[Bureau du Marquis] Une visite princière

[Sujet qui sera à déplacer quand j'aurais mon comté ]

Aujourd'hui aurait pu être un jour comme un autre. Le soleil dardait ses lumineux rayons sur la forêt verdoyante et la temparature était encore très agréable en cette fin d'été. Dragan avait quitté la capitale pour quelques jours, retournant chez lui pour s'occuper de quelques affaires courantes. Sa soeur gérait d'une main de maître le comté, mais le jeune elfe savait qu'il était de bon ton de ne pas délaisser les siens trop longtemps et de rappeler à la cité d'Ardamir qui était leur vrai Seigneur. Non pas qu'il se méfie de sa soeur, mais il serait dommage que le peuple vienne à confondre leurs rôles.

Aussi était-il arrivé trois jours plus tôt, avait-il été acceuillit avec joie par les serviteurs et avec effusion par ses soeurs. Il avait eu droit aux reporhces habituels : pourquoi ne venait-il pas plus souvent, quand trouverait-il une épouse pour assurer sa descendance... Ce qu'elles semblaient oublier, c'est qu'elles étaient impitoyables avec les conquêtes de leur frère et qu'il lui était bien difficile d'en gerder une après que ses soeurs soient passées par là.

Pour échapper à leur affection étouffante, il avait eu besoin de quitter le palais et de déambuler dans la forêt de son enfance, gorgée de souvenirs. Il y avait passé tant de bons moments avec sa jumelle... Repenser à elle lui serra le coeur. Le temps n'était-il pas censé cicatriser toutes les blessures? Alors pourquoi son souvenir fugace était-il une telle épine dans son coeur? Il lui suffisait de fermer les yeux pour sentir son parfum, pour retrouver le velouté de sa peau, la chaleur de son rire...

Fort heureusement, des cavaliers firent irruption devant lui, mettant à terme à ses pensées tortueuses. Il leva les yeux et se rendit alors compte que c'était plus une escorte qu'un groupe de cavaliers et que la personne qui se tenait face à lui était était l'une des plus illustre du royaume. Il se fendit d'une révérence gracieuse et impeccable.

- "Princesse Illydril. Que puis-je faire pour vous être agréable?"

Le frère blessé avait laissé place au courtisan expérimenté en un claquement de doigts. Elle voulait lui parler et à son ton, il comprit que cela n'était pas ans rapport avec Anàrion. D'un gracieux sourire, il rentra avec elle jusqu'au palais. Les palefreniers s'occupèrent des chevaux, les gardes du corps gagnèrent le droit de se détendre dans la salle d'armes. Quand à Illydril, elle fut saluée par les soeurs de Dragan, qui finirent par les laisser seuls dans le salon privé. Sur un guéridon, il y avait une carafe de vin elfique et deux verres de cristal.

- "Puis-je vous offrir à boire?"

Il avait l'air totalement détendu et sûr de lui. mais après les banalités d'usage, il avait evie d'en venir au fait.

- "De quoi souhaitiez-vous m'entretenir?"

Il avait connu Illydril enfant, quand Anàrion et elle n'étaient pas encore en compétition. Il avait toujours admiré la princesse et avait même eu le béguin pour elle plus jeune, comme tous les garçons qu'elle avait cotoyé. Mais ils étaient des adultes maintenant et l'innocence de l'enfance s'était envolée. Cependant, sa beauté était éclatante, elle surpassait même sa mère, la Reine.

Le voyage depuis Alëandir n'avait pas été des plus longs, c'était certain, mais pénible, certainement. La jeune princesse détestait voyager sous escorte, elle qui avait toujours soif des grands espaces et de liberté. Pourtant, lorsqu'elle avait évoqué à sa mère le désir de se rentre dans le comté d'Ardamir, celle-ci lui avait imposé une escorte légère, pas plus que trois ou quatre gardes à ses côtés. Un soulagement pour la Reine, une plaie pour la princesse, qui avait été obligée d'avancer au pas avec sa jument, au lieu de galoper sous le vent en dircetion du palais du Comte Dragan.

Elle avait d'ailleurs croisé ce dernier avant même d'entrer en ville. Sans doute avait-il eu envie de se promener seul dans la forêt, cela ne regardait que lui. Il semblait triste lorsqu'elle arriva à sa hauteur, mais bien vite en la voyant il avait repris son air courtois de d'habitude. Il lui avait sourit et avait demandé dans une révérence ce qu'il pouvait faire pour elle. Elle lui sourit, mais ce fut d'une voix des plus sérieuses qu'elle s'adressa à lui.

"Je souhaiterais vous entretenir d'un sujet important, Comte Dragan."

Etrange, comme le vouvoiement d'usage avait remplacé le tutoiement utilisé dans leurs jeunes années. ils avaient grandis ensemble, Anàrion, Dragan et elle, et à cette époque s'était formé une sorte de triangle amoureux. Elle avait en ce temps-là le béguin pour son cousin, et Dragan était alors épris d'elle, ce n'était un secret pour personne.

Ils avaient voyagé de la forêt jusqu'au palais sans un mot, avec pour seul bruit les sabots de leurs montures claquant sur le sol. Une fois au château, elle avait été accueillie par les soeurs du Comte avant d'être introduite dans une pièce privée, un peu à l'écart du brouhaha de la maisonnée.

"Puis-je vous offrir à boire ?"

La princesse accepta d'un regard. Il savait qu'elle ne buvait que du nectar elfique. Aussi n'eut elle pas besoin de le préciser. Puis il lui demanda de quoi elle désirait l'entretenir. Là, son visage aux traits si doux se ferma, tout comme ses paupières, elle inspira un bon coup, rouvrit les yeux et décida de ne pas passer par quatre chemins.

