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 La rage sombre

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Kiran
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Kiran


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MessageSujet: La rage sombre   La rage sombre I_icon_minitimeMer 27 Mar 2013 - 19:19

Suite de : Une étrange maladie...


Le matin du deuxième jour, le groupe pénétra dans la vallée de Guvental. Après avoir suivi pendant plusieurs lieues un petit bois de pins, ils débouchèrent sur une pente herbeuse irrégulière, en bas de laquelle se distinguait un petit groupement d’habitations. Des fumées blanches s’échappaient du toit de plusieurs d’entre elles.

« Draech Làn » annonça Kiran alors qu’il s’arrêtait au sommet de la dénivellation. « Ici vivent les Cornefer, l’un des rares clans à ne pas avoir sombré dans l’ire de Mogar. Une prouesse, aussi loin dans le nord… »
Une fois dans les Hautes Terres, on ne rencontrait en effet guère plus que des tribus de nains sauvages et guerriers, arpentant le pays et se livrant bataille pour les ressources et le territoire. Guvental faisait figure d’exception, et les nains des environs continuaient à vivre en bon termes les uns avec les autres.

En approchant de Draech Làn , les marcheurs purent apercevoir l’épaisse palissade de bois, renforcée de pierre à la base, qui entourait le village. Ainsi reclus et vivant quasiment en autarcie, les habitants ne se devaient nullement de négliger leur sécurité. Ils croisèrent dans leur descente des troupeaux de chèvres qui s'écartèrent dans un concert de bêlements, gardés par quelques bergers et leurs chiens qui les regardèrent passer avec étonnement. Une troupe aussi nombreuse que la leur ne devait pas passer par ici tous les jours.

Un peu plus loin, devant la porte principale grande ouverte, se tenaient assemblés un groupe d’une dizaine de nains. Devant eux, ce qui semblait être un charnier encore fumant achevait lentement de se consumer. En arrivant à leur hauteur, les voyageurs purent voir que celui-ci avait selon toute évidence servi à brûler les corps de nombreuses grosses créatures aux allures de reptiles. Plusieurs nains se portèrent à leur rencontre aussitôt qu’ils les eurent aperçus. Kiran s’avança pour les saluer :

« Vemu, khazad pemb Draech Làn*. Nous venons de Thanor. On nous a avertis que vous avez souffert récemment du mal qui affecte les galioths. Mes compagnons et moi sommes ici pour vous aider et chercher un moyen de mettre un terme au fléau. »
La réponse lui vint de la part d’un nain d’âge mur et aux traits creusés. Des anneaux de fer maintenaient les tresses de sa barbe d’argent gris, et sa mine était sombre, comme celle de tous ceux qui l’entouraient.
« Je suis heureux d’apprendre que notre message est parvenu à destination, et votre aide est la bienvenue, frères. Hélas, je crains qu’elle n’arrive trop tard… » dit-il en désignant le charnier derrière lui où s’empilaient les restes des galioths. Une forte odeur de chair brûlée flottait dans l’air.

« Je suis Bregun Cornefer » reprit le nain, « thane du clan des Cornefer. Suivez-moi, je vais vous montrer où vous pourrez vous installer durant votre séjour. Nous parlerons après. »
Son ton ne laissait pas place à l’objection, aussi les voyageurs s’engagèrent-ils à sa suite dans le village sans rien ajouter. De l’autre côté des portes, ils découvrirent un lieu bien rustre comparé à la splendeur de Thanor. Les maisons étaient peu nombreuses, en bois essentiellement, et aucune ne comportait d’étage. Chaque construction néanmoins était solide, conçue pour résister à des hivers longs et difficiles.

