Retrouvailles et politique

1er jour de la seconde ennéade de Bàrkios, 8ème année du 11ème cycle.

Jérôme avait prit le départ dès qu'il avait été mis au courant de la situation du côté de Diantra. Il était tourmenté entre ses devoirs et ses souhaits et il s'était mis en tête de mettre un peu tout ça au clair. Dès la fin de la neuvième ennéade du mois précédent il avait donc fait route jusqu'au fleuve avant d'embarquer sur un bateau qui venait de livrer le ravitaillement. La route fut rapide et sans encombre jusqu'à Missède ou il accosta accompagné d'une dizaine d'hommes de confiance comme escorte. La bannière ne fut pas dressée afin de ne pas attirer l'attention et un rythme soutenu fut imposé aux montures, de celui qui permet d'avaler les kilomètres sans les épuiser avec la possibilité d'un galop en cas de soucis. L'allure était donc rapide et il était difficile de les rattraper ou de savoir ou ils se trouvaient si tant est qu'on savait qu'il était dans le coin. Ils passèrent sur les territoires des domaines royaux en ligne droite vers Christabel qui semblait avoir été l'endroit des règlements de compte.

Il était étonnant de voir la façon dont rien ne se passer comme on l'espérait. D'abord Jérôme avait regretté la manière dont la régente avait placé son fils en tant que roi. La révolte grondait chez certains nobles comme la dame de Hautval, le sire de Velteroc et Soltariel en la personne d'Asdrubald pour commencer. Le mutisme de la première, la maladie du second et l'emprisonnement du troisième avait coupé court, du moins en l'apparence, à la fronde. Jérôme avait finit par embrasser la cause de la régente, par dépit et pour suivre ses suzerains qui avaient fait serment lors du couronnement. Pour un bien plus grand s'était il dit, quelle erreur. Voila que ses deux suzerains se rebellaient contre la régente et contre lui même alors qu'il avait suivit le chemin qu'ils avaient donné à leurs vassaux. Ce n'était pas sa faute si son serment envers Odélian avait été délié contre sa volonté mais qu'aurait il pu faire alors que son suzerain avait fait serment et que la régente représentait une puissance effrayante. Il semblait évident que les ardeurs des détracteurs seraient muselées tandis qu'elle asseyait son pouvoir sur le trône royal. Jérôme avait alors saisi sa chance, désespéré de voir que le royaume se désagrégeait, il avait demandé à partir en guerre pour rappeler à la Sgarde et l'Alonna ou allait leur allégeance. Il avait été exaucé mais le faible tribut de la couronne dans son entreprise était affligeant et les doutes étaient survenues alors que le capitaine royale d'Anoszia lui révélait certaines choses. Heureusement Aretria était à ses côtés et l'Alonna fut rapidement conquise à faible coût suite à des erreurs stratégiques. Alonna était maintenant à leurs côtés et tout s'annonçait pour le mieux avant d'apprendre que Aymeric pensait que Jérôme le spoliait, ce qui n'était certes pas le cas ^^ vint ensuite l'arrivée des drows et maintenant Nimmio, qui s'était relevé d'entre les morts avait mit en déroute les armées royales coalisées. Cela l'aurait presque fait sourire, les Dieux étaient pleins de ressources pour faire et défaire les choses et amener à des situations étranges.

Jérôme avait donc décidé d'aller voir la régente pour lui demander ce qu'il en était et en passant, il se dit que revoir son ami serait une bonne chose pour discuter de plusieurs choses. Entre temps, suite à la campagne que Brochant avait fait contre le baron, ce dernier s'était mis à l'oeuvre également pour rehausser son aura. Il avait payé quelques ménestrels qui se dirigeait à Serramire, chantant ses campagnes et sa droiture. Quelques espions implantés dans certaines villes lançaient également des rumeurs sur le baron et son engagement envers la populace et les pauvres, s'appuyant sur sa gentillesse et les gestes qu'il avait fait en Serramire la ville lorsqu'il avait libéré les miliciens sans les rançonner, ni les tuer et faisant tout pour éviter les pillages.

