Nom/Prénom : Salyrann (de Velteroc ?) Decado Âge : Trente ans Sexe : Masculin Race : Humain Particularités :
- Decado souffre d'un albinisme aigu, une déficience qui le rend particulièrement sensible au soleil et à la lumière. La maladie a également modifié certains attraits de sa physiologie telle la couleur de ses iris, d'une rémanence sanguine, la pigmentation particulièrement crème de son épiderme, et les tonalités neigeuses de sa chevelure. - Épéiste hors pair ; calme et analyste de nature, Decado a voué sa vie à exceller aux armes et à affiner ses réflexes. Une vétille non mûe par un désire d'arrogance mais par la nécessité que lui imposait son instinct de survie dans un univers entièrement régis par une société dont les moeurs se résument à un seul et unique décalogue ; la survie. Ambidextre et extrêmement rapide, Decado fonde son style sur la grâce et l'adresse, jouant souvent sur des mouvements et un temps de réaction avivés par des décennies d'entraînement. - Une kyrielle de cicatrices entrecroisées ondulent sur toute la surface de son dos. Elles sont les stigmates d’une enfance passée sous les arpèges du fiel et de la servitude forcée. - Fin stratège et très patient. Il est rare de le voir perdre son sang-froid. - Parle et comprend la langue des Sombres. - Porte une boucle en argent, fixée au lobe de son oreille gauche. - Bâtard de sang noble ; demi-frère aîné de Nimmio de Velteroc.
Alignement : Chaotique Neutre Métiers : Assassin, Spadassin, Mercenaire Classe d'arme : Corps à corps (Mains nues, épée & dague)
Équipement :
Decado n’est pas homme à s’encombrer d’un fatras de breloques inutiles. En soit, son équipement se limitera toujours au stricte nécessaire et conservera cette légèreté habituelle prompte à entraver le moins possible sa mobilité. Ses vêtements sont la plupart du temps proches du corps, en cuire ou en toile, et s’accompagnent d’une longue cape à capuchon maintenue par une broche en obsidienne. Une cotte de maille a été tissée dans la doublure en cuir de son pourpoint (modèle à manches courtes, mailles torsadées, sans capuchon) et ses flancs sont toujours battus par une dague et une épée (toutes deux de facture Drow) qu'il manipulera de manière simultanée.
Jiv’undus (« affliction ») est une fine lame incurvée aux couleurs du crépuscule, ornée de gravures argentées et agrémentées de bas reliefs en obsidienne. Adamantine et reluisante, elle miroite d'un éclat légèrement cordiérite. Le pommeau est strié d'or et la garde, stylisée en d’étroits entrelacs, court jusqu’aux quillons de manière à constituer une épine torsadée aux reliefs harmonieux. Les quillons évoquent une paire de têtes jumelles en forme de dragon, assez recourbées pour offrir une bonne prise à l’escrimeur et l’ensemble est d’un doré parfait. Vress'lve (« griffe »), la dague, est fine et aiguisée, et demeure particulièrement légère. Longue d’une trentaine de centimètres, la lame d’un noir parfait est parachevée d’une garde inversée en argent terni. De fines lanières de cuire bouilli enserrent le pommeau dont l’extrémité est sertie d’une agate scintillante d’un jaune-orangé.
Description physique :
Decado est un homme séduisant à l’aspect magnétique. De taille moyenne et large d’épaules, il possède un doux visage taillé en lame de couteaux, un nez délicat, légèrement busqué et des sourcils naturellement effilés. Son apparence sort toute fois de l’ordinaire ; l'albinos aurait pu paraître parfaitement normal n’eussent été l’extrême pâleur de son teint, presque albâtre, et le fait que ses yeux, dont les profondeurs sanguines témoignant d’un curieux mélange vermillon et améthyste, semblent légèrement iridescents. Sa chevelure, d’un blanc argenté, est farouchement répartie autour de son visage harmonieux, mais sans féminité aucune, et en passant la main dans ses mèches rétives, on peut également y ressentir une vigueur et une souplesse inhabituelles...
D’une opulence changeante mais toujours ténébreuses, Decado a vu défiler de nombreuses garde-robes au cours des décennies de son existence ; du style tantôt sobre, tantôt mondain, jusqu’au purement guerrier. Actuellement son habillage se constitue de vêtements principalement sombres et élégants. Sa tenue n’est pas emprunt d’une complexité trop forte, mais vise toute fois à mettre en valeur ses courbes minces et athlétiques.
Calme et sensuel, Decado est l’incarnation séraphique d’un éphèbe pâle aux ascendances absconses.
Description mentale :
Sombre, mais prompte au paradoxe, la personnalité de Decado est une énigme. Bien qu'elle illustre à la perfection le reflet d'un passé houleux et remplie de peine, elle représente également la pénombre qui se cache au plus profond de nous, et qui tend à se développer lorsqu'elle n'est pas alimentée par la clarté, aussi infime soit-t-elle, d'un vague instant de joie ou de douceur. Arraché très tôt à l'amour de sa mère, Decado fut, dès son plus jeune âge, confronté à la violence des rues et au caractère inexorable du terme « survie ». N'ayant guère le choix, l'enfant développa rapidement un caractère autodidacte et égoïste...l'individualisme étant le seul moyen qu'il eut trouvé pour s'extraire de la bourbe sociale et évoluer à travers les lois impitoyables de Sol’Dorn. Avec le temps, la haine et la misanthropie ponctuèrent rapidement ces deux autres adjectifs... La haine envers son père, dont l’impérissable manque d'affection à son égard s'était soldé par une poignée de main avec le riche marchand dont il allait devenir l'esclave, la déception envers sa mère qui s'était détournée de lui et l’avait abandonné, et enfin le dégoût amer pour un monde qui, il allait l'apprendre, se révèlerait triste et impitoyable. Telles furent les ïambes qui bercèrent l'enfance de Decado.
En grandissant, la haine se mua en colère froide et lui servit de stimulant pour embrasser l'avenir sombre qui s'offrait à lui. À savoir que Decado est également un esprit libre, qui ne manifeste de loyauté envers personne. Avec le temps, son égoïsme l'a également poussé à internaliser ses objectifs. Son ambition se fondant principalement sur l'amélioration personnelle, car Decado est un artiste qui recherche la perfection du corps, des armes et de l'image, non mû par le désir de les mettre au service d'une cause plus grande, mais de les utiliser pour sa survie. Il tente de surnager au-dessus de la boue et de la fange afin de respirer librement.
Altruiste il ne l'est pas, et ses qualités peuvent dans la plupart des cas s’apparenter à bon nombre de défauts…mais jamais une faiblesse. Son affection envers la solitude l’aura, très tôt, poussé à accroître son autonomie et sa motivation à persévérer dans le domaine du crime. En ce qui le concerne, le désire d’asseoir sa réputation le cède au besoin impérieux d’être le meilleur de sa profession. Une prérogative qui lui aura souvent valut l’avantage d’avoir une longueur d’avance sur ses adversaires. La fierté étant une considération secondaire…l’adonis en a d’ailleurs fait les frais par le passé. Bien sûr, Decado aspire toujours à l’excellence, tout simplement parce qu'elle lui offre un but dans une vie qui ne lui apporte quasiment aucune joie. Après tout, ne dit-t-on pas qu’une main qui tremble ne frappera jamais juste ?
Mais une main peut également guérir et sauver, et en dépit de sa noirceur d’âme, Decado en fera l'expérience tôt ou tard. Il a peut-être jeté son coeur dans les abîmes de la désillusion, mais loin, très loin... Au plus profond de ses ténèbres… Il existe une chandelle capable d'embraser l’obscurité.
Histoire :
Prélude
Spoiler:
Comté de Velteroc (Péninsule), époque inconnue.
