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 Aveugle | Mathilde de Clairssac

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Le Vaisseau de la Voilée
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MessageSujet: Aveugle | Mathilde de Clairssac   Aveugle | Mathilde de Clairssac I_icon_minitimeDim 18 Nov 2012 - 13:06

Aveugle

    Katalina était épuisée. Épuisée par un long été passé à marcher sans arrêt, épuisée par les épreuves qui s'accumulaient sur sa route, épuisée d'avoir l'impression que peu importe ses efforts, elle n'arriverait jamais à destination. Chaque pas qu'elle faisait amenait une nouvelle question. Si la Gardienne était habituée à ne pas tout savoir et à évoluer dans un univers flou, pour la première fois depuis le Voile, elle avait l'impression d'être véritablement aveugle. L'Œil de la Voilée n'était plus sur elle, la Déesse semblait s'être désintéressée de sa destinée. Son esprit n'était plus que silence angoissant, là où jadis elle avait pu se laisser bercer par les murmures divins. Désormais, elle n'entendait plus, elle rêvait. Mais ces rêves qui hantaient ses nuits, étaient-ils vraiment des messages de Tyra ou bien son inconscient malade qui se jouait d'elle pour mieux lui faire oublier sa solitude ? Chaque matin, le rituel était le même. Katalina se réveillait peu avant l'aube, en sueur et le cœur battant. Arrachée à un sommeil chaotique, précipité dans un monde qui lui semblait de plus en plus hostile, la Gardienne devait lutter pour se souvenir de ses songes ; elle le faisait avec l'énergie du désespoir, car ils étaient la clef pour comprendre ce qui lui arrivait. Du moins l'espérait-elle. Ainsi, parce qu'elle avait rêvé de Trystan, Katalina s'était-elle mis en route vers la Péninsule. À Oësgard, c'était Astéride qui l'avait hantée. Ne s'attardant pas dans une baronnie malmenée par la guerre, elle avait porté ses pas vers le sud. Vers Erac. Elle ne savait pas ce qu'elle y ferait, elle espérait simplement que son chemin ne se terminait pas en précipice.
    Le hasard avait voulu que ses pas la menassent sur cette même route qui, presque dix années plus tôt, avait vu sa déchéance commencer. Elle ne s'en serait pas rendue compte si la scène ne s'était pas rejouée sous ses yeux, s'imposant à elle et ne lui laissant aucune autre alternative que regarder. Fermer les yeux ? L'aveugle n'avait pas cette chance. L'impuissance lui avait noué les entrailles, comme alors, et elle avait maudit Tyra de la torturer ainsi. La Déesse ne s'était pas laissée émouvoir. Katalina n'avait pas dormi cette nuit là, préférant la marche à un repos qui n'en serait de toute façon pas un, et avait finalement atteint Etherna peu avant que le soleil ne se couchât à nouveau. Katalina n'y prêta pas attention, seulement concentrée sur une étrange idée qu'elle avait eu peu après les douloureuses réminiscences de sa rencontre avec Nhilantar. Elle n'avait jamais été à Etherna. Elle n'avait jamais pu. Le sombre l'en avait empêché et elle n'avait jamais terminé ce voyage là. La serramiroise avait cru tourner la page de ce douloureux événement plusieurs années plus tôt, mais soudain, elle voyait les choses sous un jour nouveau et c'était comme si elle terminait enfin ce chapitre de sa vie.
    Sa vie. C'était étrange, de penser à nouveau ainsi. Après le Voile, Katalina avait renoncé à tout. Sa fortune. Son nom. Son héritage. Son passé. Elle avait tout abandonné, sans un regard en arrière, pour devenir ce qu'on attendait d'elle. Elle avait voué chaque minute de son existence à une Déesse changeante, parfois douce, souvent cruelle. Depuis que cette dernière s'était retirée de son esprit, c'était comme si Katalina se réappropriait lentement tout cela. Elle avait renoncé au patronyme de Mémoire pour reprendre le nom que lui avait donné sa mère, par exemple. Chaque fois, elle s'était attendue à recevoir les foudres de Tyra, pour cette rébellion. Chaque fois, seul le silence avait répondu à ses actes ; et si, jadis, elle avait appelé de tous ces vœux une pareille libération, maintenant qu'elle y était, elle ne pouvait s'empêcher d'avoir peur et de regretter ces longues années où Tyra l'avait guidée sans relâche. Jusqu'à preuve du contraire, cependant, elle restait sa Gardienne. Tout ceci n'était peut-être qu'une nouvelle épreuve, si c'était le cas, elle était bien cruelle mais Katalina ne pouvait se permettre d'échouer, peu importe le prix de sa réussite. Si elle devait, au bout du chemin, redevenir Mémoire, alors elle s'y plierait. Elle s'y était toujours pliée.
    Le hasard avait voulu qu'elle passât aux abords du château baronnial ; quand elle s'en rendit compte, elle décida qu'elle n'avait aucune raison de dormir dans une quelconque auberge, dont elle aurait de fait beaucoup de mal à payer le tenancier. Aussi, plutôt que de se risquer à passer une nuit dehors, elle se présenta aux portes du château. Les gardes durent être surpris de voir cette femme étrange approcher. On ne pouvait guère leur en vouloir. Vêtue d'amples robes aux couleurs du ciel, la Gardienne surprenait néanmoins par la longueur impressionnante de ses cheveux ; ces derniers cascadaient de ses épaules jusqu'à ses genoux, ce qui n'était vraiment pas banal. Son visage trahissait un lien — de sang, penseraient-ils forcément, même si ce n'était pas le cas — avec les elfes. Il se dégageait néanmoins un certain charisme de cette silhouette malmenée. Katalina avait passé plus de sept années dans la peau d'un personnage qu'on ne pouvait contredire et qu'on devait forcément écouter. « Dis à ton maître que Katalina Noblegriffon se présente à ses portes et demande son hospitalité, » lança-t-elle au garde le plus proche. Katalina Noblegriffon n'était pas inconnu du duché de Serramire, du moins ne l'était-il pas avant le Voile. Bien entendu, sa disparition avait dû malmener sa relative renommée. Mais la noblesse avait dû avoir vent des rumeurs qui la disaient morte... Elles étaient aussi nombreuses que celles qui la disaient Gardienne.
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MessageSujet: Re: Aveugle | Mathilde de Clairssac   Aveugle | Mathilde de Clairssac I_icon_minitimeDim 18 Nov 2012 - 17:10

