[Alentours de Méra] A la découverte de la voix de Kyria [PV Nienna]

Douce mélodie...
La première fois qu'il l'avait entendu, c'était dans de biens tristes conditions. L'armée elfe, vaincue, se repliait vers Eraison. Avec la présence d'un certain nombre de blessés, le voyage était long et la perspective de l'arrivée n'était guère plus réjouissante. L'éclipse avait eu lieu et n'avait jamais pris fin. C'était comme si les Dieux fermaient les yeux sur leur marche d'agonie.
Et ce fut là, dans cette ambiance sombre, que la lumière prit forme aux oreilles de Fenris. Il crut d'abord que quelqu'un jouait de la musique dans les environs et prêta davantage d'attention à ce qu'il entendait. Puis, réalisant que la mélodie se mêlait avec ce qu'il percevait de la forêt, il comprit qu'il entendait la Symphonie des Arbres... Un bien beau cadeau qui le consolait tant bien que mal des épreuves terribles et encore fraîches dans sa mémoire. S'arrêtant sur le côté du convoi, il ferma les yeux pour tendre un peu plus l'oreille et une larme perla sur sa joue, de joie et de tristesse.

Depuis, il n'avait guère eut l'occasion d'en entendre beaucoup plus. Entre Ellyrion et Eraison, les batailles s'étaient enchaînées et, avec elles, les préoccupations et tourments de la guerre. Ses journées se succédaient entre entraînements, rondes, plans d'attaques, patrouilles et escarmouches. Son chemin l'avait mené jusqu'à la forêt d'Aduram où il avait dû utiliser de tout son courage et de toute sa concentration pour fermer son esprit à la voix des arbres qui étaient encore marqués par des évènements aussi anciens que douloureux. Il avait pressé le pas pour rentrer, craignant de ne pouvoir rester sourd suffisamment longtemps aux messages qui volaient entre les branchages.

Aussi, il était bon pour Fenris de retrouver le calme des forêts de l'Anaëh. Enfin, il se retrouvait seul au milieu des bois, loin de toute vie et de tout bruit parasite. Le jeune soldat avait demandé ce moment afin d'apprivoiser l'étendue nouvelle de son don. Profitant que son frère soit pris en ville, qu'il n'ait pas spécifiquement besoin de lui et qu'il se trouvait dans une zone sécurisée, il avait quitté les routes pour s'isoler, tel un Noss parcourant ses terres.

La Symphonie était d'une grande douceur à ses oreilles et il découvrait les sons qui l'avaient jusqu'alors guidés en silence. Ceci voulait dire "Tiens, il y a un elfe dans les bois.", cela "Cet écureuil qui a élu domicile dans mon tronc me gratte...", et cela "Que l'eau de ce ruisseau est agréable !". Toutes ces sensations prenaient une toute autre forme, bien plus claire et "audible". Son premier apprentissage facilitait grandement sa compréhension de la Symphonie à l'état pur. Le son associé à ses perceptions muettes lui permettaient de déchiffrer avec plus d'aisance et de rapidité ce que la forêt lui disait.

Mais... Qu'est-ce que c'était ? Il n'avait pas encore entendu ce genre de mélodie... Elle était plus stridente et appelait à attirer l'attention. Fenris tourna légèrement la tête vers sa provenance pour mieux l'entendre mais c'est son cœur qui l'alerta. Il fit volte-face et découvrit alors un grand cerf blanc, grattant le sol et rejetant l'air de ses naseaux avec colère. Il était prêt à charger comme s'il voulait défendre son territoire. Le jeune Nöldorion aurait bien aimé avoir le temps de calmer l'animal mais il était visiblement trop tard pour le raisonner. Mieux valait se mettre à l'abri pour l'heure.
Lorsque Fenris comprit que l'animal se mettait en mouvement, il se retourna et courut aussi vite qu'il put. Après quelques mètres, il trouva un rocher sur lequel il grimpa pour s'en faire un tremplin afin de sauter et d'agripper une branche haute. Il eut tout juste le temps de se mettre hors de portée du cerf lorsque celui-ci passa en dessous de lui.

Il s'en était fallut de peu... Qu'est-ce qui avait alerté l'animal ? Il n'avait pas l'air blessé et il ne voyait pas de femelle ou de faon dans les environs. Son armure de cuir et de métal ? Ses épées peut-être ? Il aurait eu peine à répondre à la question et voilà que le cerf faisait à présent demi tour pour venir pousser l'arbre avec ses bois. Cela n'était guerre efficace contre un chêne à peine plus jeune que l'elfe mais cela n'était pas sans lui faire mal.

Ce n'est pas la peine de blesser cet arbre en espérant le faire tomber. D'autant que je ne te veux pas le moindre mal.

Restait à savoir s'il allait l'entendre... Son cheval était à portée de voix mais il ne voulait pas l'appeler avec ce cerf colérique dans les environs. Il était assez imprévisible et il verrait peut-être d'un mauvais œil l'arrivée de sa monture.

Les arbres tu les as toujours entendus, quoi qu'il faille reconnaître que les entends bien mieux aujourd'hui qu'à l'époque. Depuis que le voile s'est levé et que Kÿria a de nouveau porté les yeux sur eux. Depuis ta prime enfance il te semble que les feuilles murmurent des choses qui t'étais alors bien intangible, tu percevais sans comprendre hélas, ce n'était pas tant un chant qu'une sorte grésillement à l'époque à oreille. Bien que parfois tu te plaisais à faire la conversation aux arbres, ce n'était là rien de plus qu'un jeu innocent qu'une réelle compréhension de la sylve, en fait tu faisais la conversation pour deux. Imaginant ce que les résinifères, plus que percevant, pouvaient bien te répondre.

Une enfant à l'imagination débordante, voilà ce que tu étais vraiment, du moins selon tes parents. Avant le voile les arbres n'avaient chantés pour tes parents, mais depuis que l'Estel a planté dans la forêt la graine de l'espoir, ta mère l'entend elle aussi la Symphonie. Pour ton père par contre la sylve est restée muette, tu ignores pourquoi l'homme reste sourd à la mélodie des arbres, peut-être est-ce son âge, peut-être connaît-il que trop les cités elfes ou humaines, les briques, les pavés et les routes. Sans doute manque-t-il d'ouverture et de recule, sans doute a-t-il beaucoup d'attachement aux cités des elfes, trop d'attachement pour que la forêt puisse chanter pour lui.

Toi et ton père vous étiez en route vers la cité de Mera, tu écoutais sans te lasser le chant des arbres se mêlant à celui des oiseaux donnant à la sylve des airs de choral immense. Dont certain écho pouvait venir de l'autre bout de la grande forêt. Tu te demandais parfois si l'Anaëh n'était pas une gigantesque famille où chaque arbre avait un lien avec celui d'à côté. Ce qui expliquerait pourquoi certain chantait avec tant de peine la perte de l'Eraison car là-bas se trouvait probablement un frère, ou un cousin qui ne chanterait plus avec eux.

Malgré la guerre qui se trouvait à quelques lieux de Mera ton père avait pris son cheval sans hésiter pour venir faire affaire et aussi pour revoir un ami, au fond de toi tu avais quelques incertitudes sur le motif de sa venue. Ce que tu penses toi, c'est qu'il ne veut pas attendre et voir peut être la mort venir frapper à sa porte tandis qu'il se morfond. Il veut continuer à vivre et ne pas penser à la mort qui viendra le prendre tôt ou tard, que ce soit par le billet d'une lame, d'une flèche ou simplement par le chagrin d'une grande perte. La mort par une arme quelconque était sans doute plus enviable que de subir une lancinante douleur chaque jour, chaque heure, minute, seconde que Kÿria puisse lui accorder après la perte d'un être aimé. Les elfes sont bien trop sentimentaux contrairement aux hommes dont la vie plus fugace encore leur permet d'aimer avec passion pendant un temps avant que celle-ci ne meurt avec autant de rapidité que lorsque la flamme est née. Comme leur vie, leur amour est éternelle, leur cœur est à un être, un seul il ne serait aimer de nouveau quand bien même ils survivaient au deuil. Tu te tenais à quelques pas de ton géniteur juchée sur le dos de ton ami, Lossë, le cerf blanc à qui tu as sauvé la vie il y a quelques année à Ithri'Vaan. Vous n'étiez plus très loin de la ville, savant ton père en sécurité tu décidais de partir en balade avec ton comparse. Bien-sûr tu ne pouvais pas partir sans le prévenir tu lanças donc en direction de celui-ci.

