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| Pour le service d'une dame | |
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Hans
Ancien
Nombre de messages : 1666 Âge : 33 Date d'inscription : 19/03/2010
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 44 ans Taille : Niveau Magique : Eveillé / Néophyte.
| Sujet: Pour le service d'une dame Dim 20 Juil 2014 - 16:18 | |
| "Tu n'aurais pas du le tuer." La figure juvénile reçut un soufflet bien ajusté. Quelques minutes plus tard, la litanie reprenait : "Tu n'aurais pas du le tuer, on va crever par ta faute." Et les sèches de pleuvoir à qui mieux-mieux. Il veut se plaindre ? Un taquet à l'arrière du crâne. S'il avait voulu une existence tranquille, le gamin aurait mieux fait de ne jamais quitter le bouge qui lui servait de masure. Désormais, c'était trop tard pour reculer, et les rêves d'une vie glorieuse de banquets et de tournois ne le réconfortaient guère.
"- Ses spadassins vont nous faire la peau - Pas si je la leur fait avant - La veuve a le bras long - Pas autant que moi, quand je lui met cette rallonge." répondit du sèchement Hans, son épée sortie du fourreau.
L’œil averti pouvait distinguer les croûtes noirâtres salissant l'auguste lame noirelfique. Il y a deux jours de cela, Anseric avait estourbi un châtelain local, après que ce dernier ce soit ébaudi qu'un voyageur molestât ses gens. Mal lui en prit, car l'étranger n'était autre que notre héros, et le seigneur n'était de taille face à un si formidable adversaire. Son corps avait roulé dans la poussière estréventine, et sa tête fut emportée à l'arçon du chevalier, lequel escomptait la revendre à quelque sorcier zurthan.
Le premier jour après l'évènement, ils n'avaient rencontré personne sur le chemin poussiéreux, mais à la faveur d'une nuit sans lune, un premier spadassin s'était risqué trop près du feu de camp. L'un comme l'autre se regardèrent mourir lentement, après qu'Anseric eut plongé trois pieds de sa lance dans le premier, et cessé de raviver le second. La journée suivante fut ainsi rythmée par les assauts qu'avait ordonné la veuve. On arrivait désormais dans un misérable hameau, où patientaient fièrement une coterie de reîtres bardés d'acier.
Se saisissant du heaume et de l'écu que l'enfant lui tendit en tremblant, Hans fit trotter son cheval jusqu'à l'assemblée. Il regretta d'avoir brisé sa lance dans le dernier spadassin, mais qu'importe, l'ensemble des têtes lui rapporterait de quoi s'en acheter douze. Scrutateur, l'arétan détaillait une à une, au travers des fentes de son casque, les visages singuliers de ses adversaires. Son regard s'attarda sur le visage d'une femme, dont les traits trahissaient l'abâtardissement avec la gent elfique. Sans qu'il ne sache situer cette figure, elle lui sembla familière.
"Si c'est la veuve qui t'envoie, fais demi-tour. L'once d'or qu'elle offre ne vaut pas la livre d'acier que je te promets!"
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| | | Oriabel
En attente de validation.. Nombre de messages : 21 Âge : 453 Date d'inscription : 29/06/2013 Personnage:.: MANUSCRIT :.: Âge : 45 ansTaille : Niveau Magique : Non-Initié. | Sujet: Re: Pour le service d'une dame Ven 25 Juil 2014 - 20:11 | |
| "Tu causes trop, l'ami, et la veuve n'a pas réclamé ta langue" grinça la demi-elfe adossée à une cippe fendue.
Si les quelques gourbis hérissant le sol boueux de ces lieux avaient autrefois peiné à mériter l'appellation de village, tout espoir d'ascension s'était envolé à l'arrivée des Orphelins. Ces maraudeurs, jamais à cheval sur la morale, étaient venus sur ces terres reculées afin de nourrir les gueules carnassières de Thaar : ses arènes où s'affrontaient des esclaves dans des duels sanglants. Promptement, on avait encagé les mâles en âge de combattre tandis que le reste de la populace servait de distraction à la bande. Dénués de la tendresse du Beau Peuple, le spectacle monté par les Bastres ne pouvait qu'offenser les âmes bien faites.
