Le bateau glissait sur l'eau doucement. Sept hommes s'affairaient sur le bac, certains harnachaient des caisses, une vingtaine au total, tandis que d'autres ramaient et deux tenaient les deux gouvernails qui permettaient au bateau de réagir souplement. Le mât central était démonté et le bateau avançait à la puissance des bras et du courant. A l'avant un personnage se détachait des autres. Habillé d'une tunique noire il était habillé de cap en pied de cette couleur. Une poignée d'épée apparaissait à son côté gauche avec une lame longue et noire. Un marteau de guerre était attaché dans son dos, tête en bas. Dépassant à peine le mètre quatre vingt il avait cependant de larges épaules et des muscles noueux. Ses cheveux châtains devaient être magnifiques lorsqu'ils n'étaient pas recouverts, comme en ce moment, d'une couche de crasse et de poussière terrible. Sa mâchoire, fine et bien dessinée, était recouverte de cicatrices dont certaines semblaient plutôt récentes. Ses yeux verts étaient beaux mais leur blanc virant sur le rouge et les lourdes cernes rouges donnaient un air maléfique et dément à cet homme.
Lorsqu'il bougea, malgré la saleté et la cendre la recouvrant, l'armure brilla légèrement, attestant d'un entretien quasi-parfait. Une gourde était attaché à sa ceinture ainsi qu'une bourse, qui cliquetait au grès de ses mouvements. Il avait beau être un simple capitaine-mercenaire il n'en restait pas moins un riche et noble homme. Le bateau s'approcha en douceur d'un quai, étrangement abandonné par la foule et l'homme sauta souplement de son embarcation. Mais toute chose n'arrive pas seule...
Le bruit des bottes et d'une voiture se firent entendre et apparurent une vingtaine d'hommes, armée de coutelas ou de lances. L'homme, prénommé Dante, jura et toucha légèrement sa ceinture et sa poignée. Les soldats, armes au poing, firent un demi cercle autour des hommes et de l'ancien noble du Nord. Les trois hommes dans le véhicule en sortirent et s'avancèrent en repoussant leur capuche. Deux hommes en retrait, apparemment des seconds et un homme que James connaissait et haïssait. C'était un homme de taille moyenne dont le visage n'évoquait rien si ce n'est une cruauté superbe. Un rictus effrayant barrait en ce moment même son visage.
"Le Chevalier Dante Altiredi, un preux guerrier de Fort-Rouge, il cracha au sol, ou plutôt un lâche.
- Baron Gelead Mituari, toujours aussi faible et plongé dans le crime...
- Comment ose tu ! Guerrier de pacotille ! Soldats attrapez cet homme !"
Dante cria et prit son arme. Les soldats, surpris par la vue d'une telle arme - il était rare de voir un chevalier usait d'une arme contondante, reculèrent laissant le temps au piège de se refermer. Ce n'était un piège à proprement dire mais une diversion... Plusieurs flèche sifflèrent tout autour d'eux et tuèrent trois des gardes. Cela déchaîna la colère des soldats qui se jetèrent sur Dante et ses acolytes. Les marins furent rapidement tués et les mercenaires contenus, l'ennemi ayant l'avantage de la hauteur et d'un sol stable. Dante fit virevolter son marteau, tuant deux piétons, fracassant la mâchoire d'un autre et mutilant un courageux mais ses armes ne permettaient pas la défense et rapidement il jeta ses armes. Deux soldats le mirent à genoux et lui bloquèrent les bras. Un des deux seconds s'avança vers le capitaine et sourit d'un air peu appréciable. Bandant ses muscles Dante réussit à se dégager et planta sa dague dans le col de l'homme, entre le cou et l'épaule point sensible de son armure. Le bandit le regarda avec surprise et bascula en arrière. Trois soldats remirent James à genoux et un coup de poing phénoménal lui percuta la mâchoire. Le deuxième lui éclata les lèvres, le quatrième le nez. Lorsque le cinquième tomba le visage de James ne réagit pas. Le Baron plaça son visage à moins de deux centimètres du mercenaire.
"Laisse moi deviner les flèches c'était ta petite putain ?
- Répète ça pour voir ? Pirate de bas étage"
Dante envoya sa tête dans le nez du Baron et le sentit craquer. Ce dernier jura et lui donna un violent revers de la main. Mais le mercenaire avait gagné assez de temps et une trentaine d'hommes arriva des ruelles adjacentes et le visage du baron et de ses soldats s'assombrirent tandis qu'ils reculaient. Lorsque le valet de son adversaire fit claquer son fouet et que la voiture se fut assez éloignée Dante se détendit et remit son arme à son emplacement tandis qu'une silhouette féminine se glissait à ses côtés, posant sa main sur son épaule et tenant un arc de l'autre. Les soldats soupirèrent de soulagement. Ils allaient de toute façon combattre bien assez vite et une escarmouche dès maintenant leur déplaisait fortement.
"Qui était ce ?
- Le Baron Mituari, un homme-lige de mon père. Voilà quatre ans qu'il est sur ma piste, très certainement pour soit me tuer soit pour me ramener à mon père qui d'une façon ou d'une autre arrivera à ses fins. Et bien nous avons de la chance d'avoir décidé de débarquer ici plutôt qu'en ville. Je ne pense pas que nous ayons attirer les faveurs de nos futurs maîtres. Bien débarquez les affaires et allons y."
Il était temps pour la Compagnie des Aigles Cramoisis de partir en guerre, au devant de la mort, au devant de l'or.