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Aetius d'Ivrey
Ancien
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| Sujet: Rectifier le tir Dim 1 Avr 2012 - 17:59 | |
| C'était au triple galop qu'arrivait une troupe réduite de cavaliers. A leur tête, Aetius d'Ivrey revenait au pays après deux mois d'absence. Hélas, il ne venait pas profiter du redoux hautvalois par plaisir, et de bien tristes affaires requéraient sa présence. Des affaires d'ordre matrimonial. Ainsi, à peine revenu du sud, le régent quitta son château d'Edelys pour rejoindre le nord, et plus précisément le Médian, où était son fief, la baronnie d'Hautval. Depuis le début du voyage, il n'avait desserré les dents, et lorsqu'il concédait une halte à ses hommes, il ne pouvait s'empêcher de fulminer, puis de serrer encore un peu plus les dents.
Une fois arrivé dans la cité baronniale, il ne décéléra pas une seule seconde. Fonçant à travers la grand-route qui menait directement au manoir des Hautval, il ne s'arrêta qu'une fois devant le parvis de la cour, bondit de son cheval et prit à parti un palefrenier venu prendre sa monture harassée par la bride. « Où est la baronne d'Hautval, vilain ? » Le regard d'acier qu'il délivra au malheureux lui fit perdre sa contenance une seconde, et l'arrivée des compagnons du régent autour de lui ne fit rien pour apaiser son malaise. Il répondit d'une voix mal contenue, lui indiquant ce qu'il savait, avant d'être violemment jeté sur le côté. D'un pas lourd, suivi par ses chevaliers, Aetius d'Ivrey rentrait chez lui. |
| | | Blanche d'Ancenis
Ancien
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| Sujet: Re: Rectifier le tir Mar 3 Avr 2012 - 12:10 | |
| 2ième semaine de Favrius (environ) La neige avait fondu laissant l’herbe verte paraitre sur les verts pâturages de Hautval. Blanche avait retrouvé ses terres après ce terriblement évènement. Elle avait repris des forces et était de nouveau sur pied. La cicatrisation s’était parfaitement bien déroulé et elle ne souffrait plus de son bas-ventre. Néanmoins, de temps à autre, elle souffrait de vertiges ou d’épisodiques fatigues sans doute provoquée par une petite anémie. La Régent avait été repéré par les diverses garnisons faisant leur ronde le long des routes d’Hautval et en juger par le galop effréné de son destrier ce dernier était plus que pressé. L’information circula aussitôt et arriva aux oreilles de la Baronne qui avait décidé de maintenir ses activités malgré le retour de son époux. Diverses affaires s’étaient empilées suite à son absence qui dura plus longtemps que prévu et elle avait, de fait, pris un certain retard qu’elle devait rectifier. Ses diverses conseillers et particulièrement le commandant de sa garde personnelle ne cessait de lui répéter qu’elle devait éviter de se surmener. Elle appliqua ce conseil avisé qui allongea bien plus encore les délais de ses affaires à régler. L’Ivrey ne tarda pas à atteindre la cour du Château de Hautval. Celui-ci apostropha avec violence un pauvre palefrenier qui sous les assauts de son Baron le regarda complétement éberlué avant de bredouiller quelques vagues phrases. Il n’en était pas vraiment sur.
« Messer, pardonnez-moi… Je… La… Votre… épouse la Baronne doit surement être en salle du conseil. »
L’homme fut jeté au sol et se redressa en fixant les chevaliers du Régent. Ils n’avaient pas l’air commode et le Comte semblait en colère. Un serviteur passant par-là ne manqua pas voir cette scène mais il n’était pas suffisamment près pour ouïr les paroles du Baron. Le jeune servant avait hâte d’alerter les uns et les autres que les Régent était rentré après ses deux longs mois d’absence qui étaient mal vus par certains.
