... De tendres sentiments. (PV)

Les jours défilaient, presque toujours identiques, dans la l'inquiétude causée par le manquement a leurs devoirs des grands vassaux de Langehack. Merval restait silencieux et ce malgré le fait évident que son baron soit remit des quelques maladies qui l'avaient précédemment alitées. Misséde, difficile de dire si le baron faisait le mort pour ne pas avoir a répondre de sa promesse de prêter serment ou si il était resté bloquer en Soltariel de par les troubles qui agitaient Ydril. Rester Scylla, cette grande déception. Les négociations avaient étés sur le point de se conclure triomphalement quand son régent s'était trouvé mal et avait du regagner ses terres, depuis point l'ombre d'une nouvelle. L’inquiétude n'était pas tant de leurs manque de serments, elle l'était de devoir bientôt faire preuve d'autre chose que de diplomatie.

La péninsule allait bien mal ces temps ci. Soltariel était instable, le Median semblait également en proie a quelques batailles d'après les dernières informations qui leur étaient parvenus. Il fallait faire front et vite. Par chance ses vassaux de Langehack ne lui faisaient pas défaut et semblaient chaque jour lui accordaient d'avantages de confiance et de louanges. Des liens qu'il fallait entretenir plus que jamais. D'ou le grand banquet qui se déroulerait sous peu, n'attendant que sa présence pour qu'en soit donné le coup d'envoi. Avec toutes les crises qu'affrontaient ses voisins, son cœur n'était guère a la fête, néanmoins savoir paraître faisait aussi parti des charges d'une duchesse.  Pour l'occasion, elle s'était parée d'une merveille de tulle et de soie, encore une prouesse des tisserands du Langecin. La robe ample, aux manches courtes et au décolleté pudique, se dévoilait en transparence de noir sur soieries argentées. Pour compléter cela, nul artifices autre que son teint délicat et sa chevelure cascadant librement sur ses épaules. Pour parure, un délicat bracelet aux pierres claires, un ras de coup assorti et une chaîne de front avec pendant en son centre un seul joyaux.

Alors qu'elle finissait de se brosser les cheveux, Méliane dut prendre appui sur sa coiffeuse, en proie a une douleur poitrinaire qui semblait devenir chaque jour plus lancinante et pire plus présente. Elle attribuait cela au stress et a un manque de sommeil. Probable qu'il aurait été préférable d'en parler a ses médecins, mais elle n'était pas s'en ignorer qu'ils s'affoleraient rapidement, que des rumeurs iraient bon train et au vu du peu de stabilité de son pouvoir au delà de Langehack, c'était une chose qu'elle se devait d'éviter. Elle inspira profondément, ses mains comprimant sa poitrine attendant que la crise se passe. Ce qu'elle fit au bout de quelques instants. Elle ferma ses yeux un instant, calma sa respiration, pinça ses joues pour en faire disparaître la pâleur accablante, puis jugeant son apparence acceptable, elle quitta ses appartements.

Devant la salle de réception l’attendait Sir Oschide d'Anoszia. A sa vue, un large sourire étira ses traits, ôtant de son visage toute trace de soucis. Chaque moment passé en compagnie du capitaine avait le don de lui mettre du baume au cœur. Depuis quelques jours, ils s'étaient beaucoup rapprochés, oublié le baiser volé dont ils n'avaient plus reparler, du moins s'en convainquait t'elle avec adresse. Toujours est il qu'il n'y'avait désormais plus de gêne entre eux et que leur amitié avait poursuivie sa route. Quand elle n'était pas dans son bureau plongée dans les affaires du duché, en salle du conseil ou en salle du trône a recevoir les doléances de ses gens, elle était le plus souvent en sa compagnie. Ballade a cheval, dîner, promenade dans les jardins .. Toute la cour s'était habituée a la présence du capitaine d'Ydril et elle la première. Alors qu'elle arrivait a sa hauteur, elle ne put constater qu'une fois de plus que sans canne et bandages, il était bien plus impressionnant .. Et particulièrement séduisant dans sa tenue d'apparat, il fallait bien l'avouer. " Vous avez fier allure capitaine, l'air du Langecin semble vous réussir. " Il lui tendit son bras comme telle était devenue leur habitude. Elle s'en saisie naturellement tandis que devant eux s'ouvraient les portes. " Attendez vous ce soir a un étalage de richesses et de charme, tout mes proches vassaux seront la, chacun cherchant a prévaloir aux autres. " Ils avançaient lentement, s’arrêtant ici et la tandis que l'on s'inclinait pour les saluer.

