Pèlerinage [PV Glenn et Glinaina]

Sujet: Pèlerinage [PV Glenn et Glinaina] Mar 17 Mar 2015 - 13:44

2°ennéade de Barkios

C'est sous un ciel grisâtre et une pluie légère que le païm s'avançait sur la route de Naelis. L'averse avait débuté peu de temps auparavant et ne manquerait pas de s'arrêter bientôt. En attendant May'Inil en profitait, assisse à l'avant de la nacelle, sentant la pluie ruisseler le long de ses cheveux et de sa robe. Ce n'était pas un temps qu'ils avaient à Sol'Dorn, où les pluies étaient rares et violentes et où personne, pas même les esclaves, ne sortaient lorsqu'elles se déchaînaient. Sans l'Oliya leur terre aurait été aussi sèche que la savane au sud. Ce n'était certainement pas le cas de celle-ci.
Toutefois le temps n'était pas au goût de tous, en particuliers des drows et sang-mêlés qui constituaient son escorte et voûtaient les épaules, essayant vainement de s'abriter de leurs capes pour ceux qui en avaient. Même Draven, si souvent impassible, semblait d'encore moins bonne humeur et soupiraient plus que de raisons. Les moins gênés étaient encore leur seconde escorte de patrouilleurs, ou quelque nom qu'ils avaient en ces terres, et qui les avait rejoint voilà plus d'une heure, lorsqu'ils avaient été repérés et abordés. Bien entendu la venue d'une notable dornienne n'était pas totalement inattendue mais suscitait quand même curiosité et méfiance, fort à propos d'après May'Inil.

Désormais les murs de pierres de la cité se dressaient non loin devant eux, forme encore indistincte brouillée par la pluie. Mais de cela May'Inil ne pouvait rien percevoir. Ce qu'elle voyait, en revanche, valait bien le voyage. Difficile de dire de quoi il s'agissait, s'il s'agissait de quelque chose de réel ou d'un produit de son imagination, bien plus productive depuis qu'elle partageait sa conscience avec une entité au delà du compréhensible. Difficile même à décrire. C'était comme une vrille qui s’élevait dans le ciel et irradiait un milliers de couleurs dont la plupart n'étaient même pas réelles. La chose se contentait de tourner lentement sur elle-même, chatoyante. Un spectacle qu'elle se savait seule à voir. Parfois un éclair déchirait l'air depuis ses extrémités et se perdaient dans la nuit, éclairant dans sa fulgurance des ombres, des formes, tantôt enchanteresses tantôt effrayantes.
Le bruit aux environs des portes, du guet que l'on prévenait, des messagers que l'on envoyait au château, des chevaliers qui prenaient le relais des patrouilleurs, les murmures étouffés des passants, le chahut des carrioles et des marchandises qu'elles contenaient la ramena à la réalité. La pluie était passé, aussi vite qu'elle était arrivé, et ses vêtements lourds d'humidité n'étaient plus guère seyants. Elle passa dans la palanquin, abrité par des tentures où l'attendait ses esclaves habilleuses. Lors du trajet qui les séparaient du château, elles eurent tout juste le temps de sécher la prêtresse et de la parer de nouveaux atours plus resplendissants.
A l'extérieur, leur petite troupe avait viré à la procession. Et pas des plus amicale, l'escorte sombre s'attirant des regards de défis et de provocation. Seuls quelques congénères, guère mieux que des mendiants au vu de leur apparence, semblaient sincèrement curieux de cette présence. Mais la plupart n'avaient guère le temps de s'y intéresser car de petits groupes d'humains étaient toujours prompts à corriger celui qu'ils voyaient comme un traître potentiel. Finalement ils arrivèrent dans les hauts quartiers et de là bientôt le château de Naelis leur ouvrit ses portes. Enfin, il fallut pour ça mettre pied à terre, puisque l'imposant païm, qui avait déjà eu bien du mal dans certaines rues, n'était plus autorisé.
Descendre du dos d'un animal de quatre mètre peut sembler une mauvaise idée lorsque l'on est aveugle mais les serviteurs de la prêtresse avait trouvé un ingénieux système dans une simple draperie soutenue sur deux poulies et lestée en son centre. Il suffisait à May'Inil de s'y asseoir et deux hommes suffisaient à la hisser ou à la faire descendre en toute dignité. A peine posa-t-elle le pied par terre qu'elle trouva le bras tendu de Draven pour la guider. Derrière eux des serviteurs descendaient quelques affaires et, notamment, un drow à la forte carrure portaient un coffre en bois, soigneusement poli et orné de gravure et d'or. May'Inil portaient pour sa part une tunique d'un rouge vermeil, éclatant, qui laissait ses bras nus. Elle était légèrement fendue entre ses jambes et accompagnaient plus agréablement la démarche, aussi sensuelle que d'habitude de la prêtresse. Ses cheveux étaient laissé libres dans son dos et son cou était orné d'un collier d'ivoire finement ciselé au centre duquel un morceau de verre volcanique de belle taille n'offrait pas la moindre aspérité au regard. Des bracelets de cuivre et d'argent tintaient à ses poignets tandis que des clous d'or surmontés d'un petit rubis mettaient en valeur ses oreilles effilées.
Lorsqu'on l'introduisit, elle exécuta une parfaite révérence devant ce qu'elle supposa être les maîtres de la cité.

