Question de point de vue! [PV: Cérya] [Terminé]

Par une belle fin d'après midi, un "jeune" sang-mêlé entre dans une auberge mal réputée. La foule présente regarde le nouvel arrivant entrer dans le bâtiment, les mots cessent, il marche lentement, vêtu de sa longue cape noire et pliée par le temps de voyage. Les secondes passent, Beratorn continue sa progression, les regards restent sur lui, le silence toujours maître des lieux... Peu à peu, certains se retournent, reprenant leurs diverses discussions, d'autres se contentent de continuer à boire, gardant le semi-elfe dans un coin de l'oeil, quelques derniers ignorent simplement l'objet de l'interruption habituelle des lieux. Beratorn s'avance jusqu'au comptoir, enlevant sa capuche, il pose ses deux coudes, bras croisés sur l'épais morceau de bois de chêne. Il attend, l'ambiance présente reprend du poil de la bête, le parquet usé grince sous le déplacements de certains hommes de poids, quelques-uns sortent, d'autres montent dans les chambres commandées.

Personne ne vient, le sang-mêlé décide alors de sortir quelques pièces brillantes de sa bourse, commençant à jouer avec l'une d'elle, un homme derrière le comptoir, bien habillé, crâne presque chauve, possédant une moustache charnue, vient l’interrompre. Les deux individus se regardent fixement, yeux dans les yeux, pendant plusieurs secondes, sans dire un mot. Après quelques instants, le serveur se racle la gorge sans quitter Beratorn du regard, il sort un verre de dessous l'imposant comptoir et le pose devant le demi elfe.

-Qu'est ce que je vous sert, étranger...?

"Etranger", ce mot n'est pas inconnu à Beratorn, il saisit un tabouret, s'y installe et regarde toujours son opposant avec le même ton d'indifférence. Quelques hommes se rapprochent du demi elfe avec autant de discrétion et de grâce qu'un éléphant et se positionnent chacun à côté de lui. Voyant cette petite mise en scène inefficace, l'homme derrière le comptoir fronce les sourcils... Une petite minute plus tard, il fait un signe de tête aux deux crapules, celles-ci s'éloignent et regagnent leur place aux tables.

-Bon... Qu'est ce que je vous sert, monsieur...?

Le sang-mêlé sourit.

-Un verre de cidre. Était-ce si compliqué?

L'aubergiste sert le verre vide avec l'alcool demandé et joue ensuite avec sa moustache. Il soupire un bon coup avant de reprendre le semblant de discussion.

-Disons qu'on a pas l'habitude des gens comme vous ici, ça pose souvent problème si vous voyez ce que je veux dire... Je préfère m'assurer qu'ils sont capable de rester tranquille.

-Je vois... Encore et toujours cette rengaine. Combien pour une chambre?

L'homme derrière le comptoir sourit, il sort ensuite une feuille, un parchemin déjà rédigé, offrant une chambre pour la durée d'une nuit pour un prix certain. Beratorn saisit une plume et un encrier pour apposer sa signature dans le coin inférieur droit du document et cède quelques pièces afin de payer la location. Une heure passe, le demi-elfe paie sa consommation et monte dans la chambre indiquée. La lourde porte de bois grince doucement lorsque le sang-mêlé la pousse, la pièce est correct, elle contient un stricte minimum, un lit à plume, un miroir, une commode et une chandelle, celle-ci est également décorée par quelques tapisseries présentes sur les murs, un tapis en peau de bête au sol, la fenêtre donne une vue sur un petit bosquet de l'autre côté de la route. Beratorn pose son sac sur le centre du lit et s'étire quelques secondes. Il sort maintenant son grimoire de magie, il entame quelques exercices discret après avoir fermé le porte et vérifié qu'aucune oreille indiscrète ne traîne.

Les heures passent, le sorcier stoppe ses activités et se couche sur le lit, poussant son sac au sol. Le sommeil ne venant pas, Beratorn regarde par la fenêtre. La lune est déjà haute, la nuit est de temps à autres transpercés par les torches des patrouilles de gardes voyageant sur les routes, soudain, un bruit dans le couloir...

Combien de temps s'était écoulé depuis qu'elle avait quitté la forêt d'Aduram? Quelques jours... peut-être même quelques semaines. Et sa tête était à nouveau sur les affiches. Sa réputation commençait à devenir compliquée, toujours demandée pour faire le sale boulot, mais aussi recherchée pour des crimes, certains qu'elle avait commis, d'autres non. Qu'elle était loin l'époque où elle était tranquille, protégée par son Seigneur... ou même solitaire, ne travaillant plus, juste errant en paix... mais maintenant elle est en cavale.

Cela tombait mal ! Cérya venait juste d'accepter un contrat qui lui avait permis de quitter l'Ithri'Vaan. Revenir chez les Humains était quelque peu angoissant pour elle. Elle n'appréciait pas vraiment cette race, qui craignait les êtres de sang-mêlés, voire les étrangers. Mais elle n'avait pas le choix, elle s'était engagée, et son honneur la faisait toujours mener à bien ses missions. D'ailleurs, celle-là était on ne peut plus classique : supprimer un indésirable. Rien de bien transcendant, ni de dangereux en soi, du coup, elle espérait vite en finir pour disparaître ensuite de la circulation, histoire qu'on l'oublie un peu.

Finalement, c'était en Serramire que la jeune tueuse atterrit, ce Marquisat plus militaire qu'économique. La cible était un contrebandier, hors-la-loi, qui avait été vu dans les environs. Après un peu de pression, et quelques pots-de-vins, elle apprit qu'il allait crécher dans une auberge mal famée non loin de Brochant. Très bien, elle attendrait alors la tombée de la nuit pour s'y attaquer...

~

Ayant passé la fin de journée sur les toits, à examiner les rues et à élaborer son plan, le soleil se couchait enfin. Il était bientôt l'heure de passer à l'action. Se relevant, elle n'était plus qu'une ombre tapie dans l'obscurité, invisible aux yeux du commun des mortels. La sang-mêlée bondit dans une ruelle mal éclairée, et marcha du plus naturellement possible jusqu'à rejoindre la route principale. Elle essayait tout de même d'éviter de croiser le regard des gens, toujours dissimulée sous sa capuche. Après quelque pas, elle s'éclipsa à nouveau, cette fois sur le toit de l'auberge en question. L'homme devrait y être.

Cérya attendait bien sagement que la majorité des lumières s'éteignent, que plus une bougie ne demeure allumée, excepté la taverne de l'auberge, c'est bien normal. Une fois cela fait, elle s'infiltra par une fenêtre entrouverte dans les couloirs de l'étage. Un pas, puis un autre, lentement et aussi silencieusement, elle avançait. Si vous avez l'ouïe fine, vous pourrez l'entendre, mais aucun des humains ici n'était à même d'y arriver. Elle s'arrêta devant une porte. Guettant aux alentours, elle vérifia que personne ne se promenait dans les parages, puis, elle s'accroupit, et crocheta sans mal la serrure. Un petit clic se fit entendre. Elle poussa la porte, qui grinça lourdement.

« Mince...saleté de porte... » chuchotait-elle.

Mais personne ne semblait avoir remarqué, ou du moins, personne ne s'était manifesté. Sa cible était sûrement tombée dans un sommeil profond ! Ainsi, la demi-drow pénétra la chambre, qui était plongée dans le noir. Ses yeux s'y habituèrent rapidement, comme si l'on était en plein jour. Un sac au sol, des grimoires sur la table de chevet, étrange. Ce n'était pas ce à quoi elle s'attendait. Son regard se dirigea vers le lit, où un corps était étendu. Elle ne cilla pas un court instant, le temps de sortir une dague, et bondit sans prévenir sur le lit ! A califourchon sur l'homme, la lame près de sa gorge, elle s'arrêta net dans sa lancée. Il n'avait rien d'un contrebandier, et encore moins d'un simple humain. Il était là, sous elle, il la regardait. Il l'avait entendue venir mais n'avait rien dit, rien fait... De ses yeux de sang, elle fixa ceux de la pauvre victime, sans prononcer un mot non plus. Son regard était d'un bleu intense, perçant.

« Qui êtes-vous ? » finit-elle par lui lancer, comme déçue de sa prise.

Dans le noir le plus total, la porte s'ouvre avec un nouveau grincement, une rapide silhouette fait ton apparition et se dirige vers le lit, où se trouve allongé, le sang mêlé. Le concerné ne fit nul mouvement, cette apparition nocturne n'était surement pas là pour boire un thé, qu'était-ce, un assassin? Un voleur? Pourquoi vouloir le tuer ou le dérober, Beratorn n'avait que peu de possession et une importance égale à celle d'une souris quelconque. Plutôt que de tenter une percée sans armes, sans protections, donc, sans le moindre intérêt, le semi elfe, vêtu d'un simple pantalon de nuit, commence, sous son épaisse couverture de lin et de laine, à préparer ces mains, pour, la première fois, lancer "ce" sortilège. L'ombre dans l'obscurité bondit sur le demi-elfe, à cheval, elle lui met la dague au cou. Les deux regards se plongent l'un dans l'autres, d'un côté, des yeux rouges comme le sang, de l'autre, un bleu océan. Une voix discrète s'échappe alors de la bouche de l'opposante, une voix féminine.

-Qui êtes-vous?

Le ton montre la déception, cette assassine se serait donc trompée de cible, étonné, Beratorn commence alors à dialoguer, gardant le contact visuel, commençant les signes incantatoires sous les draps, le plus discrètement possible.

-On dirait que vous vous êtes trompée de cible, je ne semble pas être celui que vous recherchez.

Beratorn, dans sa délicate position, tente de garder l'intention de la femme le menaçant d'une dague à la gorge, pendant ce temps, les rites manuels continuent, laissant de temps en temps un petit mouvement pouvant laisser suppositions à simples déplacements.

-Néanmoins, je supposes que vous ne pouvez pas partir comme ça, maintenant que je vous ai découvert. Me tuer augmenterait les risques de vous faire repérer, non? Tout ce que nous pouvons faire pour le moment, je crois, c'est de parler, vous pouvez le constater, je ne suis pas en position de force, je ne peux rien faire de stupide qui mettrait ma vie en jeu, je ne suis pas cinglé.

Le demi-elfe gagne du temps tout en continuant ses signes sous la couverture. Par chance, la moitié du corps de son assaillante se trouve au niveau de ses jambes. La préparation bientôt terminée, il continue sur sa lancée.

-Quand à moi, si je survis à cette nuit, que devrais-je faire? Et vous, que feriez vous "à ma place...?"