"Je souhaitais vous parler de mon cousin, Anàrion. Je pense que vous vous doutiez déjà du but de ma venue..."

Il n'était pas bête, sans doute avait-il déjà compris qu'elle comptait sur lui pour faire entendre raison à Anàrion au sujet de la couronne d'Alëandir...

Effectivement, il était loin de tutoiement de leurs jeunes années. Les convenances avaient remplacé la complicité et une certaine distance s'était installée entre les trois jeunes gens. Dragan et Anàrion étaient restés très amis, mais avaient exclu Illydril, parce que la politique et le pouvoir n'étaient pas toujours compatibles avaec l'amitié. Une chose que le jeune Comte regrettait énormément. Il appréciait la princesse, même s'il ne s'entretenait plus avec elle que de conversations froides et polies, sans réel intêret. Mais si Anàarion épousait Illydril, les choses pourraient peut-être changer...

Il servit une coupe de nectar à la jeune elfe et lui tendit le verre, se saisissant du sien ensuite. Il fit tourner le liquide pourpre en jouant avec sa coupe, l'air un peu distrait. La vue depuis le bureau était imprenable sur de magnifiques jardins, bordés par la forêt. Son regard se porta vers cette direction. Quand Illydril lui apprit l'objet de sa visite, il cessa de jouer avec son verre et poussa un petit soupir, tout en la regardant droit dans les yeux.

- "Et moi qui pensais que vous veniez pour goûter ma compagnie agréable."

Il esquissa un sourire de façade. Evidemment qu'il se doutait qu'elle venait plaider sa cause auprès de lui... Il aurait aimé qu'elle n'en fasse rien, il était difficile pour lui de soutenir Anàrion et pas Illydril. Il but une gorgée, avant de se rapprocher de la jeune elfe et de s'asseoir non loin d'elle.

- "Eh bien, parlons d'Anàrion alors."

Il était prêt à l'écouter et il était prêt à lui faire entendre raison. Ce n'était pas si dramatique quand même! Pourquoi est-ce que tous les deux étaient-ils si têtus et réfractaires à une union salvatrice? Dragan avait eu beau aborder le sujet avec le demi-elfe, celui-ci avait toujours plus ou moins efuser d'écouter ses arguments. Ils avaient beau être en compétition pour la couronne, ils se ressemblaient plus qu'ils ne le pensaient.

- "Ou plutôt, parlez et je vous écouterais, il me semble que c'est ce que vous attendez de moi dans un premier temps..."

Ce qu'Illydril avait toujours apprécié chez Dragan, c'était son humour et son grand sens de l'écoute. il venait ici de démontrer qu'il n'avait en rien perdu ces deux qualités au fils des ans. Aussi, la princesse sembla se détendre quelque peu. Elle prit le verre que lui tendit son ancien ami et s'assit dans un grand canapé de velours. Il ne tarda pas à l'y rejoindre, gardant une distance respectable. Elle poussa un soupir et commença.

"Je souhaiterais que vous le dissuadiez de m'épouser. Une union avec un sang-mêlé ne serait que sujet de querelles entre les elfes. Nous avons une grande majorité du peuple qui est contre l'union humain-elfe. Je ne veux pas risquer une guerre civile, nous avons déjà bien assez d'ennuis comme cela avec les Drows, sans avoir besoin de leur créer des ouvertures..."

C'était étrange. Elle ne voulait pas partager le pouvoir avec lui, pourtant, au fond d'elle-même, une petite partie de son coeur était ravi de cette union. La partie qui avait aimé Anà, étant jeune. cette partie là n'avait jamais vraiment disparu. Mais c'était son devoir qui primait sur le reste, et les arguments énoncés plus tôt étaient sincères...

Elle but une petite gorgée de nectar et attendit la réaction du Comte. Elle le savait du côté de son cousin, pourtant elle espérait une aide de sa part, comme au bon vieux temps...

L'elfe s'assit plus confortablement, posant un coude sur le dossier, repliant une jambe sous lui et se tournant vers Illydril. Cette position n'était guère séante pour un Comte, mais il devinait que la princesse n'était pas seulement venue voir le Seigneur d'Ardàamir, mais aussi un ancien ami. Elle lui exposa son point de vue, qu'il comprenait parfaitement. Et très objectivement, elle n'avait pas tort. Il allait devoir se montrer adroit.

- "Il serait peut-être justement temps d'évoluer Illydril. J'ai grandi avec un demi elfe et vous aussi. Nous savons tous deux qu'il est aussi noble et capable que n'importe quel sang pur. Ces notions sont désormais obsolètes et nous ne pouvons pas nous permettre de rejeter les demi elfes alors qu'une guerre se prépare. Je trouve ça idiot de condamner les enfants pour la faute de leur parents... Si faute il y a à écouter son coeur plutôt que ses préjugés."

Il se tut un instant. Il avait autant de bons arguments qu'elle et il s'en voulut de lui servir une réponse toute faite qu'elle avait du entendre cent fois.

- "Anàrion a aussi ses partisans. Vous êtes tous les deux aussi têtus et aucun de vous ne veut revenir sur ses positions. Que reste-t-il comme solution alors pour éviter une scission parmi notre peuple? Il est le fils de celui qui aurait du régner, tu es l'héritière de celui qui a régné. Vos prétentions sont aussi légitimes l'un que l'autre. Et puis..."

Il but une nouvelle gorgée et glissa dans un sourire :

- "Qu'est-ce qui vous fait croire qu'il m'écoutera? Je n'ai pas tout pouvoir sur lui, vous le savez bien."

Nouveau silence. Cette fois, il rompit la retenue qui les paralysait, le plus simplement du monde :

- "Serait-ce si terrible de l'épouser? Je me souviens d'un temps où tu ne rêvais que de ça."