Ce matin, les chevaux furent sellés et normalement, ce devait être le dernier jours de voyage avant d'atteindre, dans le début d'après midi, Christabel. Il était à espérer que le comte serait toujours la bas. Les heures passèrent et lorsque la ville fut en vue, les troupes de Velteroc étaient en effet toujours la. La différence, et pas des moindres, était que les couleurs de Velteroc flottaient en haut des tours de la ville et que ce qui semblai avoir été un siège, était en train d'être levé. Jérôme et sa troupe avança, la bannière de la licorne flottant à sa suite, en direction du campement ou il finit par être accosté par un homme. L'un des cavaliers fit avancer sa monture vers l'homme

"Le baron d'Etherna, Jérôme de Clairssac, désir s'entretenir avec le comte de Velteroc !"

Les choses étaient lancées et le sort déciderait sans doute de la suite des événements. Nul doute que certains, s'y connaissant en héraldique, savaient que Etherna se trouvait en ce moment du côté de la couronne.

La corne sonna une nouvelle fois, tandis que le Comte de velteroc supervisait le démontage de sa propre tente de commandement. S'interrompant, le Duc du Médian chercha du regard le héraut qui ne manquerait pas de rappliquer sous peu afin de l'informer de la présence d'un invité surprise. Mais a peine avait-il levé les yeux qu'une bannière l'interpella, ainsi qu'un certain brouhaha. Une licorne, il avait déjà vu ça quelque part, mais pas dans le médian en tout cas. Que diable pouvait faire un tel étendard en ces lieux. Puis une fulgurance intervint ! Jérôme ! C'était sa bannière ! Le vieil ami du nord avait quitté le bourbier Sgardien pour venir à sa rencontre !?

Traversant le campement à grande enjambées, le Seigneur de Velteroc arriva juste à temps pour éviter que les hommes de Jérômes ne soient pris à parti par les Missédois et Langecins qui les prenaient pour des ennemis, non informés qu'ils étaient sur les liens d'amitié qui unissaient Nimmio et Jérôme.

Le Médianais reconnus le nordique d'un simple coup, d’œil et l'apostropha dès que la cohue se fut enfin dissipée, avec le ton que peuvent prendre les vieux camarades en de telles circonstances.

Que Mogar fait donc ce nordique de Jérôme de Clairsac sur mes terres ?! Voici longtemps que je ne t'attendais plus vieux brigand ! Mais tu as l'air fatigué ! Viens donc te prendre une bière au calme, tu m'as l'air dans un état de fatigue et d'épuisement rare ! Ta campagne de reconquête d'Oesgard ne se passe pas comme tu le souhaites ?

Il conduisit alors son ôte jusqu'à un banc et une table encore dressés en cet heure de grand chambardement. D'ici ce soir, l'armée Velterienne serait à nouveau en mesure de battre les chemins de campagne en direction d'un nouvel ennemi à combattre. On murmurait que la Régente était absente de la capitale depuis plusieurs enneades. Ils en auraient prochainement le cœur net.

La bannière fut rapidement reconnu par une personne pou quelques et le mot circula qu'il s'agissait de la licorne des Clairssac et qu'il était du côté de la couronne. Un attroupement se fit autour du groupe et les gardes du baron l'entourèrent afin de le protéger du mieux qu'ils le pouvaient en attendant. Si l'on pouvait dire qu'on se jetait dans la gueule du loup, c'était le cas en ce moment et nul doute que les gardes devaient se demander si leur seigneur avait encore toute sa tête de rentrer dans un campement "ennemi" sans s'annoncer et être attendu. La tension montait au fur et à mesure que le temps s'écoulait jusqu'à ce que le comte arrive et n'accueille Jérôme en bon et dû forme. Le ton était on ne peut plus amical, ce qui étonna surement l'assemblée qui s'était attroupée autour du petit groupe d'etherniens.

A l'arrivée du comte, Jérôme descendit de cheval et il s'approcha avec un sourire qui n'atteignit pas ses yeux, preuve que c'était factice et cela même s'il appréciait grandement son interlocuteur. Le moment était trop grave et le côté taciturne lui collait à la peau depuis un long moment, trop long par rapport à son caractère d'origine et les événements indiquaient que cela ne changerait pas de si tôt. Nimmio avait relevé l'état de fatigue du baron. En effet, la guerre et la chevauchée qu'il avait entreprit n'étaient pas de tout repos, loin de la et tout cela commençait à avoir des conséquences, surtout que les guerres, Jérôme les avaient un peu cumulées ces dernières années. Nul personne le connaissant, même parmi ses détracteurs, ne devait ignorer que pour l'instant, il était invaincu, faisant de lui, soit l'homme le plus chanceux du monde, soit un stratège et tacticien hors pair. A moins qu'il ne soit béni par les Dieux comme certains le croyaient et selon une rumeur qui se répandait largement suite à sa ferveur et ses tentatives répétées pour épargner le peuple lors de ses conflits, cela avec plus ou moins de succès et quelques écarts n'étant pas de son fait. Il était toujours compliqué de tenir une troupe de soldats

