Sept cent ans plus tard [PV Asgeir]

Rp fait avec Asgeir

Son infiltration dans la compagnie royale s'était déroulée sans grosses difficultés mises à part que certains soldats s'étonnaient de le trouver aussi discrets et peu bavards. Mais à chaque fois, un autre les reprenait en disant qu'il était juste réservé et qu'il était bien là depuis le début, du moins, personne ne semblait connaître la date exacte. Mais Asgeir parvenait sans problème à raconter des anecdotes et à inventer des situations vécues dans Diantra.

Pour ne pas trop éveiller les soupçons, Asgeir s'était aussi familiarisé avec tous les autres en prenant sur lui et en essayant de se mêler aux discussions autour du feu. Il en apprenait à chaque fois et en ce moment, les hommes parlaient du parjure de la baronne et de la probabilité qu'ils avaient à devoir remonter un siège à Alonna. La chose le fit doucement rire et il se délecta à l'avance de pouvoir enfin passer à l'action comme il l'avait prévu, même s'il attendrait une meilleure occasion. Maintenant qu'il était un homme de troupe, il devait agir comme tel et éviter les insubordinations. Pour cette raison, lorsqu'un des officiers demanda des volontaires pour partir en reconnaissance dans le nord d'Alonna, Asgeir se porta volontaire et entreprit de se trouver une monture.

Il n'était pas un novice de l'armée et des règles. Bien qu'il n'y fût jamais rentré, son expérience dans une petite troupe de mercenaire lui avait valu d'en savoir assez pour ne pas passer pour un bleu. De plus, il était un peu plus âgé qu'une bonne moitié des hommes et faisait alors l'image d'un vétéran d'innombrables guerres. Mais son volontarisme si spontané pour partir en reconnaissance ne fut pas dû qu'à la mission en elle-même puisqu'il avait un tout autre projet en tête. Cela faisait depuis son arrivée dans les terres alonnaises qu'il n'avait pas pu communier et méditer pour sa foi et il savait que le nord possédait un lieu de culte tout particulier qui ne manquerait certainement pas de renforcer.

Lorsque la petite troupe de cavaliers partit pour le nord, la tension avait été à son paroxysme dans le campement. Les hommes ne s'étaient pas seulement afférés à ranger et plier bagage, mais ils se préparaient sérieusement à prendre les armes. Une chance qu'il n'ait pas été obligé d'être mêlé à ça puisque ce n'était finalement pas l'endroit le plus adéquat pour mener sa hargne. Sur le chemin, il resta muet comme à son habitude, jetant un œil à droite et à gauche pour faire comme si, mais arrivé à un tournant, il arrêta sa monture et se retourna vers les trois autres cavaliers qui l'accompagnaient.

-A partir d'ici, chacun prend une route de son côté ! Nous nous retrouverons au coucher du soleil à cet endroit pour notre retour au camp, dit-il sans user d'autorité ou quoique ce soit d'autre.

Il n'était pas un officier, mais était le plus âge. Sans broncher, les espions acquiescèrent et partirent ainsi chacun de leur côté. Il put alors se mettre en route pour trouver le lieu qu'il désirait. Arrivé presque à flanc de montagne - la grande frontière qui séparait la Sgardie d'Alonna -, Asgeir arriva finalement sur son lieu. En toute discrétion, il attacha sa monture à un arbre et marcha quelque temps pour retrouver le monument des héros de sa foi, l'Arche des convertis. Mais il sentit très vite la présence d'un individu en ce lieu sacré et fut prêt à dégainer si l'individu qu'il y trouvait n'été qu'un pentiens ou un homme venu saccager les pierres. Mais non, il découvrit un vieillard avec une longue barbe assit face aux inscriptions mythiques, immobile et silencieux comme une roche. Voyant qu'il n'aurait guère à faire à une résistance acharnée et qu'il n'aurait probablement pas besoin de mettre trop d'effort pour le planter, Asgeir entreprit de perturber la méditation de cet homme qui ne lui disait rien, si ce n'est...