    La journée était passée en un éclair, Lyse et Kiel faisaient partis de son quotidien que depuis la veille et il avait fallut veiller à leur trouver des vêtements de rechange le temps que les malles d'Hiviène arrivent. Du moins c'était surtout le cas pour la garde robe de Lyse. Le petit garçon était encore un nourrisson et pour lui il suffisait encore de l’emmailloter dans une couverture de laine épaisse. Pour donner le change c'était Janis qui s'en occupait le plus souvent, du moins lorsqu'elles n'étaient pas seules. Les dames de la Cour pouvaient donc admirer le nourrisson mais toutes continuer à penser que la jeune sœur du baron n'avait pas encore la fibre maternelle pour s'occuper d'un bébé si jeune. Aussi il paraissait tout à fait normal qu'elle passe plus de temps avec Lyse. La veille, la fillette avait dévoré toute une assiette de gâteau dès son arrivée et était partie au lit tout de suite après. Au matin Janis et Mathilde s'étaient occupées de lui faire prendre un bain, de démêler ses cheveux bruns et de les tailler correctement. Visiblement à l'orphelinat on ne s'inquiétait pas de savoir si la coupe était réussi du moment qu'on enlevait de la longueur pour éviter la propagation des poux. A la sortie du bain Mathilde avait été choqué de voir les hématomes qui couvraient les jambes et les bras de la fillette. Celle-ci lui raconta qu'elle n'était à l'orphelinat que depuis deux semaines, son père était mort à ce moment là d'une chute dans les escaliers de leur petite maison dans les quartiers commerçants. Il avait l'habitude de boire beaucoup et comme il était toujours plus en colère, elle prenait toujours une baffe ou un coup de bâton lorsqu'elle passait près de lui.

    Le reste de la journée, Mathilde lui avait appris à se tenir droite en présence des membres de la cour ou d'invités et à s'adresser avec politesse et courtoisie. Bien sur ce n'était pas gagné mais c'était un bon début. L'heure du repas avait sonné et la jeune femme fut une nouvelle fois surprise de voir que Lyse avait constamment besoin de lui prendre la main, où qu'elles aillent, elle glissait ses doigts dans sa paume et se tenait serrée contre elle. Comme si elle avait peur des gens qu'elles pouvaient croiser. Une fois installée à table avec sa – désormais – fille adoptive, un valet entra dans le petit salon pour lui annoncer l'arrivée d'une femme étrange. Elle se faisait appeler Katalina Noblegriffon et elle venait demander l'hospitalité du Baron pour la nuit. Ce nom lui était familier, du moins elle l'avait déjà entendu, mais cela faisait bien des années et à l'époque elle se souvenait qu'on parlait d'elle avec un profond respect. Se levant de table, elle demanda au valet de faire rajouter un couvert à sa table et de ne pas déranger le Baron. Elle s'occuperait de recevoir cette personne, son frère avait beaucoup de travail depuis son retour et les derniers évènements ne l'avaient que trop retardés. Le valet lui indiqua avant de s'éclipser qu'on avait fait patienter l'étrange femme dans le hall d'entrée.
    Alors qu'elle quittait la pièce pour aller à la rencontre de la visiteuse, Mathilde sourit en sentant une nouvelle fois les doigts de Lyse glisser dans sa main.

