Le début d'un long voyage. | PV

Le vent soufflait légèrement, de ces légères brises, suffisamment fortes pour provoquer des frissons, mais pas assez pour provoquer l'envol d'une feuille morte et desséchée. Le lourd manteau immaculé que l'hiver avait semé sur Anaëh s'estompait sous les rayons du soleil. Les oiseaux entamaient leurs chants, les ours se réveillant d'un long sommeil. On sentait la vie reprendre possession de la forêt. Quendendil, perché sur une branche, regardait le ciel bleu dénué de nuages. Après l'avoir regardé quelques instants, je glissais sur l'herbe, ramassant mon sac et continuais ma route vers Aleändir.

Dyarque, notre Roi, avait appris avec quelque retard les desseins et les actes des Drows qui avaient envahi la lisière de la Forêt. Quelques semaines après mon baptême du sang, j'étais revenu à la capitale pour y trouver par hasard un haut officier de l'armée. Recommandé par Lùthien elle-même, je fus promu au rang de lieutenant des éclaireurs. Je fus légèrement déçu de l'absence de cérémonies, le seul mérite que j'y trouvais était de mieux servir mes frères, ce qui était déjà un présent et une fonction herculéenne à remplir. La filière que j'avais choisi était en sous effectif : J'étais le seul officier du corps, aussi en étais-je indirectement le responsable. Le siège d'Ellyrion avait causé la mort de nombreux Elfes qui avaient laissés vaquants les sièges de haute responsabilité. La race Elfique avait perdu de sa splendeur d'antan, certains cherchant à renouer avec le passé une gloire illusoire.

Les murs de la capitale se hissèrent à l'horizon en fin de matinée. Les coutumiers des postes de gardes me saluèrent avec respect tandis que je franchissais les murailles de la cité, Quendendil sur mon épaule. La vision morose des marchands, traînant leurs charrettes pesantes comme si c'était leurs propres vies qu'ils portaient sur leur dos, me fit prendre conscience de la dérive de la civilisation Elfique. Les gardes paraissaient désabusés de leur tâches quotidiennes. Les racoleurs perdaient de leur superbe et le lierre s'attaquait aux murs des édifices eux mêmes ravagés par l'usure du temps. Je me dirigeais vers le quartier général des Aigles, dont je dépendais par le capitaine. Je dus monter quelques rues adjacentes à la caserne. La bâtisse était sur l'un des rares points élevés de la cité. Elle se trouvait sur un léger amont, un faible piédestal où il était aisé de contempler la foule des Elfes s'agiter dans les rues, mais pas assez pour souffrir d'un complexe de supériorité. Sans supérieur, ma récente promotion me confia aux Aigles, dont je recevais les ordres par le capitaine Kelendil. En montant les marches, je réajustais mon sabre à deux mains, dont la poignée d'ébène glissait légèrement, entraînant la chute des flèches et de mon arc. Je continuais à gravir les marches, rattrapant mon équipement, gêné dans ma tache par ma cape et mes cheveux, vaincus dans un vain duel par le vent soufflant vers moi.

Je poussais la porte de l'antre des Aigles, pénétrant dans un hospice où régnait une ambiance guerrière. Chaque Aigle était vêtu de la même manière. L'élite...demandait la perfection mais n'atteignait que l'excellence où Kelendil Lennderiel exigeait l'idéal du soldat d'élite. Jamais le corps des Aigles ne put rêver meilleur capitaine, et j'étais loin d'être le seul à le penser. Les soldats me passaient devant, saluant respectueusement un officier comme il se devait. Je rendais chaque salut par un signe de tête, bien que je me sentais agréablement bien sur mon piédestal. J'aperçus le capitaine Kelendil, discutant avec un Elfe que je n'avais jamais vu auparavant. Je ne voyais que le pan d'une longue toge de lin, recouverte en son intégralité d'une fine armure ouvragée, dont le temps ne semblait n'avoir d'emprises. Je me dirigeais vers les confrères, Quendendil sur mon épaule, saluant avec respect mon capitaine. Il me sourit brièvement, me rendant mon salut comme je le rendais à ses hommes, mais son visage dur et confiant paraissait légèrement anxieux et sceptique :

- Capitaine Kelendil...

Au moment où Kelendil planta son regard dans celui de l'elfe millénaire, il y découvrit des yeux acérés mais voilés. Il s'attarda sur l'aspect de son illustre interlocuteur, il était vouté et s'appuyait sur une canne pour l'aider à marcher et pourtant il avait toujours un charisme débordant qui l'entourait, une force cachée, à moins que cela ne soit sa réputation et ses antécédents martiaux qui parlaient d'eux-même.

Lorsqu'il annonça au capitaine qu'il était heureux de le rencontrer, ce dernier fut surpris d'être connu mais il n'était en fait pas anormal qu'un être comme lui soit renseigné sur les militaires, qui plus est le chef de l'élite de l'armée elfe. Kelendil ne savait plus trop où se mettre, il se frotta l'arrière de la tête de sa main droite pendant que Daenor s'inclinait, ajoutant au malaise du capitaine. Il finit par dire qu'il avait besoin de Kelendil et de ses aigles, celui-ci répliqua immédiatement sans aucune hésitation

"Mes aigles et moi même sommes à vous"

Le Seigneur protecteur demanda à Kelendil s'il n'avait pas un projet ou une mission en cours, il répondit en cherchant ses mots alors qu'il se souvenait de tout ce qu'il devait faire

"En fait.....j'ai bien des choses à mettre en ordre...." puis se ressaisissant "mais je réussirais à déléguer, quelle est votre requête ?"

