin des yeux du peuple ? Tu es un personnage public, alors conduis toi comme tel pour une fois !


********************************

La foule qui admirait le carrosse, ses dorures, les tenues scintillantes de l’escorte, les riches vêtements de la noblesse et surtout le couple qui désormais déciderait de leurs destinées ne pouvait pas savoir que la tempête faisait rage dans le carrosse. Force était d’admettre que vu de l’extérieur, les deux époux étaient charmants, souriants, et semblaient incroyablement heureux de se retrouver ensemble. Ah, pas de doute, leur nouveau baron devait être un homme heureux.

Ben non…
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MessageSujet: Re: Une nouvelle dynastie   Une nouvelle dynastie I_icon_minitimeLun 8 Aoû 2011 - 18:31

    La tension était montée d'un niveau dans le carrosse aux armoiries de la lignée des Kastelord. Personne en dehors des quatres occupants - et des cochers peut-être - ne pouvait se douter de ce qui se jouer à l'intérieur. Jena qui s'était, certes, attendue à une réaction de son époux, avait été loin d'imaginer se faire si injustement traiter de gamine! Elle ! Une gamine ? Par les dieux cela faisait longtemps qu'elle n'avait plus rien d'une gamine et s'était encore plus vrai depuis le jour de son accouchement... Et il croyait qu'elle jouait les capriceuses, qu'elle voulait juste passer sa nouvelle vie de Baronne, recluse dans leur citadelle à boire le thé en compagnie de son nécessaire à coudre et d'un bon bouquin ! C'est qu'il la connaissait décidément bien mal. Mais après tout, il passait tellement de temps enfermé dans son bureau ou en vadrouille au quatre coins de la baronnie et de la citadelle alors que pouvait-il savoir d'elle.

    Une gamine...pfff... cette insulte lui était droit au coeur. Déjà que la moutarde lui était bien montée au nez, voilà qu'il rajoutait piment et poivre sur le tout ! Histoire de bien épicer tout ça. L'espèce d'un instant elle avait eut l'impression qu'il s'adressait à une adolescente... Elle avait peut-être dix as de moins que lui, cela ne faisait pas d'elle une gamine.


    - Pour qui te prends-tu ? Ce n'est pas parce que tu es mon mari que je vais me laisser traiter de gamine.

    Continuant de sourire aux gens qui se pressaient maintenant par centaine dans les rues de la ville, Jena serra fermement un pan de sa robe pour s'empêcher de hurler ou de faire un tout autre genre de bêtise, comme quitter ce stupide carrosse et son idiot de mari. Comment pouvait-il croire qu'elle jouait juste les capricieuses ? Il la connaissait mieux que ça tout de même non ? Et puis même si elle essayait de se remettre en question, elle en revenait toujours au même point. Il avait été nommé Baron et il prenait les décisions tout seul dans son coin sans même la consulter, ni même lui demander son avis. Avait-elle disparu la semaine précédent cette cérémonie ? Non, donc pourquoi ne pas lui en avoir parlé ?

    - Nous n'avions pas besoin de tout ça, déclara-t-elle toujours rageuse en désignant d'un geste de la main tout ce qui les entourait, je n'ai pas la prétention de me prendre pour une tête couronnée moi. Et puis qu'est-ce que ça veut dire ça "Pour une fois " hein ? Quand n'ai-je pas été digne de ma fonction ? Quand ai-je déçue cette baronnie ou son auguste et parfaitissime baron ?

    Clarys avait maintenant baissé les yeux, n'osant même plus ni croiser le regard de sa maîtresse ni celle du Baron qu'elle voyait rougir de colère chaque seconde un peu plus. Même Liliana semblait se tasser dans ses bras, étrangement silencieuse comme si elle savait ce qui se passait près d'elle et qu'elle n'osait élever la voix.
    Se tournant pour la première fois vers Hanegard, la jeune femme lui adressa un regard noir rempli de colère. S'il la prenait pour une gamine elle allait se conduire comme tel, il allait regretter les mots qu'il venait d'avoir contre elle.
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MessageSujet: Re: Une nouvelle dynastie   Une nouvelle dynastie I_icon_minitimeMar 9 Aoû 2011 - 7:33

Pas de doute, il y avait de l’eau dans le gaz au sein du couple régnant d’Alonna. Bon, il faut admettre aussi que tout est de la faute de Jena, vous ne trouvez pas ? Elle connait suffisamment son mari pour savoir qu’il lui fallait en rajouter dans le faste pour s’imposer comme fondateur d’une lignée, et faire oublier qu’au fond il n’était rien de plus qu’un mercenaire monté dans la hiérarchie militaire de Serramire grâce à certaines de ses actions peu reluisantes au service du Duc Merwyn. Vous êtes bien d’accord avec moi, non ?

Non ?

Enfin peu importe, toujours est-il que le baron l’a mauvaise, cette dispute. Après des jours et des jours d’organisation, de préparatifs, de migraines afin de déterminer l’ordre protocolaire, voilà que cette oie blanche faisait sa difficile. Le sourire de plus en plus crispé, il sentait le rouge de la colère lui monter au front, signe révélateur d’une explosion prochaine que ses soldats avaient appris à craindre dans le passé.

