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 Sombre nuit à Aatenach

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Roderik de Wenden
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Roderik de Wenden


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MessageSujet: Sombre nuit à Aatenach   Sombre nuit à Aatenach I_icon_minitimeMer 2 Sep 2015 - 23:57

Thème musical:


L'An Huit du onzième cycle
Neuvième ennéade de Barkios
Le cinquième jour...

La nuit était faiblement avancée lorsque Roderik se présenta au vaste campement que les arétans avaient dressé aux pieds de la ville d'Aatenach. Il chevaucha dans l'ombre, sentant le vent souffler sur son visage alors qu'il approchait de la tente de commandement. Il mit pied à terre et confia son cheval aux bons soins d'Athaulf, son écuyer. Puis, sans se hâter, il poursuivit son chemin à pied. Tout était calme, tout était étrangement silencieux. Les bannières frappées de l'Aigle de Karlsburg s'agitaient doucement dans l'obscurité au gré du vent. Mais même le vent semblait souffler au ralenti.

Il était bien inutile de se presser ; le malheur qui affligeait les arétans cette nuit continuerait de le faire durant les prochains jours. L'on n'y pouvait plus rien.

A l'intérieur, c'était comme si le temps s'était arrêté. Une lourde torpeur. L'endroit était faiblement éclairée de quelques chandelles, et il faisait froid. Mais rien n'était plus froid que ce regard vide, sans vie, qui vous fixait dès votre entrée dans la pièce. Etendu dans le lit, les bras le long du corps, parfaitement immobile, gisait Bertrand de Karlsburg, fils aîné et héritier du comte d'Arétria.

La mort n'était pas toute récente ; son visage avait changé, et il émanait du cadavre une odeur désagréable, mais ce n'était pas la première fois que Roderik contemplait un macchabée. Bertrand avait toujours eu le teint pâle, mais il était maintenant cireux. Ses traits, jeunes de son vivant, évoquaient désormais ceux d'un vieillard. Lui qui n'avait jamais été avare d'un sourire, ne sourirait plus.

Il en était un autre, dans l'assistance, qui semblait avoir affreusement vieilli, encore que vieux, celui-ci l'était déjà. Mais Sa Grandeur, le comte Alwin de Karlsburg, était encore bien vivant. Ses yeux, qui ne quittaient pas la face macabre de son fils, ne pleuraient pas ; mais il semblait que rien ne puisse jamais soulager son chagrin. Il ne disait mot, et personne dans la pièce n'osait rompre le silence. Sa peine était partagée par tous les hommes présents, nobles vassaux du comte, chevaliers arétans, mais aussi des gens de Serramire, comme le lieutenant Heinrich.

Se tenant tapi dans l'ombre, Ewald, le cadet, ne disait mot, et nul ne lui prêtait la moindre attention. Seul Roderik lui lança un coup d'oeil appuyé, et leurs regards se croisèrent un bref instant avant qu'Ewald ne détourne ses yeux fuyants.


*  *  *


- Qui ? demanda Roderik à brûle-pourpoint.

C'était un peu plus tard, au petit jour que, profitant d'un moment de calme, Roderik avait prit à part le jeune Ewald, aux écuries. Le jeune et, désormais, unique fils du comte Alwin, le toisa de son regard évasif, visiblement mal à l'aise. Ses traits tirés montraient qu'il n'avait guère dormi, et ses yeux rougis évoquaient ce que l'on pouvait prendre pour du chagrin. Il était clair qu'Ewald n'avait aucune envie de discuter, avec lui encore moins ; ce n'était un secret pour personne, Roderik et lui ne s'aimaient pas. Mais il est témoin de ce qui s'est passé, et c'est de sa bouche que je veux l'entendre.

- La bande d'Elfried Sang-Noir, la terreur des plaines, lança Ewald d'un air résigné.

Roderik tressaillit imperceptiblement ; mais il laissa Ewald poursuivre.

- Voilà deux ennéades qu'ils nous sont tombés dessus. Nous n'avions qu'une petite escorte, prêtée par Bergstadtt lorsque nous y avions fait halte en revenant de Sainte-Berthilde. Nous pensions... nous pensions que cela suffirait, au moins jusqu'à Hasseroi. Mais ils nous suivaient. Nous campions dans la région de Versmilia lorsqu'ils sont sortis des bois. L'attaque a été... soudaine.

- Combien des vôtres sont tombés ?