-Qui es-tu pour oser t'asseoir ainsi sur ces roches sacrées ? Donne-moi une bonne raison de ne pas mettre un terme à ta vie déjà longue vieillard, sinon la puissance du Stra s'abattra sur toi et je me délecterais de ton sang de pentiens que j'aurais sur mes mains !

Encapuchonné dans son manteau de soldat de l'armée royale qu'il avait dérobé quelques jours plus tôt, Asgeir attendait une réponse et était prêt à bondir si les mots du vieillard n'étaient pas ceux qu'il espérait. Il commençait déjà à visualiser à l'avance sa façon de procéder quand le vieil homme sortit enfin de son mutisme.

Le vieil homme avait donc une langue et n’était point sourd. Alors qu’il avait été à deux doigts de bondir sur lui pour débarrasser ce lieu de la vermine, il l’écouta parler avec attention comme s’il le laissait faire un dernier plaidoyer avant de mourir. Que ne fut pas sa surprise lorsque le vieillard ouvrit la bouche sans être inquiété le moins du monde par sa présence menaçante. Quand il l’entendit aborder le Stra, l’équilibre et les champions, Asgeir déchanta tranquillement de sa fureur. Voyant qu’il avait à faire à un adepte, il rengaina sa lame et s’avança prudemment vers l’homme qui était l’un des siens.

-Comme vous le dites, ce lieu n’est pas interdit à la méditation, mais je vous ai pris pour un profanateur. Je ne pensais pas trouver un adepte en ce lieu par ces temps si tourmentés.

Son ton était sec et glacial et pourtant, il essayait d’être le plus respectueux possible. De toute façon, les siens le craignaient déjà alors un de plus. Car sa foi, il la vivait seul depuis longtemps déjà et à vrai dire, ça ne le gênait aucunement. Mais si l’homme lui proposait de venir communier avec lui, il ne le refuserait pas. Cela faisait déjà deux ennéades qu’il s’était infiltré dans la compagnie royale et il n’avait pas encore trouvé le temps de méditer donc sans sourciller il vint se mettre aux côtés du vieillard et l’écouta de nouveau parler.
Sa surprise fut totale lorsqu’il entendit son nom, « Arawn Eolun », il le scruta avec attention et comprit qu’il avait en face de lui la Voix du Culte, célèbre dans tout le Karamstra. Il avait entendu parler de lui lors du Voile et s’était alors fait l’image d’un guide suprême. Célère aussi pour les combats qu’il avait mené tout le long de sa vie, Asgeir s’était déjà mis en tête par le passé de le trouver et voilà qu’il se trouvait en face et que quelques secondes auparavant il avait eu l’intention de le tuer.

-Asgeir, dit-il en relevant sa manche pour montrer le symbole du karamstra qu’il avait sur l’avant-bras. Ne vous m’éprenez pas sur les couleurs de ma tenue, je ne suis que de passage dans la région. Je compte célébrer nos héros à ma façon, voilà pourquoi vous lisez de la colère et du doute en moi, mais comprenez que je fais ça pour que l’équilibre demeure.

Il s’assit alors sur une des pierres en posant sa lame sur le sol pour éviter qu’elle ne l’encombre trop. Des milliers de questions subsistaient dans son esprit et voilà qu’il venait de trouver la personne la plus adéquat pour les poser. Il préféra tout de même attendre que la Voix se pose à son tour pour reprendre la conversation.

-Je venais trouver en cet endroit sacré, la force et l’abnégation de nos héros morts pour notre foi. Mais en vous voyant maintenant, je sais qu’il reste des hommes capables de nous guider. Dit-il en regardant le vieillard dans les yeux. Vous êtes notre Voix et je suis votre disciple, mais ne pensez pas que cela fait de vous un être supérieur. Je combats pour l’équilibre du Karam et du Stra pour que ma foi continue d’exister. Je réclame vengeance pour tous les fidèles qui ont été exterminés, quoique vous disiez ne changera en rien mes intentions, mais si vous avez des choses à me proposer pour l’avenir, je suis votre homme.

Un long silence propice à la méditation vint prendre place en ce lieu remplit de symboles du passé, mais aussi de quiétude. C’était même pour cette raison qu’Asgeir était venu se recueillir ici, pour la tranquillité, mais maintenant que la Voix du Culte était à ses côtés, il sentait en lui bien plus de quiétude qu’il n’avait déjà pu ressentir auparavant.