- Je vais mener Lossë dans une clairière qu'il puisse manger un peu et se reposer, la marche a été longue. Je vous rejoindrais au plus vite, père.

Tu eus pour toute réponse un regard inquiet et un signe de main chaleureux t'autorisant à quitter la caravane. Bien-sûr qu'il était inquiet la guerre n'est pas loin, tu es son unique enfant, il ne désir guère que tu partes avant lui ! Il y perdrait son immortalité, oui, car c'est bien en cela que l'on est immortel. Nos souvenirs et une partie de nous vit toujours au travers de nos enfants. Tu lui souris avec chaleur, le saluant d'un signe de main avant de couper à travers bois pour rejoindre la dite clairière dont tu as parlé.

C'est Lossë qui mène la danse, tu lui laisse les "rênes" il décide de la direction qu'il prend, silencieux, caressant le sol de ses sabots fourchues. La sylve est fraîche et humide, la terre est boueuse, mais le pied de l'animal est sûr, il saute par-dessus les racines les hautes sans craindre de trébucher. Le cerf est tout à fait adapté à la vie en forêt, il a une grande aisance à ci déplacer, là ou un cheval se prendrait les pieds dans les racines et glisserait, lui navigue comme sur une mer calme. Il trouve sa clairière, s’arrête pour laisser descendre la demoiselle de son dos et part se repaitre de verdure. Toi, tu vas t’allonger dans un coin de la petite plaine profitant d’un rayon de soleil qui perçait le dôme de feuillage pour réchauffer un peu ta peau. Tu n’avais pas besoin de surveiller le cerf, c’est un animal avec beaucoup d’habitude, il fait toujours un tour de la clairière avant de s’y repaitre, c’est pour prévenir tout danger animal. Bien que soit pas bien grand, les cervidés étaient vulnérables hors du couvert protecteur des arbres. Tu patientais donc couchée dans l’herbe quand le chant des arbres changea, tu te redressais pour mieux entendre les paroles ton animal avait pris quelque chose en chasse. Tu bondissais sur tes pieds pour venir en aide à l’animal et ton plus fidèle ami, la voix des arbres te dirigea plus ou moins vers lui ainsi que ses empreintes dans la boue.

Tu finis par le rejoindre, il se trouvait au pied d’un arbre sur lequel il cognait espérant en vain le faire trembler. Tu soupirais de soulagement, il allait bien. Une voix se fait entendre sommant à l’animal de se calmer, mais il n’y a personne au sol, tu lèves donc les yeux pour apercevoir un elfe perché sur une branche et à première vu ce n’était pas un Noss. Tu t’approches douce en chuchotant à l’animal :

- Na’mae, Lossë.
Calme-toi, Lossë.

Le cerf brama puissamment à l’encontre du jeune homme avant de rejoindre sa maîtresse, qui lui caressa le cou.

- Vous pouvez descendre, il ne vous fera plus rien.

Ajouta-t-elle à l’attention de l’elfe perché.

La jeune elfe sembla sortir de nulle part et, au même titre qu'elle n'avait pas tout de suite vu le guerrier perché, Fenris ne réalisa pas immédiatement qu'elle était là. Ce furent les quelques mots qu'elle prononça pour apaiser l'animal qui lui signalèrent sa présence. Alors qu'il découvrait la nouvelle venue, le cerf attira à nouveau son attention en poussant un cri à son encontre, manifestant une dernière fois son mécontentement. Fenris haussa un sourcil, se demandant ce qu'il avait bien pu lui faire pour le mettre dans un tel état de colère.

Vous pouvez descendre, il ne vous fera plus rien.

Mais il ne m'a rien fait. Répondit-il d'un ton léger.

A ces mots, Fenris descendit avec agilité jusqu'à la dernière branche depuis laquelle il se laissa tomber au sol. Rajustant sa cuirasse aux couleurs de la cavalerie, il poursuivit son propos.

Ou tout du moins il n'en a pas eu le temps.

Puis il eut un petit regard vers le cerf et inclina légèrement la tête dans sa direction.

Enchanté Lossë.

Mais celui-ci ne parut pas vraiment sensible à cette marque de politesse ce qui amusait l'elfe plutôt que de le froisser. Celui-ci se tourna alors vers sa maîtresse et la détailla avec discrétion, évaluant à qui il pouvait bien avoir à faire, tandis qu'il l'interrogeait.

J'ignore ce qui a provoqué sa réaction. Je ne me suis pourtant pas montré vindicatif. En fait, j'ai remarqué sa présence alors qu'il s'apprêtait déjà à charger.

L'inconnue était plutôt jolie, même selon les critères des elfes. Elle paraissait visiblement jeune et Fenris aurait pu jurer que leurs âges ne différaient pas tant que cela. Elle semblait très attachée à son cerf et à première vue il le lui rendait bien. Cette association était toutefois peu courante et cela créait une certaine curiosité chez le jeune soldat qui désirait déjà en apprendre davantage sur la naissance de cette surprendre amitié.

On peut dire que le jeune homme n’avait juste pas eu de chance, il s’était trouvé au mauvais endroit au mauvais moment ! Un cerf, c’est un mâle qui veille normalement sur sa harde de femelle. Lossë n’est plus vraiment un animal sauvage mais il lui reste des instincts primaires tout à fait communs chez n’importe quel autre cerf sauvage. Il avait faire le tour de sa clairière pour s’assurer que la voie était libre et qu’il pouvait ainsi se nourrir sereinement, que rien, ni personne ne le dérangerait ou ne risquerait d’attenter à sa vie. Ce qui par expérience lui était déjà arrivé.

Tu rassurais l’animal à grand renfort de caresse et gratouille, tout en gardant un œil sur le jeune homme qui descendait de son perchoir, il assura juste avant que son ami ne lui avait rien fait. Ce qui soulagea la jeune femme, au moins ni l’un, ni l’autre n’avait été blessés ! Une blessure dans l’un des camps aurait été fort regrettable. Tu souriais doucement alors que le jeune homme, qui devait être à peine plus âgé que toi, foulait de nouveau le sol de ses pieds ajoutant que Lossë n’avait en fait pas eu le temps de lui faire quoi que ce soit. Hé bien il avait eu de la chance d’en réchapper selon toi, des elfes des cités moins habiles auraient pris un coup de bois ou deux dans les côtes avant de réussir à grimper dans un arbre pour se soustraire de l’animal.

Tu observas l’elfe dont la courte chevelure blanche n’avait d’égale que le reflet de la lune un soir où elle aurait été pleine. Il portait une armure de cuir et de métal, quelque chose de léger et dont les couleurs te disaient quelque chose. Mais quoi ? Cela t’échappait pour l’instant, toi tu portais une robe verte eau, un mélange de bleu et de vert subtil qui donnait aux tissus un côté liquide comme si tu étais recouverte d’un fin filet d’eau. Elle épousait tes courbes légères à l’instar d’une ondulation dû à une pierre que l’on jette dans un lac. Il fit un signe de tête au cervidé, ce qui te fit sourire amusée, le cerf l’ignora comme on pouvait si attendre néanmoins tu lui avais un petit tour. En touchant du bout des doigts son museau, son poitrail et le dessous du genou de celui-ci exécuta une petite révérence. Ce ne fut pas aussi bien réussit que fait par un cheval mais l’intention y été. Tu le félicitais avec de nouvelle caresse en riant doucement.

