Caissa ko ?

Cinquième jour de la 3e ennéade de Barkios
second mois de printemps, an 8

Clotaire observait avec attention les murs de Caissa. La ville du sud des terres royales n'était pas mal pourvue en défenses, mais il était claire que la ville n'ayant pas connu de sièges depuis bien des décennies, elle avait négligée d'entretenir fort efficacement ses défenses. Et puis, avec la fuite des vestiges de l'ost royal vers le sud, elle était désormais fort esseulée. Néanmoins, elle avait retardé sa décision quand à une éventuelle reddition et attendait désormais les ambassadeurs du Médian.

Le Velterien, une fois les portes de la ville franchies, mit pied à terre et fut accueillit par la délégation Caissienne. Encadré par ses hommes, il suivit cette dernière jusqu'aux appartements du seigneur des lieux afin d'entamer les pourparler de paix. Montant les marches de l'escalier central, ils débouchèrent sur la salle du Trône.

Effectuant une courbette afin de saluer honorablement la personne qui lui faisait face Clotaire, dès qu'il eu confirmation que cette dernière fut bien son interlocuteur, entama sans plus attendre la ronde diplomatique.

Messire de Caissa, C'est pour moi un immense honneur que de me présenter devant vous afin de discuter de la fin de cette guerre qui nous oppose et dont je suis certain que, vous comme nous, n'avons pas envie qu'elle ne continue d'avantage. Comme vous le savez, Diantra et les terres royales se sont rendues en échange de l'assurance d'être épargnés des affres de la guerre et être également exemptés de tribut et de réparations de guerre. Aussi, pourront êtres négociées les rançons pour vos hommes capturés lors de la bataille des Champs Pourpres.

Mais je suis également ici pour vous faire une offre sans précédent. En échange de votre reddition, Le Duc du Médian vous propose l'érection de vos terres au rang de Comté de plein exercice et l'obtention pour vous et votre lignée du titre de Comte.

Il marqua alors une pause, jaugeant la réaction de son vis à vis. La proposition qui lui était faite était sans doute des plus alléchantes et, il savait que, si les terres royales avaient accepté l'autorité de l'usurpatrice, cela avait été d’avantage pour assurer la sécurité de leurs demeure que pour lui apporter un soutien inconditionnel. Ainsi, accepter des conditions aussi favorables était-il sans doute loin d'être absurde en ces temps difficiles.

Malheureusement ce n’est pas parce qu’on ne subit pas de sièges depuis plusieurs décennies et même siècles que pour autant on abandonne les fondations de sa maison. Comme dit le bon vieux adage : mieux vaut prévenir que guérir. Après tout, lorsqu’on est fier de son patrimoine, qu’on apprécie parader et qu’en prime de tout cela, on possède une magnifique richesse grâce à son alliance estreventine, on profite largement des atouts qu’il est possible d’exploiter. Ce serait triste de s’en priver. Myrdine en avait largement conscience et avait développé cela au fil de ses années de règne. De plus son père lui avait légué une éducation de telle sorte à tirer parti de tout ce qui fut bon à prendre. En ce jour, Myrdine était largement de mauvaise humeur lorsqu’il apprit que la délégation veltérienne était en route. Il savait bien sur tout ce que cela signifiait et aurait préféré se prélasser sur les côtes d’Ashraï aux côtés de sa femme.

« Appelez-moi Valérien et Danaé » fit-il à son chancelier. « J’ai à m’entretenir avec eux. »

La délégation caïssàne et non caïssienne escorta religieusement les veltériens jusqu’au château qui au fur et à mesure des années avait fini par prendre des allures des plus orientales rappelant l’Ithrii Vann. Le sire Clothaire faisait bientôt face à un jeune homme en pleine force d’âge au teint légèrement cuivré. Sa chevelure était longue et parfaitement coiffée parsemée de bijoux discrets ostentatoires. Sa tenue était celle d’une tunique brodée d’or aux couleurs d’un vert émeraude descendant jusqu’aux genoux. Le reste était couvert d’un pantalon plutôt bouffant au niveau des chevilles. Il fixait d’un œil indifférent les hommes qui lui faisaient face. Finalement après la longue tirade aussi protocolaire qu’ennuyeuse, Valérien III de Caïssa leva la paume et s’exprima calmement.