- Sept morts de notre côté, seigneur Roderik. Nous avons pu mettre l'ennemi en déroute, mais Bertrand était blessé. Je lui avais dit, qu'il aurait fallu revenir sur nos pas. Nous pouvions gagner votre château, Wenden, en quelques jours à peine. Il a préféré continuer jusqu'à Hasseroi. Il savait, je pense, qu'il n'en réchapperait pas... alors nous avons poursuivi notre route, sans nous hâter, car mon frère ne pouvait chevaucher. Il est mort quatre jours plus tard. Nous avons continué jusqu'à Hasseroi, puis poursuivi notre route en apprenant que vous vous trouviez à Aatenach.

- Cela fait un certain temps. Pourquoi ne pas avoir envoyé un messager nous en informer ?

- J'ai... j'ai voulu apporter moi-même la nouvelle à mon père. Qu'il puisse voir Bertrand, avant qu'on l'ensevelisse.

- Vous avez raison. Allez en paix, Ewald, et acceptez mes plus sincères condoléances.

Là, il prit congé de lui, et marcha un moment, seul, dans la cour. Bien des choses se bousculaient dans sa tête ; il y avait plus d'un détail dans cette histoire qui le chiffonnait.

Il a dit Elfried Sang-Noir, sans hésiter. Il ignore probablement que nous avions capturé ce bandit dans la région de Wenden, et tué un grand nombre de ses hommes. Cela aurait pu être l'oeuvre de n'importe quelle autre bande, mais pas celle-ci... enfin, si tant est qu'Elfried croupit toujours dans mes geôles. Il faudra que je m'en assure.

Et puis... pourquoi Bertrand aurait voulu continuer jusqu'à Hasseroi, s'il se savait condamné ? Le souhait de tout arétan est de reposer dans la malelande. Bertrand n'était pas idiot. Si l'attaque s'est produite dans l'ouest du pays serramirois, il savait qu'il n'avait aucune chance d'arriver vivant à Hasseroi. Il y a une part d'ombre dans le récit d'Ewald...


Il ne pouvait, évidemment, exprimer à haute voix ses soupçons. Et il devait être d'autant plus prudent que, si Elfried Sang-Noir s'était bel et bien échappé de Wenden, c'est lui-même qui pourrait être soupçonné de l'avoir libéré et, pire encore, organisé l'attaque. Ewald ne se priverait pas de proférer une accusation de ce genre, si cela pouvait le laver de tout soupçon.

Si je m'en mêle, je mets les pieds dans une affaire des plus compliquées. Qu'on le veuille ou non, Ewald est l'héritier, maintenant, et l'unique fils sur-lequel son père puisse compter. Personne n'a intérêt à ce qu'on l'accuse d'avoir commandité le meurtre de son frère... personne ne voudra croire à cette histoire sordide, car cela n'est certes pas dans l'intérêt de la malelande, qui a besoin de rester unie. L'emprise de la maison Karlsburg sur le pays est encore récente, et par conséquent, fragile...

Il réfléchit encore un long moment, jusqu'à ce que le soleil soit haut dans le ciel. Et, aux alentours de midi, il alla trouver Leudaste le Jeune, l'un de ses chevaliers en qui il avait le plus confiance.

- J'ai une mission aussi importante que discrète à te confier. Repars sur l'heure, Leudaste, rentre à Wenden le plus vite que tu pourras, et assures-toi qu'Elfried Sang-Noir est toujours gardé au frais dans sa cellule.

L'ordre ne manqua pas de surprendre le chevalier ; et quoiqu'il soit déçu de devoir repartir alors qu'il avait longuement parcouru le trajet aller au côté de l'ost arétan, Leudaste ne discuta pas l'ordre ni n'en questionna le bien-fondé. Il demanda seulement :

- Et qu'en fais-je, lorsque je l'aurais trouvé ?

- Rien, absolument rien. Assure-toi seulement qu'il soit bien traité et qu'il demeure en bonne santé. Et assure-toi que sa présence ne soit pas trop ébruitée. J'en aurais une grande utilité, lorsque nous reviendrons.

- Utile, cette crapule ?

- Bien plus que tu ne peux le croire, mon cher Leudaste.

Car, si je reviens entier de cette maudite guerre, c'est moi qui présenterai à la noblesse arétane l'assassin de Bertrand de Karlsburg, pieds et poings liés.
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