[Fort Norkan] Winter comes...

Calimehtarus 3eme jour de la Première Semaine de Favrius, 845ème années du 11ème cycle

La colonne de nains, mais également composée de soldats humains, avançait péniblement sous la pluie battante sous laquelle ils avançaient. Voilà trois semaines qu'ils avaient quitté Lante sous un soleil devenu timide au fur et à mesure que l'automne avançait. Pendant ses quelques vingt sept jours de voyage les nains avaient vu le temps se dégrader ainsi que le paysage et alors qu'ils arrivaient enfin aux pieds des premiers monts des Wandres la pluie froide et l'air lourd venus de l'océan leur étaient tombés dessus sans crier garde. Et désormais alors qu'ils avançaient sous une pluie battante à travers les arbres de ce pays sauvage et dépourvu de toute civilité ils approchaient de leur but. Fort Norkan... Un étrange nom pour un étrange endroit. Ce comptoir avait été bâti voilà presque un mois par un riche noble, un vague baron de Hautval, répondant au nom de Nimmio de Velteroc. Et une particularité de cet homme était la quantité importante non pas de bois qu'il vendait, bien que ce fusse le cas, mais également les esclaves dont il avait possession. On racontait par Lante que les esclaves Wandriens faisaient une excellente main d'oeuvre et qu'ils étaient de bons combattants et surtout qu'ils respectaient l'honneur. Une chose bien étrange pour des hommes qui avaient rejetés l'autorité péninsulaire exercée par les hommes préférant vivre en autarcie et dans un quasi-état de barbarie pure et brute. Il en fallait de peu pour qu'on définisse ces hommes et ces femmes de sauvages. Mais pour Valek Cri-de-Runes il n'en était rien de tel et ses projets pour eux étaient grands. Les champs de Lante étaient vides. Triste vérité à vrai dire... Mais tel était le cas. Et même si les humains, nombreux, prenaient les terres qu'on vendait mais également acceptaient de les travailler et vendre le fruit de leurs efforts ils n'étaient pas suffisamment nombreux et la Nanie des Plaines du Brissalion manquaient de main d'oeuvre. Et avant que le grand froid ne descende des montagnes sur Lante, pour le moment épargnée par sa position climatique favorable, il fallait aux nains nombre de céréales et de nourriture pour survivre à ce nouvel hiver.

Mais avant que le gel bloque les cols, avant que le verglas ne gèle le plus malléable des rocs, avant que la neige ne recouvre les anciennes galeries Valek avait des projets pour redonner aux nains leur gloire d'antan. Telle était sa mission. Il le sentait jusqu'aux plus profonds et petits de ses os. Si Mogar aimait encore le petit peuple alors il se devait de montrer la voie. Mais pour cela il lui fallait des miliciens mais également des ouvriers agricoles. Mais lorsqu'il aurait acheté ces hommes et ces femmes et qu'ils accompliraient leurs missions le temps serait pour lui d'envoyer sa première expédition explorait les antiques cités troglodytes naines et découvrir lesquelles seraient dignes d'être habitées et rénovées. Mais cela coûterait cher en matériel, hommes et argent c'est pourquoi Valek devait se montrer malin et réussir à recréer une Nanie avant de redorer le blason nain, si longtemps abandonné. D'où la raison de la venue du Roi de Lante à Fort Norkan. Du moins en partie. Et maintenant qu'il voyait apparaître le comptoir commercial loin de lui, simple ombre noir aux quelques lanternes brillantes sur les tourelles ou les portes. Il arrivait enfin. Valek leva son bras et les soldats s'arrêtèrent en rangs. Il s'entretint quelques minutes avec ses hommes de confiance et les nains et humains commencèrent à monter leur camp, préparant tour de gardes et fortifications de campagne comme ils le faisaient depuis vingt sept jours. Dans les Wandres on était jamais trop prudents...