A la fin de ses mots, Beratorn écarte ses jambes, laissant la femme aux yeux rouge reculer légèrement, levant ainsi la dague de quelques centimètres, rapidement, l'homme libéré sort les mains de la couverture et touche les doigts de la demoiselle écartée. Très soudainement, le temps tout autour de lui semble ralentir, les mouvements se stopper, il est conscient mais incapable de bouger, ce doit être la même chose pour le femme au dessus de lui. La première expérience est toujours impressionnante.

Beratorn distingue de plus en plus son propre reflet dans les yeux rouges, jusqu'à le voir comme si c'était un miroir. Le temps reste figée, la durée ne peut pas être déterminée, Peu à peu, Beratorn sent son corps s'engourdir, jusqu'à ne plus rien sentir, ensuite, ses sens se mettent à vaciller, il ne sent plus l'odeur du bois séché et a la vue troublée. Puis, le noir se fait, Beratorn se sent happer, de manière "insensorielle", il se sent voler, porter. Les sens reviennent doucement, d'abord l'odorat, puis l'ouïe, suivit par la vue et le touché. Le sort a marché, leurs places ont échangées. Beratorn se retrouve dans le corps de la jeune femme qui était au préalable au dessus de lui, il tient la dague en main et se trouve en position de force, il ne sait pas dans quel état psychologique se trouve son "opposant", si "il" se rend compte de ce qui vient de se passer.

Quelques secondes filent sans que rien ne se passe, Beratorn choisit finalement de se retirer. Il se lève est se regarde au centre de la pièce, lui même, sachant pourtant ce qui allait se passer, n'arrives pas à y croire, ça a marché. Avant que son corps d'origine ne déclare quoi que se soit, il prend la parole.

-Vous devez vous demandez ce qui se passe. Sachez juste que si vous essayez de fuir, je peux à nouveau inverser nos corps, peu importe le lieu et la distance. Si dans le pire des cas vous vous blessiez ou mourriez, je peux garder votre corps, je peux toujours pratiquer ma magie, de plus, mon "état d'origine" n'a rien à envier, pas d'amis, pas de famille, voyageur sur les routes infinies.

"Elle" souffle un instant.

-Ah et, si vous me tuez dans cet "état", je réinvestirais simplement mon corps. Alors maintenant dites moi, vous, qui êtes vous?

Tout ceci n'est que mensonge bien évidemment, mais Beratorn tient à parer à toute éventualités. S'entendre parler avec la voix d'une autre lui est étrange, il prend garde à ce que la porte soit fermée et allume la chandelle pour éclairer la pièce. Il revient au centre et découvre le corps emprunté.

Elle est plus petite, une quinzaine de centimètre en moins, le corps est habillé dans un premier temps d'une longue cape noire à capuche, puis, une tunique noire, des mitaines et des protections en cuir, une variable féminine de ce que porte habituellement l'aventurier, il semble également sentir quelque chose sur la cuisse droite, une épée? Plutôt une dague vu la taille, il n'en fait rien pour le moment. Vient maintenant le tour de l'aspect physique, les cheveux dépassant du côté sont d'un noir ébène avec quelques reflets cuivrés à la lumière, le corps dans sa généralité semble fort joli, une demoiselle pouvant concurrencer les plus grandes beautés. Phénomène étrange que de se retrouver dans un corps du sexe opposé, Beratorn se laisse tenter, il lèves ses mains doucement, d'une apparence douce et fine, il les poses sur sa nouvelle poitrine. N'ayant quelconque habitude de faire cela, il y va un peu fort et dans une gène presque inégalé, rougit.

-C'est... Sensibles... Ces trucs là!

Il fait quelques mouvements, tout semble bien accrochés.

Cet homme était plutôt bavard, surtout dans cette position, assailli par une tueuse. Mais il ne semblait pas fou en effet pour tenter quoique ce soit, et puis, que pourrait-il faire contre elle qui était armée, lui, qui était littéralement dénudé.

« Vous n'êtes en effet pas celui que je cherche... » rétorquait-elle.

Elle remarquait un peu ses mouvements sous les draps, mais sans vraiment y prêter attention. Plutôt, elle l'écoutait. On dirait qu'il aime parler celui-là ! Un peu trop d'ailleurs, au goût de la Semie, mais sa dernière question l'interpella. Que ferait-elle ''à sa place'' ? Se reculant légèrement, elle n'eut pas le temps de dire ouf qu'il lui avait attrapé la main. Surprise, puis les sourcils froncés, elle se demandait ce qu'il avait l'intention de faire. Mais alors qu'elle voulut ouvrir la bouche, elle fut comme paralysée. Tout semblait s'arrêter : le temps, les mouvements... Elle ne quitta pas l'étranger du regard, lui non plus d'ailleurs, on pourrait croire qu'il essayait de pénétrer au plus profond de son âme.

Petit à petit, elle ne sentait plus ses bras, ni ses jambes, son corps tout entier ne semblait plus lui obéir. Une sensation étrange l'envahit. Et en même temps, elle se sent senti comme délogée, son esprit transporté... ailleurs.

Cérya ne bouge pas. Elle se voit, face à elle. Elle ne comprend pas. S'était-elle dédoublée ? Non, ce n'était pas dans ses cordes. Elle cligne des yeux rapidement et regarde un coup à gauche, un coup à droite, et voit des mains inconnues, qui ne lui appartiennent pas, et pourtant, elle les contrôle. Son ''double'' se retire finalement. Mais qu'est-ce qu'il se passe dans cette pièce ?! Voulant se redresser, elle remarque ce corps de mâle qui est le sien maintenant. Elle ne sait pas comment réagir. A la fois de l'incompréhension et de la peur l'envahirent. Doit-elle paniquer ? Ou doit-elle essayer de comprendre avant tout ? Des questions qui la taraudait. Mais son ancien corps commence à prendre la parole, ce qui la perturbe : elle s'entend sans parler.

La demi-drow n'en croit pas ses oreilles. Ils ont échangé leur corps ! Se relevant assez vite, elle remarque une différence d'équilibre. Elle semble plus grande. Elle remarque également la manière dont ''il'' est vêtu : un simple pantalon. Elle garde l'oeil sur son hôte qui en profitait pour commencer à découvrir le corps de la jeune femme. Un sourcil relevé, elle prend la parole :

« Faites attention... »

Un petit sursaut d’étonnement quant à sa nouvelle voix. Incroyable ! Elle ignorait qu'il était possible de faire pareille sorcellerie. C'est bien pour cela qu'elle a toujours préféré rester loin de la magie. C'est contre nature pour elle ! Enfin, d'après le jeune homme (ou devrais-je dire, d'après ''elle''!), il n'y a rien qu' ''il'' puisse faire pour contrer cela, tout dépendait d' ''elle'', de son bon vouloir... ''Il'' espérait que cela ne soit pas irréversible. Ça la chagrinerait bien, ''il'' ne connaît rien aux hommes ! Enfin, si... d'une certaine manière, mais pas de cette façon !

Finalement, ''il'' sera le premier à se présenter.

« Je suis... enfin, vous êtes une simple femme de main. Je venais exécuter un contrat. Je vous l'avoue en tout confiance car vous n'êtes pas une menace pour moi, malgré toutes vos mises en garde, vous ne me faites pas peur. Et puis, vous pensez que le corps dans lequel vous êtes a quelque chose à envier, lui ? »

Il s’esclaffa, de cette voix masculine, qui ne lui était toujours pas familière.

« Alala... qu'ai-je fait au ciel pour mériter ça... »

Alors qu' ''il'' murmurait ses plaintes, son alter ego commençait à promener ses mains sur son propre corps, et particulièrement sur sa poitrine. ''Elle'' semblait apprécier cela, malgré la nouveauté des sensations. Fermant les yeux – ''il'' ne pouvait ''la'' regarder faire sans broncher – et tapotant du pied compulsivement sur le sol, elle l'interrompit :

« Maintenant, arrêtez vos âneries, et rendez-moi mon corps... C'est mon outil de travail, j'en ai besoin... »

Sans compter le fait que c'était tout simplement le sien, son enveloppe charnelle d'origine, c'est tout, c'était légitime qu'elle veuille la récupérer, non ?

-Alala... qu'ai-je fait au ciel pour mériter ça...

Tout en continuant ses "découvertes", Beratorn relève la tête, impulsivement, laissant une mèche de cheveux se balader. Il regarde son corps d'origine se plaindre seul de la situation, n'arrêtant pas ses activités, Beratorn sourit et se prépare à répondre.

-Vous l'avez dis vous même, vous êtes femme de main, vous avez surement dus blesser ou tuer beaucoup de personne, et vous osez demander ce que vous avez fais pour mériter ça, c'est ironique, n'est ce pas...?

Une pointe d'amusement dans la voix, Beratorn est toujours aussi stupéfait que le sortilège est marché. Ses nouvelles mains descendent ai niveau du bassin, puis des fesses, doucement. Il continue son exploration et ose même aller jusque "ici", il laisse s'échapper un petit "oh" d'étonnement, une nouvelle fois, il y est aller lentement, mais en manquant de délicatesse, il rougit sans essayer de le cacher, il a découvert encore une fois un point de sensibilité. Il remonte ensuite jusqu'au visage et ôte l'épaisse capuche noire, il se dirige vers le miroir, tout en gardant à l’œil son corps d'origine, et se regarde plus en profondeur. Ses nouveaux yeux se baladent partout sur le reflet du corps féminin, décryptant à la fois la tenue et les formes charnelles.

-Maintenant, arrêtez vos âneries, et rendez-moi mon corps... C'est mon outil de travail, j'en ai besoin...

Ignorant la demande, Beratorn part sur un autre sujet.

-Si j'en crois votre taille et votre métissage, vous êtes comme moi, une sang mêlé...?

Après ces paroles, Beratorn s'occupe un peu plus du visage, passant ses mains sur les joues, le nez et la bouche, un visage fin et harmonieux, en regardant son reflet dans les yeux, il en viendrait presque à avoir oublié qu'il a échangé de corps, étant donné la détermination du regard. Il joue avec les yeux, les ouvres, les fermes, tente d'adopter plusieurs expressions, mais rien n'y fait, le regard rouge reste toujours aussi "indépendant". Il tape ensuite du poing dans son autre main, comme si il avait eut une idée, il commence à prendre diverses poses devant le miroir, certaines osées, d'autres vulgaires, des modestes, des sérieuses, voir carrément certaines, sexy. Ayant finit de jouer comme un enfant avec une nouvelle attraction, il se dirige vers le sac de son corps d'origine pour y prendre quelques souverains.

-Pour répondre à votre précédente affirmation, que je le veuille ou non, nous allons devoir rester ainsi au grand minimum une heure, le temps que les âmes se mettent correctement en place et trouve leur position, vous voyez? Ne m'en voulez pas, j'y ai étais obligé, je n'aller quand même pas me laisser tuer?