Quand ils parvinrent enfin a la table centrale, elle le laissa lui tiré sa chaise avant de s'y installer. Le capitaine prit place a sa gauche, pendant qu'a sa droite la chaise de Sir D'Olside restait vide. Elle le chercha du regard sans succès, il était en retard, voila qui ne lui ressemblait pas. Tandis qu'elle cherchait, elle n'eut d'autres choix que de remarquer les bons nombres de regards féminins qui se portaient vers le capitaine. Elle le regarda taquine, son cœur pourtant curieusement agacé de cela. " Prenez garde a qui vous accorderez une danse ce soir capitaine, sans quoi nous vous retrouverons fiancé au matin. " Alors que les premiers plats défilaient devant eux dans l'attente de leurs choix, un pas pressé retint son attention. Sir d'Olside venait d'arriver et se diriger rapidement vers eux, elle en soupira d'aise, ayant craint un instant qu'il ne soit souffrant. Pourtant au lieu de prendre place a ses cotés, il se glissa entre elle et le capitaine, s'agenouillant pour être a leur hauteur. " Votre altesse veuillez pardonné mon retard, mais j'ai d'importantes nouvelles a vous communiquer. " Il posa son regard sur l'assemblée bien occupait a festoyer. " Des nouvelles d'Ydril. " Le regard de Méliane se posa sur le capitaine, bien qu'elle n'ait pas eu besoin de le voir pour savoir qu'il devait redouté les nouvelles. " Parlez Sir d'Olside, je ne saurais vous tenir rigueur de votre retard, surtout en pareilles circonstances. " il reporta toute son attention sur le capitaine le visage grave mais un quelque chose dans son regard rassura Méliane, si il n'apportait pas de bonnes nouvelles, il en apportait pour sur des rassurantes. " Il semble que le jeune comte d'Ydril ne soit plus. Il aurait péri lors d'une bataille. Sir d'Anoszia et les siens sont saufs, ils seraient désormais détenus par la duchesse de Soltariel. Mais les dernières nouvelles indiquent que les soutiens des Anoszia étaient en route pour négocier leur libération. Il se peut qu'a l'heure ou nous parlons ils soient déjà libres ou proches de l’être. "

Dans un élan naturel et sans prendre garde a son geste, elle glissa sa main sur celle de Sir d'Anoszia, accrochant ses doigts au sien, tandis que regard cherchait celui du capitaine. " Vous voyez capitaine, il fut bon de ne pas perdre espoir, les dieux vous ont entendus et si ils le veulent vous et les vôtres seraient bientôt réunis. " Sir d'Olside fixa un instant leurs mains enlacés avant qu'un grand sourire ne s’épanouisse sur son visage. D'ordinaire le seul homme que la duchesse touchait en toute confiance et avec qui elle s'accordait pareille familiarité, c'était lui. Il s'écarta discrètement, regagnât sa place a la droite de la duchesse tandis que les musiciens commençaient a jouer et que de nombreux couples émergeaient au centre de la pièce. A la table principale, le temps semblait suspendu et Méliane n'aurait interrompue cela pour rien au monde, elle désirait que le capitaine puisse pleinement savourait cet instant après ces nombreux jours de craintes quand au sort des siens.  