Citation :
« Ma plume glisse, trace, et hésite au rythme de mes ressouvenances, vivotant sur une entreprise que je soupçonne fort d’être vaine. Je me demande si je puis écrire cette histoire ou si, à chaque page, transparaîtra un peu de cette amertume que je croyais dissipée depuis bien longtemps. Je m’imagine guéri de tout dépit mais, quand je pose ma plume sur le vélin, les blessures d’entant saignent au rythme de l’écoulement de l’encre née de mes propres chimères, et je finis par voir une plaie rouge vif sous chaque caractère soigneusement moulé. À l'époque, beaucoup de mes idéaux demeuraient confinés dans ces espaces tangibles et doucereux que l'on pourrait qualifier de pureté, d'ignorance, et de cette absurdité si promptes à la jeunesse. Tout semble simple. Les obstacles à venirs ne paraissent pas insurmontables, et au fond de vous-même, vous conservez cette conviction indolente que le déroulement de vos objectifs se matérialisera selon un enchaînement prosaïque, à la hauteur des rêves que vous avez pu nourrir. Vous n'avez pas conscience de l'absurdité de cette pensée et vous vous jetez, corps et âme, entre les mailles du piège, tant et si bien qu'il est souvent trop tard lorsque vous prenez enfin conscience de vos propres erreurs et que l'irréparable survient. Ainsi n’ai-je pu prévoir les conséquences de mes caprices lascifs, et la naissance de cet enfant. Une existence gâchée par… »
La plume échappa à sa main fine, laissant une bavure d’encre filtrer sur le papier délicat. Avec des gestes soutenus, l’homme tira un fin mouchoir de soie et entreprit d’essuyer la coulée d’obsidienne qui maculait le bois lustré de sa table de travail. Il était tard, et la chandelle qui chatoyait faiblement sur le pupitre s’était presque consumée, laissant dégoûter de longues traînées de cire sur les reliefs du bois travaillé. Hubert de Velteroc n’y faisait pas attention…
L’esprit en proie à des émotions contradictoires, le Comte tira sur l’ourlet de sa cape de brocard rouge et s’approcha de la fenêtre, plongeant ses yeux d’un bleu arctique dans la grande nuit qui ondoyait sur le duché. Une douce accalmie s’était installée dans le château, et le silence n’était perturbé que par le grésillement des flammes qui frisottaient dans l’âtre. Pourtant l’homme ne parvenait pas à s'endormir. Il revoyait encore le visage d'Alexine, clair et limpide à travers des stigmates vieux de plus de dix ans. Il se souvenait nettement du moment où Boniface, son homme-lige, s’était pressé dans les couloirs de la forteresse pour lui annoncer la nouvelle sur les rumeurs qui entouraient la courtisane. Et il avait encore en mémoire l’ébauche des émotions ressenties en cet instant.
Le ravissement, la joie, la fierté…et puis la peur…l’angoisse, le dégoût de soit, tandis que son esprit rationnel épanchait le contrecoup de ces échos corollaires. Et enfin la fureur à l’annonce de la fuite d'Alexine. Un soupir amer s'échappa des lèvres du Comte... Pourquoi aurait-t'il du en être surpris ? Alexine avait toujours été trop sensible. Romantique plutôt que pragmatique, inflexible et trop confinées derrières ses rêves utopiques pour déchirer ce voile de billevesées qui n'avait jamais eut sa place parmi les intrigues de la cour des Velteroc. Elle aurait refusé tous compromis, et Hubert aurait du lui prendre le bâtard de force.
Jamais Alexine n'aurait accepté de se séparer de l'enfant...
« … »
L’homme plissa les yeux et se servit une coupe de ce nouveau rouge hautvalois dont le succès florissait en crescendo depuis quelque années. Il en avala une grande lampée et grimaça tandis que le liquide vermillon coulait dans son gosier. Contrairement aux fadaises qu’on lui incombait habituellement, le vin l’aidait à conserver les idées claires. Après un dernier regard sur l’âtre, il se réinstalla et se saisit de la plume d’oie.
Au-dehors, une chouette hulula et une brise fraîche s’engouffra par la fenêtre.
Non…il ne trouverait pas le sommeil cette nuit-là.
Une jeunesse corrompue
Citation :
« Sombre et obsolète, l'avenir est un tombeau sans rémanence à travers lequel germes les graines de la perdition, étirant leurs radicelles jusqu'aux confins de leurs frontières pour tenter d'atteindre un soleil qui jamais ne les éclairera. Privé de clarté, c'est dans les ténèbres qu'elles se morfondent, attendant la fin de la grande nuit pour se libérer du terreau insidieux de l'infortune. Mais la nuit demeure.... ...froide et éternelle.»
« Chroniques », par Decado Salyrann.
Spoiler:
Thaar (Ithri'Vaan), année 984 du 10ème Cycle. Quelque part, dans les bas-fonds...
Les chariots craquaient malgré leur immobilité, leurs flancs de bois heurtés par les vents de poussière. Deux chevaux hennirent, l'un se cabra autant que le permettait le lourd harnais. Le charretier, un homme mince et vigoureux aux traits durs et anguleux, qui rappelait au garçon son père, abattit en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire son fouet sur l'animal terrifié. Oui, exactement comme son père... Le gros négociant en épices, assis dans un chariot le dévisagea longuement. Ses yeux aux paupières lourdes semblaient l'inviter au sommeil, aussi hypnotiques que les arabesques d'un serpent. Il y avait quelque chose, il le savait, une sorte de magie dans ce regard, un moyen de contrôle grâce auquel cet être bestial, pitoyable et débraillé, avait su prendre la tête du groupe rassemblé pour le convoi saisonnier en partance pour Sol'Dorn. Les autres s'en remettaient à cet individu, il s'en rendait bien compte, bien qu'il ne soit qu'un gamin qui se désintéressait de presque tout du monde et de la hiérarchie de la classe des marchands.
Mais celui-ci était le patron, à coup sûr, et le garçon rougit, flatté que le meneur d'une si grande troupe passe du temps avec lui et sa mère. Cette fierté se mua en incrédulité, yeux écarquillés et mâchoires relâchée, lorsque le gros inconnu tendit des pièces...des pièces d'or ! Le jeune garçon avait entendu parler de ces pièces d'or mais n'en n'avait jamais vu aucune. Une fois, il avait aperçu des pièces d'argent, qu'un inconnu avait remises à son père, Kaham, avant de passer avec sa mère derrière le rideau. Mais de l'or, jamais. Sa mère tenait de l'or ! Quelle excitation, même si elle fut de courte durée. Sa mère, Alexine, le saisit par l'épaule d'un geste brusque et le poussa dans les bras du gros homme qui attendait. Il se tortilla pour échapper à son emprise. Il essaya de se libérer de l'étreinte moite, ne serait-ce que pour obtenir des réponses de la part de sa mère. Mais lorsqu'il réussit enfin à se tourner vers elle, elle avait déjà tourné le dos et s'en allait...
Il cria son nom. Il la supplia. Il lui demanda ce que tout cela signifiait...
"Où vas tu ? ...pourquoi suis-je ici ? ...pourquoi est-ce qu'il me tient ? ...mamaaan !"
Elle se retourna une seule fois l'espace d'un bref instant. Juste le temps pour lui de voir une dernière fois ses yeux, tristes et creux, baignés de larmes.
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Sol'Dorn... Le pénates des opportunistes...des pragmatiques...des cabalistiques. Un empire de pénombre citadine où la compassion s'était dissipée depuis bien longtemps sous les strates naissantes d'un vice qui en gangrenait les fondations depuis des temps immémoriaux. Aux yeux de Decado cet univers ne fut guère différent de son existence passée à travers les rues miséreuses des bas-fonds de Thaar. L'homme qui l'avait acheté était un riche marchand dont les origines se perdaient quelque part, dans les tréfonds de Naelis. Un être froid, aux ambitions limitées, malgré les richesses extérieures qui paraient ses atouts. Les premiers mois furent mouvementés et le garçon passa le plus clair de son temps confiné avec d'autres esclaves à accomplir des tâches qui, pour la plupart, se passaient à l'ombre des lois de la cité... Une routine dans un univers aussi crépusculaire. La prostitution, le vol et l'assassinat devinrent monnaies courantes. Tout comme la haine qui, fugacement, prenait lentement naissance à travers les exhalaisons de son subconscient. Une haine alimentée par le fouet de son maître et des cauchemars qui en résultaient la nuit. Ces mêmes nuits où il rêvait parfois de ce qui lui avait été ravis et dont les échos, tantôt doux tantôt tristes, se répercutaient sans discontinuer... Son foyer...sa maison...Alexine.
C'était un vieux baraquement de pierre et d'argile dans un océan de bicoques identiques. Comme ses voisines elle possédait un auvent, installé dans la direction d'où soufflait la brise marine. Elle n'avait pas de cloisons. Un unique rideau élimé délimitait la partie qui faisait office de chambre, où son père et sa mère, Alexine et Kaham, ou Alexine et quelqu'un qui avait payé Kaham, dormaient. Lui n'avait droit qu'au sol de la pièce principale. Une fois, pour échapper aux nombreux cafards, il avait sommeillé sur la table, mais Kaham l'y avait trouvé et l'avait battu durement pour ce manquement aux règles. La plupart des sévices se confondaient dans la brume du passé, mais Decado se souvenait avec précision de cette fois-là où, plus saoûl qu'à l'accoutumée, Kaham s'était acharné sur son dos et ses fesses avec une vieille planche pourrie. Elle avait laissé des échardes dans son échine. Les plaies ainsi causées s'étaient infectées, et une sorte de pus blanc et verdâtre s'en était écoulé, des jours durant. Alexine avait pansé ses blessures au moyen d'un tissu humide. Il ne l'avait pas oublié. Elle lui avait frotté doucement le dos, avec amour, et même si elle l'avait quelque peu réprimandé, ses mots avaient été empreints de tendresse.