"Elle" ouvre ensuite la fenêtre, la lune a passée la moitié du ciel, les lieux ouvrant tôt commencent à émerger, de rares personnes commence à sortir dans la cité.

-Je ne sais pas ce que vous comptez faire, moi, je vais peut-être aller ré-hausser votre karma, et vous m'en excuserez, mais je compte aussi un peu en profiter!

Sourire mesquin aux lèvres, "elle" saute par la fenêtre, attendant que les gens ne soient pas présent, et retombe tel un félin sur ses pattes. En temps normal, même son corps d'origine lui permet cela, mais pas avec autant de force et de facilité, le sang drow dans les veines apporte vraiment une grande tenacité. "Elle" commence à, dans les rues, marcher, capuche relevée, ne faisant pas attention si "il" la suivait. "Elle" croise un enfant bien mal habillé sur un bout de pavé, assis, demandant monnaie, "la" sang mêlé lui tent alors un souverain, lui permettant, pour quelques jours, de s'acheter à manger.

Toujours "insouciante", la nouvelle demi drow marche lentement vers une source publique dans l'intention de s'y baigner...

-Si j'en crois votre taille et votre métissage, vous êtes comme moi, une sang mêlé...?

Cérya ne répondit pas à la remarque de l'étranger. Il était évident qu'elle était une sang mêlée, mais pas des mêmes origines. Et pourquoi était-il si curieux ? Avoir son corps ne lui suffisait pas ? Déjà qu'il s'amusait un peu trop au goût de la Semie, voilà qu'il lui pose des questions personnelles, et qu'il se croit tout permis avec sa nouvelle possession !

Commençant à perdre patience, ''il'' s'installa à nouveau sur le lit en croisant les bras, faisant la moue, pendant que son hôte faisait mumuse devant le miroir. Un vrai gamin. Si un jour on lui avait dit que cela lui arriverait, la demi-drow ne l'aurait jamais cru ! Et comme si ça ne suffisait pas, ''elle'' lui apprend qu'ils sont coincés ainsi pour une bonne heure au minimum, tout cela parce qu'il pensait qu'elle aurait pu le tuer.

« Ecoutez, si j'avais voulu en finir avec vous, ce serait déjà fait. Et au lieu de laisser place à la discussion, vous m'ensorcelez sans crier garde ! » s'exclamait-elle pendant qu'il trifouillait dans ses affaires, comme s'il ne l'écoutait pas plus que ça.

Alors qu'elle grommelait toujours, lui, n'arrêtait pas de se mouvoir pour finir par ouvrir la fenêtre. Que comptait-il faire ? Cérya releva la tête et prit un air encore plus sérieux. Le double regarda la ruelle un instant, et se retourna pour lui sourire faussement. Cérya fronça les sourcils, dubitative. Mais ''elle'' ne perdit pas un instant et sauta !

D'un bon, la tueuse se leva et se dirigea vers la fenêtre, cherchant du regard celui qui avait emprunté son corps. ''Elle'' n'était pas mauvaise et avait su se rattraper avec aisance. Voulant la suivre, ''il'' commença à prendre appui sur le rebord, puis s'arrêta net. Non, ''il'' ne pouvait sortir dans pareille tenue ! Prestement, ''il'' se jeta sur les affaires du sang-mêlés laissées là, trouvant le strict minimum à mettre : un chemisier, un pantalon, et des bottes. Le reste ne lui servirait à rien. Son sac était bien rempli, pleins d'équipement, que ce soit des écrits ou des armes. Il semblait être un aventurier dans l'âme. Ayant enfilé les quelques habits choisis, elle sauta à son tour par la fenêtre, mais avec moins d'agilité qu'à son habitude. Ce corps était bien plus grand et moins souple que le sien. ''Il'' fit une roulade pour amortir sa chute, et se redressa indemne, tout en regardant aux alentours où était passée l'usurpatrice. Au loin, ''il'' devinait la démarche et l'allure de son propre corps en l’apercevant à l'autre bout de la rue. Où est-ce qu' ''elle'' allait comme ça ?

Se hâtant, le nouveau demi-elfe emboîtait le pas pour la rejoindre rapidement. Attrapant son bras avec une certaine poigne, ''il'' l'arrêta dans sa promenade et l'attira vers ''lui'' pour la plaquer contre un mur. Ce corps-là était plus grand que celui d'origine, et elle le regardait donc encore de bien plus haut qu'à son habitude. Elle plongea ses nouveaux yeux bleus dans les siens. C'était étrange comme sensation, se contempler soi-même, elle qui n'avait jamais pris le temps d'admirer ses propres yeux écarlates, si troublants. Puis, elle prit la parole :

« Ecoutez... Nous sommes partis sur de mauvaises bases... ''Il'' souffla un coup avant de reprendre : Puisque nous sommes bloqués chacun dans le corps de l'autre, pourquoi ne pas repartir à zéro ? Je vous laisse le loisir de vous amuser, dans la limite du raisonnable, et à condition de rester sous ma surveillance, le temps que vous puissiez inverser le sort, non ? »

''Il'' ne la lâchait pas, attendant une réponse positive de sa part, mais reprit vite son petit monologue :

« Et j'ignore comment je dois vous appeler, l'étranger. Avez-vous un nom, ou devrais-je vous en désigner un ? »

-Puisque nous sommes bloqués chacun dans le corps de l'autre, pourquoi ne pas repartir à zéro? Je vous laisse le loisir de vous amuser, dans la limite du raisonnable, et à condition de rester sous ma surveillance, le temps que vous puissiez inverser le sort, non?

Elle qui, avant, se montrait froide et silencieuse, cherche maintenant à négocier en allant dans le sens de Beratorn, se trouve t-elle déjà dans ses derniers retranchements? Elle semble tenir à son corps, plus que ce qu'elle ne le laisse entendre. La "nouvelle demi drow" voit que son corps d'origine est troublé par le regard écarlate, en a "t-il" conscience? Tomber sous son propre charme serait un comble, l'âme pilotant le corps de'homme est peut-être féminine, mais les hormones, elles, sont bien masculines, c'est peut-être pour ça que Beratorn, à l'inverse, dans ce corps féminin, aime jouer et profiter, sans vraiment être "gênée".

-Et j'ignore comment je dois vous appeler, l'étranger. Avez-vous un nom, ou devrais-je vous en désigner un?

La nouvelle sang mêlé s'amuse de plus en plus, ce qui, à la base devait être un simple retournement de situation s'avère devenir un jeu hasardeux, imprévisible, passionnant, et avant tout, dangereux "elle" décide de stimuler le corps de son "opposant", si l'âme ne peut pas être manipulée, la chair elle, peut être amené à être incontrôlée, excitée, ou amusée, ce qui laisse l'esprit et les pensées en proie à être embrumées.

-"Etranger"? C'est plutôt "étrangère", vous ne pensez pas? Pour le nom, pourquoi ne pas me donner le vrai? Au point où nous en sommes, ça ne fera qu'ajouter une touche de réalisme bienvenue!

Soudain, une torche approche, un garde se pointe devant les deux individus, ne distinguant pas ce qui se passe exactement, il tire son épée et approche doucement.

-Que faites vous ici, si tôt le matin...?

"La demi drow" profite de la confusion pour, de sa seconde main, saisir la tête de "Beratorn" et l'embrasser réellement. "Elle" colle sa poitrine contre le torse de "l'homme" et lui caresse les cheveux tout en "le" regardant dans les yeux, les hormones vont-elles commencer à s'agiter? Le garde, confus de gêner un "couple nocturne" s'éloigne en s'excusant. "La" sang mêlé continue son petit manège quelques instants après le départ du garde, peut-être est-ce à cause de disposer d'hormones féminines, mais ça à l'air de lui plaire.

-Vous ne vous y attendiez pas, avouez que vous avez aimé!

Dit-"elle" sur un ton quelque peu provocant. Continuant le jeu des câlins et des caresses, "la" demi drow en va jusqu'à oser descendre la main à l'entre jambe, commençant un semblant de massage [hrp: Là dessus, je te laisserais décrire toi même], Beratorn connait son corps et sait ce qui le fait rêver. Au moment opportun, "la" demi drow sert "l'engin" afin d'affaiblir "le semi elfe" et de se dégager de son emprise avant de s'éclipser derrière "lui". Pendant le mal-être de son partenaire, "elle lui susurre à l'oreille.

-Vous, vous vous appelez Beratorn!

"Elle" s'en va ensuite sans se cacher vers les premiers bains désirés, avec toujours de la monnaie à dépenser. A destination, elle paie son entrée et rejoint une salle au hasard. L'endroit dispose d'un miroir, d'un étendu avec deux serviettes et d'un placard. "La" demi drow commence alors a doucement se déshabiller, sans regarder, elle met ses vêtements dans le placard pour ensuite tomber nez à nez devant le miroir. Un reflet montrant une jeune femme ravissante, généreuse et métissée se présente, Beratorn reste un instant à contempler ce qu'il voyait pour la première fois de sa vie. Après une intense rougeur et avoir manqué plusieurs fois de baver, "la demi drow" enfile une serviette autour de la taille, sort, ferme la porte, regarde le numéro et s'en va rejoindre les bains.

A destination, "elle" se glisse dans une eau chaude et mousseuse, cinq personnes sont déjà présentent, trois femmes discutant de leur maris respectifs, de leurs enfants, comparant beautés et poitrines, et, de l'autre côté du bassin, deux hommes étant là, pour une raison évidente, relooker les jeunes filles venant se baigner. "La demi drow" commence à se diriger vers le groupe de jeune femme. Celles-ci la voit arriver et semblent prête à l’accueillir dans leur discussion d'été.

-"Etranger" ? C'est plutôt "étrangère", vous ne pensez pas ? Pour le nom, pourquoi ne pas me donner le vrai ? Au point où nous en sommes, ça ne fera qu'ajouter une touche de réalisme bienvenue !

« De...réalisme ? » s'étonnait-''il''.

Sérieusement ? L'ancien demi-elfe était on ne peut plus amusé de la situation, contrairement à l'ancienne demi-drow qui était toute déboussolée. Au même moment, un garde les interpella, se demandant qui faisait quoi dans les ruelles sombres de la ville. Alors que Cérya tourna la tête vers l'humain, l'aventurier profita de l'occasion pour saisir sa tête et l'embrasser contre toute attente. Les yeux ronds, ''il'' ''la'' fixait, sans répondre à son baiser les premières secondes. ''Elle'' ne s'arrêta pas là, passant ses mains dans ses cheveux, se collant davantage contre ''lui''. Avec l’engouement de la nouvelle demi-drow, ''il'' commença à se laisser faire, juste avant qu'elle ne mette fin à tout ce cinéma.