Son poing se crispa, et Hanegard leva légèrement le bras, prêt à faire jaillir une gifle atteignant le niveau 9 sur l’échelle de Richter. Son interlocuteur eut-il été un homme qu’il aurait déjà été en train de ramasser ses dents à quatre pattes dans la gadoue. Mais frapper une femme ? Qui plus est sa femme ? Non, no, nein, jamais… certains nobles s’abaissaient à agir ainsi sous le coup de la colère, mais certainement pas lui. Se contenant à grandes peines, il rabaissa son bras et se contenta de répliquer d’un ton sec :


Ah ne commence pas hein ! Tout ce décorum est nécessaire pour impressionner le peuple et imposer à tous l’arrivée d’une nouvelle lignée. Alors arrêtes de faire des caprices, cette couronne et cette parade sont nécessaires ! Tout comme le banquet de ce soir auquel je t’ordonne d’assister et de t’y comporter avec la noblesse et le sérieux requis.

Et vlan ! Dégustes moi ça, ma chérie ! Je crains qu’il ne faille de nombreux poutoux pour réussir à réparer les dégâts. Tandis qu’Hanegard s’arrache les cheveux en voyant son sadique de narrateur balancer encore quelques litres d’huiles sur le feu, le carrosse était revenu à la citadelle. En ville les festivités commençaient et le bruit des tonneaux de vin qu’on éventrait et des chants joyeux atteignaient leurs oreilles. Inutile de dire que l'un comme l'autre s'en fichaient royalement...

Juste avant d’ouvrir la portière, le baron lança sa flèche du parthe.


Mais peut-être l’avenir de ta fille ne t’intéresse-t-il même pas ?

Sortant du carrosse comme un vent de tempête, le baron ordonna d’un ton sec à Valkor de veiller à ce que tout soit prêt pour le banquet du soir et mis le cap sur son bureau. Il avait besoin d’être seul pour taper un peu sur les murs afin de se calmer.
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MessageSujet: Re: Une nouvelle dynastie   Une nouvelle dynastie I_icon_minitimeMar 9 Aoû 2011 - 11:51

    Quel était ce geste ? Les prémices d’une gifle qu’il s’était retenu de lui mettre ? Heureusement qu’il avait eut l’intelligence de rebaisser son bras sans quoi il aurait amèrement regretté son geste. Elle n’était peut-être pas aussi forte que lui, mais elle ne se démonterait pas devant ce tas de muscle en colère. Et voilà que maintenant il la bassinait avec ces histoires à dormir debout. Quel besoin avaient-ils d’impressionner le peuple ? Depuis qu’il avait été nommé régent, ils n’avaient connus aucun trouble majeur, la population ne leur avait jamais été hostile, d’ailleurs Jena appréciait toujours d’aller se promener sur les marchés certains jours ou elle n’avait pas trop de travail à la citadelle.
    Les gens étaient courtois, ravis même de la croiser. Jamais aucune marque d’agressivité ou de mécontentement. Certes il y avait bien eut quelques commerçants qui avaient profité de son passage pour demander une faveur ou régler un litige. Elle s’était alors empressée de faire de son mieux, ou de faire elle-même remonter l’information à son époux.
    Non, Jena restait catégorique, ils n’avaient nul besoin de ce décorum et de ce faste. Elle aurait même préféré faire le tour de la ville à cheval ou même à pieds, plutôt que d’attirer tous les regards sur cet énorme carrosse aux dorures impeccables.

    Après tout s’ils avaient plu au peuple, peut-être que c’était simplement parce qu’ils venaient d’un monde comme le leur, simple, sans protocole. Ils n’étaient pas nés une cuillère d’argent dans la bouche, aussi les habitants d’Alonna s’étaient reconnus dans leurs nouveaux dirigeants… traverser la ville dans ce carrosse avec cette scintillante couronne sur la tête, c’était creusé un fossé entre eux et le peuple. Et cela Jena ne l’appréciait guère.

    L’ordre de son époux la fit grincer des dents. Que croyait-il ? Qu’elle se serait conduite comme une idiote ? Décidemment il la connaissait bien mal. Elle n’était du genre à faire des esclandres en plein milieu d’une foule de danseurs, ni même à éviter un bal juste parce que Monsieur avait du mal à accepter les critiques et qu’ils venaient de s’engueuler pendant tout le temps qu’avait duré la parade.
    Alors que la porte s’ouvrait elle s’apprêtait à répliquer mais il lui décocha une phrase vicieuse, juste dites pour lui faire de la peine car il savait qu’elle ferait mouche. Une fois dehors il fonça droit dans la citadelle sans un regard en arrière et tant mieux. Qu’il aille s’enfermer dans son fichu bureau, elle ne voulait plus le voir.

    Clarys la suivit presque au pas de course en serrant toujours Liliana dans ses bras. Valkor s’inclina devant le passage de sa baronne et il dut réceptionner la couronne qu’elle lui jeta presque dans les mains. C’était juste parce qu’elle avait beaucoup de valeur et qu’elle avait du demander beaucoup de travail à l’artisan, qu’elle ne l’avait pas jeté par terre.
    A son tour elle parcourut les couloirs, fulminante de rage avant d’entrer dans un petit boudoir près de leur appartement. La demoiselle de compagnie s’installa sur un fauteuil et regarda Jena faire les cent pas devant elle tandis qu’elle enlevait ses gants et le manteau qu’elle portait.


    - Il m’ordonne ! Il m’ordonne !… mais pour qui me prend-il ? Pour l’un de ses lieutenants ? Je sais encore comment me tenir, je n’ai pas besoin qu’il me l’ordonne…S’il croit que c’est comme ça qu’il me fera venir à ce stupide banquet …
    - N’oublie pas que tu lui as juré obéissance le jour de votre mariage…

    Ah ben tiens ! Et c’est avec ce genre de phrase que Clarys espérait calmer sa maîtresse ? Au regard noir et menaçant qu’elle reçut en réponse, la jeune femme se tassa un peu plus sur le fauteuil, calant le bébé un peu plus haut comme pour rappeler à Jena qu’en cas d’agression elle tenait sa fille !
    D’ailleurs en deux enjambées la jeune mère fut devant elle et lui prit l’enfant des mains pour la bercer à son tour.


