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| Pouvons-nous discuter? [Kahina - Maciste] | |
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Enrico di Montecale
Ancien
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| Sujet: Pouvons-nous discuter? [Kahina - Maciste] Mar 27 Oct 2015 - 15:55 | |
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Pénétrant dans la ville de Soltariel, la délégation envoyée par les souverains de Langehack remontait rapidement le fleuve, parsemé de ponts, qui les mènerait tout droit vers le somptueux palais ducal, résidence des Deux-Soleils, et du Roi en personne. Roi ? Pour certains, oui. Et pour d’autres, non. Qu’en était-il de Langehack ? Après s’être rangés du côté du Velterien, Oschide et son épouse revoyaient leur jugement sur cette guerre et sur ses conséquences. Le Langecin avait une place de premier choix dans le Royaume, mais encore fallait-il qu’elle se trouve le meilleur parti. C’est bien pour cela que le couple ducal avait envoyé cette mission diplomatique, au centre même de la politique du Sud. Dans cette mission figuraient bien entendu Cavrour, le chancelier langecin, mais également Gerald d’Ernolss, un fringant diplomate au service du duché. Pourtant, le seul à réellement se réjouir d’un tel voyage n’était nul autre que la troisième personnalité de la délégation ; Enrico di Montecale, venu en sa qualité d’amiral, et d’instigateur officieux de cette future entrevue.
Il n’avait pu cacher sa joie en pénétrant dans les limites du pays qui l’avait vu naître. Revoir les côtes de Sybrondil l’avait fait vaciller, et pénétrer au sein de Soltariel l’avait fait exulter. L’euphorie qu’il pouvait ressentir, après en avoir été si longtemps privé, n’avait d’égal que sa détermination à accomplir ce pourquoi il était là. Il y avait beaucoup à faire en ce qui concernait la diplomatie, mais il était également venu pour autre chose. Quelque chose qui n’avait décidément rien à voir avec les discussions politiques… Cependant, en bon et loyal serviteur, ce serait la première chose qu’il se devrait de régler. Et c’est avec un sourire non feint qu’il accompagna Cavrour et Gerald jusqu’au palais, encadrés de quelques gardes triés sur le volet. Leur demande d’audience acceptée, ils avaient passé la porte en ordre de marche.
La marche à travers les couloirs de pierre et de marbre, décorés de somptueuses tapisseries et d’extravagantes autres œuvres d’art, avait pu faire découvrir aux Langecins toute la richesse – et tout l’orgueil – des Ducs suderons. Si Enrico avait pris l’habitude de sillonner ces couloirs un bon millier de fois, il n’en allait pas de même pour tout le monde. C’est avec une grande nostalgie qu’il s’était dirigé vers la salle du trône, là où les doléances et les audiences étaient en général délivrées. Il se souvenait de son serment comme si cela s’était passé hier à peine. Et il n’avait jamais trahi ce serment, par ailleurs. Sauf peut-être par son coup manqué… Mais pouvait-on appeler ça véritablement une trahison ?
Les hommes de marque pénétrèrent dans le grand hall, aux allures presque régaliennes, annoncés par un page.
« Son Altesse, Méliane de Lancrais, et son mari Oschide d’Anoszia, Duchesse et Duc de Langehack, vous envoient leurs plus sincères salutations, à vous, Maciste d’Aphel, Duc de Soltariel, Prince d’Ys et Baron de Sybrondil, et à vous, Kahina d’Ys, Duchesse de Soltariel, Princesse d’Ys et Baronne de Sybrondil. Les Ducs de Langehack envoient la noble délégation ci-présente pour les représenter. Le chancelier palatin Cavrour ; Gerald, seigneur d’Ernolss ; et Henrico de Montecale, amiral de la flotte. »
Le massacre de son prénom, transformé dans la bouche d’un petit bâtard langecin, fit grincer des dents le vétéran à jambe de bois. De plus, sa présence au sein même de ce palais, autant que le réjouir, l'avait également intimidé. Son retour au sein d'une telle ambassade, serait-elle aussi bien vue que ce qu'il ne l'avait espéré ? Après tout, c'était en banni qu'il s'en était allé. A présent, c'était en diplomate qu'il refoulait le sol de son pays. Il avait failli demander à ce qu'on retire son nom du vélin...
Cavrour se porta sans difficulté, malgré le poids de son âge, aux devants de tous, et vint faire courbette au couple ducal devant eux.
« Vos Altesses, c’est un immense honneur d’avoir été envoyé ici afin de traiter avec vous, d’affaires qui sont sans nul doute de première importance. »
Les autres hommes membres de l’ambassade étaient restés en retrait, soucieux de laisser le vieux chancelier s’exprimer le premier…
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| | | Kahina d'Ys
Humain
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| Sujet: Re: Pouvons-nous discuter? [Kahina - Maciste] Jeu 17 Déc 2015 - 0:26 | |
| Le Duc de Soltariel, faisant fi de son état, avait déclaré dès que la nouvelle lui était parvenue qu’il accueillerait la délégation langecine. Pour ne pas faire spectacle de sa faiblesse, il était entré le premier, accompagné seulement de la Princesse d’Ys, dans la grande salle encore vide. Chaque pas jusqu’à son trône lui avait coûté et il avait fini par s’y affaler, le front humide et le souffle court, avant de repousser avec humeur son bâton de marche ; le suderon n’avait jamais apprécié être tributaire de quiconque, aussi dépendre d’un bout de bois le mettait-il hors de lui. Kahina lui avait tendu un linge frais, sans témoigner la moindre tendresse, avant de se retirer. Secrètement, l’état du jeune homme l’inquiétait. Les quelques forces qu’il avait pu reprendre depuis son réveil, elle le voyait les dilapider en efforts futiles. Dès qu’il le pouvait, le chevalier recevait, dissertait, gouvernait et faisait souvent fi des protestations de son corps. Il s’était vite plaint de violents maux de tête et de vertiges fulgurants, mais ignorait depuis les appels de ses médecins à se ménager. Il était le Duc, répétait-il à l’envi ; or, un Duc régnait et ensuite dormait, jamais l’inverse.