Était-ce la dernière fois qu'Alexine l'avait traité avec douceur...? Était-ce le dernier souvenir tendre qu'il garderait de sa mère...? La femme qui, quelque mois plus tard, l'avait vendu au négociant pouvait difficilement être la même personne. Elle avait même changé physiquement quand arriva ce jour funeste chez le marchand. Elle avait pâli et s'était tassée, incapable d'articuler une phrase d'un seul trait. Son coeur se convulsa à l'évocation de cette journée-là et repassa à la hâte à Kaham et Shahadim, l'idiot édenté, au visage pileux, qui profitait d'avantage de l'auvent de Kaham que de Kaham lui-même.
Shahadim ressurgissait dans sa mémoire par une suite de tableaux... Shahadim qui le regardait d’un air mauvais, qui se penchait vers lui, qui cherchait à l'atteindre. Même ses mots lui revenaient par des expressions que Decado avaient entendues bien trop souvent.
"Je suis le frangin de ton paternel."..."Apelle-moi oncle Shaha' ."..."Je peux te faire passer du bon temps, mon garçon."
L'esprit de Decado se ferma à ces images...ces mots...encore plus fortement qu'aux derniers souvenirs qu'il avait de sa mère. Au moins, Kaham lui avait épargné certaines choses, comme le pourchasser inlassablement à travers les ruelles jusqu'à ce qu'il ne sente plus ses jambes. S'allonger auprès de lui alors qu'il essayait de dormir. Tenter de l'embrasser ou de le toucher. Kaham ne faisait pas vraiment cas de lui, si ce n'est pour lui administrer une correction de plus ou déverser sur lui des flots d'insultes et de jurons. Il se disait simplement qu'il avait été une grande déception pour son père... Comment expliquer sinon le courroux que ce dernier déchaînait contre lui ? Kaham était mal à l'aise devant le frêle Decado...il se sentait honteux et en colère d'avoir à subvenir aux besoins du garçon, même si tout ce qu'il lui donnait était la croûte rassise de son pain ou les restes de son repas. Même sa mère s'était détournée de lui, avait accepté l'or...
Les bras flasques du gros négociant ne lui avaient procuré ni chaleur ni réconfort.
Ces souvenirs-là resteraient ancrés à jamais. À présent, il ne lui restait plus que la haine, et le ver froid de la colère qui grandissait.
Et puis un jour, il décida que plus personne ne ferait de lui une victime. Ce jour-là, le gros marchand fut retrouvé poignardé dans ses appartements. De ces esclaves, un seul avait disparu... ...Decado Salyrann.
Ce fut son premier meurtre de sang-froid.
Les années passèrent et l'enfant devint adolescent, survivant dans les ruelles sombres de Sol'Dorn en compagnie d'autres garçons, eux aussi abandonné à leur sort. Des compagnons d'infortunes le jour...des rivaux potentiel le lendemain. Il n'était pas rare de voir l'un de ces morveux étalé dans le sang au coin d'une ruelle à l'aube. C'est également durant cette période que Decado développa ses dons de matassin et d'intriguant. Très vite sa renommé monta en flèches et plusieurs groupuscules le remarquèrent. Des bandes soudées aux relations toutes fois instables qui s'étendaient bien au-delà de Sol'Dorn. C'est auprès d'eux que le tout jeune Decado Salyrann fit ses premières armes. Il écrasa ses adversaires, lentement, sûrement, et avec fiel, puis défit l'un des hommes de main envoyé par Ahmad Kardéon, dit : Le Boucher, l'une des figures communes de la cité dans le domaine du crime. Decado avait tué la brute, puis son laideron de maître. L'habileté de l'exécution lui avait attiré les faveurs de Solaufein Khalazza, un elfe noir aux origines obscures, à la tête de l'un de ces groupuscules. Du jour au lendemain le jeune garçon devint le trublion de l'une de ces quelque guildes qui jalonnaient la cité Drow, sinon l'Ithri'Vaan elle-même...
Il avait quatorze ans.
Ascension
Citation :
« Nous faisons des projets comme si nous allions vivre éternellement. Nous pensons que nos efforts peuvent rivaliser avec les cieux eux-même, mais nous ne faisons que nous mentir. Nous ne valons guère plus que la poussière collée aux semelles de nos bottes, et ce monde ne changera jamais. »
« Chroniques », par Decado Salyrann.
Spoiler:
Sol'Dorn (Ithri'Vaan), 3ème année du 11ème Cycle. Quelque part, dans l'une des caches de la guilde Khalazza. En périphérie de la cité.
À travers les couloirs de la batisse abandonnée il n'y avait nul soleil. La seule clarté provenait des braseros qui chatoyaient faiblement le long des allées obscures et couvertes d'immondices, projetant sur les murs d'étranges dégradés vermillons qui contrastaient avec l'aspect lugubre des lieux. Au milieu de cette pénombre, un bel homme à l'air glacial s'avançait silencieusement. Sa mince crinière neigeuse ondoyait comme une cascade d'argent à chacun de ses pas, et son visage avait la pâleur de la mort. Fin et harmonieux, il tranchait parfaitement avec le charme éthéré qui était le sien. Un menton volontaire, des lèvres pleines et un regard farouche...et intense. Ses prunelles étaient d'un rouge liquide et flamboyaient comme de la lave en fusion, et il y avait...quelque chose dans ces yeux-là qui intimait au silence et au respect. Quelque chose d'à la fois raffiné et terrifiant, comme si un prédateur était tapis derrière un rideau de soie, et attendait avec une patience infini l'instant propice pour vous sauter à la gorge. Des décennies d'entraînement rigoureux avaient sculpté son corps fin mais athlétique, et à chaque mouvement, sa musculature jouait sous le mélange de cuir et de soie qu'arboraient ses vêtements sombres et élégants. Sa démarche était celle d'un guerrier chevronné et il avait l'assurance d'un empereur.
Mais d'empereur, l'albinos n'en n'avait que le port et la suffisance. Ce n'était qu'un homme, paré d'atouts comme de faiblesses... ...et un tueur sans états d'âme.
"..."
Sa main ganté de cuire jouant avec le pommeaux de Jiv’undus, sa dernière acquisition, l'adonis demeurait imperturbable, ses iris sanguines sombrement braquée vers l'embrasure de la grande porte, à moitié ouverte, au fond du couloir. Des éclats de voix s'y échappaient, et Decado laissa un imperceptible sourire étirer ses lèvres pâles. Un sourire froid, sans joie particulière hormis une vaste lassitude. On était en train de se disputer... ...comme à l'accoutumer.
*Enfin...plus pour longtemps.*
Songea-t-il en se remémorant les dernière paroles de Solaufein, deux heures plus tôt. "Tous les membres influent de la guilde ont été réunis pour une réunion un peu particulière...si leur appui m'ont jadis apporté une certaine utilité dans les affaires de Sol'Dorn, leurs prérogatives n'ont désormais d'égales que les vicissitudes enfantines apportées par leur conflits naissants. Des disputes qui pourraient bien nous mener à la perte. Tu me représenteras au concile...tu écimeras leurs rentes et leur laissera entrevoir l'étendu de ce qu'ils pourraient perdre en persistant à vilipender sur de splat de bandes qui ne sont pas les leurs. Je te fais confiance..."
Decado était resté impassible... ...si seulement Solaufein savait. S'inclinant devant son mentor, il lui avait saisi la main, s'était subitement rapproché...et l'avait embroché avec sa propre lame. Déchirant son âme, et crevant le mince nuage de vie que cette carcasse rachitique avait refusé de rendre durant tant d'années. Comme quoi...les elfes noirs aussi pouvaient mourir.
"L'excès de confiance..."Avait sussuré l'assassin en retournant la lame dans la plaie. "...peut-être était-ce là votre plus grande cachexie."
Solaufein l'avait regardé, hagard...puis emplie d'effrois, le temps de prendre pleinement conscience de la trahison de son élève, avant de s'affaisser sur le sol froid, laissant une tache de sang noir inonder son pourpoint de soie mauve pour se répandre en flaque sur le marbre mordoré de son manoir.
"...faites de doux rêves, Zra'ha (mentor). Puisse la grande nuit vous porter conseil."
Lui avait murmuré Decado tandis que ses yeux se fermaient sur les ténèbres d'un autre monde. Ce soir la guilde allait connaître un nouvel essort. Un essor fugace.
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"Tu n'es qu'un traître !"
La petite pièces était en effervescence... Jarkheld le Rogue l'un des voleurs notoires de la cité se tortillait avec anxiété sur son siège tandis qu'à ses côtés deux de ses comparses en venaient presque aux mains pour une histoire de pactes brisés et de bourse volée. Un peu plus loin, Hirst Karradon l'un des nombreux receleurs de Sol'Dorn, prenait plaisir au spectacle tandis qu'au devant de la scène Shulan Orobrath le plus fidèle espion de Solaufein, et officiellement son second lorsque ce dernier n'était pas présent aux comices tripotait le lien de cuivre qui retenait ses cheveux relevés à l'arrière de sa tête. Son regard ne cessait d'aller à la scène d'esclandre qui se déroulait derrière lui, à la porte entrouverte derrière le siège destiné à Solaufein. Pour lui il n'y avait qu'une seule chose qui importait...la récompense édictées par le maître d'intrigues et les promesses de richesse qui en résulterait... Les battants pivotèrent lentement sur eux-mêmes, et une grande silhouette vêtue d'une cape, mince mais aux larges épaules et au visages ombré par un lourd capuchon, était debout sur le pas de la porte...sur son flanc rutilait Jiv’undus la perle de mort, et l'un des biens les plus précieux de Solaufein... ...personne ne reconnu l'homme encagoulé.
