S’épancher sur le physique de Dralassa en un long discours dithyrambique serait des plus inutiles, et inintéressant ; c’est une sombre, et elle a hérité de tous les avantages innés à sa race. Ce qui interpellera le chaland, en revanche, sera la façon dont elle s’adressera à ce dernier. Le ton de sa voix, les nuances métalliques et éraillées, les modulations basses et déréglées ; elle ne peut qu’échanger à faible voix, sans jamais l’élever. Ses cordes vocales, comme distendues, vrillées et presque arrachées par la douleur et les hurlements d’un fond de gorge en feu, ne peuvent être monopolisées bien longtemps, et surtout pas utilisées puissamment. Sitôt que Dralassa doit monter la voix, et celle-ci sonne éraillée, faible, et totalement désaccordée.
Lors de cette même période de sa vie où elle perdit une partie de sa voix, et également de sa capacité à manipuler l’immatériel, la prêtresse fut grandement marquée. Le revers de son corps, dos, omoplates, épaules, cuisses, mollets, fesses et talons n’arborent qu’une peau parcheminée, grossière, tacheté et couturée. Les tisons ardents imprimèrent leurs brûlures, les dagues et les coutelas lacérèrent les chairs, et les pinces arrachèrent des lambeaux de peau.
Dernière particularité de la sombre, sa capacité à percevoir la magie et son énergie par le biais de vents parcourant le monde. Ces courants qui remplissent l’air arborent une couleur plus éclatante et plus réelle encore que celles que les autres perçoivent d’ordinaire sur des objets du quotidien. Si éclatante et pure, vive, que Dralassa se doit de se bander les yeux à l’aide d’un bandeau de lin vermeil. Cela ne la prive pas de sa vision ; le tissu filtre bien la luminosité crue et corrosive que pour mieux l’atténuer et la dissiper, laissant la place aux reliefs, formes et contours. Elle voit quelque peu moins bien que la normale, à travers les minces rais de lumières que laisse passer le bandeau, mais les fluctuations de l’immatériel lui permettent de retracer la position et le cheminement de la plupart de ce qui existe et exista.
Alignement : Loyal mauvais Métier : Grande Prêtresse de Teiweon Classe d'arme : Magie
Équipement :
Si ce ne sont quelques afféteries liées au culte de Teiweon, Dralassa ne s’étale pas dans une outrecuidante exubérance que pourrait lui permettre son rang. Celle n’a point besoin d’arme ou d’armure pour se défendre, s’en remettant aussi bien à sa foi qu’en sa volonté pour transcender le monde du réel et imposer sa vision des choses à son environnement proche. En vérité, elle dispose d’une chose que ne possèdent que trop rarement les gens qui l’entourent ; un esprit affûté.
Description physique :
Citation :
«Chaque noble ou haut religieux a sa façon de se comporter en public, de converser, de dégoiser, de mentir et d’imposer son autorité sur ses comparses. Dralassa en'Sharen, pour le peu de fois où j’ai eu le plaisir de la rencontrer, n’échappe pas à cette règle, mais elle semble la dériver plutôt que la suivre platement. Pour sûr, elle sait se faufiler dans la noblesse et ses codes, et, à l’image de ces sangs-bleus nés dans ce monde mondain, possède tout l’entregent nécessaire pour ce faire. Je ne sais si l’aura qui l’entoure découle de son statut de grande prêtresse mais, à Sol'Dorn, lorsque je la rencontrai pour la première fois et pour les autres à venir, elle n’entendait nul besoin au fait de hausser la voix pour se faire comprendre et obéir. Pire encore, la dame s’enveloppe d’une voix basse et murmurée, chuchotée, et c’est là ce que l’on peut y espérer de mieux, signe que toutes ses attentes s’en retrouvent comblées. Car je ne l’ai entendue qu’une seule fois élever le ton, dans les profondeurs oubliées du temple de Teiweon, au beau milieu de ses sculptures obscènes qui fleurent avec les âmes déchues, et il n’y a rien de plaisant à l’entendre vespériser un de ses cultiste au clabaudage facile. A une haute tonalité, sa voix s’en paraît sifflante et éraillée, comme dans une impéritie de puissance qu’elle se doit normalement d’avoir, et le spectacle en est si déroutant, gênant, alors que son regard fulmine et s’empreint de nuances malsaines, que plus personne n’ose piper mot. »
Harald de Valmont, ambassadeur en Ithri'Vaan.
Citation :
«Je n’ai jamais vu cela. A l’apparence, comme ça, elle n’a rien, mais… ! Je lui ai préparé son bain parce qu’elle me l’a demandé. Et, tu sais, avec toutes les rumeurs qui courent, je n’ai pas pu m’empêcher d’observer discrètement alors qu’elle le prenait. Eh bien…C’est… C’est fou. »
Conversation chapardée d’une lavandière à une autre.
Citation :
«La prêtresse Dralassa en'Sharen présente de nombreuses cicatrices plus ou moins belles sur les pieds, les mollets, le derrière des cuisses, les fesses, les reins, la cambrure du dos, les omoplates, et les épaules, la plupart devenant presque invisible sitôt qu'elle se vêtit. En demeure une dernière au niveau du cou, du côté droit, qu’elle dissimule de ses cheveux ou de son capuchon, mais, eu égard à la position des autres stigmates et à la position de cette plaie-ci, bien visible, j’en conclus à des blessures découlant d'un déferlement d'ordre magique pour certaines, et de haine pure pour les autres ; lanière, fouet, tison ardent, sel et acide. Je note également de nombreuses entailles, coupures, dissections, lacérations. Peau écorchée, ongles d’un pied arrachés, orteils brûlés, chairs cautérisées… Tout autant de scarifications déformant certaines parties de son corps par de grands entrelacs blafards et irréguliers, cousus sur une peau épaisse et grossièrement rembourrée ; tout autant de mutilations causées sur une chair à présent morte et qui ne semble jamais vouloir cesser de se desquamer. En vérité, je ne comprends toujours pas comment elle a pu s’en tirer en vie et avec toute sa raison. Le corps, comme l’esprit, est décidément bien plus robuste que nous nous le laissons croire. »
Rapport du prêtre Jar yl'Orlyviir concernant la prêtresse Dralassa en'Sharen, nouvellement libérée de ses geôles.
Citation :
« - Robe aux teintes rouges et carmines nuancées, aux manches à crevés - Gonelle en velours brocardée de vermeil et d’ombre - Chainse de lin cendré - Corsets de coutil simple, découpé intégralement à l'avant, aux buscs protégeant tout le dos et au laçage à la paresseuse. - Haut gants de velours bordeaux, remontant jusqu'aux coudes - Collerette de godron évasé - Bandeaux de toiles carmines à enrouler autour des yeux
… »
Réclamation de Dralassa en'Sharen à Hilda Oltis, tisserande de renom de Sol'Dorn.
Description mentale :
Citation :
«La grande prêtresse voulait dans l’immédiat quatre bons quartiers de bœuf et six rôties de porc. L’après-midi n’était pas encore arrivé que je les lui ai fait apporter. Je ne préfère pas mettre la dame en colère. Pas qu’elle se serait fortement énervée, non… Mais la dame n’aime pas qu’on n’obéisse pas à ses ordres dans l’immédiat, et cela se serait fait ressentir dans ses manières devenues subitement bien sèches et froides, son ton pressant. Plus encore que ne peuvent l’être les bandeaux qui dissimulent curieusement son regard, à vrai dire. Et puis, dame Dralassa est parfois bien lunatique, et il s’en faut peu pour qu’elle s’endêve. Je ne voudrais pour rien au monde être la source de son ire, surtout avec ce qu’il se raconte à son sujet. »
Helsa Tournebrige, bouchère de Sol'Dorn.
Citation :
«Je la pensais de prime abord froide et inflexible, de cette intransigeance qui vous ignore totalement et vous abandonne dans vos propres soucis et dans votre isolement sans y prêter attention, et ce tout en vivant le cours de sa vie en toute impudence, mais il advint que je me trompais. Certes, à table, lors de cette cuisine raffinée dont elle me fit l’honneur, jamais la grande prêtresse ne desserra-t-elle les lèvres pour esquisser le moindre sourire. Je crois que, à aucun moment, je ne m’étais rendu compte à quel point l’ironique revêt une place importante dans notre société et dans nos codes, ironie à laquelle elle me sembla totalement frigide. Mais, néanmoins, Dralassa en'Sharen me parut être investie d’une forte réflexion, et tout cynisme que je plaçai fut profondément analysée, comme s’il s’agissait là de la discussion la plus sérieuse du monde, et elle me répondit avec la gravité empreinte de la sapience du sage. Une fois que j’eus compris la façon dont elle résonnait, sa sévérité des mots et le sérieux de toute phrase, je la relançai avec tout mon sens critique sur la politique actuelle, la guerre qui sévissait, les rémoras rencontrés çà et là. J’allai même jusqu’à forcer le trait, par pure curiosité, en abordant les assertions du Haut Prêtre d'Ulriz, les écrits apocryphes de quelques zélotes, les fables controuvées d’autres hérétiques. Là, comme à tous ces sujets, la conversation prit une tournure bien plus sérieuse et authentique, et nous nous mîmes à dégoiser, jaspiner et babiller avec volubilité. Ma noble hôte se garda bien de sourire, affichant une éternelle fermeté sur son visage, mais nous ne déparlâmes de la nuit, dans une faconde qui me ravie. »
Aegnor Kezz' Taazmodesh, fils d'une grande maison drow.
Citation :
« Il y a quelque chose d’immensément puissant chez Dralassa en’Sharen, quelque chose qu’elle-même ne connaît pas, tapis au fond de son être, de sa conscience. Une Faern, à coup sûr, quand bien même a-t-elle perdu un peu de sa superbe et de sa puissance depuis les derniers événements qu'elle a traversés Mais je ne doute pas que, un jour, elle puisse recouvrer de ses capacités. Un fragment de puissance supplémentaire qui a chuté de son âme lors de sa confrontation avec Caranthir. Elle n’arrive pas à puiser en elle les ressources nécessaires pour le récupérer ; c’est comme si elle devait creuser un puits de chair et de sang à l’intérieur même de son corps, à la seule force de sa volonté, m’a-t-elle un jour confié. Se mutiler l’esprit, de nouveau, soi-même, pour recouvrer ce catalyseur qu’elle possédait avant sa mutilation. Sa capacité à déceler l’énergie, à la discerner, et même à la voir, témoigne d’un véritable potentiel, quand bien même peut-il se montrer à double tranchants. Son orgueil et sa jeunesse l’ont partiellement détruite, et je crains qu’elle ne dépérisse ou tente un tout pour le tout mortel afin de s’approprier ce qui lui a été arraché. »
Leïto Teken'ett, sorcier et prêtre de Teiweon.
Citation :
« Sa clémence n’a pas d’autre égale que son honneur Son âme charitable se répand sur la terre Et s’il s’agit de faiblesses pour quelques charmeurs Son courage, sa fierté, les envoient au cimetière
La démarche altière, le menton rengorgé Chacun se pâmera, chacun sera marri Et les nobles Sombrees accourront, tout ravagés De cette lubie qu’elle les choisisse pour mari. »
Ode à la Grande Prêtresse de Teiweon, Dralassa en’Sharen, par Gépu Dhydais, poète-esclave stipendié.
Capacités magiques :
La perception de la magie est aussi propre qu’elle est personnelle au mage ou sorcier en question. Certains la voient sous la forme d’un tout énergique, d’autres comme le prolongement intangibles des éléments naturels que sont l’eau, le feu, la terre et l’air, lorsque d’autres, encore, la définissent comme une émanation des dieux, simplement issue d’une foi dissimulée. Sans doute ces assertions recèlent-elles toutes une part de vérité. Dralassa en’Sharen, de son côté, perçoit la magie sous formes de vents de différentes couleurs, arpentant le monde, remplissant l’espace ; blanc pour la vie et la lumière, bleuté pour le ciel et les vents, vert pour la nature, ou encore un noir teinté de pourpre lorsqu’il s’agit de la mort.
Si les plus grands archimages sont capables de tisser la magie avec une grande habilité, tissant les différentes énergies dans une singulière harmonie, les unissant les unes aux autres avec la plus grande finesse et la plus exquise des délicatesses afin de former un sortilège à l’essence aussi pure que dangereuse, Dralassa, de son côté, ne compte pas tant sur sa maîtrise de l’immatériel que sur sa volonté. Plutôt que d’attirer à elle, elle arrache, plutôt que de mêler et de fondre, elle broie, plutôt que de forger, elle fait ployer sous le carcan de son esprit. Là encore, plutôt que de jouer avec les mots de pouvoirs, d’écrire des runes, de filer les sortilèges à l’aide de souples mouvements du corps ou des doigts, elle se contente de tout écraser par sa force mentale en puisant avec abondance dans tous ces courants magiques qu’elle perçoit, sans aucune distinction, sans aucune considération pour l’essence de sa future création.
Il n’en résulte pas autre qu’une énergie magique issue aléatoirement de tous ces vents de magie, de toutes ces couleurs qui, plutôt que de former un blanc éclatant par le mélange de ces dernières, formeront des résidus corrompus et viciés d’Art d’un noir profond et concolore. Il s’agit là, selon elle, du principe même de la magie noire ; celle qui ravira ses comparses sombres à la forte volonté comme celle qui exécrera les elfes, davantage portés sur la finesse d’une maîtrise alambiquée.
Prêtresse de Teiweon depuis son plus jeune âge, l’immatériel est son apanage. La prière l’aide à canaliser son pouvoir, à violer les alentours de son énergie magiques, à s’arroger de leurs essences, et les mânes accordées à Teiweon par le biais d’un sacrifice sont autant de catalyseurs qu’elle est susceptible d’utiliser pour nourrir, alimenter et bronzer sa volonté, augmentant encore son potentiel magique.
Quelques siècles d’apprentissage l’ont formée, entraînée, et la Sombre est en mesure que de mettre martel en tête à certains qui voudraient s’y frotter d’un peu trop prêt. Elle allie vivacité à volonté, et ténacité à puissance. Là où son corps se révèle frêle face à quelque attaque physique que ce soit, la magie se heurte contre les remparts de son esprit, qu’elle enchriste, broie, et ploie avant de la libérer, modifiant la trame de la réalité.
Toutefois, Dralassa a vu une partie de son esprit être incinéré par l’affrontement qui l’opposa à Caranthir. Son orgueil aussi bien que son ambition la conduisirent à juger et à se jouer de l’elfe, lequel la balaya platement en retournant la volonté et l’esprit de la sombre contre elle-même. Ce fut comme une once d’âme, une fraction de son pouvoir qu’elle perdit ce jour-là, un petit caillou bien placé dans les rouages de sa volonté et de sa concentration, et, à ce jour, elle travaille dur, aussi bien pour comprendre l’essence même de cette mutilation spirituelle et intangible que pour recouvrer sa force mentale.