Là un vieillard retenu au mur par ses propres entrailles, ici une jeunette dont les reîtres ne s'étaient pas contentés de briser les rêves. Trop isolée pour se prévaloir d'une quelconque protection, la bourgade s'était muée en terrain de jeu pour l'imagination perverse des mercenaires. La grande cité et son peuple avaient faim de massacre! Face à cela, que représentait la vie de quelques vilains? A qui manqueraient-ils? Peccadille que ces pue-la-vase! Des fifrelins nés pour graisser les rouages d'une machinerie autrement plus grande qu'eux.
En l'espace d'une nuit, les Coquillards d'Oriabel avaient dévoré les réserves du hameau, bu son picrate jusqu'à la nausée et rôti ses bêtes. Pour dire toute la vérité, ils avaient bien ri. Toutefois, il convenait désormais de rentrer avant qu'un châtelain ne se préoccupe du sort de ce village. Alors, qui accuserait les Traqueurs de Thaar tandis que tant de monstres rôdent sous les frondaisons ombreuses, juste à la lisière des habitations! Ils n'auraient qu'à organiser une battue pour se passer du baume sur la conscience.
Au fond, seul ce contrat sur la tête du chevalier les retenait encore ici.
Apparemment, les Dieux souriaient à la compagnie puisque ledit sire se présentait à eux de lui-même. Confiant comme pas deux, le drôle! Crois-tu qu'il se serait terré dans la fumure dans l'attente de leur départ? Que nenni! Il fallait le voir qui caracolait, l'air plus faraud qu'un coq dans sa basse-cour, devant toute la bande en armes. Dame! Ca en était pittoresque.
Tout du moins, cela aurait été les pensées de la sauvageonne si elle avait été plus portée sur l'art. Plus prosaïque, l'épée-louée enquilla : "Quand on parle pognon, à partir d’un certain chiffre, tout le monde écoute...et la veuve a mon oreille." D'un mouvement leste, l'huskarl se redressa dans la splendeur farouche de sa demi-armure brunie, repassant les feuillesonges qu'elle s'apprêtait à déguster dans son baudrier. Là, de la pointe d'un stylet, elle entreprit de se curer les dents avec délectation tout en détaillant le cavalier. Sous son heaume qui lui déformait la voix, la guerrière des Wandres ne pouvait reconnaître celui qu'elle avait connu sous le sobriquet de Roi de la Soupe. Néanmoins, malgré l'équipement de bonne facture qu'il arborait, elle reconnaissait que les chances semblaient plutôt de son côté. Aussi, un sourire mauvais en coin, elle proposa : "Elle veut te voir saigner mais peine à se décider sur la manière. Moi, voila ce que j'en dis : les arènes, c'est une mort qui en vaut une autre. Ne joue pas au paltoquet et ma lame ne jouera pas avec tes couilles."
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| | | Hans
Ancien
Nombre de messages : 1666 Âge : 33 Date d'inscription : 19/03/2010
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 44 ans Taille : Niveau Magique : Eveillé / Néophyte.
| Sujet: Re: Pour le service d'une dame Ven 25 Juil 2014 - 21:37 | |
| Une mise en jambe des plus appliquée faisait écho ici-bas aux tueries vagabondes d'Anseric. On avait besogné dur et consciencieusement une plèbe trop prompte à se débiner. Peste de ces couards! On ne décline pas ainsi l'honneur d'une galante rencontre avec la Camarde. Les cadavres face contre terre témoignaient de l'impolitesse propre à la gueusaille. Jusque dans la mort, ils s'étaient montrés fuyants et veules. Qui regretterait ces pouacres ? Leur sort importait bien peu, au regard de l'affrontement à venir. La riante journée printanière, si bien entamée, s'avançait vers son zénith.