    - Sors de cette pièce. Tout de suite.
    - Mais enfin Jena, il n’a pas tord tu sais…et puis pour…pour…Liliana… il…
    - DEHORS.

    Bizarrement Clarys se jeta aussitôt sur la porte pour quitter la pièce. Liliana s’était mise à pleurer dans les bras de sa mère, mais quelques câlins et poutoux la calmèrent bien vite. Ce qui était loin d’être le cas de sa mère. Pourquoi la prenait-on pour une gamine capricieuse et stupide ? Elle connaissait ses devoirs et jusqu’à présent, elle n’avait jamais faillit.
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MessageSujet: Re: Une nouvelle dynastie   Une nouvelle dynastie I_icon_minitimeMar 9 Aoû 2011 - 12:32

NOM DE D…

Le baron d’Alonna venait de se rendre compte que frapper un mur de toutes ses forces sous le coup de la colère est une mauvaise idée. Se tenant la main, il sautillait sur place en utilisant un vocabulaire qui aurait fait blêmir un sergent de corps de garde. Entre son poing et le mur, son poing avait du déclarer ko par forfait. Bon sang, ce que cela pouvait faire mal ! Mais au moins la douleur lui permettait d’évacuer la colère qui bouillonnait en lui.

Ce n’était pas la première fois que quelqu’un lui tenait tête, et jamais auparavant Hanegard n’en avait conçu une telle frustration. Peut être parce que cette fois le coup venait de près, parce que jamais il n’aurait cru que Jena, sa Jena, puisse agir ainsi envers lui. Par les Cinq Dieux, que lui avait-il donc fait pour qu’elle réagisse aussi haineusement ? N’agissait-il pas d’habitude avec toute la douceur et la prévenance possible ? Pouvait-elle lui reprocher une seule seconde d’inattention ?

Bon, il fallait être honnête, ses tournées d’inspections le long de la frontière l’obligeaient parfois à laisser Jena seule à la citadelle. Mais elle devait comprendre pourquoi il agissait ainsi, non ? Ce n’était pas par plaisir mais par nécessité… s’il pouvait rester tout le temps en sa compagnie, bien sur qu’il le ferait. Alors qu’il s’asseyait pesamment dans un fauteuil, il se rappela une citation lue quelques jours plus tôt dans un ouvrage soi-disant philosophique.

« Il est malaisé qu’amour et peur cohabitent, et si l’un de ces deux sentiments venait à manquer, il vaut mieux être craint qu’être aimé. ».

Tout en massant son poing durement meurtri, le baron ricana en se disant que si une telle doctrine n’était pas dénuée de valeur dans le domaine politique, elle restait complètement stupide et destructrice dans le domaine conjugal. Un coup discret frappé à la porte le tira de ses sombres réflexions. Un serviteur entra et s’inclina, lui expliquant que le banquet donné en l’honneur de son couronnement ne tarderait plus à débuter.


Je viens, grommela-t-il.

Ce banquet le faisait doucement déféquer désormais. Déjà qu’à la base ce genre de festins interminables où il lui fallait rester sous le feu de dizaines de paires d’yeux attentifs l’agaçaient, l’idée de devoir passer la soirée aux côtés de Jena tout en jouant le jeu du couple heureux, très peu pour lui ! Pestant tout ce qu’il savait, Hanegard se changea, ses habits du matin étant irrémédiablement imprégné de l’odeur de la cotte de maille.

Une fois vêtu d’un pourpoint ocre et de chausses bordeaux, le baron prit la direction de la salle du banquet. Mais son estomac noué lui promettait une soirée désastreuse.
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MessageSujet: Re: Une nouvelle dynastie   Une nouvelle dynastie I_icon_minitimeMar 9 Aoû 2011 - 14:25

    A peine quelques minutes s’étaient écoulées lorsqu’on vint frapper à la porte. Pensant qu’il s’agissait de Clarys, Jena tourna le dos à l’entrée et perdit son regard dans la contemplation du mur en face d’elle. Bien évidemment ce n’était pas sa demoiselle de compagnie, elle devait avoir compris que son intérêt actuel était de se terrer au fond d’un trou pour une période indéterminée. Une domestique s’avança dans la pièce sans même se douter de l’état de nerf dans lequel était sa Baronne. Innocemment elle lui annonça qu’elle venait lui présenter les trois robes de bal que lui avaient préparé les couturières, et qu’elle pouvait dès à présent choisir celle qu’elle souhaitait porter afin qu’elle l’aide à se changer.
    Poussant un long soupir, Jena se tourna et contempla le travail de ses petites fées. Chacune des trois robes étaient magnifiques, taillée dans les plus belles étoffes, les plus brillantes aussi.

    A un autre moment Jena aurait protesté devant tant d’ostentation, elle aurait largement préféré garder la robe qu’elle portait maintenant, mais puisque son mari lui ordonnait de lui faire honneur durant le banquet, elle allait s’en donner à cœur joie.
    L’une des robes attira plus particulièrement son attention. Elle était faite dans un tissu qui rappelait la soie, d’une couleur orangé, presque dorée. Caressant agréable ses courbes, Jena prit plaisir à la mettre tant le contact du tissu était doux. Elle ressemblait à ses robes que portaient les Dames du Sud, mais elle avait été adaptée à la rigueur du climat du Nord, car une petite capeline de laine sombre complétée sa tenue.
    Cette robe aurait largement pu apaiser sa colère et la calmer totalement si elle n’avait pas su d’avance qu’elle allait devoir rejoindre Hanegard. Rien de tel pour lui plomber à nouveau le moral.

