Sept ans de solitude [cour des miracles]

La voilà plongée dans ses pensées... C'est rare quand elle fait ça ces derniers temps. Habituellement, elle se contente de fixer le vide devant elle avec un sentiment d'injustice dans la tête, et d'abandon. Ses loisirs sont rares : manger, sortir au puits, aller se réapprovisionner, s'entraîner à l'épée, ruminer parfois... Y'a de quoi devenir fou, et ce ne sont pas des paroles en l'air. Elle est vraiment devenue folle. Elle guette dans le hall d'entrée de sa maison sale tendant l'oreille à chaque bruit suspect, pensant que c'est Bahelaskross le Drow qui revient la finir, après toutes ses années. Non la proportion de l'angoisse envers l'être qui incarne tous ses démons n'a pas diminuée avec le temps, au contraire.

Mais elle y a assez pensé. Ce Bahel... Elle sortira de son trou, le trouvera et lui enfoncera la lame dans la poitirne, là où il lui a laissé sa satanée marque. Elle dévoile son sein pour contempler une énième fois le symbole hait, pour un peu elle se trancherait la poitrine pour ne plus le voir... Mais non, non... Elle n'est pas si folle. Elle pressent que sa poitrine peut avoir une meilleure utilitée qu'amputée, même si cela n'a jamais été le cas. Elle hurle :

-Khala'zzaa !

Ça ne lui prend pas souvent, mais quand elle se met à gueuler cela doit casser les oreilles des forts rares passants qui s'aventurent là où sa voix peuvent les atteindre, dans un nid caché entre la crypte et la cour des miracles. Une demeure secret qui l'a vue sombrer dans la folie en sept ans. Elle se parle toute seule :

-C'est décidé Khala'zzaa je pars... Non tu n'pourras pas me retenir. Comment ça qu'est c'que les humains vont dire de ma peau sombre ? Bah ! Il y a la méthode douce et la violente... Oui si on m’importune je trouverais bien une méthode.

Elle ramasse ses affaires, fourre tout dans son sac à dos en croquant un dernier morceau de fromage de chèvre, mets qu'elle a en abondance. Ça ne risque pas de la faire grossir vu que c'est à peu près tout ce qu'elle mange avec le pain. Les famines dans les sièges de Diantra l'on considérablement amaigri, pourtant c'est une femme solide. Bien sûr, elle a reprit du poids, elle doit faire dans les soixante kilos dorénavant. Mais elle n'a pas fait ça pour la ligne... Comment trouver la force de se fixer une limite, dans un extrême ou l'autre quand on vit enfermé seul ? Elle ne voulait voir personne, car personne n'était digne de la voir... Maintenant elle sait qu'elle a eu tort. Tort de penser qu'elle pouvait s'en sortir sans les autres.

C'est en hâte qu'elle referme la maison à clef derrière elle et emprunte le chemin qui va jusqu'à la cour des miracles. Bien sûr de temps en temps quand elle va au puits ou chercher à manger, elle voit que le monde continue de vivre sans elle. Une fois par mois quelqu'un lui adresse la parole et elle évite la conversation. Mais cette fois elle va causer. Oh oui. Elle va dire tout ce qu'elle a sur le cœur. A commencer par l’abandon d'Asaliah, ça ça ne se pardonne pas. Ça lui fait mal à la poitrine, ça gonfle et ça déborde, le palpitant lui remonte dans la gorge. Elle a un petit peu envie de pleurer. Mais non elle ne se laissera pas aller à des larmes. Sa peau grise restera sèche.

-Pardon, madame ! Saviez-vous où est la cathédrale ? Je suis perdu !

Elle ne se retourne pas, ça vient de derrière. La peur qu'on voit son visage. Mais en même temps la joie d'être interpellée. Elle dit lentement mais d'un ton candide :

-La cathédrale notre dame de Deina ?

Comme s'il y en avait beaucoup à Diantra des cathédrales...

-Oui ! Vous êtes du coin ? Moi pas du tout ! Je viens de Soltariel.

L'homme se rapproche, il n'est plus très loin. Dans quelques secondes il sera assez près pour la toucher. Elle prend les devant et fait volte face. Le visage de l'inconnu se décompose. Il sort une dague de sa ceinture. En réponse : Anna tire son épée. Elle dit, paniquée :

-Attention ! Je n'te veux pas de mal mais si tu n'pose pas cette dague...

L'homme capitule, il s'enfuit en courant dans la direction opposée. Il sait qu'il ne fera pas le poids génétiquement, techniquement et mentalement. Anna soupire.

-Ce sera comme ça à chaque fois ? S'interroge elle à haute voix, d'un ton larmoyant.

Fauyeur continue son chemin jusqu'à la cour des miracles. Les habituels éclopés sont là, les mendiants aussi, sans doute quelques brigands, vagabonds et espions aussi... C'est l'endroit de Diantra où elle est le plus à sa place.

Elle s'assied dans un coin et se met la tête dans les mains, digérant ce qui lui est arrivé. « Ce sera comme ça à chaque fois ? Ce sera comme ça à chaque fois ? » Se répète elle en boucle. Elle a envie d'hurler « parlez moi ! Je suis demi-drow, mais j'ai pas la peste, je vais pas vous manger ! JE HAIS LES DROWS ! Je suis comme vous ! ». Mais elle ne le fait pas, trop de pudeur pour faire un scandale. En revanche, son expression faciale laisse entrevoir le trouble qui l'agite. Elle est nulle pour dissimuler ses émotions. Les jeux de bluff lui sont à jamais déconseillés. Mais Anna tend l'oreille au moindre bruit. Son épée ne la quitte pas. Son ventre se tord sous l'effet du malaise... Elle lâche dans un soupir :

-Délivrez-moi....

Le voyage avait été calme, bien plus que ce a quoi il était possible d'imaginer pour Kyven, de Thaar a Diantra. La capitale Humaine qu'on dit. tout ce monde rappelais presque sa ville lointaine dont elle espérait ne plus y remettre les pieds, et qui sait, de pouvoir réussir a s'intégrer pendant un petit moment pour prendre du repos. L'agitation diurne n'était pas sa tasse de thé, ses sorties s'étant déroulées principalement la nuit pour la totalité.

Le trajet sur le bateau passa doucement, s'étant trouvée un bateau avec un équipage qui ne semblait pas trop dérangés par quelques passagers. Une fois arrivée en Langehack, elle prit un cheval pour se rendre a Diantra tranquillement, nullement pressée d'avancer dans ces terres qu'elle ne connaissait pas. Elle eu le temps de se faire a la population et de changer ses propres habitudes en conséquences pour être moins "différente" et qu'on la laisse tranquille. Bien qu'en étant douée pour se faire ignorée, une sang mêlée Elfe avec une cape rouge et des yeux noirs encapuchonnée.. Je vous laisse imaginer le tableau de son passage dans les marchés pour acheter quelques provisions. Des plus comiques a parfois les plus haineuses malheureusement.

Peu changée finalement de son comportement envers toutes ces personnes, Kyven se retrouva aux portes de Diantra, et y passa sans d'encombres notoires ou de grabuge venant de sa part.

C'est une ville des plus curieuse qui s'offrit a la sang mêlée, elle arpenta les artères principales sans aucun soucis mais se sentit bien vite étouffée et mal à l'aise. Mais elle prit son mal en patience et arpenta la ville avec son or bien caché contre elle et se méfiant de toute personnes l'approchant, et c'était trop pour elle. Jusqu'à ce qu'elle puisse déboucher sur le parvis de "Notre Dame de Deina". Elle fut impressionnée par la grande rosace et les deux tours supportant l'ensemble de l'édifice et qui s'appuyait sur d'autres arcs. Mais il y avait certains endroits qui semblait évité par la plus grosse partie de la populace, ce qui hurla a Kyven que c'était vers cet endroit que toute cette "normalité" criante disparaissait pour faire apparaître le pale visage des bas fonds.