Sujet: Re: Pèlerinage [PV Glenn et Glinaina] Lun 30 Mar 2015 - 21:33

Tout guerrier qui se respecte à ses trophées : carcasse de monstres, crânes d'ennemis, armes légendaires… Que dire alors des trophées d'un Roi guerrier ? Ceux du Roi de Naelis reposent dans la salle du trône de l'Oëstkjǫrd. Pas de carcasses de monstres, même si Glenn se prend à rêver d'y accrocher celle d'un dragon. Pas de crâne d'ennemis, faute d'adversaires dignes. Pas d'armes légendaires, faute d'avoir déjà perdu les siennes, la hache Typhon et l'épée Héron lors de son passage dans les prisons Arétranes. Alors quoi ? Des bannières. Une dizaine d’étendard appartenant à des régiments autrefois d'une grande renommée et maintenant oubliés, des drapeaux issus du 4 ème Ost. Il faut l'avouer, cette salle des trophées est encore naissante, à l'image du règne de Glenn Héréon. Mais ces bannières restent un symbole, le symbole de l'indépendance de Naelis sur Sol'Dorn et le Puy d'Elda, indépendance des hommes sur les drows. A Ruven puis à Erlem, Glenn Hereon avait triomphé. Son pouvoir était assis sur les cendres encore chaudes de l'Ost démantelé, c'était un fait dont tous avait conscience, les drows de Sol'Dorn en avaient bien conscience.

Il est donc aisé de comprendre que Glenn, confortablement installé sur son trône, n'était pas très heureux de recevoir, pour la première fois, des drows en son château et qui plus est, des drows de la cité noire, Sol'Dorn. Sans le haut-prêtre d'Arcamenel à ses côtés pour lui rappeler que son hôte était le représentant d'une divinité dont le culte participait à la renommée de Naelis, il aurait très certainement laissé ces étrangers à la vindicte populaire. Ou mieux, il aurait du les jeter dans l'arène et proposer un prix au combattant qui en tuerait le plus ! A ses sombres passées, Glenn ne put s'empêcher de sourire. Au même moment, la gardienne pénétrait dans la salle du trône avec son escorte. Vêtu d'une tunique d'un rouge éclatant et de divers bijoux d'ivoire et de cuir, sa tenue contrastait fortement avec l'image habituelle du guerrier drow à laquelle Glenn avait toujours été confrontée. Une femme… Les femmes drows, pernicieuses au possible, étaient les pires. Jouant de leurs atouts féminins pour endormir la méfiance des hommes, elles n'en étaient pas moins de redoutables combattantes. En un instant, un frisson glacial parcourut le corps du Roi. Il ne put s'empêcher de toucher son oreille manquante de sa main droite. Il ferma les yeux. Son passé revenait le hanter. Il les rouvrit instantanément.