Histoire :
La vie, les couleurs du monde. Un flot de lumière sirupeux et éclatant qui lui arracha les yeux, juste avant qu'il ne disparût aussi promptement qu'il était survenu. Des teintes multicolores qui rendaient fades les nuances naturelles de tout objet tangible, de toute personne présente. Et plus que tout encore, une marée de sang qui manqua de la noyer et de la laisser mort-née.
***
Je suis à l’origine de la mort de ma mère. Par Teiweon, ce que son père détestait entendre cela. Dralassa ne se remembrait plus la première fois où elle avait posé la question ; était-ce juste après que sa nourrice lui eût avoué qu’elle n’était pas sa mère naturelle ? Toujours était-il que, lorsqu’elle s’était enquise d’une telle interrogation, son père lui avait administré une si forte mandale que sa tête avait fouetté d’un côté de l’autre.
«Ce qui est fait est fait. » Des mots durs pour une enfant, emplis d’un pragmatisme que l’on n’était pas toujours prêt à affronter. Mais ainsi allait la vie, dans ce début de jeunesse, et Dralassa ne faisait pas exception à la règle. Dans ce monde où elle était née, au sein même de cette société méritocratique, il n’y avait point de place pour les regrets, les remords, et autres triturations de l’esprit. Mieux valait aller de l’avant plutôt que de morfondre dans la turpitude du passé. Toutefois, jamais ne sut-elle si la réaction de son paternel avait été conduite par le chagrin qu’elle éprouvait toujours et qu’il masquait à la perfection, ès qualité de Sombre, ou par une véritable volonté d’apprentissage à l’égard de sa fille. Car, si fait, ce fut lui qui avait été en charge de lui apprendre la vie, dans un premier temps. Lui et sa nourrice, mais Dralassa, bien trop jeune, ne conservait presque aucun souvenir de cette période ; tout au plus quelques rêves et songeries épars, çà et là, perdus dans les évagations de sa mémoire.
Elle garda un plus fort souvenir de cette foule de précepteurs qui l’accompagna tout du long de son enfance jusqu’à une bonne partie de son adolescence. Lecture, littérature, alphabet et langue, aussi bien que des matières bien plus martiales, en rapport avec la société drow. La stratégie, la réflexion militaire ; autant de disciplines qu’elle jugeait totalement inutile, mais qu’elle se devait d’apprendre, de mémoriser, et de réciter sous peine de recevoir les horions de son paternel. C’était que le sombre était exigeant, comme si sa propre fille avait contracté une dette auprès de lui en « tuant sa femme ». A cela s’ajouta bientôt la théologie, et celle-ci revêtit une place importante dans la vie de la jeune sombre. Les prières et les cantiques, les sermons, les origines du monde et sa cosmologie, le panthéon Sombre, leurs traditions, leurs us et coutumes, et leurs messages. Dralassa développa rapidement un véritable intérêt, voire une obsession morbide pour la déesse Teiweon. Le passif d’une mère décédée bien trop tôt, peut-être, un père qui la morigénait parfois à cause de cela. Et cette vision d’une femme magnifique, au corps gracieux et aux formes arrondies transcendés par un voile opaque qui laissait tout entr’apercevoir dans une vision sensuelle et mortuaire. Le délicieux message de la mort, liée et entremêlée à la beauté. Cela alors que Dralassa était en pleine découverte de son propre corps de femme.
Un appel mystique pour lequel elle voua toute sa dévotion, et ce fut tout naturellement qu’elle entra dans ses ordres.
***
Le temple de Teiweon. Un endroit bien éloigné du cocon familial, si tant était que l'on pouvait parler en ces termes d'une résidence où la figure paternelle se confondait avec l'un des nombreux et rigoureux précepteurs qu'il payait pour sa fille. Un lieu plus noir encore, plus sombre ; mortuaire. Il semblait comme s'enfoncer dans les ténèbres sépulcrales de la terre, mais, là où la chaleur d'Uriz eût dû régner, il n'y avait qu'une froideur intemporelle. Dans un premier temps, Dralassa n'apprécia pas le temple et sa noirceur insondable, quand bien même son regard parvenait-il à pourfendre les abysses et à déceler les détails qui s'y cachaient. Les grandes alcôves caverneuses, ses salles cachées, ses statues orgueilleuses qui s'élevaient si haut vers le plafond qu'elles disparaissaient dans la pénombre ambiante. Et puis, à force d'y vivre et de sillonner ses grands couloirs, elle finit par s'y faire.
C'était toujours une présence en moins, un poids ôté de ses épaules. Le nombre de tuteurs demeurait le même, et ainsi allaient leurs leçons, mais, lorsqu'ils quittaient les lieux après avoir dispensé leur enseignement, Dralassa regagnait un semblant de solitude. Mais une solitude bienvenue, apaisante, dans la quiétude sempiternelle offerte par la Déesse. En-dehors de ces moments, elle partageait le quotidien des autres novices. Et, très vite, elle se prit au jeu de la compétition. Là où, auparavant, elle demeurait seule lors de ses leçons et de ses épreuves, la jeune drow pouvait à présent mesurer ses talents et ses connaissances à ses pairs, et cela la brusqua grandement dans sa motivation comme dans sa soif d'apprendre. Ce fut une simple compétition de prime abord, mais, l'esprit drow étant ce qu'il était, ces défis tournèrent bientôt d'une façon ô combien plus pernicieuse. Ce n'étaient que des enfants, quand bien même avaient-ils passé la trentaine, et les prêtres les encourageaient insidieusement dans leur petite guerre intestine. Il fallait trier le bon grain de l'ivraie.
Ce fut là également l’occasion de fomenter les premières cabales, les premières transactions, les premiers chantages et les premières alliances. Pour bien se faire voir, pour se partager les victuailles, pour démontrer sa supériorité, pour se faire des amis que l’on viendrait que mieux trahir par la suite.
A leur manière, les enfants pouvaient se démontrer plus cruels encore, en proportion, que ne l’étaient les adultes, révélant des trésors de fourberies et d’espiègleries. Déluge de coups et de horions à trois contre un, délations et calomnies, insultes et surnoms qui vous poursuivaient jusque dans votre vie d’adulte, menaces et violences belliqueuses afin de les faire traire à jamais. Falsifications de rapport, déchirages de travaux personnels, séquestrations à l'orée de quelque visite d'inspection.
Une véritable petite société de Sombres d’ordre miniature.
***
Ce fut comme une révélation. Un éclat de lumière survenu d’outre-tombe, dans les confins de ses réminiscences ombreuses et oubliées. Quelque chose qu’elle n’eût jamais dû reconnaître ou se remembrer. Son regard quitta le vélin parcheminé, vieilli par les âges et racorni par endroit, jusqu’à effleurer le titre. « Magie et Immatériel – L’Envers du Monde. » Dralassa tiqua, chassant ces lucioles et ces étoiles qui tourbillonnaient devant ses prunelles. La magie, l’intangible, l’immatériel ; autant de désignations pour une seule chose ; un sujet qui l’intéressait au plus haut point, sans qu’elle pût savoir pourquoi. La magie découlant des Dieux, celle-ci s’avérait souvent étudiée dans les temples de leurs déités respectives, mais étudiée non pas dans sa pratique, mais dans sa théorie. Les bases, les fondements de son énergie, de son essence divine, et ses effets. Un prêtre se devait d’avoir le maximum de connaissances possibles, et Dralassa avait étendu les siennes. Après la littérature et les mathématiques que lui avaient enseignées ses tuteurs, les disciples et les initiés leur prodiguaient des cours d’arithmétiques et de sciences, de théologie bien plus poussée. Mais c’était vraiment la magie qui intéressait la jeune sombre, et celle-ci se plongeait parois dans des recueils qui n’étaient pas de son âge mais que certains enseignants laissaient libres d’accès pour toute âme en quête de savoir.
***
Elle n’aurait pas dû lire si tard. La prière avait monopolisé la plus grande partie de sa soirée, et il ne lui avait resté que trop peu de temps pour s’adonner à ses lectures. Non pas qu’elle détestât la récitation des cantiques ; il y avait, dans cette activité, quelque chose de reposant, et relaxant, quand bien même parlait-on dans des connotations mortuaires, sur des sujets funèbres. Mais cela renforçait l’esprit et la mémoire, et, mieux encore, vous emplissait de la grâce divine de Teiweon. Après une journée plus difficile qu’une autre, après un coup tordu effectué par un autre novice, la prière réconfortait. Mais ce n’était pas non plus une raison suffisante pour abandonner toute autre activité.
Là, les mots avaient défilé sous ses yeux, et sa conscience s’était noyée dans les phrases mystiques et ésotériques. Son corps tout entier avait été absorbé par l’ouvrage, aussi bien que les connaissances et le savoir qu’il renfermait avaient été digérés par la volonté de la jeune sombre. Dralassa, l’espace de ces quelques pages, avait vécu la magie, avait respiré l’immatériel, tant et si bien qu’elle s’était imaginée mage, répétant inlassablement, dans sa tête, les huit grands principes de la magie. Là, elle referma l’essai ; le monde s’appesantissait de couleurs irréelles et capiteuses. A la périphérie de son regard, des flammeroles dansaient, vives et tenaces. Plus loin, sa porte entrouverte laissait circuler une vapeur brumeuse et placide, louvoyant dans une placidité grasse et visqueuse. Mais, étrangement, intensément belle. Elle tomba de sommeil.
***
L’anxiété et la peur la gagnait. Elle courait à prendre haleine dans les sombres couloirs, en pleine nuit. Les ténèbres vespérales plongeaient le temple dans une sombre pénombre, et les ombres s’agrandissaient démesurément sous les flammèches des rares torches qui éclairaient les lieux. Derrière elle, plus loin, retentissaient faiblement les pas feutrés de deux sombres qui couraient dans la même direction qu’elle. Ils la pourchassaient.
Dralassa ne voyait pas d’autre alternative que filer droit devant ; l’aile du temple dans laquelle elle se trouvait n’engendrait que bien trop peu de ramifications, et l’allée centrale ne comprenait qu’une seule issue ; celle située à l’autre bout. Bien trop peu d’alcôves dans laquelle se dissimuler, et aucune n’était suffisamment profonde pour qu’elle le fît avec efficacité. Elle courut droit devant, pivota selon l’angle du couloir, ouvrit une porte qu’elle referma aussitôt, sans pour autant pouvoir la verrouiller. Et reprit sa course.
Elle n’aurait jamais dû faire cette plaisanterie, elle le savait bien, mais l’idée avait été trop tentante. Se glisser dans la chambre de ces deux garçons, munie de deux flacons d’encre, et les renverser sur leurs travaux personnels. Réduire à néant des heures d’étude et de fouilles au sein de vieux ouvrages poussiéreux. Et cela la veille du rendu. Oui, sa mission avait été menée à bien. Non, elle n’avait pas été discrète en repartant. Oui, un simple coup d’œil leur avait suffi pour s’apercevoir du méfait. Et non, ils n’avaient pas vu qui était l’auteur de ce sabotage, mais il était certain qu’ils avaient vu la direction dans laquelle s’était enfuie l’ombre sournoise.
Dralassa s’écrasa sur la porte, qu’elle pensait ouverte. Pourquoi, par Teiweron, était-elle fermée, verrouillée ?! Elle retenta, sans plus de succès. Son cœur battait à tout rompre, suite sa course effrénée, et il ne s’emballait que davantage encore alors que la crainte et l’appréhension venaient mettre leur grain de sel. Nul doute que, s’ils mettaient la main sur elle, Dralassa passerait plus qu’un mauvais quart d’heure. La tête commença à lui tourner tandis qu’elle cherchait une échappatoire, un endroit où se tapir l’espace de quelques instants. En périphérie de vision, elle commença à observer des fluctuations, d’abord infimes, puis de plus en plus visibles. Des reflets séculaires, une ondée multicolore qui voguait avec une paresse stoïque et inébranlable. Jusqu’à ce que Dralassa se glissât de justesse dans une alcôve. Jusqu’à ce que les deux sombres entrassent dans le couloir où elle était dissimulée.
Le courant remua, comme aspiré par le mouvement effectué par l’initiée de Teiweon, et l’appel d’air laissé dans son sillage. A cela près qu’il vint entourer le corps de la jeune sombre, en un voile noirâtre, mais pourtant plus scintillant qu’une étoile. Le manteau de ténèbres occulta, le temps d’un moment, la vision de Dralassa, de par sa nitescence. Curieusement, si les deux sombres ne parurent guère éblouis, l’énergie occulta tout autant leur propre vision, et ne virent pas la coupable de leur mésaventure. Ils s’acharnèrent sur la porte après être passée devant Dralassa, en vain. Ils pestèrent et rugirent, se demandant si elle avait la clef, comment elle avait fait pour l’obtenir, à moins qu’elle ne se fût cachée dans les parages. Ils balayèrent les alentours de leur regard ; personne ne pouvait véritablement se cacher, et les yeux des sombres perçaient la pénombre aussi facilement qu’en plein jour. Mais ils ne purent écarter le voile sombre, et s’en furent, laissant une Dralassa pantelante, qui manqua de tomber en pâmoison après avoir retenu sa respiration de la sorte, par cette crainte vécue d'avoir été démasquée.
Passée l'adrénaline qui avait bouillonné dans ses veines, une grande torpeur s'empara de tout son être. Elle vacilla, tangua, comme bouleversée par ce qui venait de se passer. Si le voile noir avait disparu, un autre prit le relais ; blanc, opaque, immuable, mais celui-ci n'avait rien de fantastique. Elle perdait simplement pieds, et dut lutter pour ne pas embrasser le sol malgré elle. Dralassa ne sut pas comment elle rentra dans le dortoir, ou, à tout le moins, l'avait-elle oublié. Quelques réminiscences de respirations frénétiques et haletantes surgirent des ombres, la sensation d'un mur froid contre son front, de ses mains qui palpaient les angles en tâtonnant, et une inébranlable volonté pour ne pas choir en plein couloir. Puis, ce fut le vide, l'abysse.
Pendant une dizaine de jours.
***
« Non, tu n’es pas née pour devenir quelque noble que ce soit, et moins encore pour devenir une quelconque prêtresse. Il y a quelque chose en toi de différent des autres ; pourquoi t’aurait-on conduite ici, autrement ? Te laisser dans l’ignorance et le dépérissement de ton âme, peu à peu grignotée par la magie qui te ronge, serait un véritable affront à l’Art. Tu pourrais certes faire une très bonne courtisane, rusée, malicieuse, et retorse, ou encore être une prêtresse dévouée, et impliquée, mais ce serait là comme orner un mendiant d’un joyau scintillant ; inutilité, et insulte à la beauté de ce dernier. - Pourquoi cela ? Pourquoi ne puis-je pas être comme tout le monde, qu’est-ce qui m’arrive ? En quoi suis-je si différente ? - Que s’est-il passé, il y a cinquante-quatre ans ? »
Dralassa tiqua, cilla, et leva un regard mauvais dans la direction de ce sombre, Leïto Teken'ett, à l’apparence étique ; elle ne voyait pas le rapport.