Des mendiants, des infirmes. Tout ce qui sortait de la populace des rues principales, ce qui n'y allaient pas. Kyven devait encore chercher sa place dans ce monde mais elle commencerait en dehors des chemins pavés. Son regard parcourut une partie de cet endroit si incongru mais qui ne donnait pas cette impression de mal être dans le même sens.

Une ombre. Non, une femme. Une sang mêlée.. Drow ? Kyven s'arrêta et fixa cette personne tant la surprise était grande car elle ne s'attendait nullement pas a en croiser une dans les territoires humains.

Elle avait prononcé les mots sans attendre une réaction quelconque en retour de la part des passants et des résidents, tous plus minables les uns que les autres. Ce aurait été stupide : alors quoi ? On murmure "délivrez-moi" et on est aussitôt exaucé ? Croyait-elle aux "miracles" ? Pas aujourd'hui. Non ces mots avaient plutôt sonnés comme un appel dans le vide, un appel désespéré envers quiconque l'entendrait, certes. Mais elle aurait parié que personne n'y répondrait. A part... Peut-être un ivrogne qui aurait voulu lui faire la cour malgré sa race. Quelqu'un qui aurait vite déchanté une fois sobre de toute façon... Que faisait-elle encore dans la capitale humaine ? Mais si seulement il existait une cité de demi-drow ! Or cela était à cent lieux d'exister ! Et entre le Puy d'Elda et Diantra elle avait vite choisi. Cependant le projet de retourner dans la forêt d'Aduram mûrissait dans sa tête, là elle pourrait peut-être en découdre avec le sombre. Après tout c'était l'endroit où elle l'avait vu pour la dernière fois. Il y a neuf ans.

Anna était appuyé contre un mur où étaient placardé quelques affiches dont une publicité pour une parfumerie avec les divers tarifs, quelques cancans de nature politique dont elle se fichait et un grafiti représentant un dragon rouge. Assise les genoux contre la poitrine, la tête posé dessus. Elle avait relevé les yeux et scrutait maintenant les passants, à la recherche de visages hostiles ou amicaux.

Et, horreur ! Il n'y avait non-pas une, mais deux "silhouettes encapuchonnées" ! Les assassins ! Ils revenaient pour elle ! Oui, ça ne pouvait être que ça... Elle essaya de distinguer les personnes, la première devait être une femme, mais elle n'en aurait pas juré depuis son point de vue. Non qu'elle ai un physique androgyne, mais elle était bien dissimulée. Cependant on semblait voir quelque chose comme une protubérance à l'endroit de la poitrine... Une silhouette plutôt féminine. La seconde... ne pouvait être que Bahelaskross. On en distinguait seulement deux yeux brillants. Bleus. Bahelakross devait avoir les yeux bleus... Avec ces capuches impossible de les décrire.Leur taille était quelconque. Elle reconnaissait la charpenture de Bahelaskross et le difficile combat que cela augurait.

- Et si j'étais justement là pour ça?

Anna allait prononcer une phrase pour lui répondre. Une seule. Ensuite elle tirerait son épée et là lui planterait dans la poitrine sans hésiter. De terreur. Il lui appartenait de bien choisir ses mots. Elle les chercha dans sa tête mais... Rien d'intelligent ne venait. La délivrer ? C'est à dire la tuer... Non, elle voulait vivre pour toutes les choses qu'elle n'avait pas encore faites. La mort serait une cuisante défaite, et son pire cauchemar.

-Pas comme ça. Dit-elle.

Sa phrase sembla déclencher une réaction chez le Drow, qui releva la tête imperceptiblement. Mais assez pour voir une barbe courte. Khala'zzaa  n'en avait pas. Cet homme n'était pas un Drow. Il avait la peau foncé mais pas noire. Qui était-ce alors ?... Ce pouvait être un tueur à sa solde. Et l'autre, la femme... Elle aussi... Pourquoi sinon là dévisageraient-ils ? On ne pouvait vouloir que du mal à un demi-drow, selon elle. L'homme était si proche qu'elle aurait pu lui planter sa lame avant qu'il ai le temps de reculer. La femme se tenait un peu plus à l'écart, elle ne voyait rien de son visage. Anna regrettait de ne pas porter de capuchon, mais c'était bien au-dessus de ses forces.

Plantera, plantera pas ? Quel scandale ce serait si elle tuait un innocent. Fauyeur se demandait si elle avait déjà tué un de ces "innocents". Dans la confusion de la guerre ça avait du se passer en effet. Mais bon c'était la guerre. Là... Les miséreux ne le prendrait pas bien. Elle était vaguement connue et plus ou moins tolérée ici, un miracle ! Mais si elle tuait aux yeux de tous, elle ne le serait plus. Ces gens ne lui avaient encore rien fait. Pourquoi attaquer la première ? Simplement : se tenir prête.

Anna se releva en s'appuyant sur ses genoux. Elle fut debout en une fraction de seconde et fit trois pas sur le côté en longeant le mur, une grimace sur le visage, sa bouche se tordait... Elle aurait bien aimé appeler à l'aide. Mais qui ? Ces prêtres ? Ce n'étaient pas des combattants, ils n'étaient même pas armés. Cet homme unijambiste ? Il n'avait pas l'ombre d'une chance. Ce groupe de gamins ? Bah... Que pouvait un gamin face à un assassin ? Et les autres... Non, personne ne pouvait rien pour elle. Fauyeur était seule.

-Partez ! Aboya elle.

Où trouver refuge ? Si elle retournait chez elle, ils connaitraient son adresse. Une statue. C'était Atram ou un truc comme ça... Anna avait oubliée le nom. Pourtant elle aurait aimé se souvenir... Mais c'était un détail sans importance. Enfin, elle n'avait aucune mauvaise volonté. Anna se souvenait que c'était un dieu, pourrait-il la protéger ? Et si elle priait ? Ridicule... Elle croyait plutôt au pouvoir de l'acier. Quoi qu'il en soit, Anna monta sur le socle de la statue. Comme ça elle serait en position de force en cas de combat.

-J'ai dis allez vous-en ! Cria-elle.

Un homme grand et costaud, chauve à la peau claire et sans capuchon vint vers Anna. "Ils vous importunent madame ?" fit-il.

-Heu... Oui, je crois qu'ils sont venus pour me tuer !

-Pas si je les tue avant, répondit l'homme.

Ce colosse avait un nom. Mais Anna ne s'en souvenait plus. Ça commençait peut-être par un "G", impossible d'en dire plus. Il s'était présenté à elle alors qu'elle était encore dans l'optique "plutôt mourir que faire la causette". La demi-sombre s'était enfuie. Elle voyait à présent qu'il n'était pas si mal puisqu'il volait à son secours. Mais il devait espérer quelque chose en échange... Tant pis. En tout cas, c'était mieux si ce n'était pas elle qui initiait le combat.

G. n'avait pas d'armes. Mais il écarta ses bras puissant pour intimider ses adversaires. L'homme pouvait cogner très fort, il avait déjà brisé des crânes. Ce n'était pas un tendre. Il enleva son haut. La cour des miracles allait-elle être le lieu exquis d'un combat à deux (bon, une femme et un homme... Mais peut-être des assassins armés) contre un. Anna ne s'était pas vraiment préparée à un affrontement, elle avait trop peur d'engager les hostilités pour rien. Mais G. Lui n'hésiterait pas. Et si les "assassins" ne se rendaient pas, ne fuyaient pas, elle pourrait prêter main forte au gaillard humain.