- May'Inil Baenrahel, gardienne… gardienne d'Arcam », annonça le chambellan non sans hésiter sur les termes à employer.

Le haut-prêtre d'Arcam se fondit en une grande révérence, tout en prenant soin de ne pas trop s'approcher. Il s'apprêtait à dire quelque-chose, quand son Roi l'interrompit, lui rappelant par la même les règles hiérarchiques du Royaume.

- Laissez-moi vous souhaiter la bienvenue à Naelis gardienne Baenrahel, ou qu'elle que soit votre titre. Laissez moi également vous féliciter, vous et ceux qui vous accompagnent ! Oui vous féliciter car vous êtes les premiers de votre espèce que à pénétrer dans mon château ! Par -premier-, entendez par là les premiers drows -vivants-... »

Mal à l'aise mais peut surpris par cette déclaration, le haut-prêtre s'empressa de se présenter à son tour : « Je suis le haut-prêtre en chargé du grand temple de Naelis, votre visite nous honore gardienne ! Je gage que la route n'a pas du être de tout repos, désirez-vous boire quelque chose, où manger peut être... » Toujours en s'attachant à rester à bonne distance de la gardienne, il désigna la grande table sur le côté de la pièce où reposait divers plateaux remplis de coupelles de fruits et de verres prêts à être remplis d'une quelconque boisson. Bien qu'il n'ignorait pas la cécité de son interlocutrice, son geste s'adressait également aux gardes qui accompagnaient la gardienne.

- Trêves de palabres ! Gardienne, quelle est la raison de votre venue ? Désirez-vous vous rendre à notre grand temple ? », coupa à nouveau Glenn. Quelle ironie que le dieu qu'il a le plus soutenu durant son règne, en finançant les travaux du grand temple, en prenant le haut-prêtre au sein de son conseil restreint, soit finalement représenté par ce qu'il a le plus combattu durant sa vie : les drows et Sol'Dorn ! Mais n'était-ce pas justement pour ce genre d'ironie du sort que l'on surnommait Arcamenel le -dieu de toutes les malices- ?

May'Inil entendait les murmures de son escorte derrière elle. Ils parlaient de bannières de l'ancien ost. Il y avait tour à tour de la colère et du mépris dans leur voix. Elle pouvait sans trop de peine deviner : le seigneur de Naelis avaient exposé quelques trophées qui n'étaient pas sans rappeler des souvenirs à ses hôtes présents. Elle espérait qu'il saurait faire montre d'un peu plus de diplomatie, elle n'était pas venue pour une confrontation : tout l'inverse en réalité. Il ne fallait quand même pas qu'il oublie qu'il n'avait affronté qu'une partie de l'ancien ost. Et avec nombreuses aides. Désormais, il n'y avait guère que les elfes pour l'aider et ils semblaient avoir déjà fort à faire. D'après ce qu'elle en savait, c'était même davantage eux qui étaient venu demander de l'aide que l'inverse.
Et le roi parla. Et elle fut contrariée.