Le tutoiement était revenu, naturellement, parce qu'il évoquait une autre époque en d'autres lieux. Une époque bénie dont il avait encore la nostalgie.

Illydril avait écouté les paroles de son ancien compagnon de jeux avec attention. Il avait raison, les enfants ne devraient pas être condamnés à cause de leurs parents. Pourtant, elle avait du mal à accepter le fait qu'il risquait de lui prendre le pouvoir qu'elle avait toujours voulu. Non pour le plaisir d'avoir le pouvoir. Elle n'était pas à ce point nombriliste, mais pour avoir assez de poids pour demander l'anihilation des Drows et venger la mort de son père. Telles étaient ses ambitions premières en tant que reine.

Il lui demanda ce qui la fesait croire qu'il l'écouterait. Elle sourit et, à son tour, prit une position des plus confortables, et tant pis pour la bienséance. Elle parlait à présent au Comte comme à l'ami qu'il avait été il y a longtemps. Elle s'installa en tailleur et lui répondit :

"Il t'écoute, tu es son meilleur ami, son confident. Tu l'as toujours été, Dragan..."

Pour elle aussi, le tutoiement était revenu, bien plus rapidement qu'elle ne l'aurait cru. Comme il était bon de retrouver un ami !

"Serait-ce si terrible de l'épouser ? Je me souviens d'un temps où tu ne rêvais que de ça."

Elle rougit jusqu'aux oreilles. Il avait raison, dans sa jeunesse elle avait souvent dit que quand elle serait grande, elle épouserait son cousin. Mais le temps et les moeurs les avaient séparés...

Elle baissa la tête et murmura :

"Tu as raison, c'est vrai. Je voulais l'épouser. Mais les choses ont changé, et si je l'épouse alors je ne pourrai jamais espérer avoir le peuple avec moi pour détruire Tebryn, pour venger mon père..."

Une larme coula sur sa joue, une simple larme. Elle se rendait compte de ce qu'elle faisait. c'était une forme d'égoïsme, elle qui avait toujours vécu pour les autres. Cette fois-ci, elle voulait parvenir à ses fins, et à moins qu'Anàrion lui promette qu'il la laisserait mener sa guerre... Elle ne changerait pas d'avis sur ce mariage.

Un sourire sincère recourba les lèvres de l'elfe alors qu'Illydril lui renvoyait son tutoiement avec simplicité. Pour une fois, le masque tomba et elle put distinguer derrière le visage d'adulte, l'enfant qu'il avait été avec elle. Habitué de vivre avec des soeurs, il avait considéré Illydril comme l'une d'elle et l'avait autant chahuté que consolé. L'une de ses qualités était effectivement de savoir écouter et observer.

- "C'est vrai, mais cette fois, je crains de ne rien pouvoir faire pour vous. La machine est en marche. De plus, pour être totalement sincère, je suis pour cette alliance. Et ni toi, ni Anàrion ne pourrez me faire changer d'avis."

Il n'avoua pas à Illydril que cette idée de mariage rebutait autant Anàrion qu'elle-même. Il valait mieux qu'elle croit qu'il était totalement consentant, ça lui éviterait de s'allier à lui pour trouver une échappatoire. Elle lui confia alors la raison profonde de sa réticence et alors qu'elle baissait la tête, il sourit. Finalement, tout n'était pas perdu s'il n'y avait que cela qui la retenait. Par contre, son sourire mourut alors qu'il vit la larme couler le long de la joue de satin. Il s'approcha d'elle et essuya la larme du pouce, se saisissant du menton pour qu'elle le regarde.

- "Ah ma princesse, ainsi c'est la vengeance qui te motive? Vous avez au moins un point en commun : vous haïssez les drows qui vous ont enlevé des êtres chers. Je pourrais te servir un discours sur la vengeance et ses méfaits, mais tu ne l'écouterais pas. Gagne son amour Illydril et tu auras ta guerre. Comme tu l'as dit, il m'écoute, je pourrais t'aider."

Il sourit à nouveau, le regard comme assombrit.

- "Tu seras Reine Illydril et je ne laisserais pas Anàrion l'oublier, je t'en fais la promesse."

Ainsi sa décision était arrêtée, et rien ne pourrait le faire changer d'avis. Bien, elle avait donc fait ce voyage pour rien...
Pour rien, vraiment ? Non, car cela lui avait permis de renouer avec son ami d'enfance. Lorsqu'il la vit pleurer, il s'approcha - elle put le sentir tout proche sur le canapé, sans même ouvrir les yeux - et essuya la larme qui coulait sur sa joue d'un geste presque tendre.

Ce qu'il lui dit ensuite la rassura un peu sur cette union. Anàrion aussi était avide de vengeance envers les Drows. Ils avaient au moins un point en commun... Bien, alors elle essayerait de le convaincre de faire cette guerre contre Tebryn.

Puis la dernière phrase de Dragan la fit réagir, doucement. Il lui redonnait espoir, l'espoir que le mariage fonctionne, qu'elle ne soit pas reléguée dans un vieux placard par son cousin... Elle sourit, un sourire faible et timide, mais un sourire tout de même.

"Merci, Dragan. Merci, mon ami..."

Elle sècha ses larmes. Une princesse ne pleure jamais, pas même devant ses plus proches amis. Elle posa un moment son regard sur son verre avant de boire une autre gorgée de nectar. Elle songeait maintenant à rentrer, mais sa mère lui avait conseillé de rester quelques jours en Ardamir, le temps de préparer le mariage...