Refuser quelque chose à quelqu'un de la stature de Daenor aurait été un affront impossible à régler et de toute façon il pouvait exiger ce qu'il voulait. De plus c'était un privilège pour un militaire que de servir le Seigneur Protecteur de Daranovar, aussi Kelendil ferait tout ce qui était en son pouvoir pour satisfaire les exigences qui allaient être faites. Elle arrièrent bien assez tôt, la mission avait était demandé par le roi en personne, rien que ça, et d'après Daenor elle était vitale, voila des éléments qui n'étaient pas à prendre à la légère et qui demanderaient une attention accrue (bien que les aigles ne prenaient aucune mission à la légère).

Le Seigneur Protecteur partait en territoire humain et il avait besoin d'une trentaine d'aigles, ils devaient être digne de confiance, savoir se débrouiller en territoire inconnu et être compétent. En gros il voulait la crème et c'est ce qu'il aurait. Daenor marqua une pause et regarda Kelendil mais celui-ci avait le regard rivé sur le mur derrière dans le vague, il était déjà en train de réfléchir à l'équipe qu'il pouvait faire, quels étaient ceux qui étaient présent tout de suite et les autres qui étaient en patrouille et le délai qui les ramènerait à Aëlandir. Le Seigneur Protecteur redit qu'il partait en territoire humain, ce qui ramena Kelendil à l'instant présent

"Très bien, je vais vous constituer un groupe qui fera l'affaire, dans combien de temps partez vous ? et puis je annoncer la mission ou préférez vous qu'ils restent dans l'ignorance jusqu'à ce que vous le décidiez ?"

Voila la question qui était importante pour finir de former la petite troupe afin de savoir s'il avait le temps d'attendre certains éléments ou pas du tout.

Alors qu'il était toujours en train de composer la troupe qui escorterait Daenor, il aperçu un elfe qui se dirigeait vers lui. Cheveux blonds, arc d'un côté et sabre à deux mains de l'autre, avec un aigle sur son épaule, ce ne pouvait être qu'Aldaron. Il avait été recommandé à Kelendil malgré son jeune âge comme quelqu'un de très prometteur et il avait même été promu au grade de Lieutenant dans le corps des éclaireurs, devenant le seul officier car Ellyrion n'avait épargné aucun régiment. Le capitaine lui fit un sourire, voyant déjà dans sa tête germer son idée de le mettre à l'épreuve tout de suite. En effet bien que ne le connaissant pas très bien et devenant un élément inconnu dans le groupe qu'il mettait sur pied, le fait que Kelendil soit de la partie était le moyen de voir par lui même si l'éclaireur était à la hauteur des éloges qu'il avait reçu.

Il lui fit signe et lorsqu'il arriva, il fit les présentations en s'adressant d'abord au Seigneur Protecteur

"Laissez moi vous présenter le Lieutenant Anaëhdil, éclaireur de son état et qui sera de la partie." puis se tournant vers Aldaron "Voici le Seigneur Protecteur de Daranovar, Daenor Thoràndrion"

Kelendil attendit la réaction de Daenor et de savoir si la mission était secrète ou pas et donc s'il devait congédier l'éclaireur avant de lui annoncer plus tard qu'il avait une nouvelle mission tout en dissimulant le but.

- Bien entendu, Aldaron Anaëh Dil. J'ai entendu parler de vous, mes compliments pour votre récente promotion.

J'avais l'air stupide. J'ai dû rester quelques secondes, alternant le regard du capitaine et du seigneur protecteur. Ce dernier me regardait avec des yeux autoritaires et légèrement irrités. J'avais interrompu une discussion qui se voulait probablement secrète, vu le ton que les deux Elfes employaient, entre le capitaine des Aigles et le numéro deux du Royaume Elfique. Tout Elfe avait entendu parler de Daenor Thoràndrion. Cet Elfe millénaire, ami de longue date du Roi en personne, seigneur protecteur de Daranovar, considéré par beaucoup, de par son statut et ses relations, comme le numéro deux du Royaume. Son passé tumultueux faisait de lui une personne étrange et mystérieuse, et son habileté au combat n'avait d'égal que sa sagesse, considéré comme unique, même parmi les Elfes.

- Seigneur Protecteur, mes hommages et mes excuses, je ne voulais pas interrompre la conversation qui avait lieu entre vous et le capitaine Kelendil.

Je prononçais ses paroles après m'être rendu compte que j'étais resté silencieux pendant une dizaine de secondes. Je tâchais de me rattraper, arborant un visage fier et dur. Je ne l'avais pas remercié pour ses compliments.

- Merci pour vos compliments, Seigneur Thoràndrion.

L'Elfe millénaire se retourna vers son premier interlocuteur, Kelendil, dont il échangea un regard sceptique, avant de parler :

- Kelendil, pourriez-vous nous trouver un endroit où nous pourrions débattre tranquillement sans autres interruptions ? Même si notre entrevue n'est pas forcément confidentielle, j'aimerais vous exposer les détails au calme. Je ne ferai pas un long discours et serai même bref : il nous faut partir rapidement. Je pense que la présence d'Aldaron Anaëh Dil ici présent tombe bien et pourrait nous être utile.