Durant ce temps, Blanche était assise à une table. Ses conseillers à sa droite et divers représentants militaires à sa gauche. Le commandant de sa garde personnelle était présent accompagné de son second ainsi que le Commandant des archers, celui des hallebardiers, etc. Le sujet, aujourd’hui, était les diverses troubles agitant la Péninsule et la position qu’ils devraient prendre mais avant cela, il y’avait ces petites bandes de brigands qui avaient tenté d’attaquer plusieurs caravanes marchandes. Ceux-ci devaient être punis, pendus haut et court. Il avait réussi à dénicher deux des trois groupes. Le dernier demeurait introuvable et l’on débattait des caches potentielles de ces derniers. La Baronne grimaçait de temps à autre, sa poitrine grossie par le lait avait tendance à lui faire mal. Elle ne supportait plus les corsages. Le corset de cuir renfermant sa taille la gênait et elle se montrait distraite. Son fidèle Chevalier se tourna vers Blanche quelque peu surpris.
« Un problème, ma Dame ? »
Blanche le fixa froidement avant de répondre.
« Des soucis de femelle. »
Et sur ses mots quelque peu rustres, elle attrapa la ficelle de son corset pour le desserrer sans attendre. Tous, ici présent, furent perplexe avant de laisser pour certains fleurir quelques sourires en coin. Ils savaient leur Baronne particulière en certains points.
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| | | Aetius d'Ivrey
Ancien
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| Sujet: Re: Rectifier le tir Mar 3 Avr 2012 - 22:35 | |
| C'était Aetius et une dizaine d'hommes de sa garde qui faisait irruption au milieu du conseille de guerre de la baronne. Tout crottés, armés pour la guerre, fourbus, patibulaires et hirsutes, les cavaliers démontés n'avaient rien des gentils courtisans qui cachent bien souvent le chevalier. Ils étaient, ici, révélés dans tout ce qu'il pouvait avoir d'agraire et de guerrier, tout ce qu'il pouvait y avoir de rustre et de sublime. C'était une bande d'hommes d'armes au sang bleue, et cela s'arrêtait-là. Aetius, à leur tête, tenait la dragée haute au reste de la coterie, et la poussière mêlé de vieilles sueurs qui avaient dû accompagner la cavalcade donnait un teint plus mat au régent, ce qui ne faisait que ressortir le bleu perturbant de son regard, qui semblait jeter des éclairs.
Une main sur le pommeau de son épée, l'autre à son baudrier, l'Ivrey embrassa d'un regard désespérément lent la pièce et les hommes qui s'y trouvaient. Ceci fait, il jeta un « Qu'on me laisse, j'ai à parler à ma dame. » La voix, posée et autoritaire, sûre d'elle-même et de son droit à proférer un tel commandement, détonait particulièrement avec l'accoutrement peu amène que portait le seigneur, qu'on connaissait pourtant plus friand de belles étoffes et de faste. Cependant, l'ordre du baron ne sembla pas être entendu, et une autre voix vint lui répondre. C'était celle de sa femme et cousine, Blanche d'Ancenis, qui s'enquérait des raisons de sa venue, et de cet ordre si soudain. Aetius n'eut pas un seul regard pour elle et se contenta de faire un geste à sa suite, qui commença à bousculer les sieurs réunis vers la sortie. Ceux-ci, néanmoins, ne se laissèrent pas faire, et un coup de poing vint envenimer un situation qui n'en avait pas vraiment besoin. Les lames furent dégainées, tandis que les gardes accoururent à leur tour, alarmés par l'imbroglio qui se créait sous leurs yeux.