Il était resté encore quelques jours de plus à Langehack, préparant inlassablement son voyage de retour avec son oncle, son cousin et leurs officiers fidèles aux Anoszia. Ansaldo avait retardé son départ après que l’on eut annoncé que la flotte de Sybrondil empêchait tout passage jusqu’à Ydril. Les navires marchands avaient déjà du mal à passer, alors une dizaine de navires remplis de soldats de fond en comble. Avec son oncle, il avait dorénavant l’impression de partager son fardeau d’inactivité. Les jours passaient et il voyait sa mine s’obscurcir alors que la duchesse mettait tout en œuvre pour les combler avec des festivités et d’autres joyeusetés, mais comment pouvaient-ils tous se ravir lorsqu’ils savaient leurs proches en danger…

Oschide avait saisi ce moment d’attente pour renforcer ses liens avec la duchesse. Les erreurs du passé semblaient avoir été oubliées et il était heureux d’être remonté dans son estime. Chaque contact, chaque regard n’y était pas par hasard, mais il se préservait néanmoins d’en faire plus par peur de vexer une fois encore Méliane.

Lorsque vint le soir d’un nouveau banquet toujours plus fastueux, Oschide l’attendait à la porte de la grande salle. A l’intérieur se trouvait une bonne partie des ydriiains ayant participé à la campagne d’Oesgard. Son oncle était lui-même installé avec d’autres gens de sa famille sur les tables réservées aux invités d’honneur. Les serveurs allaient et venaient avec les plats ou les carafes de vins ou de bières. Même si les ydriiains ne semblaient pas avoir le cœur à la fête, la plupart souriaient à la simple idée qu’ils s’en étaient sortis vivant des massacres du nord.

La duchesse accompagnée d’une petite escorte le rejoignit à l’entrée et après avoir fait une révérence et avoir baisé la main de sa douce, Oschide entra à ses côtés sous les regards tantôt jaloux, tantôt admirateur de la cour. Personne à la cour n’était dupe en voyant ce jeune couple se rapprocher de plus en plus, mais personne néanmoins n’aurait su dire qu’elle était la nature de cette relation.

-Tout à fait votre Altesse, l’air du Langecin est tout à fait propice pour ma remise en forme. Je pense d’ailleurs que j’aurais le plus grand mal du monde à le quitter, mais nous n’en sommes pas encore-là. Répondit-il avec un léger sourire au compliment de la duchesse. Il me tarde de rencontrer tous ces gens qui vous entoure altesse.

En s’approchant de l’estrade, il vit dans les yeux de son oncle une certaine approbation qui lui mit du baume au cœur. La dizaine d’ydriiains s’étaient levé pour saluer l’arrivée de la duchesse. Certains avaient encore des cicatrices sur leurs visages, mais en cette soirée, la noblesse du Calozi faisait bonne impression. Ils prirent ainsi place et alors qu’Oschide s’apprêtait à lever son verre en l’honneur de sa douce, Sir d’Olside arriva brusquement afin d’apporter des nouvelles…du sud ! Il ouvrit ainsi ses oreilles, les autres derrière lui aussi et lorsque le Sénéchal annonça que le comte avait péri dans une bataille. Néanmoins, l’enfant n’était qu’un pion et il savait au fond de lui qui était celle qui tirait les ficelles. Mais au moins avec ça, elle ne tarderait plus à négocier et cela lui retira un poids considérable. Il sembla que son oncle et que les autres hommes eurent la même impression lorsqu’il vit leurs visages se transformer pour laisser apparaître leur joie. Il n’y avait qu’Ansaldo qui était resté de marbre, car tout comme lui, il savait que rien n’était encore terminé.

Oschide remercia ainsi le sénéchal qui retrouvait tout juste son souffle et laissa s’échapper un large sourire en direction de la duchesse qui ne tarda pas à lui redonner du courage.

-Sans votre aide, je n’aurais pu réussir à surmonter cette épreuve Altesse. Fit-il la mine réjouie. Il reste pourtant encore beaucoup de choses à savoir et surement à faire, la mort du jeune comte peut aussi être la source d’une vengeance plus grande.

Chose qu’approuva aussitôt son oncle d’un simple regard.

-M’accorderez-vous votre main pour une dense toute à l’heure altesse ? J’aimerais savoir si mes jambes sont encore capables de cela et je dois vous avouer qu’il n’y aurait pas de plus grand honneur pour moi que de vous faire danser.