Il m'avait désigné par un simple hochement de tête, qui me suffit pour me sentir fier. Peu d'officiers, hormis les plus prestigieux, avaient eu le privilège de côtoyer les hauts gradés de la noblesse Elfique. Quelque soit la discussion, elle était importante. Confidentielle peut-être, et la proposition du Seigneur de m'immiscer dans celle ci me combla de plaisir et d'honneur. Sans le savoir, j'étais embarqué dans ce qui allait provoquer un tournant dans l'Histoire des Elfes...

Daenor semblait satisfait des réponses faites par Kelendil, l'honneur de parler à une personne aussi prestigieuse remplissait le Capitaine de fierté. Alors qu'il introduisait Aldaron dans la conversation après son arrivée, le Seigneur Protecteur devint plus rigide, son regard se durcit pendant qu'il dévisageait le Lieutenant et il parla sur un ton plus protocolaire que tout à l'heure.

(Il semble qu'il est irrité, il ne doit pas avoir l'habitude d'être interrompu)

Kelendil connaissait bien évidemment la façon de se comporter envers la noblesse et il comprenait parfaitement l'agacement que pouvait ressentir le Seigneur Protecteur mais lui même était plutôt d'un naturel avenant envers ses effectifs tout comme les autres personnes et il lui avait paru simple de présenter Aldaron sans autre forme. Il avait bien prit en compte maintenant son erreur ainsi que celle de son frère d'arme qui s'était immiscé dans la conversation. La réponse de Daenor ne tarda pas, il semblait connaitre toute la caste militaire car il était déjà au fait du nom du Lieutenant des éclaireurs. Les propos étaient cordiaux mais le ton pour sa part fut plus froid et détaché.

Réalisant le statut de l'interlocuteur du Capitaine, les traits d'Aldaron se tendirent, son regard alla du Seigneur à Kelendil en plusieurs va et vient, preuve de sa détresse et un silence gênant s'installa. Toutefois, le Lieutenant reprit vite les choses en main, il s'excusa tout en affichant un air plus martial et il prit en compte le compliment que lui avait fait l'illustre Daenor.

Les traits du Seigneur Protecteur de Daranovar se déridèrent alors qu'il demandait au Capitaine un endroit plus discret pour converser. Il expliqua que bien que n'étant pas confidentiels, il aimerait exposer les détails au calme, comprendre sans autre interruption intempestive. Il parla ensuite de la rapidité du départ de la troupe pour la mission et il requit la présence d'Aldaron, chose qui intrigua Kelendil jusqu'au moment où il croisa le regard du Seigneur Protecteur.

La caserne n'était pas des plus spacieuse et il y avait peu d'endroit pour être au calme, surtout pour un bâtiment militaire, aussi Kelendil tendit la main vers la porte ouverte derrière lui

"Mon bureau fera l'affaire, je vous prierais à l'avance d'excuser le désordre qu'il y règne ainsi que le peu de confort."

Lorsque les elfes pénétrèrent à l'intérieur, ils n'y trouvèrent pas grand chose, le tout était assez spartiate, dans un coin, il y avait un bureau avec un fauteuil derrière et deux chaises devant, une pile de parchemins et de registres contenants des chiffres (effectifs, armement, ravitaillement...) ainsi que des rapports de patrouilles et des requêtes diverses, un encrier et une plume. Dans un autre recoin, une grande table était jonchée de cartes stratégiques sur la forêt d'Anaëh ainsi que des petites figurines servant à indiquer des bataillons. Au mur, l'emblème des éclaireurs, une tête d'aigle était peint sur une bannière et un râtelier était disposé contre le mur opposé, il comprenait l'arc et le carquois de Kelendil, ainsi qu'un emplacement pour ses deux épées mais celles-ci, à l'instant présent, se trouvaient à son ceinturon et enfin, il y avait une lance et un bouclier rond.

Kelendil donna l'ordre de n'être dérangé sous aucun autre prétexte qu'une invasion, il débarrassa à la hâte la table et il prit le fauteuil qu'il disposa autour, il se tourna vers Daenor et lui indiqua de s'installer sur le plus confortable élément qui composait le bureau

"Seigneur Protecteur, s'il vous plait"

Les deux autres chaises trouvèrent leur place autour de la table et les deux officiers attendirent que Daenor s'installe avant d'en faire de même et de prendre en compte tous les éléments de la mission à venir

Le bureau de Kelendil était tout ce qu'il y avait de plus simple. Un bureau où traînait la paperasse des officiers, des plans, des missives. Une chaise en bois, dure, qui forme le dos et le déforme. Deux fauteuils douillets pour les visiteurs de marque, rares cependant. Kelendil proposa au Seigneur Protecteur un siège, me laissant le choix de me placer. Je restais debout, m'adossant au mur, attendant avec excitation cette mission, cette nouvelle se voulant secrète à l'abri des regards. Après s'être installé confortablement, le seigneur protecteur alterna son regard entre les deux capitaines, puis finit par lâcher d'une voix sereine :

« Le Seigneur Protecteur d'Anaëh, Roi des Elfes, a décidé de rompre l'alliance qui unit les Elfes et les Humains. La Communauté de la Lumière est devenue obsolète et une véritable ironie. C'est pour quoi Il a décidé d'y mettre un terme. »

C'est une bonne minute de silence qui suivit cette déclaration. Je continuais de passer ma main sur mon menton, n'osant rompre le silence. Kelendil prit une légère inspiration et souffla par le nez, rompant le silence devenu roi. Nous nous regardâmes, mal à l'aise devant Daenor qui semblait confiant. Après tout, il ne devait sûrement pas être si différent lorsqu'il apprit la nouvelle par le Roi. Rompre l'alliance...Les Humains n'avaient en rien tenu leurs promesses d'alliance en temps de guerre, c'est vrai. Jamais ils ne levèrent leurs armes contre nos ennemis, notamment à Ellyrion. Mais était-il sage de le faire maintenant ? Dans un pays en proie aux querelles internes et à l'aube d'une guerre civile ?