''Elle'' le provoque. ''Elle'' s'amuse avec ''lui''. ''Elle'' reprend le jeu. Cérya est perdue. Ce demi-elfe ne semble pas prêt à s'arrêter là, allant jusqu'à poser sa main à son entrejambe. ''Il'' a un sursaut. Quelle drôle de sensation, totalement inconnue et nouvelle. ''Il'' ne sait pas quoi faire, ni quoi dire. Là, de suite, ''il'' a juste envie de ''la'' prendre et de ''la'' jeter à terre pour lui remettre les idées en place. Mais ''il'' n'ose pas, la Semie ne veut pas blesser son propre corps, et puis, personne ne sait comment ''elle'' réagirait face à ça. Du coup, ''il'' se laisse faire, se mordant les lèvres pour prendre sur ''lui'', relâchant son étreinte. Il a raison, elle aime ça. Mais elle est bien trop fière et trop terre-à-terre pour se l'avouer. Les corps s'attirent très certainement, mais le cœur n'y est pas pour la Sombre ! D'un autre côté, elle comprend bien mieux ce que peuvent ressentir les hommes quand elle agit plus ou moins de la sorte, quand elle les aguiche, quand elle joue avec eux, pour percer leurs défenses et les rendre vulnérables, pour détourner toute leur attention, et ainsi avoir ce qu'elle désire... ou les éliminer sans difficulté, aucune.

Puis, ''elle'' exerce une pression à l'endroit convoité, qui ''le'' surprend davantage. ''Elle'' en profite pour s'échapper sans peine de ''lui'', lui avouant le nom de son corps, et continuant son chemin initial jusqu'aux bains.

« Beratorn... » se dit-elle. Elle se souviendrait de ce nom.

Alors qu' ''il'' ''la'' regarde s'en aller, il se retrouve seul en plein milieu de la rue, excité gratuitement, bredouille. ''Il'' n'avait pas réussi à la garder sous son contrôle très longtemps. ''Il'' soupire. Que c'est dur d'être un homme ! Et puis, ''elle'' ignore toujours son nom. Peut-être qu'elle lui dira, s'il daigne l'écouter un jour.

Finalement, ''il'' ''la'' suit. Il n'y avait pas de raison pour qu' ''il'' n'en profite pas après tout. De son côté, ''le demi-elfe'' se prépare également à se baigner. En revanche, ''il'' essaie le plus possible d'éviter de voir son corps ou son reflet nu, ça ne l’intéresse pas, voire même, ça ''le'' met mal à l'aise. Et comme elle est un homme à présent, c'est tout naturellement qu'elle se dirige vers la gente masculine. Là aussi, elle évite de regarder les autres hommes, gardant ses distances, et gardant également un œil sur la nouvelle Cérya. Les femmes du bain ''le'' regarde, elles chuchotent entre elles, ''il'' a du mal à discerner leurs paroles au milieu des gloussements et de l'ambiance. Quand elle arrive à croiser le regard du fameux Beratorn, c'en est un noir qu'elle lui jette.

Les bourrus présents se rapprochent de ''lui''. Son attention est alors concentrée sur eux, qu'est-ce qu'ils veulent ?

« Hey, t'es nouveau dans le coin ? Comme cette petite-là, c'est ta nana ? »

Faisant de grands yeux d'étonnement, ''il'' secoue la tête, négativement.

« Ah bon ! Bien, ça veut dire qu'on a le champ libre alors. »

Quoi ? ''Il'' a bien entendu ?

« Pardon ? Le champ libre ? Mais... pour quoi faire ? » leur demande-t-''il'' intrigué.

« Fais pas l'idiot, tu vois bien comment elle regarde dans notre direction, elle attend que ça. »
« Ouais, elle va avoir ce dont elle aura le droit ! »

Ils ricanent comme des hyènes. Les pervers ! Et dire que ce n'est même pas pour elle directement, c'est pour ce magicien à la noix. Personnellement, elle ne s'inquiète pas trop, elle sait que son corps est capable de leur mettre une branlée s'ils deviennent trop pesant, mais est-ce que son nouvel hôte saurait faire face à ces gars-là ? Décidément, elle se demande bien dans quoi il va encore les mener.

Prenant son courage à deux mains, ''il'' s'avance vers le clan féminin, mais toujours à bonne distance. Les dames présentent jouent les sainte-ni-touche. ''Il'' n'en a que faire, c'est ''elle'' qu' ''il'' veut.

« Cérya ! » crie-t-il, vers ''la'' demi-drow. Maintenant, ''elle'' connaissait son nom. ''Il'' lui fait signe de s'approcher, ce qu' ''elle'' fait, curieuse par ce qu' ''il'' a sûrement à lui dire.

Face à ''elle'', ''il'' ne dit rien, ''il'' se contente juste de la saisir par la taille pour la coller contre lui. Au diable la gêne, elle connaît son propre corps, et Beratorn aussi, donc pas de surprise de ce côté là. ''Il'' ''la'' prend par le menton, plongeant son regard toujours froid et envieux dans le sien. Elle hésite un instant. Cela serait trop facile, c'est ce qu'il veut, la voir ployer devant lui. De son autre main, ''il'' attrape celles de sa nouvelle prisonnière. Aucune émotion ne trahit son visage. ''Il'' la maintient ainsi un instant. Si ''elle'' ouvre la bouche, ''il'' la fera taire à sa manière. 'Il'' attend. Quoi d'ailleurs ? Cérya elle-même ne sait pas vraiment. Elle sait juste que tout le monde les regarde. Et c'est ce qu'elle veut. Faussement gênées, les dames quittent le bain. Les hommes quant à eux hésitent, mais à nouveau un regard noir de la part du nouveau demi-elfe les fait vite déguerpir. Ils ne sont plus que tous les deux maintenant.

''Il'' la relâche alors et la repousse.

« Maintenant rentrons. Tu vas nous causer des problèmes si tu continues comme ça... La discrétion, tu connais ? » objecte-t-''il''.

-Maintenant rentrons. Tu vas nous causer des problèmes si tu continues comme ça... La discrétion, tu connais?

"Cérya" sourit, son opposant commence à "la" tutoyer, même si c'est son corps, c'est là, une nouvelle familiarité, "la" demi drow gagne peut-être du terrain. Pour "la" sang mêlé, le jeu continue, là où c'était à la base un simple retournement de situation suivit d'une correction, c'était devenu une attraction, une raison, presque jusqu'à en devenir obsessionnel, pervers. "Elle" commence à tourner autour de "lui", délicatement, lentement, avec une démarche aguichante, l'eau est toujours aussi chaude et mousseuse, des vapeurs s'échappent et viennent se coller sur quelconques carreaux.

-Allons, les entrées ont étaient payés avec mon argent, pour tout les deux, nous pouvons bien rester encore un peu. Et de quels problèmes parlez vous? Je ne suis qu'une jeune femme venant prendre un bain très tôt le matin, d'autres le font.

"La" sang mêlé continue son jeu en tentant maintenant un peu de psychologie inversée, en parlant comme si ce corps lui appartenait, son but reste inchangé, pousser "Beratorn" dans ses limites, jouer avec "lui", voir jusqu'où il peut aller. "Elle" continue de tourner, le regard rouge plongé dans les yeux bleus, avec indépendance et fierté, "elle" le touche, le frôle et le caresse de temps en temps en passant à côté, "il" ne devrait pas tarder à craquer. Même si la fierté masque les envies et la personnalités, plusieurs petites failles se sont déjà montrées. "Cérya" continue de jouer et de s'amuser, sur le côté, "elle" voit quelques huiles pour le bain, d'autres pour le corps, de quoi, dans l'action actuel, se laisser pimenter. "Elle" ouvre un flacon, saveurs exotiques, de fraîches fleurs d'été, ce que son corps d'origine préfère. Le liquide déversé, sa peau devient brillante et encore plus attirante, une mise en forme avec la mousse, une gestuel adapté et le tour est joué.

-Laissez vous allez... Nous sommes seuls ici, et ce n'est pas tout les jours que vous avez pareil opportunité...

Aucune citation d'individu, juste des affirmations, si la propriétaire du corps d'origine, sur son identité, une seconde hésite, le tour est joué, et les hormones seront lâcher. Le corps masculin doit bouillonner, il est temps d'essayer de l'achever et de le laisser presque se déchaîner. Le véritable Beratorn sait bien que ce jeu est véritablement dangereux, mais c'est pour lui une façon de corriger la femme qui aurait pu potentiellement l'assassiner, tout en profitant de cette nouvelle expérience qu'il ne vivra que rarement dans son existence. "Cérya" se rapproche de nouveau de "Beratorn", laissant l'aspect attirent jouer sur la scène et l'odeur exotique, dans ses pensées, pénétrer. "La" demi drow continue de jouer avec la mousse, la mettant en scène, comme pour caché un fruit à la fois interdit et désiré. "Elle" arrive derrière lui, poitrine collée sur le dos, mains sur les épaules, souffle doux dans la nuque.

-Allez, je sent "votre" corps bouillonner, ne le cachez pas... Vous êtes excité... Avec combien de femmes avez vous pu... Je ne vous plais pas...?

La fausse Cérya continue de jouer avec la psychologie inversée, sans savoir si cela va réellement marcher, mais peut-être, un minimum, le doute sera semé... Le temps passe, la première heure est terminée, si le véritable Beratorn le veut, à nouveau, ils peuvent échanger, mais ça, Cérya en a t-elle seulement idée? Quoi qu'il se passe, Beratorn devrait toujours avoir le maître mot, lui seul, peut importe les arguments, peut importe le chantage, peut importe les compromis, peut décider de tout réinitialiser...

"Cérya" continue de jouer, le gérant arrivant, voyant les activités, décide de fermer ce bain précis afin de les laisser en toute tranquillités, une chance pour "elle". La température de l'eau monte peu à peu, est-ce réel ou une simple impression, les hormones féminines commence elle aussi à être en réelle activité, de par le jeu, "Cérya" s'est elle même provoquée. "Elle" commence à, doucement, glisser la main, partant du torse, approchant délicatement "d'ici bas".

-Je peux vous tutoyer...?

Décidément, le vrai Beratorn lui en voulait. Sinon, pourquoi s'acharnerait-il de la sorte ? Qu'a-t-il à y gagner ? Rien, si ce n'est le plaisir de la voir énervée, excitée, torturée. Alors qu' ''elle'' s'amuse à rajouter diverses huiles essentielles dans les bains – très certainement pour évéiller davantage les sens de ces deux sangs-mêlés – à jouer avec la fine mousse qui recouvre l'eau, à tournoyer autour de ''lui''tout en l'effleurant, le nouveau demi-elfe s'efforce à rester zen, à garder le contrôle. ''Il'' évite de la regarder, ne voulant pas croiser son regard joueur et sûre d' ''elle''. Cela l'énerve, ne rien pouvoir faire contre lui car il tient les rennes de la situation. Il essaie toujours plus de la faire craquer, avec des paroles mielleuses, faussement innocentes.

