[Terminé] La taverne du Ménestrel 2 [Libre !]

Becky Driknok du clan Mbrazok, surnommée la "Patronne" ou la "Tornade" pour son incroyable rapidité et agilité mais aussi son caractère très vif.
Fille du Tenancier de la Taverne du Ménestrel, Chef cuisinière, Serveuse.
39 ans (une adulte de plus ou moins 20 ans d'apparence physique)
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Akmar avait conduit Tom à l’intérieur de la Taverne, peu occupée à cette heure. Celui-ci lui demanda d’une voix faible où ils se trouvaient.

« On est à Lantes mon gars, à la taverne du Ménestrel, la plus réputée des environs ! »

Il l’aida à s’asseoir à une table vide. Il n’y avait personne au comptoir et il dut appeler à travers la tenture menant à la cuisine.

« Oh là patronne ?! C’est Akmar ! J’t’amène ta commande, ainsi qu’un nouveau client !

Il fallut une ou deux bonnes minutes avant de voir apparaitre une jeune naine à peine adulte un plateau à la main.

« Ah ! Akmar ! Quel bon vent ! Combien de tonneau tu m’apportes ? »

« Deux ! »

« Seulement ?! … Oooh.

« Mais j’te garantie qu’c’est les meilleurs !... Sois pas déçue p’tite Becky, c’est tout c’que j’ai pu faire avec les terres qu’on m’a donné. Mais à la prochaine moisson j’te garanti le triple ! »

« C’est pas grave, les autres fournisseurs auront bien un p’tit quelque chose eux aussi, mais ça va être dur de passer l’hivers avec si peu, on courre à la famine ! »

« T’inquiètes don’ pas, j’parie que tu vas pouvoir gérer ça très bien !

« Mouai, on verra… Et le nouveau client ? »

« Ch’ai pas, un type qu’j’ai rencontré su’ la route, pas très frais, l’avait dû beaucoup marcher, mais ch’pas d’où qu’y vient. Donne lui don’ d’quoi manger, s’il a pas d’quoi payer, tu l’mettras sur ma note. »

« D’accord. »

« Bien. T’tracasse pas vas. J’te mets les tonneaux dans la cave comme d’hab, et j’passe dire le b’jour à ton père, t’occupes pas de moi. »

Alors que Tom repartait chercher un tonnelet dans sa charrette, Becky retourna à la cuisine pour servir un bon bol de ragoût (de quoi ? Là n’est pas la question…) qui était en train de mijoter tranquillement en attendant l’arriver des clients. Elle tira une chopine de bière et une autre d’hydromel puis retourna dans la salle. Quelqu’un pendant ce temps était venu s’accouder au comptoir. Il la héla :

« Ah ! Patronne, une autre h… »

Mais il n’eut pas le temps de finir sa phrase que déjà la chopine glissait sur le bois ciré, surprenant le Nain qui en écarquilla les yeux.

« Rapide !… Merci !»

Elle avait anticipée le coup, ça lui arrivait tellement souvent, elle avait bien compris qu’on n’allait pas à a cuisine sans ramener une certaine quantité de boissons supplémentaires pour anticiper les commandes.

Becky se dirigea à grands pas vers le nouveau client et lui déposa son repas.

« Voilà m’sieur, bienvenue à la taverne du Ménestrel ! Dites-moi vous ne m’êtes pas familier, d’où venez vous ainsi ? Auriez-vous par hasard des nouvelles de l’Extérieur de Lantes ? Reste-t-il des survivants de la colère de Moghar dans des villages lointains ? Pardon, je ne me suis pas présentée : j’m’appelle Becky Dricknok, j’suis la nouvelle patronne. »

Effectivement, c’était le cas depuis que sa mère avait été grièvement blessée par une attaque de brigands, alors qu’elle s’était portée volontaire pour porter des vivres à une caravane de réfugiés. Atteinte d’une flèche dans le poumon, il s’en était fallu de peu pour qu’on ne la croie pas morte sur le coup. Elle s’en était tirée par des soins tardifs mais bien effectués et restait depuis alitée, très faible, comateuse et presque paralysée. Son mari restait presque tout le temps à son chevet à présent, à la fois tellement soulagé qu’elle soit en vie et si triste de son sort…

