[Correspondance]Un Noeud dans la Trame...

Les rabats claquèrent alors qu'entrait un messager. Le vent s'engouffra à sa suite dans sa tente. Le parchemin sur son bureau de campagne s'envola, d'un geste vif et précis la main gantée du Protecteur le saisi le papier au vol. Son entrainement avait repris avec la guerre et il retrouvait bien vite ses aptitudes de mages. Ses sens s'aiguisaient d'Ennéade en Ennéade et sa condition physique augmentait de pair avec eux, rien que de plus normal. Le seul élément qui le perturbait était sa jambe.

Cela faisait plus de vingt jours qu'elle ne l'avait plus torturé. Et il ne savait pas vraiment si cela était un bon signe. Il redoutait que le même principe que le séisme ne s'appliqua à ce phénomène. Au plus il attendait, au plus la crise serait terrible. Et il redoutait plus encore que celle-ci ne vint au beau milieu d'une bataille. Ou pire, lors d'une réunion d'Etat Major, ce qui le ferait passer pour un faible et lui ferait perdre en crédibilité et en fiabilité.

Le messager lui confia le rapport qu'il avait mandé. Le compte rendu détaillé de tous les affrontements qui avaient eu lieu depuis le début du front, leur dénouement et leur détail, ainsi qu'une conclusion sur les possibles implications. Il le feuilleta un instant avant de renvoyer le messager. Le rapport était satisfaisant, il lui permettrait de se faire une meilleure idée de la situation. Il lu attentivement les pages concernant les statistiques de décès au sein des deux camps avant de reporter son attention sur la lettre qu'il écrivait.

Citation :

Arkuisa de la Neuvième Ennéade de Favrius
Septième année du Onsième Cycle.
Camp Militaire d'Eraison.

Maître Daramedya,

avant toute chose, je vous prie d'accepter mes humbles excuses pour n'avoir pu m'enquérir plus tôt de votre santé. Ma visite remonte à près de deux mois, et je comprendrai naturellement vos griefs à mon encontre pour ce manque de rigueur. Je suppose cependant que vous comprenez vous-même les affaires qui ont retenu et détourné mon attention. Je ne vous apprendrai rien par cette missive que vous ne sachiez déjà. La guerre est déclarée et elle a commencé.

J'aurais aimé vous écrire des mots plus agréables, croyez-le, mais le devoir passe avant tout autre désir. Aussi je souhaiterais vous entretenir de la nécessité urgente d'annoncer un colloque des Erudits et Mages d'Anaëh. Ma demande n'est pas anodine et n'est pas le fruit d'un caprice farfelu puisque je voudrais faire la demande à l'Académie d'Aléandir de traiter durant ce congrès d'un sujet particulier qui nous est capital: les Noeuds Arcaniques.

Naturellement, il nous sera possible d'aborder tout autre sujet que vous souhaiteriez voir traiter. La sagesse a toujours dicté à l'Académie de se tenir loin de la guerre pour ne pas entacher de sang ses travaux. Il est ceci dit une réalité que nous ne pouvons ignorer, si nous en apprenons pas plus sur le terrain où il nous faut combattre pour défendre l'Oeuvre, la relative neutralité de l'Académie n'aura plus lieu d'être.

Désormais que les points d'importance sont abordés, je m'en vais tout de même prendre de vos nouvelles. Comment avancent vos propres travaux? Je me souviens lors de ma visite que vous rencontriez quelques difficultés d'ordre pratique avec vos dernières expériences. J'ose espérer que celles-ci n'ont pas fini par nuire à votre santé.

Finallement, je tiens à vous remercier pour l'éclaircissement que vous avez apporté sur ma perte de potentiel magique. Vous serez heureux d'apprendre que votre diagnostique était des plus exacts et que la vigueur de la magie reprend progressivement forme en moi au fil du temps. Bien sûr, il m'est plus difficile d'en goûter les progrès. Vous savez que ma puissance est fluctuante et que l'hiver ne m'est pas des plus charitables. Cependant, il semblerait que mon pouvoir décline moins vite que je ne l'aurais prévu. Signe apparent d'une amélioration prochaine.


Avec mes hommages les plus respectueux,

Timérion Adantar,
Seigneur Protecteur de l'Epine Dorée
Erudit Emérite du secteur de la Magie Fondamentale.

Il relut sa belle écriture impeccable aux lettres à peine obliques et finement tracées. Il réalisa alors en comparaison du rapport que ses lettres étaient plus anciennes que celles d'usage désormais. Certaines avaient disparu, d'autres, nouvelles, avaient vu le jour. Lui par contre écrivait toujours de cette belle calligraphie des symboles qui dataient d'un autre temps. Il fallait bien avouer qu'elle était lointaine, l'époque où son père lui avait enseigné l'art de l'écrit.

Il plia le parchemin en trois partie, et le scella avec de la cire d'abeille où il apposa son sceau, une feuille de Laurelorn encerclée de vague. Il sortit de sa tente et avisa un messager et lui fit signe d'approcher. L'Elfe s'exécuta et se tint bien droit devant le Protecteur en attendant ses ordres. L'instant d'après, il partait au galop vers la Capitale.