- Laissez vous allez... Nous sommes seuls ici, et ce n'est pas tous les jours que vous avez pareille opportunité...

Ah ça c'est sûr, elle n'avait jamais été dans une telle situation, et elle espérait ne jamais avoir à revivre cet enfer. Car oui, pour elle, c'est un enfer. Cérya ignore si son homologue le sait, ou si c'est dans sa nature d'être si provocateur. Si seulement elle possédait son propre corps, ça la gênerait certainement moins, mais là, elle est dans une enveloppe étrangère, et qui plus est du sexe opposé ; des réactions inconnus se font sur ce corps, des sensations étranges également. Mais le pire, c'est que ce soit son corps d'origine qui arrive à lui faire de tels effets ! Etait-ce normal ? Ou avait-elle un problème ? Cette magie, était-elle courante ? D'autres gens sont-ils déjà passés par là ? Qu'est-ce qu'elle aurait aimé avoir leurs témoignages !

Alors qu' ''il'' cogitait, la fausse demi-drow le surpris en arrivant par derrière, se collant à lui, déposant ses mains sur ses épaules, le souffle doux qui parvenait à son cou. ''Il'' en frissonna.

- Allez, je sens "votre" corps bouillonner, ne le cachez pas... Vous êtes excité... Avec combien de femmes avez vous pu... Je ne vous plais pas...?

Pour sûr, son corps était en ébullition, comment pourrait-''il'' faire l'ignorant devant une ''telle femme''. Sans prétention, le corps initial de la Sombre avait de quoi plaire, et Beratorn l'avait bien compris.

« Me plaire ? Dans ces conditions, c'est plus complexe que ça... »

Ah, le gérant arriva, Cérya pensa enfin que sa torture allait cesser, mais non, tout ce qu'il fit, c'est les laisser tranquille, en fermant le local aux autres potentiels clients. Tout le monde était contre elle !

Puis, ''il'' sentit la main de ''la belle'' revenir à la charge sur son bas-ventre, descendant encore dangereusement. ''Elle'' lui demande si ''elle'' peut le tutoyer. Ma foi, au point où on en est...

« Fais comme bon te semble... que veux-tu que je te dise. Je ne sais pas ce que je t'ai fait pour que tu joues avec moi comme ça, mais toi seul(e) a le pouvoir... »

''Il'' abdique. ''Il'' attrape sa main baladeuse, tire ''la semie'' vers lui, et la retourne dos à lui. ''Elle'' peut sentir sa virilité contre ''elle'', pendant qu'une main se promène sur son épaule, descend le long de son bras, doucement mais certainement. Elle voit d'ailleurs ces mains qui ne sont pas les siennes, des mains d'hommes, mais point bourrues, fines telles celles des elfes. De l'autre main, ''il'' dégage la nuque de ''Cérya'' amenant les cheveux de l'autre côté du cou, ''la'' surplombant de par sa taille, elle peut admirer sa propre silhouette, ses formes charnelles mais pas exagérées, une harmonie quasi-parfaite, si l'on met de côté ces petites oreilles pointues. Non, elle n'aimait pas ce côté drow. C'était une vue objective, qu'elle n'a jamais eu sur elle-mêle de la sorte.

''Il'' arrête la course de sa première main au niveau du poignet, puis se glisse sur le ventre de la fausse Cérya, qui est toujours de dos, se laissant faire gentiment. ''Il'' remonte lentement vers la poitrine. Connaissant parfaitement son corps, ''il'' ne fait qu'effleurer le galbe de ses seins, les attrapant parfois à pleine main, pour les malaxer délicatement, tandis que sa deuxième main se perd sur les hanches, toujours de manière douce. ''Il'' l'agrippe, rapprochant encore plus leurs corps, la serrant fort contre ''lui''. Son souffle est toujours régulier, elle est calme, maintenant qu'elle a accepté la situation, elle est plus à même de répondre. ''Il'' rapproche ses lèvres de son oreille.

« Tu es content ? Que dois-je faire à présent... ? » lui susurre-t-''il'' avant de lui mordiller un peu la pointe de l'oreille.

La fierté de la véritable propriétaire est maintenant assez ravalée, elle à céder et commence à bouger et à se laisser aller. Les deux individus sont tranquilles dans ce grand bain chaud, "l'homme" retourne "la belle" de façon à être derrière elle, il se colle à son dos, laissant tout se toucher. "Le" demi elfe commence à la caresser, la main baladeuse démarre du bras, redescend vers le poignet, passe délicatement et remonte à la poitrine commençant divers jeux, la seconde main est posée sur les hanches. Malgré "elle", "Cérya" rougit de nouveau et laisse s'échapper de discrets petit cris.

-Tu es content? Que dois-je faire à présent...?

"Le" sang mêlé" commence à lui mordiller l'oreille, le jeu a assez duré, il est temps pour Beratorn de retourner dans son corps d'origine sans trahir ses intentions, la véritable Cérya pourrait voir là une opportunité direct de se venger et très facilement retarder le nouveau transfert, une fois chauffée, aller jusqu'à commettre un viol, personne ne pourrait savoir ce qui s'est passé, et dans le pire des cas, c'est Beratorn qui serait accusé. "La" demi drow va donc continuer lentement le jeu, en tentant tout de même de limiter la chose afin de ne pas voir ce corps se retrouver enfanté. "Elle" se retourne, main sur celle de "l'homme", le regardant dans les yeux.

-Laisse ton instinct te guider, tu n'as pas besoin de moi pour savoir quoi faire, ne sent tu pas "ton" corps vouloir agir presque seul? Sauvagement? Cependant, vas-y lentement, où serait le plaisir sinon...?

"Cérya" continue de parler de manière sensuelle, "elle" se colle à "lui", se servant de "l'épée dressée" comme support, s’asseyant dessus comme on le ferait sur un tabouret. "Elle" continue de se rapprocher de "lui", poitrine à nouveau contre le torse chauffé, "elle" lui passe les mains derrière le dos, le touchant doucement de temps en temps, commençant à préparer les signes du sortilège, discrètement, le regard écarlate toujours plongé dans les yeux bleus océan.

Les caresses continuent dans les deux sens, alors que le rituel est presque terminé, "Cérya" est interrompu par une nouvelle sensation, le regard étant conseillé, mais pas obligatoire pour le sort, elle baisse les yeux, plus bas, elle voit que son support n'est plus sous, mais dans "elle", en relevant la tête, "elle" peut voir "l'homme" sourire pleinement, excité, aurait-"il" cédé au côté masculin? Ou est-ce simplement une action de vengeance préméditée, qu'il soit naturel et corporel, ou que se soit simplement de regagner sa fierté d'être en position autoritaire, un plaisir est présent.

Déconcentré(e), "Cérya" tente de "le" calmer doucement. La sensation est nouvelle, très loin de ce qu"'elle" pouvait imaginer, une légère douleur "qu'en temps normal", "elle" n'aurait jamais du avoir à ressentir, des impressions indescriptibles, des chaleurs, des gémissements étouffés au possible, et bien entendu, une part de plaisir malsain étant donné la situation.

-Pas si... Vite... Haaa... Et moins... Bru... tal...

A l'inverse, les gestes s’accélère, une nouvelle fois, est-ce le corps ou l'âme qui agit? Un surplus déclenché du fait de l'avoir trop provoqué et excité, ou un sentiment de vengeance exercée? Seule la véritable Cérya le sait.

Le contact visuel étant parfois perdu, les signes quelques fois interrompu, "Cérya" a du mal à lancer son sort. Étrangement, une fois les préparatifs terminés, rien ne se passe, le regard est pourtant plongé, les gestes, bien qu'interrompu ont été correctement effectué, alors pourquoi, alors que le contact physique est présent, l'échange ne se produit pas? Soudain, une idée germe dans l'esprit du vrai Beratorn, le fait est que le contact physique était déjà présent avant le lancement de la magie. "Elle" ne voit qu'une solution présente pour parfaire le rituel, continuant de jouer la comédie de la satisfaction et du plaisir, étant un semblant perturbé(e) et écœuré(e) intérieurement, "Cérya" se lève "sensuellement" afin de sortir "l'épée du fourreau" pour ensuite directement "rengainer", c'est dans un dernier petit cri que le sort daigne enfin se lancer.

Comme la première fois, les deux être ne bougent plus, le temps pour eux, est figé. Le même voyage se fait, et les deux individus retrouvent leur place respectif, leur corps véritable. Tout de suite, Beratorn se "désengage" de la situation actuel, ne voulant faire plus de mal qu'il ne l'avait déjà fait.

-Wooh! Je ne penserais pas que tu irais aussi loin, enfin, j'ai peut-être un peu poussé...!

Beratorn, de retour "chez lui" se gratte l'arrière de la tête, un semblant gêné, s'attendant à une vengeance certaine de Cérya, il reste sur ses gardes tout en laissant s'échapper, malgré lui, un petit rire amical.

-Avant de vouloir me tuer, réponds franchement, c'était comment? C'est pas une expérience que l'on vit tout les jours, n'est ce pas?

''Elle'' lui demanda de céder à ses instincts, qu' ''il'' n'avait pas besoin de lui demander son avis. Soit, ''Il'' la prit au mot, et alors qu' ''elle'' continuait à lui parler, à se coller, à être concentrée à autre chose, le faux Beratorn en profita pour se glisser doucement en elle, lentement, comme ''elle'' le recommandait. La fausse Cérya fût surprise cependant. Qu' ''elle'' ne dise pas qu'elle ne s'y attendait pas, après toute cette ardeur qu' ''elle'' avait fait naître en ''lui''. Non, ''il'' n'hésite pas. ''Il'' n'y réfléchit pas ni ne se pose la question. ''Il'' se laisse guider par son instinct, ses désirs. Cela lui fait bizarre, c'est comme si elle se prenait elle-même. Mais ce n'était pas désagréable de son côté, ce corps masculin, ces sensations tellement différentes, elle pourrait y prendre goût, être ce membre qui donne du plaisir naturellement. Est-ce cela, d'être un homme ?

''Il'' continue ses caresses, ici et là, ''il'' la perturbe on dirait. Si elle avait su, elle l'aurait peut-être pris bien plus tôt...

~

Sans prévenir, le rituel était fait. Un instant pour se remettre, Cérya remarqua à présent qu'elle avait récupéré son corps. Quel soulagement ! Elle ne pensait pas qu'elle pouvait être aussi contente d'être elle-même. Quand les deux sangs-mêlés reprirent leur esprit, Beratorn se retira rapidement et prit ses distances à son tour. Il semblait gêné de la situation. C'était bien curieux, après tout ce qu'il avait fait depuis cette nuit ! Ou peut-être devinait-il le courroux de la demi-drow qui était bien plus que naissant.