Cela avait été plus fort que lui et rien n'aurait pu l'empêcher d'approcher et d'effacer la détresse qui souillait les joues de la princesse. Ils étaient seuls, ils avaient renoué des liens qu'il avait pensé brisé et cela avec une facilité déconcertante qui prouvait qu'ils n'avaient pas tant rompu les ponts que cela. Dans cette petite bulle offerte par le bureau du comte, ils avaient remonté le temps, loin des soucis d'adulte... Grand frère protecteur pour la petit princesse qui pourtant, refusait la faiblesse...

Il sembla lui redonner espoir. C'était tout ce qu'il fallait. Il tamporiserait ces deux caractères forts et les amènerait à laisser leurs différents de côté pour regarder ensemble dans la même direction. A la voir si belle, si déterminée, si forte et fragile, il se fit la réflexion qu'il ne serait pas difficile pour Anàrion de l'aimer. Et connaissant le demi elfe, la réciproque était également vraie.

Elle le remercia alors, un timide sourire accroché à ses lèvres délicates. L'instant de faiblesse était passé et ne reviendrait plus. A contre coeur, il se recula légèrement, remettant une distance plus convenable entre eux.

- "Ne me remercie pas, je préfère tes sourires à tes larmes. Il me semble que cela fait longtemps que je ne t'ai pas entendu rire..."

Très longtemps... Leur vie n'était plus à la légèreté et l'insouciance.

- "Si j'ai pu alléger un peu tes doutes et tes tourments alors je suis heureux. C'est le seul remerciement dont j'ai besoin. Il faut que tu comprennes une chose Illy : je ne suis pas pour Anàrion et contre toi. Cela ne marche pas ainsi. Et même quand vous régnerez, je ne me gènerais pas pour lui dire ce que je pense s'il a tort et toi raison."

Il eut un petit sourire, avant de boire à nouveau une gorgée de nectar et de reposer le verre sur une petite table.

- "Alors, comment se passe ton appentissage avec Beren?"

Changement de conversation fort à propos. Il préférait revenir à des sujets plus neutres, de peur de se laiser aller à un sentimentalisme dont il n'était pas coutumier.

"Ne me remercie pas, je préfère tes sourires à tes larmes. Il me semble que cela fait longtemps que je ne t'ai pas entendu rire..."

C'était vrai. Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait plus rit. Hormis lors de son séjour en terres humaines, après sa rencontre avec un jeune aveugle nommé Maniel. Il l'avait comparée à une fée, et cela l'avait fait rire.

"Si j'ai pu alléger un peu tes doutes et tes tourments alors je suis heureux. C'est le seul remerciement dont j'ai besoin. Il faut que tu comprennes une chose Illy : je ne suis pas pour Anàrion et contre toi. Cela ne marche pas ainsi. Et même quand vous régnerez, je ne me gènerais pas pour lui dire ce que je pense s'il a tort et toi raison."

Elle hocha la tête en guise de remerciement. Elle était heureuse de savoir qu'elle pouvait espérer avoir l'appui de Dragan, au besoin. Il était véritablement un ami sincère, et elle était contente de l'avoir retrouvé.

Puis il changea de sujet, préférant revenir sur un terrain plus neutre, moins épineux que cette histoire de mariage. Elle lui sourit, plus largement cette fois. Illydril était dans son élément.

"Très bien, Beren est un professeur formidable. Il est d'une patience inouïe, tu sais..."

Il faut dire qu'avec une élève aussi dissipée qu'Illydril, et pourtant si intéressée, il lui fallait plus d'une once de patience... Elle but une autre gorgée et imita son ami en posant elle aussi le verre. Le nectar, alcoolisé, lui montait un peu à la tête. Illy ne supportait décidément pas l'alcool...

Fort heureusement, Illydril le suivit sans problèmes dans sa tentative pour changer de sujet et il lui fut gré d'agir ainsi. Il se doutait bien qu'elle n'était pas dupe, la princesse était loin d'être stupide. Elle lui répondit que Beren était d'une patience exemplaire et cette fois, ce ne fut pas un sourire qui acceuillit ses paroles, mais un léger rire alors que Dragan imaginait la tête du vieux Beren face à une Illydril dans un mauvais jour.

- "Oui, je sais... Il vaut mieux quand on t'a pour élève... Heureusement que je n'ai pas suivi votre exemple à Anàrion et à toi, parce que Beren se serait arraché les cheveux avec un disciple comme moi."

De toutes façons, il n'avait monté aucune prédisposition pour la magie, et c'était aussi bien. Passer des heures à se concentrer pour apprendre des sorts, non merci. Dragan n'était pas stupide, il était tout à fait capable d'apprendre, sauf que cela l'ennuyait. Tenir une épée en main lui convenait mieux et le séances d'apprentissage étaient bien plus vivantes. Chacun sa voie, mais là encore, ils avaient un point commun, bien qu'Anàrion soit plus avancé que la princesse.

Une forme blanche se faufila alors par la porte donnant sur le jardin et une louve vint renifler prêt des deux elfes.

- "Ah te voilà toi."

Cela faisait plusieurs jours qu'il n'avait pas vu Laurëa, partie chasser il ne savait où dans la forêt. Elle posa son regard d'ambre sur la Princesse, avant que la main de l'elfe ne vienne lui caresser l'échine, arrachant un petit jappement de la gueule de l'animal. Puis, la louve alla un peu plus loin et se coucha, ignorant à nouveau les deux elfes. Dragan regarda à nouveau Illydril et murmura :

- "Qu'est-ce que tu comptes faire alors?"

La jeune elfe se sentait bien, en compagnie de son ami. Elle se sentait comme avant, quand ils étaient jeunes, tous les trois. Insouciante, puérile, peut-être, mais heureuse. C'était un sentiment rare, ces temps-ci.
Alors qu'elle se perdait dans ses pensées sentimentalistes, une bête blanche fit irruption dans la pièce et vint renifler les odeurs des deux elfes. La louve sembla heureuse de voir Illydril, et bien que celle-ci eut une sainte peur des loups, elle avait appris à connaître celle-ci, à la respecter, à l'apprécier. Et la louve le lui rendait bien.