Pour loger tous les nains du groupe, on mit à disposition les greniers, les étables, les granges et la grande salle de la maison commune. C’est dans celle-ci que finirent par se réunir Bregun et quelques autres nains, ainsi que plusieurs membres de l’expédition dont Kiran, Falker, Dun Eyr et Kern. L’humain était considéré avec méfiance par les villageois qui, étant donné leur peu de contact avec les fils de Néera, n’étaient pas enclins à leur accorder aussi rapidement confiance. Kiran se doutait que cela ne s’arrangerait guère si jamais ils venaient à découvrir les origines elfiques de son ami…
Un tonnelet de bière ainsi que des cornes à boire furent apportées, et ce n’est qu’une fois tout le monde servi et la première pinte avalée que Bregun - ayant auparavant bruyamment roté son contentement - se racla la gorge pour commencer à parler :

« Cela a commencé il y a deux mois. Il ne s’agissait que de bêtes sauvages au début, et toujours isolées. Puis elles ont commencé à apparaître en nombre, et toujours plus près du village. Ils attaquaient tout ce qu’ils croisaient, et les environs n’étaient plus sûrs. Nous avons essayé de les chasser, en avons abattu plusieurs, mais il y en avait toujours d’autres. Puis, ce sont nos propres galioths qui ont commencé à être touchés. Quelques-uns d’abord, puis de plus en plus, jusqu’à ce qu’il devienne dangereux de les garder à l’intérieur de l’enceinte. »
Le nain à la barbe grise fit une pause et porta la corne de bière à ses lèvres. Quand il reprit son récit, sa voix semblait encore plus grave qu’auparavant :
« Un soir, ils ont attaqué le village en nombre. Il y avait des galioths sauvages avec eux. Toute une horde. Ils se sont jetés sur nos murs, comme fous, malgré nos flèches et nos haches. A la fin, ils finirent par faire une brèche et pénétrer à l’intérieur. Nous les avons repoussés, mais non sans pertes. Une nuit terrible que celle-là… » Bregun se resservit à boire. « C’était il y a deux jours, et nos dernières bêtes en bonne santé y sont passées. »

Le silence s’installa après cette déclaration. Les pensées des nains étaient tournées vers le bûcher dehors, où finissaient de se consumer les cadavres des lézards géants.
« Vous pensez savoir ce qui leur arrive ? » demanda finalement Kiran.

« Nous n’en savons pas plus que vous » répondit Bregun. « Ce fléau étrange, presque une malédiction… Nous l’avons appelé Narag khador : la rage sombre. Mais peu importe ce que c’est au final, car il n’y a rien qui peut y remédier. Une fois atteint, les bêtes deviennent incontrôlables, comme possédées. Elles attaquent tout le monde et se mettent même à manger la chair des vivants. Tout ce que nous avons essayé pour les soigner n’a rien donné, sinon encore plus de dommages… » Le thane fixa les nains assemblés d’un air grave. « Si le mal continue à se propager ainsi, il n’y aura bientôt plus de galioths sains d’esprit dans toutes les Hautes Terres. Puis dans la région d’Arkan. Et enfin dans toute la Nanie. Je pense que vous imaginez la catastrophe que ceci représenterait pour notre peuple. »
Personne ne répondit, et la salle retomba dans le silence. Oui, ils pouvaient tous très bien se l’imaginer…



* Salutation, habitants de Draech Làn.
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Dun Eyr
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MessageSujet: Re: La rage sombre   La rage sombre I_icon_minitimeDim 31 Mar 2013 - 15:32

      Dans la vallée de Guvental, à Draech Làn, les voyageurs avaient été conviés à la grand’salle du clan ; un tonneau de brune avait été mis en perce, et l’on écoutait maintenant les Nains des Hautes-Terres relater la Narag khador qui avait saisi les galioths. C’était une terrible nouvelle pour les éleveurs du Nord, et la crainte se lisait dans les yeux de toutes les barbes assemblées — sauf Dun Eyr, qui semblait mu plus par la colère que l’angoisse.
      Lorsque Bregun se fut rassis, à son tour le Haut-Prêtre se leva, rota selon la coutume, et il prit alors la parole face à ses frères :

      « La
Narag khador n’est pas une maladie de saison, et elle ne vient ni du fourrage des bêtes, ni de mauvais insectes, qui auraient trouvé leur voie jusqu’à la cervelle des galioths à les rendre fous. C’est dans les temples et les runes que se cache la raison de tout ce mal. »

      Dans cette assemblée de combattants et d’éleveurs, si la dignité du Haut-Prêtre n’était peut-être pas appréciée, elle n’en demeurait pas moins respectée. Il était l’émissaire de Lirgan, l’un des demi-dieux de Nanie, et c’était vers ces héros légendaires que nombre des fils de la montagne s’étaient tournés, lorsque le Voile avait éperonné les terres du Nord.