Elle avait fixée cette demi drow sans aucune idée de ce qui allait se passer, et remarqua un homme qui s'arrêta vers elle et sembla lui parler. Il était difficile de savoir car pour le moment, la cours des Miracles étaient déjà un peu occupés par des gens, et par des passants, la scène était entrecoupée pour elle ce qui la fit se rapprocher doucement en voyant la rapidité du mouvement de cette étrange personne qui s'éloignait de son interlocuteur.

La réaction de la peau foncée fut sans appel vu la véhémence du visage et non pas des mots prononcés, couverts par le bruits de toute le monde qui ne réalisaient pas encore clairement la situation prochaine. Montée sur la statue, Kyven regarda attentivement la personne avant de comprendre le déroulement a l'arrivée du colosse humain qui sembla se mettre de son coté. Elle avait été pointée ainsi que l'homme avec qui la sang mêlée drow parlait, qu'avait elle bien pu voir en cette autre sang mêlée Elfe ? Kyven n'aimait pas être diabolisée comme ça, sentiment nouveau et soudain, et voulait savoir pourquoi elle devait se retrouvée a se battre face a un tas de muscles capable de la disloquée en deux.

La foule commença soit a se dispersée petit a petit pour laisser de la place, soit a haranguer a la bagarre entre ces adversaires bien curieux. Après tout, il y avait toujours une hostilité a cet endroit en dehors du temps des autres, et cela allait en désavantage aux deux adversaires désignés contre leurs gré. Le grand homme décida d'avancer dans la direction d'Altiom (J'savais pas comment le nominer !), la foule se déplaçant sur son passage tant bien que mal, entre les personnes qui affluaient vers la scène et celles aux premiers rangs qui reculaient.. Kyven était prise dedans et avait bien du mal a s'en dépêtrée et se retrouva finalement sans sa capuche, affichant a tous ceux qui la regardaient son visage tatoué et ses yeux noirs, sa chevelure rousse. Difficile de la prendre au sérieux pour une assassin tant ses traits restait encore jeunes.

Mise a l'écart du colosse et de la foule qui en formait un épais rideau agglutiné même pour elle, ce n'était pas une raison de rester comme cela et la sang mêlée se dirigea vers l'autre a grande enjambées pour lui dire vivement qu'elle allait lui donner un prétexte pour qu'on lui jette une telle force de la nature sur elle même, qui heureusement aurait fort a faire avec l'autre adversaire !

S'approchant au plus près de la folle sur la statue qui jouait au commanderette, Kyven se mit a portée de voix pour être entendu.

Qu'est ce qui vous prend, vous êtes folle ou quoi ? Qu'est ce que je vous ait fais pour déclencher une telle émeute envers moi et cet homme ?

Kyven s'empressa d'escalader le pied de la statue en s'agrippant fermement au cas ou cette énergumène tenterait de la repoussée.

Dépêchez vous de calmer tout ce monde avant qu'il n'y ait des conséquences grave a votre coup de tête pour une simple personne vous adressant la parole a moins qu'elle n'ai dit 'Je vais vous tuer" ou une connerie dans le genre !

Le visage d'un des deux assassins s'était finalement révélé, plus par inadvertance que réelle volonté de se dévoiler. Anna put admirer une elfe aux yeux noirs ! De un, elle adorait les elfes et de deux, le fait que ses iris soient couleur corbeau comme les siennes renforçait sa sympathie automatique envers elle. Elle avait cependant une drôle de figure, couverte de tatouages noirs semblant représenter... Rien en particulier ! Si ce n'est un bandeau noir. Se cacher les yeux, s'aveugler ? Était-ce ce qu'Anna faisait en ce moment ? Se demanda-elle. L'elfe était moins jolie qu'Asaliah, dans sa cape rouge. Elle se précipitait vers la statue, mit un pied pour l'escalader, "Hiii !" eut comme réponse Fauyeur. "L'elfe-qui-ne-s'était-pas-présentée" lui demanda si elle était folle *Je sais pas, tu me trouve folle ? Mais tu avais l'air d'une assassine* pensa la demi-drow. Et ce qu'elle avait fait pour mériter "une telle émeute", c'était évident non ? Elle était venue sur SON territoire sournoisement déguisée en Bahelaskross avec son compagnon qui partageait son déguisement. Elle lui demanda cependant de calmer le jeu, était-ce un signe qu'elle ne voulait pas se battre ? Ou qu'elle voulait simplement pouvoir l'assassiner en paix ? D'un côté c'était une elfe aux yeux noirs... Mais de l'autre elle portait un capuchon... Non, personne ne lui avait dit explicitement qu'il allait la tuer bien sûr, juste "et si j'étais là pour ça ?" ce qui revenait au même pour Anna. L'aventurière fit quelques mouvements avec son épée afin que l'elfe ne s'approche pas trop.

"Vous... Vous n'êtes pas venue me tuer ?" Fit-elle hébétée, car après tout c'est ce qu'elle semblait insinuer.

Pendant ce temps la foule des pas-beaux s'était agglutinée autour de l'autre Bahelaskross et de G., on eu droit à de nombreux cris d'encouragement pour son chevalier servant et aucun pour son adversaire. Il devait se sentir très seul, bien fait pour lui pensa l'exilée. L'homme parla du siège de Diantra qu'ils n'avaient pas su tenir et de la condition des malheureux. Déclenchant tour à tour des huées et un silence pesant. Le combat semblait commencer, les règles étaient simples...
-Hopopopop! Que nenni mon brave, c'est... c'est l'effet capuche, voilà. Vous savez, l'air mystérieux, le regard brillant, l'aura d'insécurité, cette attitude faussement hostile. Avait dit l'encapuchonné.
Était-ce du bluff pour se défendre face à G. ? C'était vrai que ce dernier était redoutable au combat à mains nues et qu'il risquait de s'attirer l'antipathie de la cour s'il le tuait par miracle. Ou n'avait il réellement aucune intention hostile ? Et si c'était le cas, pourquoi ne l'enlevait-il pas, sa capuche ? Bon... ça allait être l'occasion pour Anna de refaire la petite chef. Tout en maintenant l'elfe à une distance respectueuse elle aboya, sa décision prise :

-Non ! Laissez-lui une chance !
-Je croyais qu'ils... Commença G.
-On ne l'a pas laissé parlé, aussi !

"On"... Comment ne pas passer pour une pure paranoïaque lorsqu'on en est effectivement une ? Aucun moyen, juste s'expliquer de son mieux.

-Ses paroles portaient à confusion ! Enlevez-lui son capuchon et je reconnaitrais tout de suite si c'est un Drow !

Puis à l'homme :

-Es-tu un elfe, toi aussi ?

Sans attendre la réponse, elle cria à G. En essayant de deviner son nom :

-...Geoffroy ! Obéis !
-Euh... Moi c'est Gideon... Mais bon comme tu veux ma belle.

Ah, oui, Gideon, ça lui revenait maintenant ! Mais la foule ne semblait pas satisfaite de cette issue, elle se mit à haranguer "une bagarre ! Une bagarre !". Gideon qui s'était avancé vers l'homme à l'effet capuche le regarda d'un air désolé, il murmura sur le ton de la confidence :

-Ils ne seront satisfaits que si... Je vous file au moins un bon direct... Excusez-moi...

Et il lança son poing droit vers le mystérieux individu, en direction du visage. Gideon avait toujours vécu des combats de rue et il sentait qu'il devait bien ça à la cour, plus qu'à cette demi-drow dont il ne savait même pas le nom et dont il espérait simplement avoir les faveurs. Certes, des vents contraires l'agitait. Mais il ne pouvait se permettre de renier ceux qui l'avaient supportés.