C'est le moment que choisit Dragan pour la ramener à la dure réalité. Qu'allait-elle faire ? Elle soupira, posant son regard sur son ami d'enfance, et répondit d'une voix résignée.

"L'épouser est, je suppose, la solution la plus judicieuse, tant pour nous deux que pour le peuple... Tu m'as ouvert les yeux, Dragan. Mais je compte sur toi en cas de besoin, mon ami. Je vais essayer de rallier le peuple à ma cause, mais avant tou il me faudra convaincre Anàrion du bien fondé de ma requête. Je pense pouvoir y arriver, après tout il a, comme tu l'as dit, un grief contre les Drows qui n'est pas négligeable non plus..."

Elle sourit, un peu rassurée, mais pas convaincue à cent pour cent. Pourtant, elle ne dit rien de plus, sachant au fond d'elle que c'était là la plus sage des décisions à prendre. Et puis la petite partie d'elle même encore amoureuse de son cousin se réjouissait d'un tel changement d'avis. Elle prit sa coupe, termina le nectar d'une rasade et, instantanément, ses joues rosirent. Elle ne tarderait pas à être un peu pompette...

Il y eut une étincelle de malice dans son regard de glace, alors que ses lèvres se recourbaient en un petit sourire amusé.

- "Oh Illy, ne me la fais pas à moi en prenant des airs de condamnée à mort. Toi et Anàrion êtes plutôt en froid en ce moment, mais il ne tient qu'à vous de retrouver votre complicité d'antan. Cela n'a pas été si difficile pour nous, n'est-ce pas? Il suffit de s'éloigner des pressions extérieures, de créer une bulle intemporelle et de laisser le charme agir."

Son sourire s'accentua, espiègle :

- "Et puis, si cela ne suffit pas, j'y ajouterais mon grain de sel, avec toute ma discrétion et ma subtilité naturelles."

Il eut un nouveau petit rire.

- "Tu auras mon soutien Illydril, n'en doute pas. Tu me connais, tu sais que je peux promettre la lune et ne pas tenir mes promesses avec certaines personnes, mais pas avec celles qui me sont chères."

Il remarqua le rosissement des pomettes de la jeune princesse et finit par lui prendre le verre des mains, toujours souriant.

- "Je crois que ce sera tout pour le moment, on va m'accuser de faire boire la Princesse pour l'affaiblir et l'amadouer. Et puis Beren va m'arracher les yeux s'il apprend que tu te saoules chez moi."

"Oh Illy, ne me la fais pas à moi en prenant des airs de condamnée à mort. Toi et Anàrion êtes plutôt en froid en ce moment, mais il ne tient qu'à vous de retrouver votre complicité d'antan. Cela n'a pas été si difficile pour nous, n'est-ce pas? Il suffit de s'éloigner des pressions extérieures, de créer une bulle intemporelle et de laisser le charme agir. Et puis, si cela ne suffit pas, j'y ajouterais mon grain de sel, avec toute ma discrétion et ma subtilité naturelles."

Ces propos firent du bien à la jeune femme. Elle était contente, Dragan lui avait redonné foi en quelque chose qu'elle avait cru oublié, perdu. Des sentiments enfouis au plus profond de son coeur, des émotions qu'elle croyait incapables de revenir.

Puis il lui avait promis son soutient, et elle savait qu'elle pouvait croire en lui, Dragan était un elfe de confiance, surtout envers ses amis. Elle le remercia sans un mot, par un simple regard. Puis il lui prit le verre des mains, sans doute avait-il remarqué son état de légère ivresse... Elle rit à ses paroles.

"Beren n'a pas à savoir ce que je fais ici, avec toi. personne n'a besoin de savoir, d'ailleurs. Nous pourrions faire nombres de choses interdites que personne n'aurait besoin de savoir. Non ?"

Disant cela, elle s'était rapprochée et lui avait gracieusement accordé un chaste baiser sur la joue. En tout bien, tout honneur, comme lorsqu'ils étaient enfants. Car oui, c'était certain, maintenant, Illydril retrouvait son état d'esprit de jeunesse...

Cette façon de le mettre au défi... Comme ils avaient pu en jouer étant enfant. Elle l'embrassa chastement sur la joue, comme alors. Mais à cette époque là, il aurait souhaité plus. Cette époque était heureusement révolue.

- "Oui, on pourrait... Mais je me demande si le temps et les heures à l'académie à écouter ce vieux barbon de Beren ne t'ont pas ramolli..."

C'était une taquinerie teintée de provocation, pour mieux la faire réagir.

- "Pourvu que personne n'écoute derrière la porte, ils pourraient se faire de fausses idées sur ce que nous voulons faire."

Plus détendue que jamais, il se leva et tendit une main à sa future reine.

- "J'espère que tu n'es pas assez pompette pour ne plus avoir le pied sûr."

Il eut un petit sourire énigmatique. Laurëa semblait avoir comprit qu'ils étaient prêt à sortir et se leva d'un bond, balayant l'air de la queue.

- "Dis-moi, ça te dirait une petite escapade, tous les trois? On sort discrètement, sans tes gardes du corps et on vole un peu de temps..."

Ce qui impliquait de passer par les nombreuses passerelles instables qui reliaient les habitations entre elles... Laurëa fila, en direction de la forêt, mais Illydril et Dragan allaient devoir prendre des chemins détournés.

"Oui, on pourrait...
Mais je me demande si le temps et les heures à l'académie à écouter ce
vieux barbon de Beren ne t'ont pas ramollie..."