      « Nous sommes dans les Hautes-Terres, et les ruines encore rouges de Kirgan s’élèvent non loin d’ici, reprit Dun Eyr. C’est là que pour Mogar a imprimé sa marque il y a sept ans, son sillon courant profondément sur les terres alentour, et la Cité effondrée est aujourd’hui le cœur sacré de la Nanie : nul n’y pénètre impunément. J’avais moi-même tenté, avec des compagnons, d’en forcer les barrières encore magiques, mais nous avions été refoulés par la montagne. Cela a été un sage hasard pour nous tous, sans quoi nous aurions été déclarés sacrilèges et profanateurs. »

      Le Haut-Prêtre se tourna à présent vers Bregun et les siens, et sa voix se fit plus douce comme il parlait à leurs hôtes, lesquels leur offraient la boisson et le bon accueil :

      « Je ne doute pas de la sagacité des Cornefer, et aucun Nain de Draech Làn n’aura tenté de violer les décombres bénies de Kirgan. Mais il y a d’autres pillards des clans sauvages, qui ont pu trouver le courage d’y mener leurs rapines durant l’été. Les premiers ont pu trouver une travée effondrée il y a deux mois de cela, et leur veule intrusion aura réveillé la colère de Mogar. »

      Nul, parmi les Nains assemblés et qui tenaient conseil, n’avait dû songer à cette terrible éventualité. Mais Dun Eyr avait pour lui le souvenir de longues réflexions avec le Dolbarg’Ma, dans la première profondeur reconquise d’Almia, et le Mogariste avait averti son ami des malédictions que réveilleraient les intrus s’ils venaient à rompre la quiétude de Kirgan défunte.

      « Tu dis, Bregun, que la
Narag khador a redoublé la folie des bêtes ces derniers temps, à un point tel que les galioths ont assailli Draech Làn. Or on raconte que c’est à la fin de l’été que le Roi Valek de Lante, et ses compagnons étrangers, venus des forêts comme des plaines du Sud, ont atteint Kirgan. Ils ont violé le repos du Père des Batailles en voulant percer un chemin dans les reliquats de la capitale. »

      La voix de Dun Eyr s’était maintenant faite dure, tandis qu’il examinait les barbes du clan de Cornefer qui l’entouraient et le fixaient.

      « La folie qui a saisi vos bêtes, conclut Dun Eyr, et qui maintenant menace d’affamer tous nos frères à l’approche de l’Hiver, c’est dans l’impiété des Nains qu’il faut en chercher l’origine — et spécialement dans l’impunité qu’affectent les alliés de Lante lorsqu’ils saccagent l’oeuvre du Père des Batailles. Il y a sept ans sa colère avait saisi les Nains, maintenant elle s’abat sur les bêtes. »

      Son discours achevé, Dun Eyr se rassit à sa place, et vida d’un trait sa corne de bière ; si des Nains venaient à contester l’avis du Haut-Prêtre, il lui faudra un gosier humide et apprêté afin d’y répliquer. Sous ses sourcils d’argent, sa mine était comme triste pourtant : dans quelle nouvelle folie les Nains impies s’étaient-ils précipités ?


Dernière édition par Dun Eyr le Ven 5 Avr 2013 - 2:40, édité 1 fois
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Kern Frelisean
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Kern Frelisean


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MessageSujet: Re: La rage sombre   La rage sombre I_icon_minitimeMer 3 Avr 2013 - 18:48

Le soleil était déjà haut dans le ciel lorsque le groupe arriva enfin en vue des habitations de la vallée de Guvental.

« Draech Làn » annonça Kiran en s’arrêtant au sommet de la dénivellation « Ici vivent les Cornefer, l’un des rares clans à ne pas avoir sombré dans l’ire de Mogar. Une prouesse, aussi loin dans le nord… ».

Il est vrai que cela tenait en une sorte d’exploit vu la proximité de l’épicentre de la catastrophe : la cité naine Kirgan…

Le groupe avança en ordre jusqu’à l’entrée du village où une assemblée de nain se tenait devant les restes d’un charnier dans lequel on pouvait reconnaitre l’apparence de restes de créatures reptiliennes. Lorsque les villageois nains vinrent pour les saluer, Kern remonta sa capuche, cachant ainsi son visage. Il ne savait que trop l’appréhension que peuvent avoir les nains vis-à-vis des étrangers, surtout des elfes. Autant ne pas leur donner de raisons de se méfier.