Le masque crispé du régent disparut pour laisser place à un rictus coincé entre l'agacement et le souverain mépris. « Messires, je n'ai pas le temps de jouer. A présent, vous allez prendre congé, et j'oublierai que vous avez tiré l'épée contre votre seigneur. » |
| | | Blanche d'Ancenis
Ancien
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| Sujet: Re: Rectifier le tir Mar 3 Avr 2012 - 23:26 | |
| Tous s’interrompirent face à cette irruption imprégnée de rudesse. Blanche arqua un sourcil perplexe face à cette scène. Elle se redressa suivie par ses vassaux et salua son époux. Elle ne pensait pas qu’il serait aussi vite là. Le Comte ne tarda pas à sommer tous ses gens de sortir ce qu’ils firent. Néanmoins, les chevaliers personnels de la Dame attendirent que Blanche acquiesce d’un hochement signifiant qu’il pouvait eux-aussi quitter la pièce. Devant ces deux secondes d’hésitations, le Régent se fit posséder par une colère complétement illogique et envoya ses propres hommes empoignés ses propres gardes. Tout s’enchaina excessivement vite, déjà les épées étaient sorties puisque le commandant de sa garde rapprochée et son second n’appréciaient pas d’être brusqués de la sorte surtout pour si peu. Ils ne jugeaient pas qu’ils aient commis une faute. Ils étaient fidèles à leur Maitresse et il était normal qu’ils attendent sa réponse. Le sang de Blanche ne fit qu’un tour face à cette effusion de testostérone. Alors qu’ils étaient prêt les uns et les autres à s’étriper. Ils se virent violemment repoussé par une bourrasque qui les sépara tous. Blanche avait concentrée son flux en un point central, le centre de la « joute », l’air s’y vit comprimé avant d’être relâché aussitôt, créant un courant d’air les soufflant et les faisant reculer, voir même tomber. Elle s’écria.
« Assez ! Pas de ça ici ! Depuis quand les frères s’étripent entre eux ? Vous avez entendu mon époux ! Sortez ! »
La voix était ferme, autoritaire, d’une froideur à glacer l’âme et hérisser les chairs. Les doigts se crispèrent tandis qu’ils pouvaient sentir un vent léger les pousser au dehors de la pièce. Tous commencèrent à sortir en se jetant des regards dédaigneux l’un à l’autre. Et les portes se fermèrent d’un nouveau courant d’air violent. Sa respiration s’était accélérée, le cœur battant la chamade. Blanche reprenait peu à peu son calme tandis qu’elle faisait face à son époux de quelques mètres. Les sourcils se froncèrent quelque peu en colère.
« Ne menacez pas mes hommes de la sorte ! »
L’instant suivant, elle se radoucit et sa désinvolture reprit le dessus. Le minois fermé, elle ne tarda pas à tirer la chaise qu’elle occupait auparavant et le lui présenter dans le but qu’il s’assoit.
« Ne devriez-vous pas plutôt prendre un bain et vous reposer un peu avant de nous entretenir de quoique ce soit. »
Blanche savait qu’il n’allait pas l’étreindre au vue de la noirceur de son regard. De plus, il n’avait pas l’air affecté par la perte de leur enfant. Tout n’était que colère et haine, elle le ressentait ainsi. Les retrouvailles chaleureuses étaient loin derrière elle. Elle en soupira rien qu’à cette idée.
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| | | Aetius d'Ivrey
Ancien
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| Sujet: Re: Rectifier le tir Mer 4 Avr 2012 - 0:37 | |
| En effet, l'homme qui faisait face à Blanche n'était pas sur le point d'accorder de chaleureuses retrouvailles à sa mie, tel le chevalier victorieux rentrant au pays, une fois ce dernier en paix. Non, il y avait encore beaucoup trop de choses entre le départ à la guerre et le chevalier revenant, la paix au pilum. Des choses même auprès de sa femme, en sa femme, des manières et des présages, mais aussi des indices que son arrivée révélait, et qu'il pouvait apercevoir de son propre oeil. Ainsi, ç'avait été un Aetius en colère qui avait passé les portes de Hautval, mais c'était à présent un prince en rage qui faisait face à sa femme.
Qui était-il donc pour qu'on le traite ainsi ? Ce seigneur si habitué à ce qu'on observe ses ordres, ce soldat au sang bleu, fait pour la discipline toute martiale, voilà que ses propres gens, au sein de sa propre maison, rétiçaient à lui obéir, comme si l'autorité qu'il était, comme si le sang qui coulait dans ses veines et que le serment sacré fait devant Néera n'était rien, et que ces chiens, profitant des troubles, n'allaient guère hésiter à tourner casaque, à cracher sur l'hommage et la loyauté. Il y avait quelque chose de pourri dans la baronnie d'Hautval, et cela réveilla un instinct imprimé dans les Ancenis depuis des générations, celui de la répression, de la démonstration de force. Hélas, ce n'était pas tout, et le comportement de Blanche, ainsi que son accoutrement mis de façon très informelle, hérissait également le poil de son époux.