«Ce n’est pas ce que j’… » Elle ne vit pas le coup partir, lequel l’atteignit dans le tibia. Le sceptre tenu par l’elfe ne semblait pas avoir bougé. Si sa silhouette avait tout de l’ascèse, il était encore capable de développer une certaine force, en sus d’une grande vélocité.
« Je répète ; que s’est-il passé, il y a cinquante-quatre ans ? - Je naquis, peut-être ? »
Si sa vision l’avait empêchée de distinguer l’arrivée impromptue du sceptre sur sa jambe, Dralassa, alors un sourire torve sur les lèvres, eut soudain l’impression de discerner quelque chose à la frontière du monde, aux extrémités de son regard. Quelque chose qui s’enroula sur lui-même, bien trop vite, et qui fusa en sa direction. Elle sut qu’il y avait quelque chose à faire. Un mouvement, une pensée. Quelque chose. Mais, dans son impéritie, elle ne put rien faire. Rien ne bougea dans les airs, sous les arches de pierre. Les flammes des bougies ne furent point troublées, pas plus que ne dansât leur fumée noire. Les pans de tissu comme les longues chevelures ne se soulevèrent pas davantage. Mais l’impact fut bien réel, tout droit dans le ventre de la jeune sombre, et celle-ci s’écroula sur le sol, suffocante, griffant le sol tout en peinant à reprendre sa respiration.
«Dernière fois ; que s’est-il passé, il y a cinquante-quatre ans ? -… Je… Je ne sais pas trop. Ne serait-ce pas… Une série de meurtres au sein même du temple de Teiweon, céans-même ?. »
Leïto hocha du chef, satisfait par cette réponse qui venait enfin de tomber.
«Très précisément. Une de ces nombreuses rivalités qui sape notre société, et, cette fois-là, ce fut entre deux Grands Prêtres de haut rang, lesquels s’arrachaient le titre de Haut Prêtre à coups de cabales, de complots et d’assassinats. D’habitude, l’on sait être discret, lorsque l’on en vient à une telle pratique. Mais là, les soupçons pesèrent plus que jamais sur les deux drows, et, de part et d’autre de leur parti de fidèles et de zélotes, les sombres tombaient, les uns après les autres. C’en était presque à celui qui détiendrait le plus de disciples à la fin de cette guerre intestine ; celui qui aurait, si fait, le plus de voix, ou de partisans. Mais pour un sombre qui tombait en venait un autre, avec lui, dans le camp opposé.
Si j’en crois les dires de ton père, lorsqu’il t’a amenée à moi, ta mère était l’une de ces prêtresses, à cela près qu’elle échappa de tout juste à la mort. Mais, quelques mois plus tard, tu naquis, et ses plaies et blessures encore non cicatrisées s’ouvrirent de nouveau sous l’effort de l’enfantement. Elle mourut. Il est fort probable que ton géniteur ne te l’eût jamais vraiment pardonné, mais les enfants sombres sont un don très précieux, tu le sais bien. »
Leitho eut un mouvement de dénégation de la tête, comme s’il venait de constater la résultante d’un horrible gâchis.
« C’est durant cette même querelle intestine que tu fus conçue, alors que les âmes destinées à Teiweon, assassinées, battues et égorgées, s’envolaient, happées par la main gracieuse et sans pitié de la Déesse. Mais bien trop tôt, bien avant qu’Elle ne les eût rappelées à Ses côtés, de Sa volonté. Tu fus créée au beau milieu de la géhenne, des combats, de la politique, et de la mort. Des vies ôtées, arrachées, écartelées de leur corps, pour que tu naquisses. Cette conception n’a pas été préméditée, loin de là, d’autant plus que tu ne fus pas la seule à avoir été fabriquée pendant cette morte période. Mais, malgré tout, tu portes les stigmates de Teiweon, laquelle s’est penchée plus fortement sur le Temple en cette guerre intestine. Née dans les Ombres de notre Déesse, la lumière, même diffuse, t’agresse les yeux, davantage qu’elle ne le fera à l’encontre d’un autre Sombre. Et pour terminer, enfin, s’il fallait vraiment terminer… Tu es née dans la mort de ta génitrice. Alors même qu’elle se vidait de son sang, tu naquis au beau milieu de ce liquide, à moitié noyée ; son âme s'est envolée, mais une partie s'est agrippée à la tienne. Il n'y a pas de justice en ce monde, mais elle a donné son âme pour que tu naisses. N'est-il pas normal que tu voues la tienne à notre Déesse ? Et qui plus est, encore, tu sembles être réceptrice à Ses forces, être apte à contrôler Son domaine. Bien que, étrangement, cela ne semble aucunement découler d’une quelconque foi. Mais tu apprendras, assurément. »
***
Les prières et les psalmodies la calmaient, l’apaisaient, et emportaient dans leurs paroles murmurées la violence colorée des reliefs et des courants qui continuaient inlassablement de flotter dans les airs.
«C’est un don que tu as reçu, bien qu’il puisse se muer en malédiction si tu n’y prends pas garde, si tu ne le maîtrises pas. Ta sensibilité à la magie est bien plus alerte qu’elle ne l’est chez la plupart des autres Sombres, et ta façon d’interpréter la magie est aussi intéressante qu’elle me paraît… Bancale. Mais je suis contre le refus d’explorer toutes les possibilités. - Je n’interprète pas la magie, je la vois. Mais.. Vous voulez donc dire que vous ne les voyez pas ? Que personne d’autre, au temple, ne distingue ces courants de couleur ? »
Le visage du sombre se voila quelque peu, comme s’il entrait dans une phase de réflexion. Il prit un certain temps avant de répondre. «En dépit de tout ce que je peux comprendre sur la magie, ta vision des choses m’est très sibylline, et toucherait presque au mystique. Je te crois, lorsque tu dis que tu « visionnes » la magie. Mais… Je doute qu’il en soit véritablement ainsi. Pour répondre à ton interrogation, non, je ne la vois pas, pas plus que les autres ne le peuvent. Je n’ai jamais lu d’écrits parlant de cette perception presque physique de la résultante de l’Art, et me demande s’il ne s’agirait pas de quelque trouble physiologique ou visuel, peut-être même spirituel. Quelque chose qui fonctionne différemment dans ta tête, dans ton esprit, voire peut-être même que c’est la magie elle-même qui agit sur ta conscience, de la sorte, et te fourvoie dans sa manière la plus délicate. Mais prends garde, car je ne saurais en mesurer l’impact, et je le redis ; soit il sagit d’une bénédiction qui, aussi étrange que cela puisse être, t’aidera à manipuler la magie. Soit c’est une grave erreur, un défaut, et cela te conduira à multiplier les erreurs à force d’une mauvaise appréhension de l’Art et de sa conception.
Mais… J’irai me renseigner. Je n’ai jamais entendu parler cela auparavant, et j’ai encore du mal à concevoir ta perception de l’immatériel. Cela dit, je n’exclus en aucun cas la possibilité d’un cas similaire au tien dans le passé. Peut-être même que des mages se sont essayés à qualifier ce que tu ressens, s’ils se sont confrontés à pareil énigme. Enfin ; nous en reparlerons plus tard. C’est parfois en étudiant les cas les plus étranges, ceux qui semblent le plus improbables, que nous en apprenons le plus. »
Quittant la lourde voûte du temple de Teiweon, Dralassa et son maître, Leïto Teken'ett, s’engagèrent dans les sombres couloirs caverneux. Les torches grésillaient faiblement sur les murs de granite, bercées de temps à autre par l’arrivée soudaine d’une petite brise qui s’engouffrait dans les boyaux de la terre. Le monde et l’ensemble du volcan semblaient peser au-dessus de leur tête ; des quintaux et des quintaux de roche en quantité colossale qui s’agglutinaient et formaient ce grand dôme que l’on nommait le Puy d’Elda.
Dralassa pourpensait avec véhémence à toute cette histoire. Il lui était inimaginable de concevoir que le monde réel se cantonnait aux formes définies par ce qui était perceptible et touchable, et que personne, ou presque, n’était en mesure de voir ce qu’elle percevait. Ces courants magiques étaient pour elle aussi réels et tangibles que ne l’était l’eau ruisselant sur sa peau ou, plus subtil encore, qu’un léger aquilon chantant dans les rameaux d’un arbre.
« Serais-je donc une folle parmi les autres ? » Leïto la dévisagea avec gravité, arrêtant là le prochain pas qu’il comptait effectuer.
« Pour certains, oui, notamment si tu fais étalage des perceptions de ta vision. Mais tu n’es pas moins dénuée d’esprit et d’intelligence que quiconque. Peut-être même es-tu davantage dotée de réflexions et de volonté que nous autres, pour peu que tu apprennes à mobiliser ta concentration et ton pouvoir. A moins que tout cela ne découle d’une certaine aliénation de ton âme, de ton esprit. D’un défaut. Mais, dans la mesure où je porte un grand intérêt à ces questions, je ne puis me faire juge. Et arrête donc de triturer ton bandeau. »
Dralassa se reprit, abandonnant de ses doigts la large bande vermeille qui lui occultait une partie de sa vue. Sous ce filtre de tissu, ses yeux de sombre parvenaient encore à distinguer clairement les environs qui l’entouraient, mais la véritable distinction se trouvait dans les contrastes apportés par les vents de magie. Ceux-ci, d’ordinaire si éclatants et lumineux, par ce concentré de lumière et d’énergie pure, voyaient drastiquement leur luminosité baisser. C’était comme dans les anciens récits, dans ces légendes parlant de Voile millénaire qui parvenait à occulter la splendeur flamboyante du soleil, pour le redessiner sur un fond gris, voire noirâtre. Il en allait ainsi des courants issus de l’Art, sous ce masque qu’elle arborait. Moins éclatants, moins dangereux d’apparence, moins douloureux. Mais toujours aussi puissants, et présents. Son maître reprit la parole.
«Une chance que tu fusses conduite céans-même. La magie est indescriptible, et ses répercussions sont propres à chacun. Il existe autant de réaction et de façon de la considérer qu’il y a de personnes en ce monde, mais certains individus se ressemblent dans leur manière d’appréhender l’Art. Il me faudra sûrement du temps avant de pouvoir appréhender ta conception de l’intangible, afin de pouvoir t’aider davantage que je ne le fais là, même si, finalement, les bases ne devraient point différer. En attendant que nous trouvons une explication, quelque chose de plus rationnel ou un moyen plus… Probant de te protéger de ce que tu nommes courants de magie, tu continueras de porter ce tissu de lin. Je ne sais quelles peuvent être les répercussions sur ton corps et ton esprit, à terme, mais autant éviter que tu ne deviennes aveugle. Cette façon d’envisager la magie peut être ta plus grande force comme ta plus grande faiblesse. Tu te dois d’être vigilante. »
***
« Mobilise ta volonté, empare-toi de ce qui doit être tien ! - Je n'y arrive pas. - Essaie encore. »
Effleurés par sa conscience, les vents la fuirent, laissant autour de la jeune sombre un espace libre de toute énergie. Plus aucune couleur, plus aucune teinte immatérielle dans les trois pieds qui l'entouraient. Elle relâcha sa volonté ; c'était comme si, pour la première fois, elle discernait le monde comme les autre le voyait. Son maître, tout proche d'elle, arborait une peau aussi normale que ne l'était la sienne, sans aucun filtre nuancé pour l'altérer. Les larges dalles du sol revêtaient un noir sombre, profond, et non pas çà teinté de jaune, là coloré de vert, en fonction des énergies qui transcendaient le monde. Sous le bandeau vermeil qui dissimulait son regard, ses deux pupilles rouge cendre cillèrent. Leïto lui administra un taquet à l'arrière de crâne ; elle perdit totalement sa concentration, sa conscience se rétracta dans son corps, et les courants magiques remplirent l'espace qu'ils avaient laissé vacant, tel un lac se déversant après la destruction d'un barrage. Pour Leïto comme pour bien d'autres personnes, rien n'avait été visible.
«Concentre-toi. Tu y es déjà parvenue. - Oui, mais c'était instinctif, jamais de mon propre chef. - Je vois. Comme cela, est-ce mieux ? - Non, je… »
Elle réprima un juron comme son mentor, après avoir récité quelque étrange parole sibyllines, avait effectué un petit geste de la main. De ce petite geste naquit un souffle puissant, concentré, noirâtre, qui vint opprimer le cœur de la jeune prêtresse. Ce n'était point dangereux, pour le moment, mais Dralassa sentait que ce poing funeste pouvait, à tout instant, se refermer sur son organe vitale, à l'intérieur même de son corps, et le comprimer jusqu'à le faire éclater.
L'instinct reprit le dessus sur la réflexion et l'intelligence ; les courants éthérés, plutôt que de la fuir comme ils venaient de le faire, furent absorbés par son esprit. L'amalgame de leur mixité, broyé et corrompu, révéla dans le crâne de la sombre un flot bouillant et tout aussi noirâtre que celui employé par Leïto.
«Voilà. Bien, parfait. Relâche-le, à présent. Non, non, pas brutalement, doucement. Comme ça. Maîtrise ta volonté, laisse partir cette énergie au compte-goutte. Tout juste ce qu'il faut pour te libérer de cette menace qui pèse sur ton cœur. Si tu libères trop d’énergie, tu devras en puiser de nouveau autour de toi pour un prochain sort, une nouvelle protection, ce qui te coûtera une ou deux précieuses secondes. Trop peu, et le sort en question restera intouché, te menaçant à chaque instant. Tout est une question de dosage et d’appréciation. »
Il s’immobilisa, réfléchit quelques instants, avant d’ajouter.
«L’on m’a dit, une fois, qu’il fallait libérer sa volonté de la même manière que l’on lâche un pet dans une salle de bal ; avec délicatesse, parcimonie, et maîtrise. De façon à ce que tes voisins ne sachent pas que cela vient de toi. Si l’analogie est quelque peu déplacée, et bien en-dehors de la grâce avec laquelle il faut manier la magie, elle est très à propos. Tu comprends ? - Oui, je vois tout à fait. - Redresse-toi, rengorge-toi, et arrête donc de rire. Ce n’est point un jeu ; c’est véritablement sérieux. Avec le temps, cela viendra tout seul, et il faudra que tu lies la magie à ton esprit avec fierté, orgueil, et splendeur. Le contrôle que tu exerces sur ton esprit doit être continu, mais appliqué avec retenue. Et dignité. Oublie des grognements de concentration, les paupières plissées, la langue tirée ou les lèvres mordillées. Non seulement tu dois agir avec grandeur, par respect pour toi-même comme pour la caste à laquelle tu appartiens, mais également parce que le moindre geste de cet acabit annoncera la couleur à d’éventuels opposants. Ils ne doivent jamais savoir ce que tu mijotes, de façon à toujours avoir une longueur d’avance sur leurs actions. Bien, essaye de nouveau. »
Dralassa se rengorgea donc, dévoilant un cou gracieux comme ses cheveux retombaient de chaque côté, sur ses épaules, et elle repensa à cette présence au sein même de son corps. Ce ne fut plus tant avec instinct qu’avec sa véritable volonté, avec la force de son esprit, qu’elle parvint à s’accaparer les vents de magie, lesquels s’engouffrèrent par les portes délibérément ouvertes de son âme. La prêtresse les digéra alors, selon les conseils de son maître, pour les rediriger avec sérénité et contrôle en direction de son cœur. Le fluide immatériel était aussi noirâtre et opaque que ne l’était celui de Leïto qui assiégeait son organe vital, mais il n’était pas là pour autre chose que la défense. Par vague d’énergie, elle chercha à tester la force et la faiblesse de ce nœud magique. Après chaque léger assaut, le ressac de l’énergie emportait avec lui une partie de ce gant d’ombre qui claquemurait son cœur. Dralassa monta en intensité, formant une petite tempête de courants intangibles dans sa poitrine. Et le sortilège fut brisé, partant en lambeau, en éclisses et en échardes, comme une barre de fer rouillée durement frottée sur le sol.