"ARMAGEDDON!"
On avait certes connu Anseric plus prolixe. La charge furieuse du chevalier sonna la fin des pourparler avant même qu'ils n'aient vu le jour. Échauffé par les moult homicides enchaînés dans la matinée, notre compère talonna sans attendre sa monture. La manœuvre manquait d'élégance, mais quoi! l'adversaire tout autant. En sus du goût pour le sang, l'assaut soudain était mu par une bien prosaïque raison : ayant vu un formidable pommeau dépasser du chef du captal, Anseric avait préféré ne pas lui laisser le temps de mettre à nu le tranche-montagne.
La force brute de l'assaut aveugle et fracassant balaya la foule en moins de temps qu'il n'en faut à un kerkand pour forcer une pucelle - c'est à dire pas beaucoup. Pulvérisant toute résistance, le puissant destrier fut l'instant d'une seconde au contact. Si les coquillards gagnèrent leur salut grâces à d'alertes cabrioles, ils purent également remercier le ciel qu'Anseric ne destinât son coup à une seule vilaine tête abâtardie. Arrivé à hauteur de la chefaillonne, il arma une puissante frappe, et faucha droit sur le coup gracile de sa victime.
Déviée au dernier moment par une obtuse barbute, la sémillante épée noirelfique mordit la maille à la lisière du casque et de la spalière. Si dantesque que fut l'assaut, il n'eut donc l'effet escompté. La bastre s'en tirait à bon compte, un mince filet venant seulement salir son surcot. Emporté dans sa course, Anseric poursuivit la chevauchée jusqu'à l'extrémité du patelin. Se tenant là, il suggéra diplomatiquement à sa partenaire de reprendre la danse : "Viens-ça, pute borgne! que j'achève de te saigner!"
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| | | Oriabel
En attente de validation.. Nombre de messages : 21 Âge : 453 Date d'inscription : 29/06/2013 Personnage:.: MANUSCRIT :.: Âge : 45 ansTaille : Niveau Magique : Non-Initié. | Sujet: Re: Pour le service d'une dame Sam 26 Juil 2014 - 16:48 | |
| Plus prestes encore que des putains sur le retour avisant une bourse bien garnie, les coquillards dégainèrent comme un seul homme. En voila des manières peu chevaleresques! Refuser une honnête captivité! Toutefois, l'élan guerrier fut bien vite interrompu par la sauvageonne qui leur tenait lieu de chef au cri de :"Bas les pattes mes croquants, la tête de ce cagou m'appartient!". Oriabel, comme bien d'autres, vivait mal ses gueules de bois, jusqu'à en développer une certaine agressivité à l'égard de son prochain. Surtout quand on s'essayait à l'étêter.
Tout en portant une main inquisitrice à son cou où elle percevait une fraîcheur suspecte, elle fit quelques pas dans le sol rendu boueux par les pluies printanières comme si elle souhaitait se familiariser au terrain. Gagner du temps. L'excitation du combat, l'adrénaline, ne tarderait pas à faire taire la douleur sourde en provenance de son épaule. A chacun de ses pas, un désagréable bruit de succion lui répondait, jusqu'à tuer tout autre son dans le hameau dont l'attention était capté par l'affrontement. Il flottait dans l'air une odeur de fumée, de laine, de viande rôtie et de merde. L'huskarl était dans son élément.
Les yeux rivés sur le chevalier, la Bastre dégaina lentement la lame de près de six pieds qui lui barrait le dos. L'homme avait la vitesse et la puissance de l'élan de son côté. Toutefois, ses mouvements demeuraient limités et sa défense ne pouvait couvrir l'ensemble de la masse formidable qu'il constituait avec sa monture.