Draech Làn avait été un village tranquille sans histoires avant que la maladie ne s’empare des galioths, les rendant fous et assoiffés de sang. Le grand feu devant le village en attestait. La situation devenait vraiment grave. Ils furent tous conviés à rejoindre la salle commune qui se trouvait dans un des bâtiments centraux du village. Kern sentait les regards des villageois posés sur lui mais il n’en tenait pas compte. Un nain du nom de Bregun qui semblait être le thane du village, prit la parole alors que l’on nous servait de la boisson.

« Cela a commencé il y a deux mois. Il ne s’agissait que de bêtes sauvages au début, et toujours isolées. Puis elles ont commencé apparaître en nombre, et toujours plus près du village. Ils attaquaient tout ce qu’ils croisaient, et les environs n’étaient plus sûrs. Nous avons essayé de les chasser, en avons abbatu plusieurs, mais il y en avait toujours d’autres. Puis, ce sont nos propres galioths qui ont commencé à être touchés. Quelques-uns d’abord, puis de plus en plus, jusqu’à ce qu’il devienne dangereux de les garder à l’intérieur de l’enceinte. » Kern observait le nain à la barbe grise alors que ce dernier portait une corne de bière à ses lèvres avant de reprendre son récit, la voix plus grave qu’auparavant. « Un soir, ils ont attaqué le village en nombre. Il y avait des galioths sauvages avec eux. Ils se sont jetés sur nos murs, comme fou, malgré nos flèches et nos haches. A la fin, ils finirent par faire une brèche et pénétrer à l’intérieur. Nous les avons repoussés, mais non sans pertes. Une nuit terrible que celle-là… C’était il y a deux jours, et nos dernières bêtes en bonne santé y sont passées. »

Le silence retomba dans la salle : la situation était grave. L’odeur de la chaire de galioths encore fumante à l’extérieur était encore présente dans l’air. Kiran prit alors la parole : « Vous pensez savoir ce qui leur arrive ? »

« Nous n’en savons pas plus que vous » répondit Bregun « Ce fléau étrange, presque une malédiction… Nous l’avons appelé Narag khador : la rage sombre. Mais peu importe ce que c’est au final, car il n’y a rien qui peut y remédier. Une fois atteint, les bêtes deviennent incontrôlables, comme possédées. Elles attaquent tout le monde et se mettent même à manger la chair des vivants. Tout ce que nous avons essayé pour les soigner n’a rien donné, sinon encore plus de dommages… ».

Encore la même chose, la même histoire. Et maintenant ils lui donnent un nom. Cela ne les avances pas, encore une fois. Alors que le nain finissait son discours « Si le mal continue à se propager ainsi, il n’y aura bientôt plus de galioths sains d’esprit dans toutes les Hautes Terres. Puis dans la région d’Arkan. Et enfin dans toute la Nanie. »

C’est alors que le nain du nom de Dun Eyr prit la parole. Ses paroles étaient fortes et emplie de sous entendues, parlant de profanation, de sacrilèges… D’après lui ce mal serait d’origine divine : « Tu dis Bregun, que la Narag khador a redoublé la folie des bêtes ces derniers temps, au point tel que les galioths ont assailli Draech Làn. Or on raconte que c’est à la fin de l’été que le roi Valeck de Lante, et ses compagnons étrangers, venus des forêts comme des plaines du Sud, ont atteint Kirgan. Ils ont violé le repos du Père des Batailles en voulant percer un chemin dans les reliquats de la capitale. »

Une fois que son récit fut finit et qu’il se fut rassit, Kern se redressa et se tourna vers Dun Eyr. « Vos argument sont pertinent sir nain, mais je relève tout de même une certaine incohérence. Selon vous cette « malédiction » serait due à une incursion de Lante dans Kirgan, mais celle-ci a eu lieu durant l’été tandis que les premiers galioths fous ont été vus durant le printemps. Je ne remets pas en doute votre parole mais les faits sont ce qu’ils sont. Quoiqu’il en soit de nouvelles hypothèses sont toujours bienvenue.» Kern tourna son regard vers Kiran qui semblait tout aussi préoccupé que lui.