- La décision du Roi est maîtresse. Avez vous pensé aux réactions des Humains ? Imaginez un traquenard ? Une escorte d'une trentaine de soldats ne nous sauveraient pas de leurs armées.

Il me coûtait d'affirmer que les Humains seraient un temps soit peu maîtres de nos vies tant que nous serions sur la Péninsule. C'était à risque à prendre. Un devoir à remplir. Je dépliais ma jambe, pliée contre le mur, et me cambrais devant Daenor.

- Mes meilleurs archers et guerriers sont avec vous.

L'état du bureau du Capitaine ne semblait pas embêter le Seigneur Protecteur qui parla de son organisation propre, tirant un sourire à Kelendil. Une fois installé et la porte close, les choses sérieuses pourraient commencer. Daenor remercia la bienséance du responsable des aigles et il remercia pour la fauteuil, tout en arguant qu'il aurait pu supporter une chaise bien dur en faisant allusion au mobilier de son bureau personnel.

Le Capitaine Aldaron décida de rester debout, s'adossant à l'un des murs tandis que Kelendil s'asseyait à son tour afin d'être au même niveau que son interlocuteur. Les deux elfes étaient concentrés sur le Seigneur de Daranovar et ce qu'il allait dire. Il relata les évènement récent et un peu plus ancien, Ellyrion, l'escarmouche contre les bucherons qui s'étaient attaqués aux arbres millénaires d'Anaëh ainsi leur absence lors des conflits qui étaient survenus envers les drows. Daenor, Aldaron et Kelendil avaient participé à la défaite du fort et le chef des aigles était présent contre les bucherons et également récemment lors de l'invasion des drows dans la forêt.

Le Seigneur Protecteur marqua un arrêt, surement pour laisser les informations faire leur chemin dans les cerveaux des deux Capitaines. En peignant ce tableau, Daenor mettait en évidence que les humains n'avaient été d'aucune utilité pour les elfes et que l'alliance qui avait été faite entre les humains, les nains et les humains ne semblaient être qu'une fanfaronnade.

Profitant de l'effet qu'il avait astucieusement mis en place, il fit tomber le but de la mission comme un couperet. La communauté de la lumière serait dissoute et l'alliance entre les humains et les elfes non avenue. Le silence s'installa dans le petit bureau, les deux capitaines se regardèrent. Kelendil réfléchissait, certes les humains n'étaient pas fiable et donc l'on ne pouvait compter sur leur soutien mais en se rappelant la masse de sombres qu'il y avait à Ellyrion, le Capitaine des aigles était persuadé que les elfes ne s'en tireraient pas tout seul. Les nains n'étaient plus qu'une poignée et luttaient pour la survie de leur race, il n'y avait donc que les humains qui pouvaient faire quelque chose. Qu'on ne leur fasse pas confiance était une chose, aussi que s'ils ne venaient pas cela ne changerait rien au fait de rompre l'alliance. Mais si jamais ils décidaient de venir alors les renforts ne seraient pas du luxe. Cette décision prise par le roi et après avoir eu un entretien avec la Grande Prêtresse Hyrïel, le chagrinait, il semblait que tout le monde penchait pour un isolement.

Enfin, il était Capitaine et n'avait aucun pouvoir de décision si ce n'était sur le champ de bataille, il ferait ce qu'on lui demande et obéirait comme il se devait et ferait son devoir. Chassant donc ses pensées, il revint au présent et s'ouvrit aux multiples questions qui se posaient, ce fut Aldaron qui entama; Il souleva un point important que Kelendil approuvait

"Le Capitaine Aldaron a raison dans un certain sens. Je ne pense pas qu'ils pourraient nous tendre un traquenard, nous voyageons plus vite qu'eux et nous avons les meilleurs éclaireurs" ce n'était pas des fleurs qu'il lançait à Aldaron mais bien ce qu'il pensait au fond de lui "mais lorsque vous annoncerez cette décision, ne craigniez vous pas qu'ils nous empêchent de sortir de leur château ? à ce moment, notre nombre sera peut être bien inférieur aux leurs"

La première chose qui venait donc aux esprits des deux officiers était la sécurité du Seigneur Protecteur, l'une des plus grande figure de la race. Kelendil avait aussi quelques craintes sur une prise d'otages possible.

Comprenant l'importance de ce mission, il se douta, bien que n'ayant pas encore été dit, que le départ serait imminent. Il pencha sa chaise en arrière, attrapant sur son bureau une plume, de l'encre et un parchemin et il se mit à inscrire les noms des aigles qui l'accompagnerait tout en attendant de savoir ce que le Seigneur Protecteur dirait.

- C'est possible pour ma part. Je peux être devant la grande porte d'ici une heure. Ou préférez vous que nous nous retrouvions hors dela cité, afin de dissiper les soupçons ?

Attendant la réponse du Protecteur, je continuais ma liste. Ismyr et Alëah étaient deux de mes seconds. De fiers guerriers, discrets et exemplaires. Alors que je continuais à noter les noms. La réponse du Protecteur ne s'appuyait que sur un seul espoir : que les querelles des Humains les aveuglent pour nous laisser le temps de fuir en cas de problèmes. Je n'étais pas satisfait. Le risque d'une embuscade dans le palais même d'Ivrey était plus qu'envisageable. Je finis par me lever.