Shulan Orobrath devança les autres dans la course aux salutations.
"Bienvenu Zra'ha Khalazza !" dit-il, manquant d'emmêler ses jambes dans sa précipitation à serrer la main de l'homme qu'il pensait être le maître d'intrigue. "Je tiens à être le premier à..."
"Très bien. Vous serez donc le premier."
Murmura la silhouette encapuchonnée, une dague crépusculaire apparaissant comme par magie dans sa main libre. La silhouette repoussa son capuchon, révélant un fin minois couleur de craie encadré de mèches sauvages, plus pâles que la lune. Son regard écarlate miroitait implacablement, telles deux perles alizarines. Shulan rentra la tête dans les épaules et recula d'un pas en reconnaissant le visage de son homologue. L'une des terreurs les plus redoutées du groupuscule.
Il eut le temps d'hoqueter...
"Mais...mais...vous êtes Decado Salyrann !"
Puis un jet d'acier rutilant s'enfonça dans sa gorge, lui tranchant la jugulaire avec une effroyable précision. L'homme mourut dans un gargouillis de sang.
"La ressemblance...", répondit l'intéressé, un rictus sinistre dépeignant sur ses traits policés. "...est trompeuse."
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La nuit qui tombait sur le coeur de la cité gagnait l'Ithri'Vaan toute entière.... Quelque part dans les ténèbres d'une ruelle, une autre silhouette se profilait sur les pavés, à l'orée du bâtiment miteux. Une silhouette vaporeuse et fantomatique... Elle était vêtue d'une lourde robe d'un bleu nocturne et une capuche de toile ample lui mangeait en partie le visage. Seuls ses yeux, brillants d'une lueur de glace, émergeaient de la semi-pénombre, et la partie supérieure de son minois disparaissait sous la surface de sa cagoule, laissant entrapercevoir les reliefs effilés d'un mince menton couleur ébène. Lentement, le sorcier Drow s'avança jusqu'à l'entré et s'arrêta juste devant les portes au gonds rouillés...
Un sourire malsain au coin des lèvres, il fit un geste en direction des battant qui crissèrent doucement sur eux-mêmes. Un corps ensanglanté gisait sur sur le sol, l'un des tir-laine embauché par Solaufein pour surveiller les environs. Le truand avait la bouche tordue et une expression de profonde stupeur était marquée sur ses traits. Sans même y prêter attention, l'inconnu le contourna, laissant sa lourde robe flotter au grés de la brise glaciale qui s'engouffrait à travers l'uis des portes désormais grandes ouvertes. Continuant sa marche tranquille, l'homme leva haut la main et claqua des doigts. Aussitôt les quelque torches qui ondoyaient timidement s'éteignirent d'un coup, et derrière, dans les coins sombre de la ruelle, il y eut du mouvement...
D'autres silhouette émergèrent des ténèbres, achevant de tuer les sentinelles qui surveillaient le taudis.
Un peu plus loins, raisonnaient des hurlements de terreur et des appels à la pitié...
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Lorsque la silhouette passa la porte du lieu de réunion, le tableau macabre était parachevé depuis longtemps... ...les tables, les étagères et les fauteuils avaient été renversées. De vieilles tapisseries rapiecées gisaient là, déchirées, au milieu des cadavres éparpillés qui jonchaient la pièce tandis que les débris de plusieurs manuscrits, probablement anciens, virevoltaient tristement au-dessus du sol. Le corps de Jarkheld était recouvert des restes de la petite bibliothèque qu'il avait entraîné dans sa chute, et les pages de vélin, jadis somptueusement ouvragées, et aujourd'hui mangées par les mites, commençaient à éponger le sang qui maculait sa gorge et ses entrailles déversées à côté de lui. Et au-delà de ce spectacle de destruction, accoudée au rebord de la grande fenêtre qui donnait sur les ténèbres de Sol'Dorn, la silhouette élégante de Decado Salyrann demeurait impassible.
"Tu en as mis du temps..."
Déclara sèchement l'assassin. Le ton avait été détaché, toutefois le nouveau venu y décela une pointe de sarcasme.
"Je ne tenais pas à perturber ton petit baroud d'honneur. J'apprécie le travail bien fait et dans ce genre de cas de figure, la durée n'est nullement une entrave aux circonstances lorsque l'on en connaît déjà l'issue finale."
Rétorqua l'inconnu, un sourire prédateur au coin des lèvres. Decado sourit à son tour, mais non de plaisir anticipé, à la différence de son interlocuteur. Il y avait de l'amertume dans son regard, un soupçon de mépris, et un cynisme presque débordant. Il se détourna et observa avec une indolence polaire le visage du Drow qui lui faisait face. Un Drow qu'il ne connaissait que trop bien. Istovir était le fils d'un Conseiller influent de la cité. Issu d'un milieu aisé, les membres de sa familles s'étaient longtemps servis du groupe de Solaufein pour mener à bien leurs sales petits secrets, bien avant sa naissance en fait. Novice à l'époque, bien qu'âgé de plus d'un siècle déjà, il avait commencé au bas de l'échelle, en même temps que Decado. L'humain et l'elfe noir se connaissaient depuis plusieurs décennies déjà et avaient évolué ensemble à travers le monde impitoyable des guildes de Sol'Dorn. Avec le temps, un lien s'était créé entre eux, et bien qu'on ne puisse appeler cela de l'amitié, Decado et Istovir avaient fini par s'éprouver mutuellement. Pourtant, de nombreuses divergences les opposaient. Decado était un homme d'action, un esprit libre qui, malgré les apparences, ne manifestait de loyauté envers personne. Si son charisme était véritable, ses ambitions ne se limitaient qu'à un seul et unique objectif, l'assiduité...et une soif de notoriété qui n'était entraîné que par son désire de survie. Avec le temps, cette constance avait vu naître en lui un caractère impitoyable et calculateur... ...c'était également elle qui était à l'origine de son égoïsme, et du dégoût pure et simple que lui inspirait cet univers qu'il considérait d'avantage comme un exutoire à ses propres collapsus qu'un terrain de jeu. Istovir était différent ; c'était un Drow. Les intrigues et leur lot de trahisons, d'alliances masquées, de mystères et de méfiance étaient sa raison d'être...les arpèges sur lesquelles il s'était accordé avec l'aisance créative d'un chansonnier ambitieux. C'était lui qui, dans son esprit machiavélique, avait orchestré la mort de Solaufein et la restructuration de son groupuscule...c'était également lui qui avait préparé le terrain et mis en place les éléments nécessaires à sa prise de pouvoir, et aux changements qu'allaient subir la guilde...et enfin c'était également lui qui avait jeté son dévolu sur Decado pour lui servir de catalyseur. Son capuchon dissimula en partie la satisfaction admirative qu'il éprouvait.
"Nul regret pour tes anciens compagnons ?", demanda le thaumaturge sur le ton de la conversation.
Decado haussa les sourcilles. "Pourquoi en éprouverais-je ?"
"Ah tu me blesses...", répondit Istovir, un sourire mielleux au coin des lèvres. "Dis-moi mon amis, si je regarde à l'intérieur de ton torse, trouverai-je un grand vide là où devrait se situer ton coeur ?"
Le regard que lui décocha le bel incube fut assez révélateur.
"Préviens-moi si cela arrive...", dit-t-il en allant ôter Jiv’undus, encore plantée dans l'un des corps. "...je risquerais d'arracher le coeur d'Istovir pour le remplacer."
"Il est bien trop gros pour les gens de ton espèce.", il eut un petit rire. "...enfin tu te doutes que je ne suis pas venu jusqu'ici uniquement pour constater la finesse d'un travail bien fait..."
"Exact, c'est pourquoi j'attend que tu en viennes aux faits."
Itovir s'inclina bassement, dans une parodie de révérence.
"Tes exigences ?"
"Mon indépendance, rien de plus."
"Ma fois, tu me peines, j'aurais espéré d'avantage de ta part." Il soupira. "Enfin, qu'attendre d'autre de la part de Decado Salyrann, l'Homme aux mille remparts aha ha."
L'épéiste ne releva pas la pique et au contraire, laissa un sourire poindre lentement sur son visage d'opaline. Son regard en revanche avait tout du prédateur à l'affût d'une proie potentielle. Un détail qui fut loin d'échapper à Istovir.
"Bien, bien, je te l'accorde mais voyons, tu aurais pu avoir bien plus que les lames pour te libérer du tisonnier de Solaufein." Il soupira...aigrement. "Je ne serais pas aussi exigent que mon prédecesseur comme tu le sais..."
