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 La voûte ignée de l'empyrée

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Arsinoé d'Olyssea
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Arsinoé d'Olyssea


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MessageSujet: La voûte ignée de l'empyrée    - La voûte ignée de l'empyrée I_icon_minitimeDim 10 Aoû 2014 - 18:17


A un moment donné, dans le palais des dômes

La sorgue s’insinuait lentement, comme si elle doutait de l’utilité de cet effort. C’était une marrée vorace qui avait mangé l’horizon, pour finalement buter sur les digues de lampions et môles en lumignons de Diantra, laquelle refusait le baume de l’obscurité. Cette obstination lui valait les regards furibards d’Arsinoé, accoudée à la margelle de la plus haute de ses cinq cent soixante-quinze tours. L’indifférence lumineuse de cette cité la glaçait, cisaillait le lien dont elle aimait ressentir le tressage continu. Inconsciemment, elle sentait bien quelque chose d’obscène dans ce nonchaloir citadin, un manquement irrémissible qu’elle ne faisait qu’effleurer : Pourquoi Diantra ne s’était-elle pas faite le miroir des affres de sa régente ? Ne méritait-elle pas, aussi, sa ville fumante après le saccage ; son charnier consolant ? Une autre raison, plus prosaïque cette fois : ce brasillement tapageur voilait celui du ciel igné. Repoussant une vrille de cheveux que la sueur rendait grasse, Arsinoé retourna à son altière contemplation de l’empyrée.

Un maitre aliboron raisonnerait sans doute qu’elle se trouvait dans l’Arcanum, puisque de toutes les épines de Diantra, c’est la tour des mages qui poignarde le plus profondément le ciel ; tandis qu’un esprit méchant finasserait qu’il conviendrait plutôt d’évoquer les cinq cent soixante-quatorze tours de Diantra, car l’arithmétique ne s’encombre pas plus du tact que les sorciers de la sûreté. Tous deux se fourvoieraient : la colonne creusée dont il était question avait été édifiée après la sublimation de l’Arcanum – quand de perfides ingromants avaient scié la branche sur laquelle ils étaient assis, et la famille royale aussi.

Une colonne donc, à l’ancienne mode cyclopéenne ; c’est-à-dire un fût aux trente cannelures, haut de trois fois dix toises diantroises. En véritable bâton de plaisir, elle éventrait le dôme de ce qu’il convenait désormais d’appeler l’hôtel de la régente  – où de la reine-mère, dans les cénacles des béotiens – et jumelait la Tour de la Librairie. A la visu de ses modillons en poussahs, les chalands se figuraient qu’il s‘agissait là  d’une tour de guet un peu excentrée, publiant le pouvoir de la veuve de l’Ivrey ; mais l’on pouvait deviner l’afférence à l’astrologie dans son dôme aux vitres coulissantes.

De fait, tout là-haut, dans le secret du gnomon, Arsinoé cinglait aux étoiles. Le damas de sa houppelande faseyait avec la brise ; une brise vaguement goémoneuse, ce qui n’était pas des façons normales pour un nordet des landes, mais lui plaisait assez. A la voir perchée là, en étrave, les joues en pomme d’api, on croirait presque qu’elle narguait tous les nervis du maloeil ; ceux qui déchirent des cœurs nobles la nuit et se labourent les cuisseaux le jour, dans le secret de leurs souilles. Faux-semblants que cela ! Arsinoé ne se souciait plus de la tourbe : elle la daubait. Que les pharétans babillent sur leur duchesse putative ; que les mercantis embobinent le Captal dans leurs guingois ; que Néera-Aventine fasse écho aux tremolos des chartistes : son bain n’en serait pas troublé. Aedán aussi était oublié, relégué au passé, celui de la veille. comme si l’hyménée avait, en fin de compte, des vertus rebutantes.

Si l’on doutait encore du zèle de cette sainte glacée, il suffisait de jeter un coup d’œil dans la rotonde givrée. Des astrolabes se bousculaient sur un établi chantourné selon les constellations du zodiaque ; çà et là des volumens et codex s’entassaient en vrac ; et deux clepsydres pleuraient le passage du temps. La danse serpentine des olibans achevait l’attifage de la sapience des étoiles. Domaine dans lequel Arsinoé était encore une nesciente, incapable de distinguer les cailloux coruscants des vrais Daemon. Qui alors pour travailler son intelligence en étoupe, pour la carder, la tramer et la tisser ?  

Pas Mélisande au clair visage en tout cas. Elle n’était qu’une palpitation faible dans des langes, qui, extralucide, partageait parfois des vérités secourables :
« Mourir, c’est passetemps divin, plaisantait-elle quand son mire venait la saigner.
- Tout nom à sa raison, qu’elle pépiait quand Arsinoé s’interrogeait sur la nomenclature des feux du ciel.  
- Mystères et boules de gommes » le plus souvent, quand un silence de velours menaçait de s’installer.

La mystagogue s’appelait Douce. C’était une femme de la vieille race. Arsinoé se figurait – assez mal d’ailleurs – qu’elle l’aidait car son propre avenir était déjà fané. Abîmée dans un pouf, elle lui faisait la lecture d’un palimpseste. Il s’agissait de prime abord d’une histoire assez fade de la vie de Saint Rémacle, mais l’indigence du copiste avait préservé les glyphes antérieurs. C’était ceux-ci que Douce lisait en boustrophédon, d’abord dans une langue qui n’était pas de ce cycle, un parler à la tessiture neutre qui semblait rabâcher à l’infini la même ennuyeuse ritournelle, puis dans la sienne. La traduction était besogneuse, se perdait souvent dans des dédales de conjugaison, et osait parfois glisser des mots aux consonances baroques, amuïssent depuis toujours. Arsinoé n’écoutait pas vraiment, chassait plutôt à forlonge la seconde lune.
« Tu comprends ?
- Non.
- Ah. »

Il y eut le bruit subtil mais reconnaissable entre tous d’une clenche que l’on tourne, loin en bas ; elles seraient laissées seules jusqu’à l’aube.
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