Il la provoquait ouvertement, sans doute dans le but qu'elle lui prouve le contraire. Et bien... Elle sourit. Il n'allait pas être déçu. Puis il se leva, lui tendit la main et l'invita à s'échapper quelques temps, s'éloigner de toutes ces choses barbantes et s'enfuir, comme avant, par des chemins détournés. Elle se leva comme à son habitude d'enfant, sans l'aide de personne et le poussa doucement mais fermement au torse.

"C'est qui le ramolli ? Allez, on y va ! Après tout je n'aurai peut-être plus l'occasion de faire ça quand je serai mariée..."

Elle rit franchement. Elle savait qu'elle ne pourrait plus le faire, à cause du protocole et tout ça, mais elle se doutait aussi que si sa complicité d'antant avec Anàrion revenait, ils auraient ensemble l'opportunité de faire ce genre d'escapades.

La louve passa devant, mais les deux jeunes gens durent prendre des chemins détournés pour arriver à leur fin, des chemins en hauteur et assez délabrés, mais tellement exitants de par le danger, la sensation de peur et d'inconnu, alors qu'ils connaissaient ces voies par coeur.

Evidemment, elle déclina son aide. Il y avait des choses qui ne changeaient pas et la fierté d'Illydril était l'une d'entre elles. C'étazit réconfortant... Le jeune noble était en train de se dire qu'il venait de faire plus en quelques paroles que bien des Conseillers en des jours pour ce mariage. Restait à amadouer Anàrion et lui faire entendre raison. Mais plus tard. Pour le moment, il se devait d'honorer la princesse comme il le fallait en lui offrant un instant de liberté et de franche camaraderie.

Elle le repoussa alors, lui renvoyant la plaisanterie. Lui ramollit? Alors ça, jamais! Elle allait voir ce qu'elle allait voir! Elle évoqua alors le fait qu'elle ne pourrait plus faire ça une fois mariée. Hum, pas sûr, mais Dragan ne ferait pas partie de ces expéditions là...

- "En tout cas, tu le pourras toujours ici."

Il l'invita alors à la suivre. Ils sortirent par le jardin, avant de se retrouver devant un arbre énorme. Des escaliers étaient dissimulés dans le tronc. Ils les emprutèrent, se retrouvant bientôt en hauteur. Là, un dédale de passerelles s'offraient à eux. Connaissant la cité comme personne, le jeune Comte entraina Illydril dans un véritable labyrinthe, passant par des chemins inutilisés. Les passerelles tanguaient doucement, mais Dragan n'en avait jamais eu peur. Il avait le pied sûr, né de l'habitude. Illydril se débrouillait bien également, mais il jetait tout de même de fréquents coups d'oeil pour être certain qu'il ne lui arriverait rien. Parce que là, il pourrait numéroter ses abattis.

- "Ne tombe pas, je n'ai pas envie de devenir la cible à abattre dans tout le royaume."

Il avait dit cela avec humour, mais il y avait pourtant un sérieux sous-jacent dans ses paroles. Ils atteignirent ainsi les abords de la ville et bientôt la forêt vierge de toute construction elfique.

Il l'avait emmenée à travers des constructions elfiques plutôt vieilles, bancales et pas vraiment sûres. Illydril aurait pu trembler, être une princesse craintive, mais non, elle aimait cette sensation de liberté, de n'appartenir à personne. Elle le suivait sans problème, aussi aisément qu'un chat, bien que moins assurée que Dragan, qui semblait avoir fait ce chemin plus d'un milier de fois tant il était sûr de ses pas.

"Ne tombe pas, je n'ai pas envie de devenir la cible à abattre dans tout le royaume."

Elle rit.

"Ne t'inquiète pas, je ne te fausserai pas compagnie en tombant..."

Son regard se fit espiègle, comme si elle avait quelque chose derrière la tête. Enfin ils arrivèrent à la forêt à proprement parler, celle qui était encore vierge de toute construction elfique. L'étendue verte était magnifique, s'étalant à perte de vue. La jeune femme en avait le souffle coupé. C'était encore plus beau d'ici que d'Alëandir.

Là, elle sourit à Dragan.

"Le premier en bas ?"

Un défi, comme dans leur jeunesse. Ils étaient encore en hauteur, sur la dernière passerelle avant la liberté, et voilà qu'elle le défiait purement et simplement. Elle ne prit pas la peine d'attendre sa réponse et commença sa descente au sol avec aisance, depuis la hauteur où ils se trouvaient.

L'elfe ne se serait jamais amusé à entraîner Illydril dans ce dédale de cordes et de passerelles s'il n'avait été certain que cela l'amuserait et qu'elle s'en sortirait sans problèmes. Il connaissait suffisamment la princesse pour ne pas commettre l'erreur de la reléguer au rang de petite chose fragile qu'il faut protéger. Illydril avait un sacré tempérament de fonceuse et elle avait besoin de s'échapper de la bienséance et du trop lourd proptocole parfois. Pour Dragan, ce n'était pas la même chose : il était un homme, il n'avait pas de parents pour lui dicter sa conduite et envoyait promener les conseillers quand ça lui chantait. Les seules qui avaient une infime influence sur lui étaient ses soeurs et même là, elles avaient échoué à le faire rentrer totalement dans les rangs.

- "Ne me fausse pas compagnie tout court, tu es sous ma protection ici."

Mi sérieux, mi amusé, il établissait un fait qui devait horripiler Illydril. Chez lui, elle était sous sa protection et si le moindre mal lui arrivait, ce serait lui qui trinquerait. Et il en allait ainsi partout, parce qu'elle était femme, parce qu'elle était princesse...