    Toutes les deux firent le chemin jusqu'au hall où une femme d'une beauté rare et à la chevelure interminable les attendait. Le regard voilé de cette dernière ne lui échappa pas aussi avança-t-elle jusqu'à se tenir qu'à un mètre d'elle.


    - «  On vient de m'informer de votre requête Dame Katalina. Je suis Mathilde de Clairssac, la sœur du Baron d'Etherna. Votre nom ne m'est pas étranger en revanche je ne crois pas avoir jamais eu le plaisir de vous rencontrer. Vous êtes la bienvenue entre ces murs, nous allions passer à table, souhaitez vous vous joindre à nous ? Oh, et je vous présente ma...fille Lyse. »

    Elle avait eu un bref moment d'hésitation en appelant Lysa sa fille, c'était encore trop récent pour ce soit naturel. D'autant plus que la femme en face d'elle était aveugle et que donc, elle ne pouvait pas remarqué à quel point Lyse était différente d'elle. Si brune, les yeux noisettes...ça n'avait rien à voir avec ses cheveux blonds pâles et ses yeux azurs. N'importe qui aurait pu voir qu'il s'agissait de sa fille adoptive...n'importe qui à part un aveugle !
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MessageSujet: Re: Aveugle | Mathilde de Clairssac   Aveugle | Mathilde de Clairssac I_icon_minitimeLun 19 Nov 2012 - 7:32


    Les gardes avaient hésité, avant de la laisser entre ; après tout, comment savoir si cette femme était bien celle qu'elle prétendait être ? On ne l'aurait pas dit mendiante, mais à bien la regarder, elle n'avait pas l’apparat d'une dame, loin s'en fallait. Pourtant, ils finirent par céder, peut-être parce que le regard aussi mort qu'implacable de la Gardienne les mettait mal à l'aise. Elle ne les regardait pas, tout du moins pas directement — elle fixait le ventre d'un des hommes d'Etherna — mais cela dû suffire car, quelques minutes plus tard, elle gagnait la protection des murs du château. Quelqu'un — un valet, peut-être — la guida jusqu'à ce qui devait être un hall et lui demanda d'attendre. Elle hocha simplement la tête et se retrouva seule avec ses démons.
    La voix d'une femme la tira finalement de ses réflexions, sans qu'elle ne fût capable de dire si elle avait été laissée ainsi une minute ou une heure. S'arrachant aux souvenirs qu'elle avait d'Erac, la Gardienne inclina légèrement la tête quand son hôte se présenta. N'étant pas exactement en face de la demoiselle, elle fit en réalité preuve de respect à la tapisserie accrochée non loin. « Je te remercie pour ton accueil, Mathilde de Clairssac. Néera prenne soin de toi et de ta Maison, dit-elle quand la jeune femme se présenta. Je n'ai rien mangé depuis trois jours, tu me fais là un offre que je ne puis décliner. » Elle sentit les personnes qui les entouraient se tendre légèrement sous le coup de la surprise mais elle ne se laissa pas émouvoir par leur gêne. Ils ne devaient pas avoir l'habitude d'entendre leur dame être tutoyée de la sorte par la première venue ; Katalina avait cependant renoncé au vouvoiement depuis bien longtemps. Petites gens et puissants demeuraient égaux sous son regard aveugle. L'étiquette de la Cour, le protocole, toutes ces notions qui étaient jadis ancrées en elle s'en était allées avec le regard de Tyra. « Je suis ravie de te rencontrer, Lyse. » Sa voix était pleine de douceur, comme à son habitude, mais plus chaleureuse cependant. Sa fille, avait-elle dit. Ainsi, Mathilde de Clairssac avait goûté aux joies de ma maternité. « Quel âge as-tu ? »
    Et Katalina de penser soudainement à Plume, qui vivait désormais loin d'elle. L'enfant au sang sombre avait été confiée à Hithiel. Elle ne manquait de rien, de cela au moins Katalina était sûre, mais pour la première fois depuis leur séparation, la Gardienne se rendit compte que la petite lui manquait. Sa pensée en entraînant une autre, elle se surprit à calculer l'âge de Katialyne. Si la chair de sa chair était encore en vie, alors elle devait aller vers sa septième année. Déjà. Le cœur de la serramiroise se serra et elle parut chanceler avant de se reprendre et de se réfugier derrière son masque impassible. Elle ne pouvait penser à ses filles, sa situation ne lui permettait pas. Mais elle se promit qu'une fois qu'elle aurait compris ce qui lui arrivait, elle irait voir Plume et prendrait de ses nouvelles.
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MessageSujet: Re: Aveugle | Mathilde de Clairssac   Aveugle | Mathilde de Clairssac I_icon_minitimeLun 19 Nov 2012 - 11:44