-Avant de vouloir me tuer, réponds franchement, c'était comment ? C'est pas une expérience que l'on vit tous les jours, n'est ce pas ?

Avant de répondre, elle regarda ses mains, oui, c'était bien les siennes. Elle tata rapidement ses seins, les sensations étaient là aussi, et son corps était encore bien échaudé. Tout comme celui de son ancien alter ego, toujours vif et réactif. Lui lançant un regard de braise, un petit sourire s'esquissa au coin de ses lèvres :

« Que suis-je censée faire de toi, maintenant ? »

Elle n'était pas certaine de ce qu'elle entendait par là. Mais elle était persuadée qu'il n'aurait probablement pas envie de le savoir, comme elle s'en convainquit en se rapprochant de lui et lui attrapant les deux mains, entrelaçant ses doigts avec les siens. Il était bien plus grand qu'elle, mais il ne s'attendait probablement pas à ça. Aussi puissamment qu'elle le put, elle tira sur ses bras pour le faire venir à elle, voire perdre un peu l'équilibre, de manière à ce qu'il se retrouve un peu en appui sur elle, elle qui avait reculé jusqu'au rebord en marbre des bains.

« Je ne te tuerai pas, pour l'instant. Mais je vais te faire partager une toute autre expérience... »

Il ne sait certainement pas si la Sombre est simplement en train de jouer avec lui, telle une petite vengeance personnelle, ou si elle cherche effectivement davantage, désirant donner suite à leurs premiers ébats avortés.

Un étrange sentiment lui tourna l'estomac alors qu'elle prenait les devants. Cérya n'avait pas besoin de réfléchir pour devenir ce que souhaitaient ses amants. Mais ce n'était pas ce qu'elle voulait, là. Ce n'était pas du travail. C'était de la détente, du plaisir. Un instant où elle ne devait être qu'elle. Un instant comme elle n'en a plus eu depuis des lustres... Mais ce demi-elfe, était-il vraiment celui qu'elle voulait ? Ou était-elle surtout rongée par l'envie de le punir à son tour, qu'il succombe à ce petit jeu comme il l'avait fait succomber auparavant ? Que ce soit lui, ou elle, étrangement, c'était toujours ce corps féminin qui avait le dessus, qui tenait les rênes, qui dominait, qui savait ce qu'il voulait.

Quand bien même il serait le premier à s'offusquer, la sang-mêlé plongea donc ses prunelles écarlates dans celles d'azur du demi-elfe, laissant de côté toute réflexion. Elle laissa son corps prendre le dessus, car c'était le sien, car elle savait ce qu'elle faisait. Ses mains se posèrent de part et d'autre du visage de Beratorn, caressant son front, ses joues, puis descendant sur son cou qu'elle enlaça délicatement de ses doigts agiles. Elle le contemplait d'un regard froid malgré toute cette chaleur. Elle jeta au diable les derniers fragments de pensée cohérente et posa, d'abord doucement, puis avec de moins en moins de prudence, ses lèvres sur celles de son compagnon, sa langue s’immisçant dans sa bouche, pour lui rendre ce baiser volé quelques heures plus tôt, n'hésitant pas longtemps avant de descendre ses mains sur son torse, y plantant ses ongles avec une certaine force quitte à le faire couiner gentiment, puis elle parcouru tout son buste et son dos de cette manière. Elle voulait simplement sentir sous ses doigts la peau chaude et mouvante, légèrement musclée, savourant cette imperfection, la cicatrice qui le traversait, de son épaule à ses cotes.

Puis, elle s'éloigna quelques instants, quelque peu haletante suite à ce baiser langoureux. Elle se demanda alors si elle avait mal compris. Si elle se fourvoyait. S'il la repousserait. Après tout, n'était-ce pas impossible, en l'état ? Mais elle arrêta à nouveau de réfléchir, elle eut envie de tirer sur sa chevelure d'ébène, de le plaquer contre elle et prendre son dû, brutalement. Mais elle se contenta de faire courir ses mains sur le long de ses flancs jusqu'à son fessier. C'était difficile de ne pas être la femme de main aventurière, la voleuse, l'assassin, qui prenait sans demander.

Le Semie garda le regard fixé sur le visage de sa proie, en se demandant qui elle était censée être, ce qu'elle était censée être, à cet instant. Elle ne pouvait pas être aussi violente qu'elle le désirait. Après tout, le demi-elfe n'avait fait que se défendre contre son attaque. C'était plus ou moins légitime, et il lui a rendu son corps finalement. Elle prit une profonde inspiration, ferma les yeux, rechercha au fond d'elle l'enfant qu'elle avait assassiné quand elle perdit la seule personne qui avait à jamais compté pour elle.

Lorsqu'elle rouvrit les paupières, ses prunelles n'étaient plus exactement aussi dures qu'auparavant. L'ironie de la situation ne lui échappa pas. Tout comme l'absence première de réaction du demi-elfe. Un éclair de doute passa dans son regard voilé, fort heureusement dissimulé, jusqu'à ce qu'enfin il réagisse comme elle l'avait attendu. Espéré.

Contre toute attente, là où Beratorn pensait se prendre une sacré correction pour avoir remit en place la fierté de Cérya, pour l'avoir manipulé, l'avoir poussé à bout, l'avoir forcé à commettre quelque chose que la plupart des gens jugeraient contre nature, elle l'a accepté. La belle décide de reprendre le jeu là où il a été stoppé, jeu qui, une fois le retour à la normal paraissait encore une fois pour s'amuser, semble maintenant devenu sincère, la sombre aurait-elle craquée? Le semi-elfe ne l'aurait jamais pensé.

Elle l'attrape et, à la fois par se force de demi drow, mais aussi par délicatesse, le plaque contre elle, sur un coin en marbre du bain.

-Je ne te tuerai pas, pour l'instant. Mais je vais te faire partager une toute autre expérience...

Beratorn s'interroge sur le sens de cette affirmation, l'hypothèse la plus plausible était que la jeune femme voulait encore quelques instants en profiter avant de l'achever, dans un sens premier de la phrase du moins, dans un second plan, un peu plus probable, la sombre provoque à son tour le sang mêlé, que se soit pour continuer à jouer, lui faire payer, ou tout simplement s'accoupler.

Pendant que l'aventurier était perdu dans ses pensées, Cérya en a profiter pour continuer sur sa lancée, elle lui caresse le visage, plongeant son regard dans le sien, puis l'embrassa, à cet instant Beratorn ne sut comment réagir, il se laisse faire, la belle l'agrippe ensuite au niveau du torse pour ensuite passer sur le dos, descendre gentiment le long de la cicatrice, fit une courte pause après le baiser, puis, arriver jusqu'au fessier.

Après quelques instants, Cérya prend une certaine inspiration, ferme les yeux et semble réfléchir, non pas comment le torturer, mais plutôt à une manière de continuer. Elle finit par à nouveau dévoiler son regard, semblant moins "cruel" ou plutôt, légèrement moins indépendant, était-ce là une simple impression du semi elfe? Hésitant, Beratorn tente à son tour d'agir par initiative au lieu de se laisser guider. Ce début de grande plaisanterie était à la base, pour lui, un moyen de remettre la demi drow à sa place, à côté, jamais il n'eut de relation, aussi bien charnel qu'un basique baiser, il saisit sa chance, quitte à en payer les potes cassés.

Il passe ses mains sur son dos, par dessus les bras, il descend prudemment jusqu'au fessier de "sa nouvelle dulcinée". Ses yeux bleus montre son hésitation, il est encore quelque peu choqué de la réaction qu'a pu avoir Cérya face à tout ce petit manège, puis, finalement, laisse partiellement son instinct le guider. Il l'approche à un plus de lui, laissant sa virilité la toucher, sans pour autant de suite entrer. Il la regarde dans les yeux, pose son front contre le sien, tout en remontant une main jusqu'à l'épaule par une caresse en hauteur, son regard montre encore un peu sa peur. Après un très court instant, il pose à son tour ses lèvres sur celles de la demi drow et commence un baiser.

Une fois le lèvres à lèvres terminée, Beratorn remet son front contre celui de Cérya, il prend une expression sincère.

-Je... Ne pensais pas que... Ça se passerait comme ça... Enfin...

Manquant plusieurs fois de bégayer, le demi elfe ne sait pas vraiment comment s'exprimer, il est scindé par l'envie, la découverte, le gêne, les remords, la désolation et l'amour... Il se demande encore si elle lui en veut ou non, si elle fait ça pour jouer ou si c'est sincère de sa part, si l'heure précédente à réveillée en elle une nouvelle passion pour un inconnu.

Alors que la situation est stabilisé, que l'homme, semble t-il, pourrait continuer, voir éventuellement commencer à pénétrer, son visage trahit la peur du futur, non pas de mourir ou d'être blessé, mais de la voir en riant s'en aller.

Cérya savait trop la dominance qui s'exerçait à travers le sexe. Et personne, depuis qu'elle était esseulée, n'avait mérité ce privilège, selon elle.

Elle ressentait avec une précision exacerbée la présence masculine du demi-elfe contre son bas-ventre. Il n'avait pas l'habitude, cela se voyait. Maintenant que ce n'était plus un simple jeu, il perdit tout contrôle sur elle, et au contraire, c'est la demi-drow qui à présent le posséder entre les mailles de son filet. Elle passa une jambe autour de la taille de Beratorn, attendant qu'il la saisisse par la taille pour enfin resserrer son étreinte autour de son bassin. Le regard quelque peu apeuré de l'homme fit sourire gentiment la jeune femme, elle l'embrassa avec délicatesse, comme s'il était fragile. Un murmure s'échappa alors :

« Je te veux réellement, Beratorn... »

Il ne s'agit là encore que d'un début, une ébauche, des prémices, qui ne font qu'augurer de ce qui va suivre. Être complaisante, ne signifiait pas pour autant être passive, comme il n'allait pas tarder à l'apprendre. Ni silencieuse, d'ailleurs.

Elle lui attrapa la main pour la mener à son entrejambe. Il avait furtivement appris à connaître le lieu quand il était dans son corps, mais pas avec ses propres doigts. Ce n'était certes pas la même sensation, mais il était évident que le fait de se promener par là, de la caresser, l'effleurer, puis pénétrer dans son antre humide et chaud l'excitait encore davantage. Il ne fallut guère de temps à la demi-drow avant de commencer à s'exprimer, haletant sous les caresses, d'abord timides, puis se faisant doucement plus enthousiastes de son partenaire. Le bassin de Cérya se mordit les lèvres sous l'invasion de ces doigts inquisiteurs qu'elle avait elle-même menés jusque là.