Les paroles du nain hantaient ses pensées. Et s’il s’agissait bel et bien d’une malédiction ? Et si s’était le cas, quelle en serait la cause ? Tant de questions qui restaient sans réponses…
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Kiran
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MessageSujet: Re: La rage sombre   La rage sombre I_icon_minitimeVen 26 Juil 2013 - 13:52


    « Il nous faut remonter à la source » finit par lâcher Kiran. « On ne me fera pas croire que ce mal est apparu de manière aussi inexplicable que la dernière des grippes. Il y a forcément eu une origine et, si nous parvenons à la trouver, alors par Ikthor nous aurons nos réponses ! » Le ranger semblait bel et bien déterminé à trouver le fin mot de cette histoire. Même s'ils étaient incapables de sauver Thanor de cette épidémie, au moins ils se devaient de découvrir ce qui l’avait causée. D'autres nains autour de lui firent entendre leur approbation.

    Tout en reposant une nouvelle fois sa corne, Bregun soupira. « Si vous voulez en savoir plus, il vous faudra continuer vers le nord. C'est de là que sont venues les premières bêtes affectées. Mais je doute que vous puissiez apprendre quoi que ce soit d'utile là-bas. Ces terres sont dangereuses et n'apportent que la mort aux imprudents... »
    « Alors nous redoubleront de vigilance, Bregun. Mais tu comprends que nous ne pouvons-nous arrêter là » repartit le guerrier.

    « Je ne le comprends que trop bien, Kiran fils de Godrik. Et c'est pourquoi moi et quelques-uns des miens allons vous accompagner un certain temps pour vous guider. Je connais la région mieux que n'importe lequel de vos patrouilleurs, et même si votre entreprise est une folie, je ne voudrais pas qu'elle vous coûte plus de vies qu'il n'en faut. »
    La proposition -qui était en réalité plus une affirmation qu'autre chose- prit Kiran de court. Le nain s’inclina devant son hôte. « Sois remercié pour ton aide. Nous aurons besoin en effet de toute l’assistance qui nous est donné pour cette quête. » En réponse, le thane lui bourra l’épaule d’un coup de poing. « Allons, ranger ! Je sais bien que ta petite expédition ne fera pas deux jours dans ces montagnes sans moi. Et puis, si vous deviez vraiment être amenés à découvrir le secret de la Narag khador, je compte bien être là à ce moment ! »
    Pour la première fois depuis leur arrivée ils voyaient le vieux Cornefer sourire. Et cela ramena un peu de chaleur dans la nuit morne qui s’était posé sur le cœur des nains.

    ___________

    La troupe reprit la route dès le lendemain, forte de trois têtes supplémentaires comptant parmi elles celle de Bregun. Quittant Draech Làn, ils s'engageaient à présent dans un territoire bien plus escarpé qu'auparavant. La « route » en question ne fut bientôt plus qu'un petit sentier de terre, à peine assez large pour que nains et galioths la suivent en file indienne. Le paysage quant à lui, se constituait désormais de pentes rocailleuses et de forêts de conifères, parsemées de vallées ombragées ou de falaises abruptes. Le soleil faisait briller les pics rocheux d'un éclat blanc-doré et, parfois, un roulement distant annonçait la présence d'une cascade.

    Vers midi, le groupe fit une halte près d'un torrent, afin de se reposer et de désaltérer les bêtes. Kiran attrapa son outre et s’en versa un peu sur la nuque. Même en ce début d’automne le soleil se faisait encore rudement sentir, et l’ascension n’était pas des plus aisées.  Au loin, les sommets enneigés des Hautes Terres se dressaient dans le ciel. Ils ne semblaient pas s’être rapprochés d’un pouce depuis leur départ, alors que Kiran savait pertinemment qu'ils avaient parcouru une distance plus que raisonnable.