- Seigneur Protecteur, Capitaine, je dois me rendre dans mes bâtiments, afin de préparer l'expédition. Evidemmetn, tout est secret. Pourrez vous me faire parvenir le lieu de rendez vous, Capitaine Kelendil ?

Je m'inclinais, remerciais et sortais de la salle, avant de mettre à accélérer le pas pour rejoindre mon quartier général. Je me mis à trottiner vers la fin du chemin. J'étais excité et effrayé. Je rentrais dans mes bureaux, où, comme d'habitude, les rapports et les soldats courraient dans tous les sens.

- Ismyr, Alëah, venez me voir.

Je rentrais dans ma chambre, fermant la porte derrière eux. Je leur expliquais tout. Pourquoi avais-je été choisi, pourquoi je les avais choisi, pourquoi rompre l'alliance. Je ne répondis pas à cette dernière, ne sachant pas si la raison devait rester secrète. Je leur révélais qu'ils étaient choisis, eux et les noms inscrits sur la liste que je leur donnais, pour accompagner le seigneur protecteur Daenor en Péninsule. Ils furent pétillants de joie et d'excitation.
Je leur ordonnais de réunir les guerriers que j'avais choisi, de les mettre au courant, et de tout préparer afin d'être prêt à partir dans une heure. Les tenues devaient privilégier le camouflage, et les armes, de quoi se battre contre plus nombreux. Une fois qu'ils furent sortis, je m'assis sur mon lit, réfléchissant calmement. Dans quoi m'embarquais-je ? Et si je ne revenais pas de la Péninsule ? On ne me contait pas grand bien de ce Ivrey. Quoi qu'il en était, mon devoir privilégiait ma raison. Je devais le faire. Et je le ferais.

Daenor semblait avoir déjà tout prévu avant de venir voir les deux officiers, c'était tellement évident venant d'un elfe de sa compétence que personne ne fut surpris des réponses qui fusaient aussi vite que les questions étaient posées. Toutefois, cela amena quelques renseignements précieux pour Aldaron et Kelendil. Ainsi ils apprirent que la mission était de rompre l'alliance mais également de parvenir à un accord entre les deux races afin d'assurer les frontières.

Le Seigneur Protecteur voulait que le groupe soit prêt à voyager rapidement et que la mission soit rapidement terminée. Le petit nombre qu'il avait demandé l'était afin de pouvoir disparaitre plus aisément qu'une armée complète. Qui plus est, une petite force serait moins agressive qu'une troupe conséquente. Daenor expliqua que c'était cette raison qui l'avait fait choisir les aigles en priorité, ne masquant pas le compliment qu'il faisait et cela était un baume au cœur pour Kelendil qui avait reprit la place de Capitaine à un ami qui avait été blessé contre les bucherons voila plusieurs années. Il ne prenait pas non plus la grosse tête, il était plutôt humble mais tous les compliments étaient bons à prendre et permettait de savoir que la route qu'il traçait pour les aigles était appréciée.

Daenor ne pensait pas que des embuscades seraient tendues, ni à l'intérieur des châteaux mais il était toujours bon de prendre des précautions et cela était le lot d'Aldaron et de Kelendil, pas celui du Seigneur Protecteur qui avait déjà bien d'autres choses en tête et à penser pour les négociations. Il ajouta qu'il apprécierait que les elfes se mettent en route dans les heures à venir et il demanda si c'était possible de tenir ce délai aux deux officiers. Aldaron répondit aussitôt que c'était réalisable pour sa part et même dans l'heure, il sollicita le Seigneur Protecteur pour savoir où se retrouver, à la grande porte ou en dehors de la cité pour plus de précaution.

Kelendil, plus posé, regarda la liste qu'il avait rédigé en compagnie de Daenor, des noms y étaient apposés, certains étaient rayés, il restait trente noms en clair. Ils avaient prit en compte la spécificité des aigles qui était la polyvalence, ainsi l'on voyait les noms d'elfes qui avaient comme arme de prédilection l'épée, d'autres la lance, des archers, des bâtons et d'autres armes multiples et variés. Ils avaient prit garde de ne pas dégarnir Anaëh de tous les meilleurs éléments afin de garder des vétérans en cas de coup dur dans la forêt mais ils en prirent tout de même quelques uns même si les vétérans aigles n'étaient plus nombreux du tout. Kelendil choisit quelques éléments prometteurs, bien que pour les avoir sélectionné lui même, il fondait de grands espoirs sur tous les éléments de sa compagnie. Devant le caractère urgent qui avait été établit tout de suite, ils avaient noté les noms d'elfes présents dans la capital

"Le temps de tout préparer, je pense pouvoir affirmer avec certitude que deux heures seront suffisantes pour ma part, j'espère que ce délai vous convient ?"

Dans sa tête il était déjà en train d'organiser tout cela, certes les elfes seraient facile à prévenir et à réunir mais il fallait prendre en compte qu'il fallait équiper tout le monde en chevaux et disposer de suffisamment de nourritures pour le voyage, même si les elfes se contentaient de très peu et savaient trouver dans la forêt ce dont ils avaient besoin, ce serait moins évident dans la péninsule.

"Vu le caractère discret que vous voulez, je pense qu'il serait plus facile de faire sortir nos elfes par petits groupes afin de ne pas attirer l'attention, ils se regrouperont un peu plus loin, sous le couvert de la forêt."

