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 Ce que cache parfois la brume

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Nimmio de Velteroc
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MessageSujet: Ce que cache parfois la brume    Ce que cache parfois la brume  I_icon_minitimeMar 1 Déc 2015 - 10:37

La brume matinale enrobait encore, dans toute la volupté de sa fraicheur marine, la citadelle de Fort Norkan en ce paisible matin d’été. Les affaires allaient bon train et les marchands médianais et nordistes échangeaient bruyamment avec leurs approvisionneurs Wandrais autour du cours de la fourrure et des baies locales vis-à-vis de l’acier et des armes Velteriennes où encore, du vin de Hautval.

Au fil des mois, ce qui n’était qu’un simple fort construit pour accueillir une garnison militaire s’était vu renforcé, puis agrandi. S’y était greffé un port de commerce que l’on ne cessait de déployer sur la mer. Des calles-sèches fleurissaient au fur et à mesure que le besoin de navires, marchands où de pêche se faisaient e plus en plus pressant. La population, quant à elle, ne cessait de croitre. Les guerres péninsulaires avaient eu cet effet secondaire que de jeter les plus désespérés sur les routes et de susciter les vocations d’aventurier chez les mercenaires en fin de contrat. S’étaient alors greffés au voyage, tout ce que le monde avait d’opportunistes et personnes de mauvaise vie, trop désireuses de tout recommencer à zéro où de faire fructifier leur commerce.

Les tributs wandraises locales avaient d’abord, pour la plupart été des plus dubitatives, voir franchement hostiles vis-à-vis de ces nouveaux-venus. Des combats avaient rapidement éclatés sans que leur intensité ne parvienne à remettre en cause cette installation. Mais rapidement, les tributs qui s’étaient montrées ouvertes aux échanges, au commerce, c'est à dire les Sicambres et leurs vassaux  y avaient trouvé leur compte. En effet, bénéficier des armes, du savoir faire et du soutien militaire des médianais, s’avérait d’un grand secours dans les guerres intestines que se livraient de nombreux clans. Ainsi, l’équilibre des alliances locales s’était-il rapidement inversé et avaient su bénéficier de la protection du fort et de ses alliés.

Malgré le retrait d’une partie de la garnison et des renforts nains, Fort Norkan demeurait inexpugnable pour les forces locales et gardait, avec ses cinq-cents soldats de métier, une capacité de projection dissuasive. A cela était venu s’ajouter des mercenaires péninsulaires dont le nombre variait au gré des conflits voisins, ainsi qu'une milice communale dont la principale mission était d’assurer l’ordre dans les rues et les échoppes. Enfin, des guerriers des clans wandrais amis stationnaient dans le fort, symboles vivants de l’alliance passée entre leurs chefs et le comptoir commercial.

L’ébullition régnait ainsi dans un fort Norkan dont la taille ne cessait de croitre et l’économie de se développer. Cependant, si beaucoup y trouvaient leur compte, il en était certains pour qui, cette enclave d’origine péninsulaire revêtait l’image d’une immonde tumeur à amputer promptement.

C’est ainsi que dans la brume s’avança finalement un bien triste messager. Le jeune homme, à la taille imposante et à la carrure digne d’un ours chevauchait une espèce de chevaux typiques des wandres. L’animal, plus petit et trapus que ses cousins péninsulaire ne semblait cependant pas craindre outre mesure de supporter un tel poids et balançait sa tête de droite à gauche, attendant que l’on ouvre les portes du fort à son cavalier.

Une fois la chose faite, il fut conduit auprès de Garulan de Riveruin, gouverneur du fort, ainsi que devant le conseil rapidement convoqué et dont les membres se rassemblèrent promptement. Ils avaient connu quelques situations d’urgence et se maintenaient sur le qui-vive afin d’assurer une plus grande réactivité en cas de danger.

Siégeaient ainsi face à ce jeune invité, Garulan en personne, secondé par Valeyran de Trys, responsable des armées du fortAutour d’eux demeuraient Milséan d’Antare, maitre des charpentiers et maçons du fort et Maximilien de Méternick, responsable de l’approvisionnement.

Le jeune homme s’avança alors et, mettant genoux à terre, présenta la situation qui l’avait amenée à franchir aussi vite une si grande distance.

Gouverneur, je suis Segvig, fils de Néru et guerrier de la tribu des Séginiens. Notre chef, le Roi Krell vous met en garde et demande votre assistance. Une immense coalition de tribus de l’est s’est mise en route et se rapproche de nos terres. Ils semblent innombrables et la tribu voisine des Némiéd a été exterminée jusqu’au dernier homme et leurs femmes et enfants réduits en esclavage. Des émissaires nous ont déposés un ultimatum, les rejoindre dans leur lutte contre vous où périr. S’il est de notre honneur que de demeurer fidèles à notre serment d’amitié, nous vous demandons aujourd’hui de répondre à votre devoir d’allié.

A peine eut-il fini qu’un léger brouhaha s’installa, chacun s’inquiétant de savoir pourquoi un tel rassemblement de tribus wandraises avait-il bien pu voir le jour et pourquoi, ils n’en avaient pas été informés plus tôt. La seconde question était bien évidement celle des moyens disponibles pour faire face à une telle menace…Mais rapidement, Garulan reprit la parole.

Cher ami, il est évident que Fort Norkan répondra favorablement à votre appel. Je demande à ce que me soit apporté de suite un vélin et qu’un message soit envoyé à Velteroc pour prévenir sa Grâce le Duc du Médian de la situation. Je décrète également la mobilisation générale de nos forces et qu’un contingent se tienne prêt à partir dans la journée afin de se rendre sur place et de temporiser le temps que nous rassemblions les effectifs suffisants. Envoyez un émissaire auprès de la confédération Sicambre afin de leur demander leur appui.

Tout le monde s’activa rapidement les ordres, à peine prononcés étaient retransmis par les intendants et couchés par écrit sous la main des scribes présents. De son côté, Garulan recevait les observations de Valeyran sur l’état des troupes, de leur équipement et de leur capacité de ravitaillement. Finalement, Garulan releva la tête en direction de son invité.

Jeune Segvig, retournes auprès des tiens et dit leur que nous arrivons. Dit leur également de retarder et d’éviter le combat autant que possible jusqu’à ce que nous soyons en mesure d’affronter nos ennemis.

Le jeune homme acquiesça et se releva, fier sous sa côte de maille d’origine Velterienne retouchée et décorée par les artisans de son clan, avant de saluer son ôte.

Gouverneur ! Il ne sera pas dit chez les miens que les Velteriens ne tiennent pas leurs paroles !

Il se retourna et disparut dans l’encadrement de la grande porte, non sans avoir jeté un regard aux deux gardes velteriens en en gardaient l’entrée.

Ainsi commençait… La Guerre des Wandres.