    Assise sur une chaise, elle laissa la servante coiffer sa lourde chevelure brune. De longues et soyeuses boucles venaient encadrer son visage et tomber dans son dos, tandis que de petites perles dorées parsemées le reste de sa chevelure et de sa coiffure alambiquée. C’est à ce moment que Valkor vint en personne lui dire que tout était près, que les convives n’attendaient plus qu’elle et son époux. La nourrice, qui avait suivit l’intendant, se chargea de prendre la petite Liliana dans ses bras et de l’entraîner hors de la pièce. Probablement pour aller la coucher, quoi que n’étant au courant de rien, elle pouvait tout aussi bien être en train d’amener sa fille dans les cuisines pour la poser sur un plateau d’argent afin qu’elle soit présentée aux nobliaux lors du repas.
    Sans même un regard dans la psyché, Jena quitta la chambre, sentant sa mauvaise humeur revenir à chaque pas qu’elle faisait. Toujours le même escalier, toujours les mêmes marches, et en bas, son époux, faisant les cent pas, visiblement dans un état aussi critique qu’elle.

    Jouer les épouses parfaites devant tout Alonna ne l’amusait guère, si elle s’était forcée c’était seulement….pour lui. Mais ça elle ne le lui dirait sûrement pas, ça lui aurait fait trop plaisir.


    - Allons-y, qu’on en finisse, lâcha-t-elle sans un sourire.

    Lorsqu’elle tourna son regard vers lui, elle vit son poing, bandé à la va-vite et sa mine renfrognée. Il s’était fait mal….et bizarrement cela lui faisait également mal. Elle aurait voulu être au petit soin avec lui, comme d’habitude. Mais là elle s’efforçait de garder le plus de distance possible, du moins, jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus faire autrement.

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MessageSujet: Re: Une nouvelle dynastie   Une nouvelle dynastie I_icon_minitimeMar 9 Aoû 2011 - 14:57

Le banquet fut une véritable réussite.

Les cuisiniers de la citadelle s’étaient de nouveau surpassés, et les plats se succédaient, tous plus gouteux les uns que les autres. D’un œil distrait, le baron vit un serviteur apporter un cygne magnifiquement reconstitué et l’ouvrir d’un coup habile de sa lame, laissant les colombes qui s’y cachaient prendre leur envol sous les applaudissements des convives. Bien sur, lui aussi applaudit à tout rompre en souriant, mais dans sa poitrine son cœur était de plomb.

Les jongleurs et troubadours eux aussi donnaient un spectacle saisissant. Des contorsionnistes réalisaient des acrobaties incroyables, des jongleurs inséraient parfois des éléments du repas dans leurs spectacles, des cracheurs de feu déclenchaient des exclamations admiratives ou émerveillées à chacune de leurs prouesses. Mais si le baron les félicitait, vantant haut et fort leurs mérites à ses invités, lui-même n’y prenait aucun plaisir.

Il buvait par contre. Beaucoup. Trop, sans doute. Hanegard pourtant ne se saoulait jamais, habitude prise en temps de conflit lorsque l’ennemi peut vous surprendre à toute heure du jour ou de la nuit. Ce soir là pourtant, les vins locaux comme les grands crus de Hautval se succédaient dans son verre à un rythme effréné, au grand étonnement de ses plus proches fidèles qui connaissaient sa sobriété coutumière. Il buvait pour oublier le poing de glace qui l’étreignait au plus profond de son être.

Dans la salle, bien d’autres commençaient à être… égayés… pour utiliser un terme poli désignant les effets de l’alcool. Si au début du banquet le niveau sonore ne dépassait pas les normes de l’acceptable, comme bien souvent dans ce genre de cas les voix montaient au fur et à mesure que les verres descendaient. Beaucoup d’hommes avaient l’alcool gai, mais pas le baron, et surtout pas ce soir là. Plus il buvait, et plus son visage se renfrognait, plus son humeur se faisait sombre et morose.

Il n’osait pas regarder Jena, assise à côté de lui, pas après ce qui venait de se passer dans le carrosse. Alors il buvait, dans le secret espoir que l’alcool l’aiderait à croire que tout cela n’était qu’un mauvais rêve, qu’il allait se réveiller le matin même dans son lit, avec sa chère épouse endormie dans ses bras. La déesse de l’illusion est une déesse commode à défaut d’être utile, mais ce soir là elle se refusait à lui, et ce malgré toutes ses tentatives.

Les bruits du dehors indiquaient que les festivités se déroulaient au mieux dans la ville, et que les Alonniens fêtaient eux aussi l’arrivée des Kastelord au pouvoir avec force ripailles. Non, décidément, tout semblait lui sourire et cette journée aurait du être un moment glorieux. Hélas, la seule personne avec laquelle il lui aurait plu de partager ce moment était désormais séparée de lui par un mur de ressentiment qui se dressait menaçant au dessus de leurs têtes.