Valek continua, accompagné d'une garde d'honneur de quinze hommes plus quinze de ses conseillers les plus proches. Quelques heures plus tôt il avait envoyé un soldat annoncer sa venue au maître des lieux et il espérait être bien reçu, ne s'attendant à guère plus. Mais pendant maintes années le seigneur de Lante avait vécu dans la pauvreté et les lieux difficiles à vivre lui étaient encore familiers, qui plus est la Malenuit restait gravée, et ce à jamais, dans sa mémoire. L'animal de Valek passa les portes et les sentinelles qui veillaient sur elles et pénétra dans le comptoir lui même. C'était une véritable petite garnison, telle une petite colonie à vrai dire qui s'efforçait de vivoter. Sale, sombre et pourtant présente. Jamais Fort Norkan ne serait une ville ou en imposerait dans les Wandres mais elle était bel et bien présente dans la forêt. Chaque les bûcherons osaient s'aventurer un peu plus loin. Chaque jour les sauvages s'accoutumaient à la venue de marchands, chaque jour de nouveaux esclaves arrivaient. Et chaque jour la civilisation s'implantait peu à peu dans les Wandres. Valek conduisit son cheval jusqu'au bâtiment le plus riche et où son messager attendait et descendit à terre puis il se montra aux gardes et s'annonça.

"Je suis Valek Cri-de-Runes, Tueur de Chimères, Protecteur de Lante, Souverain des Basses Terres et des Plaines de Brissalion et je demande une entrevue avec le maître de ces lieux, Nimmio de Velteroc Baron de Hautval !"

La surprise fut totale lorsque le seigneur de Velteroc reçut un bien étrange messager, portant une bien étrange missive. Un nain dans les Wandres, ce n'était pas banal, mais un nain annonçant la venue du Roi de Lante en personne, voila qui avait de quoi désarçonner le plus habile cavalier. Si le comptoir commerciale avait pour vocation, in fine, de nouer des liens étroits entre les hommes et les nains, le Comte de Velteroc n'avait jamais espéré, y compris dans ses rêves les plus fous, que l'entreprise réussisse aussi rapidement et aussi fortement. Un Roi en personne venait le rencontrer dans son modeste fortin.

Enfin, de fortin, il n'avait plus que le nom. Les velteriens avaient en effet cette faculté de fortifier toujours plus leurs avant postes et le Fort Norkan ressemblait désormais d'avantage à un château de bois qu'à un campement fortifié. De plus, une petite bourgade semblait progressivement s'installer à sa périphérie, à mesure que les marchands en tout genre établissaient des échoppes en vue de bénéficier des denrées proposées par les tributs wandriennes amies... Et bien évidement, faire dépenser aux hommes du Comte, leur solde si durement gagnée.

Le fort en lui même était désormais bien installé et les tentes avaient fait place à des maisons de bois et de torchis, bien plus résistantes aux intempéries. Ainsi, lors que le Roi de Lante arriva, trouva-t-il un lieu bien éloigné du bouibouis moribond que l'on fut en droit d'imaginer. Arrivé devant la « maison » du Comte, celui-ci se présenta, fort étrangement, au Baron de Hautval, ce à quoi répondit l'écuyer velterien avec une légère rectification.

Sa Grandeur Nimmio deVelteroc, Comte de Velteroc, Baron de Hautval et pourfendeur du Norkan des Abysses !

S'avançant alors d'un pas et courbant l'échine tel qu'il le devait en présence d'un Roi, le Comte salua son invité avec tout le respect et les adages dont il devait s'entourer.

Que votre majesté soit la bienvenue en ces lieux. Quelle extraordinaire circonstance nous vaut la venue d'un Roi en ces lieux reculés ? Mais veuillez entrer dans mon humble demeure de campagne, que nous soyons à l'aise pour discuter. J'imagine que votre voyage fut bien long depuis Lante.

S'écartant alors de l'embrasure de la porte, il fit signe à son ôte de pénétrer, avant lui, en un lieu qui dégageait une douce chaleur, parfumée d'un mélange d'herbes aromatiques locales dont le Roi nain n'avait, semble-t-il, pas la connaissance.

Le Roi Cri-de-Runes fut surpris d'entrer dans une place forte comme celle qui défendait les Velteriens. Oubliés étaient les simples tentes ou logis de fortune, oubliés l'absence de fossé et oubliés le sous-armement des miliciens. Ici en place et lieu de la misère d'une colonie naissante se trouvait des soldats entraînés, très armés qui défendaient un véritable petit castel de bois. Mais le nain fut surpris d'être non pas amener à un grand bâtiment qui aurait abriter le Baron et sa cour locale, comme il était courant de voir chez les hommes mais à son domicile même, une agréable chaumière certes grande mais sobre. La vie dans les Wandres était dure et cela se ressentait. Mais douleur, pauvreté et défis faisaient parti du commun des mortels et il n'était que meilleur que les riches et les puissants le découvrent, parfois à leur malheur.