Dernière édition par Nimmio de Velteroc le Mer 20 Jan 2016 - 13:07, édité 1 fois
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Loup-Gris
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MessageSujet: Re: Ce que cache parfois la brume    Ce que cache parfois la brume  I_icon_minitimeJeu 21 Jan 2016 - 23:08


Le dernier homme capable de tenir une épée s’effondra dans un râle d’agonie, tombant d’abord à genou, avant de basculer vers l’avant, stoppé à mi-chute par l’épieu qu’il avait dans le thorax. Il tressaillit un instant, du sang giclant de sa bouche, puis cessa tout mouvement, emporté par la Mort au Pays Sans Retour. Tout autour, le carnage était complet ; tout avait brûlé, des habitations en torchis aux tentes de peaux ancrées dans le sol. Le raid avait conduit cinq clans de Wandrais à saccager ce village, qui avait été habité par les Sarnères. Ce peuple avait commis le pire crime aux yeux des Sigols de l’Est ; il avait pactisé avec l’ennemi, les Hommes du Sud. Le prix à payer était donc le plus cher, celui du sang et de la peur. Car plus que de l’hémoglobine, c’était de l’effroi qui fusait des lames des guerriers Wandrais. Une horde, d’une taille aussi importante, ne pouvait laisser personne indifférent. Et ça, Loup-Gris le savait.

Il était en compagnie de plusieurs autres chefs lorsqu’il apprit que les Sarnères avaient été massacrés. Pas tous, cependant. La plupart des hommes les plus capables s’étaient enfuis, espérant mener la guerre contre la Horde du Sigolsheim une autre fois. Cette victoire n’était donc qu’une simple escarmouche contre de faibles tirailleurs, cherchant à protéger leurs femmes et leurs enfants. Il y avait même encore des vieillards présents, quand tout avait brûlé. Le pillage avait rapporté à la fois alcool et nourriture, une prise satisfaisante, surtout avec un peu de ce vin étrange qui devait provenir de la Grande Tanière du Norkan. Loup-Gris y avait goûté. Ce n’était pas très fort, mais il n’avait pas trouvé cela très mauvais. Une fois dans le Fort, peut-être pourrait-il en trouver des barils entiers ?

Alors qu’il discutait des prochains mouvements avec Reddhar et Sidhi, deux grands Ulfednars traversèrent la grande tente de commandement, traînant un homme blessé avec eux. Il avait du sang qui coulait sur sa tête, et son arcade sourcilière semblait en mauvais état. Les deux molosses lâchèrent le pauvre hère sur le sol, le faisant tomber bien bas. Maugrim interrogea ses hommes du regard. Ceux-ci se regardèrent, puis l’un d’eux salua son chef en frappant son torse.

« Chef, on l’a trouvé dans les buissons. C’est un espion des Sarnères ! »

Le regard glacé de Loup-Gris se posa sur le prétendu agent, qui releva la tête. Sur son visage, il y avait autant de rage que de mépris. Nul doute que la Horde avait fait bien des dégâts pour tous, et notamment pour lui… Il voulut se relever, mais l’un des pandores posa son pied sur son échine, et le força à rester plaqué au sol. Il grogna, mais dut s’avouer vaincu. Immobile sur la terre ferme, il soupira. Maugrim regarda alors Sidhi, qui acquiesça d’un hochement de tête. Le chef des Ulfednars se pencha vers son prisonnier, et lui dit d’une voix forte :

« Alors, chien… Que comptais-tu faire contre moi ? N’ai-je pas massacré ton peuple, et réduit en esclavage les plus belles de ses femmes, et les plus forts de ses enfants ? Tu souhaitais être intégré au butin de guerre de l’un de mes confrères, peut être ? »


Reddhar laissa s’échapper un rire gras. Ce vieux porc avait reçu un magnifique lot de trois jeunes Némiéd vierges, offertes par Loup-Gris en personne. Il fallait toujours s’assurer la loyauté des plus balbutiants, et contenter les plus dubitatifs par autant de cadeaux que d’attentions diverses. Telles étaient les lois de la politique, si l’on voulait s’assurer un nombre suffisant d’alliés dans les Wandres. Maugrim, de ce point de vue, n’était pas en reste.

Le jeune espion releva une nouvelle fois la tête, soutenant le regard de son geôlier. Il lui cracha :

« Les Péninsulaires t’anéantiront… Ils viendront nous aider, avec leurs alliés de toute la région ! Ils vont venir te remettre à ta place, enflure de Loup ! »

Il reçut un nouveau coup de pied dans la colonne vertébrale, qui lui arracha un cri de douleur. Loup-Gris sourit, s’appuyant contre le tronc mort qui leur servait de table de fortune. Sidhi laissa s’échapper un léger rire suffisant, roulant des yeux, puis grattant sa vieille barbe de sa main droite. Maugrim se pencha un peu plus, pour arriver à l’oreille du prisonnier. Là, il lui susurra…

« Mais qu’ils viennent… J’y compte bien. »

Et sans crier gare, il referma sa mâchoire sur l’oreille du jeune homme, et lui arracha d’un violent coup de tête en arrière. Du sang gicla un peu partout, et l’espion se mit à lâcher des hurlements porcins et atroces. Les deux guerriers Ulfednars se regardèrent un instant, étonnés, puis éloignèrent le pauvre estropié de la vue de Maugrim, lorsque celui-ci leur fit signe qu’il ne souhaitait plus le voir. Le blessé fut évacué, alors qu’il criait toujours, traîné de force à l’extérieur, où l’attendait un triste destin… Loup-Gris se retourna vers ses alliés, et cracha le bout d’oreille, qu’il avait encore entre les dents, sur le côté. Reddhar s’esclaffa, tandis que Sidhi resta neutre et impassible face à ce qu’il venait de se produire. Appuyant ses mains sur le tronc mort, le meneur de la Horde du Sigolsheim jaugea les deux chefs de clans.

« Demain, nous irons raser d’autres villages. Mais soyez prudents. Des éclaireurs angals nous ont rapporté que des Sicambres commençaient à bouger. Je ne serais pas surpris que ces vils traîtres se rassemblent pour nous arrêter. Heureusement, ils ne savent pas combien nous sommes… »


Sidhi acquiesça, mais fit une petite moue.

« Loup-Gris, n’oublie pas que leur force ne réside pas autant dans le nombre que la nôtre. Ils sont dotés d’autres avantages, qu’ils pourraient utiliser. »


Reddhar souffla.

« Peuh ! Face à des milliers d’hommes, ils n’auront aucune chance ! Nous sommes les meilleurs combattants des Wandres, et nous n’avons jamais été vaincus ! »


La hardiesse du chef des Embrèlmes fit soupirer Sidhi. Mais Maugrim leva une main apaisante à son allié sequoï. Ensuite, il déclara :

« Je ne sous-estimerai pas nos ennemis. Demain, nous marcherons sur les Séginiens. Krell est un imbécile, qui pense que Fort Norkan peut lui donner pouvoir et protection. Nous allons lui prouver que face à nous, nul n’est à l’abri. Reddhar, qu’en est-il des clans du nord-ouest ? Se joindront-ils à nous contre les Sicambres ? »

L’intéressé fit non de la tête.

« Ils disent qu’ils préfèrent rester neutres… Quels pleutres… »


Loup-Gris grogna.

« J’ai l’impression que cette partie des Wandres a besoin de se rappeler qui la peuple… »
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MessageSujet: Re: Ce que cache parfois la brume    Ce que cache parfois la brume  I_icon_minitimeVen 5 Fév 2016 - 10:09

La brume était si épaisse que l’on n’y voyait pas à dix mètres. Clodion avançait prudemment sur la passerelle qui reliait les deux rives de la rivière grise. Le bois humide et légèrement glissant qui supportait son poids grinçait momentanément sous ses pieds, l’incitant à plus de prudence encore.