- J'ignore ce qui a provoqué sa réaction. Je ne me suis pourtant pas montré vindicatif. En fait, j'ai remarqué sa présence alors qu'il s'apprêtait déjà à charger.

- Oh vous avez juste pas de chance, il allait brouter et avant cela il fait toujours un tour des lieux, pour s’assurer qu’il n’y a pas de danger aux alentours. Il a pris votre présence pour une menace potentielle. Vous n’avez rien fait, il a déjà failli finir chez un bouché, il est très méfiant rien de plus.

Tu faisais en sorte de te trouver sur le chemin du cerf un peu nerveux qui danser sur ses sabots expriment son malaise. Tu ne voulais pas qu’il tente encore de charger le pauvre homme. Tu caressais doucement cervidé, grattant par endroit son pelage blanc. Dans toute cette agitation tu en as toi aussi oubliée la politesse. Tu te penches légèrement en avant souple et élégante, sourire aux lèvres et tu te présentes.

- Je m’excuse pour les agissements de mon ami, je me présente je m’appelle Nienna Ancalímon très heureuse de vous rencontrer.

La jeune elfe semblait amusée par l'attitude légère et divertissante qu'avait choisi d'adopter le soldat. Bien, il avait réussi à transformer ce qui aurait pu être une source de désagréments en un moment plutôt sympathique. Il fallait dire que Fenris aspirait à des préoccupations beaucoup plus joyeuses après Ellyrion et les années qui avaient suivies avec leurs lots de mauvaises surprises.
La jeune elfe contraignit son compagnon cervidé à répondre aux politesses de celui qu'il avait agressé si soudainement. Devant le regard intrigué du cavalier, elle parvint à le faire s'incliner, un peu comme l'aurait fait un cheval. Fenris salua la prouesse d'un signe de tête admiratif à l'attention de la dame avant que celle-ci n'entreprenne de répondre à son interrogation.

- Oh vous avez juste pas de chance, il allait brouter et avant cela il fait toujours un tour des lieux, pour s’assurer qu’il n’y a pas de danger aux alentours. Il a pris votre présence pour une menace potentielle. Vous n’avez rien fait, il a déjà failli finir chez un bouché, il est très méfiant rien de plus.

Voilà donc l'explication de la réaction du cerf. Il s'en serait voulu d'être pris pour quelqu'un ayant de mauvaises pensées à son égard.

-Eh bien, que Lossë se rassure, je n'ai nullement l'intention de le perturber durant son repas. Je suis d'ailleurs un bien piètre chasseur. En ce qui concerne les créatures de Kÿria en tout cas.

Fenris conclut sa phrase par un sourire, ne voulant pas ternir la conversation en poursuivant son idée. La guerre n'avait pas sa place dans une conversation avec une jeune femme. D'ailleurs, celle-ci choisit de poursuivre la discussion en réalisant un jolie révérence suivie d'une présentation des plus amicale.

- Je m’excuse pour les agissements de mon ami, je me présente je m’appelle Nienna Ancalímon très heureuse de vous rencontrer.

Son interlocuteur posa une main sur son cœur et inclina le torse à la manière d'un noble.

-Fenris Nöldorion, membre de la Cavalerie royale. Et votre ami est tout pardonné.

Il accompagna ses derniers mots d'un geste de la main traduisant qu'il effaçait l'évènement de sa mémoire.

-Accompagnez-vous souvent votre ami durant son festin, Nienna Ancalímon ? Ou vous rendez-vous en forêt avec d'autres préoccupations ?

Un doux sourire étirait les lèvres du soldat qui attendait la réaction de la jeune dame. Il espérait qu'elle n'aurait rien contre le fait de discuter un peu. Cela lui changerait de toutes ces conversations que l'on pouvait tenir dans les rangs de l'armée et dont il s'essoufflait un peu.

D’autre elfe aurait sans doute perdu un peu leur sang-froid en se faisant charger de la sorte par un cervidé en pleine forêt. Sauf les Noss, mais eux il est rare de les croiser aussi proche d’une cité ou encore au sol, leur sol à eux se trouvaient plusieurs au-dessus de vos têtes blondes !
Une même branche peut aller dans bien des directions, et donner des fruits bien différents. En hauteur sur cette branche des fruits colorés profitant allégrement des bienfaits du soleil, le Noss, un peu plus bas des fruits plus pâles bénéficiant de quelques rayons de soleil, les elfes de cités et en dessous encore, des fruits qui mûrissent difficilement ne jouissant d’aucune lumière et pourrissant à peine ont-ils vu le jour… les drows. Une branche et tant de fruit, tant de différence !

L’attitude bon enfant du jeune homme te faisais sourire, lui au moins ne se braquait pas sur le fait que l’animal l’avait chargé sans raison. Peu d’elfe des cités aurait apprécié, il n’aurait pas pour autant blessé l’animal mais il était quasi certain que la conversation n’aurait pas était aussi courtoise avec une autre personne ! Cela t’étais déjà arrivée auparavant en fait, Lossë avant son arrivé en Anaëh avec son père et elle n’avait cessé d’être hostile avec tout le monde en Ithri’Vaan. Il fallut du temps, de la compassion, de la patiente avant qu’il ne soit aussi calme. Enfin calme, la présence du militaire le mettait un peu mal à l’aise et il avait donc pour tic nerveux de danser sur place.

Très peu d’elfe était du genre à chasser donc cela ne t’étonna nullement que ton compatriote te dise être mauvais chasseur. Contrairement aux humains savaient que chaque création de Kÿria a une âme est doit être respecté. Ils ont leur vie, leur rôle à jouer dans la sylve et surtout des sentiments au même titre que vous.

- Fenris Nöldorion, membre de la Cavalerie royale. Et votre ami est tout pardonné.

La cavalerie royale, voilà donc pourquoi les couleurs de son armure te disaient quelque chose. C’est parce que tu les avais déjà croisé, dans un livre d’histoire mais aussi dans la forêt pas loin d’Eraïson, pendant une nuit très particulière. Tu lui souriais tandis qu’il se penchait pour te saluer noblement. Un cavalier sans monture c’était tout de même assez atypique mais on ne peut pas dire que votre "couple" elfe, cervidé soit non plus très banal. Tu te contentas de sourire contente qu'il n'y ait pas lieu d'avoir de querelle.

- Accompagnez-vous souvent votre ami durant son festin, Nienna Ancalímon ? Ou vous rendez-vous en forêt avec d'autres préoccupations ?

- J’accompagne toujours Lossë, c’est une habitude, nous aimons nous promener ensemble mais aujourd’hui c’est un peu particulier. Je suis venue avec mon père à Mera, pour affaire, il se promène un peu partout en Anaëh et parfois même au-delà. Et vous Sir Nöldorion où se trouve votre monture ? Lossë ne l’a pas fait fuir au moins ?

Répondis-tu toujours le sourire aux lèvres, tu t’approchais du flanc du cervidé pour monter sur son dos souplement. L’animal ne bronchait pas sous toi, semblait même retrouver un certain calme. Les chevaux sont parfois assez peureux, quand bien même le cerf n'est pas un ennemi naturel, celui-ci aurait très bien pu prendre peur. Quoi qu'un cheval de cavalerie effrayé par un cerf semblait assez peu plausible, ses animaux subissent un certain entraînement avait de les lancer dans la guerre pour que justement il ne se dérobe pas face aux lignes adverses.

- Cela vous tenterait-il de partager le repas de Lossë si votre monture a faim !?

-Et vous Sir Nöldorion où se trouve votre monture ? Lossë ne l’a pas fait fuir au moins ?