Et elle-même n'était pas en reste, parcourant sa peau claire et marquée, voire jusqu'à la virilité de l'homme qui semblait déjà apprécier les préliminaires. Elle le prit doucement à son tour, le gratifiant de caresses également. Parce qu'elle savait déjà que lorsque cela serait fait, il ne leur faudrait pas longtemps pour succomber.

~

Ce n'est pas violent, ni à proprement parler brutal. Cela commence plutôt en douceur. Elle est... instinctive, dominatrice. Elle prend son plaisir comme elle l'entend, sans pudeur ni retenue. Elle se fie autant aux envies de son corps qu'aux réactions de celui du magicien. Il semblerait que le plaisir de Cérya participe autant des sensations que Beratorn découvre que des sons qu'il lui soutire : soupirs, gémissements, cris... Délectables échos au plus fort de leur passion partagée...

~

Le sexe n'était qu'un moyen vers une fin. Une fin qui n'était autre que la domination et l'attachement. Elle avait frappé fort. Elle était allée jusqu'au bout du jeu. Et oui, elle ne fait pas les choses à moitié. Quand on la cherche, on la trouve.

Hors du bain, étendue sur le sol trempé, le cœur battant encore un peu trop vite sous l'effort fourni, le souffle court, Cérya sourit. Il s'agissait d'un simple sourire de satisfaction, celui d'une femme, comblée au-delà de toute attente par un évènement à la fois tant attendu et surprenant. Elle tourna la tête vers la grande fenêtre ornée de barreaux stylisés, comme la plupart des demeures de bains publics. Le soleil commençait à montrer ses premiers rayons. Le jour se levait doucement. Puis elle fixa son regard écarlate sur le corps de celui qui est à présent son amant. D'un geste distrait, elle parcourut sa longue cicatrice... Elle en avait quelques unes également, mais tellement infimes à côtés de celle-ci.

Beratorn, quant à lui, pourrait s'interroger sur l'éventuelle signification de ce qu'il venait de ce passer, sur la possibilités de sentiments, partagés ou non, entre ces deux-là. C'était contre toute attente que se déroulement eut lieu.

-Je te veux réellement, Beratorn...

Cette phrase ne cesse de résonner dans le crâne du concerné, même durant les ébats, c'est la première fois qu'on lui dit ça. Lui qui cherche l'amour, en commençant par une plaisanterie de très mauvais goût, l'aurait-il trouvé? Trop simple... Ça lui paraissait trop simple, trop facile, pourquoi diantre une femme de pareil beauté voudrait s'accoupler avec pareil individu, il n'est pas soldat, encore moins noble, ce n'est qu'un aventurier sans toit, vivant sans connaître son lendemain. Il se relève une fois que la belle eut finit de jouer avec sa cicatrice dorsale.

Il marche quelques instants sur le sol un semblant froid et humide, l'air pensant, et s'en retourne s'asseoir auprès d'elle, il pose en premier temps sa main sur les plaques de bois pour ensuite la rediriger vers celle de sa "partenaire", il la regarde dans les yeux.

-Ecoute, je suis conscient que je suis étrange comme bonhomme. Je suis lunatique, je vais penser à faire quelque chose, pour m'amuser, me venger ou je ne sais quelle raison encore, puis, d'autres fois, ça me semblera immoral, voir inhumain.

Il prend une profonde inspiration, se demandant si sa potentielle conjointe comprenait ce qu'il voulait dire, là où il voulait en venir.

-Vous les femmes, aimez jouer avec les hommes, vous pouvez les manipuler à votre guise, et j'avouerais que je ne sais pas si tu me veux vraiment ou si tu me fais croire à tant de sincérité pour dans un premier temps me combler, puis ensuite pour me lâcher et ainsi te venger, je peux le comprendre, c'est ton droit.

Il se gratte la tête de sa main libre, le regard se baladant tantôt dans la pièce, tantôt sur le corps de Cérya pour ensuite revenir se plonger dans le regard écarlate, toujours aussi hésitant, presque apeuré. Il réfléchit encore quelques instants, l'air embarrassé, une nouvelle fois ne sachant pas ce que le futur lui réserve, au fond de lui, il espère que l'un de ses objectif de vie, trouver sa moitié, va se réaliser, mais encore une fois, les récents événements lui paraissent trop beaux pour être vrai, d'autant plus que les circonstances dans lesquelles ils ont eut lieu n'ont rien d'habituel, il espère tout de même secrètement avoir charmé la belle.

Il se relève et, doucement, commence à s'étirer.

-Le soleil se lève... Si tu le permet, je vais maintenant aller me rhabiller, où se trouve mes vêtements?

Il donne la clé de la pièce où se trouvent les affaires de Cérya à la concernée.

-Voici ta clé, la porte se trouve sur la troisième rangée à gauche.

Beratorn commence à marcher, il s'arrête et déclare quelque chose sans se retourner.

-Je... Ne suis pas sur de tout ça, j'aimerais de tout mon cœur que se soit réel, mais il me parait fort possible que tu fasse tout ça dans le but de te venger, je vais maintenant m'en aller sans te regarder, j'attendrais trente minutes dans ma chambre si tu veux me rejoindre, passé ce délai, je reprendrais ma route, en sachant que je me suis trompé...

Le sang mêlé se dirige doucement vers la sortie des lieux, le cœur serré, l'esprit embrumé, regrettant certaines choses qu'il a fait.

Les deux sang-mêlés se regardaient, un long moment, sans rien dire. Les paroles étaient inutiles pour Cérya. Les actes avaient suffit. Mais pour Beratorn, c'en était tout autre chose. Il commença un monologue, en essayant d'expliquer son étrange comportement passé, comme s'il était empli de remords envers elle. Elle l'écoutait, sagement. Quelque part, son orgueil était au beau fixe, le voir perdu de la sorte, on dirait vraiment qu'il avait des sentiments pour elle, une simple inconnue. Mais avec qui il avait partagé quelque chose d'unique, autre que ce moment de plaisir, cet échange de corps, ayant poussé les deux tourtereaux jusque dans leurs retranchements mutuels.

Elle attend qu'il ait fini. Mais elle ne sait pas quoi répondre. Il y a un peu de vérité dans chacune de ses suppositions. On dirait bien qu'il a compris la leçon : jouer avec une femme peut s'avérer dangereux. Autre que le corps, elles savent également manipuler les sentiments, la raison, voire même le cœur. La Sombre n'est pas méchante en soi, mais elle n'apprécie pas les bassesses, comme ce que le jeune homme lui a joué cette nuit. Mais lui non plus n'a pas l'air méchant, c'est bien pour cela qu'elle ne sera pas rancunière.

Se redressant à son tour, elle n'a plus aucune gêne face au demi-elfe et demeure toujours nue, elle désigne l'entrée des bains du bout du doigt.

« J'ai laissé tes affaires là-bas, sur un banc. Elles sont pliées. »

Puis, elle se rapproche du jeune homme pour récupérer la clé de son casier. Il la lui donne sans rechigner avant de commencer à partir. Elle le regarde. Mais il s'arrête. Il a quelque chose à déclarer.

-Je... Ne suis pas sûr de tout ça, j'aimerais de tout mon cœur que se soit réel, mais il me parait fort possible que tu fasses tout ça dans le but de te venger, je vais maintenant m'en aller sans te regarder, j'attendrai trente minutes dans ma chambre si tu veux me rejoindre, passé ce délai, je reprendrai ma route, en sachant que je me suis trompé...

Ainsi, elle en avait la certitude. Elle avait percé ses défenses, atteint son cœur. Comme quoi, les drôles d'aventure vous rapprochent réellement.

Toujours silencieuse, elle le laisse s'en aller. Quant à elle, elle retourne se changer. Ah ! Quel plaisir d'être libre, libre de jouir de son propre corps ! Cérya se rhabille tranquillement, elle enfile ses sous-vêtements, sa tuniques, ses cuissardes, vérifie que ses deux dagues soient toujours là... Oui c'est bon, tout est là. Revêtant sa cape, elle file dehors. Il fait jour ! Il faut qu'elle parte. Comme à son habitude, elle se hisse sur les toits de la ville, pour se poser près d'une cheminée encore fumante de la veille.

La demi-drow a le regard perdu à l'horizon. Elle repense à la proposition de Beratorn. Que va-t-elle faire... ?

~

Il est l'heure, le délai est bientôt écoulé. Elle soupire. Elle retourne à l'auberge. Toujours telle une voleuse, elle débarque par la fenêtre de la chambre du garçon. Ses yeux bleus océans ne semblaient y croire. Il est vrai qu'elle a attendu le dernier moment. S'immisçant dans la pièce, elle attrape la main du magicien, qu'elle met entre les siennes, la serrant fort, tout en plongeant ses prunelles de feu dans les siennes.

« Ecoute Beratorn... Ce qu'il s'est passé entre nous... était réel. Il est vrai qu'au début... Tout découlait de ce petit jeu, que je te rappelle, tu as lancé. Néanmoins... J'ai passé un très bon moment avec toi. J'ai aimé découvrir cette autre partie de toi-même, où tu t'es abandonné à moi... »

Puis, elle le relâche et lui tourne le dos, fermant les yeux.

« J'ignore ce que tu attends de moi... Mais je crains ne pas pouvoir satisfaire ta recherche... Je ne suis pas quelqu'un de bien, contrairement à toi, malgré ta bipolarité... Je ne peux rendre heureux personne... Au mieux, je donne satisfaction aux attentes basiques des hommes, ils sont heureux d'avoir été digne de moi. Mais même ça... Je ne sais pas si j'en suis encore capable. Oh, non, je ne suis pas à blâmer. Comme tu l'as dit, un peu à la légère cette nuit, c'est sûrement là ce que je récolte de mes actions. »

Sa tirade finie, elle laisse échapper un soupir. Va-t-il la comprendre ?

Alors qu'il croyait tout finit, repartir sans un au revoir, sans dire un mot, Cérya se manifeste enfin, elle arrive dans la chambre une ou deux minutes avant la fin du délai donné. Elle s'approche de Beratorn, saisi une de ses mains et le regarde droit dans les yeux.

-Ecoute Beratorn... Ce qu'il s'est passé entre nous... était réel. Il est vrai qu'au début... Tout découlait de ce petit jeu, que je te rappelle, tu as lancé. Néanmoins... J'ai passé un très bon moment avec toi. J'ai aimé découvrir cette autre partie de toi-même, où tu t'es abandonné à moi...

Elle le lâche ensuite et tourne le dos.

-J'ignore ce que tu attends de moi... Mais je crains ne pas pouvoir satisfaire ta recherche... Je ne suis pas quelqu'un de bien, contrairement à toi, malgré ta bipolarité... Je ne peux rendre heureux personne... Au mieux, je donne satisfaction aux attentes basiques des hommes, ils sont heureux d'avoir été digne de moi. Mais même ça... Je ne sais pas si j'en suis encore capable. Oh, non, je ne suis pas à blâmer. Comme tu l'as dit, un peu à la légère cette nuit, c'est sûrement là ce que je récolte de mes actions.