"C'est amplement suffisant.", rétorqua le tueur en se détournant. Il traversa la salle et enjamba gracieusement les corps jusqu'à gagner l'embrasure de la porte. "...au faite, tu as un nom pour ce charmant groupuscule ? Je doute que les "Vestige de la guilde de feu Solaufein Khalazza" soit sincèrement approprié."
Il y eut un bref silence et...
"l'Enclave des Ombres...", murmura Istovir en soupirant pensivement. "L'Enclave des Ombres sera parfait."
Le sorcier leva les yeux vers Decado... ...et ne rencontra que le vide d'une porte battante. L'assassin était parti.
--------------------
L'essort d'Istovir outrepassa toutes ses espérances. Au cours des saisons qui suivirent, la guilde gagna peu à peu en influence, mais sans jamais s'extirper des bas-fonds. Remplaçant les quelque tête de proue de feu Solaufein par des agents triés sur le volet. En parallèle, Decado se fit de moins en moins présent, et de plus en plus distant. Certains prétendirent à une conspiration, un complot issu d'une jalousie naissante à l'égard d'Istovir et de son cercle, d'autres y virent une marque d'insubordination et d'arrogance... ...aucun n'interpréta les actes de Decado à la justesse de leurs aphorismes. Des aphorismes qui remontaient jusqu'à Thaar et se perdaient dans les limbes qu'il conservait de son passé perdu et de souvenirs vieux de plusieurs décennies qu'il ne parvenait pas à éclipser.
Se méprenant sur les intentions de son partenaire, Istovir prit peur et envoya dans le Doeb un groupe formé à l'accomplissement d'un seul et unique objectif : abattre le renégat. L'histoire et ses détails se perdent à ce moment-là, mais il y a une chose que l'on sut néanmoins... La dépouille de l'elfe noir fut retrouvée peu de temps après dans une allée du quartier pauvre, laissant les rennes de la guilde à l'abandon... ...et Decado s'évapora mystérieusement dans la nature.
Dernière édition par Decado le Jeu 28 Mar 2013 - 0:09, édité 42 fois
Decado
Humain
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Sujet: Re: Decado Salyrann - Assassin / Spadassin Dim 24 Mar 2013 - 13:02
Héritage
Citation :
« Il est des oreilles invisibles qui peuvent entendre jusqu'à nos moindres soupirs et des secrets aux allures anodines peuvent se révéler instruments de destruction et de tourments sans fin... »
« Chroniques », par Decado Salyrann.
Spoiler:
Thaar (Ithri'Vaan), 6ème année du 11ème Cycle. Quartier pauvres.
La cité éveillait en lui des souvenirs impérissables...
*Certes elle était différente...*
Songea l'assassin tandis qu'il se profilait le long des quartiers miteux qui quadrillait la périphérie de Thaar. Il avait quitté la haute-ville et ses sérails exotiques depuis bien longtemps, suivant les scissures embrumées de ruelles qu'il avait déjà arpentées par le passé, durant une époque qui n'était plus la sienne. Thaar, la croisée des chemins...Thaar, la grande, la merveilleuse, la venimeuse, l'intrigante... ...il existait de nombreux termes pour la désigner. Mais pour Decado, cette perle commerciale n'était rien de tout cela. Thaar était la cité de son enfance. Un lieu maudit, dont il s'était juré de ne plus y revenir des années auparavant. Mais désormais bien des choses avaient changé... ...les allées fourmillaient d'étrangers magnifiques, apportant leurs lots de mystère dans cette métropole hétéroclite. Plus vaste que dans ses souvenirs, Thaar charriait des reflets de richesses nouvelles malgré la pauvreté omniprésente qui régnait dans les basses classes. Si certains lieux étaient resté les mêmes, tel les docs et les batisses des Pacha, d'autres avaient subi des extensions. Le quartier pauvre s'étendait bien au-delà de leurs anciennes limites, désormais dominée par la silhouette d'un temple où des prêtres rongeaient les maigres richesse des miséreux pour des indulgences qui ne se concrétisaient jamais.
*...mais son coeur, lui, n'avait en rien changé.*
La mine sombre, l'albinos parcourait les ruelles d'un pas résolu et se dirigea tout droit vers une venelle poussiéreuse qui descendait dans les ténèbres de la ville. Son visage, habituellement confiant et assuré, affichait quelque chose d'étrange. Il avait pâli plus qu'à l'accoutumé, prenant une teinte cireuse et une glace antarctique avait remplacé le brasier liquide qui chatoyait habituellement dans ses yeux rogues. Graduellement, l'assassin ralenti l'allure jusqu'à s'arrêter complètement au milieu de la ruelle. Ses iris froides restaient rivées sur une cabane en contrebas, une construction de bois et d'argile, sur la façade de laquelle pendait l'ossature d'un store depuis longtemps pourri. En dessous, un fauteuil en osier délabré était appuyé contre la masure, à côté de l'entrée principale. Il s'agissait de la maison de ses souvenirs... ...la maison de son enfance.
Decado ferma les yeux et inspira lentement...canalisant le flot d'émotions contradictoires qui irradiait au fond de lui. Lorsqu'il les rouvrit un éclat étrange miroitait au fond de ses prunelles, et un masque de résolution implacable avait redessiné ses traits fins et satinés. Il approcha de la masure, jetant parfois quelque regard en coin à chaque fois qu'il percevait du mouvement. La rue était loin d'être déserte... Ils étaient nombreux, assis dans l'ombre des bâtiments, et tous regardaient le curieux étranger, et ses vêtements de toile sombre à la couture délicate, une arme de grande valeur à la ceinture. Manifestement il n'était pas de la région, et l'appréhension que Decado lisait sur les visages des personnes qu'il croisait ainsi qu'une sensation de dégoût pur lui rappelèrent des souvenirs. L'assassin avait vu ces mêmes regards à Sol'Dorn lorsqu'il était entré au service de Solaufein Khalazza, il y a longtemps. Les va-nu-pieds de Thaar le prenaient pour un mercenaire, envoyé vraisemblablement par un créancier prospère pour collecter une dette ou régler un compte.
L'assassin les écarta de ses pensées, se disant juste que, s'ils se décidaient à charger, il les laisserait simplement pour mort dans la poussière...avant de prendre conscience que jamais ces hommes ne trouveraient le courage de l'attaquer. Ce n'était pas dans leur nature... Tel une ombre, il s'engouffra dans l'âtre du cabanon.
La pièce était calme et froide, aucune bougie ne brûlait à l'intérieur et la cabane était vide, mais un morceau de pain rassis sur la table ainsi qu'une couverture déchirée jetée en boule dans un coin indiquèrent à Decado la présence récente d'un individu. Quelqu'un demeurait dans cette maison qui avait été la sienne. Sa mère ? Était-ce possible ? Pouvait-t-elle encore vivre dans ce lieu où elle avait habité avec Kaham, son époux ? L'odeur lui permit d'écarter cette hypothèse, car la personne qui vivait ici ne se souciait nullement d'hygiène. Decado ne vit pas de pot de chambre, mais n'eut aucune utilité à sentir qu'un tel accessoire aurait été utile. Ce n'était pas le souvenir qu'il gardait de sa mère. Même si elle était sans le sou, elle avait toujours mis un point d'honneur à rester propre et à faire en sorte que la maison le soit aussi. La pensée lui vint que les années avaient pu venir à bout de ce dernier reste de fierté. L'épéiste grimaça et espéra qu'il ne s'agissait pas de la maison d'Alexine. Mais si c'était le cas, alors elle ne devait plus être de ce monde. Il savait qu'elle n'aurait pas pu partir...
Quittant l'âtre, il se fondit dans l'obscurité jusqu'à un recoin où il s'adossa, les yeux rivés sur l'entrée... Des heures passèrent, mais l'assassin resta vigilant. Il ne sursauta pas ni ne fit le moindre mouvement lorsque la porte finit par s'ouvrir. Un vieillard aux traits typés des hommes du sud, et au teint basané, pénétra dans la pièce, traînant les pieds. Petit et voûté, il lui fallut une dizaine de pas, tant ceux-ci étaient minuscules, pour atteindre la table qui se trouvait trois mètres plus loin. Decado entendit le bruit d'un silex que l'on frottait sur de l'acier, puis une lueur de vie éclaira l'unique bougie, offrant au tueur une perception claire du visage de l'inconnu. Un mince faciès, presque décharné, un crâne chauve. Sa barbe grise n'était guère soignée et il plissait continuellement les yeux, ce qui rendait son menton proéminent et sa pilosité encore plus marquée. De sa main sale et tremblante, il tira une petite bourse dont il parvint à vider le contenu sur la table sans cesser de se parler à lui-même. L'homme commença à rire doucement et les yeux de Decado s'agrandirent lentement... ...le son lui était familier. Il se leva sans bruit et s'approcha de la table...
Le loqueteux n'avait toujours pas remarqué sa présence. L'assassin aplatit avec force sa main sur les pièces éparpillées.