    Il n’est peut-être pas utile de dire que Mathilde avait légèrement tiqué en entendant l’inconnue la tutoyer. Elle qui avait passé la journée à expliquer à Lyse qu’il fallait vouvoyer les gens par politesse…Enfin soit, tant pis, elle reprendrait cette leçon plus tard. Mathilde fronça légèrement les sourcils lorsqu’elle vit la fillette pouffer dans sa main. Effectivement voir l’inconnue saluer une tapisserie aurait pu être amusant mais il n’avait pas s’agit d’une personne aveugle. Lyse baissa les yeux, honteuse, et ne les releva que lorsque Katalina s’adressa directement à elle. S’étant légèrement décalée derrière Mathilde, la petite fille sortit de sa « cachette » et adressa un sourire à la femme qui s’adressait si gentiment à elle.

    - « Je sais pas trop. Au temple j’étais avec les filles de neuf ans. »

    - « Alors nous dirons que tu en as neuf Trésor. » la rassura aussitôt Mathilde en voyant que cette question perturbée beaucoup la jeune fille.

    Au moins maintenant Katalina ne pouvait plus avoir de doute sur le fait que Lyse n’était pas vraiment sa fille. Passant une main dans les cheveux bruns de l’enfant, elle lui adressa un sourire et lui prit à nouveau la main.


    - « Si vous n’avez pas mangé depuis aussi longtemps que vous le dites, inutile de vous faire patienter inutilement. Nous aurons tout le temps de discuter une fois à table. Lyse, veux-tu conduire Dame Katalina je te prie. »

    La petite hésita fortement mais, se souvenant probablement des douces paroles de la visiteuse, elle consentie à lâcher sa main pour aller prendre celle de l’inconnue. Avait-elle conscience qu’elle souriait à une aveugle ? Mathilde en douta mais elle éprouva un peu plus d’affection pour cette petite fille. Lentement elles regagnèrent le petit salon dans lequel était dressé leur table. On venait d’ajouter un couvert et de déposer les plats fumants. Faisant signe à Lyse de conduire leur invitée jusqu’à l’une des chaises, Mathilde prit place à son tour. Alors qu’un valet commençait le service la jeune femme leva les yeux vers Katalina. Il était impoli de détailler les gens mais cette femme l’intriguée. Son regard voilé, ses cheveux noirs, son teint halé par le soleil… Et ce nom. Bon sang mais où l’avait-elle entendu ?

    - « Vous avez l’air d’avoir fait un long voyage, vous pourrez vous reposer ici aussi longtemps que vous le souhaiterez avant de reprendre votre route, que je souhaite brève et sans embûche. »

    Le valet s’éclipsa et Mathilde hocha la tête devant le regard interrogatif de Lyse. Celle-ci attendait un signe pour savoir si elle pouvait commencer à manger. Chose qu’elle fit dès qu’elle eut l’autorisation. Après quelques secondes de silence, Mathilde se décida à poser la question qui lui brûlait les lèvres.

    - « Veuillez m’excuser, j’ai beau réfléchir mais…. Je ne parviens pas à me souvenir. Votre nom m’est familier mais je ne saurais dire où je l’ai entendu. J’espère que vous ne me trouverez pas impoli si je vous demande de me rafraîchir la mémoire. »
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MessageSujet: Re: Aveugle | Mathilde de Clairssac   Aveugle | Mathilde de Clairssac I_icon_minitimeMar 20 Nov 2012 - 23:18