Quelques mètres derrière lui, les hommes de sa bande le suivaient. Ils avaient reçu pour mission de sécuriser les points de passage sur cette foutue rivière dont les berges, meubles et glissantes, conjuguées à un courant et une profondeur traitresse empêchait de facto une armée comme celle que Loup Gris avait rassemblée de traverser simplement sans prendre de gros risques.

Arrivé de l’autre côté, il avança de quelques pas, guettant le moindre bruit  suspect. Mais les seuls sons émis provenaient de ses suivants qui faisaient à leur tour grincer le bois sur lequel ils marchaient.

Ils étaient une petite centaine. Une force amplement suffisante pour ce type de mission. De quoi sécuriser les lieux et y établir une position défensive en attendant le gros des troupes. Et éventuellement de déloger les éclaireurs adverses qui auraient pu tenter de leur barrer la route.

Mais ils n’avaient pour l’heure rencontrés personne. Sans doute les exactions commises lors des premiers accrochages avaient-elles effrayés les Sicambres et leurs alliés, les amenant à se replier dans leurs oppidums et à s’y terrer comme des couards, attendant une aide inespérée.

Une vingtaine d’hommes avaient à présent traversés et les autres étaient pour un certain nombre sur le pont quant un léger craquement de brindille attira son attention. Un animal les observait-il ? A moins que…

Tchac !

Une secousse, un haut le cœur, et une perte d’équilibre. Clodion vit les arbres qui lui faisaient face tourner dans son champ de vision tendis qu’il s’écroulait sur le dos, un javelot en travers du thorax. Puis, il heurta le sol, le regard figé vers un ciel qu’il ne voyait plus.

Autour de son cadavre les choses s’accéléraient. Après la première vague de javelots, une seconde était venue, appuyée par des cris de guerre et une charge furieuse d’hommes tatoués et recouvert de peintures de guerres vertes.

Une mêlée s’était rapidement engagée, mais les hommes de loup gris étaient clairement dans une mauvaise posture. Trop peux d’entre eux avaient traversé pour pouvoir espérer tenir et nombre d’autres étaient coincés sur le pont, sans réelle possibilité d’action, tandis que les derniers ne pouvaient qu’observer, impuissants, le sort de leurs camarades depuis l’autre rive.

Repoussés toujours en arrière, les guerriers de l’est s’étaient faits déportés sur la côté du pont et leur reflux se faisait à présent vers la rivière. Les plus reculés d’entre eux avaient déjà de l’eau jusqu’aux chevilles tandis que les premiers tentaient désespérément de repousser l’ennemis. Mais que pouvaient-ils à quinze contre soixante ?  

Sur le pot, leurs camarades avaient bien tentés de les seconder dans une premier temps, mais s’étaient rendus à l’évidence, coincés comme ils étaient, ils ne pouvaient rien faire de plus et, la rage au cœur et sous une nouvelle salve de javelots qui précipita deux d’entre eux dans les flots bouillonnants, ils durent se résoudre au replis.

Un cor sonna alors de l’autre côté de la rivière et une nouvelle attaque fut alors lancée. Des Sicambres avaient également préparés un comité pour prendre l’ennemi par derrière. La Encore des javelots volèrent tandis que les hommes de Loups Gris formaient un mur de bouclier pour se protéger.

Nouvelle salve, suivie la aussi de cris de guerre et d’une charge tonitruante venant percuter les boucliers dans un grand fracas. La encore, l’ennemi était en surnombre. La bataille était clairement perdue.

De l’autre côté, leurs camarades avaient déjà étés complètement jetés dans la rivière où plusieurs s’étaient noyés. D’autres se faisaient promptement exécuter, tandis que les plus chanceux avaient lâchés leurs armes et équipements et tentaient à présent de se laisser porter par le courant vers des lieux plus sûrs.

L’arrière garde savait ce qu’il lui restait à faire : Tenir le temps que les derniers hommes du pont soient sortis de là et se replier le plus rapidement possible pour éviter les pertes inutiles.

Derrière eux, les derniers de leurs camarades venaient de quitter le pont et s’élançaient à présent vers les bois protecteurs où ils pourraient disparaitre. La formation se rompit alors d’elle-même et les hommes se débandèrent sous une dernière volée de javelots dont le résultat fut mince.

Retirant son Javelot de la poitrine de Clodion d’un mouvement rapide, Asvig regardait ses ennemis disparaitre dans la brume. Il avait réussi à garder le pont, sa mission était accomplie. Mais il savait que l’ennemi n’en resterait pas là et reviendrait avec des renforts. Il avait gagné du temps, mais ne disposait pas d’assez de forces pour espérer contenir la prochaine vague.

Il ordonna alors à ses hommes de récupérer les blessés et de détruire le pont avant de se replier vers la colline du corbeau. De là ils pourraient surveiller l’avancée ennemie en attendant que les Velteriens ne soient en capacité de leur apporter un soutien suffisant pour défaire cette colossale armée dont il avait vu les feux au loin.
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MessageSujet: Re: Ce que cache parfois la brume    Ce que cache parfois la brume  I_icon_minitimeJeu 18 Fév 2016 - 12:55

Loup-Gris resta stoïque quant à l’échec que l’on venait de lui rapporter. Devant lui, trois hommes se tenaient debout, deux d’entre eux ayant la mine basse. Le troisième, Garrik, était le chef du clan des Darnes. Son regard était posé sur le meneur proclamé de la Horde du Sigolsheim. Sous sa tête de loup, il n’y avait nulle once de colère, ni de mépris. Rien. Garrik, les cheveux en bataille, avait alors décidé de continuer son rapport.

« Les Séginiens ont été tenaces sur ce pont, et plus nombreux. De vrais ours. Pire, les Sicambres sont arrivés dans notre dos, pour nous frapper. . J’ai préféré mettre mon clan à l’abri en attendant la venue de tout le monde. J’ai agi pour le bien de mes guerriers, Loup-Gris. »


Le chef des Ulfednars acquiesça.

« Je sais, Garrik. Tu as bien fait. Tu as rempli ton rôle à merveille. »


« Mais le pont n’est pas à nous. D’ailleurs, il est cassé. »


« Ce n’est pas pour prendre le pont que je t’ai envoyé. Je devais savoir combien d’hommes le gardaient. Si les Sicambres se sont mêlés de cette histoire, c’est qu’ils sont plus proches que je le pensais. C’est très bien… Plus tôt nous les rencontrerons, plus tôt j’aurais ma victoire. »


Le Darne sembla perdre un peu de sa contenance.

« Mais… Loup-Gris, pourquoi ne pas m’avoir dit que c’était une mission d’éclaireur que tu me demandais d’effectuer ?! »

« Paix, Garrik. Si je te l’avais dit, tu ne te serais pas battu avec autant de hardiesse. Tu ne te serais même peut-être pas battu. Il fallait qu’ils se pressent à partir, pour que la horde puisse passer sans mener de combat. Ton sacrifice nous a ouvert la voie vers l’ennemi, et vers la victoire ! »

Garrik bouillonnait de l’intérieur. Il cracha par terre, puis sortit de la tente, accompagné de ses deux hommes. Maugrim soupira, puis se retourna vers Sidhi, qui le regardait d’un œil bienveillant.

