Coquille vide - Bastylle

3ème ennéade de Bàrkios – 8ème Année du XIième Cycle

Jérôme venait de rentrer de voyage après avoir parcouru le nord et le médian, il était harassé et las, des mauvaises nouvelles pleins la tête et à la recherche de solutions. Lorsqu'il entra au château, il apprit d'autres nouvelles qui ne le réjouirent pas du tout. Une fois que tout fut dit, concernant la politique, on passa aux informations personnelles. C'est la qu'il apprit que sa sœur allait venir le voir. La joie de savoir qu'elle allait venir ainsi que la réconciliation avec leur mère prit une douche froide lorsqu'on lui dit que le petit Kiel, son neveu véritable (mais ça une toute petite poignée le savait) était mort. La tristesse l'empli immédiatement et il demanda à rester seul un moment pour digérer tout cela. Il savait qu'il ne pouvait pas rester et bien que l'arrivée de Mathilde devait être imminent, avec les aléas des voyages, l'on était jamais certain de rien. Il savait aussi qu'il devrait repartir très vite, voir le lendemain même pour la Sgarde et tenter de s'entretenir avec le marquis. Le destin voulut que sa sœur arriva deux heures après lui et qu'ils purent se voir. On lui annonça son arrivée et il demanda à ce qu'elle fut immédiatement introduite dans ses quartiers sans la laisser attendre. Vu le chagrin qui l'assaillait, il n'imaginait même pas celui qu devait ressentir Mathilde alors qu'elle avait toujours été à ses côtés et aussi portée durant la grossesse.

Lorsque Mathilde poussa la porte et entra, accompagnée de Lyse, Jérôme prit sa soeur dans ses bras, un autour de son dos et l'autre à l'arrière de sa tête, l'enfouissant dans son cou


"Ho Mathilde, je viens tout juste d'apprendre la nouvelle. Je suis terriblement triste et navré mais que s'est il passé"


Sa voix était éraillée et des larmes coulaient le long de ses joues. Il vit Lyse qui attendait, contrite et il abaissa son bras afin de l'inviter dans l'étreinte qui avait lieu entre la sœur et le frère, ce qu'elle fit


"Comment Tyra peut être aussi cruelle ? retirer un enfant si jeune"


La mort infantile était malheureusement très courante mais lorsque cela vous touchait personnellement, c'était toujours plus intense comme émotion.

Bien qu'attristé, Jérôme retint sa sœur lorsqu'elle failli tomber sous l'émotion. Il l'assit sur une banquette sur laquelle Lyse vint la rejoindre, se blottissant contre elle. Jérôme rapprocha un fauteuil aussi prêt que possible et il prit les mains dans Mathilde dans les siennes. Des larmes continuaient de couler sur ses joues. Un sentiment de culpabilité l'envahit alors qu'il se posait une question et que sa ferveur religieuse refaisait surface


"Nous ne devons pas blâmer les dieux, même si leurs choix se révèlent cruels, leur voix est impénétrable, tout comme leurs décisions. Peut être même que c'est pour me punir moi, avec toutes ces guerres qui détruisent tant de famille. Peut être qu'elle a décidé de punir notre famille pour tous les morts que nous engendrons."


C'était tellement courant de reprendre la faute sur soit que c'en était presque devenu une mode. Encore une fois, il était bien en peine de savoir quoi dire. Cela l'agaçait de se sentir si impuissant, ne sachant pas comment réagir. Au final il était plus simple de diriger ses hommes, de planifier et prendre part à une bataille que de se plonger dans les sentiments et les émotions. Il serrait fort les mains de sa sœur afin de lui montrer son soutien et sa présence. Celle-ci ne le regardait pas mais elle y verrait en effet une grande tristesse. Malgré les larmes qui coulaient, il parvenait à ne pas avoir la voix chevrotante


"Je me doute que tu ne te sens pas bien mais il va falloir être forte" Il se tourna vers sa fille adoptive "Lyse à besoin de toi, encore plus en ce moment, même si c'est très dur"


C'était dramatique mais la vie continuait et il fallait donc la continuer pour ceux qui étaient toujours la. L'on pouvait penser que les mots de Jérôme étaient durs mais il lui pesait de les dire


"May, je suis la, tu le sais, quoi que tu ais besoin, dis le moi"


C'était encore pire de savoir qu'il n'avait que peu de temps vu la situation extrême ou il se trouvait. devoir abandonner sa sœur était un crève cœur et une nouvelle couche s'enroula autour du sien, attendant de pouvoir évacuer toute la pression au bon moment.

Mathilde avoua qu'elle avait pensé à mettre fin à ses jours et que c'était grâce à la présence de Lyse qu'elle ne l'avait pas fait. Cela ne choqua pas Jérôme car bien que n'étant ni marié, ni père, il avait déjà en lui une fibre qui lui disait qu'il serait prêt à tout pour sa famille, même au pire. Il fut toutefois angoissé en pensant que le temps pouvait aussi bien apaiser qu'amplifier le malaise de son sœur et qu'il fallait donc la surveiller afin qu'elle ne fasse rien d’irréparable. Il se rapprocha encore et il se mit à genou devant Mathilde, la prenant dans ses bras ainsi que Lyse dans un geste de protection. Sa sœur lui parla alors de leur mère qui avait demandé à ce qu'elle rejoigne son frère afin de l'éloigner d'Etherna. Bien qu'appréciant fortement sa mère, il devait convenir qu'elle n'avait pas de tact ces derniers temps qu'elle en faisait voir de toutes les couleurs à sa fille même si celle-ci l'avait cherché. Il regrettait que cela se passe ainsi mais lui même ferait tout pour garder sa famille unie, prenant le relais de son père et étant devenu le pilier


"May, tu sais bien que tu peux rester ici tant que tu le voudras. Tu es ma soeur et je serais autant présent que possible pour toi si tu en as besoin. Tu peux aussi pleurer si tu en as l'envie, on se moque de ce que les gens penseront et c'était ton fils, quoi qu'en pense les autres. Je suis certain que la disparition de Lyse t'affecterait également."


Il réfléchit alors à un moyen de l'occuper car il savait que ne rien faire serait encore plus douloureux. Il pensa alors à Cécilie et aux pouvoirs qu'avaient la gente féminine. Il pensa également à Aline et aux sentiments naissants qu'il avait ressentit durant son voyage


"Je ne pourrais malheureusement pas rester bien longtemps, la guerre et les sombres m'accaparant plus que je ne le voudrais. Néera fasse que tout cela se termine un jour et que nous sortions de toutes ces guerres incessantes. Je ne sais pas si tu es au courant de la situation ici mais mes rapports avec les nobles de Serramire ne sont pas au mieux. Tu pourrais peut être, si tu le souhaite, je ne t'impose rien, voir à garder un œil sur les nobles de Bastylle, leur rappeler qui est leur suzerain. De même si tu parvenais à avoir une correspondance avec Maélyne de Lourmel, je pensais que nous étions proche mais il semble que je me sois fourvoyé. Peut être que tu parviendrais à nouer des liens et à lui démontré que je ne suis pas ce qu'elle semble penser sur moi ? Une jeune noble se prénommant Cécilie de Laval fait partie de ma cour. Elle doit malheureusement partir en voyage mais tu pourrais peut être discuter avec elle, elle est exceptionnellement douée pour jouer de la harpe et elle a des talents inconnus."