Il s’était réjoui du bon présage que représentait la venue des hommes du Langecin sur ses terres. Il n’avait pas été le seul et, en réalité, il n’y avait bien eu que Kahina et quelques-uns de ses soutiens les mieux informés pour ne pas s’enthousiasmer d’une possible alliance avec l’ancien partenaire suderon. C’était que la diablesse, loin de parier sur pareil dénouement, s’était plutôt apprêtée à se jouer du duché voisin ; aussi ne goûta-t-elle guère aux affables amabilités de Maciste qui, le premier, répondit au vieux Carvour. Force était de le constater, la chaleur de la cour, loin de l’étouffer, lui redonnait quelques couleurs. Elle le retrouvait presque tel qu’elle l’avait connu, charmeur et séducteur, meneur d’hommes né. D’un sourire, il obtenait ce qu’elle-même devait chaque fois arracher : la loyauté et l’affection de ses sujets et le respect de ses adversaires. Sa bonhomie avait été une compagne fidèle et efficace, comme avaient pu l’être ses épées ; pourtant et en l’occurrence, la Princesse la trouvait de bien mauvais goût tandis qu’il accueillait les ennemis du Roi.
Car de fait, s’il était un grand absent de cette importante réunion, c’était le petit monarque. D’ordinaire, la jeune femme le montrait dès qu’elle le pouvait. Maciste au bord de la mort, Kahina avait tout fait pour lier son pouvoir à cette royauté naufragée, jusqu’à s’en déclarer la Gardienne. La cour Soltaar était devenue la cour royale, dont les plus éminents membres avaient formé un Conseil de Régence dans lequel elle s’était assuré une majorité. Dans ce gouvernement nouveau, dont les prérogatives dépassaient les seules frontières de son duché, le Prince Soltaar réveillé n’avait pas sa place. Il ne s’en était guère ému, tandis qu’il promettait au Roi son soutien entier et sa totale fidélité ; cela ne l’avait pas empêché, pourtant, de réaffirmer son propre pouvoir et il régnait, depuis, une atmosphère singulière à Soltariel. Le Duc avait recommencé à rassembler autour de lui ses vassaux et à écouter leurs doléances loin des oreilles du Roi. Il n’avait pas contesté les prérogatives de sa femme, qui continuait à présider à la destinée du Royaume, mais il s’était fait son garant là où, quelques ennéades plus tôt, elle ne dépendait de personne sinon d’elle-même.
Or, ce n’était pas la Couronne que venait rencontrer ce jour la délégation de Cavrour ; il n’avait pas même mentionné son titre au Conseil. L’Estréventine ne savait pas s’il fallait y voir une nouvelle marque d’arrogance ou si Langehack avait déjà pris toute la mesure de l’ambiguïté du pouvoir Soltaar. Dans un cas comme dans l’autre, il lui appartenait de leur rappeler certaines vérités.
« Et ces affaires dont tu parles, commença-t-elle avec cette simplicité qui faisait sa signature, comptes-tu un jour en entretenir le Roi ? » Elle s’était déjà levée de son trône, humiliant volontairement son seigneur et maître qui ne pouvait en faire autant. Sa voix était forte et autoritaire — sans se départir de son accent — et ses yeux noirs défiaient le chancelier étranger. « Tu n’es pas sans savoir que l’homme dont tu te réclames l’envoyé a été déclaré félon et dépossédé de ses terres. Assurément, cette question-là se doit d’être réglée avec Sa Majesté avant d’en entamer toutes autres. »
Sous la hargneuse réponse de sa duchesse, la cour s’agita mollement. Les manières de Kahina ne surprenaient plus personne à Soltariel, qui s’était peu à peu habituée à ses déclarations tonitruantes. Dans son dos, elle devinait le regard de Maciste braqué sur elle ; sans l’ombre d’un doute, son sourire torve cachait quelques remarques qu’il s’empresserait de partager avec elle dès que l’occasion se présenterait.
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| | | Enrico di Montecale
Ancien
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| Sujet: Re: Pouvons-nous discuter? [Kahina - Maciste] Jeu 17 Déc 2015 - 12:32 | |
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Cavrour ne prit pas la peine de remarquer les difficultés que pouvait éprouver le Duc Maciste, qui arrivait encore à bien cacher son état de fatigue et d’épuisement. L’air chaleureux de l’Aphelois constituait une bonne façade, et Cavrour sourit aux mots de bienvenue qu’il lui lança. En Langehack, le vieux chancelier avait été informé sur les différents caractères de la cour du Soltaar, et le Duc semblait jouir d’une bonne réputation auprès de son maître. Quant à sa femme, la sulfureuse Estréventine qui lui avait donné un fils, les éloges semblaient s’être taris dans les bouches d’Oschide et de Méliane. On lui avait recommandé la prudence, et de ne pas se laisser intimider par ce qu’elle pouvait bien lui dire. Enrico, lui, savait que derrière chaque mesquinerie de Kahina dissimulait un calcul. Elle n’agissait que par intérêt, du moins, pensait-il qu’elle fonctionnait ainsi.