« Crois-moi, mon ami. Tu as bien fait. »


Loup-Gris sortit rapidement de la tente de commandement. Aux alentours, chacun se préparait pour la bataille à venir. Il croisa les bras, étudiant de près tout ce remue-ménage. Des gros rondins étaient fixés les uns aux autres avec de la corde, comme d’immenses paillasses portables. De quoi traverser la rivière au sec. Les eaux ne seraient pas un obstacle pour longtemps. Pas pour les Sigols.




Les ponts de rondins furent glissés sur la rivière, par un immense contingent d’hommes. Plus personne sur l’autre rive pour les accueillir. Jusqu’à présent, les plans du Loup et de ses principaux stratèges portaient leurs fruits. Une fois les ponts placés sur le torrent, les différents clans se bousculèrent pour passer d’une rive à l’autre, se dépêchant d’enjamber l’eau vive. D’abord les Darnes, puis les Embrèlmes, et d’autres encore… Le gros des troupes levées par le Sigolsheim passait le pont au fil des heures, s’amassant sur l’autre rive. Aucune attaque à déplorer. Comme si le nombre avait suffi à dissuader toute escarmouche. Coincés sur leur point culminant, une colline trônant un peu plus loin, les Séginiens et quelques Sicambres devaient regarder d’un œil torve les Wandrais de l’Est traverser la rivière, alors que leur ancien pont avait été détruit. Hélas, ils n’étaient pas assez nombreux. Ils ne pouvaient pas attaquer sans que cela ne se révèle suicidaire.

Au milieu de la traversée, Loup-Gris rejoignit Kazvar Sans-Cheveux, le chef des Nussèques, tribu se couvrant la peau d’argile et de mousse. Son crâne glabre était recouvert d’un couvre-chef en écorce, et il humait l’air ambiant.

« Kazvar, où est Reddhar des Embrèlmes ? »


L’homme cligna des yeux.

« Parti. »


« Où ça ? »


« Dans les bois. Il cherche les troupeaux sauvages. »


Maugrim sourit. Osa avait donc eu une petite discussion avec le chef des Embrèlmes.

« Où nous rendons-nous, Loup-Gris ? »


« Près de leur maudite colline. Nous les forcerons ensuite à la quitter, pour qu’ils fuient dans les trouées forestières repérées par les espions angals. Nous marcherons en direction d’une grande clairière. Un lieu idéal, pour une bataille… »


Kazvar arqua un sourcil, tirant sur sa longue barbe.

« Mais qui te dit que les Sicambres et les Hommes du Sud viendront t’affronter là-bas ? »

Maugrim secoua la tête.

« Ils n’auront pas le choix. Si nous avançons plus avant, nous détruirons l’oppidum de Krell, et nous serions bien trop avancés dans le territoire pour qu’ils aient encore l’occasion de nous affronter dans un endroit dégagé avant leur Fort Norkan. Leur seule chance de combattre à ciel ouvert et avec une chance de victoire, c’est cette clairière. Mais j’ai un plan. »

Kazvar sourit, révélant des dents gâtées.

« Tu as toujours un plan, Grand Loup. »

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MessageSujet: Re: Ce que cache parfois la brume    Ce que cache parfois la brume  I_icon_minitimeMar 23 Fév 2016 - 10:36


La Bataille :
Acte 1 : Les préparatifs
Scène 1 : Le dispositif velterien


Garulan trônait fièrement sur son destrier couleur d'ébène, entouré qu'il était de ses conseillers et secondé par Asvig, le nouveau maître de guerre de la confédération Sicambre. La brume matinale venait de se dissiper et déjà les grondement de l'armée ennemie approchant résonnaient entre les arbres. Ils étaient nombreux, très nombreux. Asvig les estimaient à plusieurs milliers.

Le combat serait rude, mais si le nombre ne plaidait pas en leur faveur, les Velteriens et leurs alliés pouvaient compter sur leur entraînement, leurs techniques de combat et la qualité de leur équipement. En effet, lors des précédents engagement contre les Wandriens, ces trois qualités s'étaient montrées déterminantes et avaient assez facilement fait pencher la balance en leur faveur.

La ligne de front était solidement préparée. Le centre était occupé par une phalange composée d'hommes d'arme Velteriens, renforcés par des mercenaires recrutés pour l'occasion. Sur sa gauche et sa droite, se déployaient deux  contingent de Sicambres, équipés à la médianaise, à savoir côtes de mailles, de boucliers larges, de casques en acier, de lances et d'épées longues.

Ce que cache parfois la brume  979857Piquiersvelteroc

Enfin, derrière eux se déployaient deux lignes d'Arbalétriers Beltrodois, équipés de côtes de mailles, pavois et surtout, de leur légendaires arbalètes lourdes dont l'efficacité n'étaient plus a démontrer. Parmi eux, certains disposaient d'une arbalète différent, plus volumineuse et qu'aucun Wandrien n'avait vu en action. Nul doute qu'il s'agissait là de prototype issus de la réputée guilde des Arbalétriers Beltrodois dont les talents étaient reconnus dans toute la péninsule.


Une troupe de chevaliers Velteriens engoncés dans leurs armures lourdes des grands jours, détonnant avec l'ambiance traditionnelle des conflits locaux, se tenait en retrait, prête à frapper là où il en serrait besoin, tandis que des tirailleurs et éclaireurs confédérés occupaient les bois de part et d'autre de la plaine afin d'éviter tout contournement. Si les hommes de ce Loup Gris avaient l'ambition de poursuivre jusqu'à Fort Norkan, il leur faudrait trouver un moyen de surmonter cet obstacle de taille qui se dressait face à eux.
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MessageSujet: Re: Ce que cache parfois la brume    Ce que cache parfois la brume  I_icon_minitimeVen 4 Mar 2016 - 10:01

Les brumes du matin s’étaient dispersées, lorsque les ardents rayons solaires avaient étendu leur empire sur la terre, chassant la rosée et réchauffant l’air ambiant. Dans la clairière, une armée s’était préparée à en affronter une autre. Et bien que les forces engagées fussent loin d’être égales l’une à l’autre, sous-estimer les Velteriens et leurs alliés Sicambres était une méprise à ne surtout pas commettre. Face à l’avantage numérique, les Hommes du Sud avaient apporté des machines sur lesquelles étaient montés des arcs, et de longues piques qui pouvaient arrêter un homme avant qu’il n’ait le temps d’armer son coup. Bien à l’abri dans leurs armures rutilantes, ils faisaient insulte à l’Art ancestral de la Guerre, tel qu’il était dans les Wandres jusqu’à leur arrivée. Un ennemi redoutable, qui ne respectait pas les anciens rites, ni le mode de pensée des autochtones. La trahison culturelle des Sicambres était une plaie que Loup-Gris s’était juré de nettoyer.

Voilà quelle était l’image véhiculée par les chefs à un bon nombre de Sigols. Fort-Norkan leur semblait être l’Antre des Démons, alors même qu’ils ne l’avaient jamais vu. Les hommes dans la clairière étaient censés avoir la peau sombre sous leur armure, et leurs yeux devaient rougeoyer comme la braise. Car devant lui, le Sigol ne voyait pas un Homme, mais un Démon. Sous la protection des Esprits, et des Dieux, chaque guerrier des clans s’arma et se couvrit le corps de peinture bleue, verte, rouge, blanche… Ainsi ils reconnaîtraient les leurs. Sous le regard funeste du corbeau, des sorcières et des chamanes, autant de femmes aux pouvoirs mystiques, car la magie n’était pas affaire d’homme véritable en ces terres, les clans de la Horde du Sigolsheim se rassemblèrent, et leurs chefs se souhaitèrent à chacun la bonne fortune, jurant sous l’étendard commun qu’aujourd’hui serait jour de victoire.