Armant à l'arrière de son épaule, le poing gauche au niveau de son visage, le capitaine des Orphelins adopta une garde archaïque à laquelle la noblesse d'épée ne savait plus toujours comment répondre. Là, afin d'éviter de se faire surprendre à nouveau, elle chercha à provoquer l'assaut de son adversaire : "Si tous tes "glaives" produisent des frappes aussi molles je ne serais pas surprise d'apprendre que ta lignée s'éteindra avec toi!"
Tout dévoré par le Maloeil qu'il fut, l'Arétrian n'en demeurait pas moins un homme et répondit par une nouvelle charge de la sang-mêlée avec la ferme intention d'accrocher son chef à sa selle. L'espace d'un instant, on ne perçut que la cavalcade du destrier qui fonçait sus à la demi-elfe dont la posture semblait indiquer qu'elle se tassait comme pour encaisser le choc de plein fouet. Puis, quand ce dernier parut imminent, elle se fendit d'un incroyable bond à la senestre du chevalier, auquel elle adressa un redoutable coup de travers.
La feinte aurait pu provoquer la chute du cavalier s'il n'était parvenu à brandir son écu sur la course de l'immense lame. Pour toute récompense de son assaut, Oriabel fut couverte par une averse d'échardes tandis qu'Anseric reprenait de la distance. "Je m'en vais te le crever proprement ce faisan!" éructa Dentelin en engageant un vireton dans son arbalète. "NON!" s'interposa la Bastre. "Le Grimaud me revient!" malgré l'attitude farouche qu'elle adoptait, la guerrière des Wandres n'en menait pas large. Sur sa dextre le Roi de la Soupe lui opposait sa redoutable épée avec toute la puissance de son élan. La senestre, elle, se voyait fermée par un impénétrable écu qui menaçait d'absorber toute l'énergie de la drôlesse. Quant à l'arrière, la rapidité de la monture le rendait difficile d'accès. Faute d'ouvertures sur le cavalier, ne restait plus qu'une alternative, un pari plus que risqué...
Cette fois, elle ne réitéra pas la Garde du Toit mais lui préféra une posture résolument plus offensive, la lame pointée vers l'adversaire.
"Viens embrasser ta mort, couard!"
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| | | Hans
Ancien
Nombre de messages : 1666 Âge : 33 Date d'inscription : 19/03/2010
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 44 ans Taille : Niveau Magique : Eveillé / Néophyte.
| Sujet: Re: Pour le service d'une dame Sam 26 Juil 2014 - 20:58 | |
| Secoué par la violence du choc, le bon Hans manqua de lâcher son écu après l'assaut. Tout le long de son bras courrait l'endolorissement, si bien qu'avant de repartir au feu, notre compère fit jouer ses articulations, tout en retenant son destrier. Avisant la pointe aiguë de la flamberge, il jugea plus prudent de ne pas s'y précipiter. Un trot mesuré l'amena aux abords de son adversaire.
Il convenait désormais d'agir avec finesse. Habile cavalier, Anseric avait toujours su s'entourer des cosaques les plus adroits. Pour le seigneur et maître d'arétria, c'était de rigueur ; le pays était pourvu des meilleurs hommes que pouvaient espérer un cheval. Monté quand son adversaire était campé sur ses deux souliers - touts crottés de surcroit - l'arétan se figurait d'épuiser la croquante. Cette esplanade était suffisamment large pour qu'on y parade comme au manège, et le destrier aurait de la place en suffisante pour éviter quelque fauchage vengeur.
D'un premier écart sur sa dextre quand la lame partait à gauche, Anseric laissa filer la lame de son adversaire dans la boue. Revenue derechef à l'assaut, l'épée manqua à nouveau de peu son objectif. De sa seule senestre, le chevalier maintenait impérieusement sa monture à l'abri des coups. Il espérait que cet effort couterait sa vigueur à son adversaire, blessé dès la première passe. Avisant la courbe du puissant estramaçon, il cueillit au vol la lame de son écu, le rejetant droit dans la terre. C'était l'ouverture! L'étrier vint percuter la barbute recouvrant une vilaine oreille à moitié pointue. "Rejoins tes bâtards d'ancêtres!" hurla Anseric, tandis qu'il faisait cabrer sa monture.