Ainsi donc Nimmio de Velteroc était surnommé le Pourfendeur... Etrange nom, brutal et surtout guerrier chez un commerçant et un noble de plus qu'il était accompagné de la créature qu'il avait soi-disant "pourfendu". Qu'était ce le Norkan des Abysses ? Valek n'en savait rien et peu lui important. Souriant à Velteroc, malgré que cela ressemblât plus à un rictus, il entra dans la chaleur du foyer et sentit une douce odeurs d'herbes aromatiques. Voilà qui le changeait des lourdes odeurs d'épices et de miel qu'il connaissait dans les cuisines du palais de Lante. Les hommes, selon lui, n'avait aucun goût et leur nourriture était souvent fade et n'avait pas le faste de la cuisine naine, que peu appréciaient. Valek n'alla pas par quatre chemins et après avoir fait signe à l'homme de se redresser il lui lança.

"Bien l'ami. Aurais tu l'amabilité d'envoyer ton jeune aide de camp amener mes hommes connaître la taverne du coin ?"

Enlevant son épais manteau, désormais détrempé, qu'il accrocha sans cérémonie à la poignée d'une porte proche il dévoila son armure, sa hache "Fidélité" mais également sa cape pourpre où ses hauts faits étaient gravés en runes naines dans du fil d'or, tissé directement dans l'épais vêtement.

"Je suis venu acheter des hommes pour mon royaume. Egalement du bois... Peut être arriverons nous à un arrangement ?"

"Bien l'ami. Aurais tu l'amabilité d'envoyer ton jeune aide de camp amener mes hommes connaître la taverne du coin ?"

A l'écoute de ces mots, le seigneur de Velteroc ne parvint qu'avec effort à dissimuler sa surprise. S'il avait entendu parler de l'irrévérence des nains et de leur peu de gouts pour le protocole, il était néanmoins surpris que la bière pour ses hommes fusse la première préoccupation de son invité. Néanmoins, il accéda à la requête du roi de Lante et fit signe à son écuyer de satisfaire sa demande.

Vint ensuite la véritable raison de la présence d'un détachement nain en ce lieux fort éloignés de leur contrée. Ils venaient ainsi pour acheter du bois, ce qui ne manquait pas en ces lieux ... Et des hommes. La rumeur s'était-elle rependue aussi rapidement que cela ? A peine quelques ennéades après leur arrivée, les nains semblaient déjà au courant des agissements Velteriens en ces lieu. Ils serraient les premiers clients du Comte.

Je vois que vous êtes bien informés sur les possibilités commerciales qui sont les nôtres... Le bois des Wandres et de bonne qualité, endurcis par un climat propice à son développement. Combien vous faudrait-il de stères messire ? De quel espèce souhaitez vous que nous prélevions ledit bois ? Enfin, comment comptez-vous les récupérer ?

Marquant un courte pause, le seigneur de velteroc fit signe à un son Héraut d'arme d'approcher avec un grimoire afin d'y rédiger les termes du futur contrat qui lierait prochainement hommes et nains. Puis, se courbant légèrement sur son siège, il vint placer sa main sous son menton avant de reprendre.

Pour ce qui est des hommes, nous disposons là aussi de bons gaillards... Nous avons eu la chance de nous approvisionner récemment en guerriers fort bien bâtis. Des Wandriens pure souche, faits pour la guerre et le dure labeur. Je ne doute pas que vous en ferrez bon usage. Combien vous en faut-il ?

Le jeune baron était apparemment surpris que Valek compte avant tout sur le bien être de ces soldats. Peut être était ce la couronne, sobre, qu'il portait par dessus son casque ou alors son air hautain et riche qui lui conféraient une autorité naturelle mais qui semblait trop sûre, comme si le nain était imbu de sa personne. Mais la vérité était en réalité toute autre... Au fil d'années d'errance et fraternité avec son mentor, mais aussi en tant qu'officier de l'armée royale de la Nanie et, depuis désormais sept ans, torturé par les terreurs nocturnes qui lui rappelaient le terrible et sombre Voile Valek cherchait à toujours au plus près de ses soldats mais également de ses sujets, qu'ils fussent humains, elfes ou alors qu'ils appartiennent aux fils de la Pierre et de Mogar.