Il parvinret à la fin d'Ardamir et comme chaque fois, Dragan s'émut de la beauté qui s'étalait sous ses yeux. Dommage que ce ne soit pas l'aube ou le crépuscule, c'était encore plus magnifique.

Mais Illydril ne emblait pas décidée à rester là indéfiniment et le mit au défi de descendre plus vite qu'elle. Heureuement qu'ils étaient seuls et que personne ne saurait jamais l'inconscience qui avait animé les deux jeunes gens ce jour-là. Ils auraient pu se rompre le cou alors qu'ils allaient s'amuser comme deux gamins insouciants et irresponsables.

Elle commença à descendre avec une agilité qui forçait l'admiration. Il se fit un devoir de faire de même, avec vélocité et adresse. Mais ce fut Illydril qui toucha la première le sol. L'avait-elle battu ou l'avait-il laissé gagner? Bien malin qui aurait su le dire. Il prit un air faussement essouflé et s'inclina :

- "Je capitule, je suis plus ramollit que toi."

Lard ou cochon, le fait était qu'elle avait gagné.

- "Et quels étaient les enjeux de ce défi que j'ai perdu?"

Un peu plus loin, une ombre blanche les regardait, impatiente de partir en forêt...

Les années passées dans les couloirs du palais royal ne lui avaient en rien fait perdre son agilité naturelle, et ce fut en bonne elfe que la princesse dévala avec rapidité les arbres qui la séparait du sol. Elle arriva un peu avant son ami, et eut donc le temps de reprendre son souffle.

Il était arrivé après elle, et même si au fond d'elle Illydril se doutait bien qu'il l'avait laissé gagner, elle était fière de ne pas avoir perdu ses anciennes habitudes.

"Je capitule, je suis plus ramollit que toi."

Un sourire. Elle savait que c'était faut, et qu'il l'avait laissé gagner.

"Ne sont ramollis que les fanéants. Et je ne pense pas que tu sois de ceux-ci."

Elle lui adressa une gracieuse courbette.

"Jolie course, mon ami."

Puis il lui demanda ce qu'était l'enjeu de cette course. A vrai dire, elle n'y avait pas réfléchi. Elle exagéra une moue pensive, le doigt sur le menton, puis ses yeux s'illuminèrent. Elle savait quoi demander à Dragan.

"Un bain au lac, toi et moi. Comme avant..."

Cela faisait longtemps qu'ils n'étaient pas allés au lac, et la demoiselle ne savait pas qu'il avait été contaminé par les Drows. Elle pensait qu'il était encore possible de s'y baigner, d'y ressentir la fraîcheur les nuits d'été, et cet après-midi il faisiat d'ailleurs particulièrement chaud. Un plongeon ne serait pas été du luxe...

- "Oh ça, tu n'en sais rien... Peut-être que je suis devenu un noble arrogant qui se vautre dans le luxe et ne fait plus rien de ses journées..."

Là, il dépeignait n'importe qui sauf lui. Enfin, mise à part pour le noble arrogant. parce que quand il s'y mettait, il n'était pas toujours un modèle d'humilité. Il avait des droits et des privilèges et il savait les faire respecter.

- "Ceci dit, l'escalade ne fait pas partie de mon programme d'entraînement quotidien."

Elle le félicita pour sa performance et il fit un petit geste gracieux de la tête.

- "Je te renvoie le compliment. Tu arrives encore à m'impressioner. Je pensais te connaître pourtant."

Par contre, son visage changea d'expression alors qu'elle parlait du lac. A en croire l'homme étrange qu'il avait rencontré, ce n'était pas une bonne idée... Il n'avait pas donné l'alerte, ne sachant si c'était vrai ou faux et voulant mener l'enquête. C'était en partie pour ça qu'il était revenu et avait du laissé Révérie derrière lui... momentanément. Il écarta la superbe métisse de ses pensées.

- "Je ne suis pas certain de rester aussi sage que quand nous étions enfant..."

Il avait dit cela d'un ton taquin, mais pour une fois, Illydril pouvait voir qu'il jouait la comédie. Plus sérieusement, il lui avoua :

- "J'ai fais une étrange rencontre il y a quelques temps. Un homme sans nom et sans visage qui avait l'air de savoir énormément de choses, mais peu enclin à les partager. Mais de ce que j'ai appris, il vaut mieux éviter l'eau du lac pour le moment."

Il sembla mal à l'aise. Avait-il fait une erreur en ne donnant pas l'alarme tout de suite? Et si plusieurs elfes étaient malades? Et si Révérie était malade? Il l'avait quitté en pleine forme, mais cela faisait déjà quelques jours...


[Bon, j'essaie de jongler entre les RP's et d'être cohérente^^ Je suppose que bien des elfes ont été empoisonnés avant que Valkayre ne me mette en garde et qu'il y en a eu d'autres après...Pour le moment, que des doutes, pas de certitudes, et les elfes empoisonnés sont encore trop peu nombreux pour que l'on s'interroge...]

Lorsqu'elle avait proposé d'aller au lac, il avait d'avord plaisanté - elle avait bien reconnu l'humour de son ami - avant de lui dire, plus sérieusement cette fois, qu'il avait rencontré un homme lui ayant déclaré que l'eau du lac n'était guère saine. Voilà une chose qui lui avait mis la puce à l'oreille. Comment cela se pouvait-il ? Et pourquoi au palais n'était-on pas au courant ? Tous les elfes d'Alëandir, et des environs sans doute, s'approvisionnaient en eau au lac. S'il y avait quelque chose dans cette eau, ne risquaient-ils pas tous d'en ressentir les effets tôt ou tard ?

"Depuis combien de temps es-tu au courant pour le lac ? pourquoi n'avoir rien dit ?"