Cette désinvolture et cette froidure condensées, ce détachement dédaigneux allié à une force de caractère qu'Aetius, ce chevalier des plus arriérés lorsqu'il s'agissait de ces sujets, l'écoeuraient. Blanche tendit alors la cathèdre à son seigneur et maître, et l'invita à se relaxer. Puis soupira. Un violent revers fut servi en guise de réponse. D'un geste fulgurant, un éclair dans lequel éclatait toute la fureur contenu d'Aetius, il avait soufflé Blanche à terre, qui n'eut pas même le temps de reprendre ses esprits ou contenance. Car la gueule empourpré la dévisageait à quelques pouces d'elle, et ses mains s'étaient saisi de son corsets, qui enserraient le cuir rigide comme s'il eut été la plus fine des soies. « Où est mon enfant ?! OU EST MON ENFANT, FEMME ?! »
La question, toute rhétorique on s'en doute, fut suivie d'un nouveau soufflet. La voix rauque d'un prince hors de lui était gueulée en plein visage, comme si hurler à perdre haleine aurait pu changer la réponse, la rendre satisfaisante. « Qui suis-je, Blanche ? Qui suis-je pour apprendre par un bouvier de passage que mon fils était mort ? Qu'ai-je donc fait pour mériter pareille punition ? Suis-je donc si abject pour que l'on m'empêchât de pleurer mon fils en premier, suis-je donc si mauvais mari que ma femme ne me dit rien de son enfantement, de la mort de ma chair ? »
Encore une giffle, maintenant un coup de poing, et de nouveau, une violente rafale de claques. A chaque nouvelle violence, Aetius semblait goûter toujours plus à cette frénésie morbide. Certes, il avait été prévenu en temps et en heure, mais pas par elle, et lorsqu'il avait appris la nouvelle, le chagrin avait étouffé le secret espoir d'enfin avoir un héritier et s'était métamorphosé en une terrible colère contre sa femme. Car elle avait été l'instrument de Néera, qui le punissait de ses forfaits, de ses crimes, de ces sacrilèges qu'avaient commis son père comme lui-même.
Soudain, il se releva, libérant ainsi Blanche de cette sinistre étreinte ; lui tournant le dos, ne voulant plus la voir, il s'échina à briser les belles chaires de bois sculpté, à renverser la table, à détruire ce qu'il pouvait détruire, pour apaiser sa rage d'écorché. Parfois, il criait ou grognait un « Maudit ! » et d'autres formules de circonstances. |
| | | Blanche d'Ancenis
Ancien
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| Sujet: Re: Rectifier le tir Mer 4 Avr 2012 - 1:27 | |
| Blanche continua de fixer son époux qui tardait à prendre place au sein de la cathèdre. Le temps fut suspendu, telle une bête affamée, il fondit sur elle, la saisissant avec une véhémence certaine. Une gifle la fit tourner la tête et la Baronne ne protesta pas. Aetius, aigri comme jamais, l’accablait de paroles brutales. Il avait tant l’air de dire que la faute lui incombait si leur enfant était mort. Blanche blessée au plus profond d’elle, tenta de contrôler la tristesse qui l’envahissait. N’avait-elle déjà pas payé ce deuil quelques semaines auparavant ? Elle s’était montrée forte, n’avait versé aucune larme et avait enterré cet épisode désastreux pour tenter de l’oublier. Il faisait resurgir ce mauvais souvenir, cette douleur comprimant son cœur. Un nouveau soufflet fit tourner sa frimousse du côté opposé. Là encore, parfaitement docile, elle encaissa sans protester. Elle n’essaya même pas de se dégager sachant pertinemment que sa colère s’amplifierait. Les joues rougies, elle tenta d’articuler tant bien que mal.