La taverne du ménestrel... oui... ça lui revenait maintenant. Et la majestueuse Lante aussi... Enfin, majestueuse maintenant (quoi que peu en ruine!) car il se rappelait plutôt de la petite ville marchande de Lante où toutes les races confondues circulaient librement pour marchander et trouver les meilleures offres possibles. Alors que le paysan Akmar lui avait demandé d'aller chercher les tonneaux restés à l'extérieur, Tom eut un flash lorsqu'il fut près de la charrette. Il ne comprenait pas trop ce qui lui arrivait, mais à l'intérieur de son esprit, il en sentait un autre tout près qui se ''connectait'' au sien. Un flux de mémoire lui revint soudainement sans trop comprendre. Lante, les connaissances qu'il avait fait à Lante, le goût de la bière à la taverne du ménestrel et le souvenir même d'avoir déjà déchargé une charrette de bière dans le passé. Sans trop comprendre pourquoi, il se sentait un peu plus vigoureux que tout à l'heure. C'était un sentiment si spécial et c'était la première fois que ça lui arrivait de recevoir un flash comme celui-ci. Aucune magie ne pouvait l'expliquer, et de loin le fait d'en parler à Akmar faciliterait la discussion avec lui. C'est pourquoi il se contenta de garder cela secret et de rentrer à l'intérieur de la taverne en ne répondant que par une courte phrase exprimant bien des émotions que les nains vivaient couramment:

« J'ai faim! » murmura Tom, qui faussa un sourire en rentrant par la porte avant de la taverne, juste après avoir été porté le tonnelet dans la cave comme lui avait demandé Akmar.

Il esquissa un regard heureux mélangé de surprise vers le bol qui l'attendait aux côtés d'Akmar. C'était bien mieux ainsi de ne rien lui dire à propos du flash étrange et de reprendre des forces en savourant ce qui semblait être un délicieux ragoût. On dit bien délicieux car lorsque cela fait trop de temps que l'on mange de la viande crue ou des petits fruits sauvages pour survivre, tout ce qui se trouve sous notre nez et qui est chaud peut être considéré comme délicieux. Tom n'était pas un nain difficile, surtout en ces temps froids. Il se lécha les babines gelées par le froid mais, avant de plonger sa cuillère dans son bol de ragoût, la jeune patronne l'interpella:

« Voilà m’sieur, bienvenue à la taverne du Ménestrel ! Dites-moi vous ne m’êtes pas familier, d’où venez vous ainsi ? Auriez-vous par hasard des nouvelles de l’Extérieur de Lantes ? Reste-t-il des survivants de la colère de Mogar dans des villages lointains ? Pardon, je ne me suis pas présentée : j’m’appelle Becky Dricknok, j’suis la nouvelle patronne. »

Trop de questions à la fois! se dit-il. Il regarda longuement la jeune naine de la tête au pied en repensant à son flash. Elle lui disait quelque chose de familier, pourtant Tom ne l'avait jamais vue. Elle lui faisait penser à quelqu'un qui avait des traits familier avec celle qui s'occupait de la taverne à l'époque où son flash s'était produit. Sans trop considérer la patronne davantage, il répondit nerveusement avec un petit rire léger:

« Appelez moi Tom. Tom Phrax. Je... Je marche épuisé depuis... »

Depuis...? Depuis quoi? Depuis où? C'était difficile à définir. Il en était incertain lui-même. Exercer sa mémoire lorsqu’on n’en avait pas la force était difficile pour lui, mais il se concentra assez pour revoir des images clés en tête.

«Depuis Kirgan... répondit-il en regardant droit devant lui (alors qu'il n'y avait rien à voir), perdu dans ses souvenirs incertains. De ce que j'en sais, je suis le dernier survivant des derniers nains que j'ai vu à Kirgan. »

C'en était trop. Fini les paroles, il avait besoin de manger. Une larme se dessina sur son œil droit alors qu'il avala sa première bouchée. Le goût et la consistance du repas ne sembla pas alléger le cœur et la mémoire de Tom. Il ferma les yeux quelques instants, essayant d'oublier ses derniers souvenirs de Kirgan et de savourer le ragoût sans avoir à penser à la honte toujours encore présente à l'intérieur de lui. Les derniers nains qu'il avait vus étaient morts par sa faute. Chose qu'il ne prononcera jamais devant quiconque lui demandant.

Le nain avait vraiment l’air épuisé, et il avait de quoi s’il venait effectivement de Kirgan à pied.