Et en effet Valek était fort bien renseigné sur les agissements des Velteriens en ces terres. Plusieurs de ses amis humains, aussi rares fussent ils, avaient participé à la création de Fort Norkan, en tant que marchand bûcheron et soldats pour la majeure partie d'entre eux. C'était pourquoi que dès qu'il avait eu la confirmation que des esclaves seraient en vente prochainement il avait accouru et désormais il se tenait devant l'homme qui lui permettrait de faire renaître Lante de ses cendres...

"Trois cent à quatre cent stères de votre excellent chêne. Nous cherchons à reprendre l'activité minière qui avait fait notre célébrité avant les terribles évènements de la MalNuit. Vos... Wandards connaissent ils le travail de la terre ? Sont ils honnêtes et ne fuiront pas ?"

[Désolé pourri mais vite fait :()

Ainsi, ce Seigneur nain, particulièrement bien renseigné, avait déjà réfléchi aux demandes qu'il formulerait une foi sur place. Il cherchait du bois en grand quantité, ce dont disposaient à présent les velteriens, tandis que les alliances avec les premières tributs Wandriennes leur donnaient quelques possibilités commerciales. Les Sicambres s'étaient en effet montrés fort généreux depuis leur victoire contre les Barangons et Fort Norkan disposait désormais d'une position commerciale intéressante, notamment en terme de commerce d'esclaves. Les guerres inter-tribales redoublaient d'intensité et le faite que le fort soit un acheteur massif de cette denrée en faisait un point névralgique de vente pour les tributs qui récupéraient en échange, aide militaire, ressources et équipements de qualité péninsulaire.

Pour les Stères de bois, le délais de production sera rapide, néanmoins, il nous faut savoir si vous comptez procéder vous même au transports où si vous préférez que mes hommes se chargent de vous les faire parvenir jusqu'à Lante. Pour ce qui est des esclaves, sachez que les Wandriens forment un peuple pour lequel l'honneur est plus important que la vie. Si la proposition que leur est faite, en échange de leur loyauté paraît acceptable, nul doute qu'ils s'y tiendront avec discipline et énergie. C'est pour cela qu'ils représentent aujourd'hui de très bons esclaves pour celui qui sait les manier. Pour ce qui est du travail de la terre, à la vue du territoire inhospitalier des Wandres, il est peu probable que ce soit leur spécialité. Néanmoins, ils doivent disposer des bases nécessaires, ainsi que la volonté, pour un apprentissage rapide. Je suis persuadé que vous en serez tellement satisfais que je vous reverrais prochainement pour vous en fournir d'autres. Combien en souhaiteriez-vous ?

Tandis que la négociation semblait avancer favorablement pour les deux hommes, une clameur amusée se fit entendre, tandis que les Nains de Valek découvraient avec plaisir l'hospitalité et les alcools des médianais. Le vin de Hautval était réputé dans le monde entier et, même ses cuvées les moins renommées possédaient un goût et une robe difficilement égalable. Un outil parfait pour nouer de bonnes relations diplomatiques avec les peuples voisins.

Pour ce qui est des prix, l'or est une monnaie que nous avons en commun, mais à la vue de votre grande armée et de vos besoins, je me dis que d'autres logiques, d'autres accords pourraient êtres passés entre nos deux peuples. Comme vous le voyez, la grande armée que j'ai rassemblée pour venir dans les wandres a accomplie son office en me permettant de m'y installer durablement. Il est évident qu'il ne m'est pas rentable de garder mobilisés autant d’hommes sur une longue durée ? Cependant, la zone étant tout ce qu'il y a de plus instable, cette baisse n'est pas non plus une sinécure. De plus, la péninsule étant loin d'être stable, nous ne savons pas de quoi demain sera faite. Plus que d'argent, c'est d'ami fiables et loyaux dont j'ai besoin et j'imagine pouvoir trouver en vous un de ces êtres d'exception. Si vous consentiez à me prêter un certain nombre de vos hommes si bien équipés et visiblement fort aguerris, nous pourrions imaginer que les fournitures que vous me demandez vous soient offertes en échange de ce prêt d'une grande importance... Deplus, cela ouvrirait entre nous des relations réciproquement profitable et rétablirais entre Lante et la Péneinsule, une route commerciale et diplomatique qui a disparue depuis fort longtemps. Qu'en pensez-vous ?