Comme il l’aurait parié, Kahina posa la fameuse question du Roi. Cavrour avait beau être sénile, il s’était tout de même préparé à cette éventualité. Il lécha ses vieilles lèvres gercées, et porta une main à sa poitrine.
« Altesse, loin de moi l’idée de souhaiter manquer de respect au jeune ‘Roi’ Bohémond… Cependant, il me semble qu’il soit absent de cette salle, à moins que mes vieux yeux ne puissent l’apercevoir au détour d’un recoin caché ? »
Cavrour voulut s’appuyer sur sa canne, avant de se rendre compte qu’il ne l’avait pas prise avec lui.
« De plus, vous n’êtes pas sans savoir, Altesse, que votre Roi n’est pas le seul à prétendre au trône de la Péninsule entière… Mentionnons son alter ego de Sainte-Berthilde, ou encore le fameux Harold du Lyron, dans le Médian. »
Kahina ressemblait à un serpent ; levée, les yeux rivés sur le vieux chancelier… Elle avait choisi ses mots avec soin, et les avait affûtés comme des lames de rasoir. Humilier son seigneur ne plaisait pas du tout à Cavrour, mais que pouvait-il donc bien faire face à la Duchesse, que l’on disait capable de tout ? Peut-être tenter de l’amadouer ? Il s’y essaya…
« Nous ne sommes pas ici pour parler au Roi, qui est encore bien trop jeune pour s’intéresser à de telles discussions ennuyeuses… Alors, nous avons décidé de nous entretenir avec la Gardienne elle-même, qui se porte garante de son Royaume. N’est-ce pas là plus sain, et plus logique ? »
Derrière le vieillard, Gerald avait eu quelques sueurs froides. Cavrour ne s’était pas laissé faire, mais le sir d’Ernolss commençait à se demander quelles allaient être les suites de cet échange salé. Enrico, à côté du noble diplomate, se demandait si le chancelier avait été réellement sage d’agir ainsi. Il s’était montré ferme, et avait bien maintenu l’honneur du Duché. Mais il ne fallait pas sous-estimer la Dame d’Ys, dont la réputation la précédait de loin. L’estropié l’avait servie pendant longtemps. Il ne la connaissait pas profondément, cependant, il savait à quoi s’attendre, la plupart du temps. Ici, il préférait laisser la parole au vieil homme. Dans sa tête, un autre plan se dessinait, et pour cela, il devrait user de tout son sang-froid.
Car c’était entre quatre yeux qu’Enrico devait parler à la Duchesse.
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| | | Kahina d'Ys
Humain
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| Sujet: Re: Pouvons-nous discuter? [Kahina - Maciste] Jeu 17 Déc 2015 - 22:23 | |
| Lorsque le vieux Cavrour avait évoqué les autres prétendants à la Couronne, le regard de la Princesse des Deux Soleils s’était fait plus noir encore, mais elle s’était cependant gardée de tout commentaire. Sa cour, elle, n’avait pas fait montre de la même retenue. Pour les seigneurs suderons, ces réunions publiques étaient autant de chances de s’attirer la sympathie des puissants. Malheureusement, la concurrence y était rude et dans l’espoir de se démarquer de leurs semblables, les petits vavasseurs s’adonnaient trop souvent à la caricature et à la surenchère. L’Estréventine avait su encourager pareils comportements, à la condition qu’ils allassent dans son sens ; Maciste goûtait moins, quant à lui, ces piètres démonstrations. Sans surprise, il ne tarda pas à en appeler au calme.
Oubliant un temps les émissaires langecins, Kahina se tourna dans la direction du Duc. Le Sybrond gardait un visage affable, mais l’adolescente le connaissait assez désormais pour deviner sa frustration. Sa sérénité n’était qu’une façade derrière laquelle il dissimulait sa faiblesse. Il croisa son regard et elle le vit la défier de continuer ainsi à l’éclipser. Kahina laissa transparaître sa culpabilité en inclinant légèrement le front, ce qui le surprit assez pour qu’il s’en retrouvât déstabilisé. Mettant fin à leur échange muet, Kahina reporta son attention sur Cavrour ; très rapidement, pourtant, ses yeux glissèrent sur l’amiral de Langehack. Elle l’avait reconnu, bien sûr, malgré l’affreux patronyme dont l’avaient affublé ses nouveaux seigneurs. Tandis que Maciste rappelait sa fidélité totale au Roi et sa confiance en son Conseil de Régence, elle cherchait le regard de son ancien complice ; il lui apparut bientôt clairement qu’il évitait le sien.
« Dis-moi, Enrico, » l’interpella-t-elle finalement, sans plus se soucier du début de conversation qu’elle interrompait entre le Duc et Cavrour. « Selon les rumeurs qui nous sont parvenues, tu aurais activement œuvré à l’une des félonies les plus graves de tes nouveaux seigneurs. » Elle était bien décidée, avant que ne commençassent véritablement les négociations qu’était venue chercher la délégation, à rappeler toutes ses contradictions. « Est-il vrai que tu participas à la bataille de Nelen ? »
Pour la seconde fois, Maciste dût ramener le calme, mais il ne fit pas mine de prendre la défense de l’ancien capitaine Soltaa ; ce dernier devenait soudainement le centre de l’attention. Ses quelques ennéades d’exil n’avaient pas suffi à le faire oublier et ceux qui ne l’avaient pas reconnu plus tôt saisissaient leur erreur, aidée en cela par leur suzeraine qui avait pris, elle l’avouerait par la suite sans peine, un malin plaisir à exposer ainsi le malheureux.