Fenris haussa un sourcil. Cela faisait bien longtemps que l'on ne l'avait pas désigné par autre chose que son grade ou son prénom. C'était bien là la preuve qu'il était retiré du monde civil depuis bien trop longtemps. De même, il n'était pas courant qu'on l'appelle par son patronyme afin d'éviter toute confusion avec son frère. Cela avait quelque chose d'agréable tout autant que dérangeant. Il était donc un simple elfe aux yeux de cette jeune elfe mais aussi un inconnu, ce qui justifiait le "Sir Nöldorion".

Le regard du soldat se tourna vers sa gauche, semblant observer quelque chose de bien précis. Mais il n'y avait pourtant rien en vue.

-Elle doit se trouver par-là. Nous n'avons pas encore pu nouer de liens, aussi ne reste-t-elle pas encore à proximité lorsque je la laisse libre.

Fenris avait profité de cette échappée par la ville pour récupérer la monture qui devait remplacer ce pauvre Elë qui méritait depuis longtemps sa retraite. Il préparait les deux créatures à échanger leurs places, habituant la nouvelle jument à être régulièrement montée et laissant le cheval se reposer dans quelques prés. Toutefois, ce n'était que la seconde fois qu'il la prenait et le pari était assez risqué de lui donner tant de liberté alors même qu'elle ne répondait pas encore à l'appel de son nom.

- Cela vous tenterait-il de partager le repas de Lossë si votre monture a faim !?

Le jeune soldat ne put retenir un sourire amusé, à la limite du rire.

-Eh bien, c'est une proposition que l'on ne m'avait encore jamais faite ! Et j'accepte avec joie. Laissez-moi seulement le temps de retrouver Inyniëis.

Il avait l'air surprit le jeune soldat. Son haussement de sourcil te le faisait bien comprendre. Mais par quoi était-il surprit ? Le fait que tu montes un cerf ou peut-être avais-tu dis quelque chose. Peut-être le fait que ton père sorte de la forêt pouvait-il surprendre. Il faut dire que tous les elfes ton père et toi compris vous aviez aussi un certain dégoût du monde qui se trouvait hors de la grande forêt. Néanmoins, ton père est marchant bien qu'il fasse tout passer le plus de temps possible en Anaëh il ne pouvait pas toujours se permettre de ne pas se montrer en dehors de celle-ci. Les hauts dignitaires demandant les services de ton père ne pouvaient pas simplement recevoir une marchandise livrée par n'importe quel elfe. Bien que pour toi cela est assez familier chez d'autre cela ne l'est surement pas. Mais tu ne peux être sûr que ce soit ça tu n'as que de mince supposition et aucun fait sur quoi baser ta réflexion. Tu ne sais pas pourquoi la surprise étire son visage et il te serait difficile de le savoir sans lui poser la question.

- Vous semblez, surprit, ai-je dis quelque chose qui vous semble étrange ? Ou peut-être est-ce le fait que je puisse monter sur le dos de Lossë, il est vrai que c'est une monture peu commune. Mais il est très habile en forêt, il prend des virage bien plus serré qu'un cheval sur ce type de terrain.

Lossë n'avait donc pas fait fuir l'animal et compagnon du soldat, voilà une autre bonne nouvelle. Pas de blessé et pas d'animal en "fuite". La bête n'était juste pas habituée à son nouveau propriétaire, quoi de plus normal. Toi aussi, Lossë, t'a fait la tête un moment, il a bien fallu tout le voyage du retour vers la foyer elfe pour qu'il apaise ses craintes totalement fondé au vu du sort qui l'attendait plus tôt. Quand deux êtres doivent faire équipe dans la vie et le trépas, il vaut sans doute mieux que ceux-ci soient liés par quelque chose d'unique.

Tu réponds au sourire amusé du jeune homme par un sourire identique, il est vrai que ce type d'invitation ne devait pas pleuvoir. Même chez vos cousins Noss qui ont un certain goût pour la nature. Parler alors que deux animaux grignotent, n'avait vu comme ça rien de particulier ou de totalement fou. On peut trouver d'étrange originalité au milieu de la simplicité.

- Eh bien, c'est une proposition que l'on ne m'avait encore jamais faite ! Et j'accepte avec joie. Laissez-moi seulement le temps de retrouver Inyniëis

Il regardait dans la direction où il pensait que pouvait se trouver Inyniëis, le prénom sonnait comme s'il appartenait à une jument, mais bien-sûr tu ne pouvais en être sûre. Certaine personne aime donner des masculin à des choses très féminine, comme chez la fleur, le pétale est au masculin alors que l'objet tout entier et féminin. Étrange, étrange, sont ces gens qui pense qu'un peu de masculin rendra leur féminin bien plus féminin.

- Voulez-vous que je vous aide à la trouver !?

Proposas-tu simplement, serviable comme as ton habitude.

A la question de la demoiselle sur son étonnement, Fenris eut un sourire en coin. Elle était bien loin de s'imaginer la raison de sa réaction. Il fallait bien avouer qu'avoir un cerf pour monture n'était pas courant mais guère beaucoup plus que de l'avoir comme animal de compagnie. La scission entre les deux étant très mince, cela ne pouvait en aucun cas être la cause de sa surprise.

-Il n'en est rien, je vous rassure. C'est simplement que... Cela fait longtemps que l'on ne m'a pas appelé "Sir". Si pour vous la chose est plutôt formelle, pour moi elle est proche de la nostalgie.

Fenris lui adressa un doux sourire afin de la rassurer avant de répondre à sa question suivante.

-Je devrais y arriver, je vous remercie. Mais vous pouvez m'accompagner. Cela nous évitera d'avoir à nous chercher ensuite.

Le jeune soldat fit un signe de la main, invitant Nienna à emprunter la direction qu'il s'apprêtait à prendre.
Il ne put s'empêcher de jeter un dernier regard sur le cervidé, s'assurant qu'il était devenu parfaitement calme et qu'il ne risquait pas d'être pris de l'envie de lui donner un petit coup de bois en chemin. Puis il se mit en route, sondant d'ores et déjà le chant de la forêt.
Sa jument n'était pas bien loin... Quelques centaines de mètres. Au fur et à mesure qu'il avançait, la Symphonie lui faisait savoir dans quelle mesure il se rapprochait d'elle. Il pouvait dire qu'elle allait bien et qu'elle errait en suivant son instinct et peut-être aussi son flair. Habituée aux terres elfes, elle ignorait tout du danger et demeurait d'une grande insouciance. Ce serait un trait de caractère qu'il lui faudrait corriger en lui inculquant la méfiance et en lui signifiant quand elle devait en faire preuve.

Finalement, au détour d'une petite colline, la jument leur apparut. C'était une jeune méharas de 4 ans, tout juste débourrée. Elle avait la grâce de ses parents et l'allure d'une princesse. Son corps était beige tandis que ses crins et la majeure partie de ses membres étaient d'un marron proche du noir. Elle ne semblait pas avoir vu ceux qui étaient apparus au sommet de la butte et Fenris ne manqua pas de lui signaler leur présence en l'appelant par son nom. Comme il s'y attendait, elle avait tourné la tête dans le simple but d'identifier la source du bruit et, ceci fait, elle détourna aussitôt le regard sans lui accorder la moindre importance.
Le jeune soldat plaça alors deux doigts dans sa bouche, produisant ainsi un fort sifflement, ordre d'appel auquel l'animal était bien plus habitué. Inysiëis se mit aussitôt au petit trot en direction du petit groupe sous le regard encore patient de son cavalier. Il était trop tôt pour être excédé : il venait à peine de commencer son travail avec elle.

Une fois qu'elles furent à portée de main, Fenris saisit les rennes et vint se placer à gauche du méharas pour entamer les présentations.

-Inysiëis, je te présente Nienna Ancalímon et Lossë.