"Vous êtes des plus perspicaces votre grandeur, la fatigue n'épargne personne mais j'ai suffisamment de ressources pour la repousser le temps de terminer. En tout cas, je remercie Néera de vous avoir épargner de la maladie. Une bière me fera le plus grand bien, je vous suis."

Alors qu'ils faisaient route ensemble, Jérôme s'approcha du comte pour parler discrètement

"Serait il possible d'avoir un entretien privé ou restreint votre grandeur ?"

Les soldats recommencèrent à démonter le camp, une petite partie surveillant de travers les gardes qui suivaient leur baron et le comte en retrait. une fois que les deux nobles furent un peu à l'abris d'oreilles indiscrètes, Jérôme reprit

"Nous avons appris pour votre victoire éclatante sur l'armée royale. Je vous félicite pour ce coup de génie. Il est étonnant de penser qu'avant l'hiver, ma bannière et mes troupes auraient sans doute été à vos côté et qu'aujourd'hui, je suis dans l'autre camp. Quelle tristesse mais avec les serments de la marquise d'Odélian, du marquis de Serramire et votre état alarmant ainsi que la disparition de Maelyne d'Outremont, j'ai décidé que pour un bien plus grand, le sacrifice en valait l'enjeu afin d'avoir une péninsule plus stable et de récupérer les terres qui avaient faites sécession. L'avenir vient de démontrer que c'était utopique"

Nimmio et Jérôme étaient censés être ami et ils étaient dans deux camps qui s'affrontaient. Cela rappelait au baron ses débuts d'entente avec le comte d'Aretria et le fait qu'il avait du prendre les armes contre lui pour suivre son suzerain et aider la régente, alors en détresse pour garder son titre de marquise. Le destin l'obligeait il donc à faire des choix compliqués régulièrement

"J'ai eu vent de certaines choses concernant la couronne et ses intentions à mon égard et je voulais demander quelques explications à la régente. Votre entrée en guerre à précipité les choses et je me suis dis qu'une visite en passant serait une bonne chose"

Il était maintenant temps de répondre à la question qu'il lui avait posé. il resta évasif sur l'avancée du marquis de Serramire car il ne savait pas à quoi s'en tenir

"La campagne de sgarde est un vrai bourbier mais au moment ou j'ai quitté le nord pour venir vous voir, Nulhadon, Erbay et Adelagny étaient sous mon contrôle. C'est un début mas le sud est conquis, la suite s'annonçait compliquée mais je ne sais pas si vous êtes au courant mais les sombres ont fait leur apparition. Ils ont pénétré les frontières et ils ont apparemment des armes de siège, ce qui n'indique pas une visite de courtoisie."

Jérôme hésita un instant avant de reprendre

"Votre grandeur, si je suis venu c'est pour plusieurs raisons. La première de vous féliciter même si vous me mettez dans une situation difficile, La seconde pour vous annoncer que les drows étaient de retour en péninsule. La troisième et non des moindres concerne le marquis de Brochant. En effet, d'après votre missive, il semble que vous entreteniez des échanges avec lui ?"

C'était autant une question qu'une constatation

"Je ne sais pas ce qu'il croit me concernant ou ce qu'on est allé lui dire mais je voulais savoir si vous connaissiez ces intentions à mon égard ? il semble bien agressif et j'ai appris qu'une commise avait été lancé sur mes terres de Bastylle."

Un nouveau sujet s'était imposé dans son esprit après cette victoire qui avait causé tant de morts

"De plus, sans rentrer dans les détails car je comprends les subtilités de la guerre, je voulais savoir qu'elles étaient vos intentions après votre victoire ? Si vous le souhaitez, je peux être médiateur entre la couronne et vous même ?"

Il pouvait être important de trouver un compromis avec les drows et sortir d'une crise était important également.