    C'était étrange, de sentir la main d'une enfant dans la sienne. Étrange et troublant, car cela la ramenait aux premiers jours qu'elle avait passé avec Plume. Quand l'enfant avait fini par accorder sa confiance à la Gardienne, elle avait passé les premières semaines de leur vie commune à chercher son contact, si bien qu'elles avaient marché main dans la main plusieurs jours durant. Ce souvenir arracha un sourire plein de nostalgie à celle qui se souvenait presque avoir été comme une mère pour cette sang-mêlé qu'elle avait laissé derrière elle sans un regard. À dessein, la serramiroise ralentit progressivement le pas, jusqu'à ce qu'elle fut certaine de ne pouvoir être entendue que par Lyse, Mathilde n'ayant pas eu le temps de remarquer son avance. « Tu as dix ans. Tu es née un jour de pluie et ta mère te tint contre son sein dès qu'elle le put, » murmura-t-elle pour la petite fille avant de reprendre un rythme normal, l'air de rien.
    Décidément, Lyse lui rappelait Plume.
    Katalina sut qu'elles étaient arrivées quand les odeurs de victuailles dansèrent à ses narines. Le fumet alléchant lui rappela combien son corps était affaibli par l'épreuve qu'elle lui imposait depuis plusieurs semaines et sa main trembla légèrement. Ne voulant pas inquiéter sa petite guide, elle serra doucement les touts aussi petits doigts et esquissa un sourire qu'elle voulait encourageant avant de se laisser une nouvelle fois guidée, vers sa chaise cette fois-ci. Hésitante, elle tâtonna le dossier plusieurs secondes avant de s’asseoir lentement. Elle prit soudainement conscience de l'état de ses vêtements et de sa personne plus généralement. Si elle avait tâché de demeurer présentable, il n'en demeurait pas moins que ces longues semaines sur la route l'avaient affectées. Ses cheveux auraient mérité d'être longuement lavés et brossés, de même que son visage et ses vêtements qui, pleins de la poussière des chemins, ne devaient faire honneur ni à la table ni aux convives. La voix de son hôte la tira de ses rêveries et, une nouvelle fois, elle inclina légèrement la tête. « Ta bonté t'honore et j'apprécie ton hospitalité. Demain, néanmoins, il me faudra reprendre ma route. Il est des choses que l'on ne peut repousser, des questions que l'on ne peut ignorer. » Et pourtant, une partie d'elle-même avait envie de rester, de profiter de ce confort dont elle n'avait plus joui depuis... Cela lui semblait une éternité. Il lui semblait qu'elle n'avait eu de cesse de voyager dès l'instant où l'Œil s'était posé sur elle.
    Le son des couverts que l'on utilisait avidement arracha un sourire sincère à Katalina, qui tourna son visage vers Lyse. « Mon ventre n'est pas le seul à crier famine, n'est-ce pas ? » Plume. Plume aussi aimait à se ruer sur la nourriture dès qu'elle le pouvait. Son sourire se figea et retomba lentement. Par Tyra, pourquoi repensait-elle autant à la sang-mêlé ? Parce que tu ne crains plus qu'Elle te le reproche, se répondit-elle sombrement. Comme une fleur souffrant d'un soleil trop abondant, Katalina s'était lentement laissée fanée, brûlée par l'attention d'une déité crainte autant qu'aimée.
    Une nouvelle fois, Mathilde la ramena à la réalité ; parlant sans détour, elle lui demanda qui elle était et pourquoi son nom chantait à ses oreilles sans qu'elle ne parvînt à se souvenir. « Tu devais être jeune encore. Je me suis retirée des affaires des Hommes un an avant que la Malenuit n'arrachât leur soleil aux mortels. » Pas de son plein gré, ni sans douleur, mais au final, la vérité restait simple : elle était partie. « Je fus l'amie d'un Roi et d'un Duc, je soutins l'un mettre l'autre à terre. Aujourd'hui, pour beaucoup, je ne suis plus rien, pas même un souvenir. » Elle marqua une pause avant d'ajouter, avec une infinie douceur : « Je ne sais pas. Peut-être les choses devraient-elles rester ainsi. » Devait-elle l'espérer ? Si, à Erac, elle trouvait la réponse qu'elle cherchait, alors Tyra lui parlerait à nouveau. Alors, elle redeviendrait Mémoire, froide Mémoire, dure Mémoire qui avait abandonné filles et sœur pour mieux la servir. Mémoire n'existait pas. Mémoire apparaissait et disparaissait. Car tel était son rôle.
    « En vérité, je te le dis, il est étrange pour moi d'être ici. Car tout commença sur cette route que j'empruntai pour atteindre ta cité. Tout. C'est parce que je n'atteignis jamais tes murs, voilà dix ans de cela, que je me tiens désormais devant toi telle que je suis. » Ses yeux morts cherchèrent le visage de Lyse. « Seule. »
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MessageSujet: Re: Aveugle | Mathilde de Clairssac   Aveugle | Mathilde de Clairssac I_icon_minitimeLun 26 Nov 2012 - 12:07