Elle avait repris le ton sérieux et sévère qui était le sien lorsqu'elle parlait de sujets graves. L'heure n'était pas à la plaisanterie. Elle s'assit sur l'herbe, contre un arbre, et invita Dragan à en faire autant. ils devaient discuter sérieusement, même si le lieu prêtait plutôt au repos et à la quiétude.

[HJ : C'est assez court, je m'en excuse, mais je fais avec mon temps. ^^]

Terminée la plaisanterie, elle l'avait forcée à aborder un sujet sérieux et comme elle était sa princesse, il lui devait des explicatons. Il eut une expression coupable fugitive, avant de reprendre un air impassible, toute complicité envolée. Pourquoi n'avait-il rien dit? parce qu'il n'était sûr de rien, parce qu'une chevelure de neige et une peau de nacre obsédaient ses pensées.

Il la regarda s'asseoir, silencieux, avant de faire de même souplement. Il se saisit d'une branche et se mit à jouer avec, comme s'il avait besoin de s'occuper.

- "Cela fait 5 jours... Il y avait un homme près du lac. Et une elfe qui s'était baignée."

Il espérait que son ton était aussi neutre qu'il le pensait. Révérie était demi-drow, mais elle était elfe à part entière, il ne mentait pas vraiment à Illydril.

- "Nous avons discuté et à la fin de la conversation, l'homme a demandé à l'elfe si elle avait senti quelque chose d'étrange... Franchement Illy, je ne sais pas quoi en penser... Je n'ai rien dis pour ne pas alarmer inutilement tout le monde. Qu'est-ce que tu voulais que je dise? Un homme encapuchonné m'a dit : Eh méfiez vous de cette eau! Il faut des preuves pour cela."

Sa voix s'était éteinte. Il était assis, adossé à un arbre, le bras sur le genou de sa jambe repliée. Son aute main jouait avec la branche. Laurëa vint le rejoindre et fourra son museau contre sa main pendante. Il eut un petit sourire et la caressa.

- "Tu crois que j'ai été trop... méfiant?"

Avait-il commis une erreur?


[On peut supposer que l'équipe censée trouver la cause va pas tarder à découvrir que le lac est empoisonné^^]

Illydril avait écouté avec attention ce que lui avait dit son ami. Quand il avait évoqué cette elfe, son ton avait légèrement changé, comme s'il ne disait pas tout. Elle mit cela sur le compte de l'inquiétude et ne s'en formalisa pas outre mesure. Ce qui la surprit, ce fut cette histoire d'homme encapuchonné qui l'avait averti. Que de mystère... Cela dit, elle pouvait tout à fait concevoir que Dragan eut voulu s'assurer de la véracité des faits avant de donner l'alarme. Elle ferma les yeux, comme si elle réfléchissait profondément, et lorsqu'elle les rouvrit on pouvait voir la détermination digne de la future dirigeante du peuple éternel.

"Allons voir ça par nous même, veux-tu ? Je pense que c'est préférable aux vues des circonstances."

Elle était décidée, et rien ni personne ne pourait la faire changer d'avis. Tant de détermination dans une si jeune personne, c'était admirable. Elle tenait très à coeur le bien-être de son peuple, et si elle devait risquer quelque chose pour le bien des elfes, elle n'hésiterait jamais. C'était ça, pour elle, être Reine.

"Si nous trouvons quelque chose de suspect, même insignifiant, alors j'irai en avertir Mère. Et si nous ne trouvons rien, alors nous laisserons couler et nous nous baignerons..."

Un clin d'oeil appuya ses propos. Elle savait être sérieuse, mais aussi rester légère comme à son habitude. Etre ici, en compagnie de son ami d'enfance, tout ça remuait des souvenirs enfouis au plus profond d'elle-même.

Ce n'était pas évident de mentir à Illydril, non seulement parce qu'elle était son amie, mais parce qu'elle serait sa Reine. Mais Révérie n'appartenait qu'à lui, c'était son jardin secret et rien ne l'obligeait à en parler à Illydril puisqu'elle n'était pas un danger. Cependant, il était assez lucide avec lui-même pour reconnaître qu'il avait en partie minimiser le problème car une sirène aux cheveux de neige envahissait tout son esprit. Il avait peut-être commis une faute impardonnable...

Il fixa son visage alors qu'elle fermait les yeux et réflechissais, prêt à entendre ses griefs, ses interrogations ou sa décision à son endroit. Quand il croisa à nouveau son regard, il sut que quoi qu'elle dirait, il obéirait et se soumettrait. C'était le regard de sa Reine, pas de son amie.

Elle lui demanda alors de l'emmener au Lac. Il faillit objecter que cela ne servirait à rien, qu'il ne voulait pas qu'ele court le moindre danger, mais tout aussi vite, il referma la bouche et acquiesça, sachant bien que s'il ne venait pas avec elle, elle irait seule. Quelle tête de mule... Il soupira et grommela :

- "Tu me fais penser à Anàrion quand tu me regardes comme ça."

Il se leva alors souplement. Elle préviendrait sa mère s'il y avait un problème, sinon, elle relèguerait cette conversation dans un coin de son esprit.

- "Bon, j'espère qu'il n'y aura rien, je préfère te voir à moité nue que d'alarmer tout le pays."

Il avait prit un ton éger aussi, mais son regard trahissait une certaine inquiétude. Il voulait de toutes ses forces qu'il n'y ai rien. parce que sinon, cela voudrait dire qu'il avait laissé des innocents s'empoisonner et pire : que Révérie risquait de mourir.

- "Viens, allons chercher les chevaux, nous irons plus vite."

Il la ramena, toujours discrètement et ils prirent leurs chevaux, Dragan imposant le silence aux palefreniers, avant de quitter Ardamir pour le lac Uraal.

[-> Lac Uraal
Tu peux ouvrir le sujet my dear?]