La jument montra une parfaite indifférence envers la dame elfe car son attention se porta aussitôt sur cet animal qu'elle n'avait encore jamais vu. Prudente, elle approcha son nez afin de le sentir. A défaut de connaître son allure, peut-être en connaissait-elle l'odeur ?

Inysiëis:

La destinée de Lossë n'était pas tant de devenir un animal domestique, quand tu as croisé le regard de l'animal dans ce paddock à Ithri'Vaan. Majestueux, mais plus que conscient qu'il vivait ses derniers instants. Tu as juste pensé que ce magnifique animal, ne pouvait mourir ainsi, pendu par les pieds par une bande brute qui lui ouvrirait la gorge afin qu'il se vide son sang. Son corps secouait de spasme, vestige fébrile de la vie qui l'animé. Son regard apeuré s'éteignant à mesure qu'il suffoque par manque de cruor. Non, tu aurais voulu le libérer une fois de retour ici chez les elfes, ici il avait bien moins de risque de finir de façon aussi sordide. Mais les cerfs et biche contrairement aux chevaux, une fois habituée à la présence humanoïde retrouve difficilement une crainte de ces derniers. Ce qui l'aurait mis en danger, il s'est habitué à ta présence, à ton odeur, aux caresses et tout le reste en moins de temps qu'il ne faut à un cheval pour apprécier les mêmes gestes. Il a donc été décidé, qu'il resterait avec toi, il fait partie de ton quotidien, de ta vie, il est un membre à part entière de ta famille.

Mais la surprise ne venait pas de là, elle venait d'un petit mot plutôt commun que tu avais dit. Quelque chose d'assez anodin ! Le mot "Sir" le rendait nostalgique, mais de quoi donc ? Encore une interrogation à laquelle tu ne pourrais avoir de réponse à moins de poser la question. Mais ça te parut inapproprié de demander des justifications pour le moment, puis il s'agissait d'un homme que tu venais de rencontrer. Tu n'étais pas bien sûr qu'il apprécierait qu'une étranger s'immisce dans sa vie privée de la sorte et tu n'étais pas sûr de toi non plus tu apprécies un tel comportement si tu avais été à sa place. Tu ne dis donc rien pour le moment à ce sujet. Il te sourit ce qui apaisa un peu ta curiosité, tu lui souris en retour en toute simplicité une fois encore. Un sourire chaleureux et doux plissa avec élégance le coin de tes lèvres rose nacré.

Il refusa poliment ton aide, mais t'invita néanmoins à le suivre dans ses recherches. Il lui indiqua d'un signe de main direction à prendre et tu le suivis, silencieuse et souriante. Lossë avançais calmement et avec toute la majesté ainsi que la grâce dont il était capable. Tête haute, port de tête altier, poitrail ouvert, il respirer une prestance humainement presque inégalable. Il enjambait souplement les racines, le pas lent et mesuré, il était à un pas derrière le jeune soldat. Il n'avait bien entendu pas l'intention de charger pas avec sa maitresse sur le dos, ses yeux gris semblaient regarder loin devant lui ignorant ou du moins feignant d'ignorer le soldat. On pourrait croire qu'il avançait selon son gré mais en fait tu imposais doucement ta volonté d'une légère pression du mollet et en dirigeant avec ton assiette l'animal qui te répondait sans avoir besoin que tu ne parles ou lève la main pour lui indiquer la route à suivre.

Certains arbres chantaient la direction à prendre, d'autre râlé pour diverse raison de leur voix grave et basse, tandis que les jeunes pousses chantaient dans un certain désordre sur des sujets plus gaie que ceux de leur aîné. Vous contournez une petit bute et là, au milieu de l'herbe grasse se promener une superbe méharas à la robe isabelle. Son poil lustré, brillait donnant une teinte légèrement dorée à certain endroit. On pourrait la croire faite d'or.

Fenris appela l'animal qui semblait peu enclin à lui répondre, elle lui jeta un coup d’œil rapide avant de se remettre à brouter. Le jeune homme siffla donc de façon assez bruyante et là seulement elle décida de lui obéir. C'est une jeune jument encore c'est compréhensible qu'elle n'obéisse pas à la première demande, il faudra du temps, de la patiente et du travail pour que la déesse ambrée soit irréprochable. La demoiselle approche dans un petit trot régulier et souple, faisant sauter et danser sa crinière d'or noir de part et d'autre de son encolure musclé. Le jeune soldat se saisit des rennes une fois que sa monture se trouva à ses côtés, celui-ci fit des présentations rapides et concises.

- Inysiëis, je te présente Nienna Ancalímon et Lossë.

Les yeux noisettes de la jument se posèrent même sur toi, son intérêt alla tout de suite vers le cerf dont-elle huma l'odeur ses naseaux noirs frémissant de curiosité. Tu eus un sourire amusé, Lossë qui avait lui bien l'habitude des équidés ne lui montra pas grand intérêt il mugit tout de même légèrement à l'attention de celle-ci. Fort heureusement il s’agissait d’une femelle est non d’un mâle, le cervidé n’appréciait pas vraiment la compagnie de ses messieurs entiers, sans doute parce que lui-même était un mâle.

- Je suis très heureuse de rencontrer Inysiëis, et je pense que Lossë se joint à moi pour dire que tu es une ravissante demoiselle. N’est-ce pas Lossë ?

Tu tapote doucement l’épaule de ta monture qui mugit une seconde fois sur demande, tu affiches un énième sourire amusé et flatte le cou de cerf d’une longue caresse.

Inysiëis était visiblement intriguée par le cervidé. Après l'avoir reniflé, elle éternua comme si l'odeur lui avait chatouillé le nez. Fenris la regarda, amusé. Il était évident qu'elle en connaissait l'odeur mais quelque chose la perturbait dans celui qui se tenait devant elle.

-Allons, je suis sûr que tu as déjà vu un cerf. Même si celui-ci est un peu particulier.

Le soldat se tourna vers celle qui chevauchait l'animal. En effet, il était fort peu courant de rencontrer une créature sauvage à ce point apprivoisée qu'elle se laissait approcher, toucher, et même monter. Néanmoins, un cerf était un cerf et la méharas n'avait pas de raison d'être troublée. Son cavalier la caressa doucement avant de reprendre.

-Restons-nous ici ou souhaitez-vous que nous nous rendions plus loin ?

La question n'était pas posée sans arrière pensée. Afin de soulager sa monture, Fenris avait desserrer la sangle de sa selle. S'il essayait de monter en l'état, il se retrouverait sous la jument... Mais, s'ils restaient sur place, il n'avait nul besoin de lui enserrer le poitrail.
Le jeune Nöldorion aurait été bien incapable de dire si l'herbe de cette partie de la forêt était meilleure que celle de la clairière d'à côté... Mais peut-être sa nouvelle compagne en savait-elle plus ?

-Je ne connais guère la région. Et vous ? Êtes-vous originaire de Méra ?

HRP:

La jeune jument semblait fort intéressée par Lossë, elle humait et humait encore son odeur sans doute pour associer l'odeur à un souvenir précis, une image d'un passé plus ou moins proche qui confirmerait la nature ou non dangereuse de l'animal. L'odeur lui chatouilla visiblement un peu trop les naseaux car elle éternua, tu échappas un petit rire empreint d'amusement et de chaleur en regardant s'ébrouer la demoiselle brune.

- Je t'avais Lossë que tu avais besoin d'un bain, tu sens le fauve. Regarde tu as même fait éternuer Inysiëis. Elle t'a peut-être confondu avec un autre animal maintenant !