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| | | Enrico di Montecale
Ancien
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| Sujet: Re: Pouvons-nous discuter? [Kahina - Maciste] Mar 22 Déc 2015 - 12:57 | |
| Cavrour était fier de son petit effet. Tous les courtisans, petits rampants et parasites qu’ils étaient, faisaient ce qu’ils savaient le mieux produire ; du bruit. Une cacophonie de nobles gueulards, qui brassaient du vent afin de se faire remarquer. Et parmi les moulins, ils espéraient que le Duc et sa Princesse pourraient apercevoir celui qui tournerait le plus vite. Mais l’heure ne se prêtait pas à ces jeux de cour. Le Langecin n’était pas venu traiter dans cette ambiance. S’il avait souhaité répondre un peu plus fermement, c’était dans l’objectif de ne pas se laisser marcher sur les pieds par la Dame d’Ys. Pour une jeune femme, le vieux chancelier la trouvait plutôt bonne en politique. Elle n’avait pas réagi avec la même véhémence que ses chiens, et pendant que son époux cherchait à ramener silence et calme, elle, incarnait ces deux notions à merveille. Du moins, du point de vue des yeux âgés de Cavrour.
Gerald d’Ernolss se pencha vers Enrico. Il lui souffla, non sans une pointe d’admiration :
« Hé bien, hé bien… Le vieux a plus de courage qu’il n’en a l’air, hm ? »
L’amiral acquiesça en silence. Ce n’était pas pour rien que le seigneur Oschide l’avait fait venir. Cavrour était tout sauf un vieillard sénile. Il en avait la peau, il en avait la démarche, et il en avait la voix. Quant à ce qu’il se passait dans sa tête, nul ne pouvait le savoir. Mais il était loin d’avoir perdu toutes ses feuilles. Le regard de Kahina se dirigea lentement vers celui d’Enrico, que ce dernier essayait d’éviter. Non, il ne pouvait pas la regarder. Il ne devait pas. La honte et le déshonneur n’étaient pas ses deux souvenirs les plus agréables, et il savait que c’était ce qui l’attendait s’il croisait les yeux ténébreux de son ancienne maîtresse. Pourtant, le destin en voulut autrement. Car, alors que Maciste de Soltariel s’était lancé dans une réponse plus modérée à la semi-provocation de Cavrour, son intrigante épouse apostropha Enrico.
Ce dernier s’attendait au pire. Il l’avait eu. Les rappels en allaient crescendo, tout d’abord son nom, afin de bien rappeler à la Cour présente de qui il s’agissait, et ensuite sa participation à la bataille de Nelen, un point chaud auquel il n’était pas sage de toucher si l’on voulait éviter un nouveau chaos. Malheureusement, Kahina semblait aimer mettre un peu de bordel autour d’elle. Les seigneurs présents se remirent à crier, à paraphraser, à extrapoler, à exagérer… Tous se rappelaient très bien comment l’amiral Martirigi avait ridiculisé le marin à jambe de bois. Tous les regards étaient tournés vers lui. Gerald ne savait pas quoi dire, et Cavrour secouait la tête en inspirant profondément. Quant à Enrico, hé bien…
Il passait vraiment un très mauvais moment.
Subissant les quolibets de plein fouet, il n’osait croiser le regard de tous ces courtisans, sûrement remplis de haine et de ressentiment. Il s’attendait à tout moment à voir un objet fuser dans sa direction, et il pria les Cinq que cela n’arrive pas. En attendant, il restait stoïque, figé comme une statue, le regard soutenant à présent celui de Kahina. Elle jouait la provocation ? Il répondrait par la tempérance, et la vérité. En espérant que Tyra lui vienne en aide pour ne pas défaillir devant tant de personnes. Ses traits étaient crispés, mais son regard déterminé.
« Votre Altesse. Tout ce que vous dites est vrai. J’ai participé à la fameuse bataille s’étant déroulée au large de Nelen. J’ai commandé les navires qui se sont opposés aux Scylléens. J’ai posé pied sur l’île. Et ma participation ne fut pas du tout forcée. »
Déjà les brouhahas reprenaient. Pourtant, il continuait de parler, haussant la voix pour couvrir le vacarme.
« Mais si je l’ai fait, Altesse, c’est parce que tels étaient mes ordres. J’ai obéi à mon suzerain, comme j’ai toujours obéi à mes supérieurs. Même à vous, Altesse. Vous ai-je jamais désobéi ? Déçu, peut-être. Désobéi, en revanche, jamais. Et tous ici doivent savoir que, si c’était à refaire, je plongerai à nouveau en direction de Nelen pour y arracher la victoire. »
A présent, les nobles étaient déchaînés, et Gerald avait soufflé à Enrico :
« Mais qu’est-ce que vous faites, par Néera ?! Arrêtez tout de suite ! »
Le Suderon en avait marre. Il ne voulait pas se laisser humilier aussi facilement. Il se tenait droit et fier, avec peut-être une pointe d’arrogance. Un aigle, même dans la boue, restait un aigle. Et il voulait se sentir digne. Soudain, un objet vola dans sa direction. Une sorte de calice. Il l’évita en baissant la tête. L’ambiance dans la salle était particulièrement ardente…
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| | | Kahina d'Ys
Humain
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| Sujet: Re: Pouvons-nous discuter? [Kahina - Maciste] Sam 26 Déc 2015 - 14:29 | |
| Le regard de la Princesse des Deux Soleils s’était fait plus sombre, tandis que son ancien capitaine s’était cru le pouvoir de la menacer ; car comment accueillir autrement les bravades du Suderon, qui se permettait de lui rappeler à demi-mot leur histoire commune ? Il lui suffisait pourtant d’un ordre — d’un geste, même — et la Cour le lyncherait sans pitié. Maciste devait la sauver de cette périlleuse tentation ; et de quelle façon ! D’un mot, il ramena le calme ; il le gronda si fortement qu’il couvrit tout le reste, et les cris et les insultes et les menaces. Il s’était levé, aussi, se jouant de cette faiblesse que tous avaient fini par croire plus forte que lui. Elle pouvait bien avoir fait fondre son muscle et creusé ses joues, sous le joug de sa colère, elle s’effaçait complètement et il rayonnait soudainement de cette impérieuse autorité que Kahina avait appris à aimer ; celle-là même qu’elle avait supposé perdue, rongée par le mal qui avait manqué le tuer ; qu’elle n’avait eu de cesse, depuis son réveil, d’étouffer, par peur qu’elle la réduisît au silence. Force était de le constater : cette dernière crainte, au moins, s’était révélée fondée.