Quand le capitaine évoqua par le biais de quelques mots l'idée de son futur départ, le cœur de la duchesse se serra plus qu'elle n'aurait due se l'accorder. Elle avait beau sans cesse se convaincre qu'il serait mieux que les choses se passent ainsi et ce pour eux deux, elle ne pouvait contraindre son cœur a ne pas éprouvé l’insidieuse douleur qui s'évertuait a la convaincre du contraire. Elle n'en laissa cependant rien paraître, souriante, tandis qu'il la menait a leur table. Si ces instants avec celui qui était devenu si cher a son cœur étaient comptés, alors elle était fermement décider a en savourer chaque instant. Après tout, il n'était pas encore parti, le Langecin bénéficiait d'une paix et d'une aisance appréciable et bien que bon nombres de questions soient encore sujet a préoccupations, c'était plus que ce qu'avait la grande majorité de la péninsule en ces temps troubles.

D'ailleurs, comme si cette soirée était matière de plus amples réjouissances, Sir d'Olside leur apporta des nouvelles du sud, de funestes nouvelles mais des nouvelles oh combien bienvenue et attendues par son ami, elle le savait. A ces mots de remerciements, le regard de Méliane pétilla tandis qu'elle lui offrait un sourire sincère et plein d'espoir. " Je ne guère fait plus que ce que tout a chacun aurait fait pour vous. Vous tendre la main alors que vous aviez besoin d'une amie m'a parue un bien piètre geste face a votre détresse. Il m'est néanmoins plaisir de savoir quand ces temps de grandes épreuves, j'ai pue vous être de quelques secours. " Accrochant son regard au sien, elle poursuivit d'une voix douce. " Il y'a surement encore beaucoup a venir, peut être de plus grands malheurs encore que ceux passés jadis, mais si la vie m'a apprise une chose, c'est qu'il faut savouré les instants heureux pour ce qu'ils sont. Rares et précieux. Qu'importe demain capitaine, seul compte en l'instant que les vôtres sont saufs et que si les dieux le veulent, vous serez bientôt réunis. " Elle glissa ses doigts autour d'un verre délicat avant de le lever vers Sir d'Anoszia. " Célébrons cela comme il se doit et pour un temps, laissez vous aller a oublier tout ce qui n'est pas votre soulagement et votre joie a l'idée de les revoir. Aux Anoszia, puissent t'ils bientôt obtenir justice. " Termina t'elle. Elle dirigea ensuite son verre vers l'oncle du capitaine avant de le porter a ses lèvres pour en boire une gorgée.

Une gorgée, un battement de cœur, un souffle et voila qu'elle se trouvait suspendue aux lèvres du capitaine, son regard passant de lui au centre de la pièce ou dansaient déjà plusieurs couples enlacés. Bien indépendamment de sa volonté, elle sentie son cœur battre la chamade. Sa raison pouvait bien lui raconter n'importe quelques balivernes pour se convaincre qu'elle n'avait pas envie de l'accompagner sur la piste de danse, il lui fallait s'avouer que l'idée de se retrouver entre les bras du capitaine ne la laissait pas indifférente. Cela était d'autant plus une mauvaise idée. Elle glissa son regard sur lui, il guettait sa réponse, peut être un brin anxieux. Combien de temps s'était il passé depuis cette demande, une seconde, une minute, plus ? Son cœur tambourinait toujours dans sa poitrine. C'était vrai, le capitaine se portait mieux, ce qui ne faisait qu'accentué le charme manifeste que toute la cour ducale lui avait remarqué. Oui, c'était décidément une très mauvaise idée.