Tu tapotais le cou puissant du cervidé qui mugit doucement, cette fois sans que tu en fasses la demande. Il t'arrivait souvent de lui parler et parfois il te répondait, comme s'il te comprenait. Parfois tu avais bien des doutes était aussi doué que tu le pensais puis la minute d'après il avait juste l'air d'un âne. Tu riais encore doucement. Le soldat rassurait sa jument au sujet du cerf, bien que domestique et très intelligent il n'en restait pas moins un cerf, et un cerf n'est pas dangereux pour un cheval loin de là. Ils coexistent parfaitement bien à l'état sauvage, puis Inysiëis était une jument il y avait encore moins de risque qu'ils se battent. Et Lossë passait bien le trois quart de sa vie à côtoyer des équidés, il dort dans une écurie après tout. Tes rires s'étaient doucement évanouit, emportés au loin par la brise printanière.

- Restons-nous ici ou souhaitez-vous que nous nous rendions plus loin ?

Tu levais tes yeux bleus comme l’océan sur le jeune homme à pied, à la gauche de sa jument, qu'il tenait en main grâce à la lanière de cuir qui composait ses rennes. Tu glissas ensuite ton regard ondin sur les alentours boisés de la petite clairière, ça te semblait tout aussi bien ici, il y avait suffisamment d'herbe et d'espace pour que les deux bêtes puis allégrement se repaitre. Tu glissais ta jambe par-dessus la croupe de l'animal et rejoint le sol.

- Je ne connais guère la région. Et vous ? Êtes-vous originaire de Méra ?

- J'en connais ce que j'en ai vu de part mes différents passages ici. Mais je ne suis aucunement originaire de Mera.

Tu souriais à Fenris en indiquant au cerf qui pouvait aller se reposer. Il secoua la tête partis en sautillant vers le centre de la mer d'herbe.

Voyant la demoiselle glisser du dos de sa monture, Fenris décida qu'il était inutile de laisser tout cet harnachement sur le dos de sa jument. A priori, ils allaient rester dans le coin un petit moment. Aussi commença-t-il à relever le pan de sa selle qui cachait l'accès à la sangle tandis que Nienna lui répondait.

- J'en connais ce que j'en ai vu de part mes différents passages ici. Mais je ne suis aucunement originaire de Mera.

-Qu'est-ce qui vous amène si souvent dans la région ?

Fenris avait déduit dans sa phrase que la jeune elfe était déjà venu à plusieurs reprise. Mais, si elle n'était pas d'ici, il devait bien avoir une raison à tous ces déplacements et il devait avouer qu'il ne se l'expliquait pas tout à fait. Cela avait sans doute un lien avec son statut.
La sangle défaite, le soldat passa de l'autre côté de sa monture pour attraper la large lanière de cuir qui pendait dans le vide et la faire reposer sur l'assise de la selle avant de la retirer. Il la posa contre un arbre et revint à Inysiëis pour retirer son filet. Une seconde plus tard, la jument libérée prit la direction du vert pâturage. Elle fit d'abord une petite cabriole puis continua sa progression en trottinant, visiblement heureuse de jouir de ce petit moment d'affranchissement inattendu. Si elle ne répondait pas encore quand on l'appelait, au moins avait-elle intégré que tant qu'elle portait son équipement elle était en travail.

Fenris tourna un regard amusé vers Nienna, le filet toujours à la main.

-Vous venez de faire une heureuse.

Le cadet Nöldorion regarda la méharas un instant puis il alla poser le filet sur la selle. Il entreprit alors de défaire son propre équipement. Il porta la main sur l'un des lanière de cuir fixant un des fourreaux dans son dos et la défit. Quelques instants plus tard, ses deux lames avaient rejoint le reste de ses affaires contre le tronc de l'arbre. Il aurait bien retiré sa cuirasse, un peu lourde, mais c'était bien trop de travail pour ce petit moment de repos. Enfin... L'enlever était assez facile. La remettre était une autre affaire.
Tout en œuvrant à sa tâche, Fenris poursuivit son propos.

-Pour ma part, c'est ma première venue à Méra. J'y accompagne mon Capitaine.

Il se garda de préciser qu'il s'agissait de son frère. Cela n'avait guère d'intérêt dans le présent contexte... Et ç'aurait été pure vanité, ce qui ne lui ressemblait guère.

Le jeune elfe retira les harnachements et autres artifices que portait la jument dorée afin de la laisser pleinement profiter de ce moment de repos. Tu contemple le cerf et la jument broutaient paisiblement dans cette petite clairière, qui n'a l'air de rien comme ça mais qui fait bien deux heureux. La voix du soldat te tire de tes contemplations.

- Qu'est-ce qui vous amène si souvent dans la région ?

Lui aussi se défait lentement de sa carapace de métal et de cuir, ça semble léger, mais porter en continue ça doit être pesant ! Tu ne t'imagines porter de tel chose, tu n'es pas une guerrière dans l'âme bien que tu protège farouchement les tiens. Tu tuerais pour défendre Lossë ou ton père... Tu as d'ailleurs une certaine habilité à l'arc.

- Mon père, il est marchand, il effectue beaucoup de déplacement de par son métier. Il a une affaire à conclure avec un ami ici. Vous aussi, vous devez souvent vous déplacer, non !?

Tu te défaisais de ton arc et de tes flèches à ton tour, ici tout était calme, le murmure des arbres étaient serein, la caresse du vent était douce et fraîche annonçant mais l'humidité de l'air annoncé tout de même une pluie à venir. Tu inspirais lentement de grande goulée d'air frais, souriante, la pluie est une bénédiction pour la forêt. Et du bout de tes doigts fin tu caressais un haut brin d'herbe qui plié par la caresse de brise t'avais effleuré le dos de la main.

- Vous venez de faire une heureuse. Pour ma part, c'est ma première venue à Méra. J'y accompagne mon Capitaine.

Mera est une cité très belle selon toi, il ne regretterait surement pas sa venue ici. Tu devais bien avoir tout vus d'ailleurs de l'Aneäh, elles sont bien rare les cités sylvaine que tu n'as pas visité. Tu souris doucement en songeant à tes multiples déplacements. Les deux herbivores partageaient leur repas, jusqu'à ce que bien soudainement se lance dans quelque bon joueur. Et se lança entre eux une sorte de jeu de poursuite, comme s'ils jouaient à chat.

- Ils semblent en effet fort heureux, si j'avais de plus longues jambes je me serais bien joint à eux...

Tu réfléchissais tout haut quand une petite malice te traversa l'esprit, d'un geste vif et souple tu touchas l'épaule du soldat. Un immense sourire aux lèvres, avant de faire un bond de côté.

- C'est vous le chat !

Tu reculais doucement, prudemment en ajoutant.

- J'espère que votre capitaine ne vous en voudra pas de vous amuser un peu...

Fenris observait à présent les deux montures en train de se chercher mutuellement pour jouer un peu. Lossë et Inysiëis frappaient le sol de leurs sabots tandis qu'ils cabriolaient de surprise et de joie. Hennissements et mugissements vinrent se mêler à l'agitation sonore, le tout formant une agréable ambiance acoustique.
Observant le sympathique tableau, le soldat écoutait néanmoins la jeune elfe qui lui expliquait que son père était marchand et qu'elle l'accompagnait dans ses voyages d'affaire. Lorsqu'elle ajouta qu'elle irait bien jouer avec leurs compagnons à quatre pattes, Fenris fut surpris mais n'en montra rien. Il devait bien avouer qu'il était plaisant de les voir s'amuser ainsi. Finalement, il se tourna vers elle et lui adressa un sourire avant de tenter de poursuivre la conversation.

-Vous venez tout de même de quelq....

Mais il n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'une main vint toucher furtivement son épaule.

-C'est vous le chat !

Le jeune Nöldorion resta perplexe. Ses yeux bicolores se figèrent sur Nienna et clignèrent à quelques reprises, traduisant par la même sa stupéfaction. C'était une situation pour le moins incongrue et à laquelle il ne s'attendait absolument pas. Jouer à chat ?... S'il connaissait le principe, il n'y avait jamais joué lui-même, n'ayant pas eu d'enfants de son âge sur le domaine familial. Et ce n'était pas vraiment l'activité privilégiée dans la cour de récréation de l'école de magie d'Alëandir.
Devant son état statique, la jeune elfe surenchérit.