    A ses côtés, il avisa un nain à la face brunie et aux cheveux d’argent qui profitait lui aussi de la pause pour se rafraîchir. Comment le Haut Prêtre de Lirgan, qu’on n’avait pas aperçu à Thanor depuis nombre d’années, s’était soudainement retrouvé mêlé à cette aventure... Kiran se posait toujours la question. Un étrange personnage d’ailleurs que ce Dun Eyr… il avait entendu bien des choses à son sujet. On le disait bourlingueur et erratique, nain des routes ayant déjà voyagé aux quatre coins du monde connu. D’autres encore racontaient qu’il avait pour habitude de fréquenter des hommes et des elfes… voire même certains sombres ! Mais Kiran ne portait que peu de crédit à ces dernières spéculations, tellement elles lui semblaient peu probables.

    « Je suis heureux de pouvoir vous compter des nôtres, Haut Prêtre » commença le patrouilleur. « Cette marche est quelque peu désespérée, je pense que vous l’aviez compris, et l’assistance des dieux ne sera pas de trop pour nous. » Il épongea la sueur qui luisait sur son front, puis s’envoya une grande gorgée d’eau fraîche dans le gosier. « Enfin, ce ne sera pas la première fois pour vous je crois. On dit que vous êtes parti rejoindre le Dolbarg’Ma dans sa folle entreprise de reprendre la Perle du Nord, est-ce bien vrai ? » En entendant la réponse positive, Kiran eut un vague sourire. « Alors si même après toutes ces saisons à combattre des rakhas dans les tunnels vous êtes toujours là, c’est que nos ancêtres veillent réellement sur vous, Dun Eyr. Espérons qu’ils continueront à le faire durant ce voyage. »

    Sur ce, Bregun Cornefer se rapprocha d’eux et interrompit la discussion des deux nains. « Amis, il nous faut choisir une route à présent. D’ici nous entrons réellement dans les Hautes Terres, et plusieurs chemins s’offrent à nous. » Le thane pointa vers le nord-ouest. « Soit nous redescendons par la vallée d’Arghan, qui continue à s’étendre vers le nord sur plusieurs lieues… » son bras indiqua à présent le nord-est « …soit nous continuons l’ascension jusqu’au col de l’aigle, où il nous faudra tenter de trouver un passage à travers la montagne. »

    Kiran tourna vers Dun Eyr un regard perplexe. Son air montrait suffisamment qu’il n’avait pas la moindre idée de la route à privilégier. Aussi demanda-t-il finalement à Bregun : « L’une de ces deux voies te parait-elle plus sûre ? Plus rapide ? Tu es celui d’entre nous qui connaît le mieux ces montagnes, ce serait plutôt à toi de faire ce choix. »

    « Je le pourrais très bien » répondit celui-ci. « mais mon choix ne vaudrait pas mieux que le vôtre. Tant que nous ne savons pas ce que nous cherchons, aucun chemin n’est mieux indiqué qu’un autre. Autant jouer notre prochaine destination selon la face d’une pièce... »
    Les deux nains se regardèrent. Puis regardèrent Dun Eyr. L'écheveau du destin se dressait à présent devant eux... Si quelqu'un pouvait les aider à présent, qui d'autre que Lirgan, le maître des possibles ?
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Dun Eyr
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MessageSujet: Re: La rage sombre   La rage sombre I_icon_minitimeJeu 1 Aoû 2013 - 13:31


      Ils avaient suivi Kiran et Bregun de Draech Làn jusqu'à ce que la route finisse, comme un torrent bondissait en travers du chemin. Là les Nains firent une halte, certains gravirent des rochers pour s'y reposer, d'autres comme Dun Eyr s'accroupirent au bord de l'eau froide comme le givre. Ils étaient à présent parvenus dans les Terres du Nord, là où les rivières montagnardes sont plus pures et plus froides qu'ailleurs en Nanie, sur les plaines du Sud ou près des rivages occidentaux de Thanor. Le Haut-Prêtre laissa son regard s'abîmer dans cette coulée d'un bleu agressif, et parfois irisée de gouttelettes rouges comme l'ocre, presque insaisissables. La mine de l'Almien se renfrogna alors : quelle étrange bête devait agoniser en amont, sur les flancs hauts de la montagne, pour que son sang se répande ainsi goutte à goutte dans le torrent ?
      Le regard de Dun Eyr balaya en silence la rivière rapide qui courrait dans la montagne, puis il glissa vers le Nord et la vallée d’Arghan, avant de revenir sur les hauteurs du col de l’aigle. Le Haut-Prêtre contemplait sans les comprendre ces reliefs acérés, et dont les contours avaient presque fuité hors de sa mémoire : voilà de bien longues années qu’il n’avait pas poussé si loin au Nord sa vieille carcasse de Nain.
      De ces deux routes qui s’ouvraient à leur petite troupe, il ne savait pas quelle était la meilleure, celle qu’ils devraient suivre. Dans l’Almia d’où il provenait, les Gobelins avaient éboulé la plupart des galeries : le meilleur passage, c’était celui qu’on se frayait à la force du marteau.