Leïto hocha la tête.
«C’est parfait. C’est le début, mais un bon début. Il te faudra pratiquer et pratiquer encore ; tout n’est qu’une question d’habitude et de volonté. La volonté de maîtriser ta conscience et ton Art, et l’habitude de savoir quelle dose de pouvoir tu sauras contrôler et t’accaparer. Mieux encore, lorsqu’un tel sortilège t’est appliqué, connaître avec précision ce que ton corps et ta volonté te demanderont pour l’ôter aussi rapidement qu’il est arrivé. Et, là encore, plus tu pratiqueras, moins tu sauras, car la pratique bronzera ton esprit, forgera ta résistance, et tu seras à même de maîtriser davantage de magie. Il eut un petit sourire. Rien n’est jamais facile, et tout est une question d’évaluation. En une demi-seconde. Bien, maintenant, récite-moi le troisième cantique de Teiweon, et explique-moi comment la trame de la réalité peut être-t-elle altérée par Son dessein. »
***
Retour aux sources. Vivre dans un temple n’était pas si différent de cela que de vivre en compagnie de frères et de sœurs de lait, bien qu’ils fussent plus nombreux. Néophytes, disciples, initiées et prêtres. Affiliés, érudits, prosélytes et zélotes. Toute une famille liée sous le signe de Teiweon et de la rivalité. Car ainsi fonctionnait la société drow, même au sein de ses plus grands temples. Dralassa ne fut pas dépaysée ; mieux encore, elle fut de nouveau plongée dans un bain, bain tout juste à sa bonne température. Et les cabales et les alliances et les conspirations reprirent de plus belle ; l’on traînassait sous les voûtes millénaires, écoutait aux portes, colportait les pires rumeurs dans l’ombre des alcôves, baguenaudait, l’air de rien, que pour mieux surgir en prenant les coupables au dépourvu.
Comme au tout début. Comme lors de son enfance. A cela près que la conjurée disposait désormais d’une maîtrise bien plus développée de son talent. L’on tenta de lui voler son bandeau ; le coupable jura que sa main s’enflamma sitôt qu’il toucha le tissu, et le mot passa bien rapidement au sein des disciples. Une béotienne tenta de lui subtiliser ses effets personnels ; un effroi, une terreur si intense s’empara de son esprit, harpa son cœur, comme un hameçon rouillé accroché dans ses entrailles, qu’elle se sentît si mal, si indisposée, qu’elle dégobilla partout sur les siennes. Une autre, encore, tenta de faire courir la rumeur selon laquelle Dralassa se livrait à des rites interdits en compagnie d’un Grand Prêtre de Teiweon, Leïto, et qu’elle allait jusqu’à coucher avec lui. Dans les mœurs des sombres, cela ne revêtait aucunement un pêché, mais qu’importait ; la pimbêche fut prise d’une soudaine bouffée de chaleur qui lui monta à la tête, d’une passion si ardente pour son propre frère, qu’elle se précipita, en pleine procession, à genoux devant lui pour lui baisser ses chausses et porter atteinte à sa virilité de ses lèvres.
Du haut de leur piédestal sacré, quelques hauts initiés et Grands Prêtres se doutaient forcément de quelque chose, mais, à la manière des aînés, lors de l’enfance de Dralassa, ils ne pipaient mots, et contemplaient ces algarades avec une bienveillance cynique.
***
Le couteau dans sa main ne tremblait pas, contrairement au sylvain qui, s’il affectait une mine fière et orgueilleuse, ne pouvait s’empêcher de frémir çà et là. Au plus profond du temple de Teiweon, entourée de ses rideaux de velours pourpres et de ses brocards d’or, de ses tapisseries séculaires et de son autel aux rainures encore fraîches du dernier sang versé, Dralassa s’approchait. La fine couche de gaze s’entortillait délicieusement autour de ses chevilles et de ses poignets, s’entrouvrant sous la caresse de la moindre brise sépulcrale, laissant deviner un corps gracieux et bien formé. Egérie de la Déesse des Ombres et des Ames, elle continua de s’avancer, sans sourciller, sans jamais fléchir, certaine de ses futures actions.
Dralassa devait le reconnaître ; même en proie à la mort prochaine, l’elfe était imprégné d’une grâce affirmée ; sa peau était pâle, immaculée, son corps était svelte, tout en finesse, et ses longs cheveux n’étaient pas sans rappeler la soie, douce et ruisselante. Seuls ses yeux trahissaient une expression que son corps n’était pas en mesure d’exprimer ; la haine, pure et glaciale. L’étincelle d’ire et de colère qui ne quitta jamais la prêtresse comme elle s’approchait de l’autel où il était ligoté, et ce ne fut que lorsque la lame acérée parcourut de son fil tranchant sa gorge, mordant précisément dans la peau et les chairs, que le scintillement de son regard ne s’estompât pour, enfin disparaître.
«Offre son âme à Teiweon, qu’Elle se repaît de son impureté, de sa souillure, qu’Elle la lave et la dévore afin de la rendre aussi nette et éclatante que si les ancêtres de ce rebut nous avaient suivis céans-même, il y a quelques milliers d’années. »
Leïto observait la scène avec un calme majestueux, incarnant à lui seul toute l’autorité et la pugnacité de sa déesse mère. Dralassa, elle, apportait les facettes de la beauté et de la mort, de l’ombre et de l’inexorable. Ils n’étaient que deux, pour cette cérémonie. Le maître, et son élève la plus douée, la seule qui méritait que l’on s’épanchât ainsi sur les pratiques et les traditions ancestrales. Et un peu plus que cela encore.
Ecoutant les ordres du Sombre, l’initiée commença à psalmodier, répétant inlassablement, sur un ton morne et bas, les récitals de Teiweon. La voix de Dralassa, d’ordinaire, n’était pas magnifique, tout autant qu’elle n’était pas horrible non plus. Là, elle empruntait des nuances gutturales et des tonalités caverneuses. Un chant d’outre-tombe, qui, au lieu d’apaiser une âme sacrifiée, la laissait éclater dans toute sa colère, la contenant nonobstant. Le sang ruisselait en abondance dans les sillons de l’autel, s’écoulant librement sur le sol, sur une croute que des litres de liquide carmin avaient déjà constituée en se solidifiant. Ce même sang qui, au fur et à mesure des psaumes et des lamentations sourdes, s’amplifiait d’une nouvelle énergie, d’un nouveau courant qui gagna en intensité et en puissance. Ce nouveau vent occulte qui sublima tous les autres, en se colorant selon la teinte éclatante de la déesse ; un noir intense, ponctué çà et là de pourpre. Teiweon accordait sa bénédiction non pas à l’elfe sacrifié, mais bien à sa prêtresse, muant une once de sa divine volonté à la sienne, par le biais des cantiques et des récitals de sa servante. La Foi se mêlait harmonieusement à l’Art mobilisé par Dralassa.
«Sers-toi en, maintenant, et absorbe son pouvoir. »
La voix de Leïto provenait juste de derrière Dralassa. Une main arracha la sinistre gaze qui enveloppait alors la prêtresse, dévoilant sa peau nue. Seul demeura son bandeau vermeil, apposé sur ses yeux. Un sceptre vint violemment s’abattre sur son flanc, dans une atroce remembrance d’un temps révolu, de ses anciens quinze ans. Présentement, il n'y avait qu'un seul sombre, mais plus puissant que tout ceux qu'elle avait déjà rencontrés. Elle ne vit pas, mais sentit le sceptre qui se levait de nouveau, dérangeant le flot épais de placides des vents d’énergie. Dralassa s’absorba dans ses méditations, récitant intérieurement les cantiques apocryphes de Teiweon. Elle mobilisa sa volonté, appela à elle les courants éthérés, et plus particulièrement encore, le sang frais qui venait de s’épancher du cadavre. Elle broya à la seule force de sa volonté cette énergie, la plia de son esprit, la fit ployer, et, la relâchant alors, selon ses propres souhaits, la repoussa tout autour d’elle. Le sceptre, levé une seconde fois, qui s’abattit de nouveau sur ses chairs, ne la toucha pas.
Il ne fit que rebondir sur ce manteau d’ombre et de sang, à quelques pouces de la jeune sombre. Leïto eut un grognement satisfait, avant de réitérer son attaque ; la carapace nouvellement formée obvia une fois encore le lourd bâton d’acier, incrusté des glyphes et des runes de la déesse. Lâchant ce dernier, son mentor usa des mêmes armes que sa jeune prêtresse. Ce fut des torrents immatériels qui s’abattirent sur Dralassa, des flots tempétueux de magie noire, des griffes éthérées, issues d’une foi malsaine et lugubre, mais d’une foi sincère, qui heurtèrent le corps immobile de la prêtresse. Au pied de l’autel, ses genoux baignant dans un sang qui ne lui appartenait pas, elle demeurait immergée dans ses prosodies, dans ses récitals mystiques, et rien ne venait troubler sa concentration. N’eût été sa volonté et la force de son esprit, lesquels avaient mobilisé sa foi, érigé ce manteau d’ombre, et les décharges de Leïto l’eussent transpercée de part en part.
Enfin, ces attaques intangibles et tumultueuses qui déformaient la trame de la réalité s’arrêtèrent brutalement, et Dralassa entendit une intense respiration, un long soupir. Elle se releva, et, après un léger demi-tour en direction du prêtre, se contenta d’affecter une expression stoïque, comme il l’avait fait de si nombreuses fois à son égard. Le sombre paraissait presque essoufflé de cette énergie qu’il avait mobilisée, mais, surtout, il semblait comme imprégné d’une certaine satisfaction, peut-être même d’une once de fierté.
Dernière édition par Dralassa en'Sharen le Jeu 3 Sep 2015 - 11:47, édité 26 fois
Dralassa en'Sharen
Drow
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Sujet: Re: Dralassa en'Sharen, Grande Prêtresse de Teiweon [Terminée]. Ven 28 Aoû 2015 - 15:56
Suite
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Les cors résonnèrent au loin, comme l’armée ennemie s’avançait sous le lourd ciel entaché d’imposants nuages. Les elfes se présentèrent sur des rangs et des rangs, impeccablement unis, mais les sombres ne furent pas en reste. Les enseignes se mirent en positions, manœuvrant au roulement cadencé des tambours, pour se ranger en ordre de bataille. La lourde infanterie était si crottée, à force d’avoir marché dans la vase du lac Uraal, qu’il était impossible de distinguer les emblèmes et les tabars. Les cuirasses et les barbutes noircies formaient un interminable front de fer, les piques hachaient les airs tout au long des lignes, et, derrière, une myriade d’archers, sagettes encochées, dardant de leurs pointes acérées l’adversité, attendait le signal. Celui-ci fut donné, en la présence de longs traits embrasés qui filèrent sous les nuages. Et le déluge s’abattit sur le monde.
Le sol trembla sur tout le champ de bataille, et la secousse courut sous les bottes et les solerets des combattants, au-delà des bois, à-travers le lac, dont les ondes se déchainèrent bientôt. La terre se déchira, littéralement, et se déversa de part et d’autre de la faille, dans un vacarme de carrière éventrée. Des pans entiers de roche retombèrent et glissèrent sur les sombres avec la puissance irréelle d’une cataracte. Ce fut un abominable désordre, une boucherie de premier ordre, et le contact n’avait pas eu lieu que, déjà, les pertes s’additionnaient en centaines, voire en milliers de victimes, côté drow.
Si Dralassa était présente, aux abords du lac Uraal, c’était justement pour cette raison précise. La prêtresse avait aussi bien senti que vu les courants magiques s’agiter. Mais, plutôt que d’être domptés comme elle avait coutume de le faire, les vents de l’immatériel avaient été tissés, liés et forgés avec grand soin. Ce n’était pas tant de la volonté brute que de l’art, un travail d’orfèvre, exécuté avec une précision et une vitesse qui dépassait le stade de la raison. Dralassa ignorait s’il s’agissait là de l’accomplissement méticuleux d’un seul mage ou de plusieurs. Et quand bien même avait-on apporté davantage de soin et de maîtrise au sortilège que de volonté et de puissance brute, le résultat était au rendez-vous.
Elle qui devait contenir les âmes vengeresses des défunts tombés au combat, les manipuler pour les retourner contre leurs meurtriers, attiser la haine pour vaincre la peur, et susciter les émotions les plus dévastatrices pour transformer les sombres en foudres de guerre, voilà qu’elle venait de tomber sur une présence, une magie capable d’annihiler toutes les conséquences de ses sorts. Elle n’avait pas reçu d’autres ordres que ceux-là, et devait donc s’y cantonner. Mais à quoi bon galvaniser de la sorte ses troupes si celles-ci mourraient instantanément ? Non, mieux valait se confronter directement à la source de cette magie ennemie.
L’orgueil et l’ambition, voilà ce qui caractérisait parfois la prêtresse. Plus d’un siècle de pratique l’avait rendue plus puissante que bien des drows deux fois plus âgés. La volonté et l’endurance, l’entraînement et la rigueur permettaient de s’élever toujours plus haut, de monopoliser toujours plus de magie, et l’âge était une donnée essentielle dans le niveau de puissance que pouvait développer un mage. Mais, plus encore, Dralassa en’Sharen, prêtresse de Teiweon, avait pour elle l’acquisition innée, non pas de la manipulation de l’Art, mais bien de sa vision, de repérer et de s’accaparer des courants intangibles qui cheminaient le monde, des Dieux jusqu’à leurs créatures. Elle venait de rencontrer un défi à sa taille, et son accomplissement lui accorderait tout ce qu’elle voudrait. Gagner cette guerre, remporter cette bataille par la seule mobilisation de sa volonté, et lui seraient octroyés tous les honneurs, et bien plus encore. Il lui suffisait simplement d’éliminer ce, ou ces mages elfes.