Ainsi donc il avait décidé de jouer la carte de la franche hostilité. Les humains pouvaient parfois être aussi bornés que ses propres congénères. Incapable de voir une main tendue et de mettre de côté un passé hostile. Non, même pas, cela elle l'aurait davantage compris. En réalité il l'assimilait à un passif avec lequel elle n'avait rien à voir, pas plus que toute la cité de Sol'Dorn. Mais c'était trop demander à certains humains, en particulier les guerriers les plus butés, que de voir la subtilité du jeu politique. Pour ceux-là les drows étaient l'ennemi, ils ne daignaient même pas leur accorder un semblant d'indépendance d'esprit. Et bien qu'il reste dans son cocon de certitudes après tout, ce n'était certainement pas son problème à elle. Ça lui éviterait des ennuis à Sol'Dorn.
Quant au prêtre, qu'il ait laissé la situation se dérouler ainsi en disait long sur l'utilité qu'il pouvait avoir. Peut-être qu'accueillir successivement le Dieu et son Gardien avait été trop pour lui et qu'il n'était désormais plus habitué à devoir prendre quelques responsabilités. Mais elle s'emportait un peu trop. Tournant son regard vers l'endroit d'où venait la voix du prêtre, elle lui répondit d'un ton parfaitement maîtrisé, doux sans devenir aguicheur -la dernière chose dont elle avait besoin était d'éveiller encore plus de soupçons- :

« Je me désaltérerai avec plaisir, si cela ne vous ennuie pas. »

Il y eut un petit moment de flottement avant que le religieux ne comprenne qu'elle n'allait pas se déplacer à l'aveugle jusqu'à un buffet dont elle ne savait même pas dans quelle direction il était, et qu'il n'envoie l'un des quelques acolytes qui le suivaient chercher une coupe de vin pour la drow. Tout ceci n'était visiblement pas au goût du roi qui s'emporta une fois de plus. Elle retint un soupir mais n'en laissa rien paraître tandis qu'elle reportait son attention dans la direction approximative d'où venait les paroles. Dommage que son regard tomba quelques dix centimètres au-dessus de l'épaule droite de Glenn, mais cela elle n'en savait rien.

« En effet, votre majesté, c'est là la principale raison de ma venue dans votre royaume. » Le choix des mots était importants, même si elle n'était pas certaine qu'il y prête attention : « Mais ce n'était pas exactement la seule. J'étais en vérité assez curieuse de rencontrer en personne celui que l'on surnomme le Défenseur de Ruven. »

Elle fit une légère pause pour laisser le temps à l'humain de digérer ce qui était un compliment ostensible et pour le moins inattendu, récupérant sa coupe des mains de l'acolyte qui se signala poliment -ou craintivement- à elle. Elle porta le breuvage à ses lèvres. Ce n'était pas à son goût mais elle s'efforça d'y faire honneur. Elle reprit ensuite là où elle s'était arrêté, dardant de nouveau son regard sur le souverain -précisément sur son torse, pour être précis- :

« Mais je crains que vous ne vous mépreniez sur certains détails. En vérité, ni Sol'Dorn et encore moins moi-même n'avons eu quoi que ce soit à voir avec ce qui s'est passé lors de cette bataille. »

De son trône, Glenn scrutait d'un œil attentif cette assemblée d'invités peu communs à l'Oëstkjǫrd. Celle qui prétendait être la gardienne d'Arcamenel accepta l'invitation boire du haut-prêtre. Peut être plus par politesse que par réelle soif. Elle et lui jouaient au même jeu, celui de la politique, mais certainement pas avec les mêmes cartes. Bien qu'il ignorait tout du passif de son invité, tout portait à croire qu'elle avait exercer des professions destinés à lui donner l'art du consensus et du faux-semblant. Peut-être était-elle une genre de noble drow ? Sur ce point là, les sombres n'avaient probablement rien à envier à l'humanité. Quand elle s'adressa à lui en parlant du « défenseur de Ruven », elle piqua tout droit à la fierté du Roi guerrier. Ce dernier ne manqua pas de s'adoucir tout en souriant discrètement, elle avait visé juste. Néanmoins son regard paraissait absent, peut être avait-elle une vue très basse ? Bien que principalement concentré sur la gardienne, il n'en oubliait pas moins l'escorte de guerriers qui l’accompagnait. Glenn était incapable de pouvoir leur donner un âge à chacun. Il se laissa penser qu'il s'agissait de vétérans de guerre, de par leur émotion visible qui s'était dégagé de leur visage à la vue des bannières de leurs anciens amis, dérobés par Naelis. Il se mît alors à espérer de pouvoir croiser le fer avec ces guerriers drows. Instinctivement, il posa sa main sur son arme, appuyée contre le trône. Il ferma les yeux un court instant et revit son père mourant dans ses bras. Ses souvenirs continuaient de le hanter. Après une gorgée de vin, la gardienne reprit la parole :