« Seul le fruit des entrailles de vos ca…Maitresses semblent vous combler… Nos enfants ne sont rien pour vous ! Na… Navrée. »
Elle tentait d’exprimer toute son impuissance face à cette situation. Blanche priait Néera chaque jour, elle se rendait régulièrement au Temple et offrait quelques généreuses offrandes. Elle avait contacté les prêtres et prêtresses dans le but de lui donner un fils mais cela se solda par un échec. Elle enfanta une morte. Désœuvrée, elle masquait ses faiblesses par sa désinvolture et son indifférence. Cependant peu à peu le masque s’effritait, la porcelaine se craquelait à mesure que ses poings s’écrasaient contre son faciès qui rougissait. Le sang perla à ses lèvres. La douleur la brulait. Elle avait tant pensé qu’un enfant mort l’importait si peu, qui plus est si ce bambin n’était autre qu’une fille. Elle se sentait délaissée, haie par son époux. Elle se sentait si méprisée qu’elle n’avait pas cru bon qu’elle le lui annonce. Elle redoutait tant son colère. Sous les rafales de claques, Blanche essaya de parler à nouveau. Ses mots entrecoupés ne formaient pas même une phrase. Il put ouïr.
« Vous mépriser… Sans importance… Désolée. »
Mais ses phalanges martelaient déjà sa chair et la frénésie de ses coups montaient crescendo jusqu’à ce qu’il la relâche. Ses mains, jusqu’à lors inertes, vinrent glisser contre son visage endolori et sanguinolent. Elle sentait ses muscles palpiter à travers sa peau et était quelque peu sonnée. Les jambes plièrent quelques instants, elle chavira. Elle n’était autre que le catalyseur de sa colère, le réceptacle de sa haine et de ses faiblesses. Il s’en prit bientôt au mobilier et Blanche, flottant dans un autre monde, s’arracha avec une volonté de fer à ses chimères. Elle se ressaisit, se rapprocha de son mari dévastateur et le poussa contre une chaise qui le fit chuter. Elle se saisit de sa taille tentant de le maitriser. Elle hurla comme elle put, malgré ses lèvres commençant à gonfler. Sa voix n'était pas froide cette fois-ci, elle était touchante, sincère. Elle s'ouvrait à son époux, se mettait à nu, lui laissait voir qu'elle n'était pas si frigide, glacée et si indifférente que cela, bien du contraire.
« Comment pourrais-je vous faire comprendre que mon plus cher désir est de vous donner un fils ? Pensez-vous que me savoir détestée de mon époux ne me fait rien ? Vous me choyez tellement lors de nos rencontres et nos noces, ainsi que les jours suivants, je ne suis, désormais, à vos yeux qu'une poupée de chair, utile pour ses terres ! Croyez-vous que cela me fasse plaisir ? Croyez-vous réellement que j'aime inspirer votre mépris !? Je chéris le temps oú j'étais quelque chose à vos yeux ! Au fond de moi, je me réjouissais de votre venue, pouvoir vous étreindre mais je vous déçois si bien que vous me rouez de coup ! Et moi que suis-je comme épouse ? Qui suis-je une femme de plus ? »
Naturellement, elle s'attendait à se faire repousser sans doute. Elle aurait aimé qu'il saisisse l'ampleur de son malaise. Blanche ne se plaignait pas et ne s'était jamais plainte. Elle encaissait, assumait et se protégeait en arborant cette froideur constante. Elle désirait juste qu'il lui montre une fois qu'elle était plus qu'une femme pour procréer possédant des terres et qu'il était un minimum attaché à elle. Elle attendait simplement un signe affectif juste pour la rassurer, rien de mièvre non plus. Ses propos auraient-ils assez de poids pour lui que pour le calmer...