Sujet: Re: Retrouvailles et politique Lun 5 Jan 2015 - 16:44

Le Duc du Médian écoutait son ami avec attention. Ce dernier avait été berné par la Régente de bout en bout et semblait ressentir les ficelles sans encore parvenir à les voir. Il avait besoin de preuves et les démenait à Nimmio. Il avait eu vent lui aussi des accords entre la Régente et la Marquise d'Odelian concernant Ethernat. Nul doute que Jérôme avait été le dindon de la farce et qu'il aurait été puni par sa suzeraine si cette dernière n'avait pas connue la défaite devant Christabel en même temps que l'ost Royal. On murmurait qu'elle était actuellement en Ancenis pour essayer de soustraire la terres de ses légitimes suzerains. Mais nul doute que Blanche la recevait déjà fermement et avait assuré que l'Ancenois fut fidèle à sa lignée et à son nouveau Duc.

Cher ami, je ne peux que te confirmer un certain nombre de choses. En effet, la Régente et la Marquise d'Odelian avaient trouvé un accord et sans doute était-il bien funeste pour votre avenir. Grand était le courroux de Madeleyne lors de son passage à Hautval et nous savons vous et moi qu'Arsinoé n'a jamais porté le moindre intérêt pour la survie de ceux qu'elle jugeait inférieurs. Aussi est-il certain que si elle eut dut offrir votre tête pour calmer la Marquise, l'a-t-elle fait sans sourciller. Je crains cependant que vous ne découvriez jamais le fin mot de cette histoire car la Régente a disparu d'après les rapports de mes espions. Elle aurait été vue quittant Diantra avec hommes et bagages. Depuis, plus aucune nouvelle d'elle ne nous est parvenue. Certains murmurent même qu'elle aurait disparu en mer.

Dans tous les cas, c'est le Chancelier Cléophas qui mène les négociations qui devraient s'ouvrir a Diantra aujourd’hui même avec mon ambassade. Je prédis que cela durera un certain temps. Aussi, si vous souhaitez vous y rendre afin de faire entendre raison aux Usurpateurs, je vous ferrais apporter un oriflamme diplomatique. Je vous connais assez bien pour savoir que vous n'aspirez qu'à ce qu'il y a de meilleur pour notre royaume, tout comme moi.

A ce propos, ce que j'envisage pour la suite est simple. Élire un nouveau Roi dont la légitimité, apportée par l'accord des grands de ce royaume, ne pourra être remise en cause et sera gage d'unité. Un Roi qui sera tenu de consulter le Conseil royal avant de prendre de grandes décisions. Un roi qui sera un symbole d'unité et non plus celui d'une lutte de pouvoir permanente. Je pense en cela approcher de ce que vous vouliez lorsque nous nous sommes rencontrés pour la première fois. Me tromperais-je ?

Faisant une pause, Nimmio se mit a marcher dans la tente qui lui était devenue que trop familière au fil des ennéades. S'y étaient succédé bon nombre de conseil de guerre, d'amis en passage où d’allier venant l'assurer de leur soutien. Il n'aspirait qu'à une chose. Que tout cela se termine et qu'enfin, il puisse voir une péninsule unie et en paix.

Mais je m'égare et ne réponds pas à vos autres questions. Oui, je suis en correspondance avec le Marquis de Seramire avec lequel j'essaye de nouer une alliance solide contre les sbires de la régente. Mais je vois aussi un certain nombre de divergence avec lui. Il semble s'inquiéter de la réunification du médian sous mon autorité et ses messages semblent se ternir à présent que la paix est à portée de main. Je ne connais pas tellement ses méthodes sur place. Il me semble très attaché à l'image qu'il se fait du Seramire d'autre fois et me parait assez inflexible sur ses principes. J'ai essayé de te défendre à ses yeux, mais je ne suis pas certain d'y être parvenu. Je pense qu'une rencontre prochaine entre nous permettra de dissiper tout malentendus possibles. Jusque là, je ne sais trop comment prendre ses intentions. Je serrais vous, je me méfierais un peu . Je ne suis pas certain qu'il porte beaucoup d'estime et de confiance pour les personnes qu'il ne juge pas comme entrant dans ses cases de loyauté.