- Mais je crains que vous ne vous mépreniez sur certains détails. En vérité, ni Sol'Dorn et encore moins moi-même n'avons eu quoi que ce soit à voir avec ce qui s'est passé lors de cette bataille. »

A ces mots, le Roi de Naelis fronça les sourcils et s'il avait paru s'ouvrir un instant au fil de la discussion, il se referma instantanément. « Je le sais bien, sinon je ne vous aurai reçu en ennemi et non en invité. Néanmoins Sol'Dorn n'est pas étranger à ce qui se passe. Vous savez, je ne suis que la conséquence de cette répression dont a tant souffert Naelis. Ce sont peut-être les dieux qui m'ont guidés ici, pour rétablir l'équilibre ! Du moins c'est ce que dit le peuple, mais justement, en tant que porte parole d'un dieu, quand pensez vous ? »

Glenn laissa à son interlocutrice le temps de répondre, avant de se lever de son trône et d'attacher son arme. « Je ne vous ferez pas poireauter ici très longtemps, après tout vous êtes venus voir le temple. Je dois me préparer dans mes appartements avant de partir, je ne peux sortir dans cette tenue. En attendant le chambellan Imbert pourra vous amener à vos quartiers, si toutefois vous désirez rester cette nuit. Dans le cas contraire, vous pourrez toujours questionner le haut prêtre auprès du buffet. »

Bien qu'il eut voulu régler cette entrevue d'un bon coup d'épée, Glenn s'était fait violence et avait invité la gardienne et son escorte à passer la nuit dans l'Oëstkjǫrd, sous les conseils préalable du haut-prêtre. Comme ce dernier lui avait rappelé à juste titre, mieux vaut garder ses ennemis près de soi. Certes, il n'avait pas ménagé ses invités, si on veut bien parler d'invité, mais c'était le prix à payer pour traiter avec Naelis. Malgré tout, Glenn apprenait à régner.

Arrivé dans ses appartements, il s'attarda quelques temps à contempler son aimée. Glinaina dormait paisiblement. Glenn s'en serait voulu de la réveiller, alors il déposa un simple baiser sur son front. Apprenant la visite de la gardienne d'Arcamenel, l'elfe lui avait supplié de ne pas faire de bêtise, de rester diplomate.Il n'avait rien pu promettre.

Plus tard, il revint dans le hall où il y retrouva la gardienne. Ce hall était des plus classiques, l'escalier se séparant en deux pour laisser en son centre une grande tapisserie restauré représentant un combattant en armure, cheveux brun au vent, qui terrassait un dragon. C'était Eleric Draycan, le Baron légendaire de Naelis. Glenn s'était équipé de son armure, il avait troqué sa couronne pour un casque. Par prudence, il sortait toujours ainsi quand il avait à se rendre dans la basse ville, surtout au temple d'Arcamenel. Ce dernier était situé au centre du quartier du voile, où la pègre sévit et s'est rendu maître de son propre territoire. Dans la grande cour, une escorte d'une dizaine de chevalier attendait, en bon ordre. L'un d'eux tenait Odin, la monture du Roi, par la bride. Là dessus, Glenn remarqua une créature for étrange qui s'était installé dans sa cour. Son regard se posa alors sur la gardienne. Encore des diableries drows ! Quelle hideuse créature…

- Mon épouse la Reine s'excuse de n'avoir pu vous recevoir. Elle a …. subit beaucoup d'épreuves ces derniers temps. Dites moi, vous voulez vraiment remonter sur votre familier pour vous rendre au temple ? Peut-être pourrons nous trouver un moyen moins encombrant, certaines rues sont assez étroites. »

C'est volontairement qu'il ne mentionna pas l'accouchement. Mieux valait que cette gardienne ne soit au courant de rien, car qui pouvait savoir de quoi elle était capable ? Superstition ou crainte fondée, la gardienne était peut être déjà au courant.