Se levant pesamment, l’œil trouble, le baron jeta un regard morne autour de lui et salua une dernière fois ses invités… ou du moins ceux qui ne ronflaient pas encore au milieu des reliefs de nourriture, puis se retira dans son cabinet de travail comme Achille sous sa tente. Il n’osait pas se rendre dans la chambre à coucher, Jena devait s’y trouver et que pourrait-il lui dire ? Le valet qui l’avait accompagné jeta un regard réprobateur au pourpoint taché de vin et demanda :


Monseigneur a-t-il besoin de mon aide ?
Non, laissez-moi, j’ai du travail.

Une fois seul, Hanegard s’effondra dans un fauteuil, cachant son visage dans ses mains rendues tremblantes par l’alcool. Son estomac se rebellant, il n’eut que le temps de se ruer aux toilettes pour y dégobiller tripes et boyaux dans de grands renvois bruyants. Foutue soirée décidément !
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MessageSujet: Re: Une nouvelle dynastie   Une nouvelle dynastie I_icon_minitimeMar 9 Aoû 2011 - 18:12

    Quelle horreur. Cette soirée avait beau être une réussite, parfaite en tout point, elle n'en restait pas moins une torture pour Jena. Devoir sourire, répondre aux compliments, discuter avec untel le tout sans adresser le moindre regard à son époux. Au début de la soirée, ce mur de silence entre eux lui pesait lourd sur les épaules, mais au fil des heures et des verres qu'il enchainait, elle devenait bien moins bienvaillante à son égard. Lui qui avait vu en elle une gamine quelques heures plus tôt, voici qu'il se comportait maintenant comme un ivrogne. C'était insupportable, pourtant il fallait bien qu'elle continue à sourire alors que lui se renfrognait à chaque gorgée.
    Et quelle honte lorsqu'il levait son verre pour féliciter l'acrobate ou le musicien qui venait de faire son petit numéro devant eux. Elle ne l'avait jamais vu ainsi...lorsqu'il se leva enfin, vacillant comme seul un homme saoul savait le faire, Jena détourna les yeux et se concentra davantage sur la conversation qu'elle avait avec la Dame assise à ses côtés et dont elle ignorait le nom. Hanegard partit, Jena s'excusa bientôt à son tour et quitta la pièce, suivit de près par une Clarys bien silencieuse. Lorsqu'elle fut entrée dans la chambre Jena retira rageusement sa capeline de laine qu'elle envoya voler à l'autre bout de la pièce.


    - Il m'ordonne de me tenir comme il faut, avec toute la distinction qui s'impose et lui...il boit...As-tu vu comme il vacillait en quittant la salle ? C'était humiliant...

    Clarys s'approcha du berceau dans lequel dormait paisiblement la petite Liliana. L'épisode de l'après midi lui avait au moins appris à ne pas répondre à Jena lorsqu'elle était dans cet état. Elle ne voulait pas risquer d'envenimer davantage la situation.
    Jena se dirigea vers sa coiffeuse et retira elle même un par un les bijoux qu'elle portait, puis entreprit de défaire ses cheveux.


    - Ferme les portes à clés. Surtout celle qui mène à son bureau. Je ne veux pas d'un ivrogne dans mon lit.

    Poussant un soupir à fendre l'âme, toute colère envolée, Jena se pencha pour embrasser sa fille puis gagna son lit épuisée par cette horrible journée. Peut-être que demain le soleil brillerait à nouveau et réchaufferait leur coeur de glace. Pour l'heure elle voulait plus le voir.
****
    Au petit matin, Liliana fit entendre sa petite voix ce qui tira aussitôt sa mère du lit. Celle-ci prit sa fille dans ses bras et la berça contre son épaule en marchant lentement dans la chambre. La petite fille du couple baronnial avait déjà bien grandit. Ses petits bras potelés s'étaient légèrement allongés, ses cheveux bruns avaient poussés et s'étaient épaissis, ses grands yeux avaient gardé leur couleur bleu ciel et ses petites jambes s'agitaient frénétiquement lorsqu'on la portait à bout de bras pour jouer avec elle.
    Le rayon de soleil que Jena avait espéré la veille en se couchant n'était autre que le beau sourire que lui adressa sa fille.
    Elle aimait tant s'occuper d'elle, passer du temps avec elle. Même la regarder dormir lui procurer un plaisir indiscible. Et pourtant cette merveilleuse petite fille, elle ne l'avait pas faite toute seule... Son père devait être en train de se trainer une épouvantable migraine au vue de son état d'ébriété la veille.

    Après un léger soupir, Jena s'habilla et quitta la chambre, sa fille dans ses bras. Lorsque Valkor la vit s'approcher des cuisines il se précipita vers elle pour l'empêcher d'avancer, mais un regard suffit à le faire taire.
    Doucement elle lui mit Liliana dans les bras malgré ses protestations, puis elle s'activa dans les cuisines sous les regards médusés des domestiques. Lorsqu'elle eut préparée un petit plateau avec quelques restes de la veille et une tisane à base de plante pour calmer les maux de tête, Jena repartit avec ce plateau suivit de près par Valkor et sa fille.

    Durant le trajet, pas un mot ne fut échanger, Valkor devait sûrement réfléchir à un nouveau plan pour empêcher la Baronne de pénétrer à nouveau dans ses cuisines, tandis qu'elle, elle espérait ne pas se retrouver face à un Hanegard trop agressif. Elle n'était pas suffisamment calmée pour réussir à prendre sur elle. Déjà que ramasser à la petite cuillère son époux le lendemain d'une cuite ne l'enchantait guère, elle n'allait pas non plus se laisser insulter une nouvelle fois.
    Rentrant dans le bureau sans frapper pour ne pas indisposer son époux par les coups frappés, Jena le découvrit, affalé sur le sofa dans un coin de la pièce. Le coeur serrait par le spectacle qu'il offrait, elle traversa la pièce et posa le plateau sur le bureau. Puis revenant à la porte, elle récupéra sa fille des bras de Valkor et le laissa repartir aux cuisines.