- J'espère que votre capitaine ne vous en voudra pas de vous amuser un peu...

Fenris ignorait ce qui le stupéfiait le plus : la proposition de jeu, la façon dont elle l'avait initié ou le fait qu'elle soit sérieuse. Soit elle avait gardé un esprit très infantile, soit il avait surévalué son âge. Toujours était-il qu'une telle situation avait de quoi déstabilisé un elfe adulte et de noble naissance.

-Hm... Non, en effet. Mais... Nos activités de loisirs sont... Un peu différentes.

Avec la surprise, il ne rendit même pas compte qu'il venait de suggérer qu'il entretenait une relation avec son Capitaine plus personnelle que le soldat lambda. Cela n'avait rien de dramatique mais il n'avait pas réellement eu envie d'évoquer la question avec cette jeune inconnue. Se rendant compte de son erreur avec quelques secondes de retard, il espéra que l'attention de la jeune elfe se porterait ailleurs que sur cet élément de son discours.

L'herbe haute et verte pliait sous la brise fraîche du printemps, les pointes des feuilles te chatouillaient furtivement le pied. Le vie d'un brin d'herbe à l'instar de celui d'une quelconque fleur est passagère ! Elle se nourrit des rayons du soleil, s’abreuve des larmes du ciel, danse avec le vent pour finalement s'éteindre dans la plus totale indifférence. Qui y a-t-il de préférable ? Une vie immortelle d'ennui ou une vie mortel et insignifiante. Les elfes ont le temps de faire de grande chose, des choses si grande qu'ils en oublient sans doute que la simplicité d'un jeu peut tuer l'ennui de façon bien plus efficace que n'importe qu'elle entreprise faramineuse.

Deux cents ans c'est long, mais pas assez pour ne plus avoir envie de profiter de la vie. Tu es quelqu'un de joviale et pleine de vie. Le jeune homme lui te regarde avec une tête digne d'un poisson, tu te croirais presque folle vu la tête qu'il est en train de tirer. Aurait-il oublié comment jouer ? Ou peut-être n'a-t-il jamais joué à de tel jeu ? Tu ne sais rien de lui après tout ou que très peu de chose, comme le fait qu'il soit soldat et son nom autrement c'est le néant. Tu te tenais là, à deux mètres de lui, les muscles tendus, tu avais le maintient et la grâce de la biche qu'on vient de surprendre en plein repas et qui prête à bondir au moindre mouvement.

- Hm... Non, en effet. Mais... Nos activités de loisirs sont... Un peu différentes.

Voilà, une réponse à laquelle tu ne t'attendais pas. Il est vrai que vous aviez l'air assez différent quoi tout de même si semblable. Son visage lisse de toute altération du temps et d'émotions laissaient appréhender sa jeunesse malgré sa blanche chevelure. Néanmoins, il dégageait de sa stature une certaine droiture inflexible, ne savait-il pas se relâcher ? Il y avait bien des façons de s'amuser si celle-ci n'était pour lui pas très amusante il y avait sans doute autre chose qui lui conviendrait mieux !

- Le chat ne vous sied guère, peut être serez vous plus doué pour la course !?

Un autre fin rictus étira tes lèvres avec douceur tu tentais de l'amener à se détendre et s'amuser. Pour une simple course vous n'aviez pas besoin de harnachement, un cavalier affirmer sait monter son cheval avec et sans selle aussi bien dans le sens de la marche que dans le sens inverse ! Tu tournas ton regard vers Lossë en claquant la langue, celui-ci se tourna vers toi et s'approche en trottinant le regard vif et à l'écoute. Tu lui caressas le front et l'animal souffla puissamment avec un plaisir non dissimulé.

Nienna ne prêta pas attention à sa petite maladresse mue par la surprise. Ce « nous » qui désignait Fenris et son supérieur n’avait pas accroché à l’oreille de la jeune elfe. Peut-être pensait-elle qu’il qualifiait les cavaliers en général et non pas les deux frères. C’était un coup de chance que le noble se garda bien de faire remarquer.
Ainsi donc, elle lui proposait un nouveau jeu… Une course ! La question que se posa naturellement le soldat fut si elle l’envisageait à pieds ou montée mais l’appel lancé à Lossë coupa court à ses réflexions. Fenris ne put retenir un petit rire devant le sourire malicieux de Nienna.

-D’accord, vous avez trouvé mon point faible.

Sifflant à son tour, il appela Inysiëis auprès de lui. Un hennissement s’en suivit accompagné par quelques coups de sabots frappant le sol tandis que la jument revenait aux côtés de son cavalier. Il n’avait nul besoin de selle en effet, d’autant qu’il venait à peine d’en libérer la jeune équidé. Toutefois, si la selle n’était qu’un confort, le filet était nécessaire pour une meilleure direction. Il ne lui fallut qu’une minute pour le remettre en place et grimper sur le dos de sa monture.
Cela faisait longtemps que Fenris n’avait pas fait de course. C’était pourtant son plaisir favori et il le pratiquait souvent avec ses parents et ses frères. Cela remontait néanmoins à plusieurs dizaines d’années, lorsqu’il était encore un jeune elfe en train de choisir la voie qu’il voulait suivre. Depuis, il avait pratiqué l’équitation avec beaucoup plus de rigueur et était devenu l’un des cavaliers les plus rapides dans toute l’armée royale mais tout cela allait bien plus loin que le simple cadre du loisir.

Si Lossë avait pour lui sa maîtrise du terrain, Inysiëis n’était pas en reste. Plus fine, elle pouvait passer là où les bois du cerf l’en empêchaient. Son élevage n’avait pas été une grande prairie verte et déboisée mais une portion de forêt de Malereg. Elle n’était donc pas totalement novice sur ce type de sol… Ce que leurs concurrents ignoraient et dont il se garderait bien d’évoquer.

-Je vous laisse décrire le parcours. Je préfèrerais ne pas trop m’éloigner de mes affaires.

Fenris porta un instant son regard sur sa selle, et plus particulièrement sur ses armes. Parmi elles se trouvaient deux lames chères à son cœur, à celui de son aîné mais aussi de leur ancien propriétaire : son père. Il voulait pouvoir garder un œil sur elles, juste au cas où.

Le cerf est le seigneur de ses bois, quand bien même l'animal n'a pas l'air endurant il a le sprint dans le sang ! Il peut faire des pointes allant jusque 65km/h et faire des bonds de 2 mètres de haut pour 6 mètre de long. Puis il est tout à fait adapté au terrain ! Tu connais aussi les qualités en course des équidés en ligne droite et en terrain plat ils sont difficilement rattrapables. Inysiëis est une jument jeune, de bon membre des sabots assez petit donc surement stable sur les terrains un peu encombrés. Elle était petite et fine comme Lossë qui ne fait guère plus d'un mètre cinquante au garrot ! Il a néanmoins la prestance d'un étalon de deux mètre, tu grattais le menton de l'animal qui émit un rait de plaisir. Puis tu enjambas l'animal souplement qui se laissa docilement faire. Tu n'as jamais eu besoin de harnacher Lossë, il n'y avait clairement pas la place pour une selle sur son dos et sa bouche n'était pas adapté à ce type d'objet. Il t'avait toujours porté là où tu voulais pourtant, il ne paye pas de mine l'animal albinos mais il est capable t'abattre des montagnes. Lorsqu'on est petit est qu'on ne sait pas qu'on est petit on peut abattre des montagnes, c'est qu'un grand homme a dit !

- D’accord, vous avez trouvé mon point faible.