Mais en sus d'un corps frêle à broyer sous ses lourds sabots, le destrier trouva six pieds de bon acier trempé. La poitrine perforée, il s'affala sur le flanc dans un hennissement de terreur. De bien peu ragoutants borborygmes s'échappaient de la plaie béante où s'était enfoncée l'épée assassine. Mis à bas l'instant d'une seconde, Anseric s'extirpa tant bien que mal de la fâcheuse position où il avait été plongé. Son souffle puissant aspirait à grand peine l'air par les minces ouvertures du heaume, tandis que sa jambe roidie par l'écrasement le lançait d'une douleur sourde. Fort heureusement, la bastre avait été elle aussi empêtrée dans la chute - le cas échéant, une certaine gorge aurait fait une malheureuse rencontre avec une certaine lame acérée.
Les deux adversaires furent remis sur pied au même moment, ou peu s'en faut. Campé sur ses deux échasses, Anseric dressa devant lui son pavois, prêt à frapper une fois qu'il enverrait glisser la flamberge dans la boue.
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| | | Oriabel
En attente de validation.. Nombre de messages : 21 Âge : 453 Date d'inscription : 29/06/2013 Personnage:.: MANUSCRIT :.: Âge : 45 ansTaille : Niveau Magique : Non-Initié. | Sujet: Re: Pour le service d'une dame Dim 27 Juil 2014 - 16:23 | |
| D'un coup d'étrier rageur, l'ancien seigneur d'Arétria avait réveillé la douleur née de son premier coup de lame. Pute borgne! La demi-elfe avait la calebasse qui lui sonnait comme un tocsin à l'arrivée des sauvageons. Pour sûr, elle te l'aurait fendu, ce spadassin de malheur, si son équilibre ne s'était pas vu réduire à peau de chagrin. Se refusant le luxe de quelques jérémiades, la Bastre fit refluer la nausée qu'elle sentait lui monter aux lèvres avant de se rapprocher de son adversaire.
Si les coups échangés jusque là ne parlaient pas en faveur de la mercenaire, il n'en demeurait pas moins que la mort du destrier modifiait drastiquement la donne. Plus question de s'esbigner après chaque passe d'armes! Pareille à une vilaine bête sur le point de bondir, la drôlesse se retroussa les babines pour dévoiler ses crocs tandis que sa flamberge reniflait, avide, l'espace qui la séparait encore d'Anseric.
"Bienvenue dans la fange, messire!" grogna la combattante du Septentrion à l'adresse du chevalier avant de le charger. Ayant eu le déplaisir de goûter à la vivacité dont il pouvait faire preuve, elle ne chercha pas l'empaler dès la première passe, cela l'exposerait bien trop à une contre-attaque qui pourrait lui être fatale. Ainsi, tandis qu'il l'attendait à l'aine, la bâtarde l'attaqua au fer. D'un battement d'une sauvagerie rare, elle lui cloua l'épée au sol avant de repartir en direction du heaume. Las! Avisant la seconde partie de la manœuvre, l'Arétrian usa de son écu comme d'une masse afin de percuter la Bastre dont l'espadon se perdit dans le vide.
A son tour, il tenta de profiter de la manœuvre pour mettre un terme à l'affrontement. Incapable de redresser son arme suffisamment vite pour interrompre ce projet, Oriabel préféra se jeter dans l'ouverture, l'épaule en avant, droit sur le nigromant dont les appuis paraissaient encore déficients. Sous la violence du choc, le duo partit en roulades dans la boue marbrée de paille qui passait pour une route dans ce hameau avant de se redresser, à quelques bons pieds l'un de l'autre, tout crottés de bran.