Bon, visiblement il n'avait pas vraiment apprécier cette tentative d'enterrer la hache de guerre. Il pouvait garder autant de rancune qu'il voulait contre le Quatrième Ost, il lui devait sa place, vu sous un certain angle. Mais elle n'allait certainement pas le lui faire remarquer. Peut-être que cette idée lui apparaîtrait lorsque les années de politiques auront ridé son front. Mais elle ne doutait quand même, les humains avaient des vies courtes et ne semblaient pas spécialement vouloir les consacrer à apprendre, préférant la majorité du temps camper fermement sur leurs convictions. Elle était bien aise de savoir que la reine de cette cité était une elfe, et que les héritiers de ce roi seraient donc, normalement, des sang-mêlés.

« Les décisions d'Arcam sont mystérieuses et ses chemins souvent flous. Même pour moi. Il ne semble généralement pas considérer avec la même priorité que les mortels de telles affaires mais, puisqu'il a résidé en cette ville, il pourrait être derrière plus de choses que l'on ne peut le soupçonner. Toutefois, si vous pensez que vous avez été guidés ici par la main divine, et qu'il s'agit de celle d'Arcam, je vous suggère de faire attention : on ne le surnomme pas le dieu aux milles visages pour rien. »

Ce n'était pas les paroles les plus conciliantes que l'on pouvait imaginer. Mais, s'il avait un peu de respect des divinités, il n'en prendrait pas ombrage : aucun roi, aussi puissant soit son règne, ne peut se mesurer à un dieu.

« Votre invitation est très agréable, mais je me vois contrainte de la refuser : je rentre à peine d'un long voyage et de nombreuses affaires m'attendent sur mes terres, je préférerais ne pas les faire attendre plus que nécessaire. »

Elle avait bien prévu originellement de rester quelques jours ici, mais il lui semblait finalement préférable d'écourter au maximum : le temps était encore trop tôt pour inclure Naelis à ses plans. Il faudrait attendre que ces gens aient un peu plus d'ouverture pour cela. L'histoire de quelques décennies. Elle avait tout son temps, de toutes façons. Le roi quitta la pièce et ses invités attendirent. Elle échangea effectivement quelques mots avec le haut-prêtre, mais il n'était ni un politicien ni un érudit et elle s'ennuya donc assez rapidement. Elle essaya d'en apprendre un peu plus sur le Miroir toutefois, mais elle sentait que son interlocuteur n'était pas à l'aise sur le sujet, bien qu'il semblât connaître la plupart des légendes du culte sur le bout des doigts.
Lorsque Glenn revint et expliqua l'absence de sa femme, elle laissa voir par gestes qu'elle comprenait parfaitement, avant de répondre à l'interrogation sur son païm :

« En effet, je peux m'en passer. »

Ses servants firent alors descendre une petite litiètre portable, qu'ils accrochèrent rapidement aux selles de deux chevaux. C'était sommaire, mais elle n'avait pas besoin de plus pour traverser la ville. Elle prit place dedans, le petit attelage guidé par Draven et suivit du reste de sa propre escorte, entourée plus largement par les soldats de Naelis, et ils se mirent en route vers le temple. Elle ne vit évidemment rien du trajet mais nota la façon dont évoluaient les odeurs. Et ce n'était pas en mieux. Visiblement le quartier n'était pas le plus chic. Elle sut qu'ils étaient arrivés quand elle se retrouva littéralement au pied de la vrille magique qu'elle ne cessait de voir. Elle avait désormais l'impression d'être au cœur d'un maelström de magie, même si elle n'en ressentait pas les effets. Quand ils mirent pied à terre, guidés vers l'entre par le haut-prêtre, elle remarqua alors seulement que sa majesté semblait vêtu d'une tenue qui n'aurait pas dérangée sur un champ de bataille.

