Leur Foi fendra les flots

Un petit Thème:

Au commencement, était le Chaos. Une soupe primordiale sans forme mais contenant en elle toutes l'essence du monde et toute la matière pour le créer. Tout cela, c'était avant l'avènement d'Uriz qui naquit de la collision de deux matière, et de Teweïon qui vint de l'anéantissement de la matière perdante. Déjà alors apparu Kiel, dans l'ombre, presque invisible. Et chaque changement orchestrer par les deux grands dieux de la guerre et de la mort contribuèrent à accroître la puissance de Kiel et lui donnèrent forme. Bien malgré eux, les deux dieux virent s'élever hors du Chaos la Mère de la Douleur.

Le Chaos, c'était peut-être à l'intérieur de cela qu'il se trouvait. Il flottait dans la pénombre. Une sensation légère, douce, chaleureuse. Rien ne bougeait autour de lui mais il sentait que tout était en mouvement. Son corps ne pesait rien, il semblait flotté au gré de force qui le dépassait. Il n'y avait ni douleur, ni bruit, ni mort, juste la paix. Et puis, il y eut cette force brutal qui le secoua une première fois. Une oppressante tenaille autour de sa poitrine. Et puis, ses jambes, qu'il avait presque oublié, une impulsion venue de nulle part.

Ce fut l'ascension, il fut propulsé vers le haut, sans trop savoir comment, il pouvait pourtant sentir un énorme poids le tirer vers le fond, mais c'était bien vers le haut, vers cette lumière croissante que la force le ramenait. Il commença a voir défiler une ombre vers le bas, régulière, lisse, tout juste entachée de forme longue et filante ondulant dans cette univers tranquille. Et puis, ce fut le choc. Il fendit la surface et fut projeter sur le rivage.

Il toussa, cracha et aspira enfin une goulée d'air pure et frais. C'était la nuit, le rivage était éclairé par la lune et les étoiles. Derrière lui s'étendait un grand lac. Pour la première fois, il ne ressentait aucune douleur, juste un oubli délicieux, la sensation du vent sur sa peau humide et de l'eau qui ruisselle sur son corps. C'était donc cela la vie avant la douleur. Il l'avait presque oubliée...

Mais les Voix ne l'avaient pas oublié, elles. Il se releva péniblement avant d'être jeté au sol par ses messagers de sa vénérée déesse. Sa Mère le rappelait à l'ordre. Le déluge de cris et de hurlements, une douleur insoutenable accompagnant et ponctuant chaque mot, chaque syllabe. Elles l'avaient prévenu, elles l'avait mis en garde mais il avait été sourd. Elles lui avaient ouvert les yeux et lui avait choisi de rester aveugle. Et maintenant, sa Mère avait dû user de son pouvoir pour le ramener hors des flots où lui pensait rester.

Et à chaque nouvelle phrase, les autres voix reprenaient écho, toujours plus nombreuses, ponctuant d'images et de sons les insultes et les reproches. Des choses enfouies au plus profond de lui-même qu'il avait refoulé, voulu oublier. Et ce martelage, ce matraquage, ces milliers d'aiguille, de fers ardents, cette douleur, cette souffrance... C'était dans sa tête et il avait beau se boucher les oreilles, se rouler en boule, se balancer, ruer, rien n'y faisait, la douleur était là et elle ne partirait pas.

Sur les bords du lac Uraal, un hurlement effroyable déchira la nuit. Bol d'Jiv'elgg goûta pour la première fois depuis des mois à une douleur qu'il ne pouvait supporter et dans laquelle il ne pouvait trouver aucun plaisir, aucun sens. Il était écarteler, son âme était lacérée et son for intérieur écrasé et piétiner par une Mater Irata plus terrible que les tempêtes de l'Eris. Après cela, il ne la décevrait plus... Du moins, une fois qu'il arriverait à se remettre debout et à tituber vers l'Ouest où l'attendait son devoir...