Sous une fine pluie typique du nord et toujours assit à côté de la voix du Culte, Asgeir écoutait le vieil homme parler sans l’interrompre dans son récit. Celui-ci lui fit alors un petit rappel de l’histoire de sa foi qui ne manqua pas de lui faire remonter certains souvenirs restaient gravés dans sa mémoire depuis son enfance. Oui, des karam et Stra Ustro avaient jadis foulés cette terre ô combien sacrée pour son culte. Ces personnes avaient été de véritables héros et c’était bien ce qu’il manquait aujourd’hui pour le Karamstra. Il ne comprit pas alors où voulait exactement en venir le vieux. Testait-il ses connaissances ? Ou tentait-il de lui faire des sous-entendus ? il n’aurait su le dire, mais tenta d’y trouver une réponse lorsque la Voix s’arrêta de parler pour récupérer son souffle.

-Je connais ces histoires, tous les adeptes les connaissent… ou voulez-vous en venir ?

Lorsque le vieux reprit la parole en se tournant vers lui, il comprit alors quel était le but de toute cette nostalgie. Tout ce que disait la Voix était vrais, rien n’était en trop et Asgeir le rejoignait sur le point que la domination du Karamstra sur toute la péninsule n’aurait jamais causé autant de mort. Mais penser à « toute la péninsule » était un luxe qu’il ne se permettait pas. La démesure et l’ambition ne faisait pas parti de ses préoccupations. La seule chose qui l’importait était la survie de sa foi, qui plus est, dans le nord.  

-Quel avenir voyez-vous ? fit-il songeur.

Il apprit alors certaines choses qu’il ignorait totalement. Et sa plus grande surprise fut d’apprendre que la baronne d’Alonna avait rejoint le culte, même si elle restait pour lui une karamstrienne sur le tard. Les perspectives étaient devenues beaucoup plus grandes qu’il ne l’avait imaginé. La simple idée de savoir qu’une personne si hautement placée dans la noblesse péninsulaire pouvait les aider à faire ressurgir sa foi, enthousiasmait grandement l’assassin qu’il était. Mais assassin, il ne le resterait pas indéfiniment et cesserait un jour de tuer juste pour lui. Les derniers mots du vieux le surprirent alors encore plus lorsque la Voix lui annonça qu’il avait déjà entendu son nom et qu’il connaissait ses mérites. Et autant dire que si sa réputation était arrivée jusqu’aux oreilles de cet homme, tout le culte devait donc être au courant de son existence. Asgeir esquissa un petit sourire avant de prendre à son tour la parole.

-Je parcours ces terres pentiennes depuis maintes années déjà. J’ai exécuté mes enseignements au mieux et j’ai tué ceux qui nous ont mis si bas. Je suis aujourd’hui sur le point de mener un gros coup dans le rang de nos ennemis et la Sgardie deviendra bientôt un bain de sang de ces putrides pentiens qui ne rejoindront pas notre foi.

Il fixa le vieil homme dans les yeux en jetant un rapide coup d’œil au symbole du Karamstra tatoué sur son avant-bras.

-Je me bats depuis trop longtemps pour des convictions qui me sont propres à moi et à notre foi. Je vois en vous celui qui est capable de nous mener depuis le Voile. Demandez-moi et j’exécuterais vos souhaits, mais sachez qu’avant ça, la couronne perdra son plus gros symbole sur ces terres en guerre car La bannière royale brûlera bientôt en sgardie !

Attentif aux moindres mots de la Voix, Asgeir attendait patiemment que le vieillard l’éclair sur l’avenir qu’il préconisait. Lorsque le vieux énonça ses plans, l’assassin comprit au fur et à mesure là où il voulait en venir et esquissa un léger sourire. Tout ce qu’il disait, Asgeir le pensait aussi et s’était également dit que lui et son culte surpassait de loin le chaos qui s’abattait en ces terres. Ils n’étaient peut-être pas encore assez puissants pour tenir tête à des armées de dix mille hommes, mais eux possédaient une chose que les autres n’avaient pas. Ce quelque chose n’était rien d’autre que le karamstra qui leur permettrait d’accomplir bien plus qu’il ne l’avait jamais fait auparavant. Son désir d’assassiner le capitaine royale lui parut alors comme un infime maillon de la chaîne. Mais ce maillon, il le détruirait et les autres suivraient.