-NOOON ! GI-DE-ON ! S'époumona Anna, changeant d'attitude du tout au tout.

Ça devait se passer comme elle le voulait, elle devait avoir le contrôle absolu. Sinon c'était la panique... Elle glissa rapidement à l'elfe :

-Ne me fais pas de mal et je ne t'en ferais pas, d'accord ?

Quémandant son approbation elle la regarda en penchant la tête de ses yeux de jais pénétrants, puis estimant que le risque était faible, elle lui tourna le dos pour descendre de la statue.

-La d'mi-drow contre l'autre ! S'exprima un citadin.

-Qui a dit ça ? S'exclama soudain Anna en tendant son épée vers plusieurs infortunés tour à tour. Dénonce-toi ! Qui a dit ça ?

Mais personne n'obtempéra, alors toujours emportée par sa vague d'affolement, la demi-sombre au doubles (voir triples) couches de vêtements se dirigea vers Gideon et le prit par les épaules de ses mains gantées de noir. Elle commença à le secouer, lui adressant ce reproche muet : "Tu me fais passer pour encore plus folle que je suis et à cause de toi je vais avoir des ennuis !". L'homme ne comprit pas, il était juste satisfait d'avoir attiré l'attention d'Anna, il souriait... Jusqu'à ce qu'il se prenne une baffle violente qui claqua fortement "Oh !" firent les citadins qui étaient restés (une partie s'étaient éclipsés, pensant qu'il n'y allait pas avoir de bagarre finalement). Gideon grogna, effarouché qu'une femme ose le frapper : il avait toujours feint d'être galant mais dans le fond il était très macho... "battez-vous ! Battez vous !" scandait un groupe d'agitateurs. Prenant peur, Anna recula d'un pas et mit son épée tirée sur le ventre du colosse en disant "N'y pense même pas". Mais celui-ci l'écarta en profitant d'une seconde d'hésitation (Et si elle perdait la tolérance de la foule ?) et lui envoya son poing dans la figure, qu'elle se reçut en plein fouet. Anna tomba sur les fesses et porta la main à sa tempe.

-Arf arf ! Belle dame, je perd tout mes moyens quand on me frappe, excuse-moi.

*Moi aussi ! Tu vas crever !* pensa Anna très fort, mais au lieu de ça elle dit gentiment :

-Ce n'est rien, tu as voulu me protéger... Maintenant tu veux bien m'aider à enlever cette cagoule à cet intriguant ?
-Et j'aurais quoi en échange ? Ricana il.
-Tu... Tu n'a rien réclamé tout à l'heure...
-Tout travail mérite rémunération.
-Non mais... dix écus, voilà ? Heureux ?

-Moi j'vous l'fait pour cinq ! Tonna une voix.

Pas la peine d'impliquer plus de monde dans l'affaire, Anna déclina, se disant toutefois qu'elle était bonne payeuse. Même si visiblement Gideon s'attendait plutôt à être payé en nature il ne crachait pas sur l'argent non-plus. Le colosse torse-tu se tourna vers l'inconnu et lui dit, oubliant le vouvoiement amical sous la promesse de l'argent, se faisant plus intimidant :

-Enlève ta capuche bonhomme ! La dame l'a dit ! Fait le ou t'aura un gros problème : moi...

Pendant ce temps Anna se tourna vers l'elfe, ne sachant trop si elle avait à faire à quelqu'un d'amical ou non.

Les clameurs remontaient du combat de coqs improvisés, même si l'étrange homme ou tout autre chose peut il être, semblait vouloir calmer les hardeurs de tout ces gueux agglutinés comme des mouches autour du miel. C'était pas certain que le combat soit équitable en fin de compte, car même si la montagne se retrouvait au sol.. Il y aurait une foule en colère pour répondre au malheur du combattant galant dira-t-on.

Ca remuait autour de MrT, Geoffrois, Gideon. La demi Drow elle aussi remuait car le doute l'avais prise et elle demande même a Kyven si elle était venue la tuée.

Bien sûr que non ! Je ne vous connais pas, et je ne tue pas pour de l'argent ! Je ne vous désire aucun mal, mais simplement une explication du pourquoi je me retrouve mêlée a cette affaire !

On ne s'approche pas, que dit l'épée agitée dans tout les sens. C'est un avertissement largement convaincant pour ne pas essayer, surtout quand la Sang mêlée Elfe ne sent pas d'humeur héroïque ou folle. La petite chef intervenu en faveur de l'encapuchonné et réclama a ce qu'on lui montre son visage en se trompant de nom sur son semi sauveur.

'AS-Y!! FAIS-LUI CRACHER SES DENTS MEUAAAARH ARH ARH!!

Et le coup décocha directement du droit du géant, impossible de bien voir avec l'agitation et la soudaine exclamation d'Anna.

Ne me fais pas de mal et je ne t'en ferais pas, d'accord ?

Hochant la tête avec un regard entendues, la folle descendit de son perchoir et s'arrêtant aussi tôt suite a la demande de l'un des spectateurs qui ne demanda pas son reste une fois que l'épée sifflait devant la peau sombre. Mais le fait de la voir en train de secouer le géant était amusant, mais moins la baffe qui suivit, suivit d'un bruit de stupeur unanime de la foule. Même Kyven n'aurait pas osée le faire, la fuite aurait été une meilleure option.

L'épée pointée mais déviée aussi tôt, le poing parti d'une traite dans le visage de la pauvre qui le reçut avec tout les honneurs, en plein dans le mille. Bien qu'elle resta éveillée et plus ou moins droite sur ses fesses, le coup avait du bien la sonnée, et Kyven descendit discrètement pour se dirigée vers elle.

Arf arf ! Belle dame, je perd tout mes moyens quand on me frappe, excuse-moi.

Kyven ne porta pas plus d'attention a ce qu'il se disait, il était simplement question d'argent pour la capuche de l'autre. Bien qu'un anonyme décida de prêter son aide au prix de cinq, il se ravisa bien vite a la vue du Gideon pas content qui prenait une posture intimidante faisant peur a la moitié de la foule.

Enlève ta capuche bonhomme ! La dame l'a dit ! Fait le ou t'aura un gros problème : moi...

Pour prêter main forte au cas ou, a la demi (car Kyven avait une sorte d'envie de solidarité entre demi), elle avait jouée des coudes pour s'avancer jusqu’à la ligne qui délimitait la zone du combat. Elle lança un regard envers l'encapuchonné, sentant que son aide allait être demandée contre le grand badaud si il y avait encore plus de combat. Posant délicatement la main sur sa dague, elle fit un sourire a Anna avec un doigt sur les lèvres, puis lui faisant signe de s'approchée, en lui tendant la main pour l'attrapée par le col avec difficultés car elle avait décidément pétée un câble en voyant qu'on l'attrapait.

Une fois a sa portée de bouche, s'accroupissant a son niveau, elle lui dit a l'oreille :

Je vais aider l'encapuchonné si ce n'est pas un drow. Si s'en est un, je t'aide toi. Ca te va ? bien sur, si je l'aide, c'est simplement pour qu'on puisse tous prendre la poudre d'escampette.. Marché conclu ?

Se relevant, Anna par la même occasion qui s'agitait moins certainement ou alors attendait pour donner un coup, Kyven attendit que l'homme montre son visage aux yeux de tous en ayant garder sa capuche baissée et se montrant sans soucis. Elle ne manquait pas d'attirer l'attention a cause de ses cheveux roux bien particulier ainsi que ses traits Elfiques mélangés à dominance Humaine. Elle avait quelques traits du visages des Elfes mais gardait la corpulence d'une humaine bien qu'un peu plus fine. Ses propres oreilles étaient semi pointues, ayant la forme humain mais allongées.