Elle laisse s'échapper un petit soupire et semble méditer. De son côté, le semi elfe est déjà entièrement rhabillé, sa cotte de maille, se tunique noir, son pantalon, ses bottes et ses protections de cuir, il commence à enfiler son équipement. Il laisse quelques instants à la semi drow pour réfléchir, laissant juste le bruit de son épée regagner le fourreau, il fait quelques pas pour rejoindre son sac à dos sur le vieu parquet grinçant sous son poids. A destination, l'aventurier s'arrête devant Cérya, il se tourne vers elle et lui met une main sur l'épaule.

-Tu as peut-être fais de mauvaises actions, mais ce n'est pas pour ça que tu ne peux mériter... Tu peux toujours te racheter, d'ailleurs, tu as laissé filer ta dernière cible non? C'est une chance pour toi d'abandonner ça, de recommencer quelque part.

Il met ensuite sa deuxième main sur l'autre épaule et approche son visage, son expression semble sérieuse et déterminé, quelqu'un de maladroit pourrait prendre ça pour de la colère, malgré l'expression fixe, de files traits de larmes coulent le long des joues du demi elfe.

-Laisse moi te montrer que tu t'es trompé, tu pourrais venir avec moi, nous pourrions voyager sur les routes ensemble, je ne sais pas où tu pourrais être recherchée, mais nous portons une tenue similaire, il n'y a pas à s'affoler, nous pourrions simplement éviter les endroits en question un petit moment.

Il ferme les yeux un instant.

-Pour ton karma, tu pourras, comme moi, parfois aider les gens, de simples petits travaux comme porter des sacs ou escorter des chariots, non seulement tu accomplis de bonnes actions, mais en plus, certaines personnes, malgré le refus, te paieront pour ça. Ensuite, je supposes que comme moi, tu sais chasser et sais quoi pouvoir cueillir en forêt.

Il la sert dans ses bras, un signe qui veut dire "ne me quittes pas".

-Je ne fais que bafouiller, je ne sais pas vraiment quoi dire, il y a trop et peu à la fois.

Il marque une courte pause.

-Si tu veux vraiment quelque chose, alors vas-y... Que te dis réellement ton cœur...? Le miens me dit de ne pas te laisser partir, de ne pas t'oublier et de t'aimer.

Beratorn accroche maintenant son arbalète au sac, le carquois derrière la ceinture, il s'équipe également de sa gourde, sa bourse et enfile sa longue cape noire. Il s'approche maintenant de la sortie, regardant la porte silencieusement, il tourne le visage vers la belle et tend la main, en espérant qu'elle veuille bien le rejoindre plutôt que de continuer à vivre dans son passé. Son expression est toujours la même, sûr de lui et déterminé, mais laissant quelques larmes couler.

Pendant un instant – qui semblait ne jamais finir – ni le demi-elfe, ni la demi-drow ne prononcèrent mots. Elle venait de lui expliquer sa situation, il devait sans doute y réfléchir. Elle attendait une réaction de sa part, dos à lui, et tout ce qu'elle entendit pendant cet ultime moment fût l'épée qui regagnait son fourreau. Beratorn continuait à préparer ses affaires. Puis, il arriva devant elle, posant une main sur son épaule. Elle releva la tête et regarda cette main, qu'elle eut jadis possédée. Il essaya de la convaincre qu'elle avait elle aussi le droit d'être heureuse, d'aimer, lui rappelant d'ailleurs la cible de la nuit dernière qu'elle avait laissé filer, et qui devait être loin à présent. C'était bien rare qu'elle faillisse à son devoir... La deuxième main ensuite se posa sur son autre épaule, un tête à tête commença alors. Cérya regardait le visage du jeune homme, détaillant les moindres émotions que ses yeux – malgré leur air sérieux – trahissaient. De fines larmes trouvaient leur chemin sur les joues du garçon.

-Laisse moi te montrer que tu t'es trompée, tu pourrais venir avec moi, nous pourrions voyager sur les routes ensemble, je ne sais pas où tu pourrais être recherchée, mais nous portons une tenue similaire, il n'y a pas à s'affoler, nous pourrions simplement éviter les endroits en question un petit moment.

Ses paroles lui fendirent le cœur. Si seulement c'était si simple. Il continuait, à lui expliquer sa vision de leur possible avenir ensemble, comment ils vivraient, comme deux aventuriers en fugue, vivant dans la nature, en deux gentilles personnes qui possiblement aiderait certaines gens dans le besoin.

Elle comprend, elle ne dit rien. Il la serre fort contre lui. Elle hésite un instant, puis lui rend son étreinte, elle s'accroche à ses vêtements...

-Si tu veux vraiment quelque chose, alors vas-y... Que te dit réellement ton cœur...? Le mien me dit de ne pas te laisser partir, de ne pas t'oublier et de t'aimer.

A ces mots, elle le serre à son tour, posant sa tête contre son torse. La sang-mêlée est perdue. Il a l'air vraiment sincère... il semblerait qu'elle ait vraiment touché son cœur. Et il est fort possible qu'il soit en train de faire de même. Elle n'avait jamais connu quelqu'un qui pensait à elle de la sorte. Finalement, il la relâche et finit ses derniers préparatifs. Cérya reste toujours aussi silencieuse, elle le regarde faire. Il se dirige vers la porte, marque une pause et se retourne vers elle ; il lui tend la main. Que doit-elle faire à présent ? Tout se bouscule en elle, toutes ses convictions, tout ce à quoi elle croyait. C'était peut-être là l'ultime chance d'avoir une vie à peu près normale, ''stable''. Mais était-elle faite pour ça ? Non, elle ne veut pas de ce sentiment qui envahit son cœur, cela la rend faible, elle n'est plus impartiale, cela brouille son jugement. Elle ne veut pas être contrôlée de la sorte.

Faiblement, elle tend à son tour sa main vers lui, hésitante. Elle le regarde, dans les yeux. Pourquoi la met-il dans cette position ? Elle n'a jamais voulu ça. Et le pire, c'est qu'elle s'en veut également. Au fond, il n'est pas mauvais, bien au contraire. Elle n'aurait jamais pensé que leurs bêtises prendraientt un tel chemin !

Finalement, Cérya rabaisse sa main, serrant le poing. Non, il vaut mieux que ça s'arrête là.

« Beratorn, je suis désolée, lui annonça-t-elle, d'une voix fluette. Je ne te mérite pas. Ne gâche pas ton temps avec moi davantage. Et si les Dieux veulent vraiment qu'on se retrouve, on le saura... »

A son tour, ses yeux laissent échapper une larme. Elle ne veut plus lui faire du mal, et il sera bien mieux sans elle. Se retournant à son tour, elle finit :

« Je veux que tu restes libre. Ne dépend de personne, Beratorn... Même de moi. J'ignore ce qu'est vraiment l'amour. Mais on passé est trop présent dans ma vie. Je ne suis... rien. Juste une femme de main... »

Elle attend dernier instant. Pourquoi a-t-elle l'impression d’étouffer ? Son cœur est lourd, pesant. Non. Elle veut que tout cela s'arrête, ce n'est pas pour elle ! Ce qu'elle aimerait qu'on lui plante une dague en pleine poitrine, pour faire arrêter ce cœur de battre ! Pour qu'il arrête de la faire souffrir.

Enfin, la Sombre s'éclipse comme elle est venue, sautant par la fenêtre. Les gens de la rue ne manquent pas de sursauter en voyant cette Ombre atterrir devant eux, lançant un dernier coup d’œil vers l'auberge. Son regard de braise est comme vide. Elle a éteint ses émotions. C'est plus facile comme ça pour l'instant. Elle subtilise un cheval non loin, et quitte la ville, aussi vite qu'elle le peut...

Alors que la sombre s'apprête à sauter par la fenêtre, Beratorn lui glisse un parchemin plié et un petit paquet dans la capuche, ne se rendant compte de rien, Cérya, une fois en bas, poursuit son chemin rapidement à travers les habitants étonnés de son arrivée par les airs.

Le demi elfe range ses dernières affaires tout en regardant la belle s'éloigner de la ville avec un cheval volé. Son regard est maintenant aussi vide que son cœur, beaucoup de questions bataille au sein de ses pensées, qu'avait-il fait cette nuit là? Pourquoi? Est ce que les choses se seraient passées autrement si il n'avait pas voulu jouer? A t-il fait le bon choix? Aurait-il dut plus insister ou au contraire, ne rien dire? Les larmes coulent toujours, le visage de la demi drow reste encré, il se remémore les précédents instants.

-Je ne suis qu'un imbécile...

L'aventurier laisse la fenêtre ouverte pour aérer, il quitte le chambre, lit fait, descends les lourds escaliers, ignorants les regards des clients et du tavernier, sort de l'auberge et reprend son chemin solitaire sur les routes infinies de ces contrées.

La pluie commence doucement à se lever, le semi elfe l'ignore, ou ne s'en rend pas compte et ne met pas sa capuche, le chemin devient boueux, les cheveux du sang mêlé cache en partie son visage, son visage est mouillé, est-ce la pluie ou des larmes qui ont encore et continuent de couler...

Le parchemin plié:

Cérya...

Si tu peux lire ces mots, c'est que j'aurais échoué,
que je ne serais pas parvenu à te convaincre de rester
à mes côtés. J'ai écris cette lettre avant que tu ne
revienne me voir, alors, je m'excuses par avance si je
radote, dans l’instante, je ne sais pas si je trouverais la
force d'expliquer les mots de mon cœur. Je crois sincèrement
que tu peux trouver le bonheur, que se soit auprès de moi ou
d'un autre, il suffit d'y croire, de le vouloir. Pour le peu que
je te connaisse, pour toi, ces sentiments seront surement
sources de faiblesse et de fragilité, mais tu te trompe, c'est
là une source de force, de vouloir aimer et protéger l'être aimé.
Je ne sais pas où tu va, où tu ira et ce que tu feras, mais
j'espère que tu pourras vivre heureuse et oublier tes douloureux
souvenirs passés. Mes prières iront pour toi, bien que je ne
sois pas spécialement croyant, rien de coûte d'essayer, tu
trouvera avec cette lettre, dans un paquet, une petite
amulette de ma confection, c'est un petit cristal magique
laissant refléter une mèche de mes cheveux, la force présente
à l'intérieur permet à cette petite vie de ne pas s'éteindre.
Je ne te demandes pas de la porter, juste la garder, si jamais
je venais à tomber, au moins je serais toujours à tes côtés, je
l'espère, dans ton cœur, et aussi grâce à ce collier.

Je t'aime, Beratorn.

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