      « Le Moqueur nous montrera le bon chemin, souffla Dun Eyr, confiant. »

      Déliant les courroies et les sangles qui retenaient ses paquetages, le Haut-Prêtre laissa sa bandoulière et ses sacoches tomber au sol ; puis il fit quelques pas et entra dans le torrent au cours rebondissant, jusqu’à ce que l’eau glaciale lui montât aux hanches. Sa bure pesait lourd, ainsi trempée à mi-hauteur, et une large marée de crasse noire se diluait dans le courant à chaque mouvement du Nain. Il plongea alors la main dans le torrent, jusqu’à toucher le lit de la rivière, et en extirpa un large galet, aux bords aiguisés comme une lame.

      « Zeshet ! lança Dun Eyr aux Nains restés sur la rive. »

      Le Haut-Prêtre porta une main arrondie à ses lèvres, rejeta soudain sa crinière d’argent en arrière, et poussa un large cri aigu, qui courut rebondir sur le flanc des montagnes. C’était un appel sauvage, cru, et violent, comme pour ameuter des semblables. Une vieille technique de prêtre des montagnes.
      Depuis un col tout proche, un cri farouche jaillit en réponse, bientôt suivi par une forme ailée fondant depuis le ciel sans nuage : un faucon de Perrelin, une femelle probablement, à en juger par son ramage court. Dun Eyr éleva le bras et sifflota quelques notes, tandis que la bête se laissait tomber vers lui.
      L’instant d’après, les serres du faucon se plongeaient dans la chair du Nain : le rapace peinait à tenir en équilibre sur une si petite surface. Lacéré par l’arrivée de la bête, le bras s’était ouvert de plusieurs entailles, et quelques gouttes de sang perlaient jusqu’à rouler dans le torrent.

      « Men gajamu ... souffla Dun Eyr au rapace crieur. »

      Sans attendre le Nain éleva la pierre dans sa main droite, et l’abattit d’un coup sec sur la nuque de l’oiseau, cherchant les os du cou. Mais la bête était grande, et farouche, aussi fallut-il à Dun Eyr plonger encore quatre ou cinq fois le galet tranchant dans la chair du rapace, la gorge transpercée par la douleur, avant que sa tête altière ne fût définitivement fracassée.
      Du sang fin, et rouge comme les vignes, pleurait à grosses goulée depuis la gorge de la bête, et ruisselait dans l’eau glaciale. Des giclées avaient également rougi les mains du Nain, ainsi que sa bure, et même sa barbe était maculée de sang. Sans sourciller, Dun Eyr attrapa d’une main le cou pendant du faucon, ses doigts salis glissaient sur les plumes ruisselantes de rouge : d’une torsion le Haut-Prêtre rompit net ce qu’il restait de muscles et de tendons, et plongea la carcasse étêtée dans le cours de l’eau, rejetant le moignon de tête sur les rochers.

      « Khayum Lirgan, gronda Dun Eyr. »

      Car depuis que Mogar avait ravagé la patrie des Nains, le Moqueur avait paru de plus en plus avide de sang : et pour qui voulait consulter l’Oracle, même son Haut-Prêtre, il fallait d’abord étancher la soif rouge du dieu. Sans un regard pour l’eau glaciale qui le mordait jusqu’aux hanches, et mettait sa chair à vif, Dun Eyr suivait en silence la dispersion du sang sacrifié dans l’eau tourbillonnante, attendant que le Moqueur leur montre le chemin à suivre, vers l'Arghan ou le col de l'aigle.