Repérer la source du craquellement abyssal de la terre ne fut pas compliqué, eu égard à toute la décharge énergétique libérée par des vents de magie sur lesquels l’on jouait encore. Il lui suffisait de remonter cette toile finement tissée, laquelle unissait différents courants de couleurs dont le vert, la nature, prévalait sur le reste. Ce fut sur une petite butte qu’elle le trouva, petit mont de terre qui surplombait le champ de bataille et donnait une bonne vision d’ensemble à ces mages. A peine avait-elle effleuré la trame du sortilège que celui-ci résonna de toute part, comme une envolée de cloches, comme une toile d’araignée qui frémit jusqu’à sa redoutable propriétaire. Elle fut immédiatement localisée à son tour. Cette fracture terrestre, qui avait déjà coûté la vie à un millier de sombre, n’était pas l’œuvre d’une compagnie de mage. Simplement d’un seul. Dralassa capta un nom. Caranthir.
Sa main eut un rapide mouvement, précis, répété des centaines de fois au cours de son existence ; un corps tomba sans vie à ses pieds, tandis que de sa gorge sourdaient des flots rouges et bouillonnants. La forte odeur cuivrée qui s’en exhala, issue du sang plutôt que de sa dague à présent maculée, lui monta au nez. Entonnant alors une longue prière ancienne, dans un langage aussi vieux que le monde, aux tournures alambiquées et au sens sibyllin, Dralassa se saisit d’un second esclave avant de lui trancher la gorge, à lui aussi.
Sous son bandeau de lin vermeil, l’Art s’agita comme elle bandait sa volonté, s’emparant des fluides vitaux des deux cadavres, capturant leurs âmes pour se nourrir de leur essence avant de les dédier à Teiweon. La couleur du sang, des ombres et de la mort, pourpre, grise et noirâtre, s’illuminèrent d’obscurité, scintillèrent d’une puissance nouvelle qu’elle absorba aussitôt. Une fraction de seconde plus tard, arquant son esprit, pliant ces énergies de sa force mentale, elle les projeta à l’encontre dudit Caranthir. L’elfe, à l’autre bout du champ de bataille, se dressa dans toute sa splendeur intransigeante. Et souffla aussitôt toutes ces décharges qui fusaient en sa direction, sans difficulté aucune.
Dralassa manqua de basculer vers l’avant, n'ayant plus aucune prise à laquelle se raccrocher. Elle était restée concentrée tout le long de son sortilège, et sa disparition avait laissé un grand vide. C'était comme si elle s'était arc-boutée contre une porte, ou contre un mur, et que celui-ci avait soudainement disparu pour ne laisser place qu'au néant. Plus grave encore ; elle ne comprenait pas comment l'elfe s'était aussi facilement joué d'elle en anéantissant de la sorte son œuvre, sa magie.
La fougue de la jeunesse aussi bien que son orgueil l'obligèrent à réitérer, à ne pas baisser les bras. A tout faire pour lui faire rendre gorge.
«Toi, là, joins tes forces aux miennes. » Ce sorcier de seconde zone lui serait assurément utile. De nouveau, elle viola de son esprit le monde qui l'entourait, faisant ployer son énergie sous le carcan de sa volonté. Les vents s'agitèrent, aspirés et par la prêtresse, et par le sorcier qu'elle avait réquisitionné. Du coin de l’œil, elle le vit s'agiter ; si Dralassa avait coutume que commander à l'Art par la seule force de sa volonté, d'autres détenaient leurs moyens propres, et ce mage sombre n'échappait pas à la règle ; formules, cantiques, gestuelles, amulettes, scarifications, sacrifices… Lui, à l'image de Leïto, modulait sa pensée sur les mouvements de sa main et de ses doigts.
Ils attaquèrent de concorde, mais, au dernier moment, Dralassa se rétracta. Mieux vaut lui que moi, songea-t-elle en son for intérieur. Ledit Caranthir concentrerait si fait son attaque ou sa défense à l'encontre du sorcier drow, et elle en profiterait, une seconde plus tard, pour le prendre à revers et l'attaquer de son côté. Peut-être même parviendrait-elle à en récolter tous les honneurs, toute seule. Les courants magiques affluèrent et refluèrent, bien plus puissants dans le retour qu'à l'aller, et la prêtresse ressentit une violente crispation juste à ses côtés ; le mage sombre afficha une étrange grimace, tétanisé, et du sang coula en abondance de son nez avant qu'il ne s'écroulât. Dralassa relança toute l'énergie qu'elle avait immobilisée à l'assaut du mage sylvestre, le prenant par derrière. Bien qu'il eût riposté, il y avait de cela un fragment de temps, si fortement qu'il en avait pulvérisé l'esprit du drow, l'elfe disposait déjà de la totalité de ses ressources. Ou, à tout le moins, celles-ci s'en trouvèrent largement suffisantes pour obvier et défléchir la déflagration funeste de Dralassa. Elle ricocha sur son esprit comme un galet lancé platement sur l'eau, et fut renvoyée à l'envoyeur. Décuplée.
Fougue de la jeunesse, inexpérience infantile, comparée au plus grand mage que les elfes n'eussent jamais connu, ambition démesurée, confiance excessive. Si elle pouvait jauger de sa propre puissance, si elle était capable d'en envoyer autant, elle était tout à fait capable de la bloquer. Il en allait autrement, cette fois-ci. Yeux écarquillés, surprise ébahie sur le visage, elle leva à la va-vite une protection, tout juste à temps. Celle-ci absorba la puissance de sa volonté qui avait été renvoyée par Caranthir. Elle se brisa alors, dans de grands fracas immatériels, face à l'assaut de l'elfe.
Dralassa se crispa de tout son être en un hoquet muet. Une goutte de sang perla au bout de son nez, avant qu'elle ne s'écroulât à son tour, auprès du sorcier drow.
***
Il y avait des sujets tabous, dans une vie, et ce qui se passait dans l'ombre d'un ergastule, dans cette solitude privée de toute dignité, n’échappait pas à la règle du non-dit. L’on entendait parfois quelques râles sourds, des cris portés par le vent que quelques ouvertures dans le sol, condamnées par des barreaux rouillés, laissaient s’enfuir. Les elfes étaient réputés pour leur sagesse, leur bonté, leur magnanimité, et leur compréhension du monde. Non pas pour leur imanité, leur cynisme, leur sadisme. Mais certains se défilaient face à cette réputation, et recelaient en leur être ces mêmes défauts que l'on nommait qualité chez un sombre. En d'autres thermes, ils eussent fait de parfaits drow. A cela près qu'ils vivaient en Anaëth.
Il n'y avait pas de véritables raisons, de bons motifs ; rien d'autre que la satisfction de soulager cette haine réciproque que les elfes partageaient aux drows. Les faire payer pour le nombre incommensurable d'elfes tombés au combat, les faire payer pour la mort, apprit par la suite Dralassa, de Caranthir, les faire payer, encore, pour cette rivalité ancestrale qui unissait ces deux peuples cousins. Peu d'entre eux étaient parvenus à s'élever dans la torture, mais il en demeurait tout de même qui la maniait avec brio et délectation. Si elle résista pendant un certain temps, Dralassa, lâchée en pâture à ses bourreaux, manqua de sombrer dans la folie.
Dans un premier temps, elle demeura de marbre, ou presque ; elle parvint à se défendre en la présence même d'arcanistes sylvains. Sentant leur magie à l’œuvre, elle préféra pérenniser dans le temps plutôt que de se lancer dans une attaque soudaine et brutale qui la laisserait exténuée, et se constitua un manteau d'ombre, érigé à la seule force de sa volonté. Cela ne dura, en vérité, que deux jours. Tenaces, nourris et tranquilles, ils eurent raison, à force, d'une prêtresse chaque jour plus épuisée, brocardée, et affamée. Vint le moment où sa carapace céda.
Il n'y avait rien à faire, rien à implorer, à supplier, à quémander ; aucune patenôtre n'avait ses raisons d'être. Là, dans son ergastule, dans la crasse de la déliquescence de la misère et de la bestialité, elle fut sur le point de se déconfierter. On la déprisa, plus violemment que n’avait pu le faire ses aînés dans sa prime jeunesse. On la gourmait, la paumait, la torturait inlassablement, mais toujours de façon à ce que rien ne fût vraiment perceptible. Un geôlier attisa un brandon ardent, l’appliqua sur son ventre, ses flancs, ses cuisses ; un autre, le jour suivant, s’attela à larder sa peau de coups d’un surin si aiguisé que la première morsure en fût indolore, et des lambeaux de peau sanguinolent lui furent arrachés. Des aiguilles à la pointe rouillées lui furent insérées entre les ongles et la chair rosée, plus sensible et douloureuse que jamais.
Elle avait beau porter en elle toute la fierté d'un peuple, tout son orgueil et son outrecuidance, elle céda moralement, et les cordes vocales de la sombre manquèrent de se rompre, distendues par la souffrance. Ses bourreaux ne la ménageaient pas, l’attachant à un tréteau, lui bandant les yeux, pour de bon, plus que ne le faisait son tissu de lin qui la prémunissait contre les aspérités et les couleurs éclatantes des vents magiques. Ils procédèrent par attaques fourbes et insidieuses, donnant tout ce qu’ils pouvaient dans un premier temps, lui laissant une petite pause pour récupérer, puis continuaient sans prévenir. Parfois, un temps de récupération était feint, alors que le bruit métallique d’une dague effilée résonnait faiblement, comme rangé dans son fourreau, et les pas du tortionnaire s’en allait au loin vaquer à d’autres occupations. Dralassa soufflait, exhalait de grosses respirations hachées, suant à grosses, mais se détendait l’espace de quelques instants. Et aussitôt, un autre geôlier sournois, tapi dans l’ombre, sortait de nulle part pour lui appliquer un tison brûlant sur ses plaies ouvertes, écorchées, suintant de sang. Et les hurlements déchirant reprenaient, découpant l’air moite et lourd de ses stridulations suraiguës.
Sa belle chevelure, longue, lisse et éclatante dans ses teintes foncées, tomba en lambeau sur le sol, tandis que s'activait une paire de ciseaux rouillée sur son crâne. Et elle se rencognait dans le fond de sa cellule à écorche-cul lorsque ses geôliers fantastiquaient sur sa personne, imaginant toujours plus de façon de la faire souffrir, avant de passer à l’acte, et ses protestations comme ses galopades frénétiques n’attiraient que davantage encore de gaberies égrillardes, de risées moqueuses et de horions bestiaux. Les ombres et silhouettes se penchaient vers elle, rampant dans les ténèbres en direction du coin de son ergastule, là où, en vain, elle s’était réfugiée. Et les tortionnaires sévissaient sans scrupule sur cette prêtresse d'une déesse étrangère, laquelle semblait sans pouvoir, fracassée par la violence et ses tourments. Ereintée, rabaissée et brisée par ces séances courtes mais intenses, ne se sachant pas capable d’endurer pareille douleur, étant mise face à face avec sa géhenne immortelle, Dralassa rendit les armes.
Elle eut tout juste le temps de pourpenser de temps à autre, sur une courte période d'accalmie. Allongée sur son lit, claquant des dents, grelottant de tout son corps, les yeux à moitié révulsés, elle attendit sans trop savoir ce qu’elle attendait réellement. Que l’on vînt la libérer, la sortir de ce trou puant. Que l’on vînt la tirer de là. Ou la tuer, l’exécuter. Simplement abréger ses souffrances. Que l’on fît quelque chose. Teiweon cherchait-Elle à la mettre à l'épreuve ? Se souciait-on de sa personne, quelque part dans le Puy ? Leïto avait-il eu vent de sa capture, ou la pensait-on morte, comme des milliers d'autres sombres ? Qu'importait, au fond ; l'individualité était davantage ancrée dans le cœur des drows plutôt que l'altruisme et le dévouement.
Plus grand-chose de ce qui constituait un être vivant ne demeurait, dans cette coquille devenue vide. Une Dralassa désabusée, vivant au jour le jour, dans l’attente perpétuelle d’un lendemain à chaque fois plus terrible et douloureux. Le pire, peut-être, n'était pas encore arrivé ; les jours s'étiolaient à l'infini, tout comme le faisait la seconde de souffrance, interminable, mais demeurait une chose qu'ils n'avaient pas encore fait ; la mutiler sur le devant, le visage, le ventre, les seins. Une voix lui chuchotait, pourtant, que ce serait pour bientôt, au creux de son oreille, lorsqu'elle ne pouvait riposter. Qu'elle ne tarderait pas à perdre sa beauté de drow, à perdre le grain de sa peau, à voir ses formes être calcinées ; à se voir être anéantie dans tout ce qui faisait d'elle une sombre, physiquement, et mentalement.
A nouveau, quelque chose en elle se rompit. Quelque chose lui monta à la tête, quelque chose de très lointain, mais qui s’amplifiait à chaque profanation de son être. Ce qu’elle avait vécu et été précisément en train de vivre la débourrait de son ingénuité et de sa jeunesse, quand bien même avait-elle passé le cap des cent cinquante ans, et la férocisait amèrement. Une colère sourde, une rage muette, inexprimable, bouillait en elle au fin fond de son impuissance et de sa faiblesse, mais une colère sourde et une rage muette, inexprimable, pour le moment dissimulées derrière ce rideau de début de cheveux noirs et sale qui lui poussaient sur le crâne. Une inimitié pour le monde qui l’avait vu naître, une immanité à l’encontre de ces ramassis d’individu d’elfes qui hantaient les sous-bois du monde. Elle attendrait son heure. Il y avait forcément une raison à ce qu’elle fût toujours en vie, oubliée de tous, dans ces oubliettes impies. Et il n’y avait qu’une seule et unique chose qui l’aidait à survivre et à surmonter ces obstacles, à supporter ce qu’elle subissait, son ennui, ses violences. L’idée simple de se revancher des salauderies de ces salopards, de ceux qui s’occupaient des geôles comme de ces pourritures qui l’avaient conduite céans-même, à la merci des premiers.
Son cœur, son esprit et ses traits s’étaient bronzés d’une froideur intransigeante qui la régissait et qui se répercutait également dans son ton brisé, rauque. Elle ne pouvait rien faire, pour le moment, certes. Mais ce moment viendrait tôt ou tard, et elle l’attentait avec acharnement, dans une passivité et une nonchalance hideuse qui, semblait-il, commençaient à intriguer ses geôliers, voire à leur causer une certaine peur. Le temps passa, s’étiola, se forlongea. Et ce qui devait arriver arriva, aussi certain que si Dralassa l’avait toujours su.
Combien de mois ou d’années avait-elle passé dans cette fange infâme ? Elle l’ignorait, ayant perdu depuis longtemps, dans cette noirceur de vie et de lumière, le cycle des nuits. Elle n’en avait connu qu’une seule, laquelle avait commencé le premier jour de son emprisonnement. Un matin, une nuit, une après-midi, elle pressentit, au loin, des bruits de pas, du mouvement violent qui se tramait par-delà les couloirs sombres des cachots. Des échos métalliques des armes qui s’entrechoquent, des cris des blessés et des mourants. Les elfes tentèrent bien de se défendre, mais leur petit bastion fut rapidement submergé, et s’effrita aussi vite qu’ils l’avaient monté ; ces salauds n’avaient que trop l’habitude de profiter de la faiblesse de leurs prisonniers, affamés, enfermés et attachés, et l’intervention d’un corps armé les avait rapidement conduits à s’esbigner. Leur vie ne valait peut-être pas, en fin de compte, à ce qu’ils combattissent à mort pour la possession des pauvres hères qui croupissaient dans ces ergastules.