Soudain, derrière l’épaisse canopée précédent la clairière, le son d’un carnyx isolé émit son bruit de trompette terrifiant, chassant quelques oiseaux dans les arbres. Quelques secondes par après, un millier d’autres répondirent à l’appel du musicien solitaire, apportant une cacophonie apocalyptique aux alentours.


Un nuage noir de volatiles se dispersa alors, des nuées d’oiseaux effrayés par ce son infernal, battant de leurs ailes avec bruit pour s’enfuir à toute vitesse. Une minute sembla s’écouler, avant que la première ligne des Wandrais n’apparaisse à la lisière des arbres, hurlant leur envie d’en découdre avec une énergie bestiale. Ils avançaient en marchant, mais dans leur sang bouillait la haine, la rage, et l’envie d’en découdre. Certains lançaient déjà des invectives, tandis que d’autres entonnaient des chants guerriers, levant haut leurs multiples bannières, et agitant leurs lances en l’air, pour ceux qui n’étaient pas armés des traditionnelles haches et masses. La forêt semblait vomir une masse grouillante et infinie, tant les lignes se succédaient sans qu’il ne semble y avoir de fin. Certains grands chefs montaient des chevaux, mais la plupart se pavanaient à dos de bœuf des Wandres, un animal emblématique, dont Osa avait prédit qu’il serait la clé de la victoire.

Les Sigols se réunirent tous en une immense marée, prête à déferler sur le mince contingent péninsulaire, et marcher sur la confédération sicambre sans se trouver le pied léger. Tous en lignes, alors que beaucoup de Wandrais restaient encore à l’abri de la forêt, la première, deuxième et troisième rangée fit un pas en avant, et avec force intimidation et gestuelle obscène, tenta de provoquer les Sicambres en les traitant de tous les noms, et en insultant leurs ancêtres. Un guerrier plus fanatique que les autres hurla, et, armé d’un couteau, se coupa la poitrine pour montrer qu’il ne connaissait ni peur, ni douleur, et que victoire serait sienne. Et celle de son clan.

Loup-Gris était au milieu de tous ces hommes, en compagnie de plusieurs grands chefs Sigols. Ils regarderaient la bataille, et géreraient eux-mêmes les signaux sonores des carnyx, car ils avaient décidé de garder leur plan pour eux, craignant un éventuel espion ennemi. Pour l’heure, son regard gris était posé sur ses hommes, ses fiers combattants. Ulfednars, Angals, Darnes, Embrèlmes, Nussèques, Faces-Brûlées, Séquoïs, et des myriades encore… Tous avaient répondu à l’appel. L’un des plus grands rassemblements wandrais depuis des lustres et des générations.

Il ne devrait décevoir personne.
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MessageSujet: Re: Ce que cache parfois la brume    Ce que cache parfois la brume  I_icon_minitimeLun 14 Mar 2016 - 12:52

TchacTchacTchacTchacTchacTchacTchac faisait la pluie de carreaux d’arbalètes en s’abatant sur la horde informe des wandriens, prélevant leur tribut avec l’aplomb et la froideur de la justice divine. Les morts s’écroulaient net, dans un rictus d’agonie tandis que les blessés qui s’écroulaient finissaient invariablement piétinés par leurs camarades.

Aux sons des cors de leurs maitres, les barbares avaient lancés l’assaut et traversaient à présent la distance qui les séparait des lignes coalisées. Rien ne semblait pouvoir les ralentir tant leur fureur et leur soif d’en découdre était grande. Si bien que l’on aurait pu jurer que chaque mort dans leur rang les galvanisait d’avantage.

De leur côté, les Velteriens et leurs alliés ne se laissaient pas impressionner. Ils avaient déjà connu la fureur des hommes du nord et connaissaient leurs forces et leurs limites. Mais il s’agissait tout de même ici d’une horde dont la taille dépassait toutes les estimations.

Les arbalétriers beltrodois accomplissaient leur besogne avec leur efficacité habituelle, tirant grangée après rangée, abrités derrière leurs immenses pavois, chaque salve succédant à la précédente de quelques secondes. Parmi eux, les porteurs des nouveaux prototypes semblaient s’en donner à cœur joie. Leurs nouvelles armes leur permettait de tirer, si ce n’est dix, au moins cinq fois plus vite que leurs camarades, sans perdre en puissance. Il ne faisait nul doute désormais que ces armes étaient promises à un grand avenir.

Inexorablement la masse hurlante approchait des rangs ordonnés et scintillant sous les rayons du soleil qui parsemaient à présent le champ de bataille. La phalange abaissa ses longues piques et les rangs se resserraient afin d’encaisser l’impact frontal. Les hommes étaient sereins, ils avaient confiance en leur capacité et en leur équipement. Il ne leur ferrait pas faux bon. De part et d’autres, les Sicambres s’étaient eux aussi préparés et répondaient aux hurlements ennemis par leurs propres chants gutturaux.  

BLAM !

La vague déferlante vint frapper la ligne étincelante dans une cacophonie faite d’entrechoquement de métal et de hurlements d’agonie. Les piques de la phalange venaient d’arrêter net la charge furieuse lorsque les premières lignes de cette dernière s’étaient littéralement empalées dans les sept rangées de pointes acérées qui leur barrait la route avant tout espoir de corps à corps.

A droite et à gauche, les javelots Sicambres fusèrent, puis les lances furent armées avant l’impact qui se produisit une seconde plus tard. Une mêlée féroce s’engagea alors et les lames étincelantes furent rapidement souillées de sang.

En retrait du front, Garulan observait la scène avec attention, dispensant ses ordres ici et là. Si la phalange avait, comme prévu, facilement contenu l’impact, les Sicambres connaissant d’avantage de difficultés et semblaient reculer sous le poids du nombre. Les tirs des arbalétriers fur alors réorienté sur les flancs afin de desserrer l’étreinte mortelle de l’ennemi.

TchacTchacTchacTchacTchacTchacTchac. Une nouvelle fois, avec la régularité d’un métronome, la pluie de carreaux s’abattit sur l’ennemi dont les fantassins commencèrent à s’abriter sous leurs boucliers, réduisant d’autant leur poussée et permettant aux Sicambres de souffler quelque peut. La reculade était terminée et rapidement, une contre-poussée s’engagea.
Au son des tambours de guerre, la phalange se mit à avancer. Le premier rang avait délaissé la pique pour dégainer l’épée plus appropriée au corps à corps qui avait fini par s’installer, tandis que les rangs arrière continuaient à le soutenir de ses armes d’hast. Dans une synchronisation efficace, les velteriens renversaient le premier rang ennemi, piétinant les malheureux qui s’étaient écroulés et repoussaient leurs vis-à-vis, comprimés entre un marteau wandrais et une enclume médianaise bien décidée à les écraser.