"Qu'est-ce que c'est !?", demanda le vieil homme qui recula en se tournant vers Decado. Ce regard féroce...l'odeur de son souffle... Il n'y avait plus aucun doute.
"Qui es-tu ?"
Un sourire engageant se mua sur les lèvres pâles du tueur.
"Allons, oncle Shaha'. On ne reconnaît plus son neveu ?"
--------------------
"Soit maudit, Shahadim.", déclara Kaham lorsqu'il pénétra dans la masure une heure plus tard. "...si c'est pour te ch*er dessus, alors reste dehors."
Une chandelle à la main, il se dirigea droit vers la table... ...mais s'arrêta net lorsque la porte se referma sur lui, manifestement mue par quelqu'un qui se trouvait derrière lorsqu'il était entré. Kaham s'avança d'un pas et se retourna.
"Tu n'es pas Shahadim", déclara-t-il en avisant Decado.
Ce dernier observa l'homme pendant quelque instants et reconnu avec certitude Kaham Salyrann. L'homme qui avait scellé les premières années de sa vie à Thaar, et l'avait conduit sur ce sentier nébuleux qui l'amènerait un jour à devenir un assassin, une tête de guilde, un parjure, un renégat... ...et un fugitif. Aujourd'hui, il venait combler la brèche. Sans un mot, Decado passa devant lui et se dirigea vers l'angle le plus renfoncé de la petite pièce. Kaham le suivit et, de sa chandelle, illumina cette partie de la salle. Shahadim y gisait, face contre terre. Une petite mare de sang s'étendant progressivement autour de son ventre meurtri. Le grand homme recula, une expression de rage et de peur peinte sur le visage, mais s'il prévoyait de bondir sur l'intrus, la longue lame rutilante pointée dans sa direction sembla l'en dissuader et calmer ses ardeurs.
"Qui es-tu ?", demanda-t-il dans un souffle.
"Quelqu'un qui vient régler un compte.", répondit l'assassin du tac-au-tac.
"Tu as tué Shahadim."
"Il n'est probablement pas encore mort. Les blessures au ventre prennent un peu de temps."
Kaham bredouilla quelque chose, comme s'il était incapable de trouver ses mots.
"Tu sais ce qu'il m'a fait.", affirma Decado.
L'autre secoua la tête, avant de réussir à demander.
"À toi ? Mais qui es-tu ?"
L'assassin esquissa un pâle sourire.
"Je vois que la loyauté familiale n'est pas ton fort. Non que cela soit pour me surprendre."
"Familiale ?", marmonna Kaham. Il écarquilla les yeux lorsqu'il posa de nouveau la question. "Qui es-tu ?"
"Tu le sais."
"Je suis fatigué de tes petits jeux.", riposta l'homme qui se mit en mouvement comme s'il avait l'intention de partir. Mais Jiv’undus scintilla, sa pointe venant se planter sous son menton pour l'empêcher de bouger. D'un léger mouvement du poignet, Decado le força à regagner la table, puis s'avança encore, tourna la lame et poussa Kaham vers une chaise sur laquelle il prit place.
"Des mots que j'ai déjà entendu...", rétorqua l'albinos en tirant l'autre siège vers lui pour s'asseoir près de la porte. "...suivit généralement d'un allé-retour dont tu en avais le secret. J'aurais presque envie d'en faire autant maintenant."
Kaham sembla avoir du mal à respirer.
"Decado ?", murmura-t-il dans un souffle.
"Ai-je tellement changé, père ?"
Après un moment qui lui fut nécessaire pour reprendre son souffle, Kaham sembla finalement parvenir à se ressaisir.
"Que fais-tu ici ?", par-dessus la table, il jeta un coup d'oeil à l'épée ouvragée et aux vêtement soignés de l'assassin. "Tu t'es échappé de cet endroit. Pourquoi y revenir ?"
"Échappé ? J'ai été vendu en esclavage."
Son protagoniste grogna et détourna le regard.
"Cela t'amuse ?"
"Non...ça ne me fait rien. Ce n'était pas ma décision et peu m'importait."
"Cher père aimant.", répondit Decado d'un ton cassant. À sa grande surprise, l'autre se moqua de lui et il s'en sentit offensé. "Même Shahadim n'a pas fait preuve d'autant de cran.", la référence au blessé agonisant sembla calmer Kaham.
"Qu'est-ce que tu veux ?"
"Je veux savoir ce qui est arrivé à ma mère", répondit Decado. "Est-t-elle vivante ?"
L'expression moqueuse de Kaham lui donna la réponse à sa question sans qu'aucun mot ne soit nécessaire.
"Tu es allé à Sol'Dorn pas vrai ?"
L'assassin acquiesça.
"Je suis certain que tu n'avais pas encore atteint ta destination au moment où Alexine est morte...", rétorqua l'homme, avec sècheresse. "...elle savait qu'elle était en train de mourir. Sinon, pourquoi crois-tu qu'elle aurait vendu son précieux Decado ?"
Les pensées de l'assassin se bousculèrent dans son esprit. Il tenta de se rappeler la dernière fois qu'il l'avait vu et perçut la fragilité de sa mère sous un jour complètement différent.
"Cette putain me faisait pitié en réalité.", déclara Kaham, et dès que le mot sorti de sa bouche, le tueur s'élança sur lui à une vitesse ahurissante pour le frapper au visage. Silencieux, Decado retomba sur sa chaise et Kaham le regarda d'un air mauvais en crachant du sang.
"Elle n'avait pas le choix...(touss)...elle s'est rendu au temple du quartier pauvre pour obtenir une indulgence", il eut un sourire méprisant. "...ils la connaissaient bien là-bas tu sais. Seulement, elle n'avait pas assez d'argent pour sauver vos vies misérables. Alors elle t'a vendu. Ils ont pris la somme qu'elle avait perçue... ...puis elle est morte, c'est tout ce qu'il y a à dire."
Kaham se tue et Decado resta un long moment sans bouger, à digérer ces surprenantes informations...non sans chercher des raisons pour les rejeter.
"As-tu trouvé ce que tu cherchais, l'assassin ?", s'enquit le grand homme.
"Elle m'as vendu ?", l'interrogea le tueur.
"Je viens de te le dire."
"Et mon cher père a tout fait pour me protéger."
"Ton cher père ?", s'étonna Kaham. "Et tu sais qui c'est ?"
Le visage de Decado se crispa fortement.
"Tu me crois assez stupide pour être ton père ?", demanda l'autre en éclatant de rire. "Je ne suis pas ton père. Si je l'étais, les branlées que tu as prises t'auraient mis un peu plus de plomb dans le crâne !"
"Tu mens."
"Alexine t'attendait quand je l'ai rencontré. Elle n'était pas d'ici, et elle était enceinte...", il demeura silencieux quelques instants, le temps que ses paroles fassent leur effet. "Je lui ai juste offert un endroit où vivre, en échange de quoi elle m'a donné un peu de plaisir. En revanche, il y a une chose que je peux t'assurer à son sujet, c'est qu'elle n'en n'était pas à son premiers, et de loin à son dernier amant avant moi...", ricana le vieillard.
Le regard enfiévré, Decado ne pipa mot. Se contentant d'observer Kaham de ses yeux de braises. Une froide menace commençait à couver à l'intérieur.
"...elle était originaire de la péninsule, et sans doute issu d'un milieu qui n'avait rien à voir avec la fange des venelles de Naelis.", l'espace de quelque secondes, l'homme sembla perdu dans ses pensées. "Va savoir ce qui l'a conduit à pareille déchéance...elle m'a assez cassé les pieds avec ses manières durant les premières nuits qu'elle passait à brailler ici. Sa famille l'a répudié je crois. Je ne connais rien de cette période, où alors juste un nom... ...Velteroc."
Mais Decado l'entendait à peine. Il repensait aux évènements de sa jeunesse, lorsque des hommes venaient et payaient le grand homme pour accéder au lit d'Alexine. L'assassin ferma les yeux, espérant presque que Kaham se saisisse de cet instant de vulnérabilité. Si ce dernier s'était avancé et lui avait pris son arme, il n'aurait rien fait pour l'en empêcher et aurait accueilli comme un soulagement la lame s'enfonçant dans son coeur. Mais l'homme ne bougeait pas et continuait à rire... ...jusqu'à ce que Decado ne rouvre les yeux et lui adresse un regard éloquent. L'autre déglutit, manifestement mal à l'aise.
Le tueur se leva et rengaina son épée. Il s'approcha de Kaham, le dominant de toute sa hauteur.
"Lève-toi."
Le vieil homme le regarda d'un air de défi.
"Qu'est-ce que tu veux."
Le poing de Decado s'écrasa sur son faciès buriné.
"Lève-toi."
Le nez en sang, l'autre obéit, un bras levé en signe de protection devant son visage.
"Qu'est-ce que tu veux ? Je t'ai tout dit, je ne suis pas ton père !"