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| | | Aetius d'Ivrey
Ancien
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| Sujet: Re: Rectifier le tir Mer 4 Avr 2012 - 22:58 | |
| Il ne la repoussa, cependant, pas. Il était trop prostré parce ce que son esprit commençait à assembler, cette phrase qu'entre deux bourre-pif, Blanche avait difficilement articuler. Ses enfants n'étaient donc rien à ses yeux, lui, leur père... Peu à peu, à mesure que sa rage refroidissait, les pires craintes, les pires suspicions remplaçaient cette colère hardie. Après Charybde, voilà Scylla. Cette femme qui était son épouse s'était-elle décidée à lui faire payer son manque d'attention, à se venger de griefs que son imagination de damoiselle avait brodé, assemblant fantasmes, craintes et faits dans une vaste tapisserie de grand n'importe quoi. C'était donc pour cela qu'il n'avait pas été prévenu, qu'elle lui désobéissait et appelait à la sédition dans sa propre baronnie, pour de vulgaires non-dits, une étrange oisiveté transformée en une douce paranoïa ?
Blanche sacrifiait à des déesses terribles, et elle les servait avec une assiduité aveugle, sans savoir, sans connaître. Ainsi, lorsqu'elle entama un long discours après les avoir tout deux faits tomber, elle prit sa voix la plus douce, la moins froide qu'elle put trouver : mais tout ce qu'elle disait se traduisait en plaintes et en mélancolie. Il avait devant lui une petite dame à l'amour propre blessé, qui lui disait son affection et ses regrets, qui lui reprochait sa négligence de mari. Mais pas un mot sur l'enfant qu'elle venait de perdre, pas un seul geste de contrition pour ses fautes, ses excès. Pour Aetius, toute cette diatribe n'avait pas pour but le pardon, mais la justification.
Il la rejeta enfin. La poussant sans douceur ni violence, sans même lui porter un regard, il se remit vite debout, le regard dans le vague. Silencieux, amorphe, presque placide, il fit trois pas vers la porte et sans se retourner, assena quelques-unes de ses vérités.
« J'ignore si vous m'avez désobéi parce qu'on vous l'a conseillé, pour m'humilier devant mes vassaux ou pour me rappeler à vous ; j'ignore si vous ne m'avez rien dit sur la mort de mon enfant par crainte, par cruauté ou pour je ne sais quoi. Ce que je ne puis plus ignorer, ma dame, c'est que ce mariage est maudit par Néera elle-même. J'aurais dû écouter les prêtres avant qu'il ne soit trop tard, mais j'ai été orgueilleux, et la Damedieu me punit. »
Aetius, en homme de son temps, avait toujours été un peu religieux, ou, à défaut, superstitieux. Il écoutait les astrologues, les voyantes et le reste de cette race de méchants hommes, et s'il leur riait bien souvent au nez, rendu sûr par la chance exaspérante qui semblait l'accompagner, il ne pouvait s'empêcher d'interpréter défaites et victoires à l'aune des présages et des racontars. A présent, il ignorait si c'était le fait que sa femme était sa cousine germaine, la fille de son oncle, qui avait amené l'anathème sur son union, ou si c'étaient ses propres péchés qui avaient conduit à cette situation insoluble. Tout compte fait, cela n'avait guère d'importance, car dans tous les cas, il ne pouvait plus supporter cette manifestation constante des caprices divins. Il devait s'en débarrasser, il devait défaire ce qu'il avait fait, dédire ce qu'il avait dit.
Il se tourna enfin en direction de sa femme. Son visage était dénué de toute expression, même s'il semblait sourdre quelque chose d'indicible et d'étrange du régent tout entier.