Il n'y avait plus qu'à attendre.. Enlève ta capuche et ce serait le meilleur moyen de ne pas te faire pris a part par toute la foule d'un coup. Si tu t'agite trop.. Tout le monde va tenter de te tomber sur le lard ainsi que le grand gaillard. Franchement, Sa place n'était pas enviable, même avec de l'or.

L'elfe se mit en tête de choper Anna par le col, quelle drôle d'idée ! Celle-ci bien sûr paniqua et la repoussa des mains (son épée étant tombée à terre) mais l'elfe était bien déterminée et finit par assurer sa prise solide pour venir murmurer à son oreille qu'elle ne lui voulait pas de mal (décidément elle faisait tout pour la rassurer) et qu'elle se mêlerait du combat pour que chacun puisse s'enfuir loin de cette foule excitée. Bien, Anna avait une allié on aurait dit. Mais le bonhomme n'aurait besoin d'aucune aide pour vaincre Gidéon.

-Marché conclu. Murmura la semi-drow.

-Oh, ne vous donnez pas cette peine. Je le ferai pour elle, non parce que vous me l'intimez. Fit l'inconnu, faisant rougir l'aventurière.

Quoi ? On se montrait charitable envers elle et qui plus est non sous la menace ? Ce devait être une façon de parler... Mais non la supériorité future du type prouverait que non. Anna put voir le visage de l'Archonte (bien qu'elle ignorait ce détail). Jovial, charmant, un nez qui semblait être un bien bel atout. De beaux yeux bleus et une belle "coupe" de cheveux. Bon, d'accord, il était beau concéda Anna. Et ce n'était pas un Drow. Impossible avec sa couleur de cheveux et de peau.

Il se mit à créer des tumultes dans l’attroupement des habitants de la cour des miracles, "nous vous devons toujours un combat". Que se passait-il ? Gidéon ne l'obligeait pourtant pas à se battre, seulement à enlever son capuchon, chose qu'il avait déjà faite. Il s'en tirerait donc à bon compte. Mais il ne souhaitait pas en rester là. Sa colère se reporterait-elle sur Anna si Gidéon était vaincu ? Non, ce qu'il voulait : c'était lui apprendre la politesse. Fauyeur n'avait pas protestée quand elle s'était faite mettre à terre, trouvant cela limite normal. Du moins elle s'y attendait. Mais l'homme, lui, de tout évidence avait une dent contre le comportement du colosse pas galant. Il avait dosé sa force de façon moyenne lorsqu'il avait frappé Anna, un coup pas aussi puissant que celui qu'il avait assené à son adversaire. Mais pas retenu tout de même. Seule l'elfe était encore intacte. Ou la demi-elfe plus vraisemblablement. Comme Aidan.

L'homme aux cheveux châtains maîtrisait la magie. Il fit appel à ce qui semblait être la magie du vent tout en molestant Gidéon pour son écart de conduite, l'impact faisait des bruits assez glauques et ce dernier crachait du sang. Son plexus s'enfonçait horriblement à chaque coup et sa peau se couvrait d'hématomes. Il ne faisait plus le fier. *Quel minable...* se dit Anna. A cet instant, la rancune (car si elle s'y retrouvait en étant traitée comme une m-rd-, la haine l'animait toujours) lui aurait soufflé de l'achever, cet incapable. Mais en même temps elle le prenait en pitié. Pourtant il n'avait rien fait pour mériter ça, n'offrant même pas ses services gratuitement. L'inconnu l'empoignait toujours pas le col. Gidéon était hagard, les yeux dans le vide. On lui demanda de s'excuser mais c'était à croire qu'il n'en avait plus la force. Il aurait voulu tout simplement s'enfuir sans demander son reste ! Car en plus d'être macho il était lâche. C'est ça les grosses montagnes de muscles, tant qu'elles se croient invincibles rien ne les arrêtent elles et leur arrogance mal dissimulée mais une fois vaincues il n'y avait plus personne... Anna au moins était constante dans sa folie.

*Par les dieux, ce type vient d'occire Gidéon ? Suis-je la suivante ?* S'inquiéta-elle. Mais c'était peu probable vu le genre de discours que tenait l'homme. Il semblait avoir beaucoup de respect pour les demoiselles. Réel savoir-vivre ou mascarade ?

Anna se releva en s’époussetant. Tout s'était passé très vite. Gidéon n'embêterait plus personne mais le nouvel arrivant en revanche s'était montré supérieur, pourvu donc qu'il continue d'être bienveillant.

-S'cuse... débita l'homme vaincu.

Cela sembla satisfaire l'autre. Ne sachant trop comment réagir, Anna s'excusa à son tour :

-Heu... Moi aussi je m'excuse, vraiment, je suis désolée de vous avoir pris pour un Drow.

L'homme qui avait voulu offrir ses services pour la somme de cinq écus (et qui était le même que celui qui réclamait avec acharnement une bagarre) sortit du rang et dit :

-T'es pas de Diantra, toi ? Tu peux peut-être vaincre un homme seul mais contre nous tous tu ne peux rien !

Il jeta un coup d’œil incitateur à ses amis mais ceux-ci étaient déjà partis, brillants par leur courage inouï.

-Hé ! Les mecs ! ... Heu, PARDON MONSIEUR !

Les gens qui restaient reculaient prudemment. La démonstration de force du "type qui n'est pas de Diantra" avait impressionné, personne ne voulait être le suivant. Les derniers curieux observaient de loin et ne se mêleraient plus de leurs affaires.

Anna se rappela qu'elle était sortie de sa tanière pour se civiliser. Elle supposait avec plus ou moins de conviction que l'homme était son chevalier servant et assimilait la semi-elfe à Aidan et Asaliah, donc elle se sentait déjà plus détendue. Elle voulait les inviter à boire un verre pour les remercier mais ne savait comment procéder. Et puis elle tenait un bout vers la sociabilisation, hors de question de le lâcher.

-Hmm... Hmmm... Elle se passa frénétiquement une main dans les cheveux, visiblement très nerveuse et asociale. Vous avez soif messire ? Et vous chère Sylvaine ? Je m'appelle Litana... Heu non Ruby... Enfin je m'appelle Anna Fauyeur quoi !

Cela faisait des années qu'elle ne s'était pas nommée, le dernier privilégié à l'avoir connu étant le défunt Gother, semi-drow comme elle et ermite comme elle... Jusqu'à maintenant. *Quel courage j'ai !* s'auto-félicita-elle. Maintenant, restait à voir si son invitation fonctionnait. Oh non elle ne voulait plus retourner seule dans sa maison sale et solitaire !

L'aventurière sortit les dix écus de son sac et les tendit à celui qui avait défait Gidéon.

-Pour vous.

Au diable Gidéon. Celui-ci était plus charmant et surtout il l'avait défendue gratuitement. Cela couperait peut-être court à une vague d'hostilité ?

Le dénommé Altiom faisait des plaisanteries pour détendre l’atmosphère (sans doute), mais cela laissait plutôt de marbre Anna qui était trop craintive. Quand même, elle l'avait vraiment pris au sérieux quand il avait parlé d'infiltrer le Puy d'Elda, heureusement qu'il s'était repris. Anna essayerait de garder à l'esprit que l'homme était un plaisantin, mais ce ne serait pas facile. Et ce sort jeté sur Gideon ? Là, Fauyeur comprenait. Une ruse de manipulateur, auquel elle avait déjà eu recours à un jour bien que contrairement à Altiom elle ne maîtrise pas la magie. Pas facile à déceler pour les non-avertis.
Et l'autre s'appelait donc Kyven ? Mais quelque chose semblait bizarre dans son comportement. Je veux dire... Plus bizarre qu'Altiom. Kyky ? C'était quoi le prochain surnom ? Nana Fauyeur ? Simple déplacement de lettres... Elle pria pour qu'il n'ose pas. La "jeune" (vieille jeune disons) demi-drow n'aimait pas qu'on "salisse" ce qui touchait à son identité : son âge, son nom, son épée, sa race (qu'elle considérait comme irrémédiablement salie), sa profession...