Aldaron sortit afin de rejoindre ses éclaireurs, Kelendil resta donc avec le Seigneur Protecteur, il espérait qu'il était satisfait de la réactivité dont avaient fait preuve les deux officiers. De toute façon les escortes étaient l'une des missions des aigles, pour défendre la forêt c'était d'abord l'armée régulière qui était appelée.

Le délai que demanda Kelendil fut accepté par Daenor sans protestation et même au contraire, il semblait satisfait de la promptitude qu'avaient eu les deux officiers suite à la mission qu'il leur avait expliqué. Le Seigneur Protecteur était en train d'arpenter la pièce depuis quelques instants, sa canne résonnant étrangement pour quelqu'un de sa trempe, ayant une réputation de fier guerrier. Maintenant que la liste était terminée, le Capitaine se leva à son tour, Daenor parla de nouveau

- Cela me convient parfaitement, je vous fais entièrement confiance pour la discrétion. Maintenant, si cela ne vous gêne pas, je vais vous laisser à vos occupations, histoire que vous aillez entièrement votre temps pour les préparatifs. Je ne vois rien d'autre à ajouter. Avez-vous … des questions ? Sinon, nous aurons tout le temps de discuter des détails sur le trajet. »

"Je suis heureux que cela vous convienne, c'est un plaisir que de servir sous vos ordres, Seigneur Protecteur."

Kelendil s'approcha de la porte qu'il ouvrit pour céder le passage à l'illustre personnage qui était dans son bureau

"Je vous retrouverais à la grande porte tout seul, comme si je vous raccompagnais et nous retrouverons mes aigles qui seront à quelques distances. Je n'ai pas de question pour le moment et comme vous le dites le temps ne nous manquera pas durant le voyage pour discuter plus amplement."

Une fois que Daenor eut quitté la caserne, le Capitaine s'activa rapidement, il envoya des elfes à la recherche des personnes qui figuraient sur sa liste et il demanda qu'ils reviennent dans les plus brefs délais mais le plus discrètement possible pour un rassemblement d'urgence. Une fois les "courriers" partis, il convoqua ses trois vieux amis qui faisaient aujourd'hui office de conseils et il leur confia le commandement des aigles durant son absence. A eux et seulement eux il expliqua sa mission en leur demandant le secret absolu tant que la nouvelle ne s'était pas répandue. Enfin il fit préparer des chevaux aux écuries réservées à l'armée.

Cela fait, il s'occupa de regrouper de la nourriture en bonne quantité qu'il répartit en charge égal sur l'ensemble des chevaux. Elle ne serait pas consommée immédiatement car les elfes savaient trouver de quoi s'alimenter dans la forêt, mais lorsqu'ils seraient dans les plaines de la péninsule, nul doute qu'ils seraient content de trouver ses réserves.

Une fois tous les elfes présents dans la pièce allouée au petit rassemblement, Kelendil expliqua aux aigles qu'ils avaient été choisit pour participer à une mission importante et secrète dont ils connaitraient les termes exacts ultérieurement. Il leur dit qu'ils seraient partis pour plusieurs mois, ce à quoi personne ne rechigna, ni ne protesta et encore moins ne demanda d'explications, ils n'étaient pas l'élite pour rien et ils connaissaient les obligations qui étaient les leurs. Il leur demanda de s'équiper du strict minimum pour voyager le plus léger et rapidement possible.

Le temps passa rapidement avant que tout cela ne soit fait, les aigles partirent à intervalles non régulier par petits groupes allant de deux à quatre avec le point de rendez vous à quelques lieux dans la forêt. Kelendil se permit de souffler un peu lorsque tout fut prêt et terminé, il alla dans son bureau et il prit ses deux épées ainsi que son arc et son carquois, plus un bouclier qu'il fixa plus tard sur son cheval au cas où. Une tenue de rechange et il se dirigea vers l'écurie prendre son cheval. Le Capitaine aimait voyager à pied mais lorsque la situation l'exigeait comme la, il était obligé de monter. Il vérifia les sangles et les rennes ainsi que ses fontes avant de partir vers la grande porte pour y accueillir Daenor, il était dans le temps et même un tout petit peu en avance.

Cher Père,

Ma double identité me convient parfaitement. L'un n'empêchant pas l'autre, je sers tout autant Kyrïa et son œuvre que l'armée du Roi. Je ne délaisse pas mes engagements de Rôdeur. La Symphonie se fait de plus en plus forte et je la ressens. Kyrïa nous appelle, mais les Elfes des Pierres ne s'en rendent pas compte. La Forêt a besoin d'un protecteur qui la comprenne. Ce protecteur doit comprendre ses intérêts mais également ceux des Elfes des Pierres. Ce n'est pas une mince affaire.

Peu après mon intégration, j'ai combattu les Drows. Les Vils avaient envahis nos frontières à trois endroits différents, sûrement as-tu été au courant. Les combats m'ont aguerri, et j'ai baptisé ma lame du sang des Drows. J'ai rencontré de nombreuses personnes influentes, puissantes et agréables. Je me sens plongé dans un bain dans lequel la température de l'eau ne dépend pas de moi. Toute cette organisation est difficile à assimiler, ma récente promotion au rang de capitaine me rend responsable de vies Elfique.