« Ce mariage n'a jamais eu lieu d'être, et bientôt, il ne le sera plus. » |
| | | Blanche d'Ancenis
Ancien
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| Sujet: Re: Rectifier le tir Jeu 5 Avr 2012 - 0:07 | |
| Bon très bien, Aetius ne voyait que dans ses propos une façon détournée de s’assurer un divorce en s’inventant une vie, en lui inventant une vie. Blanche… Elle, une dame qui réclame l’amour de son époux ? Risible. Complétement risible. Elle désirait juste une marque d’affection, une chose normale pour un couple, non pas un romantisme saturé qui frôlait la stupidité. Elle avait souffert, souffre et souffrira toujours de la perte de cet enfant. Ses idées n’étaient pas claires et elle avait prononcé un amas de pensées confuses. Ce n’est pas parce qu’elle n’avait rien dit sur sa défunte fille qu’elle n’y pensait pas. Mais le Régent ne pensait qu’à lui, ne voyait pas plus loin que le bout de son nez, son honneur, le fait qu’elle avait soi-disant désobéi à une chose dont elle ignorait l’existence. Sa propre paranoïa allait même jusqu’à ce qu’il croit qu’elle désire l’humilier. Il avait, néanmoins, un point commun. N’est-ce pas ? S’il croyait qu’elle l’avait roulé dans la boue, il ne savait surement pas de quoi elle était capable et elle lui en ferait la démonstration bientôt. Blanche fut repoussée, elle se redressa à son tour tandis qu’il se dirigeait vers la porte. Il décida par la même occasion que leur mariage serait rompu, là sur un coup de tête démesuré, un illogisme complet. D’une affaire si petite, il en avait fait un blasphème punissable limite de mort. Non, cela avait un non-sens complet. Ce divorce était planifié depuis bien longtemps dans la tête du Régent. C’était clair comme de l’eau de roche. Très bien, Blanche n’avait donc plus rien à perdre dans cette situation-là. Un sourire large apparut sur son minois. Elle le fixa un instant avant qu’il ne sente une courant d’air violent le souffler à travers la pièce, à l’autre bout de la pièce. Blanche fit ouvrir les portes et commença à hurler.
« GARDES, GARDES !!! GARDES »
Les deux gardes gardant la porte se retournèrent, elle put remarquer le commandant de sa garde personnelle et son second attendant patiemment. Il avait entendu les cris, les hurlements et avait discrètement fait appel à des renforts.
« Qu’on le sorte d’ici ! Cet homme a mis fin à notre union et a frappé votre BARONNE ! A partir de ce jour, AETIUS D IVREY n’est plus BARON DE HAUTVAL ayant rompu ses vœux avec votre Maitresse, Blanche de Hautval, Baronne de Hautval ! Et pour pareil atteinte à ma personne, il n’est désormais plus le bienvenu en Hautval ! Qu’on l’éconduise aussitôt hors de ma MAISON ! »
Ils furent surpris mais fidèles à leur Seigneur n’attendirent pour dégainer leurs lames. Des soldats furent appelés, l’on donna l’alerte. Les troupes commencèrent à se mobiliser, la Baronne était en danger. Pas très loin de là, Nohan, le mage et conseiller de Blanche, celui qui l’avait élevé depuis toute petite, était prêt à intervenir et user des arcanes dans le cas où cela sentirait le roussi. Blanche s’était déporté vers une porte dérobée de la pièce, une porte de service, masquée par un rideau. Elle pointa du doigt l’Ivrey sans doute fou de rage.
« Vous m’avez humilié ! Vous m’avez accusé à tort ! Vous m’offensez qui plus est ! Vous osez prétendre que la mort de MON ENFANT ne me fait rien ! VOS BLASPHEMEZ MES TERRES ! VOUS ME DESHONNOREZ ! J’ai été très patiente avec vous jusqu’à présente, j’ai été soumise au moindre de vos caprices, je n’ai même pas protesté lorsque vous me rouiez de coup mais s’en est trop ! Vous dépassez les bornes ! Déclarez-moi la guerre si cela vous chante mais je ne me laisserai pas davantage malmené par vous car vous n’êtes qu’un gamin fougueux et capricieux qui se croit intouchable ! Vous êtes ici CHEZ MOI désormais et vous suivrez les règles de MA MAISON. »
Le Comte fulminait à vue d’oeil mais il n’avait pas vraiment l’avantage dans cette position. Il était seul avec dix de ses hommes. Certes, il y aurait des pertes mais pour l’instant, il avait plus à perdre qu’elle.