-Vous.. Heu, tu ! As parlé de brûlé des charrettes ? Ce n'est pas vraiment à la mode n'est-ce pas ? Je n'ai jamais vu personne faire ça ! Et pourtant j'ai vu des trucs bizarres....

Elle fit une pause dans ses réflexions. Puis l'idée la percuta :

-C'est la fin de la monarchie ? Non, attend... C'était pour rire, c'est ça ? Aetius d'Ivrey va rester régent ? Enfin moi je m'en fiche, ils ne font jamais rien pour les hybrides...

Anna sembla déceler un signe approbateur chez Kyven.

-Pas d'argent ?

Elle remit les écus en poche.

-Très bien, il y a juste là un endroit où l'on peut "boire un coup", vous le voyez ? Dit-elle en indiquant une enseigne à quarante mètres dans la rue d'en face, entre les rues et la cour.

Elle y était jamais allée mais avait remarqué des gens saouls sortant de la place. En déduisit que c'était bien une taverne.

-Enfin, je vous invite tous les deux mais n'essayez pas de me toucher et gardez vos armes dans vos fourreaux, OK ? Avertit-elle sérieusement.

Puis elle renchérit en voyant un ivrogne s'écrouler en sortant de la taverne :

-Et ne faites pas comme lui.

Le malchanceux buveur qui avait atteint ses limites était tombé dans un tonneau qui servait à recueillir les gouttes de pluie, ça allait lui faire du bien.

Anna mit les mains sur les hanches puis demanda en montrant Gideon :

-Vous me promettez ? Vous n'êtes pas comme lui... Comme eux...

Mais Kyven dut leur fausser compagnie pour une raison obscure, qu'elle n'expliqua pas très bien. Anna lui dit gentiment qu'ils pourraient toujours se retrouver à l'endroit indiqué quand elle voudra, lui donna même l'adresse de sa maison au cas où pour la remercier.

-Je ne veux aucun écart ! Dit-elle à Altiom, sèchement.

Même si au fond d'elle, après quelques verres elle penserait peut-être autrement. Pour l'instant Anna avait besoin d'être mise en confiance pour ne serais-ce que simplement pouvoir arrêter de se méfier de son nouveau compagnon. Kyven partit, les voilà en couple. Elle avait côtoyé majoritairement des hommes mais statistiquement, il y avait moins de chance de se faire attaquer par une femme.

-Allez, c'est par là... Dit-elle d'un ton complètement opposé, très doux.

Et le conduit au bistrot, c'était la fin d'après-midi et il n'y avait qu'une demi-douzaine de clients dans l'établissement. Aucun n'avait l'air suspect. Ils avaient tous des visages découverts et la moitié avaient passé l'âge de se battre. Il y avait un prêtre (que faisait-il en solitaire dans un tel endroit ?) et des loqueteux qui suppliaient le patron pour qu'il leur avance un verre. Anna les ignora. Pour les lieux en question, c'était l'auberge de base bon marché. En bois et en pierre, des tables rondes de façon à ce que nul ne soit trop loin de l'autre. Et un comptoir plein de traces de couteau sur lequel le patron renversa un verre d'alcool pas cher par accident. Les fenêtres ? Il n'y en avait qu'une dans le fond qui donnait sur l'arrière-cour de l'auberge. L'endroit était donc peu éclairé. Il y avait des candélabres pour quand la soirée tomberait. Le stock d'alcool du marchand était tout à fait correct. Aucun tapis n'ornait le lieu et de la quincaillerie récupéré dans les brocantes tenait lieu de décoration.

-Voilà ! Prenez le plus cher si vous voulez, je vous l'offre. Moi c'est ce que je vais faire. Je fête quelque chose aujourd'hui... J'espère que Kyven nous rejoindra mais je ne sais pas, elle n'avait pas l'air bien que pensez-vous... Tu ? Pense-tu ?

Cette Nana... soit, Anna Fauyeur se trouvait décidément être un drôle d'oiseau. Le genre d'oiseau incroyablement coloré, probablement magnifique, mais trop craintif pour que quiconque puisse apercevoir l'époustouflante variété de son plumage chamarré. Mais aussi plus simplement le genre d'oiseau qui ne se contentait pas de gober les vers de terre. Le genre d'oiseau... qui avalait de monstrueuses couleuvres.
- Vous.. Heu, tu ! As parlé de brûlé des charrettes ? Ce n'est pas vraiment à la mode n'est-ce pas ? Je n'ai jamais vu personne faire ça ! Et pourtant j'ai vu des trucs bizarres.... Voire des anacondas, à ce niveau-là.
- Ça, c'est parce que tu n'fréquentes pas les coins intéressants! répondit le baroudeur, enjoué. Il évita toutefois de préciser que la rarissime espèce des charrettes enflammées ne se rencontrait généralement que dans les villes assiégées, la demie ayant déjà l'air assez effarouchée comme ça. Alors ce fut l'apothéose.
- C'est la fin de la monarchie ? Non, attend... C'était pour rire, c'est ça ? Aetius d'Ivrey va rester régent ? Enfin moi je m'en fiche, ils ne font jamais rien pour les hybrides... L'archonte explosa instantanément d'un rire haut et clair, tout bonnement incapable de se retenir, c'en était trop pour lui! Puis l'éclat se fit gloussement, le gloussement soubresaut, le soubresaut sourire amusé. Mais la poitrine du suderon n'avait pas dit son dernier mot et se souleva derechef dans une nouvelle salve frénétique.
- Mes excuses, lança-t-il en reprenant à grand mal son souffle, son indécrochable sourire fidèle au poste. Je n'me moquais pas. Et ma foi, si cela peut te rassurer, ils ne font jamais rien pour qui que ce soit. Anna annonça alors le début des hostilités, au grand soulagement de ce bougre d'arsouille de vadrouilleur. Il était grand temps de se rincer le gosier!
- Enfin, je vous invite tous les deux mais n'essayez pas de me toucher et gardez vos armes dans vos fourreaux, OK ? Et ne faites pas comme lui. Ah... la jeune femme n'était donc pas une franche partisane des beuveries improvisées. Les gens ne savaient-ils donc plus s'amuser de nos jours? Altiom allait demander à l'étrange demoiselle en quel honneur il voudrait la toucher avant que Kyky ne le prenne de cours, s'excusant précipitamment en détalant vers quelque mystérieuse destination. Nul doute qu'il s'agissait là d'affaires décisives pour refuser ainsi une tournée payée d'avance!
- Je ne veux aucun écart ! L'intéressé leva les mains au niveau des épaules, paumes vers l'avant, haussant des sourcils, équivalent corporel du "De quoi, moi? Nooooooon". La voix de la demie se fit alors miel: allez, c'est par là... Par les Cinq cette femme était montée sur ressort! Louve un instant, agneau le suivant, et re-mi-ours derrière comme disait l'autre! Le pauvre luron s'attendait presque à la voir lui bondir au visage dans un soudain accès de folie. A peu près aussi rassuré qu'elle, il lui emboîta le pas jusque dans la bâtisse, et à peine rentré, ce furent dix années de souvenirs qui lui revinrent en plein visage. En pleines narines, pour être exact. C'était tout cet univers, qu'il avait côtoyé pendant si longtemps, qui lui avait tant manqué depuis le singulier dénouement de la Guerre du Sud, cette ambiance calme et sereine, cet îlot d'oubli au milieu d'une vie déchirée par mille peines, cet avenir incertain, cette... liberté. C'était tout cela que le baroudeur voyait dans ce taudis.
-Voilà ! Prenez le plus cher si vous voulez, je vous l'offre. Moi c'est ce que je vais faire. Je fête quelque chose aujourd'hui... J'espère que Kyven nous rejoindra mais je ne sais pas, elle n'avait pas l'air bien que pensez-vous... Tu ? Pense-tu ?
- Aaah j'dois bien dire... l'expression sur son visage... son départ précipité... cela me rappelle les premières manifestations des terribles effets secondaires de la fièvre nelenite... Mais ne parlons pas de choses qui tach- pardon, fâchent. Bien calé sur sa chaise grinçante, l'Ydrilote avait commandé son habituelle eau-de-vie maltée qui, bien que probablement de piètre qualité vu la gueule du bouge, resterait assez forte pour cacher son goût infect. Du moins l'espérait-il. Alors Anna, explique-moi donc ce que tu fêtes en ce jour, que je puisse trinquer avec toi!

