Les emplettes de la Duchesse

Ak’esha n’avait pas eu le temps de poser un pied dans l’antre du dragon qu’elle se faisait alpaguer par Ryl’antar.

-Kahina a du travail pour toi albinos.
-Ok mais d’abord, je vais poser mes affaires.
-Elle veut que ce soit fait rapidement.
-Mon petit Ryli va falloir que tu pige un truc. Je veux bien sauter et tout quand elle m’ordonne de sauter mais je le ferai à ma façon, ok ? Donc là pour le moment soit tu me suis et tu m’explique, soit tu attends que je me sois installée et que je n’ai plus les mains prises.

Le demi n’apprécia que très moyennement l’insolence de la mercenaire albinos. Il s’approcha donc d’elle l’air peu aimable, la dominant de toute sa taille et l’obligeant à se tordre le cou pour le regarder dans les yeux. Ak’esha ne fit pas l’effort d’aller jusqu’à ses yeux et se contenta de parler à la poitrine du demi-drow.

-Ryli, Ryli, Ryli, fit-elle sur un ton condescendant. C’est pas toi qui réussiras à m’intimider, mon grand, mais si tu as envie de te faire ridiculiser devant tout le monde, je suis toute à toi. Mais, j’avais cru comprendre que ta maitresse avait un boulot pour moi et elle ne me fait pas l’effet de quelqu’un de vraiment patient, alors on va faire les choses dans l’ordre qui me plait et on ira bien plus vite.

L’humaine planta le demi là, sans vraiment se préoccuper de savoir s’il la suivait ou pas, en quête d’un intendant ou quelque chose qui y ressemble et qui pourrait la guider vers ses quartiers.

« Tu sais, il va finir par te planter un couteau dans le dos »
Qu’il essai pour voir, répondit-elle guillerette.
« Quoi qu’il en soit, on va pouvoir se dérouiller un peu. C’est pas plus mal, après ces jours de mer. »

Après s’être débarrassée de ses affaires, elle ressortit de l’antre du dragon accompagné de l’hybride. Celui-ci lui expliqua rapidement, non sans une certaine mauvaise humeur, ce qu’attendait Kahina de la mercenaire. C’était trois fois rien, il fallait simplement raccourcir d’une tête un manchot ancien lanceur de tomate. Le seul petit problème c’est que pour le moment il avait était gentiment inviter à faire un petit séjour aux frais du comté dans les geôles de la petite maison du prince. La bonne nouvelle c’est qu’elle pouvait invoquer le nom de la duchesse pour le faire sortir, ce qui devrait lui simplifier la tâche.


Ak’esha n’avait rien perçu dans les instructions de la duchesse quoi que ce soit qui contrindique une approche très simpliste du problème. Elle se présenta donc comme une fleur devant les geôles ydrillotes et, faisant preuve d’une amabilité qui lui ressemblait, ainsi que d’une certaine ingénuité, elle demanda à ce qu’on relâche le lanceur de tomate. L’officier en charge des prisons, à ce moment là, ne semblait pas vouloir agréer à la requête de l’albinos, sa tête ne devait pas lui revenir.

-Mon gars, fait ce que tu veux, mais je te laisse t’expliquer avec la duchesse du soleil blanc.
-La sorcière estréventine ?
-Ma patronne d’Ithri’Vaan, oui. Enfin, elle est surtout votre duchesse et je ne suis pas persuadé qu’elle apprécie qu’un petit officier du guet se permette de contredire ses ordres.
-Elle n’a aucun pouvoir ici et une mercenaire d’estrevent encore moins.
-Tu lui diras ça en personne quand je lui aurais expliqué pourquoi ses ordres n’ont pas été exécutés. Je me ferai salement enguirlander mais toi… un gloussement sinistre lui échappa. J’espère que t’as les balloches bien accrochées parce qu’elle va surement te pendre par elle pour l’avoir contrariée. Je suis certaine que tu feras une superbe décoration sur les remparts ou même à l’entrée.

L’officier réfléchi un instant, l’air contrarié et de mauvaise humeur. Il étudia la jeune femme avec un regard suspicieux avant de se retourner vers l’un de ses hommes.