La Voix se leva lentement et se mit alors au niveau des menhirs en débutant les propos qu’Asgeir attendait particulièrement. Il apprit alors que Serramire comptait attaquer l’Alonna et celle qui avait rejoint depuis peu leur foi. Il connaissait Serramire et la loge qui s’y trouvait étant donné qu’elle l’avait vu grandir. Ainsi, lorsqu’il entendit que ses frères s’y tenaient prêt à frapper, Asgeir ne put s’empêcher de se demander qui étaient ces adeptes. Il en connaissait des vingtaines qui auraient été capable de mener de telles actions et lui-même s’il avait pu en être, il s’en serait fait une joie, mais le vieux ne s’arrêta pas là.

Visiblement, il voulait le tester pour qu’il fasse ses épreuves. Ce pourquoi, il lui demandait de mener une mission spéciale. En apprenant qu’il devrait tuer des pentiens, il se mit à frétiller d’impatience bien qu’il se devrait encore de rester discret jusqu’au jour où il passerait à l’action. Mais cela tombait plutôt bien. Il se dirigeait vers Oesgard et tout semblait coïncider. Seulement, il buta sur la dernière phrase du vieux qui suscita aussitôt son intérêt.

-mais épargne le chef de ce raid, ce... Jérôme de Clairssac... J'ai quelques idées à son sujet

Asgeir se leva et partit rejoindre la Voix qui semblait concentré sur les inscriptions du menhir.

-Oui, j’en ai entendu parler. Mais avant que je ne parte, dite moi pourquoi ce pentien devrait vivre et non mourir comme tous ceux que je compte détruire ? Il marqua une courte pause, les hommes parlent et j’ai pu apprendre qu’il était le pantin du Roy. Et je ne vous apprendrais rien si je rappelle que c’est ce même pouvoir qui a massacré nos ancêtres jadis. Donnez-moi une bonne raison de ne pas le tuer, sinon j’obéirais à mes premiers choix !

Sans avoir bougé un seul moment, toute sa concentration était portée sur le Voix qui semblait devenir toujours de plus en plus mystérieux voire mystique. Il lui faisait l’effet d’un vieil homme plutôt calme serein pourtant. Asgeir préféra par conséquent de pas interférer dans les histoires du vieillard et écouta pleinement ces paroles afin de comprendre le sens qu’elles cachaient. Mais il n’était pas sage et n’avait pas la prétention de se dire ainsi. Seuls quelques hommes pouvaient atteindre un tel niveau de connaissance et ce n’était pas son cas. L’histoire de son culte était certainement la force qui l’animait, mais lui vivait dans le présent et les seuls choses qui l’importait était de faire couler le sang. Pourquoi alors rappeler avec tant de véhémences les épisodes du passé ? Pourquoi ne tout simplement pas éradiquer tous les hommes que la couronne avait envoyé guerroyer dans leurs contrées ?

Finalement, le vieux vint enfin à en parler et à aborder la question de Clairssac. Asgeir fit alors une légère grimace en entendant le vieux parler « d’alliés ». S’était-il mis en tête de faire de la brebis un loup ? A coup sûr, c’était une mauvaise idée, mais qui était-il pour oser contredire le plus puissant de son culte.

-Ce Clairssac n’est qu’un pentiens parmi tant d’autres. Une fois seul, il ne vaudra plus rien, mais si ce sont vos ordres, alors je m’exécuterais. Mais comment comptez-vous vous y prendre ?