Valek fut surpris de la proposition de l'homme. Il était vrai que les humains avaient bien des soucis et la Péninsule était une véritable poudrière qui n'attendait qu'une raison pour exploser mais qu'on lui demande des hommes sur place était une surprise. Mais il était intéressant à l'idée d'envoyer des troupes naines au sein de Fort Norkan. Bien des avantages à cela : premièrement ils lui permettraient d'avoir toucher un oeil sur la Péninsule, tout en restant distant et neutre pour le moment. Deuxièmement cela lui permettrait de surveiller les traités qui se déroulaient dans la place de commerce. Et enfin troisièmement il passerait moins souvent par le Baron de Hautval pour ses achats, en particulier s'il envoyait un groupe de marchands nains. Mais une proposition si alléchante pouvait se montrer à double tranchant. Le noble semblait honorable et pleine de bonne volonté mais qui sait peut être préparait il ses cartes pour définitivement abattre le jeu de Lante, et donc de Valek. Le roi réfléchit quelques instants et se dit qu'il valait mieux commencer par cela, avant de commencer à parler directement du nombre d'esclave qu'il désirait.

"Une proposition fort alléchante mon cher Baron. Il y'a de nombreux avantages qui se créeraient dans un accord entre nos deux maisons, et par l'intermédiaire de cela, nos deux peuples. La route des Wandres a été trop longtemps délaissée et lorsque Lante s'est remise de la Malnuit elle en a souffert. Je suis ici pour restaurer nos relations d'antan et même les améliorer. Et c'est pourquoi je vais vous proposer ses termes. Mais de nombreux inconvénients sont également présents. Les gobelins pressent nos frontières loin au nord et il m'est difficile d'imaginer me séparer de valeureux guerriers. Cependant nous pouvons trouver un arrangement : je peux me séparer d'un maximum de cinq cent soixante soldats ; quatre cent appartenant à mon infanterie légère, quatre vingt à mes éclaireurs et enfin quatre vingt autres étant des soldats de première ligne. Pour chacun de ses hommes je veux un esclave. Et en échange de ma bonne foi je peux vous envoyer trois maîtres-marchands nains et dix de nos forgerons, qui si vous les fournissez en bon métal, vous forgeront nos célèbres armes et armures. Qu'en dites vous mon ami ?"

Valek réfléchit quelques instants. Cette idée d'esclaves ne lui plaisaient guère mais il avait déjà une idée en tête pour régler ce problème lorsque les wandriens seraient sur ses terres. En effet il croyait le Baron de Hautval lorsque celui ci disait les sauvages des Wandres honorables et il comptait bien les affranchir puis les mettre à son service personnel, et par cela à celui de Lante. Ils n'appartiendraient à personne et ainsi, selon leur culture, auraient un nouveau clan à "servir". Plus qui est ils seraient nourris, logés et blanchis par la couronne dans d'anciennes casernes et pourraient quitter le service du Roi pour fonder famille et ferme. Tout ça contre un simple travail de la terre.

"Mais avant de régler cet accord messire je souhaiterais rencontrer vos si sauvages wandriens..."

Il semblait à présent que l'idée du Velterien avait fait bien plus de chemin qu'il ne l'avait imaginé. Lui qui pensais avoir à négocier durement la moindre dizaine de fiers guerriers Nains se trouvait à présent dans une situation où il en commanderait plusieurs centaines en échanges d'un approvisionnement continue d'esclaves. Valek semblait en effet fortement demandeur de main d'œuvre pour rebâtir un empire nain digne de ce nom et l'idée n'était pas pour déplaire à Nimmio, surtout qu'il trouvait son compte dans l'affaire. Plusieurs centaines de soldats nains de métiers étaient à portée de main, pourvue que la qualité des esclaves Wandriens soient de qualité... Et à vrais dire, ils l'étaient jusqu'à présent.

Messire, je comprends que vous souhaitiez rencontrer vos futurs hommes. Suivez-moi, l'enclos à esclaves n'est pas bien loin. Votre deal me convient parfaitement. Une présence naine permanente en ces lieu promet de faire prospérer ce comptoir au delà de ce que j'imaginais et espérais. Je sens que nous serrons en mesure de faire de grande chose ensemble si vous êtes la personne d'honneur que j'imagine que vous êtes.