Si je t'écris c'est pour te prévenir que je m'en vais. Je ne peux pas te dire combien de temps, mais cela se compte en mois. Je sors d'une entrevue avec le Seigneur Protecteur de Daranovar, et nous partons en Péninsule. J'imagine d'ici ta réaction, mais il ne m'arrivera rien. Bien que je n'en ai jamais vus, les Humains ne sont pas aussi stupides au point de nous tendre un traquenard dans lequel nous ressortirions pas vivants. Du moins je l'espère. Pour eux. Car ils connaitront la fureur d'une race réunifiée sous les mêmes bannières, celles de la liberté et de l'honneur.

Je te souhaite du bonheur,

Älma Icelïnde,
Affectueusement,

Aldaron

- Ismyr, va poster cela. Assure toi qu'elle soit scellée. Alëah, as tu terminé ?
- La quinzaine d'hommes est prête. Archers et épéistes. Équipements pour voyager rapidement. Montures scellées. De la nourriture pour tenir au moins plusieurs mois. Dois-je lancer le signal ?

J'hochais la tête. Il partit à la fenêtre, levant le bras. Le premier groupe, de quatre ou cinq éclaireurs quitta la capitale, se donnant rendez vous au carrefour qui se trouvait quelques lieues plus loin. A intervalles d'une dizaine de minutes, un groupe partit. Puis un autre. Et un autre. Puis nous descendîmes retrouver Ismyr, qui était sur sa monture, prêt à chevaucher pour de longs mois.

- Le commandement des Éclaireurs ira à Polÿeska, elle sera capitaine régente. J'ai confiance en elle.

Je remontais ma capuche, réajustais ma cape, et enfourchais ma monture.

- Très bien. Allons-y.

Pendant la traversée de la cité, alors qu'il se dirigeait vers la porte qui le conduirait en des terres moins hospitalières pendant un long moment, Kelendil se remémora les derniers évènements. Tout d'abord sa rencontre avec une Grande Prêtresse qui l'avait aidé à s'ouvrir à la symphonie afin de ne pas perdre l'esprit puis l'invasion qui avait eu lieu de la part des drows, toujours aussi avide de prendre de nouveaux esclaves ou de dominer leurs cousins ancestraux. Deux petites choses mais d'une grande importance pour le Capitaine des Aigles qui se demandait si c'était le bon moment pour partir alors que l'atmosphère était des plus tendues entre les elfes eux mêmes.

Son cheval avançait dans les rues qui grouillaient de monde de tout genre, des marchands, des artisans, des militaires ou encore des mages ainsi que quelques prêtres. Tout cela dans une cité de pierre qui semblait livrer bataille contre la nature qui reprenait ses droits. La question sur l'avenir elfique était sombre et les plus intelligents, ceux qui réfléchissaient avant de prendre des décisions, seraient bien prétentieux de trouver une réponse à cela. Pour quelqu'un qui ne connaissait pas le climat conflictuel, la cité était comme tous les jours mais pour le Capitaine qui était entrainé à prendre le pouls, la tension était palpable bien que renfermé, les regards étaient attentifs, à l'affut du moindre écart.

C'est dans cet état d'esprit que Kelendil avança doucement avec sa monture, déambulant dans les artères principales de la cité. Il arriva enfin en vue de la porte à laquelle il devait retrouver le Seigneur Protecteur, ses aigles étaient déjà à l'extérieur, attendant au lieu de rendez vous et cela faisait maintenant un certain temps que le dernier duo était sortit. Kelendil plissa les yeux à la recherche de celui qu'il devait escorter mais il n'eut pas le temps de chercher car il le trouva lorsque celui-ci se mit en mouvement dans sa direction, ils s'arrêtèrent lorsque leurs montures furent l'une en face de l'autre. Daenor fit un compliment à l'officier sur la rapidité et l'efficacité et il fit allusion aux troupes qu'il avait vu plus tôt

"Merci Seigneur Protecteur, je suis content d'avoir satisfait à vos exigences. Mes elfes et moi sommes effectivement prêt, j'espère que ce voyage se fera sous de bons auspices, loué soit Kyria."

Il montra ensuite de sa main ouverte l'ouverture béante que la porte laissait dans la mur d'enceinte

"Après vous Seigneur Daenor."

Dès que celui-ci se mit en mouvement, il pressa ses jambes sur les flancs de son cheval afin de le mettre en marche et il le mit à hauteur du Seigneur Protecteur

"Tout est prêt pour le long voyage que nous entreprenons, nous voyagerons aussi vite que vous le désirez sur l’itinéraire que vous avez choisit, les routes en Anaëh sont sous surveillance, elles devraient donc être sûr, nous devrons être plus vigilant une fois arrivé en Aduram et encore plus dès que nous ne serons plus camouflés par la forêt mais je sais que vous avez l'habitude vu votre expérience."

Daenor avait sans aucun doute plus voyagé que quiconque et l'armée ne lui était nullement inconnue. Sa sagesse et son charisme débordait de son être

L'attente ne fut point longue, entre notre arrivée et celle du Seigneur Protecteur et du capitaine Kelendil. La dizaine d'Eclaireurs sous mes ordres patientaient dans une petite clairière, où nous tenions à peine tous debout.

- Je t'ai dis ce dont tu avais besoin de savoir, Ismyr, et en conséquent, ce que le Seigneur Daenor m'a dit. Nous n'avons pas et n'allons pas lui demander des renseignements sur cette mission. Je te rappelle que pour l'instant nous ne sommes qu'une escorte. Je ne tolèrerais plus ce genre de comportement en sa présence. Notre aller retour vers Naelis est loin d'avoir fait que des heureux au Conseil, et je tiens à redresser la barre. Est-ce clair ?