Pour ce qui est des Drows, mes messagers m'ont en effet mis au courant. Il s'agit là d'un bien grave danger. Je comptes faire mon possible pour le contrecarrer dès la guerre actuelle terminée. Je n'accepterais pas que les marches du nord tombent parce que nous nous entre-déchirons au delà du raisonnable.

Sujet: Re: Retrouvailles et politique Ven 9 Jan 2015 - 14:56

Jérôme avait avancé ses pions et exposé ses convictions, c'était maintenant au comte de lui répondre. Il le fit et ce qu'il disait était loin de plaire au baron qui se renfermait sur lui au fur et à mesure que les mots sortaient de la bouche de Nimmio. C'était des plus accablant que d'apprendre que son ancienne suzeraine, loin de prendre en compte les services qu'il avait rendu et de demander des comptes pour savoir le pourquoi du comment, s'était tout simplement dirigé vers la régente et l'avait prise en otage pour arriver à ses fins. Pire que d'apprendre que la régente qui l'avait obligé à rompre son serment ne semblait pas encline à protéger celui sur lequel elle avait attiré l'attention de beaucoup de monde en le nommant maréchal. Quelle tristesse que de constater que les paroles du capitaine ne semblait pas être un mensonge visant à le rallier mais bel et bien une vérité brutale et terrible.

C'est sans ouvrir la bouche que Jérôme écouta le comte sans l'interrompre une seule fois, ne sachant de toute façon pas trop quoi dire ou comment réagir à ce qu'il apprenait. Il était toujours lié par serment à la régente et il semblait que celle-ci avait quitté Diantra avec ses bagages suite à la victoire de Nimmio sur les troupes royales et qu'elle était depuis portée disparue. Quelle tristesse si c'était vrai car il n'aurait jamais d'explication sur ce qu'elle pensait tirer en trahissant ses vassaux.

C'était dorénavant le baron de Merval qui avait le pouvoir de parler au nome de Diantra, lui qui était chancelier en titre. Jérôme se souvenait de l'homme qui lui avait paru antipathique aux funérailles du roi alors qu'il demandait sans sourciller aux seigneurs présent de faire serment à la régente sous peine d'être considéré comme félon. Une manière de plus cavalières d'imposer quelque chose à des hauts seigneurs censés êtres seul maître de leurs terres. La surprise de voir le marquis de Serramire et la marquise d'Odélian offrir leurs allégeance avait frappé le baron qui avait quitté le sanctuaire, écœuré par tant d'hypocrisie et de faux semblants. Lui qui voulait se révolter devant cette façon hussarde de procédé qui était bridé par ses suzerains qui maintenant lui reprochaient d'avoir obéit à la couronne, le monde devenait fou. Le comte proposa toutefois à Jérôme de lui offrir une oriflamme diplomatique pour voir s'il était possible de mettre fin à toute cette folie.

Etant toujours dans l'incapacité de répondre, réfléchissant à toutes les implications à l'oeuvre en ce moment, il écoutait son ami et rival du moment parler de ses intentions. L'idée qu'il ressortait était idyllique et utopique mais belle. Un roi diminué dans son pouvoir par les hauts seigneurs qui lui feraient serment. Un royaume dirigé par un conseil et non par une personne unique, des personnes qui parleraient de concert au nom du royaume et pour son bien. Jérôme ne faisait pas partie des hauts seigneurs mais il appréciait cette façon de voir, celle la même qu'il avait cru possible lorsqu'il avait répondu à l'appel convoquant les nobles aux funérailles en faisant croire à cela, de façon vilement mensongère, il le savait maintenant.

Nimmio correspondait bien avec le marquis ou du moins il le disait mais Jérôme ne voyait pas pourquoi remettre en question cela surtout que les deux hommes ne semblaient plus autant en accord ces derniers temps. Cette information n'aurait pas dû être dite si ce n'était pas la vérité. Nimmio continua en expliquant qu'il avait tenté de défendre Jérôme aux yeux de Brochant mais qu'il ne savait pas s'il y été parvenu.

Un silence tomba ensuite avant que Jérôme ne relève la tête et ne regarde son "ami" dans les yeux. Il aurait dû être en colère mais son ton était las et ses yeux reflétaient tout cela

"Ce qu'on m'a dit était donc vrai, la régente m'a lâchement abandonné à la première occasion ? et dire que c'est elle qui m'a imposé ma défection envers Odélian, voila qu'elle fait alliance avec le marquisat contre moi, quelle infamie."