Il conduisit le reste de l’entrevue sans trembler, tandis que la Princesse d’Ys se rangeait dans son ombre. Elle ne s’y plut guère, tout le long que dura son supplice, mais ne chercha pas une fois à s’y soustraire. La nausée la guettait, sans qu’elle ne sût si elle devait blâmer ou la honte ou la peur ou l’amour ou tout à la fois. Elle se sentait enfant à nouveau, rabrouée pour une faute dont elle s’estimait innocente. Quand elle croisa le regard de Camille, elle vit son sourire s’étirer. Il était mauvais, terrible et annonciateur de grand danger. Jadis sa meilleure alliée, l’Aphelloise se retournait à présent contre elle et leur affrontement larvé promettait chaque jour d’être plus violent. Déjà, Camille s’accaparait les soutiens de sa suzeraine dans cette Sybrondie qui la première avait dû ployer le genou devant elle. Sans le Conseil pour la faire exister, l’Estréventine aurait dû s’effacer ; l’idée de n’être guère plus qu’une anecdote de l’Histoire la hantait et elle savait que des allégeances d’Athanase dépendraient sa postérité ou son oubli.
« Tu te forges tes propres ennemis, » tenta de lui expliquer Camélia le soir venu. Débarrassée de la chape de terreur que lui imposait jadis sa maîtresse, la Pharétane se révélait chaque jour un peu plus et Kahina la découvrait non sans surprise lucide et éveillée et pleine de perspicacité. « Camille n’attend guère plus que quelques excuses pour se rallier une nouvelle fois à toi. Elle sait sa vendetta périlleuse.
— Je suis sa maîtresse, se borna à répondre la Princesse. Je ne lui dois rien. » On vint lui dire, un peu plus tard dans la soirée, que le sire Montecale désirait lui parler ; elle-même n’en avait aucune envie et elle le fit renvoyer sans ambages. Même si elle savait que viendrait le temps où le désormais amiral deviendrait incontournable, où il lui faudrait savoir ce qu’il pouvait apporter.
Deux jours plus tard, les trois Langecins étaient introduits au Conseil, sans tambour ni trompette ; il ne leur fallut guère longtemps pour comprendre qu’à l’image de la Gardienne, la Régence tout entière ne goûtait guère à leur retournement. Les Scylléens, notamment, dardaient un regard peu amène à l’encontre des envoyés de leurs anciens maîtres. Pour autant, la leçon avait été bien apprise ; à l’hystérie d’une cour volage se succédait désormais la froide retenue d’un conseil restreint qui ne pouvait pas ignorer que dans l’Olienne, Nelen attendait qu’on décidât de son sort.
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| | | Enrico di Montecale
Ancien
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| Sujet: Re: Pouvons-nous discuter? [Kahina - Maciste] Lun 28 Déc 2015 - 15:17 | |
| Il fallut que Maciste se lève et hurle au silence, pour que l’assemblée se calme. D’un homme malade, l’Aphelois s’était transformé en un Duc intransigeant et autoritaire. Tel le phénix, renaissant de ses cendres, l’homme fort du Duché venait de clouer le bec à tous ses courtisans, condamnant la montée en flèche de ce chaos. Enrico regarda Maciste, qui, dans toute sa splendeur, venait de réveiller en lui des souvenirs forts. C’était en son nom qu’il avait bravé les pirates mécans, et le retrouver comme à cette époque glorieuse lui mettait du baume au cœur. Il s’était tu, à l’instar de tous, même des Langecins. Ici, sa parole faisait loi, après tout, car il était chez lui. On entendait plus que lui. Même son épouse, d’habitude si encline à faire parler d’elle, ne dit mot. La colère et la prestance du Duc avaient tout réduit au silence.
Cavrour continua d’échanger de façon courtoise avec Maciste, qui pour sa part, commençait à en avoir marre de cette entrevue diplomatique. Sûrement en avait-il déjà assez vu et assez entendu pour la journée. Aussi, il préféra clôturer celle-ci. Les esclandres pourraient reprendre demain, du moins, espéraient-ils qu’ils soient moins relevés que celui qui venait de se produire. Tout le monde quitta la salle, et dans le couloir pour rejoindre ses appartements, Enrico faillit défaillir. Il se tint à une colonnade, et prit une grande inspiration. Qu’avait-il eu dans le crâne en faisant son fier ? Il n’était pas revenu pour jouer la forte tête, non. Il était là parce que son suzerain voulait un Suderon sur cette affaire… mais aussi parce que son père lui avait fait miroiter autre chose.