-J’ai besoin que quelqu’un me confirme que cette greluche fait bien partie de la suite de notre duchesse adorée. Va voir si tu peux te renseigné, ordonna-t-il sans quitté la greluche en question des yeux.
-Pas besoin monsieur. J’ai entendu dire qu’elle avait rendu une petite visite aux cuisines accompagnées du drow de l’estréventine…
-C’est un demi-drow, précisa moqueuse la mercenaire.
-Elle se euh… chamaillait avec lui, monsieur. Il semblerait qu’elle devait faire une commission pour la princesse et qu’elle ne s’en préoccupait pas suffisamment au gout du drow, continua le soldat sans se préoccuper outre mesure de la remarque insolente de l’albinos.

L’officier repris sa tête pensive avant d’ordonné dans un mouvement exaspéré de libérer le lanceur de tomate. Ak’esha le remercia aimablement et se dirigea sans s’attarder vers la sortie de la forteresse du petit comte d’Ydril. Avant de sortir, elle vola un panier en osier aux lavandières ainsi qu’un drap de coton qu’elle fourra dans le panier.


La muse n’eut pas à attendre trop longtemps avant de voire sortir à coup de pied au cul le manchot. Il déboula sur la place en face de la forteresse cul par-dessus tête depuis l’entrée principal. Quelques rires s’élevèrent aux alentour, alors que le manchot avait quelque difficulté pour se remettre debout. Même si la chaotique n’était pas à sa poursuite, il n’aurait certainement pas passé la nuit. Enfin sur ses deux jambes, il partit en titubant en direction de la ville, suivi par une albinos plutôt guillerette.

Au détour d’une rue, la jeune femme percuta sa cible.

-Ola, mon pote t’as pas l’air bien. Il t’est arrivé quoi… Bah, peut-importe laisse moi t’aider, mon gars. Tu crèche où ?

Ak’esha passa d’autorité le bras abimé de l’homme en travers ses épaules et commença à l’aider au travers des rues de la ville. Ils arrivèrent dans un quartier aux rues plus tortueuses, plutôt étroites et pas très fréquentées. La jeune femme jeta un regard par-dessus son épaule alors qu’ils tournaient à un carrefour et, voyant qu’il n’y avait personne, déploya ses tentacules dans son dos, se saisi du malheureux par le cou et la tête pour l’empêcher de hurler. Elle utilisa deux tentacules pour se hisser sur les toits. Là, elle l’agenouilla devant et lui ouvrit la gorge d’une oreille à l’autre et lui prit son âme, pour l’envoyer à l’Oublié, un frisson lui couru le long de l’échine quand l’âme la traversa pour retrouver les halles du Père. Elle entreprit ensuite de rendre méconnaissable le cadavre, le temps qu’il se vide complètement de son sang. L’albinos maintint le corps la tête en bas d’un tentacule et se servit de deux autre pour broyer les poignets du cadavre, elle récupéra la main encore intact pour la poser près de son panier. Ensuite, elle saisi les cheveux des restes de l’homme passa un tentacule autour de son cou et sépara dans un déchirement écœurant la tête du tronc. La chaotique posa la tête près de la main précédemment séparé, puis elle lança dans les airs le corps sans tête qu’elle ouvrit de bas en haut, les entrailles se répandirent dans la rue en contre bas et le reste suivi bientôt. Se tournant finalement vers son panier, elle disposa le drap pour absorber les quelques goutes de sang qu’il restait encore dans ses trophées qu’elle plaça ensuite au fond du panier et qu’elle recouvrit avec les pans de drap. Une fois satisfaite, elle rejoignit le sol quelque rue plus loin, laissant le soin aux habitants de faire le ménage derrière elle.

Ak’esha retourna tranquillement dans l’antre du dragon et tomba sur Ryl’antar devant les portes. Un éclaire de suspicion lui traversa l’esprit, elle se demanda vaguement si elle devait s’inquiété d’avoir été suivie. Si ça avait été le cas, elle s’en occuperait plus tard, mais elle pensait qu’il avait surement eu d’autre chose à faire, sa maitresse était une femme plutôt occupée. La mercenaire se laissa guider par le demi, jusqu’aux appartements de la gamine et elle lui livra sa commande avec un petit supplément.