Un nouveau silence lourd de conséquences s'installa

"Je n'ai pas besoin de l'oriflamme, du moins je l'espère...je me rendrais à Diantra pour voir de quoi il retourne et voir s'il est possible de discuter avec le baron de Merval. Qu'espérez vous avoir et que comptez vous donner pour trouver un accord entre vous et le chancelier ? J'ai bien compris ce que vous comptez mettre en place, ce serait une bonne chose mais je ne sais pas si tout le monde pense la même chose. Le chancelier, par exemple, outre sa position, n'est que baron et il n'aurait donc pas droit au conseil. Sera t il donc réceptif à une telle proposition ? vous connaissez l'avidité des seigneurs à engranger toujours plus de puissance ?"

Jérôme pouvait entrer dans cette catégorie, lui qui avait fait tant de guerre les unes après les autres mais dorénavant il se moquait un peu de ce que l'on pensait de lui, il avait suffisamment entendu d'horreur sur son nom, fondé ou pas. De toute façon, c'était la vérité quoi qu'on en pense.

"Je suis bien placé pour savoir que le marquis de Brochant est une personne étonnante. J'espère que ce qu'il me reproche est une idée qu'on lui a implanté dans la tête et que je réussirais à aplanir tout cela lorsque nous nous rencontrerons. Merci d'avoir pris ma défense, je vais tout faire pour avoir une conversation d'homme à homme et cela le plus rapidement possible pour discuter de tout cela et lui démontrer que je n'ai jamais eu l'intention de lui nuire. J'espère juste qu'il sera réceptif et qu'il prendra le temps de m'écouter. Dans tous les cas, nous devons trouver un terrain d'entente afin de repousser les sombres et leur démontrer que nos conflits n'ont pas encore entamés notre détermination et notre capacité à protéger nos possessions."

Sujet: Re: Retrouvailles et politique Sam 31 Jan 2015 - 12:03

Nimmio sentait la peine qui pesait sur les épaules de son ami. Ce dernier s'était une fois de plus fait trahir par les personnes qui lui promettaient leur soutien inconditionnel et l'avaient orienté une nouvelle fois sur des chemins tortueux dont il aurait du mal a revenir. Jérôme était une homme de parole et de droiture. Un homme qui se battait pour ses idéaux et espérait, malgré tous les troubles, toutes les bassesses, toutes les traîtrises, réunifier le royaume afin d'en assurer la prospérité et la sécurité. Il faisait partie de cette rare espèces d'hommes dont le cynisme n'avait pas pris le pas sur les espoirs.

Le baron d'Ethernat demandait a présent au Duc du Grand Médian de lui dévoiler ses projets pour le royaume et les points sur lesquels il comptait négocier avec le Chancelier Cléophas. Il n'avait aucune raison de lui cacher ces choses, surtout s'il souhaitait faire de son ami un allier objectif pour la suite des événements.

Et bien, mon cher ami, je prévois de proposer au chancelier rien de moi que de conserver sa place et de participer a l'élection d'un nouveau Roi pour notre royaume qui en a grandement besoin. Il est cependant évident que, ne pouvant faire confiance a une bonne partie des seigneurs de notre royaumes, je comptes démanteler les terres royales afin d'atomiser leur pouvoir. Ainsi, le Royaume ne pourra plus être dirigé que par un conseil au sein duquel siégeront les grands du royaume et cela afin de s'accorder sur la marche a suivre et ainsi s'assurer d'une certaine entente et d'un certain consentement de chacun a l'exercice du pouvoir. Ainsi, je pense assouvir l'avidité de bien des seigneurs tout en m'assurant que chacun sera le contre-pouvoir naturel de l'autre. Car comme vous le savez, seul le pouvoir peut arrêter le pouvoir.

Pour ce qui est de vos relations avec le Marquis de Brochant, je vous accorde en effet qu'il s'agit d'un personnage fort particulier. Prompt a m'assurer de son soutien, voilé néanmoins, lorsque ma situation semblait désespérée et a prendre ses distances lorsque mes entreprises s'avéraient couronnées de succès. Je lui ais assuré bien vous connaître et pouvoir me porter garant de votre bonne foi et de votre droiture. Mais il ne semble pas être particulièrement réceptif a mes arguments. Je ne peux donc que rester perplexe devant cet individu qui demeure une inconnue a mes yeux.