    Voilà dix ans Jérôme n’était même pas Baron d’Etherna et elle n’était qu’une gamine jouant avec son arc dans la cour d’Hiviène. Pourtant elle connaissait ce nom Katalina Noblegriffon…. Etait-ce ses paroles ou sa voix qui l’aidèrent à se souvenir ? Elle n’en avait aucune idée, quoi qu’il en soit, elle sut presque aussitôt qu’en face d’elle se tenait la Gardienne de Tyra. Personne ne savait réellement où elle se trouvait et à voir sa tenue de voyageuse, il ne devait pas être évident de lui mettre la main dessus. Elle disait s’être retirée des affaires des hommes depuis de longues années mais si elle avait décidé aujourd’hui de reprendre la route pour trouver des réponses à ses questions…peut-être que cela voulait signifier son prochain retour. Hochant la tête Mathilde, baissa les yeux vers Lyse. La petite fille souriait toujours à leur visiteuse comme si elle était persuadée que celle-ci pouvait la voir. Il était d’ailleurs surprenant de voir combien Katalina tournait souvent son regard voilé vers la fillette. Avait-elle une fille elle aussi ? Pourquoi ne faisait-elle pas la route avec elle ?

    - « C’est triste… moi aussi j’ai été longtemps toute seule…Oh tenez goûtez à ça c’est vraiment très bon ! »

    Mathilde était toujours surprise de voir avec quelle spontanéité Lyse était capable de s’adresser aux gens. Elle ne se montrait nullement impolie ni insolente d’ailleurs c’était totalement l’inverse car à bien souvent elle faisait naître un sourire sur les lèvres de ceux qu’elle croisait. Ses petits doigts se posèrent sur un morceau de choix, du poulet encore fumant et elle le posa délicatement dans l’assiette de l’aveugle.

    - « Il est en effet surprenant de vous savoir voyager seule. Les routes ne sont pas aussi sûre qu’il y a dix ans, la guerre a laissé des marques un peu partout et il est risqué de s’aventurer seule sur les routes principales, surtout si vous êtes une femme. »

    Il ne fallait pas être devin pour savoir ce qu’il advenait des voyageurs solitaires. Bien que le Baron, et en l’occurrence Jérôme, fasse son possible pour rendre Etherna sûre, il n’est pas toujours aisé de lutter contre des brigands bien organisés.
    Alors que Mathilde reprenait une bouchée, Janis entra portant dans ses bras un Kiel tout éveillé. Visiblement elle n’avait pas été prévenu que sa maîtresse recevait une invitée aussi s’excusa-t-elle en bredouillant, prête à s’éclipser.


    - « Ce n’est pas grave Janis ! Je suis certaine que Lyse ne t’aurait pas pardonné d’avoir mis son frère au lit sans qu’elle ne l’ait embrassé ! »

    Et de fait la fillette quitta aussitôt la table pour se précipiter vers le petit garçon. Elle n’était pas bien grande mais elle savait déjà parfaitement le tenir dans ses bras sans risquer de la faire tomber. Elle lui chatouilla le cou et revint près de la table pour présenter fièrement son petit frère à Katalina.

    - « J’vous présente Kiel ! C’est mon petit frère, il était avec moi là bas… Et j’me suis occupée de lui dès qu’on l’a amené au temple.

    Lyse rechignait toujours à parler de l’orphelinat, elle faisait toujours en sorte de ne pas prononcer le mot. Elle n’y avait fait qu’un court séjour mais elle n’aimait pas s’en rappeler.
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MessageSujet: Re: Aveugle | Mathilde de Clairssac   Aveugle | Mathilde de Clairssac I_icon_minitimeLun 26 Nov 2012 - 19:34