De sa main gauche, l'assassin attrapa le poignet que Kaham avait avancé devant lui, et d'un mouvement rudimentaire le lui retourna dans le dos.
"Mais cela ne t'as pas empêcher de faire de moi ton souffre douleur.", déclara l'albinos.
"Tu le méritais.", répondit Kaham dans un souffle. Il tenta de lever son autre bras pour se défendre, Mais la main libre de Decado s'abattit, frappant une nouvelle fois son visage, déjà en sang. "La...la vie est rude.", protesta l'homme, la voix dénuée de toute assurance cette fois-ci. "Tu avais besoin de t'endurcir. D'apprendre !"
"Répète encore une fois que ma mère était une putain.", lui murmura doucement l'adonis en tirant lentement Vress'lve de sa gaine de cuir. L'autre parut terrorisé.
"Qu'est ce que tu veux que je te dise !? Elle a fait ce qu'il fallait pour survivre ! C'est notre lot à tous. Je ne lui jette pas la pierre, je ne l'ai jamais fait. Je l'ai accueillie quand personne ne voulait d'elle."
"Pour ton profit."
"Ne...non ! Tu ne peux pas me rendre responsable de la façon dont va le monde."
"Je peux te rendre responsable de chaque coup qui m'a été porté.", répondit calmement Decado en enfonçant lentement sa dague entre les omoplates de sa victime. "Je peux te rendre responsable d'avoir laissé cette ordure...", du menton il désigna Shahadim. "...s'approcher de moi. Lui-aussi te payait pour cela ? Un peu d'argent pour avoir ton gamin, Kaham ?"
Haletant sous l'effet de la douleur, Kaham secoua violemment la tête.
"Non, jamais..."
Le genou de Decado s'abattit sur sa nuque, l'envoyant face contre terre. Sa lame étincelant entre ses doigts, l'assassin s'approcha de l'homme gémissant... ...et secoua la tête avec dégoût.
"Tu ne vaux même pas la peine d'être tué..."
Crachant et suant, Kaham parvint, tant bien que mal à se traîner dans un coin de la pièce. Son dos le faisait souffrir, et des piques de douleur engourdissaient son visage tuméfié. La crainte se lisait sur son visage lorsqu'il se retourna pour demander grâce, Il leva la main dans une vaine supplique... ...et constata qu'il était seul.
Devant-lui, la porte battait doucement au gré du vent.
Épilogue
Citation :
« Après le premier, cela n’a guère plus d’importances. Nous savons ce que nous sommes. La quantité ne rend ni meilleur ni pire… »
« Chroniques », par Decado Salyrann.
Spoiler:
Thaar (Ithri'Vaan), 7ème année du 11ème Cycle. Quartier pauvre.
Une brise glacée se profilait entre les stèles friables qui pourrissaient sur le sol stérile du cimetière, charriant avec elle des odeurs âcres et nauséabondes qui prenaient leurs essors sur les amas de terres, fraîchement retournés, aux pieds des tombes. Decado n'y faisait pas attention, l'esprit encore embrumé par les révélations qui lui avait été faites quelque mois plus tôt. Pour la première fois depuis des décennies, il se sentait réellement troublé. Il n'y avait pas de mots pour décrire le flot mitigé d'émotions vives qui le traversaient en cet instant. Le rationalisme des paroles de Kaham l'avait frappé comme un coup de poing en plein visage...
*Non, plus qu'un coup de poing...*
Une bourrasque...un ouragan qui dispersait une fois de plus les fragments qu'il avait conservé de son passé misérable. Et malgré tout, il essuyait froidement l'averse. Un bruissement de cape froissé le tira de sa noire torpeur...
"Tu ne trouveras pas de noms sur ces pierres.", murmura une voix tandis que l'assassin traînait sur les lieux.
Decado se retourna et remarqua le religieux, en toge blanche qui le lorgnait. La vue du médaillon frappé à l'emblême de Nééra sur sa poitrine lui rappela les propos de Kaham sur sa mère et le temple des nécessiteux, quémandant une aide qui ne lui parviendrait jamais. Elle suscita en lui des envies de meurtres inassouvies. L'autre adopta une posture défensive en avisant l'éclat, sombre et acéré qui scintillait dans le regard de l'assassin.
"Ce n'est pas souvent qu'un homme de ta qualité se rend ici.", dit-t-il méfiant.
Silencieux, Decado se contentait de l'observer avec froideur. L'homme se racla la gorge, visiblement incommodé par l'attitude inhabituelle de son protagoniste.
"...ce que je veux dire, c'est que ces misérables créatures n'ont pas beaucoup de visiteurs. La plupart sont anonymes, sans familles, sans amis...", il conclut ses propos par un ricanement condescendant, qui disparut rapidement devant l'air méprisant de Decado.
"Pourtant, tu écrits leurs patronymes sur tes rouleaux lorsqu'ils te donnent leurs pièces. Es-tu ici pour prier pour eux ? Pour effectuer les indulgences qu'ils t'ont acheté au temple."
Le prêtre s'éclaircit la voix.
"Je suis le dévot Seberius."
"Tu te méprend si tu crois que cela m'intéresse."
"Je suis un prêtre de Nééra.", déclara l'homme, indigné.
"Tu n'es qu'un charlatan qui vend de faux espoirs.", répondit l'albinos les yeux plissés, un sourire acide ourlant ses lèvres fines.
Seberius se ressaisit et lissa sa toge.
"Attention à ce que tu dis...", l'avertit-t-il, s'enquérant du nom de Decado par son expression et l'inflexion de sa voix. L'assassin, silencieux, ne cilla pas. C'était tout ce qu'il pouvait faire pour éviter de bondir à la gorge du prêtre et d'étrangler cet imbécile avec ce médaillon qui lui saillait si bien.
*Ainsi, nous verrons comment Nééra, dans sa grande miséricorde, récompense ses prosélytes.*
Songea-t-il, dégoulinant de sarcasme tandis qu'un bruit de sabots retentissait devant les portes du cimetière. Le convois, en partance pour la péninsule, n'attendrait pas longtemps... Comme si l'homme d'Église n'eut plus aucune espèce d'importance, l'épéiste fit volte-face et s'en alla.
"Attends ! Tu as vécu ici ?", lui cria Seberius. "Comment s'appelait-t-elle ?", demanda le prêtre, intuitif. Decado s'arrêta mais ne se retourna pas.
"La femme que tu cherches ici.", expliqua le religieux. "C'est bien une femme n'est-ce pas ? Quel était son nom ?"
"Elle n'avait pas de nom.", murmura l'assassin en s'éloignant. "Pas un nom dont tu te souviendrais..."
Personne n'avait remarquée la pousse de bruyère tressée qui s'agitait doucement autour d'une pierre tombale, un peu plus loin. L'inscription avait été à moitié effacée, et seules quelques lettres au style baroque y subsistaient...
ALEX NE SALYR ...
Dernière édition par Decado le Jeu 28 Mar 2013 - 10:23, édité 10 fois
Decado
Humain
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Sujet: Re: Decado Salyrann - Assassin / Spadassin Dim 24 Mar 2013 - 13:24
Je voulais simplement signaler que la fiche était bel et bien terminée. Cordialement :)
Arsinoé d'Olyssea
Ancien
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Sujet: Re: Decado Salyrann - Assassin / Spadassin Mer 27 Mar 2013 - 12:51
Je vais m'occuper de cette fiche, et à la première lecture voilà les points saillants:
Pourquoi Alexine à t-elle choisit l’exil sans aucunes ressources avant même de connaitre la réaction d'Hubert? Elle portait un bâtard certes, mais celui d'un comte auprès duquel elle aurait certainement pu espérer une rente (je dis ça sans connaitre le caractère d'Hubert de Velteroc). Il faudrait apporter une motivation supplémentaire je pense.
"l'une des nombreuses guildes qui jalonnaient la cité Drow, sinon l'Ithri'Vaan elle-même..." ==> le nombreuses est en trop.
Ce "groupuscule" de malfrats de Solaufein khalazza me semble finalement avoir une ampleur assez importante, avec un vaste palais, de nombreux gardes et une organisation tentaculaire. Pour une ville de taille moyenne comme Sol'Dorn ça a du avoir un poids plus que conséquent, je demanderai donc à May si ça lui semble cohérent avec sa vision de ville. Peut-être faudra t-il nuancer un peu cela sinon. Edit: Il faudrait réduire l'influence de cette organisation, qui pour l'instant semble trop importante pour apparaître comme ça dans l'historique, mais surtout aussi trop puissante pour que ses chefs se fassent éliminer aussi simplement, et que la transition soit aussi douce et réussie. Ce passage là en particulier est bien trop ambitieux, surtout lorsque sol'Dorn avait perdu une bonne part de son influence avec la chute du 4ème ost. "Au cours des saisons qui suivirent, la guilde gagna en influence jusqu'à s'étendre au-delà des frontières de Sol'Dorn. Tacticien dans l'âme, le thaumaturge s'entoura d'une foule cosmopolite ; des postes de meneur furent érigés dans la métropole et une hiérarchie complexe se développa à travers les nombreuses toiles tissées par la fantaisie de ces têtes de proue."