« Je suis Valérien III de Caïssa, digne héritier de ma maison et maintenant que vous êtes sous le toit de notre famille. Il va falloir si vous souhaitez négocier se plier aux règles d’hospitalité qu’incombe à notre digne héritage et ceci depuis des générations et générations. Mon père, le seigneur Myrdine de Caïssa est actuellement indisponible. En effet, son dos lui fait atrocement souffrir et il est aux soins des plus brillants maîtres pour éradiquer son mal. Le seigneur Myrdine de Caïssa tient absolument à s’entretenir avec la délégation velterienne donc il va falloir patienter. »

Le ton ne changea pas une seule fois, pas un mot plus haut que l’autre. Après un claquement de doigts, les portes de la salle du trône s’ouvrirent sur une horde de gens. Les serfs apportaient des tables accompagnés par une kyrielle de femmes aux tenues affriolantes qui portaient des plateaux de fruits aussi exotiques les uns que les autres plus d’un n’avaient sans doute jamais vu de leur vie, de la viande, du pâté, du pain, etc. Des cruches de vin et d’alcools furent amenés et des bancs disposés.

« En guise de compensation, nous vous offrons les mets les plus prisés de la péninsule et des terres ensoleillées de l’Estrevent. Mangez. Buvez. Il nous fera des forces pour les discussions à venir. »

Une meute de troubadours s’était entre-temps installée pour accompagner le banquet d’une musique aux accents du sud.

Ainsi, les négociations allaient-elles prendre plus de temps que prévu. Le seigneur de Caissa semblait indisponible pour l'heure et aucune temporalité n’était donné a Clotaire quand au lancement des pourparlers. Comme prévu, il rédigea un rapport expliquant la situation et l'envoya a Diantra afin de présenter l'avancement de la situation. Il sentait qu'il y aurait beaucoup d'autres de ces rapports dans les jours qui viendrait, mais espérait néanmoins que le Seigneur de Caissa serrait disponible rapidement.

L'ambiance se détendit néanmoins rapidement tandis qu'ils étaient invités a manger en bonne compagnie et dans une ambiance qui se voulait frugale et relativement festive. Les émissaires de Velteroc n'étaient pas habitués a une telle hospitalité. Partout où ils étaient allés jusqu'alors, ils avaient fait l'objet de bien des méfiances de la part de leurs interlocuteurs. La couronne avait fait circuler bien des rumeurs a leur sujet et, partout, il avait fallu prouver qu'elle furent infondées avant de pouvoir négocier. La situation était donc louche et ne manquerait pas d'attirer l'attention du Duc Nimmio dès la réception du rapport et d'avantage encore si aucun rapport ne lui parvenait. Car il ne fallait pas oublier la possibilité d'une éventuelle fourberie. C'est à cet effet que des espions velteriens avaient étés déployés dans la région, à la recherche d'éventuels mouvements de troupes et qu'une partie substantielle de l'armée de la coalition se maintenait sur le pied de guerre et était prête a intervenir en cas de mouvements ennemis. De plus, il avait envoyé un détachement de deux mil hommes a Valancour afin de parer a toute éventualité.

Clotaire s'installa a table et trinqua en compagnie de ses hôtes, non sans observer scrupuleusement les allées et venues de chacun et en se gardant de manger un seul met qui n'eut pas au préalable été goutté par Valérien qui se tenait non loin de lui a table.

Dite moi seigneur Valerien, avez vous  transmis a votre père les propositions de Velteroc ? Vous savez, la Duc Nimmio est disposé a vous accorder certaines largesses politique et commerciales en échange de votre ralliement.