      « Bundul Lirganu denapdul, lança Dun Eyr. »
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MessageSujet: Re: La rage sombre   La rage sombre I_icon_minitimeDim 11 Aoû 2013 - 10:56


    Comme tous les autres nains de la troupe, Kiran observait à présent le haut-prêtre a demi immergé dans l'eau glaciale du torrent, dans l'attente de la fin du rituel. Le souffle de la vie avait désormais quitté l'oiseau offert à Lirgan en échange de sa clairvoyance, et le patrouilleur se demandait sous quelle forme pourrit bien venir la réponse de l'Oracle. Une minute s'écoula en silence, sans que rien ne se produise. Kiran commençait déjà à penser que le dieu resterait sourd aux appels de son serviteur, lorsque soudain quelque chose attira son attention parmi les remous. Venant de l'amont, des traînées rougeâtres s’étaient mis à apparaître lentement parmi les eaux du torrent, se mêlant au sang du sacrifice. Peu à peu celles-ci enflèrent et se firent plus denses, obscurcissant le courant jusqu'à ce que Dun Eyr finisse par sembler flotter au milieu d'une coulée de vin sombre... à la différence qu’il s’agissait là encore de sang !

    Voyant cela, les nains se mirent à murmurer et chuchoter entre eux. Que se passait-il ? Lirgan avait-il accédé à la requête du haut-prêtre ? Et si c'était le cas, comment fallait-il l’interpréter ? Kiran n’avait pas plus de réponse à ces questions, mais cependant quelque chose dans ce prodige le mettait mal à l’aise. Il sentit ses poils de nuque se hérisser, tandis qu’un frisson parcourait son échine de bas en haut. De la rivière émanait une aura sombre, une sensation confuse de malveillance. Son regard balaya les environs, passant sur Bregun, Kern, les nains de Thanor et le lirganique qui toujours pataugeait dans le torrent. Puis il se posa sur les paquetages et provisions, entassés sous un vieux chêne non loin de l’endroit ou leurs galioths s’abreuvaient. Et soudain, Kiran fut pris d’un doute affreux…

    Un cri guttural sortit brutalement les nains de leurs questionnements. L’une de leurs montures venait de relever la tête, sa gueule encore toute dégoulinante d’eau et de sang. Les yeux de la bête avaient pris une teinte écarlate, ce qui donnait à son regard un air pleinement malsain. Le galioth se tourna vers sur le côté tout en découvrant des rangées de petits crocs luisants de bave. Un grondement, et la puissante mâchoire se refermait sauvagement sur la gorge d’un de ses congénères, qui poussa à son tour un cri de douleur avant de s’effondrer sur le flanc. L’animal devenu prédateur se jeta aussitôt sur sa proie pour en arracher de gros morceaux de viande. Mais le cauchemar ne s’arrêta pas là. D’autres grognements se firent entendre, et quatre galioths de plus se redressèrent avec la même folie meurtrière dans le regard. Un regard terriblement affamé…

    Rugissant de concert, les bêtes se lancèrent en direction des nains les plus proches. Se remettant de leur surprise et conscient du danger, certains avaient déjà saisi leurs armes et tentèrent de défendre leur peau. Mais le cuir épais des créatures les protégeait bien, et Kiran connaissait peu de choses dans les montagnes capables d’arrêter la charge furieuse d’un galioth. Les premiers patrouilleurs à se dresser contre eux finirent écrasé ou empalé sur les redoutables cornes. D’autres furent projetés comme des poupées de chiffons par des coups de queue rageurs.

    Saisissant la hache de lancer à sa ceinture, Kiran la propulsa avec force à la tête de la créature la plus proche qui, penchée sur l’un de ses rangers, était sur le point de le déchiqueter. Si l’arme ricocha sur le crâne du monstre en ne laissant qu’une coupure superficielle, au moins détourna-t-elle son attention de sa proie du moment. Courroucée, la bête darda son regard de sang sur Kiran en lançant un rugissement de colère. Màr et Korun jaillirent dans la main du nain, qui avança vers son adversaire tout en entrechoquant le fer des haches jumelles dans un signe de défi.

    « Luwus men ! Luwus rekeb men barâk ! » cria-t-il à la bête. Et la bête répondit à son cri.


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