Dans les chambres cédées aux ambassadeurs de Langehack, Gerald pestait contre l’amiral.
« He bien, bravo, messire di Montecale. Vous avez agi avec la plus fine diplomatie aujourd’hui ! Vraiment, je suis abasourdi devant tant de maîtrise de soi… »
Cavrour frappa de sa canne sur le sol.
« Allons, allons, arrêtez… Le sieur amiral n’a fait que défendre son honneur. De façon bien malhabile, il est vrai. Mais il n’a pas perdu la face. »
Le seigneur d’Ernolss souffla.
« La position du Duché est bien plus importante que sa ‘face’. Voilà où réside le véritable sens de la diplomatie. Faire valoir les intérêts de tous avant les siens. Une chose qui ne semble même pas vous avoir effleuré l’esprit, messire di Montecale. »
L’homme à la jambe de bois ne répondit pas. Il était muré dans son silence, pensif. Kahina avait décidé de l’ignorer, alors même qu’il cherchait à lui parler en privé. S’il voulait mener à bien ses objectifs, il fallait qu’il décroche cette entrevue. Il était investi d’une mission, mais les paramètres actuels n’étaient pas à son goût. Il n’était pas fait pour toutes ces entrevues diplomatiques, et ces bains de foule extrêmement désagréables, où une multitude d’yeux cruels scrutaient le moindre mouvement, à la recherche de la moindre faiblesse. Chaque parole y était traitée avec grand soin, pour y déceler la moindre trace d’insulte… Le monde des hypocrites était un vrai calvaire pour Enrico.
Deux jours avaient passé depuis l’incident de la première rencontre. L’accueil si froid que leur avait réservé le Conseil annonçait d’entrée de jeu qu’ils n’étaient ni bien vus, ni les bienvenus. Si Gerald s’en offusqua silencieusement, le vieux chancelier, quant à lui, préféra l’ignorer, concentré sur sa véritable tâche. Enrico était toujours en retrait, refusant de croiser les regards des nobles. Il en connaissait certains, et les voir ne l’intéressait vraiment pas. Les Scylléens, encore moins. Il les préférait sur un bateau, à portée de lame, que dans une salle, vicieux et intouchables. A Nelen, ils avaient moins fait les fiers.
Cette fois-ci, ce fut à Gerald d’entrer en action. Toujours aussi fringuant, il fit un pas en avant, en baissant la tête.
« Je tiens tout d’abord à rendre hommage à Sa Majesté le Roi Bohémond, premier du nom, comte de Scylla, les Cinq le bénissent, au nom de mon suzerain Oschide d’Anoszia, Duc de Langehack. La paix soit également sur vous, membres du Conseil de Régence, et plus particulièrement sur sa Gardienne, loué soit son nom. »
Il releva la tête. Il espérait avoir au moins un peu réchauffé l’ambiance, aussi glaciale que l’était le fond de l’océan. Il décida d’enchaîner tout de suite.
« Le couple ducal a souhaité faire le premier pas. Son Altesse Méliane de Lancrais a préféré que la situation se règle par une autre voie que celle des armes. Dans sa grande sagesse, le Duc Oschide d’Anoszia a proposé la diplomatie. Je suis sûr que, aussi grande et sage que l’est cette noble assemblée, vous devez être du même avis que mon suzerain. Lui-même est prêt, dans son immense magnanimité, à faire certains compromis, si vous vous montrez également aussi courtois et bienveillants que lui-même. »
De son dos, il sortit un grand vélin, qu’il déroula. Il descendait jusqu’à son ventre.
« J’ai ici quelques propositions que les Altesses de Langehack ont fait rédiger. Mais, comme il est clair que nous sommes vos humbles invités, il est préférable, et surtout plus poli, de vous laisser commencer, augustes conseillers. »
Enrico n’aimait vraiment pas l’air de Gerald. Pourtant, il savait que ces plaisantes courbettes et tout ce sucre déversé sur les nobles, pouvait peut-être aider à faire passer la pilule. Peut-être…
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| | | Enrico di Montecale
Ancien
Nombre de messages : 430 Âge : 28 Date d'inscription : 10/04/2014
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 40 ans Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: Pouvons-nous discuter? [Kahina - Maciste] Dim 7 Fév 2016 - 15:19 | |
| Quelques jours plus tard…
Le temps s’écoulait, à la cour, à une vitesse étrange. Parfois, les interminables séances ennuyaient Enrico à tel point qu’il pensait que deux jours s’étaient déroulés en à peine quelques heures. D’autre part, certaines intéressaient grandement l’amiral, surtout lorsqu’il fallait statuer sur le sort de Nelen. Les Scylléens avaient beau avoir la dent dure, Langehack était bel et bien établie sur le territoire, le contrôlait militairement, et Scylla n’avait plus son mot à dire. Néanmoins, il était conscient que les possibilités étaient limitées avec l’archipel, si elle tenait tant à cœur aux Scylléens. Néanmoins, il fut étonné de l’intérêt que lui portait également la Duchesse de Soltariel… Un bout de terre qu’elle n’avait jamais vu, si loin de chez elle. Diamantaire, certes, mais cela semblait accessoire pour Kahina. L’amiral ne pourrait malheureusement pas tirer cela au clair…
Gerald eut la bonne idée, cependant, de jouer la carte de Diantra. La possibilité de récupérer la ville, alors sous contrôle de Langehack, avait trouvé un écho puissant parmi les hommes du Sud. Les Royalistes s’étaient tous regardés, pesant le pour et le contre. Même le grand Maciste avait semblé vaguement intéressé par cette proposition. La faction scylléenne, en revanche, sentait que cette offre pouvait faire glisser leur contrôle sur l’archipel, et c’est tout naturellement qu’ils prirent la mouche, persuadés qu’ils étaient que cette idée était très mauvaise pour eux. La Princesse d’Ys, quant à elle, n’avait rien dit, ni rien montré. Elle s’était murée dans un silence, dont il était difficile à définir s’il s’agissait de désapprobation, ou d’indifférence.