C’est à cet instant que sortirent de bois un attroupement d’archers ennemis, dont les flèches ne tardèrent pas à pleuvoir pour soutenir leurs camarades mis à mal par la vigueur des péninsulaires et de leurs alliés.

Intégrant cette nouvelle équation dans ses calculs,  Garulan détourna une partie de ses arbalétriers pour affronter cette nouvelle menace et la forcer, par la supériorité de précision et de portée des armes à se mettre à couverts et diminuer par la même occasion leur puissance de feu.

La situation sembla alors se stabiliser positivement, la phalange semblant désormais sur le point de briser la formation ennemie qui, malgré sa supériorité numérique ne parvenait pas à arrêter sa poussée. La victoire était désormais à portée de main et la cavalerie velterienne se préparait à donner le coup de grâce par une charge sur le flanc gauche lorsque soudain…

Ce que cache parfois la brume  929060Bataille


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MessageSujet: Re: Ce que cache parfois la brume    Ce que cache parfois la brume  I_icon_minitimeLun 21 Mar 2016 - 14:22


Une lance s’enfonça dans la poitrine de l’un de ses camarades, et Rohda vit ainsi mourir l’un de ses nombreux frères, Karren, dont le sang giclait par la bouche, et la main bataillait avec un ennemi imaginaire, alors que son corps s’effondrait peu à peu dans le sol. Avant que le Velterien ne puisse lâcher la lance, Rohda l’attira vers lui, et il tomba à terre. L’un de ses camarades le crut mort, et voulut combler la ligne, l’écrasant sous ses bottes de plates. On n’entendit pas ses hurlements dans le capharnaüm ambiant, ni ses appels à l’aide, bien qu’il en tenta plusieurs. Rohda faisait face pour l’heure à son nouvel ennemi, armé d’une épée. Evitant soigneusement la pique de son petit copain de derrière, il feignit de frapper vers la gauche, avant de lui sauter à la gorge par l’autre côté, enfonçant sa lame sous son aisselle, là où l’armure était la plus faible. Le cœur touché, l’homme s’effondra sans un râle, ou celui-ci fut bien étouffé par son heaume.

Un autre camarade prit sa place, mais entre-temps, Rohda regarda la situation autour de lui. Ses frères beuglaient et frappaient avec férocité, mais les longues piques des Hommes du Sud les mettaient en bien fâcheuse posture. Il voyait également les Sicambres se ragaillardir, après avoir essuyé la furieuse charge des Sigols. L’ennemi se présenta enfin au valeureux Rohda, qui évita une nouvelle fois un coup de pique, avant d’engager une passe d’armes effroyable avec le soldat armé d’une épée. La lame fusa une dernière fois, faisant gicler le sang péninsulaire à nouveau. Le vaincu, cette fois, hurla comme un pourceau, saisissant son moignon et gigotant comme un forcené. La confusion régna un temps, permettant aux Velteriens d’évacuer leur blessé vers l’arrière. Entre-temps, Shagga, un vieux barbu des Séquoïs, se porta à l’oreille de Rohda.

« Les Sicambres se réorganisent. C’est de la faute de ces connards de Wuutans, je crois. Ou bien c’est encore ces flemmards d’Osverniens. Comment tiennent les Lambrons ? »

Rohda abattit son fer sur le crâne du prochain ennemi, non sans récolter à son tour une belle cicatrice sur le torse, lardée par une pique qui avait manqué de l’embrocher. Il poussa d’un coup de pied le cadavre péninsulaire, qui rentra dans la ligne de piquiers. Néanmoins, il était visible que ces derniers gagnaient du terrain. Il dit alors à Shagga, toujours concentré sur son combat :

« On tient. Mais ils avancent bien. Ces lâches se battent comme des filles, avec leurs armures et leurs longues piques. Ils nous craignent, et ils le montrent. Mais ils résistent bien. C’est étrange. »


Une pique s’enfonça soudain dans le crâne de Shagga, et ce dernier fut pris d’étonnantes convulsions, comme si les Esprits avaient choisi son corps pour mener bataille avec lui. Cependant, il ne fit que gesticuler dans tous les sens, lâchant son arme et lançant des borborygmes incompréhensibles. Rohda ne put le venger, car il fut obligé, comme bon nombre de Wandrais, de laisser son camarade se faire piétiner par les lignes péninsulaires. Il ragea, pesta. Quand est-ce que les chefs allaient-ils faire marcher ce fameux plan ? Ils n’en avaient pas parlé, mais ils devaient le faire, sinon, l’assaut sigol pourrait bien se transformer en retraite préventive, afin d’éviter les pertes superflues.




Loup-Gris prit la corne des mains de son porteur, et prit une grande inspiration. Lorsqu’il souffla dedans, un bruit tonnant et vibrant en sortit, usant de toute sa cage thoracique pour que le son soit bien entendu au-delà du brouhaha des armées qui s’écharpaient.





Le tonnerre se fit peu à peu entendre dans la plaine, alors que depuis les forêts qui flanquaient les deux camps qui se mesuraient par la force des armes, des bruits de charge se faisaient l'écho de la peur. Soudain, un grondement sourd, et des cris humains, menaçants et gutturaux. En réalité, à l’intérieur de la forêt, une scène venue d’un autre temps se jouait. Depuis les fourrés, des chasseurs sigols se levaient d’un bond, couverts de lisier puant, et armés d’une lance,  hurlant comme les prédateurs qu’ils étaient face à leur gibier. Quel était ce gibier ? La plus grande menace qui pouvait s’abattre sur les hommes. Apeurés par la vue des chasseurs, et dérangés par leur odeur pestilentielle, des bœufs des Wandres chargeaient pour éviter leurs poursuivants, slalomant entre les différents hommes qui se levaient depuis les buissons. Leur parcours avait l’air chaotique, et pourtant, les chasseurs wandrais les guidaient vers un chemin bien précis.

Devant l’immense harde de bœufs renâclant, un autre bœuf wandrais courait, à quelques encablures. Ce dernier était cependant dressé, et monté par l’être le plus fou, ou le plus courageux de la Horde du Sigolsheim. Reddhar des Embrèlmes aiguillonnait son bœuf de guerre personnel, alors qu’il veillait en même temps sur l’une des progénitures des bêtes qui le poursuivaient. Il avait kidnappé l’une de ces choses encore assez petite, provoquant la colère de la harde. Mais plus encore, il devait foncer à un endroit bien précis du champ de bataille, et l’orée de la forêt n’était pas loin. Avec un cri de guerre, il talonna encore un peu son bœuf, chargeant à une vitesse ahurissante. Les arbres se clairsemaient, et le son de la corne de Loup-Gris résonnait encore sur le champ de bataille. Le timing était parfait.

Une immense harde de bœufs des Wandres, rendus fous par la vue des chasseurs, et par le vol de l’un de leurs petits, sortit de la forêt en beuglant de leurs petites trompes, chargeant en direction des rangs sicambres, dont les yeux s’écarquillaient devant l’horreur d’une telle vision. Habile, Reddhar se dirigea vers les rangs des ennemis, tandis que les Sigols, voyant ces véritables mastodontes courir vers les rangs hostiles, se retiraient un peu de la bataille tout en lançant des acclamations de joie. Reddhar eut tôt fait de lancer le petit veau dans les rangs des Sicambres, ces derniers beuglant devant la harde grondante qui leur chargeait dessus.