« Kirgan ?!! Oh là là ! Cela fait des semaines qu’on n’a plus vu personne revenir de là-bas ! Vous devez effectivement être l’un des derniers, si ce n’est le dernier survivant, car avec l’hiver qui est à nos portes, vous avez eu de la chance d’arriver ici tout seul à pied…
Votre visage est creusé de fatigue, mangez, mangez ! Vous devez mourir de faim ! Et n’hésitez surtout pas à en redemander ! C’est Akmar qui vous l’offre ! … Plus tard, je vous conseille d‘aller voir Hardrek Iron… Je ne me rappelle jamais de son nom… »

« Ironwist ! »

Lui souffla un des clients. Ceux-ci, certes très peu nombreux, profitaient du quasi silence pour écouter la conversation.

« Ah oui, Ironwist ! Merci ! Pour vous faire recenser et voir où vous pourrez loger et à quoi vous pouvez être utile. C’est lui nous gouverne à présent. Il a viré tous les humains de la ville et a fait de Lantes notre nouvelle capitale ! Nous avons déjà bien travaillé pour gérer les centaines voire milliers de réfugiés, et pour réorganiser la ville aussi. D’après lui, après cet hiver, nous serons en mesure de commencer à reconstruire notre nation, petit bout par petits bouts…

Ne voulant pas le déranger plus longtemps, et ayant autre chose à faire, Becky ajouta ensuite :

« Bon je vous laisse manger tranquillement, je dois aller surveiller mes plats en cuisine. »

La naine repartit vers la cuisine et rentra dans celle-ci lorsqu’à ce moment là, un groupe de trois nains pénétrèrent dans la taverne. Le premier était un géant (pour sa race), plus d’un mètre cinquante, très costaux, en armure (probablement un soldat ou un mercenaire) et les deux autres derrière semblaient le suivre comme deux ombres.

« J’ai faim ! »

Quelqu’un lui lança alors qu’il faisait signe à ses camarades de le suivre et avançait dans la pièce :

« C’est pas encore l’heure les gars ! »

Et les quelques nains présents dans la taverne ricanèrent plus ou moins.

« Comment que c’est pas l’heure ?! Qui a dit ça ?! … J’ai faim donc pour moi c’est l’heure de manger ! Pas vrai les gars ? »

Les deux autres acquiescèrent promptement. Mais un autre nain, insista, ayant visiblement envie de les charrier :

« C’est pas encore l’heure on vous dit, c’est patronne qui décide ! »

« Ah oui ? Et lui là ?! Il a l’droit de manger alors que c’est pas l’heure ? »

« Ouai mais lui c’est normal ! T’occupes pas et reviens plus tard Mardock ! »

Tiens, quelqu’un semblait le connaître…

« Comment ça normal ? C’est qui pour avoir le droit de manger avant tout le monde ? Hein ? T’es qui toi ? »

Mardock avança jusqu’à la table de Tom et lui imposa sa présence en s’asseyant lourdement à côté de lui pour lui poser la question encore une fois en lui posant sa lourde main sur l’épaule, une façon à lui d’engager la conversation :

« J’m’appelle Mardock Torbald, c’est quoi ton nom mon gars ? »

« Fiches-lui la paix, c’est un survivant de Kirgan qui vient d’arriver ! »

« Quoi un survivant de Kirgan ? Moi aussi j’chui un survivant de Kirgan et alors ? »

« Mardock, calme toi et cherche pas les histoires sinon t’auras affaire à la patronne ! »

« J’cherche pas les histoires moi, j’ai faim, c’est tout ! Elle est où la patronne ? Patronne ?! Oh patronne ! … Allez me la chercher vous deux ! »

Il en faisait un de ces tapages ! Pauvre Tom… Comment allait-il bien pouvoir réagir ? Mais les deux acolytes de Mardock étaient en route pour la cuisine. Pour sûr, Becky allait revenir rapidement mais en cas de problème, pourrait-elle faire quelque chose face à ce gorille et à ses deux complices ?

Tom avait continué à manger sans vraiment se soucier de ce que la petite Becky lui racontait. Ce qu'il avait en tête, c'était son ragoût et ses sombres souvenirs. Ses sombres et honteux souvenirs de la mort de ses frères. Certes, il ne pouvait rien y changer maintenant... mais comment aurait-il pu changer l'inévitable de toute façon? C'était soit qu'il terminait son pacte la vie sauve, ou qu'il terminait sa vie comme celle des autres nains. À bien y penser, sauver sa propre peau avait eu du sens, se disait-il en prenant l'une des dernières bouchées de son plat. La jeune naine avait pourtant remarqué qu'il ne lui prêtait plus attention et dit en partant:

« Bon je vous laisse manger tranquillement, je dois aller surveiller mes plats en cuisine. »