Néanmoins, les jours restants furent marqués par de longues tirades sur la traîtrise de Langehack, de ses mensonges à propos de Diantra, et du doute planant sur sa véritable allégeance. Tout ceci traînait en longueur, et Enrico détestait ça. C’en était presque insoutenable, et même le vieux Cavrour commençait à légèrement perdre patience. Seul Gerald était optimiste. Il disait en avoir maté des plus grands, mais l’avait-il seulement déjà fait ? Les contre-propositions pleuvaient, mais Nelen était toujours le nœud gordien de ce débat sans fin. Chaque séance se terminait par une impasse, mais il était clair qu’une division s’était opérée dans la Cour du Roi ; les Royalistes étaient prêts à céder Nelen, s’ils pouvaient revoir Diantra, tandis que les Scylléens et quelques suppôts de Kahina jouaient pour la récupérer, et la conserver. Les négociations tournaient un peu en rond, mais elles avançaient ‘à leur rythme’ comme le disait le Sir d’Ernolss.
Un soir, les diplomates langecins reçurent la visite officieuse de deux membres de la faction royaliste. Ils souhaitaient être plus au courant de la situation diantraise. Fort heureusement, un pigeon était arrivé le matin de cette même ville, pour annoncer aux ambassadeurs les dernières nouvelles ; la Diète n’avait pas été signée par Oschide, et ce dernier tenait toujours la ville, prêt à en chasser tous les membres de la Ligue. Langehack était en position de force dans cette partie des anciennes Terres royales. De telles nouvelles rassurèrent grandement les Royalistes, qui promirent un soutien plus conséquent lors des négociations. Cela suffirait-il, néanmoins ? Enrico n’en savait plus grand-chose. Il préférait faire confiance à Gerald et Cavrour, les véritables diplomates dans l’histoire. Et même s’il avait réussi à le cacher à beaucoup, son dilemme était toujours là. Il le cachait sous une carapace d’ignorance feinte dans le monde de la politique. Au plus profond de lui, il ne souhaitait qu’une chose ; réunir sa terre natale avec sa terre d’accueil.
Kahina ne tarda pas à appeler son ancien affidé. Enrico avait eu les mains moites lorsqu’il avait appris qu’il était convoqué, dans le plus grand des secrets, par la Princesse d’Ys. Elle avait voulu leur rencontre dans une pièce où seul se tenait un garde, droit comme un i. Il n’était pas question pour elle de révéler ses petits jeux, de les dévoiler à la face du monde. L’amiral connaissait bien cette partie de la Duchesse, et il s’était douté qu’un moment ou un autre, elle l’aurait rappelé pour tenter de le reclasser parmi ses pions. Comme une pièce de jeu d’échec que l’on remettrait à sa place, après qu’elle fut enlevée au cours d’une partie endiablée.
Les joutes du tournoi n’étaient rien, comparées aux joutes verbales de la noblesse. La lance rigide était supplantée par une langue élastique, et un visage impassible remplaçait le traditionnel bouclier. Le but était cependant le même ; utiliser son arme pour faire ployer l’adversaire, tout en se servant de son bras défensif pour se protéger.
Et Kahina était très douée en la matière…
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| | | Arichis d'Anoszia
Ancien
Nombre de messages : 1618 Âge : 30 Date d'inscription : 27/05/2013
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| Sujet: Re: Pouvons-nous discuter? [Kahina - Maciste] Lun 11 Avr 2016 - 20:51 | |
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Dans la grande salle du conseil qui avait vu les prémices de la chute de l’estreventine, le conseil de régence se réunit sous l’initiative de l’argentier pour statuer sur les négociations avec Langehack. La plupart magouillaient dans leur coin, au point qu’ils oublièrent la raison première de la chute de l’étrangère. Ensemble, confiné, entre les vitraux et les murs de la pièce, ils passèrent une heure avant de se mettre d’accord pour la rédaction du traité de paix. Les scylléens menaçaient toujours et encore à propos de Nelen, mais s’attendant à de telles réactions, Arichis leur proposa de retirer l’article réintégrant le comté dans le duché de Langehack si en contre partie ils acceptaient de céder Nelen aux langecins, même avec cela ils demeurèrent réticents mais la décision de la majorité l’emporta. Le point le plus important résidait en Diantra, et en attendant de reprendre les territoires que la Ligue avait spoliés, ils se devaient d’afficher un minimum d’organisation. Un prêtre de Néera assistait et lorsqu’ils se mirent d’accord sur les grandes lignes, Arichis lui dicta les mots à coucher sur le parchemin qu’ils allaient présenter à la délégation langecine qu’Enrico avait quitté, lançant des rumeurs parmi les courtisans.