    Sans un mot, Jena s'installa sur l'un des fauteuils faisant face au bureau, sa fille sur ses genoux. Elle prit le biberon posé sur le plateau et l'approcha du petit être affamé qui tendait ses petites mains pour hâter sa mère.
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MessageSujet: Re: Une nouvelle dynastie   Une nouvelle dynastie I_icon_minitimeMer 10 Aoû 2011 - 7:37

Plus jamais une goutte d’alcool, se jura Hanegard en se réveillant. Plus jamais ! Il se sentait un peu comme un vieux chiffon que l’on aurait laissé tremper dans un caniveau empli de vomi et ce pendant plusieurs mois. Son estomac lui renvoyait des bouffées aigres dans la gorge et il avait l’impression qu’on lui enfonçait une dague chauffée au blanc dans le crâne. Pire que tout, il se souvenait parfaitement pourquoi il avait bu, preuve que toute la bibine ingurgitée l’avait été en vain.

Le souvenir de sa prise de bec avec Jena la veille restait bien vivace dans son esprit… de fait il s’agissait du seul souvenir vivace, le reste nageant dans une sorte de stupeur alcoolique. Assis au bord du canapé, le baron pria les dieux, n’importes lesquels d’ailleurs, de bien vouloir abréger ses souffrances. Bon sang, comment pouvait-on se sentir aussi mal ? Plissant les yeux pour essayer d’accommoder sa vision, il lâcha un juron à voix basse contre les rayons du soleil qui l’aveuglaient.

Du coin de l’œil, il vit qu’un plateau reposait sur la table, un plateau sur lequel se trouvaient des reliefs du repas de la veille et une tisane. Trop barbouillé pour seulement envisager de manger, le baron se demanda s’il pourrait se forcer à boire un peu. Qui avait pu lui laisser cela là ? Un serviteur sans doute ? Non, le plateau aurait alors été posé sur la petite table le long du mur et non pas sur son bureau. Seule sa femme agissait ainsi d’habitude, mais que Jena pense à lui était bien la dernière chose à laquelle il s’y attendait.

La colère qu’il ressentait la veille s’était calmée, remplacée par un terrible sentiment de regret et de gâchis. Hanegard tenta mentalement de reconstituer les événements et de comprendre comment ils avaient pu en arriver là tous les deux, mais la migraine atroce qui lui vrillait le crâne ne l’aidait guère en cela. Bon sang, il lui fallait de l’air frais, il fallait qu’il mette un peu de distance pour se ressaisir et laisser retomber la pression.

Oui, de la distance ! Plus il y réfléchissait, enfin disons plutôt plus son cerveau embrumé triait les données à sa disposition, plus il se disait que mieux valait qu’il quitte la citadelle quelques jours. De toute façon il ne se sentait pas de rester avec Jena. Une parole malheureuse de part ou d’autres risquait de remettre le feu aux poudres. Faisant l’effort de s’asseoir, il parcourut la pièce du regard et y trouva…

Jena…

Sa femme, assise dans un fauteuil, donnait le biberon à leur adorable petite fille. En les voyant toutes les deux, le cœur du baron se serra. Il aimait sa femme, il aimait sa fille, cela il le savait et rien ni personne ne pourrait jamais y changer quoi que ce soit. Mais après les paroles échangées la veille, il se sentait presque comme un étranger vis-à-vis de Jena, il ne savait plus comment réagir. D’une voix rendue pâteuse par la cuite de la veille, il marmonna :


Oh… bonjour Jena.

Ouah, quelle entrée en matière fabuleuse ! Voilà une déclaration qui restera dans les annales d’Alonna. Faites-moi penser à la graver en lettres d’or sur ma porte que les générations à venir s’extasient sans fin devant la profondeur de ses mots. Mais bon dieu, que dire ? Il se sentait gauche et n’arrivait pas à expliquer ce qu’il ressentait. De fait il ne savait pas exactement qu’en penser lui-même. Trop de choses tournaient en rond dans sa tête, trop de pensées contradictoires se bousculaient.

Une jeune mère qui donne la tétée à sa fille sous le regard attendri de son mari, voilà ce que cette scène aurait du être. Mais non. Les deux époux se fixaient du regard, se jaugeant, comme cherchant à lire dans leur conjoint des réponses aux questions qui les tarabustaient. Prenant la tasse de tisane, le baron murmura d’une voix douce :


Merci.
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MessageSujet: Re: Une nouvelle dynastie   Une nouvelle dynastie I_icon_minitimeMer 10 Aoû 2011 - 8:38