Pas question de lui laisser reprendre son souffle, pesta la sauvageonne au mépris de ses propres ahanements. Par trois fois, elle tenta d'abattre sa lame secondée par toute l'étendue de sa force brute sur le chevalier et par trois fois il interposa son pavois. Systématiquement, le Roi de la Soupe tentait alors de la poinçonner tandis qu'elle était à découvert. A l'évidence, poursuivre sur cette lancée la verrait saigner à mort sous peu.
Aussi, Oriabel s'essaya à une autre approche. Elle adopta une posture semblable à celle qui lui avait permis de clouer l'épée de son adversaire au sol tantôt. Trop heureux de profiter de pareille occasion de fracasser son bouclier contre le visage de la mercenaire, de Rochepont la laissa attaquer son fer. Toutefois, au lieu de chercher à dégager sa lame et de maintenir la distance, la sang-mêlée se rua cette fois sur lui en usant du pommeau de son arme comme d'une masse. A n'en pas douter, sans le casque du chevalier, le coup lui aurait enfoncé ses os dans la cervelle.
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| | | Hans
Ancien
Nombre de messages : 1666 Âge : 33 Date d'inscription : 19/03/2010
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 44 ans Taille : Niveau Magique : Eveillé / Néophyte.
| Sujet: Re: Pour le service d'une dame Ven 1 Aoû 2014 - 13:46 | |
| La vivacité de l'assaut surprit Anseric, qui s'en alla rejoindre le sol d'une culbute artistique. Son salut ne vint que du seul heaume, quand il sentit le heurt d'une grosse pierre sur son crâne. Sonné, il n'eut que le réflexe primaire de croiser les bras devant la figure, avant que ne se déverse une grêle de coup. Le premier fauchage lui arracha des mains son épée, tandis que le deuxième vint frapper de toute sa force le bois d'écu. Entièrement à la merci de son adversaire, le chevalier vivait un péril mortel.
Son esprit galvanisé par l'imminence du trépas, Anseric alla puiser dans ses derniers recours pour dévier la terrible lame. Son bouclier devenant l'ultime rempart, il en usa de toute les manières qui soient, si bien qu'après de nombreux coup, le bois demeurait en charpie. Les planches finirent par éclater, et les lanières par céder. D'un roulade désespérée, notre compère échappa in extremis à l'estoc censé terminer le travail. Emportée par la rage aveugle de son porteur, la lame s'était enfoncée de plus de deux pieds dans le sol meuble ; saisissant cette chance, Anseric s'écarta prestement de son adversaire, trop occupé à déterrer l'épée.
Plusieurs mètres - et un adversaire coriace - séparaient le chevalier de son arme, mais ce n'était pas la seule qu'il possédait. Se saisissant du fléau attaché à l'arçon de son cheval mort, Anseric sentit aussitôt dans son bras le balancement familier de l'arme. Quel objet familier! Notre homme était désormais pourvu d'une allonge similaire à celle de son ennemi. Lorsque ce dernier arriva au contact, le chevalier, esquivant d'un bon leste le fauchage furieux, lui entrava la lame des chaines de son arme. D'un pas de géant, il écrasa la flamberge à même le sol, et s'en alla bondir au travers de son adversaire.
Le choc valait bien son précédent, si ce n'est plus, à la différence que cette fois-ci, Anseric se trouvait au dessus! Labourant la fange, les adversaires se relevèrent péniblement pour mieux retomber. Le pugilat tourna court, quand trouvant à portée de main la pierre qu'il avait rencontré tantôt, le chevalier asséna un coup sourd sur la tempe de la bâtarde. Ne lui laissant le temps de reprendre ses esprits, Anseric entreprit d'écraser le coup frêle de ses mains gantelées. Il ne put toutefois parvenir à étrangler pour de bon sa victime, voyant affluer autour de lui les coquillards et leurs crânequins. Las! tant d'injustice lui arracha un glaviot - lequel fit connaissance avec le visage de la bastre. "Chienne!" éructa-t-il, se sentant arraché de sa proie par l'empoigne de plusieurs mulâtres.