A l'intérieur du temple l'air y était plus agréable, la délicate saveur de quelques encens embaumait l'air tandis que des murmures et des notes discrètes résonnait sous le toit. L'essentiel du temple était une grande salle circulaire entourée de petites alcôves. En son centre, une estrade permettait aux prêtres, ménestrels et artistes de passage de se faire entendre de tous. Le bâtiment était simple, mais paré d’œuvres d'art qui le faisaient paraître semblable à une antre de voleur : il avait en effet reçu de nombreux dons venant de tout l'Ithri'Vaan dans les mois qui avaient suivit le Voile et bien que cette frénésie religeuse s'était quelque peu tassée les donations occasionnels de nobles et de mécènes permettaient largement aux quelques prêtres et novices de se sustenter sans avoir à piller dans leur petit trésor.
Quant à savoir ce qui retenait la pègre omniprésente dans le quartier ? Eh bien, peu étaient ceux qui osaient profaner la demeure, certes passée, d'un dieu. Et quand les ragots plus ou moins vrais qui parlaient de malédiction se répandaient, l'on ne trouvait plus beaucoup de motivés. Mais occasionnellement un objet disparaissait. Comme n'allait pas tarder à l'apprendre la grande prêtresse de Sol'Dorn.

A l'entrée du petit cortège, la plupart des murmures, des chansons et des notes se turent tandis qu'on les guidait au centre. Arrivé au pied de l'estrade, deux novices aidèrent la gardienne à monter mais on fit signe à son escorte de rester au bas. Seul roi, de son côté, fut autorisé également à s'avancer. Rapidement May'Inil se trouva entourée de personnes. Elle pouvait les ressentir, comme frôlant sa conscience.

« Bien, avant de vous reconnaître comme Gardienne d'Arcam, nous devons procéder à un rituel pour contacter le dieu lui-même.
-Pourquoi ne pas simplement me présenter le Miroir ? »

Des murmures embarrassés lui répondirent, tandis que le haut prêtre essayait de ne pas paraître affecté et de continuer à organiser ses novices. May'Inil remarqua seulement alors l'aura. Elle était discrète, effacée, mais bien présente. A l'intérieur du bâtiment les illusions qui occupaient son esprit semblaient moins impressionnantes. En fait, elle suspectait, même si ne disposant d'aucune preuve, que la limite de ce qui était maintenant une tornade vu depuis son cœur correspondait précisément à la limite de l'enceinte. Et au centre de cette tornade -elle était certaine qu'il s'agissait du centre précis bien que rien ne put le lui affirmer si ce n'était son intuition- se trouvait une trace de magie. Ignorant alors le haut-prêtre elle fit quelque pas pour s'en approcher. Cette fois elle pouvait sentir l'énergie, il ne s'agissait pas seulement d'une illusion. Il s'était tenu là quelque chose de puissant. De très puissant. Elle tendit la main et ses doigts se posèrent sur une surface dure et lisse comme la glace. Elle en fit lentement le tour, toucha sa bordure, constitué de rameaux de ronces entrelacés. Puis elle se retourna vers la petite assemblée de prêtres, prêtresses et novices ainsi que le souverain de la cité. Les représentants d'Arcam semblaient en haleine. Des murmures couraient de novueau à travers la salle : « Elle a touché le Miroir ? » « C'est tout ce qui se passe ? » « Je m'attendais à un peu plus quand même. » « Tout ça pour rien. »

« Où est le vrai Miroir ? » et elle aurait pus sentir l'esprit du haut-prêtre geindre à cette question.

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