Gardant son silence, face a cette demande d'espèce de Charrettes qui brûle a la mode.. Kyven tiqua légèrement sans comprendre ou voulait en venir la demie. La réponse fut tout de même bien curieuse en venant du bouffon échappé d'une cours du Sud de ces terres. Le rire agressa cependant les oreilles de notre petite rousse aux oreilles pointues, ne comprenant pas la blague ou ce qui était drôle.

Kyven s'était échappée d'une façon des plus rapides et douteuses comme pouvais le confier Altiom a la Nana dans cet endroit bien a part. A vrai dire, elle n'avais pas vraiment eu besoin d'une autre raison que celle de son corps qui lui criait son désarroi (On m'en tiendra pas rigueur :D).

Bref, Fraîche, Neuve, et toute aussi joyeuse, elle rentra a son tour dans ce petit.. bouiboui ou quoi que ce soit, mais l'ambiance l'as mit tout de suite dans le calme et elle remarqua bien vite le duo qui détonnait méchamment, et avec les magnifiques instructions qu'avait donnée Nana, elle l'avait marquée.

Arrivant comme un fantôme a la table, une petite choppe a la main, elle prit sa place parmi eux, quitte a les surprendre ! A vrai dire, tout ce monde autour occupé sur ses affaires ne la dérangeait pas plus que ça et la laissa détendue, bien plus que la petite Nana. Comprenant plus ou moins qu'il était question de fêter quelque chose, Kyven tendit l'oreille pour savoir, curiosité oblige.

Spoiler:

Le drille lui parla d'une fièvre mystérieuse dont Kyven serait atteinte, elle écarquilla les yeux en serrant les mains autour de sa chope affreusement chère. Mais heureusement Kyven revint juste après et semblait en pleine forme. Elle la surprit en effet.

-Vous allez bien ? Fit-elle visiblement très inquiète, interloquée.

Devant la réponse, elle se rendit compte qu'elle allait devoir s'expliquer non pas à une mais deux personnes. Cela là mettait doublement dans une situation inconfortable pour elle. Cherchant un réconfort dans ce qu'elle pouvait, elle eut une idée... L'alcool était sensé donner du courage. Elle qui n'en avait quasiment jamais bu... C'était risqué, non ? Se demanda elle. "Mais non... Altiom veille encore sur toi" lui répondit sa voix intérieure. L'homme, lui, buvait sans se poser de question et elle en conclut que si un humain pouvait le boire, une sang-mêlée drow y arriverait aussi.

Elle avala d'une traite le breuvage. C'était dégoûtant.
Mais bon il paraît que ça fait cet effet à tout les nouveaux utilisateurs de courage liquide, surtout quand on prend la liqueur la plus forte. La demi-drow ne put retenir un petit rot disgracieux après sa spectaculaire gorgée.
Or il ne fallait jamais faire ça, plus on buvait vite plus cela montait directement au cerveau. Le barman avait forcé sur la dose, il faisait ça car à la cour des miracles on attendait d'une chope qu'elle vous saoule le plus vite possible et si on investissait dans "ce qu'il y a de plus cher" hé bien on attendait de cela être saoul en un grand verre... Alors quand on le boit d'un coup... Anna resta un moment sans rien dire en papillonnant des yeux. Le barman qui avait vu le spectacle se pencha sur Fauyeur et lui dit :

-Houlà fillette fallait pas faire ça, hé tu m'entends ? Tu vas deven'ir maboul, ça se voit que t'as jamais picolé toi. Puis aux deux autres : Faites-là coucher à l'étage, voilà les clefs d'une chambre, vous me réglerez plus tard. J'la sens pas cette drow, faut qu'elle pionce...

Devenir maboul ? Alors Anna devait parler au plus vite avant que les effets ne soient trop présents. Elle pouvait les sentir, ça avait marché. Plus aucune barrière, inhibition. Elle continua sans tenir compte de l'homme, n'ayant pas envie d'aller se coucher :

-C'est vous que j'fête. J'connais personne, j'suis qu'une pauvre ermite. Y'a dix ans j'vivais en tuant d'gens et... Pis y'a... J'ai arrêté. J'ai arrêté de vivre. Elle s'enflammait à présent. La perte de celle que... J'aimais... Mon traumatisme à propos des Drows... Tout ça m'a pris ma vie ! J'ai voulu me couper du monde pendant sept ans je n'ai quasiment pas sorti un mot à quelqu'un. Et vous voilà, vous êtes... GENTILS ! VOUS M'PARLEZ ! Toi, tu tabasse le gars qui me tabasse hihi...

Sur ce, elle tomba en avant en s'accrochant à Altiom, se renversant de son siège. Elle perdait presque connaissance, ayant avalé trente-trois centilitres de liqueur à cinquante-cinq degrés d'une traite. Pour l'instant elle n'avait pas envie de vomir, son intérieur était trop brûlé pour cela, mais ça lui aurait fait du bien. Anna sur Altiom, glissa à terre, se sentit retenue.

-Tout va bien je...

Maîtrise ? Pas trop non. Elle écarta les bras qui la tenaient et se remit debout, pas très bien campée.

-Kyven, où est Aidan ? Se mit-elle à délirer.

-Couchez-là j'vous dis ! Gronda l'aubergiste. Vous voyez bien qu'elle à un problème.

Ah, fichue Anna ! Elle avait tout gâché en un verre, sans s'en rendre compte. Mais c'est ce qu'il semblait en apparence. Elle se rassit toute seule sur son tabouret et dit :

-J'vais bien j'vous dis... J'peux rester.

Ce qui était totalement faux.

-Tavernier encore un verre.... Ben quoi ? J'ai de l'argent.

-FAUT QU'J'LA MONTE MOI-MÊME CETTE GAMINE ?! Obtempérez ou je vous met dehors les gars ! Et la laissez pas seule cette p'tiote drow !

Heu mais... Quel âge l'homme croyait-il qu'Anna avait ? Parce que quarante-cinq ans quand même... D'ailleurs la demi-drow le lui fit remarquer. Se relevant en chancelant, elle écarta une mèche de cheveux qui lui tombait dans les yeux et le pointa du doigt.

-Toi...

Signe imminent qu'Anna était du genre à créer des bagarres d'ivrognes lorsqu'elle était... Ivre. Oui, il fallait mieux pour elle qu'elle aille faire un gros dodo avant de se frotter au type qui lui prêtait gracieusement une chambre où elle puisse digérer ses conneries. Y lui parlent, y sont gentils mais la laisseront-ils tomber dans cette situation ?