    « Triste... Je l'ai cru, un temps. Mais il n'y a rien de triste à être seule, mon enfant. Il est des choses que l'on ne peut découvrir qu'avec la nuit pour seule compagne. » Mais une enfant ne pouvait le comprendre, une enfant ne voyait dans les ténèbres que l'ennemi à craindre, le monstre terrible qui broyait tout sur son passage. Lyse avait eu une vie difficile, Katalina le savait et elle ne doutait pas de sa maturité. Il était cependant dans la nature mortelle de craindre la solitude. Elle-même avait voulu se convaincre qu'il lui indifférait de n'avoir aucun soutien ; elle savait pourtant que sans la présence de Théodore, elle n'aurait jamais pu réaliser ce qu'elle avait fait. Il avait été le seul sur lequel elle avait toujours pu compter, le seul qui ne l'avait jamais trahie et n'avait jamais essayé de se servir d'elle.
    Discrètement, la main de la Gardienne trembla. Théodore était-il mort ? Cet ami de toujours, cet oncle qui ne l'était pas et n'aurait jamais pu l'être, avait-il survécu à la disparition de la dernière Noblegriffon ? Pendant huit longues années, elle n'avait que rarement eu une pensée pour lui, alors même qu'il avait longtemps été le pilier immuable de son existence. Se sentant soudainement mal, la serramiroise reposa son couvert, dédaignant le gracieux don de Lyse et une assiette qu'elle avait à peine toucher. Qu'avait-elle été, toutes ces années, sinon un monstre froid et sans cœur ? Elle avait tourné le dos à tellement de monde, jusqu'à sa propre sœur, son propre sang. « Kassandra... » murmura-t-elle et sa voix charriait ses regrets, tant qu'elle trembla comme ses doigt avant elle. « Oh, Kassandra, qu'ai-je fait... » L'arrivée imprévue du deuxième fils de Mathilde la tira de l’apitoiement qui menaçait de l'engloutir. Les excuses confuses de la servante lui offrirent le temps nécessaire pour se redonner une contenance et elle poussa un soupir quand ses mains cessèrent de trembler. Elle avait tellement à réparer et elle savait très bien qu'elle n'aurait jamais l'occasion de le faire. Si elle trouvait ce qu'elle cherchait en Erac, alors tout pourrait redevenir comme avant. Elle pourrait oublier, endosser à nouveau le lourd manteau de la Gardienne et redevenir cette Mémoire qui faire pouvait face à sa demi-sœur et lui dire adieu sans frémir. Elle pourrait se fondre en cet être quasi mythique, presque invincible. Qu'elle en eut envie ou non n'importait pas. Elle le devait. C'était cela ou mourir. Les choses ne pouvaient pas rester ainsi pour l'éternité. Elle ne pouvait pas rester sourde en plus d'aveugle. Cela ne se pouvait.
    « Approche, Lyse. Laisse moi le toucher. » Incertains, les bras de Mémoire se levèrent et elle resta là, immobile, jusqu'à ce que la joue poupine touchât ses doigts. Alors elle sut tout ce qu'il y avait à savoir sur la courte histoire du jeune Kiel et elle tourna lentement la tête vers la mère. Comme cela lui arrivait parfois, elle sembla faire fi de sa cécité pour planter son regard mort dans celui de son hôte et ses lèvres esquissèrent un léger sourire rêveur. « Ainsi donc, voici ton fils. Voici Kiel. Il est bon de savoir que le spectre menaçant de la maladie s'en est allé et que des rires d'enfants illuminent à nouveau ton château, Mathilde. »
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Mathilde de Clairssac
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MessageSujet: Re: Aveugle | Mathilde de Clairssac   Aveugle | Mathilde de Clairssac I_icon_minitimeMar 27 Nov 2012 - 11:41

    Lorsque les yeux aveugles de Katalina Noblegriffon se posèrent sur elle, Mathilde sentit un frisson la parcourir et étrangement elle sut aussitôt que cette femme connaissait son secret. D’ailleurs ses premières paroles la crispèrent légèrement. Son fils. Oui c’était le sien, celui qu’elle avait porté de longs mois, de longues semaines, celui qu’elle avait mis au monde dans la douleur…oui c’était son fils, bien qu’aux yeux du monde il devait rester le petit nourrisson qu’elle avait adopté à l’orphelinat du temple. Ravalant une larme de colère fasse à cette injustice, Mathilde se rappela pourquoi elle avait du mentir. Ce n’était pas seulement son honneur qui était en jeu mais aussi et surtout celui de sa famille, de ses frères et de leur nom. Serrant quelques secondes son poing dans les plis de sa robe, la jeune femme tâcha de retrouver calme et sérénité. Sa visiteuse parla alors du spectre de la maladie et cette fois elle ne chercha pas à savoir si elle parlait celle qu’elle avait prétexté pour se tenir à l’écart des nobles le temps de sa grossesse ou celle qui avait atteint Kiel lors de son arrivé au temple. Le nourrisson avait eut du mal à s’habituer au lait animal, c’était presque un miracle qu’il ait fini par le digérer correctement au vu de son si jeune âge.