    Ce fut lorsque sa fille eut bien entamée son biberon – presque fini même – que le père décida de quitter enfin les bras de Morphée en grognant. Son mal de tête devait vraiment le faire souffrir car il mit bien une dizaine de minute avant de se redresser et de s’asseoir sur le canapé. Là encore il mit une poignée de minute avant de se rendre compte de sa présence. En même temps, Jena restait silencieuse, les yeux rivés sur ceux de sa fille qui buvait goulûment le contenu de son biberon. Il finit par la saluer et elle sentit dans sa voix l’étonnement de la trouver dans son bureau. Peut-être avait-il cru qu’elle ferait encore sa ‘gamine’ en s’enfermant dans leur chambre toute la journée, ou qu’elle se serait aussitôt retirée au fin fond de la citadelle pour ne surtout pas être vu.
    Lorsque son regard glissa sur Hanegard, Jena sentit son cœur se serrer. Il avait vraiment une tête de déterré avec ses cheveux hirsutes, son début de barbe et ses yeux rouges. Il devait vraiment avoir passé une mauvaise nuit. A cette seule pensée son cœur se durcit et elle baissa les yeux vers Liliana, le visage fermé. Si elle était venue dans son bureau ce matin c’était parce qu’elle s’y sentait tenue par les vœux qu’elle avait prononcé. Elle était persuadée que passer la matinée à l’éviter lui aurait attiré les reproches de Clarys et de Valkor, voire même d’autres personnes que leurs problèmes ne regardaient absolument pas mais qui n’auraient pu s’empêcher de mettre leur grain de sel.
    Avoir encore l’image d’une mauvaise épouse sur le dos ne l’enchantait pas, alors autant passer outre sa fierté quelques minutes pour prouver à tout le monde qu’elle pouvait s’occuper de son époux le lendemain d’une cuite magistrale.

    Lentement, il se leva et prit sur le plateau la tasse de tisane qui l’attendait. Il eut la présence d’esprit de prendre le chemin le plus long pour accéder à son bureau, c'est-à-dire celui qui l’éloignait le plus d’elle. Bien qu’elle l’aimait de tout son cœur, elle n’aurait probablement pas supporté le moindre contact. Dans l’état actuel des choses, ils s’étaient trop dits de chose la veille pour que ce mur entre eux cède avec les premiers rayons de soleil.


    - Bois là d’un trait, elle a vraiment très mauvais goût.

    Une simple recommandation, comme elle l’avait fait autrefois avec son père, lorsqu’elle le relevait ivre mort dans l’arrière boutique de son magasin. Cette comparaison ne l’aida en rien à oublier sa rancœur, se fut presque le contraire. Mais aujourd’hui elle ne sentait plus la colère bouillir en elle. Etait-ce un signe positif pour la suite de la journée ? Elle n’aurait parié là-dessus.
    Lorsque Liliana eut terminée son biberon, Jena la redressa et l’appuya contre son épaule, attendant que le fameux petit rot de bébé clôture le déjeuner de sa fille. La petite jouait avec les cheveux de sa mère tout en poussant de petits gazouillis.

    Un tel moment aurait du être remplis de sourire, de baisers et de gestes affectueux, au lieu de quoi, chacun tirait une tête à faire fuir le plus redoutable des adversaires. Et ce silence devenait si pesant entre eux que Jena finit par se lever.


    - Si tu as besoin de la présence de ton épouse aujourd’hui, tu me trouveras dans le salon en compagnie de quelques Dames. Elles sont visiblement toutes impatientes de me montrer leurs points de croix.

    Wouah ! La journée s’annonçait palpitante. Dire qu’elle avait horreur de la couture était un doux euphémisme. Elle aurait largement préféré une balade à cheval ou un tour dans les jardins. Mais le temps sec et froid n’était pas du goût des Dames d’Alonna. Ces petites natures préféraient suer près du feu à broder toute la journée et à discourir sur tout un tas de sujets futiles, plutôt que de sortir s’aérer ou même se rendre utile.
    Couvrant sa fille de la petite couverture de laine qu’elle avait emporté, Jena tourna le dos à Hanegard avant de se diriger vers la porte menant à leur chambre.
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MessageSujet: Re: Une nouvelle dynastie   Une nouvelle dynastie I_icon_minitimeMer 10 Aoû 2011 - 10:13

Ça, il fallait l’admettre, la tisane avait vraiment mauvais goût, et il s’agit là d’un doux euphémisme. S’agissait-il vraiment d’un médicament où d’un châtiment sadique inventé par les épouses pour punir leurs époux après leurs nuits de débauches alcooliques ? Dans d’autres circonstances, le baron en aurait fait la remarque en riant, avant de couvrir sa femme de baisers. Mais là il se contenta de l’avaler en grimaçant tandis que Jena quittait la pièce avec Liliana pour aller mener une activité passionnante… le point de croix !

Hanegard se fit la réflexion qu’il devait là s’agir d’une torture inventée par des matrones afin d’occuper les demoiselles et de leur faire payer leur jeunesse et leur beauté. Il savait à quel point sa femme adorait la couture (sic), fallait-il qu’elle soit désireuse de ne surtout pas le voir pour se résoudre à y passer une journée.

Une fois resté seul, le baron parcourut d’un œil distrait les missives qui s’entassaient sur son bureau, plus pour se changer les idées qu’autre chose d’ailleurs. Si les premières ne contenaient que des rapports divers sur l’état des réserves pour l’hiver et les derniers forages près de Lodiaker, une lettre attira son attention et il la relut deux fois afin d’être bien sur de son contenu. En temps normal, une telle missive n’aurait pas été bien passionnante, juste source d’ennuis, mais là…

Bénissant le dieu qui lui permettait de trouver une excuse à une absence, Hanegard quitta d’un pas pressé son cabinet en ordonnant à un page de faire seller son cheval et de prévenir sa garde de se tenir prête à l’escorter.

Le passage par les bains lui fit du bien, le baron alternant entre le bain glacé et le bain bouillonnant, remède violent mais fort efficace contre les maux de tête. Cela lui donnait la vague impression de se sentir propre, sentiment qui depuis la veille au soir le fuyait avec acharnement. La phase de rasage fut moins réussie, se passer un coupe chou sur le visage avec des mains tremblantes ne pouvant aboutir qu’à un seul résultat. Mais bon, la plupart des coupures arrêtèrent de saigner après quelques minutes.