Et bien si Anna était un drôle d'oiseau, Kyky n'était certes pas en reste! Voilà que reparaissait -après tout-de-même trois bonnes minutes d'absence- notre Thiethiel nationale, comme surgi des ombres!
- Holà Kyky! On a loupé sa calèche? lança le suderon en tournant vivement la tête, avant que la demi-drowe n'enchaîne sur un ton étonnamment sérieux... Grands Dieux avait-elle aussi pris le coup de la fièvre nelenite au pied de la lettre?! Un sourire incrédule collé aux lèvres, Altiom ne put que lever bien haut son verre et s'en jeter un petit pour faire passer sa frustration. Il avait l'habitude de déclencher l'hilarité générale ou se faire envoyer la garde aux fesses... voire, lorsqu'il tombait sur l'archétype du rabat-joie rétif à la poilade et chiant comme les lunes, se ramasser la petite remarque acerbe de rigueur -savant mélange d'orgueil, de cynisme et d'absence total de sens de l'humour- accompagnée de son petit froncement de sourcil indigné. Mais là? Rien! Un mur de sérieux, infranchissable, tenant quasiment de la perfection! Ha, c'était toutefois sans compter sur son goût des causes perdues. Il n'avait pas dit son dernier mot, ça non, et lutterait jusqu'à son dernier souffle s'il devait en être ainsi!
Le bougre ne sortit de ses élucubrations que pour assister au tout premier cul sec de sa camarade de beuverie. Son plan blague tombait à l'eau-de-vie.
- Foutredieu Anna j'en ai côtoyé des soiffards cramés du ciboulot mais là tu vas dev'nir ma nouvelle référence! Même les nains y vont doucement avec l'absinthe. Une éructation digne des plus légendaires pochetrons lirganiques plus tard, le patron de l'endroit rameutait.
- Houlà fillette fallait pas faire ça, hé tu m'entends ? Tu vas deven'ir maboul, ça se voit que t'as jamais picolé toi.
- Elle en a dans les braies hein? commenta le drille enjoué.
- Faites-là coucher à l'étage, voilà les clefs d'une chambre, vous me réglerez plus tard. J'la sens pas cette drow, faut qu'elle pionce...
- Bah, pour peu qu'elle ait l'alcool joyeux! Envoyez-donc la p'tite sœur au lieu d'vous affoler, fit-il en désignant son verre et celui de Kyky. Payer plus pour rager moins, technique radicale lorsqu'il s'agit de calmer un tenancier furibard.
- C'est vous que j'fête, lança alors l'arsouille à l'essai, semblant tout d'un coup se remémorer la question. J'connais personne, j'suis qu'une pauvre ermite. Y'a dix ans j'vivais en tuant d'gens et... Pis y'a... J'ai arrêté. J'ai arrêté de vivre.
- Hm soit, "elle n'a pas l'alcool joyeux".
- (...) Toi, tu tabasse le gars qui me tabasse hihi...
- Oh? Tu apprécies la galanterie à la sudero- holà! In extremis, Altiom rattrapa la pauvrette au vol avant qu'elle ne s'affale de tout son long, pauvrette qui de toutes façons s'accrochait déjà vigoureusement à ses frusques. Après quelques instants, elle parvint plus ou moins à se remettre sur les pieds et se défit de l'étreinte protectrice. Le tavernier de revenir à la charge.
- Couchez-là j'vous dis ! Vous voyez bien qu'elle à un problème.
- Qui se nomme première cuite! On est tous passés par là... laissez-la donc profiter un peu. Comme pour lui donner raison, la jeune femme retrouva son empire -semblait-il- et ne fit pas attendre plus longtemps le pauvre tabouret qui s'était amouraché de son postérieur. Bien, elle était assise, calme, et gérait comme une chef.
- Tavernier encore un verre.... Ben quoi ? J'ai de l'argent. Ou pas.
- FAUT QU'J'LA MONTE MOI-MÊME CETTE GAMINE ?! vagit tout d'un coup le patron du bistrot. Rarement avait-on vu tenancier si inquiet pour sa clientèle! Obtempérez ou je vous met dehors les gars ! Et la laissez pas seule cette p'tiote drow !
- Toi..., commença la demie en tendant soudainement un index inquisiteur, évitant miraculeusement de crever un œil à son interlocuteur dans l'opération.
- Toi..., fit alors ce dernier d'une voix calme en se levant. Arrivant derrière elle, il posa doucement ses mains sur ses épaules et commença à la faire pivoter vers l'escalier. ... tu vas monter avec moi à l'étage. D'un moue assurée, il confirma à l'aubergiste que la situation était sous contrôle. Vous m'ferez monter une p'tite bouteille de porto pendant qu'on y est. Kyky? J'vais avoir besoin d'aide pour lui faire grimper les escaliers.
Et l'équipée entama la longue et périlleuse ascension que promettait cette pauvre floppée de marches grinçante. Après un effort tout bonnement monstrueux, titanesque, homérique, l'entreprise se vit finalement couronnée de succès -mitigé toutefois, les participants parvenant à la ligne d'arrivée dans un enchevêtrement improbable de bras, de jambes et autres membres indéterminés. Tous trois déboulèrent finalement dans la chambrée, à bout de souffle, et déposèrent l'idole du moment sur la couche la plus proche.
- Par la petite culotte en dentelles de Néera! J'aurai de quoi raconter à mes gosses, commença le drille en s'affalant à son tour sur la literie crasseuse, mais Anna, je n'pourrai décemment te quitter sans t'avoir appris comment boire et festoyer! Dès que l'envie t'en prendra, dès que le temps te le permettra, viens t'en en mon pays, jusqu'à la cité d'Ydril. Tu pourras m'attendre à la taverne du Furet Furax et m'y faire mander, j'y suis connu comme le loup blanc et l'on me préviendra assurément avant que tu n'aies sifflé ton godet d'absinthe! Sur ces entrefaites fut apportée la bouteille tant attendue. A la bonne heure, Kyky, j'espère que tu as encore soif, je déteste boire seul!

HRP:

Holà Kyky! On a loupé sa calèche?

Oui, en quelque sorte, on va dire ça.

Le maigre sourire disparu, laissant place a un regard curieux sur le comportement des deux. Après tout, vous buvez comme vous vivez.. La grande lampée absorbée par la demi, laissa sans voix l'autre demi. Boire d'un coup comme ça, l'effet escompté -pas tant que ça peut être- se fit sentir et la secoua profondément. Buvant son breuvage, incrédule, écoutant le tenancier d'une oreille distraite devant la scène.. L'elfette qui ne l'était qu'à moitié, se mit en branle pour aider le pauvre ami humain devant la tache monumentale requise qu'était d'escorté la petite chose grise dans les escaliers. Le principe de l'eau qui vous coule entre les doigts, c'était plus ou moins le même principe.

Rarement on pouvais voir quelqu'un autour descendre les escaliers presque la tête la première a cause d'un état d'ébriété avancé a l'absinthe et de tenir debout. Debout, chose vite dit car il était plutôt question de la traîner comme une serpillière. Si le breuvage ne remontait pas encore, ça ne saurait tarder mais tout le monde arriva dans la chambre pendant que Kyven récupéra la bouteille en question pour le groupe. Pas vraiment connaisseuse pour sa part, elle déposa la bouteille ou elle put en prenant place sur une chaise et regardant la paillasse royale.

Je ne suis pas une grande buveuse et je doute d'avoir autant d'idée trouble pour boire d'une traite quelque chose comme ça. Je tien plus ou moins encore a ma personne. Mais je vous accompagnerais volontiers.. Messire, sire, monsieur, ou que sais-je encore si vous avez un titre ?