Le choc fut apocalyptique. Des corps volèrent en l’air, retombant sur leurs camarades, ou sur le sol, brisant les os et la volonté de se battre, éclatant en mille morceaux tout espoir de victoire. Le flanc sigol ainsi libéré se replia vers le centre, afin de venir grossir la masse grouillante qui faisait face aux Velteriens, qui n’étaient eux-mêmes plus si sûrs d’avoir envie de se battre avec cette harde gigantesque qui cinglait dans leur direction. La déroute sicambre sur le flanc gauche de l’armée ne faisait aucun doute, et Loup-Gris savait qu’une telle horreur suffirait à faire pencher la balance au niveau psychologique. Les bêtes étaient déchaînées, et rentraient dans le lard de toute personne qui se présentait sur leur chemin. Peu d’hommes souhaitèrent affronter pareille colère de la nature, et tentèrent de se replier.

Afin de donner le coup de grâce à toute tentative de réorganisation, Loup-Gris décida alors de balayer les fondations du courage de ses ennemis, en donnant un nouveau coup de trompe. Là, cette fois, ce fut le reste de la Horde qui apparut depuis la forêt, hurlante et grouillante, montrant qu’il restait encore beaucoup de Sigols derrière les arbres, qu’il faudrait tuer. Cette vision, couplée à celle des bœufs des Wandres chargeant dans les rangs ennemis, devait suffire à leur inspirer une terreur sans nom. Partout sur le champ de bataille, le chaos régnait. Il envahissait le cœur des hommes, et la tête des généraux. Face à tant d’entropie, comment pouvaient-ils réagir autrement ?
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MessageSujet: Re: Ce que cache parfois la brume    Ce que cache parfois la brume  I_icon_minitimeLun 4 Avr 2016 - 12:26

Garulan avait observé les mouvements ennemis avec beaucoup d’attention. Il avait bien senti, à la ferveur des wandriens que leur assaut frontal n’avait pas pour vocation d’essayer de pénétrer les rangs de la coalition. Mais de là à deviner qu’un gigantesque troupeau de créatures sauvages allait être utilisé comme un gigantesque bélier vivant pour briser la ligne formée par les Sicambres, il y avait un pas qu’il n’avait pas franchit. Ainsi, ces grandes créatures endémiques pouvaient-elles s’avérer être de redoutables armes de guerres. Il s’en souviendrait.

Le repli hâtif, pour le pas dire la débandade, Sicambre, bien que parfaitement compréhensible, venait de littéralement faire s’effondrer les espoirs du stratège médianais. Lorsque l’on est en infériorité numérique, il est quasiment impossible de colmater une brèche telle que celle qui venait de s’ouvrir. Et elle exposait à présent le flanc de la Phalange qui allait rapidement devoir se réorganiser si elle ne voulait pas être flanquée puis écrasée. La retraite générale était la seule issue possible.

Les bœufs des wandres ayant retrouvés leur petit se mirent instinctivement à attaquer tout ce qui leur paraissait être une menace, encornant et piétinant les malheureux qui s’approchaient d’eux. Les wandriens qui s’étaient écartés pour éviter leur charge fonçaient à présent droit sur la phalange qui se réorganisait hâtivement dans une formation défensive, tandis que les tambours entonnaient le rythme du repli ordonné.

Les hommes de la coalition commencèrent alors à reculer en bon ordre tandis que les arbalétriers Velteriens faisaient leur possible pour enrayer l’inexorable avancée ennemie. Sur le flanc qu’avaient déserté les Sicambres, la masse informe des hordes wandraises se rapprochait dans une charge furieuse, galvanisée par la promesse de victoire, des flancs de la phalange. Les barbares visualisaient déjà les cadavres de leurs ennemis gisants sur l’herbe piétinée lors que soudain.

BRRRRRRRRRRRRRRR

Ce que cache parfois la brume  670340ChargeMatinaleend

Sentant le sol trembler, sous ses pieds, Sangost, fier guerrier Sigols pensa un instant que ce phénomène venait de la masse grouillante de ses compatriotes… mais rapidement, le grondement sourd s’amplifia, si bien qu’il détourna finalement le regard de sa cible pour voir un spectacle qui le frappa de stupeur.

La cavalerie Velterienne, jusqu’ici restée en retrait et dissimulée derrière un bosquet leur arrivait droit dessus et, la distance qui les séparaient d’elle était bien trop courte pour qu’une tentative de réorganisation puisse avoir lieu. A sa tête, l’étendard personnel du gouverneur de fort Norkan à la couleur sombre, sertie d’une lune et d’étoiles d’or. A ses côtés, nul autre que Garulan en personne qui venait secourir ses hommes en pleine bataille !

A peine Sangost eut-il le temps de hurler un avertissement, qui se fit l’écho de ceux de ses camarades qui avaient vu le même spectacle, que les destriers ennemis s’enfonçaient dans les rangs abasourdis et terrorisés des Sigols, écrasant les hommes qui avaient échappées aux lances d’arçon.

Rapidement, la cavalerie, après avoir prélevé son lot de vies et avant de s’embourber dans un corps à corps, obliqua vers la droite, ressortant de la mêlée tandis qu’une seconde vague venait frapper l’aggloméra ennemi et ainsi desserrer l’étreinte qui  essayer de se refermer sur la phalange. Cette dernière en profita alors se replier plus ardemment tandis que leurs adversaires se repositionnaient défensivement en vue de se protéger des assauts de ces nouveaux venus.

La première vague revint alors à la charge et frappa une dernière fois les rangs ennemis qui commençaient finalement à se reformer et à se réfugier derrière un mur de bouclier. Une autre charge serrait désormais coûteuse en vie, aussi, la cavalerie se mit elle en retrait. Derrière elle, les hommes de la coalition disparaissaient dans les bois, libérés de toute poursuite.

Les wandriens venaient de connaitre la fureur de la cavalerie médianaise et, cette dernière continuant à leur faire face, ils savaient désormais ce qu’il se passerait s’ils rompaient leurs formations compactes pour se lancer à la poursuite de l’ennemi. De plus, bœufs des wandres, toujours aussi agressifs menaçaient leur flanc droit d’une peu probable, mais éventuelle charge.

Ils décidèrent finalement d’avancer lentement, en formant un mur de bouclier impénétrable tandis que leurs archers, à l’abri de toute charge, pouvaient alors forcer les chevaliers à refluer lentement vers les bois.

Ces derniers, après qu’ils furent certains que tous les hommes de la coalition en état de le faire aient pu se replier et organiser une retraite sécurisée, quittèrent à leur tour le champ de bataille, laissant la victoire aux hommes des forêts.

Nul doute que l’arrière garde velterienne avait organisé, avec l’aide des Sicambres, des points d’embuscades et truffés, une fois les chevaliers passés, les chemins de chausse-trappes rendant périlleuse toute poursuite pour l’ennemi. Il faudrait à présent organiser la défense des  différents oppidums de la coalition… et surtout, de ce qui semblait être la cible des barbares : Fort Norkan lui-même.