    - « En effet, je l’ai adopté en même temps que Lyse et je dois avouer que même s’il ne s’agit encore que d’un nourrisson il nous apporte beaucoup de joie. Mais je dois également reconnaître que sans la fibre maternelle de Janis je n’aurais pas su m’en occuper correctement. »

    - « Mais moi j’m’en serais occupée ! Vous savez c’est moi qui le nourrissait au temple et qui le lavait aussi ! Je m’en sortais très bien. Et vous, vous avez eu des enfants déjà ? Si vous avez une fille j’espère qu’elle a les même cheveux que vous ! »

    Mathilde poussa un imperceptible soupir. Décidément Lyse avait une étrange obsession pour les cheveux ! La réprimandant d’un regard, Lyse baissa les yeux sur son frère et retourna près de Janis pour le lui confier. La servante s’éclipsa aussitôt sans se rendre compte que sa maîtresse éprouvait un violent pincement au cœur de ne pas avoir pu embrasser son fils.

    Reportant son regard sur Katalina, elle resta un moment silencieuse à imaginer ce que devait être son quotidien. Visiblement il n’avait rien d’envieux ces derniers temps.


    -« Lyse chérie, tu serais un ange si tu allais demander aux cuisines qu’on fasse monter de l’eau dans la chambre de notre invitée. Elle voudra certainement se débarbouiller un peu avant d’aller dormir. Vous pourrez également confier vos vêtements à la servante qui se présentera, elle vous les rendra propre dès demain matin. »

    Mathilde ne voulait nullement gênée la femme qui se tenait devant elle, mais il était sûrement des choses d’ordre pratique que sa cécité lui empêchait de prévoir. Ravie de pouvoir se rendre utile, Lyse adressa un grand sourire aux deux femmes et s’éclipsa en courant, oubliant presque sa terreur de se retrouver seule dans les couloirs sombres. Dès que la porte se fut refermée, Mathilde glissa son regard vers la Gardienne. Elle avait remarqué une légère crispation lorsque la fillette avait évoqué les enfants ou les cheveux de son hypothétique fille…

    - « Je suis désolée, j’espère qu’elle ne vous a pas déranger à vous poser toutes ses questions. Elle est très vive et parle souvent sans réfléchir. Ce n’est pas une excellente qualité à la Cour mais j’aime sa spontanéité… cela dit, elle me force un peu trop souvent à présenter des excuses ! »

    Ponctuant sa phrase d’un léger rire, elle porta ensuite sa coupe de vin à ses lèvres pour boire une gorgée.
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MessageSujet: Re: Aveugle | Mathilde de Clairssac   Aveugle | Mathilde de Clairssac I_icon_minitimeJeu 3 Jan 2013 - 1:45

    « Excuses qui sont, dans mon cas, parfaitement inutiles. » Fermant les yeux, Katalina tendit l'oreille au silence, comme elle l'aurait fait jadis pour écouter quelques conseils qu'elle aurait été la seule à pouvoir entendre. Cette fois-ci, cependant, elle fut l'égale des autres mortels et cela la fit frissonner. Soudainement mal à l'aise, elle reprit : « Voilà bien longtemps que je n'ai pas eu le plaisir de me confronter à la simplicité d'un enfant. Lyse est adorable. Et je suis heureuse de savoir que tu as pu garder auprès de toi la chair de ta chair. »
    Si elles n'avaient pas été seules, la Gardienne — si elle l'était encore vraiment — n'aurait jamais trahi ce secret ; mais alors qu'elle pouvait converser avec son hôte en toute intimité, elle usait de ses dons comme d'une façon de se défendre. Comme si, en effrayant la jeune Mathilde, Katalina prouvait au monde qui elle était. C'était puéril, sans l'ombre d'un doute, et elle n'en tira aucun réconfort. Seulement un peu de honte.
    « Je suis désolée, j'insulte ta générosité et ton hospitalité. » Avec simplicité, elle s'inclina quelques secondes avant de se redresser, redevenue parfaitement stoïque. « La route et les années m'ont pris ma politesse et ma convenance. Je n'ai jamais excellé dans l'art de respecter le protocole ; pourtant, je me souviens d'une époque où je n'ignorais rien de ses méandres. » Elle esquissa un sourire triste avant de hausser les épaules. « Comment se porte la Péninsule, dis-moi ? » demanda-t-elle et cela marqua la fin de ce court moment où elle s'était vraiment montrée telle qu'elle était : esseulée, fatiguée et déboussolée. « La guerre agite encore ce qui jadis forma le Royaume de Diantra ? »
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MessageSujet: Re: Aveugle | Mathilde de Clairssac   Aveugle | Mathilde de Clairssac I_icon_minitime

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