De quoi avait-elle parlé déjà? Sans importance, assurément. Elle ne pouvait pas vraiment l'aider dans sa quête personnelle. C'est juste un peu plus tard que trois individus se présentèrent à la taverne. Quel trio ils faisaient! Ils avaient tous l'air idiots, quoique certainement un peu impressionnant. De vrais soldats! se disait-il. Bourré de muscles, mais dépourvu de facultés intelligentes. Enfin c'est ce qu'il pensait car parfois les apparences étaient trompeuses. Parfois. Tom quitta ses pensées et regarda celui qui semblait être le chef du groupe. Ce soldat-là le pointait des yeux en disant:

« Ah oui ? Et lui là ?! Il a l’droit de manger alors que c’est pas l’heure ? »

Visiblement, Tom se rendit compte qu'il était le seul à s'empiffrer de ragoût, alors que les autres dans la taverne n'étaient là que pour un verre ou pour simplement discuter. Il ricana légèrement alors qu'il observait le nain ''géant'' se plaindre contre tous les autres. Il n'avait pas l'air de bonne humeur, se dit Tom. Et les deux chiens de garde (autrement dit les deux autres nains) qui composaient le trio n'avaient pas l'air dans un meilleur état selon lui. Ils semblaient abattus sous les ordres incessants de leur maître qui venait à l'instant même s'assoir juste à côté de Tom. Il mit son énorme main sur la faible épaule de Tom, mais celui-ci n'écoutait pas le discours du grand nain. Tout ce que Tom voyait en l'individu quelque peu arrogant, c'était son tempérament qui semblait chercher les histoires, justement. Les deux chiens de garde étant partis, Tom considéra maintenant leur maître en terminant son bol devant lui. Mardock, avait-il dit? Torbald ne lui était pas familier de toute façon. Sûrement un nain descendant d'une longue lignée de paysans, selon lui.

« J'm'apelle Tom Phrax, le grand! » dit-il en ricanant un peu alors que le reste de la taverne l'imitait.

Tom sentait que, au plus profond de Mardock, il l'avait légèrement vexé en parlant de la grandeur du nain qui lui tenait encore l'épaule. Il voyait dans le regard du nain ''géant'' un air de défi, ou quelque chose de similaire. Il avait faim, mais le nain ne semblait pas juste en manque de nourriture. Tom se défit de l'étreinte de Mardock et posa sur la table sa tablette de cire, couramment utilisé pour les runes, sur la table. Puis, d'un ton neutre, il dit:

« Si tu sais à quoi cette tablette sers, alors je te conseille de te la fermer et d'attendre que la patronne te serve. Si tu veux savoir, je marche depuis Kirgan et je n'ai reçu que de la merde depuis le début de mon périple jusqu'à Lante. »

Tom parcourra la taverne du regard et se leva maladroitement pour trouver les deux acolytes de Mardock. Ils étaient là et arrivaient avec la patronne, soutenue par leurs bras costauds. Peut-être allait-il devoir confronter le trio seul car, depuis le début, Akmar n'avait rien dit pour le défendre, rien fait pour contrer la faim du grand Torbald et n'allait sûrement pas plus intervenir dans la discussion. Même debout, Tom n'était pas plus grand que Mardock une fois assit (ce qui l'effraya un peu). De toute façon il se sentait tellement faible que c'était un vrai bluff d'avertir le nain géant avec sa tablette de cire et ses runes. Il se sentait tellement faible qu'au bout de 10 secondes debout, Tom tomba dans les pommes. Effondré sur le sol par terre, il réussit à émettre un gémissement faible mais il manquait terriblement de sommeil depuis trop longtemps. Mêlé aux souvenirs honteux et à la peur qu'il ressentait à présent devant le grand Mardock, c’est en gros ce que ça donnait. Même après un bol de délicieux ragoût, ce n’était pas assez pour remettre Tom sur ses deux pieds. Il soupira sur le plancher et finit par dire :

« Un lit… siou’plait... »

Quelqu’un l’appelait depuis la salle. Qu’est-ce que c’était encore ? Becky était en train de remuer le ragoût pour ne pas qu’il attache au fond de la marmite. Akmar était à la cave, c’était le dernier tonneau (c’est que c’est lourd à transporter ces machins !), après il monterait voir ses parents avant de repartir. Becky posa lâcha la louche et s’apprêta à sortir quand deux nains apparurent dans la cuisine après avoir soulevé la tenture. Cette intrusion la mit quelque peu en colère.