La droiture, la loyauté, l'honneur, la gloire, en un mot, la chevalerie, la vrai, celle qui devrait exister. Voila ce en quoi le baron avait toujours cru et les valeurs qu'on lui avait inculqué et qu'il avait toujours défendu et dans lesquels il croyait plus que tout. Mais ça c'était avant, avant que le destin décide de détruire presque tout ce en quoi il avait placé ses idéaux. D'abord, il était utopique de croire en la chevalerie lorsqu'on était entouré de chacals avide de dépecer les autres. On lui avait imposé de rompre son serment et de perdre son honneur et sa loyauté, puis on l'avait envoyé guerroyer, certes sur sa demande, croyant toujours en une cause. Ses alliés l'avaient abandonné, oubliant la gloire. La droiture avait été bafoué alors qu'il avait été honteusement trahit sans aucune vergogne, ni même un cillement. A se demander si les dieux n'avaient pas en tête de le briser, à moins que ce ne soit qu'un jeu pour voir jusqu'où il pouvait aller en se débattant ridiculement. Aujourd'hui, il ne lui restait que sa famille mais il avait l'impression de les avoir trahit à son tour, amenant l’opprobre sur le nom que son arrière grand père avait tout fait pour redresser. Que lui restait il aujourd'hui d'autre que ses yeux pour pleurer ?

Le soucis avec Jérôme, c'est que même lorsque tout s'effondre autour de lui, il continue de croire encore et toujours. C'était son credo mais il devait s'avouer qu'il se trouvait au bord du précipice en cet instant. Et pourtant, en tant que chef de famille, il devait, au moins à sa mère, sa sœur et son frère de ne pas tout abandonner. La lassitude devait marquer ses traits encore plus qu'au moment où il était entré en ce lieu. Il se redressa, se tenant droit tout en plongeant son regard dans celui de son interlocuteur. L'on sentait tout de même la frustration perçait dans son ton

"Ma foi, voila des propositions plus qu'alléchantes en effet, je vous souhaite de tout cœur que cela aboutisse"

Jérôme était en train de devenir un homme septique et de toute façon, c'était l'action qui le menait toujours, pas la politique. Au final, peut être qu'il n'était pas un bon seigneur mais juste un bras armé.

"Vous avez raison de ne pas mettre votre confiance entre les mains des seigneurs du royaume. Je ne saurais vous conseiller de vous méfier même de vos proches alliés qui un jour vous soutiennent et le lendemain vous rejettent car vous ne leurs êtes plus utile. Vos offres sont plus que généreuses et devraient en effet contenter les rapaces mais plusieurs précautions valent mieux qu'une."

Il avait eu ses réponses en trouvant un document portant les deux sceaux d'Odélian et de la régente sur son cas. Il était toutefois déçu de ne pas avoir pu lui demander en personne, il chercherait tout de même à avoir le fin mot de vive voix.

"J'irais donc à Diantra pour tenter de discuter et voir la ligne de conduite du chancelier maintenant que la régente s'est enfuie. Je porterais vos mots et je vous écoute pour tout ce que vous souhaiterez que je transmette."

Et pour finir, le marquis de Serramire. Jérôme était surpris d'entendre le comte dire qu'il l'avait soutenu alors qu'il se trouvait dans un camp différent. Si cela était vrai, c'était une dette qu'il avait contracté à son encontre. Nimmio l'appelait "ami" mais étaient ils vraiment cela ou était ce encore une manœuvre pour se faire bien voir ? c'était terrible de douter de tout et Jérôme n'était pas des meilleurs pour percer les complots ou manipulations à jour

"Lorsque j'aurais terminé à Diantra, il faut que j'arrive à obtenir un entretien avec le marquis en tête à tête afin de parler enfin sans intermédiaire et mettre un terme à tous les malentendus qui nous séparent aujourd'hui. J'espère vraiment parvenir à aplanir la situation et retrouver une situation plus seine, d'autant plus vu les événements actuels et les drows qui demandent plus que jamais de s'unir."

Jérôme n'avait plus rien de l'être enjoué qu'il était auparavant mais il avait finalement décidé de ne pas baisser les bras même s'ils étaient très lourds en ce moment

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