Je trouve ça aussi un peu gros que Solaufein veuille faire assassiner toute la direction de son organisation, ce serait peut être à mieux expliquer. Pareil pour Decado en fait, il dit faire cela pour se libérer, mais se libérer de quoi? Il craignait se faire pourchasser si jamais il abandonnait la guilde? Pour l'instant ce passage sert surtout à le montrer tuer du monde, sans véritablement avancer ses intérêts.
Quand à scène de la grande salle ou il parvient seul à se débarrasser de tous ces hommes visiblement sans encombres, n'avaient-ils pas de protection rapprochée, ou du moins des gardes à la porte? Ces personnages ont l'air trop influents pour se faire tous avoir comme ça, même par la ruse.
"Naelis, la croisée des chemins...Naelis, la grande, la merveilleuse, la venimeuse, l'intrigante... ...il existait de nombreux termes pour la désigner. Mais pour Decado, cette perle commerciale n'était rien de tout cela."
à vrai dire ces termes seraient bien plus adaptés à Thaar que Naelis. Naelis a été grande il y a quelques siècle, mais désormais c'est une petite ville avec une population d'environ 5000 habitants qui occupent une partie des ruines (un peu plus en l'an 6, et un peu moins au début de ton histoire surement), en essor relatif de par les troubles liés à l'éclatement du 4ème ost, mais loin d’être un carrefour commercial, et encore moins apte à être décrite comme intrigante, merveilleuse ou métropole. (Ceci vient surtout du bg de glenn).
Pour son apparence, les yeux rouges, la peau albâtre et les cheveux blanc, bah j'imagine que c'est un albinos très prononcé, ce qui pourrait te poser quelques problèmes en péninsule si jamais c'est assimilé à une ascendance drow (surtout si ça se sait que tu viens d'Estrévent). Donc attention ^^.
Après sinon de manière général c'est bien écrit malgré la longueur. Decado est surement un personnage trop adroit et "aidé par le destin" à mon gout, mais je ne vais pas chipoter à ce sujet ^^.
Decado
Humain
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Sujet: Re: Decado Salyrann - Assassin / Spadassin Mer 27 Mar 2013 - 23:12
Alors j'ai tenté de modifier ces quelques anicroches du mieux que j’ai pu.
- Concernant l'exil d'Alexine, j'ai rajouté une poignée de lignes expliquant plus précisément les raisons pour lesquelles la courtisane a préféré la fuite plutôt qu'une rente (dans le Prélude). Traduisant un caractère plus sensible qu'opportuniste, et malheureusement inflexible. Dans les cas d'Alexine, le rigorisme qu'elle imposait envers ses valeurs morales l'aurait poussée à refuser les compromis apportés par le Comte de Velteroc. N'étant pas noble elle n'aurait pu résider au château, ou bien seulement sous l'étiquette du rang qui la désignait, mais en taisant le secret qui l'aurait lié à Decado (qui aurait eut conaissance de ses origines bâtards, mais pas de ceux de sa mère). Un avenir qu'elle a rejeté en préférant s'enfuir du Comté, pensant à tort pouvoir élever son fils par ses propres moyens. L'Ithri'Vaan étant considérée comme une zone neutre, elle savait que Thaar ou Naelis étaient l'endroit rêver pour toutes personnes désireuses de disparaître pendant un temps. Après, je reconnais que le détail paraît contradictoire lorsqu'elle vendra Decado quelque années plus tard, mais beaucoup d'eau avait coulé sous les ponts depuis l'époque de Velteroc, Alexine vivait au crochet de la société, dans la misère et la désillusion. Elle était malade et savait qu'elle allait mourir, mais refusait de laisser Decado avec Kaham et Shahadim qu'elle connaissait bien. Ne pouvant ni retourner à Velteroc, ni le confier à une âme de valeur, elle a fini par opter pour une solution qu'elle aurait préféré esquiver, mais qui ne lui laissait certes pas d'autres choix sur l'avenir de son fils.
- "l'une des nombreuses guildes qui jalonnaient la cité Drow, sinon l'Ithri'Vaan elle-même..." ----> j'ai remplacé le "nombreuses" par "quelque", j'espère que cela conviendra mieux ainsi.
- Idem pour le manoir qui s'est changé en taudis, la faune qui confortait la guilde a également subi une atténuation de classe (voleurs, tir-laines, canailles de basse caste, etc...), de plus, j'ai modifié certains paragraphes en soulignant que la groupuscule n'a jamais quitté les bas-fonds du quartier Doeb. Concernant les têtes de guilde, j'ai agencé en soulignant qu'il ne s'agissait pas de grosses pointures, donc qui ne s'entouraient pas d'hommes de mains. Les quelques sentinelles embauchées par Solaufein pour surveiller les alentours ont été abattus par les hommes d'Istovir pour permettre à Decado de passer sans trop d'encombres.
- "Au cours des saisons qui suivirent, la guilde gagna en influence jusqu'à s'étendre au-delà des frontières de Sol'Dorn. Tacticien dans l'âme, le thaumaturge s'entoura d'une foule cosmopolite ; des postes de meneur furent érigés dans la métropole et une hiérarchie complexe se développa à travers les nombreuses toiles tissées par la fantaisie de ces têtes de proue." ---> Pas de soucis, j'ai retouché ces quelques lignes en en minimisant l'influence qui, là encore, ne s'étendra pas hors des frontières du quartier Doeb.
- Concernant la trahison de Solaufein, Istovir avait promis à l'assassin de lui laisser d'avantage de bride que son prédécesseur (Dec' ne pouvait agir que sous l'aval de ce dernier à l'inverse d'Istovir qui l'autorisera à prendre des décisions de son propre chef...ou tout du moins en apparence). J'ai également modifié le paragraphe traitant sur la mort des trublions en expliquant que Solaufein ne désirait que resserrer l'étau et menacer par l'intermédiaire de Decado en qui il avait sans doute placé une trop grande confiance. Conforme aux objectifs qu'ils s'étaient fixés avec Istovir, Dec' le trahit, et assassine les trublions susceptibles de lancer des représailles (limités au nombre de cinq après retouche. Des personnes d'avantages versées sur la stratégie et les joutes verbales que sur l'action, ce qui traduit leur manque de résistance face à l'assassin). Après...peut-être ai-je eut la main un peu trop lourde sur certains détails (et peut être certaines liberté ?), c'est un peu gênant mais j'ai supprimé un paragraphe pour en venir directement aux faits.
- "Naelis, la croisée des chemins...Naelis, la grande, la merveilleuse, la venimeuse, l'intrigante... ...il existait de nombreux termes pour la désigner. Mais pour Decado, cette perle commerciale n'était rien de tout cela." ---> j'ai donc modifié la cité par Thaar, par contre, étant donné qu'il n'y avait aucun scripte sur les moeurs et la structure de cette dernière (ou bien aurais-je mal regardé :s ?), j'ai improvisé comme j'ai pu sans vraiment me lancer dans une liberté trop vaste. Si jamais cela pose problème, je compte sur toi pour m'en faire part, je retoucherais autant que nécessaire :)
- Pour son apparence, les yeux rouges, la peau albâtre et les cheveux blancss, bah j'imagine que c'est un albinos très prononcé, ce qui pourrait te poser quelques problèmes en péninsule si jamais c'est assimilé à une ascendance drow (surtout si ça se sait que tu viens d'Estrévent). Donc attention ^^. ----> Il n'y a pas de soucis, c'est bien dans cette marge que je compte incarner le personnage. Jouant sur cette ambiguïté physiologique pour en faire un être autant intriguant qu'inquiétant, parfois prompte à susciter de la révulsion autour de lui.
J'espère que ces modif conviendront, dans le cas contraire je suis tout ouïe.
Arsinoé d'Olyssea
Ancien
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Sujet: Re: Decado Salyrann - Assassin / Spadassin Jeu 28 Mar 2013 - 9:10
Donc après relecture je vois que tu as fais des efforts sur à peu près tous les points mentionnés, ça fait plaisir ^^. Je valide aussitôt.
Quelques liens...
Foire au RP ~ Pour tout ce qui est recherche de compagnons RP. En bref, que du bonheur ! Inventaire ~ Pour suivre ton évolution {obligatoire}. Journal de bord ~ Pour archiver tes liens de RP qui content l'histoire de ton personnage {facultatif}. Et enfin, si tu as des question, n'hésite surtout pas à demander l'aide d'un parrain, ou à tout simplement poser tes questions dans la partie créée à cet effet.
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Decado
Humain
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Sujet: Re: Decado Salyrann - Assassin / Spadassin Jeu 28 Mar 2013 - 10:20
Impeccable, je vais jeter un oeil à tout ça^^ Merci pour le temps consacré à ma fiche en tout cas :)
Urlryn Jar'x
Drow
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