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| | | Oriabel
En attente de validation.. Nombre de messages : 21 Âge : 453 Date d'inscription : 29/06/2013 Personnage:.: MANUSCRIT :.: Âge : 45 ansTaille : Niveau Magique : Non-Initié. | Sujet: Re: Pour le service d'une dame Mar 19 Aoû 2014 - 11:54 | |
| Pute borgne! L'enfoiré engoncé dans sa maille de noble péteux n'y était pas allé de main morte. Il allait sans dire qu'Oriabel vit trente-six chandelles. D'ailleurs, de l'intervention de ses bâtards de compagnons, de leur capture du duo de voyageurs, elle manqua tout le spectacle. C'est que pour le coup la drôlesse n'était plus vraiment à son affaire. Pour vous brosser sommairement l'image, si ça n'avait été pour le sang qui lui poissait le visage, elle aurait cru émerger d'une méchante cuite. Le genre qui vous laisse la rouscaillante comme une pierre ponce, des barres au front visibles à l'œil nu et des remontées plus acides que les marais du nord.
D'ailleurs, l'un des premiers acte de la croquante, une fois l'usage de ses guiboles retrouvées, fut d'aller s'accouder à un poteau afin de le crépir d'un bon dégueuli. Histoire de stabiliser le plancher, dame! S'essuyant quelques filaments revêches du dos de sa main, la sauvageonne reporta son attention encore brouillonne sur celui dont le chef avait porté la couronne de la Soupe. Là, dévisageant le ladre qui venait l'assommer à moitié, elle décida de justement ne pas lui rendre les choses à moitié, elle : "Défoncez-lui sa gueule à cette enflure!".
L'envie de festoyer plus longuement dans la région lui était passée, d'autant plus lorsqu'elle avisa la sale bouille de son prisonnier. Pouah! l'inconnu empestait la magie nigromantique. "Il a baisé avec le Maloeil" affirmèrent même nombre de demi-elfes, terrifiés à l'idée de voir leurs mains tomber en cendres au simple contact avec le démonolâtre. Certains arguèrent en faveur d'un bûcher, après tout, les traqueurs avaient amassé suffisamment de prisonniers pour toucher du bel et bon argent à Thaar pour faire une croix sur cette vente. Toutefois, ses qualités de combattant - ou plus exactement leur valeur marchande - parlaient en sa faveur, aussi on préféra sacrifier un local aux divinités interdites.
Oriabel vécut les deux premiers jours du retour comme dans un songe, se gavant de vin et de songefeuille pour faire taire la douleur. Toutefois, une fois ses esprits retrouvés, sa hargne putassière reprit le dessus. Par égard pour la sensibilité du lecteur, nous nous contenterons ici de préciser que si la route, elle, possédait des limites, il n'en allait pas de même pour la cruauté de la mercenaire. Pour le chevalier, ce fut une très longue route.
Ce fut, non sans mal, que la compagnie parvint à mettre un terme à ses sévices : un combattant blessé se négociait moins cher sur les marchés aux esclaves. Bientôt, il saignerait à nouveau, sous leurs quolibets, dans le sable de l'arène. De cela, l'huskarl bichait de manière éhontée. Ah, il aimait fanfaronner, le bougre? Se donner des airs de héros en piétinant des adversaires démontés? Les Coquillards allaient lui faire un présent, alors. Un public, venu rien que pour lui. Oui-da, messire! Une bien belle assemblée, laquelle comprendrait d'ailleurs une veuve de sa connaissance.
"Je pourrais t'affirmer que tu vas aimer ça, l'ami, mais, vois-tu, je rechigne toujours à mentir à un homme qui va mourir..."
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