Une poignée de sombre passa rapidement dans le couloir mal éclairé, devant sa cellule, sans lui prêter attention. La prêtresse dut attendre encore un moment afin d’être délivrée, à l’instar des quelques autres captifs abandonnés là. Tous des prisonniers de cette dernière bataille qu’ils avaient perdue au lac Uraal, voilà vingt-cinq ans de cela, lui apprit-on. Et ce fut l’ombre d’un cadavre translucide, la figure émaciée, les trais hâves et les yeux enfoncés, cernés de noirs, qui émergea de sa presque-tombe, résolument droite et fière. Ce fut à ce moment précis qu’elle fit étalage de ses droits, de sa lignée, et de son rang dans la hiérarchie de Teiweon. Dralassa réclama à ce qu’on lui gardât bien de côté l’ensemble des prisonniers de guerre elfes que l’on avait capturés, de sa voix brisée, basse, aux cordes vocales presque vrillées, arrachées par la douleur et les tensions. Hommes, femmes, et enfants. Et si des liens de parentés pouvaient être révélés, elle n’en serait que plus heureuse encore. Ces chiens d’elfes allaient payer pour la poignée qui l’avait battue, torturée, et humiliée comme jamais.
Si la prêtresse avait recouvré de sa volonté, une volonté barrée de fer et d’acier, inébranlable et dirigée par la rage et l’esprit de vengeance, son corps, lui, affaibli par l’inactivité, par le manque de nourriture et par les blessures qui lui avaient été infligées, ne suivit pas dans l’immédiat. Il lui fallut attendre un certain temps avant qu’il ne retrouvât sa forme d’avant. Couturé de cicatrices et de plaies, le revers de son corps contrastait grandement avec ce qu’exhibait le devant, une fois que sa détentrice eût mangé à sa faim. En revanche, son esprit semblait avoir été durement atteint, après le bref mais intense combat échangé avec le mage elfe. Oui, elle avait recouvré de sa volonté. Mais c’était à l’image d’un os brisé dont la fracture se réduit et se répare péniblement ; la rupture de son âme n’était que trop visible, reconstituée comme possible à l’aide de cals rancuniers, de tissus fibreux suppliciés, de tumeurs putréfiées, le tout dans une apparence difforme, tordue, et bariolée de haine. Et il en allait de même concernant son Art.
Les couleurs et les courants demeuraient toujours aussi vifs sitôt qu’elle retirait son le lin bordeaux qui lui dissimulait les pupilles et les protégeait des éclats extérieurs. Elle n’avait pas perdu cette faculté de perception, mais bien une partie de son aptitude à manipuler l’immatériel. Elle en était certes toujours capable, avec un certain doigté, une certaine énergie tributaire de sa résolution, de sa détermination, mais elle se fatiguait bien plus rapidement, parvenait à se concentrer moins longtemps tout autant qu’elle n’était plus capable de contenir autant de pouvoir en elle. C’était comme tenter de refermer et de maintenir de la sorte une pince inversée ; toujours possible, mais, plus l’on forçait, plus l’on s’évertuait à vouloir joindre un bout à un autre, plus cela devenait difficile et fatiguant. Dralassa savait pertinemment que cela lui demeurait possible. En son for intérieur, tout au fond de son être, la prêtresse devinait la présence subtile et ô combien pernicieuse de cette partie rompue de son esprit, à moitié carbonisé lors de sa dernière confrontation. Mais cette once de pouvoir lui était aussi inaccessible que la clef permettant de l’ouvrir.
Lorsqu’elle s’en retourna au Puy d’Elda, Leïtho découvrit une nouvelle Dralassa, muée par une détermination froide et dure, mais qui s’ébranlait d’elle-même sitôt qu’elle se plongeait dans les courants de magie. Il tenta à plusieurs reprises de savoir ce qui s’était passé là-bas, en vain. Il tenta, par le biais de divers exercices et entraînements, à lui faire retrouver sa concentration et sa vivacité d’esprit d’antan, vis-à-vis de l’Art. En vain également. Elle détenait toujours un puissant pouvoir, exacerbé par sa capacité à discerner plus que clairement les énergies qui l’entouraient, mais elle demeurait en deçà de ce qu’elle avait été avant la bataille du lac d’Uraal. Dralassa, platement, stoïquement, se livrait à ces essais, avant de s’en retourner, dévote, prier Teiweon, comme si elle lui était plus redevable que jamais. Il était peut-être plus expédient à ce qu’elle s’en allât quelque temps, ailleurs, se changer les idées aussi bien que d’horizon.
L’Ithrii’Vaan, le temple de Teiweon, lequel cherchait de nouveaux adorateurs, de nouveaux disciples prêts à se mettre à son service. Une terre ô combien différente du désert que représentait les alentours du Puy d’Elda. Un eldorado pour certains ; véritable exil pour d’autres. Une contré cosmopolite, où se mélangeaient toutes les races, toutes les couleurs, toutes les cultures, pour le meilleur comme pour le pire. Petits hameaux, bourgs, villes portuaires et cités franches s’établirent progressivement dans ce pays, florissant d’un commerce abondant, au carrefour des civilisations. Mais une terre pourrie par une aristocratie décadente, une poignée de puissants qui se déchiraient le pouvoir les uns aux autres en oppressant les plus démunies, et les assassinats comme la corruption étaient monnaie courante dans ce lieu. En fin de compte, les racines des drow s’étaient parfaitement implémentées dans ce que les humains appelaient l’Estrevent.
Dralassa, de son côté, en profita délibérément. Cette période ne fut pas pour elle une époque de troubles intenses et de guerres déclarées, non ; simplement un jeu d’échec sur lequel elle bougea ses propres pions aussi bien qu’elle-même. Armée de sa résignation séculaire qui l’avait forgée aussi bien que partiellement détruite, contenue et brandie dans les entrailles de sa geôle, elle s’éleva. De nombreux ambitieux se dressèrent à l’encontre de son ascension, martelant son statut d’étrangère, morguant la faiblesse de son sexe et scandant l’indigence de sa dernière bataille, perdue. Tous, elle les impugna un à un devant sa propre justice et abrogea les atermoiements de ses débiteurs contractés au fil des années ; sur son instance, la prêtresse sergenta quelques zélotes de se frayer un chemin au-travers des demeures qu’habitaient ses opposants, et il y en eu bien un ou deux pour se faire bassement assassiner dans son lit ou dans son manoir. Car oui, si Dralassa était une sombre, en Ithrii’Vaan, les humains paraissaient avoir le droit légitime que d’émettre leur avis. Elle apprit à les découvrir, à les apprécier, à les détester, à les malmener, et à se faire malmener par ceux-là même. En dépit de ce que l’on racontait au Puy, force lui était de constater, avec toute l’humilité hypocrite dont elle était capable, qu’il ne s’agissait aucunement d’animaux sans cervelle. Certains s’avéraient même dotés de la même capacité de réflexion qu’elle, bien qu’ils fussent rares parmi les leurs. Mais, hélas, les plus grands et les plus riches de l’Estrevent relevaient davantage du stratège, aussi bien politique que commercial, que du pécore de la plèbe. Et c’était bien là la raison pour laquelle ils trônaient sur les hauts sièges de Thaar ou Sol’Dorn.
En revanche, elle exécrait les elfes. Teiweon revêtait une certaine puissance et autorité dans l'Ithrii'Vaan, en dépit de l'éloignement u Puy d'Elda, et il arriva plus d'une fois qu'elle eût son mot à dire dans telle ou telle affaire. Et lorsqu'il s'agissait de sylvains, la prêtresse ne ménagea ni ses mots, ni ses actions, bien que conservant une expression stoïque et un air des plus dignes, des plus altiers. La passivité, le pardon, et l’assouplissement des sanctions, elle ne pouvait le concevoir concernant ces derniers, et elle s'endiguait dans sa haine. Aucun remord ni scrupule dans ses agissements et ses édictions assassines ne la retenait, qu’il s’agît d’un mari, père de trois enfants, d’une femme sur le point d’enfanter, ou d’un garçonnet ayant commit quelque menu larcin.
Ces longues années de stagnation furent semblables à celles que connut le quatrième Ost, alors en garnison en Ithrii'Vaan. Ce fut la découverte d'un nouveau mode de vie, nouvelle langue à apprendre, laquelle se développa au fur et à mesure des années qui passaient, et nouvelles unions, quand bien même n'y participa-t-elle aucunement. Pour la prêtresse, ce fut une longue période de simples cabales, de prières, et de reconcentration. Reconcentration pour tenter, toujours, de recouvrer la totalité de sa volonté. Mais la méditation, le repli sur soi aussi bien que les entraînements et les ouvrages qu'elle lut après se les avoir appropriés n'y changèrent rien. Le summum de son pouvoir demeurait juste hors de portée.
Les temps changèrent, lentement. Diverses guerres opposèrent les drows aux elfes, puis aux humains, et inversement. Lorsque l'on parlait de batailles confrontant les sombres aux sylvains, Dralassa ne pouvait s'empêcher que de faire venir coursiers et marchands itinérants afin de connaître les avancés des combats. Au fond d'elle bouillaient un endêvement et un lourd regret. La colère de ne pas être au front. Le regret de ne pas pouvoir faire couler le sang des elfes. Etait-ce là la raison principale pour laquelle on l'avait menée loin du Puy, pour lui faire passer sa rancune ? C'était bien vain.
Et vint, enfin, le temps du véritablement changement, de l'obscurité, et du doute. Dralassa avait beau être fort âgée vis-à-vis des humains ou même des nains, ce qu'elle vit, comme toute la population du monde, n'avait jamais connu son pareil. Ou cela remontait-il, peut-être, au dernier millénaire. Le Voile, cette légende que l'on trouvait écrite dans des livres si anciens que les parchemins s’effritaient sous vos doigts, venait de prendre forme. La nuit surpassait la puissance du soleil, l'éclipsant de son linceul de ténèbres, et la noirceur tant appréciée des sombres s'abattait sur le monde. Oui, les drows aimaient leur pénombre, mais il y avait dans cette altération de l'univers quelque chose de dérangeant, d'infiniment puissant. Même le bandeau qu'elle portait enroulé autour de son visage, dissimulant ses prunelles rougeoyantes et si sensibles, ne parvenait pas à occulter l'éclat des vents de magie qu'elle était capable de percevoir. C'était comme si les dieux eux-mêmes étaient descendus sur terre.
Et ce fut peut-être même presque le cas. Ce ne fut qu'une rumeur, en premier lieu, mais elle fut bientôt confirmée. Le Gardien d'Uriz avait fait son apparition, menant les drows droit dans un commencement de perdition. Les dirigeants, au Puy, s'enchaînèrent les un après les autres dans une longue procession qui ne sembla, de prime abord, rien donner de bon. Mogmar fit des siennes en choisissant son propre représentant sur terre, et ce dernier s'emparera à son tour du titre du « connard d'impérialiste voleur que je vais trahir ». Il y eut du pour et du contre, mais, ce qui fut certain, c'était que cela ne favorisa pas la cohésion des sombres, déjà si précaire, laquelle s'en trouva que plus éclatée encore. Et, dans l'Ithrii'Vaan, le quatrième Ost décida de faire sécession avec le Puy. Il était plus que temps de renter au Puy d'Elda.
Ce fut au temple de Teiweon du Puy qu'elle demeura jusqu'à de nos jours, en cette période troublée. Là-bas, elle apprit que Leïtho était tombé au combat. Pas disparu, pas capturé comme elle l'avait été ; véritablement mort, lors du siège d'Ellyrion. Difficile de dire que cela ne l'affecta pas, mais son coeur et son corps, même ès qualité de sombre, avaient été si durement touchés qu'aucune émotion ne transitât sur son visage. Tout au pire il y eut-il une lueur attristée au fin fond de son regard, mouchée à jamais par son bandeau de lin.
***
Temple de Valas. Les guerres intestines entre les différents cultes du panthéon sombre venaient une fois de plus de prouver le caractère opportuniste de leurs fidèles. Les raisons pouvaient être aussi diverses que classiques, mais Dralassa n’en retint qu’une seule ; la soif d’un pouvoir insatiable. Elle ne le connaissait que trop bien, ce pouvoir, pour l’avoir souvent caressé dans ses rêves, ou encore pour l’avoir dissimulé au-derrière de vagues et probantes vertus, telle que la vérité et la foi pures et dures. Et à peine était-elle rentrée de L’ithrii’Vaan qu’elle se retrouvait plongée dans cette lutte de pouvoir.
Elvanshalee, Haute Prêtresse de Teiweon, avait reformé ses troupes devant la grande façade du temple de Valas, aux niveaux inférieurs du Puy d’Elda. La Prime Sorcière, alors Haute Prêtresse du Dieu de la Sorcellerie, avait été frappée d’anathème et d’hérésie aussi bien par les zélotes de Teiweon que par le C’nros et l’Obok Senger du deuxième Ost, et ces deux entités avaient également enrôlé leurs propres formations de soldats. Mages, lanciers, cavaliers et prêtres, au sein desquels se tenait Dralassa, avaient été mobilisés pour l’assaut. Et suite à ce dernier, la justice tomba.
Au travers de ces sagettes acérées qui se frayèrent un chemin dans les chairs, l’ont su à quel point Y'Shahinn Nehleän avait eu tort. Dans les déflagrations magiques et les armures fondues, calcinées sur les crânes et les membres rongés, la vérité éclata, rougeoyante d’un sang répandu. Par les morts qui se relevèrent, par les ombres qui furent créées et qui engloutirent dans le néant des poignées de sombres, Teiweon s’appropria que davantage encore de pouvoir. Des têtes tombèrent, immédiatement remplacées par d’autres, opportunistes et concupiscentes, et l’on se chargea bien d’éradiquer toute l’influence viciée, obscène et mauvaise, que la Prime Sorcière avait pu détenir sur les prêtres de Valas. Eux qui s’étaient battus jusqu’au bout, eux qui s’étaient faufilés à l’une des magies les plus dangereuses qui fussent, virent une traque morbide les poursuivre, tandis que, par devant, l’on reconstruisait sagement les dégâts que le grand temple avait subis, et qu’on lavait le sang versé. Mais cette longue traque fut en partie vaine ; quelques-uns, toujours fidèles à Y'Shahinn Nehleän, en réchappèrent.
Et le temps s’écoula. Encore. Encore. Toutefois, il advint rapidement que, si la vengeance était un plat qui se mangeait froid, la notion du temps qui passait devenait somme toute bien relative en fonction des personnes. Peut-être certains avaient-ils peur de constater que l’influence de la Prime Sorcière se fanerait au cours des prochaines arrivées, peut-être craignaient-ils à ce que les drows eussent la mémoire courte, peut-être étaient-ils, encore, animés d’une rancœur tenace et d’une haine opiniâtre à l’encontre de ceux qui les avaient destitués ; toujours fut-il que les adeptes de l’ancien dogme de Valas agirent vite. Et, en leur sein, ne tarda pas à apparaître le Grand Prêtre de Teiweon.