Se levant alors, il passa à côté de son ôte, l'invitant à le suivre tandis qu'il sortait du bâtiment dans lequel il avait l'habitude d'accorder audience. Légèrement ébloui par la clarté du Soleil, encore puissant en cette saison, il marcha quelques minutes avant d'arriver au bord d'une sorte de camp dans le camp. Entourés de barbelés, quelques baraques en bois, construite dans le plus pur style Velterien se dressaient, entourées d'une cour où des hommes vaquaient à divers occupations. Voyant leur seigneur arriver, les Gardes velteriens se mirent en rang et une cinquantaine d'entre eux vinrent former un carré autour de Nimmio et de Valek, tandis que d'autres ouvraient la porte afin de les laisser entrer. Une fois à l'intérieur, les deux Seigneurs purent s'approcher des Barangons qui, à présent au courant des exigences de leur situation, s'étaient rangés en rang, attendant une nouvelle inspection. Passant devant eux, Nimmio reprit.

Les Barangons sont de fiers et puissants guerriers, dont le code de l'honneur est typique des Wandriens de la région. Ces hommes nous ont donné du fil à retordre sur les champs de bataille et je puis vous assurer qu'ils vous seront d'une grande utilité. Je ne dispose actuellement que d'une centaine de ces hommes, mais notre conflits avec leur tribut devrait me permettre, sans trop de peine d'en capturer d'autres régulièrement, afin d'assurer un ravitaillement régulier pour votre royaume. Pour cela, je vous propose de désigner un de vos lieutenants pour assurer l'intendance et les livraisons au fur et à mesure de nos capture. Qu'en dites vous? Les cinq cent que vous demandez devraient ainsi être rassemblés en quelques mois tout au plus. Il sera certainement possible aussi de capturer des femmes et des enfants dans les ennéades à venir. Certains de leurs villages étant désormais à portée de main. Souhaitez vous que ceux-ci fassent partie du contrat afin de vous permettre de disposer, à terme, de votre propre source d'approvisionnement en main d’œuvre ?
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Sujet: Re: [Fort Norkan] Winter comes... Sam 7 Sep 2013 - 17:41

Apparemment l'idée de Valek avait clairement plu au jeune Baron humain et le Roi le toisa. Il lui était rare de se rappeler de son âge - il avait tout de même 250 ans ! - et même si il était bien loin de l'immortalité des elfes il se sentait étrangement bien plus vieux que les hommes. Il apprenait déjà les arts de la guerre alors que le grand-père voir l'arrière grand-père des HautVal salissait encore ses langes. Mogar comme les nains étaient différents des humains. Malgré certains rapprochements, dont la soif de sang - où du moins de combat - et l'esprit de concurrence les fils de la Pierre et des Monts restaient tout de même un peuple ancestral dont les membres foulaient bien plus longtemps que les humains le roc de Mogar. Valek devait par ailleurs prendre cela en compte, qui plus est ils étaient plus sensibles au froid et aux maladies du Grand Nord. C'est pourquoi il comptait accepter le marché de l'homme.

"Et bien oui Baron ! Vous autres humains semblaient avoir perdu la robustesse que seuls, nous, fils de Mogar avons su garder et il me serait utile de pouvoir éduquer leurs descendances. Ce serait fort intéressant. Sachez cependant que votre honneur est en jeu quant à leur loyauté. Ne me décevez et sachez, jeune homme, que je suis en général contre l'esclavagisme. Ces hommes seront libérés et ceux qui le désireront pourront rentrer chez eux, par leurs propres moyens cependant."

Valek attira le noble un peu plus à l'écart et lui posa sa main sur l'épaule, tout en plongeant son regard fixe et perçant dans le sien.

"Maintenant parlons entre hommes Nimmio. Et expliquez moi ce qui se passe dans la Péninsule et ce que j'en ai à tirer ou non. Soyez honnête."

Le jeune Comte appréciait la franchise de son invité et ce dernier venait de lui exposer clairement son point de vue sur l'esclavage et lui demandait à présent des informations sur ce qui se passait dans la péninsule. La Comte aurait préféré éviter de tout raconter à son nouvel associé sur cette thématique, mais après tout, le Roi des Nains pouvait s'avérer être un allié de premier ordre pour la guerre qui éclaterait prochainement.

Et bien voyez-vous mon seigneur, dans ma prime jeunesse, j'étais comme vous, un opposant farouche à l'esclavage. Mais voyez-vous, j'ai depuis vu bien des guerres et me suis rendu compte que lorsque l'armée ennemis est vaincu, il est impossible de laisser partir ses hommes sous peine de la voir se reconstituer à nouveau. Alors, mes homologues ont coutume de ne garder en vie que les hommes ayant une valeur de rançon, exécutant les autres, devenus un poids mort dont il convenait de se délester. C'est leur non valeur en tant qu'hommes qui signifiait leur arrêt de mort. En tant qu'humaniste, je considère que la réduction en esclavage des vaincus permet de leur donner une chance de retrouver la liberté en payant leur propre prix. C'est moins barbare et plus juste qu'une mise à mort, dans le cadre où il est exclus de les libérer après le combat.

