Seriv - Voleur

Holiant est un petit domaine dans le Sud de la Péninsule, tellement connu du monde que même les archives peinent à trouver sa localisation exacte. La terre n'y est pas très riche, et le port de la commune n'a de solide que le panneau qui indique sa sortie. Elle fut délaissée par la dernière famille qui y habita par manque de moyens pour la faire vivre, cette dernière étant depuis toujours désireuse d'habiter à Diantra. Lorsque la famille de Sériv arriva à Diantra, il n'avait pas plus de trois ans. Il grandit dans les milieux aisés de la capitale, obtenant ce qu'il désirait, les domestiques se pliant au moindre de ses caprices. Toutefois, ces derniers étaient bien rares, Seriv n'étant pas quelqu'un de difficile par nature. Ses parents avaient beaucoup d'espoir pour lui, car tout jeune il avait manifesté des talents stupéfiants pour la peinture et le dessin. Ses journées étaient remplies par le désir de peindre et de dessiner, et ses parents usaient de ce talent pour peindre les hautes personnalités de la capitale et ainsi se faire connaître. Toutefois, cela changea lors de la treizième année de Seriv.

Toutefois, il provoquait l'inquiétude de ses parents car il avait pris l'habitude d'errer dans les rues. Pas seul, non. Seriv était timide, et ses parents n'expliquaient pas comment il pouvait être autant seul dans la rue avant même ses quinze années. Leur vie n'était que routine, la famille d'Holiant vivant de ses rentes, l'enfant unique était destiné à une grande vie. Mais cela peut s'expliquer aisément. Lors d'une nuit banale alors qu'il avait treize ans, Seriv vécut la meilleure, ou la pire, rencontre de sa vie. Ses parents étaient partis à Holiant afin de régler quelques affaires dont leur enfant n'avait que peu d'intérêt. Les domestiques dormaient, et rien ne venait perturber le sommeil du jeune fils. Hormis le vent frais de la nuit.

Le jeune fils savait que les domestiques avaient pour coutume de fermer chaque fenêtre et porte de la demeure la nuit, mais le courant d'air glacé qui réveilla Seriv avait bien une source. Silencieusement, il se leva, et désireux de trouver la fenêtre ouverte, il s'aventura dans la demeure sans réveiller âme qui vive. Mais au fur et à mesure qu'il s'approchait, et que l'air se faisait plus frais, il entendait des petits bruits de vases déplacés, comme si l'on cherchait quelque chose. Alors il pénétra dans la cuisine, et il y vit la fenêtre ouverte ainsi qu'une petite fille de son âge, grossièrement vêtue, en train de dévorer ce qui lui passait sous la main. D'abord elle ne le vit pas, et Seriv la contempla longtemps, non habitué à voir des jeunes de son âge. Alors la petite fille le vit.

Elle sursauta de peur, et bien qu'elle ne s'enfuit pas, les deux enfants se regardèrent pendant quelques minutes. Finalement, Seriv, timide de nature prit un fruit et le tendit à la jeune fille. Peut-être était-ce de la pitié, lui qui n'avait jamais dû voler pour survivre ? Il ne le savait pas lui même, mais la jeune fille accepta le fruit, peureuse que la voix du jeune homme s'élève dans la demeure pour alerter les domestiques. Mais lorsqu'elle s'éleva, elle lui demanda seulement son prénom. Agnès.

Beaucoup de temps passa, et Agnès et Seriv se lièrent d'amitié. Seriv procurait de quoi survivre à Agnès, et bien que la peinture demeurait la vocation du jeune nobliau, il se laissa tenter d'apprendre quelques tours que sa seule et meilleure amie lui enseignait. Passé ses dix huit années, et même avant, Seriv avait pour coutume de sortir la nuit, à l'insu de ses parents et des domestiques, et de rejoindre Agnès sur les toits. Plus le temps passait, et plus le nobliau apprenait l'art de la discrétion, de l'escalade, et du vol. Cela restait des larcins mineurs, mais tout changea un soir de Favrius. Agnès faisait des mystères à Seriv sur leur destination, mais ils couraient sur les toits en toute légèreté. Finalement, ils s'arrêtèrent sur un balcon, où Agnès, souriante comme toujours, invita Seriv à la suivre à l'intérieur. Excité par ce qui se passait, il la suivit et se retrouva à l'intérieur d'une des maisons les plus garnies de la capitale.


Et comme dans tout scénario fataliste, un vase chuta, se brisant et réveillant les hôtes de la demeure. Cette dernière devint rapidement un champ de bataille, car tout le monde courait dans la maison, et lorsque Seriv fut aperçu par les domestiques armés de bâtons, Agnès avait disparue. Reconnu par l'hôtesse, une noble peinte par le jeune homme quelques jours auparavant, Seriv sut que cela ne lui serait jamais pardonné. Alors il se retourna, sauta en brisant une fenêtre. Lorsque les yeux se tournèrent vers le sol, Seriv n'était plus là. Depuis ce jour, le vagabond est ce qu'était Agnès, et bien qu'il ne la revit plus depuis ce jour, il adopta sa vie, vivant de larcins, se faisant connaître sous le pseudonyme du Peintre. Avec plus d'une année vécue dans les ruelles, Seriv se bâtit un réseau de relations, toujours au courant des demeures les plus garnies, prêtes à être délestées.