« Mais… ? Qu’est-ce que vous fichez là vous deux ?! Vous n’avez pas à venir ici ! Allez ouste ! »

[color=blue] « C’est Mardock qui vous demande. »

« J’avais entendu ! Qu’est-ce qu’il veut ce Mardock ? C’est pas encore l’heure pour les repas, je sers que de l’hydromel ou de la cervoise ! »

« Nan mais il nous a quand même dit d’aller vous chercher. »

« Rhôô mais quel casse-pioche celui-là ! Il peut pas se déplacer lui-même ? Bon, très bien ! Je vais voir ce qu’il me veut ce Mardock ! Poussez-vous !

Becky, força le passage, obligeant les deux nains à s’écarter et à lui emboiter le pas rapidement juste au cas où, ne se risquant pas à chourer un peu de ragoût au passage de peur de terribles représailles…

Au moment où Becky pénétra dans la salle, Tom, debout à côté de Mardock assit à sa table, s’effondrait sur le sol. La naine sursauta presque puis posa précipitamment le plateau vide qu’elle avait amené à l’occasion. Elle courut ensuite voir de plus près ce qui était en train de se passer.

« C’est toi Mardock ? Mais qu’est-ce tu lui as fait ? »

« Moi ? Mais rien ! Je l’ai même pas touché ! Ce gringalet m’a montré un truc, il s’est levé et pouf, par terre ! Pas vrai les gars ? »

« C’est normal ! Il est épuisé le pauvre. Qu’est-ce t’avais besoin d’venir l’embêter encore ? »

« Un lit… siou’plait… »

« Qu’est-ce qui dit ? »

Becky attrapa Tom par les épaules et tenta de le soulever, mais ce n’était pas de la tarte de soulever un nain, même pour un autre nain.

« Rends-toi utile au lieu rester planter là et aide moi à le transporter à l’étage ! »

« Euh… vous deux, aidez-là !

« C’est à toi que j’ai demandé Mardock ! A quoi te servent tes muscles ? A frimer ? »

« Comment ?! …. Très bien laisse-moi faire ! »

Vexé par la remarque désobligeante alors que les autres nains de la taverne réagissaient au tac-o-tac par des rires et des approbations, Mardock obligea Becky à s’écarter pour s’emparer de Tom et de le hisser sur ses épaules.

« Et maintenant, j’l’emmène où ? »

Becky récupéra la tablette sur la table puis guida le « géant » jusqu’à l’escalier. Elle récupéra une clé sous le comptoir puis monta à son tour. Elle alla ouvrir une chambre, une petite pièce d’environ cinq mètres carrés avec le strict minimum (un lit, une table de chevet, une chaise, une lampe à bougie) puis invita Mardock à déposer Tom sur le lit, en faisant attention. Le nain était tout pale, les yeux à moitié ouvert mais dans le vague.

« Ca va, vieux ? J’t’ai fais peur ou quoi ? J’avais jamais vu un nain tomber dans les pommes comme ça… »

« Laisse-le se r’poser, ça fait sûrement plusieurs jours qu’il marche sans dormir ni manger »

« Depuis Kirgan ? Ouai, je pensais pas… »

« Allez, on redescend, il lui faut sûrement du calme. Allez, allez ! »

Becky poussa Mardock hors de la pièce puis referma doucement la porte. Ils redescendirent dans la grande salle, accueillis par le questionnement des quelques convives inquiets. Rassurés, tous reprirent leurs « activités » respectives (siroter, jouer aux dés etc…). Mardock insista sur sa faim après cet « effort » et Becky consentit à le servir en avance pour le récompenser de son aide…

Ayant perdu quelque peu conscience après s'être évanoui de fatigue devant Mardock, Tom avait ouvert les yeux et se retrouvait maintenant dans une petite chambre où il reposait dans un lit. Son équipement avait été enlevé et gisait appuyé sur la chaise. Il ne portait que ses habits en dessous de son armure. Comme ça lui faisait du bien! Et depuis combien de temps son corps tout sale n'avait pas pu respirer en dessous de tout le fardeau qu'il transportait, Tom ne voulait même pas essayer de compter. Il leva sa tête un peu plus pour apercevoir son lourd et gros sac qui trônait sur l'ancienne table de chevet, maintenant écrasée par le poids du sac. Il eut un faible rire en constatant la chose et se dit que la personne qui avait mis le sac sur la table de chevet avait dût dans un premier lieu avoir bien des difficultés à soulever le sac lui-même et dans un deuxième lieu cette même personne a dût sursauter en apercevant le sac s'effondrer sur la faible table de chevet. Mais... Qui au juste avait bien pu l'aider à faire tout ça? La petite Becky? Bien que très gentille, elle avait tellement l'air trop occupé pour aider autant le pauvre Tom. Akmar? Aucune idée. Le paysan avait peut-être mieux à faire maintenant qu'il avait sauvé de la plaine enneigée. Mardock? Pfffff... se dit-il. Ce monsieur-muscle était sûrement parti ailleurs dès qu'il avait eu la chance d'être servi par la patronne. Ses deux chiens de gardes? Encore moins probable!