Ses vêtements tachés de vin et de vomi furent échangés contre une nouvelle tenue turquoise, et ce fut un baron à peu près présentable qui parcourut les couloirs de la citadelle. Un observateur attentif aurait toutefois pu remarquer que le sourire restait crispé et le regard trouble. Il retrouva Jena dans un salon, en compagnie de plusieurs jeunes damoiselles et de leurs douairières, dans une ambiance joyeuse et légère. Les blagues coquines et les histoires bien juteuses sur les mœurs des joueurs du stade toulousain dans les douches des vestiaires s’échangeaient et…

Non je blague.

L’ambiance était à peu près la même que dans une compétition de curling ou une émission littéraire. Pas de doute, la baronne agissait en baronne… sobre, sévère et digne. Tout du moins à l’extérieur, car Hanegard connaissait assez bien sa femme pour deviner qu’elle devait être à deux doigts de hurler et de faire avaler leurs points de croix à ses invitées.

S’avançant un peu dans la pièce, Hanegard prit la parole :


Je viens de recevoir une nouvelle concernant une querelle inquiétante entre deux nobles vivant près de Rodem et qui en appellent à mon arbitrage. Je serai absent quelques jours.

Hanegard n’osa pas venir embrasser sa femme pour lui souhaiter au revoir, ne sachant pas trop comment elle allait réagir mais craignant que ce ne soit brutalement.
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Jena Kastelord
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MessageSujet: Re: Une nouvelle dynastie   Une nouvelle dynastie I_icon_minitimeMer 10 Aoû 2011 - 12:07

    Par les dieux, comme ça lui démangeait d’envoyer valdinguer tout son nécessaire à couture par la fenêtre. Le grand salon lui semblait minuscule, pourtant il n’y avait que cinq femmes en plus d’elle. Chacune avait son mot à dire et son avis à donner sur la technique un brin hasardeuse de la Baronne. Même lorsqu’elle était jeune, Jena n’avait jamais su se concentrer sur sa broderie plus d’une heure. Il lui devenait vite insupportable de passer une aiguille à travers son tambour de bois, d’autant plus que les dessins qu’elle s’évertuait à faire ne ressemblait généralement à rien.
    Pourtant ce matin, malgré son humeur maussade, elle appréciait la compagnie des Dames de la Cour d’Alonna. Elles étaient comme toute Dame de cour qui se respecte. Bien élevées, toutes d’une politesse irréprochable, toutes tirées aux quatre épingles et souriantes, elles étaient réellement plaisantes. Seul ombre au tableau, c’est que chacun d’entre elle était pire qu’une concierge d’immeuble parisien… Chacune colportant son lot de ragots.


    - On dit que Dame Inès est encore enceinte.
    - J’en suis heureuse pour elle, murmura Jena en portant à ses lèvres une tasse de thé.
    - Vous le serez moins pour son mari…car ce n’est sûrement pas le père de l’enfant !
    - Oh…
    - C’est tout ce que vous trouvez à dire ? Moi je trouve ça scandaleux, j’espère qu’elle n’aura pas l’audace de se montrer devant vous. Vous imaginez, qu’elle ose se présenter devant une Dame aussi respectable que vous ! Ce serait un comble !
    - Dame Caterine a raison, ce serait une honte que cette femme reparaisse devant vous, vous qui incarnez à Alonna l’image d’une épouse aimante et fidèle.

    Et hop, voilà comment lui faire avaler sa gorgée de thé de travers…Sous le coup, elle en avait même renversé le reste de sa tasse sur cette fameuse Dame Caterine, qui s’excusa platement de s’être trouvée là. Alors qu’elle essayait de masquer sa gêne derrière un rire amusé et une légère quinte de toux, Jena s’empressa d’aider son invitée à essuyer la tâche qu’elle venait de lui faire.
    A cet instant entra Hanegard. Presque aussitôt son sourire s’envola. Bien qu’il ait une bien meilleure tête que le matin même, son regard était toujours aussi sombre.

    Partir ? Quelques jours ? Ce n’était pas une si mauvaise idée bien que la seule pensée de se séparer en laissant cette distance entre eux lui était insupportable. Les cinq Dames assises près d’elle la regardait, attendant visiblement qu’elle agisse comme ‘ l’épouse aimante et fidèle’ qu’elles imaginaient. Avalant une nouvelle fois (peut-être celle de trop d’ailleurs) sa fierté et sa rancœur pour faire bonne figure devant tout ce petit monde, Jena se leva et franchit les quelques pas qui la séparait de son époux.


    - Reviens moi vite, murmura-t-elle.

    Se dressant sur la pointe des pieds comme elle avait l’habitude de le faire chaque fois qu’elle voulait l’embrasser, elle déposa un rapide baiser sur sa joue puis croisant son regard, elle s’écarta et fit un effort presque surhumain pour ne pas éclater en sanglot.


    - Veuillez m’excuser, je vais voir si ma fille n’a pas besoin de moi. Je reviens tout de suite.

    Sur cette excuse bidon, elle quitta la pièce et laissa couler les larmes qu’elle ne pouvait plus retenir, pendant que les cinq femmes se levaient pour la saluer d’une révérence. En être arrivé au point que son époux se sente obligé de quitter la citadelle pendant plusieurs jours….c’était plus douloureux qu’elle n’aurait pu l’imaginer, et encore moins supportable devant toutes ses dames persuadées qu’elle était une parfaite épouse.
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