La réponse vint aussitôt lorsque le vieux se remit debout pour lui faire face et lui montrer d’un regard qu’il avait entièrement confiance en ce qu’il disait. Asgeir eut alors l’impression de vivre un moment privilégié avec celui qu’il respectait comme étant le chef de fil de sa foi. Et que ne fut pas sa surprise lorsqu’il l’entendit prononcer le mot « héros ». Parlait-il de lui ? Ou souhaitait-il faire de ce Clairssac le héros de leur culte. Asgeir n’avait rien d’un héros, les siens le craignaient à tel point que même dans une loge, il restait seul. Devenir un guide ? Certainement pas. La seule chose qu’il pouvait faire était d’abattre toute la puissance du Stra sur leurs ennemis… Il comprit alors ou voulait en venir le vieillard et il esquissa un léger sourire qui voulait en dire long.

-Je m’y emploierais, mais il sera le seul et unique pentien que je sauverais que vous le vouliez ou non ! Si d’autres adeptes ont d’ores et déjà infiltrés son armée, il ne me sera pas difficile de les retrouver et de mener à bien votre projet. Une fois fait, gardez-moi une place à vos côtés. Je n’ai été que trop longtemps dans le silence.

En disant cela, Asgeir regardait les gouttes de pluie s’abattre sur son avant-bras et mouiller le symbole du Karamstra qui avait été gravé au fer rouge.

-Sommes-nous d’accord ?

Asgeir nota le changement d’attitude du vieil homme qui semblait sur les nerfs. La chose le fit doucement rire, mais il se garda de le montrer. Visiblement, ce que la voix du culte lui disait, était d’une importance qu’il avait sous-évalué. Cela avait l’air beaucoup plus conséquent que ce qu’il s’était imaginé, et sa place dans l’histoire n’en était qu’une preuve fulgurante. Sans faillir, il mettrait en exécution le plan du vieillard. Pas parce qu’il lui faisait une confiance absolue, mais bien parce qu’il pensait vraiment que son culte en dépendait. Peu importe s’il trouverait la mort dans cette entreprise, il agirait pour le Stra et rien d’autre. Néanmoins, une chose vint le bloquer lorsque le vieux lui parla « d’acclamation » et de « sauveur », ce qui le mit à son tour dans une petite colère. Tout en se relevant, il ne quitta pas le regard de la Voix.

-Je n’ai que faire des acclamations. Je ne suis pas un sauveur et je n’ai pas le désir de le devenir. Il commença à entreprendre le chemin du retour.  Ecoutez-moi bien ! Tout ce que je fais est pour la survie de notre croyance, laissez-moi tuer nos ennemis, mais ne m’attribuait pas ce titre que je ne souhaite pas. S’il faut, je mènerais les adeptes au combat, je convertirais ceux que je pourrais et tuerais les pentiens le moment venu. Mais surtout, ne m’obligeait pas à devenir l’icône que tous attendent car si je dois le devenir, les gens ne m’acclameront pas, mais craindront la puissance du Stra et j’aurais ainsi trouvé ma seule repentance.

Toujours dos au vieil homme, il resta quelques instants de plus pour entendre ce qu’il avait encore à dire. Sur les mots de la Voix, Asgeir esquissa un petit sourire de satisfaction avant de se retourner de nouveau vers le guide de sa foi.

-Vous avez raison vieil homme. Quand ce jour arrivera, nous les exterminerons, du premier jusqu’au dernier.

Il fit face une dernière fois aux vestiges de l’ancien temps tout en regardant les vieilles inscriptions.

-Vous aurez votre homme !

Toute sa vie d’errance allait bientôt être bouleversée à cause de cette rencontre autour de l’ancien monument des héros. Sept cent ans s’était passés pour qu’enfin, un renouveau arrive sur le Karamstra. Seul et isolé, il ne valait qu’un vulgaire assassin. Mais à plusieurs, si les adeptes se regroupaient, une force en jaillirait et toute la puissance du Karam et du Stra frapperaient la péninsule. Cela, il n’en avait aucun doute. Quant à savoir comment il allait s’y prendre pour enlever l’autre noble, il en avait une vague idée. Mais avant, un homme aux couleurs royales attendait sa mort et il lui fallait retourner au campement avant la nuit tombe. Se retournant une dernière fois vers le vieillard, Asgeir hocha brièvement la tête pour le saluer et se mit à reprendre sa route.

-Retrouvez-moi à loge d’Oesgard.