Elle jeta un coup d’œil vers Sir D'Olside, étonnée qu'il ne lui ai pas encore porté secours. D'ordinaire quand pareille demande se faisait, il apparaissait a ses cotés dans la seconde et prétexter avoir déjà réserver cette danse. Alors pourquoi pas ce soir ? Pourquoi pas cette fois, alors qu'elle ne s'était jamais trouvée en plus grande difficultés. Pour sur, le capitaine était probablement un cavalier, charmant et expérimenté, probablement plus accoutumée a la danse qu'elle même. La difficulté venait qu'elle était en grand danger d'accepter sa proposition, chose qu'elle n'avait jamais eu envie de faire avec les pauvres malheureux qui venaient a se risquer a l'inviter d'ordinaire. Elle plongea a nouveau son regard dans le sien alors que dans un même mouvement Sir d'Olside venait vers eux .. Trop tard. Dans un geste gracile, elle posa sa main sur le bras de Sir d'Anoszia. " Et pourquoi n'irions nous pas tester l'état de vos jambes maintenant capitaine ? Que diriez vous de me faire danser sans plus attendre. A moins que vous n'ayez peur de montrer vos compétences a toutes ces dames avides de vos moindres faits et gestes. " Coup d’œil taquin. Sourire léger. Pourtant son cœur bat si vite qu'elle ne craint un instant qu'il ne lâche. " Allez vous prendre le risque de voir une nuée de dames cherchant a se faire inviter sitôt que j'aurais quitter vos bras ou aller vous finalement décider qu'il vous faut encore prendre quelques repos ? " Sa main sur le bras du capitaine, son regard rivait au sien, elle attendait son choix, ne sachant pas elle même qu'elle réponse elle préférait lui entendre dire. Mais après tout, rien qu'une danse avant des adieux qui viendraient trop tôt, cela ne pouvait pas porter a conséquences n'est ce pas ?    

Il n’y avait jamais eu de plus grand réconfort que d’entendre les sages et douces paroles de la duchesse qui malgré les récents événements, restait souriante et enclin à lui laisser espérer mille et une chose. « Le laisser espérer », le mot était bien choisi pour le jeu qu’ils étaient tous deux en train de mener. Lui-même ne savait plus quoi attendre, ni quoi faire. Un jour, elle lui semblait être sur le point de succomber à ses émotions, et un autre jour, elle devenait dur comme fer et l’envoyer valser jusqu’à l’autre bout de la péninsule. Les femmes étaient une source inépuisable de mystère qu’un homme de guerre ne comprendrait jamais. Sur ce point, Oschide en était au moins sûr. Lorsqu’elle lui proposa d’aller danser pour donner suite à sa demande, il n’en revint pas. Depuis qu’il était à Langehack, il ne l’avait jamais vu danser avec quiconque hormis ser d’Olside. Peut-être était-ce après tout une récompense pour toutes ses tentatives antérieures qui s’étaient soldées en de monumentaux échecs. Oschide prit alors la main de sa douce, se leva en premier et l’aida à son tour.

-Altesse, ce serait un honneur de pouvoir danser avec vous. Dit-il avec un ton majestueux dans la voix.

Sans attendre, les deux jeunes gens quittèrent leur table pour aller au centre de la salle. Une fois arrivée, l’orchestre s’était arrêté pour signaler la présence de la duchesse et les nobles alentours commencèrent à la saluer. Oschide fit alors face aux musiciens et ménestrel et indiqua la marche à suivre.

-Une pavane suivie d’une gaillarde je vous prie.

Les danses lors des banquets n’avaient pas manqué lorsqu’il était plus jeune. Bien qu’il ne l’ait plus fait depuis des lustres, ce genre de chose ne s’oubliait pas. Surtout lorsqu’il était en présence d’une si ravissante femme. D’autres couples vinrent les rejoindre pour compléter le quota de danseurs, mais il fallait dire que tous dans la salle n’avaient d’yeux que pour leur duchesse. Les musiciens débutèrent alors lentement et les jeunes gens activèrent le pas. Lorsqu’ils furent assez proches pour s’adresser quelques mots, Oschide en profita pour la complimenter avant qu’il ne soit obligé de changer de partenaire.

-Vous êtes ravissante altesse, mais je crains de ne pas vous arriver à la cheville en matière de danse.Glissa-t-il à son oreille avec humour.