La nature drow avait pour elle la trahison et le complot. L’amour du pouvoir, et une extraordinaire ambition, que louaient même les disciples d’Isten. Les retournements de situation, et le versement de tout sang. Une société dans laquelle amitié rimait avec rivalité, où la familiarité marchait de pair, main dans la main, avec l’inimitié. Et où même les plus grands ce leur monde pouvait être corrompu, stipendié, pour une once de pouvoir, un fragment de reconnaissance. Ce qui fut promu au Grand Prêtre de Teiweon ce jour-là, nul ne le sut, et, en vérité, l’on ignora également s’il avait agi sous la promesse d’une grande récompense, déjà édictée, ou sous sa propre volonté. Mais il avait décidé d’aller jusqu’au bout de ses convictions, de sa volonté ; les cabales secrètes, la peur et l’effroi, les focalisateurs placés discrètement autour du « Cujjin », et les signes cabalistiques à l’effigie non pas de Teiweon, mais de Valas, ainsi que les longs regards coulés en douce en direction de la Haute Prêtresse Elvanshalee Hune’Baenre ne tardèrent pas à le trahir.
Il y en avait pour attendre l’accalmie après la tempête, pour, opportunistes qu’ils étaient, statuer sur le meilleur camp, sur qui l’emporterait. Il y en avait pour se joindre au complot, dans le mauvais camp. Il y en avait pour se taire, pour feindre de ne rien voir. Il y en avait pour ne rien percevoir du tout. Et d’autres pour saisir l’occasion à pleine main.
L’on ne tarda pas à retrouver le Grand Prêtre en train de hurler à s’en arracher les cordes vocales, à se démener comme un sauvage en se maintenant la tête, se confrontant à une ombre enténébrée de voracité qui lui chapardait son âme, lui engloutissait son esprit, lui déchirer l’essence même de sa volonté et de sa foi. Il tomba, une effroyable grimace de douleur lui ravageant la commissure de ses lèvres, lui tordant l’expression de son visage, là, au sol, en-dehors de ses focalisateurs magiques, vulnérable à la foi et au zèle d’une prêtresse et de la Déesse de la Mort. Teiweon, qu’il avait entreprit de trahir. Enfin, l’on posa les yeux sur une Dralassa en’Sharen qui, le souffle court, mais les traits stoïques, comme à l’accoutumé, eut juste le temps de déclamer, avant de faire enfermer :
«J’ai fait le tri, entre l’excellence et la vermine. »
***
Il ne fallut pas longtemps avant de faire éclater la vérité au grand jour, ou, plutôt, de la révéler aux plus fervents défenseurs de Teiweon tout en laissant les initiés et les simples disciples dans l’ombre de la Déesse. Les avis convergèrent sur la libération de Dralassa ; la menace tombée, et l’on s’accorda tous pour signaler les comportements étranges de feu le Grand Prêtre, ces dernier temps. Les focalisateurs autour du « Cujjin » furent miraculeusement découverts, une fois de plus, quand bien même certains semblaient déjà les avoir repérés, et cette découverte fut faite la veille d’une grande cérémonie en l’honneur de Teiweon, à laquelle assisterait indubitablement la Haute Prêtresse Elvanshalee. Le poste demeurait vacant, jusqu’à ce qu’il fût proposé à la prêtresse à l’origine de sa défection ; Dralassa en’Sharen fut ordonnée Grande Prêtresse de Teiweon, de la main même de la Haute Prêtresse Elvanshalee Hune'Baenre.
Dernière édition par Dralassa en'Sharen le Sam 5 Sep 2015 - 19:03, édité 7 fois
Dralassa en'Sharen
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Sujet: Re: Dralassa en'Sharen, Grande Prêtresse de Teiweon [Terminée]. Ven 28 Aoû 2015 - 16:05
Fiche terminée !
Halyalindë
Ancien
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Sujet: Re: Dralassa en'Sharen, Grande Prêtresse de Teiweon [Terminée]. Sam 29 Aoû 2015 - 15:42
je m'y met, mais il y a cependant quelque chose à ajouté:
Dans Capacité magique, certes le niveau de ce que tu peux faire peut rester flou, mais il faut au moins que tu parle de ton catalyseur, de ta spécialisation magique (immatériel, d'accord, mais plutôt illusion, télépathie, protection...?)
Ton explication sur la perception de la magie y a également tout à fait sa place.
Essaie de rédiger un peu quelque chose et relis le bg (léger, j'en suis consciente) sur la magie pendant que je lis l'histoire.
Dralassa en'Sharen
Drow
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Sujet: Re: Dralassa en'Sharen, Grande Prêtresse de Teiweon [Terminée]. Sam 29 Aoû 2015 - 15:49
Pas de souci ; je m'en occupe (j'avais pensé, comme je l'avais lu quelque part, que c'était au Mj que de le définir).
Halyalindë
Ancien
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Sujet: Re: Dralassa en'Sharen, Grande Prêtresse de Teiweon [Terminée]. Sam 29 Aoû 2015 - 16:28
uniquement ton rang dans le manuscrit ^^
Dralassa en'Sharen
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Sujet: Re: Dralassa en'Sharen, Grande Prêtresse de Teiweon [Terminée]. Sam 29 Aoû 2015 - 16:38
Ah, okay, my bad. =P
Et voilà, c'est ajouté !
Halyalindë
Ancien
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Sujet: Re: Dralassa en'Sharen, Grande Prêtresse de Teiweon [Terminée]. Dim 30 Aoû 2015 - 20:03
Comme je te le disais, j'ai commencé ta correction et si j'adore le style et le côté citation, il a quelques détails mais surtout deux gros défauts qui pèsent sur toute ta fiche :/
La magie sur Mira n'est jamais innée.
La magie n'est pas un Don, c'est un Art qui s'apprend et se travail. Le plus petit des actes magique que tu décris dans ton enfance ne serait faisable qu'après des dizaines d'année d'entrainement et faire chauffer un objet n'est pas possible par l'Immatériel (compte plutôt sur l'Elémentaire pour manier les forces physiques).
La perceptions que tu as de la magie peut être du à une déformation personnelle (comme les gens qui entendent les couleurs ou voient les goût dans la vrai vie, c'est une déformation neurologique) mais dans ce cas, et même si tu souhaite donner un côté mystique à cette capacité, personne d'autre ne comprend ta perception de la magie ou même ne peut savoir que tu as une telle perception.
De plus les prêtres et les mages sont véritablement différents d'un point de vue magique, les mages apprennent par l'étude et la rigueur, les prêtres par l'introspection et la dévotion. mais les deux ont besoin d'un guide pour leur donner les bases.
La société drow n'est pas la société humaine
La société drow est avant tout une méritocratie. Si tu ne fais pas tes preuves, tu ne vaut rien. Si tu est fils ou fille de personnes reconnues et que tu ne fait pas tes preuves, tu vaut encore moins. La noblesse telle qu'elle existe chez les humains n'a pas sa place. La ligné de sang n'a aucune valeur, sauf chez les prima sanguis et tu ne précises pas en faire parti.
il y a plusieurs erreurs de Bg sur les drows, par exemple, tu ne peux pas avoir 6 frère et soeurs car les drows, comme les elfes, sont très peu féconds.
Avant d'aller plus loin, il faudrait donc que tu revois ces côté là. Relis les Bgs drows et magie, pose nous des questions. les autres joueurs peuvent également fournir de bons exemples ou de bonnes idées. Mais en l'état la fiche n'est pas du tout raccord avec l'univers de Mira.
Dralassa en'Sharen
Drow
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Sujet: Re: Dralassa en'Sharen, Grande Prêtresse de Teiweon [Terminée]. Dim 30 Aoû 2015 - 20:37
Hellow,
Merci pour avoir commencé à lire. Pour cette capacité à manipuler la magie très tôt, même sans le faire exprès, c'était parce que j'avais lu quelque chose sur les Faern et les M... quelque chose. D'ailleurs, plus moyen de retrouver cette partie-là sur la magie, si tu avais le lien à disposition, cela m'arrangerait bien. ^^'
Et j'ai fait donc écrit toute cette partie de l'enfance selon une question que j'ai posé, à savoir s'il était possible qu'un prêtre ait des dispositions magiques dès l'enfance (celles de Dralassa n'étaient aucunement contrôlées), et voilà la réponse de Blanche :
Citation :
Oui tu peux avoir des dispositions magiques dès ton enfance qui sont simplement innée. Le potentiel magique peut être inné. Il peut alors se manifester ou pas. Il peut être aussi créer par la foi à cause du contexte familial ou tout simplement du dogme en lequel ton personnage croyait.
Du coup... Ça me gène beaucoup, tout cela. (Enfin, non pas que ça soit vrai ou non, mais avoir fondé tout mon historique là-dessus alors que l'on ne sait pas vraiment si c'est possible ou non, du coup).
Je note, cela dit, pour le fait de brûler quelque chose (mais c'était vraiment du détail ; j'aurais pu raconter cette anecdote comme j'aurais pu en dire une autre). Je corrigerai donc. =P
Pour la perception de la magie, ce n'est pas grave (?) ; personne ne saura donc comment Dralassa la perçoit. Mais elle peut toujours l'expliquer, tout de même, non ? Je trouvais justement que ça aurait pu être un bon sujet de Rp ; partager la façon dont on ressent la magie, faire des théories et des hypothèses à ce sujet (qui ne soient pas forcément vraies ou fausses, c'est juste pour dialoguer).
Mais par la suite de l'histoire, Dralassa aura bien un maître, dans les deux domaines. =P
Quant au dernier point, eh bien, oui, j'ai très bien compris comment fonctionnait la société drow, dès le plus jeune âge, et c'est justement l'objet des premiers paragraphes avant les " *** " qui séparent en quelque sorte les parties de mon historiques. J'ai utilisé à plusieurs reprises le mot fratries, il est vrai, mais c'est (pour une fois ) par manque de vocabulaire plutôt qu'autre chose ; je ne sais pas comment l'on appelle un regroupement d'enfants issus de plusieurs familles différentes, sans relation aucune entre elle, qui sont "jetés" dans un endroit où ils doivent vivre entre eux et se débrouiller par eux-mêmes au niveau sociable. (C'est justement de cela dont je parle ; je pense même avoir utilisé le mot frère ou soeur de "lait", à un moment, toujours dans cette même idée). De temps à autre, une épreuve, un test, ou ce genre de chose leur est imposé, par un adulte (traduit dans le texte par "aîné"), et ils doivent la résoudre, chacun leur tour ou en même temps, cela dépend. Bref, j'ai justement tout fait pour que ça soit un univers méritocratique, et cela dès l'enfance. C'est l'objet de toute ma première partie. Si fait, je ne vois pas vraiment ce que je pourrais faire de mieux, ou ce que je devrais modifier en la matière.
Blanche d'Ancenis
Ancien
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Sujet: Re: Dralassa en'Sharen, Grande Prêtresse de Teiweon [Terminée]. Dim 30 Aoû 2015 - 22:13
Bonjour, oui en fait, c'est une mauvaise réponse de ma part vis à vis d'un terme qu'on emploie pourtant si bêtement : Le terme "inné". Je vais sans doute passer pour une idiote mais ma définition d'inné différait de la première définition qu'on trouve dans le Larousse et pour moi ne découlait pas de la naissance mais de la seconde définition. C'est pour cela que je parle d'enfance et non de naissance. J'estimais à la chose en équivalence humaine à un âge d'environ 6 ans xD. Donc en fait, c'est totalement ma faute vis à vis d'un terme que je croyais connaitre et maîtriser mais dont la définition n'était pas la même que la mienne. Et surtout car l'ancien magique différait ce l'actuel et qu'il semble que j'ai un petit peu mélanger.
Sinon, Halya a entièrement raison. Quand je t'ai répondu en mp. Je n'avais vraiment pas en tête que cela démarre dès la naissance, le berceau. Je voyais plus cela comme une manifestation de l'imaginaire d'un enfant de 6 ans. Ex : un enfant s'imaginant envoyer une boule de feu pour terasser un monstre qui à force de pratiquer le même geste, de visualiser et réitérer la chose finit par avoir une "manifestation ésotérique". C'était en fait dans ce sens là.
En fait j'employais le terme inné selon cette définition : "Qui appartient au caractère fondamental de quelqu'un".
Sincèrement désolée de t'avoir mal aiguillée.
Sinon les enfants drows ne sont pas réunis dans un lieu où faut survivre dès la plus tendre enfance. Un enfant drow est quelque chose de rare car les naissances sont extrêmement rares chez un drow et est souvent suivi d'offrande à Natha. Donc la mère aura tendance à materner son enfant jusqu'à la fin de son enfance tout en veillant à lui inculquer par le biais d'un précepteur si noblesse/prima/famille riches les bases de la vie.
De plus la première décennie un drow est toujours un "bébé" ou stade natal donc il apprends de 0-16 ans (Ici) les bases de la vie comme chez un bébé car un drow grandit moins vite qu'un humain.
Dralassa en'Sharen
Drow
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Sujet: Re: Dralassa en'Sharen, Grande Prêtresse de Teiweon [Terminée]. Lun 31 Aoû 2015 - 16:49
Hellow !
Pas de souci, cela arrive ; je n'en prendrai pas ombrage, et ai donc refait toute la première partie de mon historique. Ce sera, si fait, bien plus progressif. Et j'ai retiré totalement sur l'enfance de Dralassa afin de le remplacer par un autre, tout nouveau (Toutefois, je ne comprends pas pourquoi il est foncièrement et strictement impossible que, dans la totalité du Puy, ou même sur une partie, il n'y ai pas eu, dans une période de vingt ans, au moins neuf enfants drow [il y a sûrement dû y en avoir dix fois plus], et que les parents aient décidé de les rassembler pour les forger dès le départ à la vie des Sombre, et en faire ressortir, peut-être, une petite élite.) =P
Donc voilà ; nouveau départ !
ps :
Citation :
j'avais lu quelque chose sur les Faern et les M... quelque chose. D'ailleurs, plus moyen de retrouver cette partie-là sur la magie, si tu avais le lien à disposition, cela m'arrangerait bien. ^^'
Halyalindë
Ancien
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Sujet: Re: Dralassa en'Sharen, Grande Prêtresse de Teiweon [Terminée]. Mer 2 Sep 2015 - 0:32
"l’immatériel est son apanage, quand bien même peut-elle déborder çà et là sur d’autres sortilèges mineurs appartenant aux autres domaines" Il est impossible de manier plusieurs groupes, même pour des sorts mineurs.
"l’affrontement qui l’opposa à Caranthir" Caranthir est mort en 700, soit quand ton personnage avait 67ans (si je calcule bien) Il est impossible qu'elle ait participé à la bataille d'Uraal aussi jeune.