Pour ce qui est de la Péninsule, j'ai bien peur que la guerre couve. Le pouvoir Diantrais prend des décisions de plus en plus injustes, la colère gronde et le pouvoir semble vaciller. Il y a fort à parier qu'une partition est à venir et que la succession s'annonce sanglante. Une situation qui, comme vous le devinez, peut s'avérer intéressant pour vous et pourrait nous permettre une association réciproquement très profitable. J'aurais sans doute besoin de combattants expérimentés et de matériel de guerre que vous seuls êtes capables de fournir. Et en échange, je devrais être en mesure de vous approvisionner en main d'œuvre et en ressources naturelles qui vous font défaut pour rebâtir le royaume Nain tel qu'il fut Jadis.

Un marche de ce style vous conviendrait-il ?

Valek regarda attentivement le jeune noble. Il parlait encore de sa jeunesse ? Ah que diable ! Il n'était un simple humain qui se croyait déjà immortel. Cependant le roi appréciait sa visite et le comte lui était tout à fait aimable. Outre les préjugés des humains sur certains sujets,par exemple des hommes libres mais payés au lance-pierre valaient toujours mieux que des esclaves gardant rancune et fierté, il était rafraîchissant de découvrir de nouvelles cultures.

"Bien monseigneur ! Je vous remercie pour vos éclaircissements. Comprenez bien qu'il est difficile pour moi de vous offrir des guerriers nains comme cela. En outre la garnison qui sera en position à Fort Norkan sera déjà très certainement mal vue par vos houleux voisins. Cependant je peux vous offrir ceci. Dans ma contrée il n'est guère de mercenaires de nos jours de part nos efforts pour reconstruire qui unissent nos frères que ce fusse à Lante ou à Thanor. Cependant certains de nos frères déplorent ce manque à gagner car il faut l'avouer les armées n'ont jamais fait faire fortune aux piétons. Ainsi je peux vous envoyer une compagnie d'une centaine de bons et féroces guerriers nains sous les ordres d'un de mes capitaines ainsi qu'une trentaine d'ingénieurs qui sauront bâtir les plus puissants de nos engins de guerre. Il vous faudra malgré tout les payer tout comme vous devrez me verser un tribut, en or, bijoux, cuir, bois. Tout ce qui pourra m'aider à rebâtir le Nord. Qu'en dites vous honorable ami ?"

Le Roi de Lante avait parlé. Il annonçait une première proposition de 100 hommes et 30 ingénieurs. les second sauraient se montrer utiles, pour renforcer les défenses de Fort Norkan et pour porter les sièges sur les oppidums les plus fortifiés des Wandres. Cependant, les 100 féroces guerriers semblaient fort dérisoires à la vue des forces engagées dans les dernières batailles. Et puis, pour les ressources et les esclaves qui allaient être remis aux nains en échange de cette aide et du ravitaillement pour le fort, cela semblait un prix fort élevé.

Mon seigneur, votre offre est intéressante, cependant, vis-à-vis des quantités de ressources et d'esclaves que vous souhaitez obtenir, il me semble qu'un renfort armé plus conséquent soit nécessaire. Si d'aventure, vous ne pouviez pas vous passer de d'avantage de vos fidèles guerriers, peut-êtres pourriez-vous faire appel aux mercenaires de votre peuple pour venir remplir cette fonction ici en supplément de vos 100 Guerriers. Tant que les soldats font leur devoir avec efficacité, nous n'émettons pas de jugement sur leur appartenance initiale. pensez-vous, qu'à terme, je puisse espérer le concours de 400 des combattants de Nanie pour soutenir le fort ? Si d'aventure c'était le cas, il serrait sans peine possible de vous fournir une grande quantité de ce dont vous avez besoin.

Je rajouterais à cela une proposition d'alliance. Je vous propose l'aide militaire de ce comptoir en cas de besoin de la part de votre royaume. Ainsi, si d'aventure vous veniez à être attaqué, vous pourriez compter sur notre concours pour vous soutenir, à nos frais, cela va de soi. Cela vous conviendrait-il ?

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