Mon second ne répondit pas, car il fut interrompu par le bruit des sabots des chevaux sur le sentier. Je me levais, et sur un signe de la main, les Elfes en firent de même, remontant sur leurs montures et s'engageaient à la suite du cortège mené par le Seigneur Thòrandrion. Une longue expédition nous attendait.

Daenor répondit à Kelendil

" Si nous ne cherchons pas d’ennuis, tout devrait bien se passer. Ce que l’on a le plus à craindre, je crois, nous attendra à Aduram et en Péninsule. Entre vermines drows et bandits, on ne devrait pas s’ennuyer. Mais plus vite aurons-nous fini, plus vite nous pourrons rentrer chez nous. L’idée de partir si loin et si longtemps de la Prime Forêt ne me plaît guerre. Surtout en ces temps troublés. "

"Je suis d'accord avec vous mais Aduram présente plus de soucis à mon avis, la forêt est un lieu plus propice pour tendre une embuscade ou passer inaperçu. La péninsule, à ce que j'ai entendu dire, est assez plate lorsque l'on entre sur les terres. Il sera alors beaucoup plus difficile d'échapper à la vigilance des éclaireurs du Capitaine Aldaron."

Les terres humaines seront tout aussi dangereuses, surtout que les Seigneurs disposeront d'armées et de tours de guets mais les elfes avaient une faculté au camouflage et au silence des plus poussées.

Les deux elfes étaient côte à côte, leurs montures se touchant presque en raison du monde qu'il y avait aux portes de la cité. Les gardes étaient habitués à voir le Capitaine des aigles parcourir Anaëh régulièrement, ils ne firent donc aucune difficulté et saluèrent l'officier. Ils en firent de même avec le Seigneur Protecteur mais plus discrètement, preuve de leur intelligence.

Maintenant dans la forêt, celle-ci était des plus étouffante pour quiconque n'était pas habitué à sa présence, soit pour toutes les races autres que les elfes. Elle avait reprit ses droits depuis le passage de la déesse et elle essayait même d'engloutir la cité. Même en dehors des murs, un flot ininterrompu de personnes avançaient, certains pour entrer dans la capitale, d'autres pour en sortir. Kelendil regardait de droite à gauche, prenant déjà son rôle en charge, soit protéger l'illustre personnage qui était à ses côtés, on ne savait jamais d'où pouvait venir le danger. Au fond de son esprit il ressentait la symphonie des arbres qui envoyait des émotions sans cesse. Le silence s'était installé entre le Capitaine et Daenor mais ce dernier le rompit, posant une question importante

« Que pensez vous de tout cela, Kelendil ? Des Humains, des bûcherons, de la Communauté de la Lumière ? Toutes ces questions portent bien à la réflexion et une telle décision pourrait faire changer tant de choses. »

Kelendil scrutait les personnes alentours, toujours à la recherche d'une menace éventuelle mais il prit le temps de regarder son interlocuteur pour lui montrer son respect alors qu'il répondait

"Vous savez Seigneur, je ne connais pas suffisamment la race humaine mais il y a des choses dans lesquelles j'ai des certitudes. La première c'est qu'ils sont très disparates et qu'il est difficile de savoir si l'on peut leur faire confiance. La deuxième c'est pour moi la Communauté de la Lumière n'a jamais été à la hauteur des espérances qui pouvaient être fondées en elle, les humains ont une durée de vie si courte qu'il est trop compliqué de négocier avec eux car nul ne sait si son successeur ira dans le même sens. Par contre, de mon point de vue, cela n'engage que moi, je pense que sans eux, nous finirons par être balayé par les drows. Ellyrion est la preuve flagrante que lorsqu'ils réussissent à s'unir, leur nombre est trop important pour que nous résistions seul."

Kelendil espérait qu'il n'avait pas outrepassé ses droits en parlant ainsi avec le Seigneur Protecteur mais celui-ci lui avait demandé son avis et il était normal d'y répondre sans ambages tellement c'était important.

Tout en discutant, les deux elfes arrivèrent à l'endroit ou se trouvait le Capitaine Aldaron et toutes les forces qui s'aventureraient dans cette aventure. Dès l'apparition des deux elfes, tous les aigles se levèrent pour l'accueillir, Daenor sauta en bas de son cheval et Kelendil démonta également, prenant les rennes du Seigneur Protecteur et les confiant avec ceux de sa monture à l'un des elfes proches. L'apparition d'un elfe de son envergure amena nombre de questions dans les ranges des aigles qui ne savaient rien de leur mission. Daenor prit le temps de passer entre les troupes pour s'excuser et parler avec chacun, son charisme était débordant et la fierté s'affichait sur les visages des elfes qui avaient parlé avec lui. Une fois cela fait, il rejoignit Aldaron et Kelendil qui se trouvaient au centre des forces en présence et il prit la parole, s'adressant non plus individuellement aux elfes mais à tous en même temps. Les bavardages existants cessèrent immédiatement et chacun se tourna et se rapprocha pour entendre. Les aigles découvraient donc leur mission, escorter Daenor en terres humaines et éviter les affrontements. Les visages et les regards se durcirent au fur et à mesure des explications et des acquiescements se firent durant le discours du Seigneur Protecteur. Enfin le signal fut donné de partir, aucun aigle ne posa de questions, ils obéissaient aveuglement à leur Capitaine. Le voyage allait commencer et il allait durer longtemps.