Ensemble, les dignitaires rejoignirent la salle du trône où courtisans et délégation les attendaient. Prenant la parole, l’Anoszia remercia ses invités de leur patience et les félicita pour leur verve et diplomatie. Il fit signe ensuite à un camarade sybrond de s’avancer pour lire le traité, tandis qu’un autre en distribua un exemplaire à Gerald et Cavrour. - HRP:
Merci à Nik pour l'ossature du traité
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| | | Enrico di Montecale
Ancien
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| Sujet: Re: Pouvons-nous discuter? [Kahina - Maciste] Ven 15 Avr 2016 - 19:53 | |
| Au sein de la salle du trône régnait une ambiance étrange. Tant de sentiments divergents les uns des autres animaient les différents protagonistes. Si les Scylléens étaient dépités et coléreux, les Royalistes, quant à eux, semblaient aux anges. Sans doute devaient-ils jubiler intérieurement, à l’idée qu’un accord semble en passe d’être trouvé. Néanmoins, fallait-il encore que les Langecins, troisième reine de l’échiquier, valide cet accord. Voilà des ennéades que la délégation diplomatique avait séjourné en pays soltari, bien aux frais dans les vastes salles du palais ducal, alors qu’au dehors, l’été écrasait les petites gens de son implacable soleil, à la chaleur ardente. Au centre de la salle, entre tous ces nobles du sud-ouest, les Langecins attendaient, patiemment. Cavrour était appuyé sur une canne, le regard déterminé, tandis que Gerald, vêtu de ses plus beaux atours, semblait prêt à parader tel un paon.
Les portes s’ouvrirent, laissant finalement passer le Grand Argentier du Roi Bohémond, qui n’était nul autre que le Dragon de Calozi. L’homme d’âge mûr prit la parole, remerciant chacun pour sa patience, sa détermination, et toutes autres qualités que les gens aimaient entendre lorsqu’on les leur attribuait. Face à ce petit discours élogieux, la foule de nobles applaudit, protocolairement. Un grand sybrond, au teint frais et à la longue chevelure sombre, tendit un exemplaire du fameux traité à Cavrour. Gerald s’empressa de se placer à côté de son compagnon, pour mieux lire les différentes closes. Le vieillard, quant à lui, vit Arichis faire un signe à un autre homme, qui se saisit du texte.
« Nous n’aurons peut-être pas à le lire, finalement, mon ami. Il me semble que les closes vont être énoncées à voix haute. »
Gerald haussa les épaules.
« Allons, il vaut toujours mieux vérifier, chancelier. Ecoutez-moi donc, je suis un expert en la matière. »
Cavrour acquiesça lentement, un petit sourire aux lèvres. Le sir d’Ernolss ne ressemblait pas au paon que par ses guêtres, finit-il par se dire.
La lecture du Traité de Soltariel débuta, longue et lente. Monotone et solennelle. Le chancelier, ni le noble diplomate, n’en perdirent une miette. Ils vérifiaient également les inscriptions sur le magnifique parchemin de premier choix. Tout ce qui était énoncé était également écrit. Et à la fin de la lecture, l’élite sociale remit les couverts pour une nouvelle ovation, plus légère encore. Gerald était content. Pour lui, cela signifiait que tout était fini. Néanmoins, Cavrour plissa les yeux.
« L’article cinq et sept… »
Gerald, toujours souriant, ne l’avait pas entendu, trop occupé qu’il était à papoter courtoisement avec quelques nobles de la cour du Roi. Il se retourna.
« Je vous demande pardon ? »
« L’article cinq et l’article sept. Vous les avez bien lus, bien entendus ? »
Gerald acquiesça, tout en réfléchissant. Puis, il sembla se rappeler.
« Ho ! Oui, bien sûr. Sachez qu’en diplomatie, l’on ne peut tout avoir, mon cher. C’est le principe même de la concession. »
Il maintint son grand sourire, mais vit rapidement que le vieux chancelier revêche n’était pas d’accord. Il perdit de sa superbe.
« Qu’y a-t-il ? De toute façon, vous ne pouvez rien y faire, ce Traité doit être signé par la Duchesse Méliane, et son mari le Duc Oschide ! »
Cavrour soupira.
« C’est bien cela qui me fait peur, mon ami… Je savais à quel point le retour de Merval sous dominion langecin était cher à nos suzerains. Il nous faut nous hâter, et rentrer à Langehack pour connaître la réaction du pouvoir au Traité de Soltariel. Néanmoins, si le Duc pense comme moi, nous devrons à nouveau revenir et parlementer... »
Les épaules de Gerald d’Ernolss s’affaissèrent un peu. Puis soudain, il retrouva sa verve, et sourit.
« M’est avis que le Duché a bien plus besoin de vos services à domicile que moi-même. Après tout, mon frère est en mon château, rendant la justice en mon nom, et je me targue d’être le meilleur diplomate de notre belle Péninsule. Je pourrais très bien rester ici, pendant que vous vous rendez à Langehack, proposer ce Traité au couple ducal, bénis soient-ils. »
Cavrour gloussa légèrement.
« Votre orgueil me fait toujours autant rire. Dans le bon sens, cela dit. He bien, je pense que nous avons la solution. J’enverrai un pigeon vous prévenir de la réponse de nos suzerains. J’espère que rester ici plus longtemps ne vous incommode point. »
Gerald acquiesça. Il se saisit soudain d’une pâtisserie, qu’il attrapa en vol alors qu’un petit garçon basané passait entre les nobles avec un plateau d’argent. Fier de sa prise, il l’avala sans ménagement, mais avec toute la délicatesse due à son rang. Après avoir avalé ce met délicieux, un baba au rhum, il ricana doucement.
« Oh là là, que nenni… Croyez-moi, mon ami. Même l’un de ces Nordiens passionnés par la guerre ne saurait résister aux délices de Soltariel. »
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