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| La naissance du Prince d'Orient [pv Madeleyne] [RP achevé] | |
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Aedán de Vercombe
Humain
Nombre de messages : 59 Âge : 152 Date d'inscription : 29/07/2013
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 30 ans Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: La naissance du Prince d'Orient [pv Madeleyne] [RP achevé] Lun 2 Juin 2014 - 16:05 | |
| Le nez bas sur l'encolure de son cheval, sa pelisse élimée, qu'il tenait maladroitement contre lui de ses mains engourdies par le froid, crottée d'une boue noirâtre, le cavalier offrait un bien piteux spectacle. Il en allait jusqu'à sa monture, en nage, que l'on devinait prête à rendre son dernier souffle dans l'heure. En cette période de l'année, rares étaient les voyageurs à remonter seul l'Ohin. On avait tôt fait de se faire saigner par quelques vilains affamés en maraude. En témoignait, d'ailleurs, une méchante estafilade à la cuisse droite du chevalier.
Parfois, son coursier s'enfonçait dans une fondrière, ployant dangereusement les genoux, avant de s'en extirper à grand mal. C'est que ce duo, loin de se faciliter la tâche, avait fui le confort des grandes routes au profit des combes humides où la populace, plus éparse, se terrait sous ses masures. On aurait pu croire que le voyageur craignait d'être reconnu, il agissait pareil à un fugitif, avare en paroles, ne prenant jamais la peine de se présenter, et soupçonneux sitôt que l'on s'approchait de lui.
Bien qu'il porta l'épée au flanc, rien ne permettait de le relier à une quelconque maisonnée et n'aurait-ce été pour le faste de sa tenue on l'aurait volontiers pris pour un malandrin dont les comparses avaient été pris.
Ce fut donc ce bien miséreux seigneur qui remonta les allées pisseuses de la puissante bourgade d'Odélian, chassant les marmots à coups de botte, pour en gagner le château. Là, il alpagua le sergent de faction, lui glissant en sus de quelques honnêtes piécettes que le petit-fils de dame Aemone souhaitait être reçu par cette dernière. L'or et la patience aidant, le rôdeur put assister à la valse de quelques pages qui effectuèrent des allers-retours entre la herse et le palais du marquis. Finalement, un serviteur au poil ras et gris vêtu d'une livrée quelconque vint l'informer qu'il pouvait pénétrer dans l'enceinte du castel, sa parente accédait à sa requête.
Par une triste poterne, on l'introduisit dans le principal bâtiment d'habitation où, au terme d'un dédale de couloirs et d'escaliers étriqués, il déboucha dans une petite salle au plafond fort élevé au sein de laquelle une table avait été dressée. Là-dessus, une matelote d'anguilles et des choux braisés n'attendaient plus que les crocs avides du favori de la Régente. Il ne se fit pas prier. Tandis que le mirliflore faisait un sort à ces mets, quelqu'un pénétra dans la pièce, sans parvenir à retenir son attention, toutefois.
"Quoiqu'il semble que nous sommes parfois bien loin de Diantra et son agitation, ton départ pour l'Orient lointain nous a été chanté, Aedán. L'aventure fut bien brève, semble-t-il..." grinça une voix juste derrière le matamore. Se regimbant, le héros en devenir agita bien haut une demi tranche de pain et s'apprêta à fournir une réplique cinglante lorsqu'il avisa son vis-à-vis. Même le plus puissant des hommes demeure un enfantelet face à sa grand-mère. Le jouteur avait beau avoir pourfendu son pesant d'adversaires, s'être illustré dans plus d'une mêlée, il savait que cette femme, en le regardant, voyait encore le bambin qui souillait ses chausses.
Il convenait de soulever, pour sa défense, que la matrone des Ancenis demeurait imposante. Malgré un certain empâtement dû à l'âge, ses yeux encadrés de pattes d'oie brillaient d'une intelligence retorse et d'une autorité qui n'avaient rien perdu de leur superbe. Aussi, ravalant un pan de sa fierté, de Vercombe rétorqua : "Ah douce mère il te faut m'aider, oui-da! Il en va de l'honneur de notre famille! J'ai juré à la Régente, qui me porte en son cœur et que je porte dans le mien, de revenir couvert de gloire de l'Orient lointain mais le bourgeois sournois chargé de mon transport a manqué de m'occire durant la traversée! Je ne puis décemment rentrer ainsi à Diantra, je perdrais alors les faveurs de ma Dame! Ce déshonneur rejaillirait sur nous tous." Le chevalier sentit que sa voix peinait à faire montre de sa fougue habituelle face à cette femme. Epongeant, d'un revers de main, la sauce qui lui poissait la barbe, il conclut d'un air qui se voulait plus convainquant : "C'est pourquoi il faut que tu me fournisses un nouvel équipage et l'équipement nécessaire à ma quête."
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| | | Madeleyne d'Odélian
Humain
Nombre de messages : 37 Âge : 201 Date d'inscription : 27/10/2013
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 20+ Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: La naissance du Prince d'Orient [pv Madeleyne] [RP achevé] Lun 2 Juin 2014 - 16:10 | |
| Les adages et autres apophtegmes de Parcifal de Mirlidou, Le Maître ès Kjall de la fameuse chanson « Mirlidou Licornia », étaient pléthore. Les mères se faisaient toujours un plaisir de les apprendre à leurs enfants dans les situations idoines. Or il existait toujours – toujours – un extrait de la chansonnette au trois mille sept cent quarante-sept vers qui formulait habilement une leçon de vie appropriée à une situation donnée, un vieux vin, un nez intéressant, une nuance de gris, j’en passe et des meilleurs.