Méliane laissa le capitaine se saisir de sa main et la glisser dans la sienne, le suivant sur la piste de danse d'un pas déterminé. Déterminé, elle le fut peut être moins quand elle se retrouva dans ses bras, son cœur cognant durement dans sa poitrine. Oschide ne lui avait jamais paru plus grand qu'en l'instant. Libérer de ses bandages, de sa canne. Il ne restait désormais que des vestiges de l'homme affaibli et meurtri qu'elle avait accueillie a Langehack voila quelques ennéades. Ce soir, il semblait avoir retrouvé toute sa forme, tandis qu'il la guidait avec grâce et force sur la piste de danse. Bien qu'elle s’efforçait de se concentrer sur la mélodie, elle ne pouvait ignorée le regard du capitaine sur elle, pas plus qu'elle ne pouvait ignorée les bras musclés qui la retenaient captive. Une captive que beaucoup envié au vu des nombreux regards féminins qu'elle percevait autour d'eux.

Quand il la complimenta, mettant a mal sa concentration sur la mélodie et sa lutte pour calmer les battements de son cœur, elle rendit grâce aux dieux d'avoir perdue la faculté de rougir depuis bon nombres d'années. L'air détaché quoi que quelque peu troublé par le souffle chaud du capitaine venant caresser son oreille, elle murmura a son tour: " Avouons que vous avez fier allure aussi capitaine, que m'en sois témoins les nombreux regards des dames qui nous entourent. " Taquine elle ajouta. " Si vous étiez une sucrerie, je crois bien que ces dames vous aurez déjà dévoré. " Elle s'écarta légèrement de lui comme pour avoir une vue d'ensemble de sa personne, puis elle ajouta : " Quand a vos talents de danseurs, vous me flattez, ils égalent sans mal les miens. Je pense Sir d'Anoszia que vous vous êtes plus adonné aux arts de la danse que moi. "   Cela n'était point compliments de façade, le capitaine s'avérait un cavalier fort doué et un danseur émérite. Quand a ses aptitudes a elle, il y'avait bien longtemps qu'elle ne s'était pas ainsi laissée aller aux plaisirs de la danse dans des bras autres que ceux rassurant de Sir d'Olside. La dernière fois ou elle avait dansée avec insouciance dans les bras d'un homme, son cœur battant la chamade et des frissons lui parcourant l'échine, avait été a son mariage. Dans les bras de son mari. Avec que l'homme ne devienne un monstre. Se refusant a ce que des souvenirs malvenus ne viennent gâcher cette soirée, peut être la dernière en compagnie du capitaine, elle ferma brièvement ses paupières et s’efforça de penser a autre chose.

Bien qu'après coup, elle douta que se concentrer sur sa danse soit si bonne idée. En effet a mesure que le temps passé, il lui devenait de plus en plus délicat d'ignorer l'aisance avec laquelle elle se laissait allée dans les bras du capitaine. Sans crainte, sans gêne, sans recul, comme si la avait toujours été sa place. Tout comme il lui devenait difficile de renié le fait que le capitaine était indéniablement séduisant dans sa tenue de bal et que son corps contre le sien ne la laissait pas indifférente. Réveillant en elle des sensations qu'elle pensait mortes a jamais, doutant même en avoir jamais ressentie de pareilles. Alors qu'elle luttait tant bien que mal contre les pensées dérangeantes qui l’assaillaient de toutes parts, elle ressentie une violente douleur dans la poitrine. Rien a voir cette fois avec les sensations délicieuses que provoquait en elle la présence du capitaine. Non c'était la une douleur qui lui était devenue familière. Elle s’efforça de calmer les battements de son cœur et de respirer calmement, masquant au mieux son malaise comme elle avait apprit a le faire depuis plusieurs ennéades déjà. Quand enfin le malaise passa, elle remarqua sur elle le regard du capitaine. Un regard qu'elle devinait inquiet ou tout du moins intrigué. Bien que se sachant sans doute d'une pâleur coupable, elle déclara d'une voix enjouée. " Pardonnez moi capitaine, je crains que cette danse ne m'ait fait tourner la tête, que diriez vous de me conduire dans les jardins. Je pense qu'un peu d'air frais me ferait le plus grand bien. " Ce n'était la après tout qu'un demi mensonge, mais la danse n'avait pas été la seule a lui tourner la tête ce soir. Elle se félicita de ne guère appréciée les plaisirs de l'alcool qui n'auraient fait qu'ajouter a son trouble. En effet  pour l'heure elle était ivre de tout autre chose. Ivre d'une présence a laquelle elle devrait bientôt renoncée.