"la voie des Cinq, leurs traditions, leurs us et coutumes, et leurs messages" Les drows ne vénèrent pas les 5. Il les aborent et considèrent leurs fidèles comme des hérétiques. Leur aversion contre le monde entier à une part religieuse. Aussi il m'étonnerait que son père la laisse apprendre les préceptes des 5.
"C’est un don que tu as reçu, bien qu’il puisse se muer en malédiction si tu n’y prends pas garde, si tu ne le maîtrises pas. Un sixième sens, voire peut-être un troisième œil, est bien plus alerte qu’il ne l’est chez la plupart des autres Sombres. Tu perçois les nuances des vents magiques qui cheminent en ce monde. Plus encore, tu sembles être capable de distinguer leur couleur, leur énergie, et leur ordre. " La perception de la magie est propre à chaque mage et à chaque prêtre. la "vision" de ton personnage lui est propre et même extrêmement spécifique et ne peut être comprise par quelqu'un d'autre qu'avec acharnement. Ton professeur ne la concevra probablement pas comme des vents de couleur et s'il le fait, d'une certaine façon, il les "verra" aussi bien que Drala.
"Seul demeura son bandeau vermeil, apposé sur ses yeux. Un sceptre vint violemment s’abattre sur son flanc, dans une atroce remembrance d’un temps révolu, de ses anciens quinze ans. Présentement, il n’y avait pas quatre sombres qui l’entouraient, mais bien un seul, plus puissant que ces quatre derniers réunis. " Après ta mise à jour, le passage de référence n'existe plus.
"Car oui, si Dralassa était une sombre, en Ithrii’Vaan, les humains paraissaient avoir le droit légitime que d’émettre leur avis." Sol'Dorn est une ville très majoritairement drow et passablement raciste, encore aujourd'hui. rien a changé, c'est juste pour être sûre que tu avait bien compris ce pendant de la ville.
>>>le drain de force est impossible par la magie de l'immatériel. Cela s’apparenterait plus à contrôle le métabolisme de quelqu'un d'autre, et donc à de la magie de la Vie.
Sinon, le principal truc qui fait tiquer le staff en réalité c'est le début de ton apprentissage qui ne répond pas exactement aux cannons, mais vu que le résulta final est bon, pour moi ça reste de l'ordre du détail, et ta représentation de la magie par des vents de "natures" différentes.
Je veux être vraiment bien sure que tu comprends que les "vents" que ton personnage perçoit n'ont aucune réalité. Que ce ne sont que des interprétation personnelles et que personne d'autre ne les perçoit ainsi (même son maître et c'est pourquoi il faut que tu retouche certaines parties) non par incapacité, mais parce que leur interprétation est différente.
Dralassa en'Sharen
Drow
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Sujet: Re: Dralassa en'Sharen, Grande Prêtresse de Teiweon [Terminée]. Mer 2 Sep 2015 - 16:14
Re !
- Immatériel et sorts mineurs d'autres domaines ; modifié.
-Date d'affrontement (et âge du personnage, si fait). En fait, il paraîtrait que les années données par la chronologie ne sont qu'un indice sur la période, sans pour autant être la date précise ; ce serait plutôt le siècle auquel s'est passée la bataille plutôt que l'année tout juste. Bataille du lac d'Uraal, VIIème siècle du cycle X, plutôt qu'en 700 pile poile. Et c'est ce que je pensais également, eu égard à la rigueur des dates données, toutes parfaitement rondes. Si fait, mon personnage aurait pu naître en early 600, là où la bataille du lac d'Uraal et l'affrontement contre Caranthir aurait pu être en late 700. Le différentiel d'âge pourrait être si fait plus important (jusqu'à 99 années de plus ?) Mais, en partageant tous ces points de vue sur la cb, il est possible que la date de la bataille des Cendres soit faussée vis-à-vis de la chronologie. En suivant la fiche de Tebirac et celle d’Alder, le combat aurait eu lieu il y a 512 ans (bref, 500 ans, dira-t-on).
Si c’est bel et bien le cas, ma perso serait alors encore plus âgée, et il n’y aurait plus lieu de s’inquiéter de son âge. A voir, du coup. =P
- La voie des cinq ; corrigé (en fait, je voulais trouver le nom du panthéon sombre, et j’ai mis un chiffre random, ne sachant plus et ne pouvant pas regarder à ce moment-là. Well, finalement, « Panthéon Sombre », ce n’est pas si mal. )
- Pour la magie et sa perception ; c’est modifié également, ainsi que les dialogues qui suivent ce moment.
- Pareillement pour les quatre sombres, effectivement ; oubli de ma part.
- Ithrii’Vaan et sa société humaine. D’accord, tu fais bien de me le rappeler. Je pensais les humains un petit peu plus nombreux, quand bien même sais-je qu’il y a bien du racisme entre ces deux races. Mais je sais également qu’il y a et qu’il y a eu des humains influents dans cette région, qui dirigeaient ou siégeaient dans les villes de Thaar et de Sol’Dorn. Un petit plus explicatif : elle est restée plus longtemps en Ithrii’Vaan que l’existence d’une vie humaine, et a donc eu l’occasion de les voir vivre, évoluer, d’en rencontrer, etc. Elle sera raciste et méprisante. Mais pas non plus au point de vouloir les égorger sitôt qu’elle posera son regard sur eux. (J’aviserai en RP, je gage.)
- Drain de vie corrigé.
- Apprentissage de la magie : Merci. Je dois avouer que, vu l’historique et la part importante que cela représente, ça m’aurait vraiment, vraiment coûté de tout recommencer. x) Il est vrai que cela ne représente qu’un détail, mais c’est tout de même un détail que j’ai voulu narrer, décrire, et expliquer, au risque que cela ne plaise pas à tout le monde dans la manière dont cela s’est déroulé. Mais ce n’est peut-être pas plus mal, après tout, d’avoir ces mêmes détails qui sortent un peu des carcans traditionnels (c’est ce que j’ai toujours pensé en tant que Mj, tant que cela est justifié, bien fait, et que cela ne change pas drastiquement la donne).
- Perception de la magie : ah, un autre beau débat que j’ai suscité sur la cb, notamment avec Arthur. Et, si fait, aucun problème, et j’ai même apporté, dans les modifications de dialogues cités plus haut, des hypothèses à cela. Je comprends vos craintes là-dessus. Disons que c’est une belle démonstration du point IV de la magie, avec, en sus de cela, de possibles troubles de la vision, troubles mentaux ou neurologiques, tout ce genre de choses.
Suivant ce que tu demandais, j’ai effectué les transformations. La queue a été retirée, ainsi que l’excroissance sous le coude. La chevelure est devenue blanche. Concernant les cornes, il ne s’agit pas de protubérances osseuses, mais bien « d’ajouts » posés sur le casque qu’elle porte. Pour avoir travaillé sur l’image, je le certifie, et ça se voit d’autant plus que les cheveux sont blancs, désormais.
Halyalindë
Ancien
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Sujet: Re: Dralassa en'Sharen, Grande Prêtresse de Teiweon [Terminée]. Mer 2 Sep 2015 - 21:54
La bataille des Cendre à lieu début du 6e siècle ( à toi de voir l'année exacte)
PS: ton avatar est juste top :3
Dralassa en'Sharen
Drow
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Sujet: Re: Dralassa en'Sharen, Grande Prêtresse de Teiweon [Terminée]. Jeu 3 Sep 2015 - 11:37
Merci ! o/
Pour l'âge, alors je vais simplement lui rajouter cent ans, bêtement. Elle sera donc plus âgée lors de la bataille du lac d'Uraal... Et sera trop jeune pour celle des Cendres. Mais pas grave, ça. Ce n'est donc plus lors de cette dernière bataille qu'elle naquit, mais lors d'un autre évènement inventé. J'ai toutefois recoupé en partie avec ce qui se disait lors du commencement de l'historique, de façon à ce que ça colle et concorde toujours.
Voici le passage modifié (déjà incorporé dans le Bg) avec Leïto :
Citation :
« Non, tu n’es pas née pour devenir quelque noble [...]
[...]
Dernière fois ; que s’est-il passé, il y a cinquante-quatre ans ? -… Je… Je ne sais pas trop. Ne serait-ce pas… Une série de meurtres au sein même du temple de Teiweon, céans-même ?. »
Leïto hocha du chef, satisfait par cette réponse qui venait enfin de tomber.
«Très précisément. Une de ces nombreuses rivalités qui sape notre société, et, cette fois-là, ce fut entre deux Grands Prêtres de haut rang, lesquels s’arrachaient le titre de Haut Prêtre à coups de cabales, de complots et d’assassinats. D’habitude, l’on sait être discret, lorsque l’on en vient à une telle pratique. Mais là, les soupçons pesèrent plus que jamais sur les deux drows, et, de part et d’autre de leur parti de fidèles et de zélotes, les sombres tombaient, les uns après les autres. C’en était presque à celui qui détiendrait le plus de disciples à la fin de cette guerre intestine ; celui qui aurait, si fait, le plus de voix, ou de partisans. Mais pour un sombre qui tombait en venait un autre, avec lui, dans le camp opposé.
Si j’en crois les dires de ton père, lorsqu’il t’a amenée à moi, ta mère était l’une de ces prêtresses, à cela près qu’elle échappa de tout juste à la mort. Mais, quelques mois plus tard, tu naquis, et ses plaies et blessures encore non cicatrisées s’ouvrirent de nouveau sous l’effort de l’enfantement. Elle mourut. Il est fort probable que ton géniteur ne te l’eût jamais vraiment pardonné, mais les enfants sombres sont un don très précieux, tu le sais bien. »
Leitho eut un mouvement de dénégation de la tête, comme s’il venait de constater la résultante d’un horrible gâchis.
« C’est durant cette même querelle intestine que tu fus conçue, alors que les âmes destinées à Teiweon, assassinées, battues et égorgées, s’envolaient, happées par la main gracieuse et sans pitié de la Déesse. Mais bien trop tôt, bien avant qu’Elle ne les eût rappelées à Ses côtés, de Sa volonté. Tu fus créée au beau milieu de la géhenne, des combats, de la politique, et de la mort. Des vies ôtées, arrachées, écartelées de leur corps, pour que tu naquisses. Cette conception n’a pas été préméditée, loin de là, d’autant plus que tu ne fus pas la seule à avoir été fabriquée pendant cette morte période. Mais, malgré tout, tu portes les stigmates de Teiweon, laquelle s’est penchée plus fortement sur le Temple en cette guerre intestine. Née dans les Ombres de notre Déesse, la lumière, même diffuse, t’agresse les yeux, davantage qu’elle ne le fera à l’encontre d’un autre Sombre. Et pour terminer, enfin, s’il fallait vraiment terminer… Tu es née dans la mort de ta génitrice. Alors même qu’elle se vidait de son sang, tu naquis au beau milieu de ce liquide, à moitié noyée ; son âme s'est envolée, mais une partie s'est agrippée à la tienne. Il n'y a pas de justice en ce monde, mais elle a donné son âme pour que tu naisses. N'est-il pas normal que tu voues la tienne à notre Déesse ? Et qui plus est, encore, tu sembles être réceptrice à Ses forces, être apte à contrôler Son domaine. Bien que, étrangement, cela ne semble aucunement découler d’une quelconque foi. Mais tu apprendras, assurément. »
Arichis d'Anoszia
Ancien
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Sujet: Re: Dralassa en'Sharen, Grande Prêtresse de Teiweon [Terminée]. Ven 4 Sep 2015 - 19:02
J'aime beaucoup ton style, on voit bien que tu as l'expérience du rp et que tu t'appliques dans tes écrits. J'ai lu pour le moment la moitié de ta fiche, je ne trouve rien à ajouter/changer. Je continuerais de lire tout à l'heure
Dralassa en'Sharen
Drow
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Sujet: Re: Dralassa en'Sharen, Grande Prêtresse de Teiweon [Terminée]. Ven 4 Sep 2015 - 19:06
Merci, pour le commentaire comme pour l'annonce de la progression. o/
Arichis d'Anoszia
Ancien
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Sujet: Re: Dralassa en'Sharen, Grande Prêtresse de Teiweon [Terminée]. Sam 5 Sep 2015 - 0:51
J'ai fini, j'ai lu, les points qui ont relevé par les modos ont été corrigés, je ne trouve plus à rien redire sinon ça serait s'attarder sur les détails et ça ne sert à rien ^^ Ta fiche est longue, c'est bien narré même si c'est difficile de tout lire d'un coup. Du coup, je ne tarde plus et je te valide.
Code:
[Métier] : Grande Prêtresse de Teiweon
[Sexe] : Féminin
[Classe d'arme] : Magie
[Alignement] : Loyal Mauvais
Foire au RP ~ Pour tout ce qui est recherche de compagnons RP. En bref, que du bonheur ! Journal de bord ~ Pour archiver tes liens de RP qui content l'histoire de ton personnage {Vivement conseillé}. Et enfin, si tu as des question, n'hésite surtout pas à demander l'aide d'un parrain, ou à tout simplement poser tes questions dans la partie créée à cet effet.
Dralassa en'Sharen
Drow
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Sujet: Re: Dralassa en'Sharen, Grande Prêtresse de Teiweon [Terminée]. Sam 5 Sep 2015 - 7:40
Merci ! =)
Tahly
Drow
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Sujet: Re: Dralassa en'Sharen, Grande Prêtresse de Teiweon [Terminée]. Sam 5 Sep 2015 - 18:24
Je me permets juste de poster une petite remarque... (au passage, félicitations pour la validation de ta fiche Dralassa !)
Dralassa est Grande-Prêtresse de Teiweon... mais Elvanshalee est Haute-Prêtresse de Teiweon Danath'Koor. Est-ce que ce n'est pas la/le même Teiweon ou il y a un truc à modifier dans le manuscrit d'Elvan ?
(Désolée, je ne savais pas trop où mettre la remarque...^^")
Dralassa en'Sharen
Drow
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Sujet: Re: Dralassa en'Sharen, Grande Prêtresse de Teiweon [Terminée]. Sam 5 Sep 2015 - 18:30
Merci. =P
Il s'agit bien de la même Déesse, dont le nom complet est bien Teiweon Danath'Koor. Je ne l'ai jamais écrit (my bad) ainsi ; trop long.
Elvanshalee (Haute Prêtresse) est donc supérieure à Dralassa (Grande Prêtresse), et les deux appartiennent au même temple (au Puy d'Elda, et non pas celui de Sol'Dorn).
Je ne sais pas si cela répond à ta question, mais voilà tout ce que je pense pouvoir apporter. =P
Telenwë Neraën
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Sujet: Re: Dralassa en'Sharen, Grande Prêtresse de Teiweon [Terminée]. Dim 6 Sep 2015 - 16:14
Ok d'accord.^^
Hé bien, nous allons avoir de quoi mener les âmes des morts au bon endroit !
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Sujet: Re: Dralassa en'Sharen, Grande Prêtresse de Teiweon [Terminée].
Dralassa en'Sharen, Grande Prêtresse de Teiweon [Terminée].
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