Ici la citation la plus à propos aurait été « Remonte ton slibard Lothar !»
Par les Cinq, qu’il avait rapetissé notre Vercombe ! Ce jeune gandin sans le sol s’était de tout temps entiché des parures les plus agréables et la société la plus en vue. Il avait comme tant d’autres mais avec un succès plus notable brillé et, ergo, dépensé sans compter dans toutes les fêtes, tous les tournois.
Aujourd’hui dévorant ses choux le dos courbé sur son ouvrage, il en avait la superbe toute décoiffée. Ses étoffes avaient pris des apparences de loques, le blond cendré de ses cheveux épais, ensemencé par une glèbe drue, omniprésente, s’assombrissait dans une teinte brunâtre. Le vaillant messire, qui n’a jamais été bien gros, avait dû s’émacier lors de sa quête d’orient, à moins que ce ne fût sa barbe hirsute qui soulignait le tableau d’un Aedán métamorphosé plantigrade. En parcourant silencieusement la pièce, la vieille Aemone embrassait d’un regard pensif cette silhouette. Un feu flamboyant et bruyant projetait jusqu’aux plafonds la grande ombre d’un ogre se repaissant de la pulpe de quelque orphelin.
Car l’aspect ensauvagé de notre sigisbée mettait à bas les froufrous et les poses, dévoilant aux yeux débiles de l’aïeule la nature carnassière de la chair de sa chair. La maigreur de ses traits, accentuée par la lumière vibrante de l’âtre, acérait le corps du guerrier, exhibait sa musculature sèche, destinée à l’efficacité. En dresseuse d’enfants rompue à cet art délicat et cruel, la moniale fut saisie d’une bouffée d’orgueil mal placé devant la contemplation de ce spécimen produit par la maison d’Ancenis.
La chouette laissa discourir son petiot avec un aplomb compassé, son regard pers et banal vagabondait du feu au banc où le cul de l’implorant s’appuyait avec reconnaissance. Un moment, elle le déshabilla de pied en cap avec un regard de maquignonne et toujours ce sourire à la fois entendu et mauvais, typiquement Ancenis. Un moment, un servant, Hercyne pour les connaisseurs, esquissa une intrusion. La voix de la vieille moniale souffla une phrase : pas ce vin, l’autre, avant de le renvoyer d’un geste de la main. L’intonation, le timbre était si banal que l’esprit fatigué du chevalier oublia sans effort l’aparté.
Quand il prononça les conclusions de son histoire, Aemone était à un pas de lui. Il devait lever un peu la tête pour atteindre ses yeux et ce sourire de stryge. Alors elle s’approcha encore un peu et fit mine de reposer ses vieilles guibolles en s’asseyant un instant. Le rastaquouère raté s’écarta pour lui faire place. Assis côte à côte, il la dominait à présent. Le rictus de sorcière avait laissé le champ à un grand sourire de vieille mère béate. « Ah mon coquin ! J’en étais sûre. Je te connais comme si je t’avais faite… » Son sourire se pinça ; elle avait presque honte d’user de tels poncifs. Elle décida cependant de persister dans l’outrance et passa une main douce dans la chevelure rugueuse du grand garçon. « Un nouvel équipage… Cà ! Ne te fais pas si sot. Que vas-tu t’imaginer ? Fendre à travers les bois d’Aduram en cette saison ? Tu sais comme c’est barbant, cet endroit. Tu n’y ramèneras que la gale, crois-en quelqu’un qui sait, et même si tu t’en sors sans mourir d’ennui, quoi ? De l’autre côté, ce ne sont que des glébeux qui ne parlent pas la langue, trois bandes de ruffians engoncées dans des cabanes de bois qu’ils surnomment châtelets et un Oësgardien qui se prend pour le roi. Ou voudrais-tu qu’une voile odéliane cingle pour toi jusques aux merveilles de l’Oliya ? Ah ah ! Coquin ! Coquin ! En cette saison, voguer sur l’olienne ! Tu ne vas donc pas aller te noyer dans cette mare. Allons, il faut être sérieux, tu es trop léger, tu ne vois rien mon petit. » Tandis qu’elle parlait, Hercyne était revenu avec le bon vin cette fois, et Aemone en versa une grande coupette à son sot de petit-fils. Quand il cessait de boire pour l’écouter plus à fond, elle glissait qu’il fallait qu’il reprenne des forces ou exprimait d’une grimace son agacement devant son manque de virilité, et il buvait de nouveau.
Le vin le détendit rapidement. Au deuxième service, il était déjà tout à fait amolli et consommait le liquide opiacé par goût plus que par soif. Ses raideurs se dissipèrent, ses engelures s’apaisèrent, son corps se lova doucement dans un nuage cotonneux. A chaque lampée, les paroles de l’aïeule avaient plus de sens et son esprit opinait sans trop savoir pourquoi ni comment. La diatribe s’allongea, la vieille se répétait avec emphase, et quand elle le sentit à point, elle frappa.
« C’est pour les gens, tout ce fatras ? Enfin mon petit, tu sais comme sont les gens, un homme de ton acabit et de ta réputation n’a que faire des gens. Ton nom est cinq fois plus illustre que celui de Caedmon et égale bien celui de ton cousin Scylla le Bâtard. On juge l’oiseau à son ramage, mon petit oiseau. Moi je sais quel homme valeureux tu es, tu n’as rien besoin de démontrer à ta vieille grand-mère. Et pour ton plumage, sache que je ne vais pas laisser un coq hardi de ta trempe sans une crête digne de ce nom. C’est aussi ça la famille. »
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