Tu esquissais un autre sourire ravie de voir qu'enfin il se lâcher un peu. Le cerf patientait tranquillement entre tes jambes, tapant doucement des sabots afin de chasser les insectes de ses membres. Le jeune homme appela sa monture à lui, et la demoiselle d'ambre obéit en le rejoignant dans un trot souple et élégant. Il lui remit son filet rapidement afin d'avoir une meilleure direction puis il sauta sur le dos de sa bête avant de te demander :

- Je vous laisse décrire le parcours. Je préfèrerais ne pas trop m’éloigner de mes affaires.

La détente n'était pas tant de mise en fin de compte, tu souriais amusée, il y avait là aussi ton arc et tes flèches, mais il faut bien reconnaître que perdre une armure complète serait guère bon pour lui. Celle-là devait avoir un certain coup après tout. Tu regardas rapidement autour de toi silencieuse, ton regard ondin glissant sur la forêt, avant de hocher de la tête avec satisfaction.

- Puisque vous craignez pour vos affaires j'ai une idée qui éviter que l'on s'en éloigne trop. Nous ferons simplement le tour de la clairière, elle est bien assez grande pour cela !

Fenris observa les alentours, suivant des yeux les contours de ladite clairière. Elle prenait une forme circulaire et s'étendait sur plusieurs dizaines de mètres de diamètre. Le terrain était plutôt plat et le parcours ne comportait pas d’obstacles majeurs. Le cavalier fit une moue. Ce genre de course, il en faisait depuis qu'il savait monter. Il n'y avait pas vraiment de challenge à ici et il était sûr que Nienna était capable de bien mieux que cela.
Portant son regard un peu plus loin, il chercha un moyen de rendre le jeu un peu plus intéressant. Un rocher plein de mousse, un tronc que le vent avait couché au sol depuis longtemps, une rigole creusée depuis des décennies par la pluie... Ils pouvaient sans mal améliorer le parcours. Et puis, il restait les arbres entre lesquels il leur faudrait jongler.

-Je vous propose de décaler la piste de course d'une vingtaine de pas vers la forêt afin de mettre quelques obstacles sur notre route. L'enjeu n'en sera que plus grand et la course moins monotone.

Le cavalier adressa un sourire de défi à son adversaire. Aimant éprouver ses compétences pour les remettre en question, le jeu lui importait bien plus que la victoire. S'il devait réellement se distraire, alors autant faire les choses bien. Il attendit la réponse de la jeune elfe avant de faire avancer Inysiëis en resserrant légèrement ses jambes autour de son thorax. Il s'arrêta sur le parcours, à côté d'un arbre fort reconnaissable de part la façon dont ses branches étaient entremêlées. Ce point de repère leur servirait de ligne de départ et d'arrivée.

-Je vous propose que nous fassions un premier tour à la même allure pour échauffer nos montures et délimiter le parcours. La course commencera lorsque nous repasserons ici. Cela vous convient ?

Fenris se tourna vers Nienna, attendant qu'elle le rejoigne sur la ligne de départ et qu'elle lui donne son avis. Toutefois, il leur restait un point important à régler : la durée de la course. Elle ne devait pas être trop courte pour leur permettre d'éprouver leur endurance et de tirer partie de l'apprivoisement du terrain sans pour autant faire s'éterniser leur jeu.

-Que pensez-vous de faire une dizaine de tours une fois la course lancée ?

Il te parlait, mais tu n'entendais finalement pas ce qu'il te disait. Les arbres, les arbres chanter l'approche d'un voyageur chevauchant un étalon méharas blanc dont la crinière noir de jais tressautait au rythme aérien de son trot. Le chant t'avait interpellé, car la description du dis voyageur t'était familière. Le visage anguleux, sa longue chevelure blanche, ses yeux gris et son air sévère... Tout ceci te disait très clairement quelque chose que tu pouvais te tromper. Il y avait plein d'elfes aux cheveux blancs dans les cités.

L'animal et son cavalier passèrent la ligne d'arbre délimitant la clairière et lorsque que tu vis son visage tu vis bien que ton intuition ne t'avais pas trompé. L'homme qui se tenait droit et fière sur son destrier pâle ce n'était autre que ton père ! Tu étais surprise de le voir ici, mais néanmoins heureuse. Tu allas à sa rencontre d'un mouvement doux du bassin qui mit en route le cervidé.

- Père ! Que faites-vous ici !

L'homme afficha un fin sourire sur son visage pour son enfant et lui tendit une main tendre pour lui caresser les cheveux.

- Je suis ici pour toi, qui est donc le jeune homme qui t'accompagne ?

Il lui jeta un regard assez froid, un père est toujours très protecteur envers sa progéniture.

- Fenris Nöldorion, père, un cavalier de l'armée royal.

Le visage du père s'adoucit.

- Un noble jeune homme, Idríl Ancalímon, navré sir je ne puis m'étendre en courtoisie nous devons nous hâter ! On nous attend pour une réception. Nienna fait tes adieux, ma douce.

Voilà qui était fort dommage, tu lui souris tristement la course se serait pour une prochaine fois. Tu allas ramasser ton arc et tes flèches.

- Je suis navrée Sir, nous remettrons cela à une prochaine fois !

Tu rejoins ton père et vous entrèrent dans la forêt pour y disparaitre.

Fenris sentit la présence de l'elfe avant qu'il n'apparaisse aux yeux des deux coureurs mais, n'y percevant aucune menace et ignorant que Nienna le connaissait, il n'y prêta guère plus d'attention que cela et acheva sa proposition de parcours. Si l'inconnu les interrompait, ils auraient tout le loisir de reprendre après son départ.
Mais l'intrus n'en était pas un. Le cavalier comprit bien vite de qui il s'agissait et inclina le haut du corps lorsqu'on le présenta. Idril semblait connaître le nom du noble, à moins qu'il n'ait reconnu dans sa gestuelle sa haute éducation. Toujours était-il que le visage du paternel s'adoucit lorsqu'il comprit la nature de l'homme qui accompagnait sa fille. Était-ce seulement dû au fait de connaître son nom et sa place dans la société elfe ou de savoir que Nienna sa liait d'amitié avec un noble qui lui apportait satisfaction ? Difficile à dire. Pour l'heure, Fenris se contentait de se montrer relativement avenant, priant le marchand de ne pas s'excuser. Il comprenait tout à fait.

A son tour, la jeune itinérante lui fit ses adieux et le cavalier les lui rendit.
Une fois seul avec Inysiëis, il s'adressa à elle.

-Maintenant que je t'ai promis une course, je ne vais pas t'en priver. Qu'en dis-tu ?

La jument hennit de joie et un sourire se dessina sur les lèvres de l'elfe. Fenris avait un travail à effectuer avec l'animal. Il devait créer des liens entre eux et apprendre à mieux se connaître afin d'améliorer leur efficacité. Pour l'heure, toutes les occasions étaient bonnes pour cela.
Resserrant ses jambes autour de sa poitrine, il commença à délimiter le parcours au trot, évitant pour le moment les zones d'obstacle. Une fois qu'il eut franchi la ligne d'arrivée, il lança sa monture au galop et effectua plusieurs tours de piste. Inysiëis était très agile et rapide. Le terrain escarpé la dérangeait peu et elle possédait une très bonne détente pour les sauts longs et/ou hauts. Une course sans adversaire n'avait que peu de challenge mais c'était l'occasion pour eux deux de voir de quoi ils étaient capables, tout en y prenant du plaisir.
Mais toutes les bonnes choses ont une fin et Fenris finit par demander à sa jument de s'arrêter. Il la flatta de quelques caresses sur l'encolure.

-Ahah ! C'est très bien. Mais nous nous sommes suffisamment amusés. Retournons à Méra.

Le cavalier mit pieds à terre et attira sa monture jusqu'à l'arbre où il avait déposé ses armes et sa selle. Il harnacha l'animal et se rééquipa avant de remonter sur le dos d'Inysiëis et de prendre la direction de la cité toute proche.

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