Alors qu'il essayait de se recoucher (car il restait tout de même encore très épuisé), il sentit la poignée de porte tourner tranquillement, comme si la personne qui ouvrait la porte ne voulait pas déranger le nain dans son lit. La porte grinça ensuite et il vit apparaître la jeune Becky qui ne semblait pas surprise de voir Tom.

« Ça fait maintenant 20 heures que vous dormez, m'sieur Tom. Vous semblez mieux que lorsque Mardock faisait son spectacle tout à l'heure! Vous avez encore l'air épuisé par contre... j'vous apporte un bol de ragoût? C'est le meilleur de tout Lante pour qu'un nain reprenne des forces! C'est la maison qui l'offre. »

Tom semblait ravi que la jeune patronne ait fait cela pour lui. Elle possédait vraiment un grand cœur, tellement que c'était beaucoup trop d'accepter un ragoût gratuit.

« Merci pour le ragoût, dit-il en montrant un sourire, mais j'ai de quoi payer mon repas et je tiens à payer la chambre que vous m'avez offerte pendant mon repos... »

Il fixa la table un moment l'ancienne table de chevet et il émit un petit rire.

« Je paierai aussi pour cette table de chevet qui a été écrasée sous le poids de mon sac! »

« En fait, rétorqua la patronne, c'est de la faute de cet abruti de Mardock Torbald qui n'a pas fait attention en déposant votre sac. Heureusement, il m'a écouté quand je lui ai demandé de tout déposé votre équipement sur la chaise. Bon... je vais aller chercher votre bol de ragoût maintenant! Restez ici encore quelques jours s'il le faut m'sieur Tom!»

Il acquiesça d'un hochement de tête et s'effondra sur son lit. Il avait tant utilisé ses muscles depuis Kirgan et son sommeil s'arrêtait à sept heures par jour, maximum. Maintenant il était loin de tout danger possible, au chaud dans un lit qui, avec le temps, se révélait de plus en plus confortable. Quelle chance il avait eu, au départ, de tomber sur ce paysan à la vieille bière! Akmar l'avait sauvé, se dit-il. Peut-être qu'un beau jour, il le reverrait dans les rues de Lante, mais pas aujourd'hui.

Les quelques jours qu'il passa ensuite dans les couvertures du lit furent relaxant pour Tom. Il reprit des forces vite et se sentait prêt à repartir maintenant. La petite Becky venait lui apporter de quoi manger dès qu'elle en avait l'occasion, même quand la foule était incomptable à l'intérieur de la taverne. Qu'elle était gentille, pensait-il alors qu'il finissait d'enfiler son équipement. Hé oui, le temps de repos était terminé maintenant. Tom descendait tout juste les marches qu’il s'aperçut que la journée ne faisait que commencer. La lueur du soleil pénétrait la taverne en entier alors que Tom discutait de l'argent qu'il devait à la petite Becky, pour tout ce qu'elle avait fait. Il ne possédait certes pas un château, mais il ne laissait pas la jeune patronne les mains vides! Il sortit une petite bourse d'une pochette sur le côté de son gros sac à dos qui émit un bruit résonnant dans toute la taverne, vide à cette heure. Becky semblait forte contente d'avoir pu aider le voyageur (et d'obtenir une pareille somme en retour, sans compter un généreux pourboire!) mais elle devait quand même lui poser une dernière question avant qu'il parte.

« M'sieur Tom... Qu'est-ce qu'il y a dans votre sac pour qu'il pèse autant? » Demanda-t-elle amusée.

Il s'arrêta un instant et Tom ne su quoi répondre. Il rit un peu et lui répondit en empoignant sa hache vers la sortie:

« Moi-même je ne le sais pas, Becky. Et c'est bien ce que je vais découvrir, c'est bien ce que je vais découvrir... »

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