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| | | Aetius d'Ivrey
Ancien
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| Sujet: Re: Rectifier le tir Jeu 5 Avr 2012 - 1:09 | |
| Les gardes ne firent rien de trop entreprenant, et Aetius n'eut aucune réaction. Son regard, toujours perdu dans le vide, regardait sa voir. Il entendait sans écouter, vraiment, cette voix stridente qui retentissait, qui animait la soldatesque qui entourait sa propre garde, de plus en plus nerveuse. Il se sentait vide, vidé. Etait-ce la fatigue du voyage, était-ce la furie qui l'avait pris, ou encore cette décision qu'il s'était caché pendant des semaines, voire des mois, et que la mort de l'enfant avait fini par pousser à la surface ? Il l'ignorait, il s'en moquait, à dire vrai. Tout glissait sur lui, et tout, pourtant, le heurtait. Tout n'était qu'agitation, et tout, pourtant, était calme. Tout était noir, tout était blanc, rien n'importait en ce moment précis. Aussi, d'un pas lent, presque maladroitement, Aetius, pâle comme un mort, serein comme un sage, se dirigeait quelque part, partait ailleurs, loin de cette femme qui l'agonisait d'accusations véhémentes.
La foule des gens d'épée s'écartait, peu sûre d'elle-même, de sa force et de son audace. L'homme qui glissait à côté d'eux et qui quittait le lieu était le régent, un prince de sang royal et le seigneur le plus puissant de la Péninsule. Il était, aussi, une autre personne, creuse, désertée, et c'est cela qui fit tant hésiter les chevaliers, malgré les ordres de leur dame.
Ainsi partait Aetius, baron d'Hautval. |
| | | Blanche d'Ancenis
Ancien
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Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 31 ans. Dans ces zones là. Taille : Niveau Magique : Apprenti.
| Sujet: Re: Rectifier le tir Jeu 5 Avr 2012 - 11:37 | |
| Parfait, Blanche avait eu ce qu'elle désirait. Aetius partait loin de son ex-épouse avec ses hommes. Il quittait Hautval, là au plus loin et retournait au sein de Diantra ou en Scylla ou encore sauter ses putains. Tout est bien qui finit bien. Une fois qu'il eut quitté la pièce, la tension retomba aussitôt. Nohan vint à sa Maîtresse ainsi que le commandant de sa garde personnelle afin d'évaluer les hématomes colorant la peau de son visage. Elle leur indiqua qu'elle allait bien mais était extrêmement fatiguée, avoir usé autant de ses dons d'aéromancienne avait éprouvé ses forces. Elle demanda que l'on répare ce qui avait été cassé et que l'on range ce qui avait été déplacé. Une servante ne tarda pas à venir la trouver dans le simple but de l'accompagner jusqu'à sa chambre où elle recevrait quelques soins pour son faciès mais avant cela, elle désirait rendre visite à ses filles. Elle s'y conduit et serra chacune d'elles avec amour, les deux petites se demandaient pourquoi leur mère avait pareil visage et elle leur expliqua sommairement ce qui était arrivé. Devant l'incompréhension total des deux gamines, elle les gracia qu'une nouvelle caresse dans leur cheveux. Elle les quitta par après afin de recevoir les dits soins.
Un soupire de soulagement prit la Baronne. Tout était enfin fini. Elle se remémorait son choix. Elle aurait du écouter son instinct et refuser sa demande. Au départ, elle ne le désirait pas comme époux mais avait cédé sous la pression de son père. Raymond d'Ancenis avait eu tort, Aetius d'Ivrey ne fut pas un bon époux et sa fille avait entièrement raison, elle n'aurait jamais dû l'épouser. Elle se promit qu'elle n'écouterait plus qu'elle-même. Des choses allaient changer. Elle allait sévir.
Blanche serait aussi froide que l'obsidienne de ses monts, Blanche serait aussi solide que cette gemme, Blanche serait aussi noire que cette pierre.
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