Ainsi prenait fin la bataille…
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MessageSujet: Re: Ce que cache parfois la brume    Ce que cache parfois la brume  I_icon_minitimeSam 16 Avr 2016 - 11:28




La Horde exultait. Au soir de la bataille, après que les morts fussent tous enterrés, brûlés, ou embaumés, selon les traditions de chaque clan, place à la fête ! Tout avait commencé par une cérémonie religieuse commune, celle du remerciement aux dieux sigols. Les coven des alrunes avaient été réunis en masse pour la consécration de la victoire. Beaucoup de prisonniers furent sacrifiés sur les autels sanglants, et le dieu de la forêt, Unhar, fut loué pour leur avoir envoyé le soutien de ses créatures. Il avait été décidé que cette harde ne serait pas chassée pour être consommée, et que la viande du dîner serait celle des morts, et celle d’un autre troupeau. De plus, les réserves des anciens oppidums passés au fil de l’épée venaient grossir le festin organisé par les chefs de tous les clans. Tous ensemble, les Sigols mangeaient, buvaient, et riaient ensemble.

Comme toujours, dans un endroit où était réuni autant de clans au passé parfois agité, des bagarres éclatèrent entre plusieurs hommes, souvent pour des histoires d’esclaves, de prisonniers, ou pour la prétendue mollesse de certains sur le champ de bataille. Ainsi quelques Lambrons s’employèrent à rappeler aux Osverniens à quel point la bataille aurait pu être plus rapide s’ils n’avaient pas été aussi engourdis. En règle générale, pourtant, lorsque la bière et l’hydromel coulaient à flots, les esprits tumultueux des Sigols se calmaient, pour laisser place aux blagues, aux histoires, et aux fraternisations de masse. En l’espace de quelques minutes, par exemple, une triple alliance fut conclue dans les brumes de l’alcool, entre les Sénoris, les Havrains et les Embucètes, leurs trois chefs s’étant trouvé une soudaine et commune passion pour l’eau-de-vie dite du ‘Brasier des Dieux’.

Loup-Gris avait félicité tous les chefs, et avait été porté en triomphe jusqu’à ses prisonniers et ses esclaves, dont la moitié avait été sacrifiée à ses cruelles divinités. Il avait rencontré sa fille, qui avait mené la charge avec les Deux-Peaux, et l’avait couverte d’éloges, lui choisissant l’homme le plus beau de ses captifs pour lui offrir. Le fils de Maugrim, Surt, s’était distingué sur le champ de bataille, en éventrant quelques beaux Péninsulaires. Le père lava la dette de sang de son fils, et rompit le serment de surveillance que Gotrek, son meilleur ami, avait engagé suite à cette fameuse nuit à Karras. Quant à Sigra, toujours engrossée, le teint frais, et une jolie plaie qui se transformerait en cicatrice sur le bras, elle embrassa sauvagement son compagnon, follement heureuse que leur enfant, qu’elle portait encore en elle, participât à sa première bataille avant même d’avoir vu le jour.

Quelques heures passèrent, et Loup-Gris, qui avait dû refuser poliment de participer à un concours de boisson, s’était retiré des feux de joie, laissant à son ami Gotrek sa place pour la fameuse compétition. En dehors du camp, les Wandrais les plus fanatiques et les plus paranoïaques avaient établis des sentinelles, des tours de garde, et des expéditions d’éclaireurs, afin de palier à toute éventuelle contre-attaque. Parmi eux, beaucoup d’Ulfedhnars. Maugrim y tenait. Il marcha encore, jusqu’à une grotte sortant du sol, au-dessus d’un immense pin fourni. Les racines traversaient la pierre, et son tronc gémissait. Il tomberait un jour, mais pas maintenant.


A l’intérieur de la grotte, on pouvait entendre les borborygmes d’une trentaine de femmes, en train de psalmodier, pendant qu’une voix d’homme hurlait à s’en déchirer la gorge. Un bruit inhumain retentit à l’intérieur de l’aspérité rocheuse, et soudain, plus un bruit. Même l’arbre avait arrêté de gémir, comme si lui aussi avait décidé de se taire.

Là, devant Loup-Gris, une forme sombre apparut, sortant de la grotte. Même dans l’ombre, Maugrim pouvait aisément reconnaître sa mère, celle qui l’avait mis au monde. Et pourtant, les dieux savaient qu’il en avait une peur bleue. Il s’éclaircit la gorge.

« Que disent les Esprits ? Sont-ils contents du sacrifice ? »


Osa fit un sourire carnassier.

« Les organes d’un Prince. Oui, ils sont satisfaits. Ils m’ont parlé… »


Fasciné, le meneur de la confédération sigole se rapprocha d’un pas, pendu aux lèvres de sa mère.

« Qu’ont-ils dit ? »


La chamane leva un doigt en l’air, et une main vers Loup-Gris. Ce dernier se braqua, envahi soudain par la crainte d’un quelconque sortilège. Sa mère fit monter son doigt plus haut, et Maugrim ne put réprimer l’envie de regarder ce qu’elle montrait. Levant la tête, et se retournant, il fut complètement ébranlé. Ebahi, il observa la lune. Elle était rouge sang, et une nuée de corbeaux semblait se précipiter vers elle, croassant avec verve. L’Ulfedhnar recula, attrapant son arme instinctivement. C’est alors qu’Osa s’exprima, avec une voix profonde.

« Les Corbeaux ont eu peur, aujourd’hui. Ils s’en vont vers le Crâne du Prédateur, là où ils se croient en sécurité. Maints oppidums tu verras encore, avant la victoire finale. C’est de ton propre sang versé qu’elle viendra, et celui des guerriers te suivant. Tu as la bénédiction d’Ulwaah, déesse de la Lune. Elle provoquera les cauchemars dans les esprits de tes ennemis, et les empêchera d’atteindre le sommeil. L’Andálír te soutient. Les Esprits te conseillent. Et je suis leur Voix sur la terre des Hommes. »

Loup-Gris acquiesça, se mettant à genou.

« Que dois-je faire ? »

Osa sourit, et écarta les bras, le visage vers le ciel.

« Marche sur les derniers oppidums. Tue les Sicambres et leurs alliés. Après, seulement, tu t’occuperas des Péninsulaires. »

Elle abaissa les mains, puis le visage.

« Car c’est pour venger l’affront fait aux dieux, qu’ils t’ont envoyé tuer les traîtres. Leur faute est grave. Ils ont pactisé avec les Pentiens. Ils se sont vendus aux Péninsulaires. Qu’ils le paient de leurs vies. »
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MessageSujet: Re: Ce que cache parfois la brume    Ce que cache parfois la brume  I_icon_minitimeMar 28 Juin 2016 - 6:55

Les cliquetis mécaniques résonnaient en cœur dans la fraicheur de cette belle matinée ensoleillée. Cependant, l’enthousiasme n’était pas ce qui caractérisait les hommes du Médian, mais plutôt l’amertume. Avoir du se replier pour la première fois était, il est vrai, une épreuve. Mais l’avoir fait dans de telles conditions et cela face à des sauvages non civilisés et après une ruse aussi grossière que brutale, ne passait pas.

Les portes de Fort Norkan s’ouvrirent alors afin de laisser rentrer la grande colonne Velterienne et de ceux de ses alliés qui avaient souhaités les raccompagner pour préparer la suite. Car suite il allait y avoir. L’ennemi n’était pas de ceux à accepter des compromis où à récupérer une terre et s’en satisfaire.

Non, il s’agissait là d’un adversaire résolu et absolu qui ne cesserait les hostilités que contraint et forcé. Les éclaireurs, laissés en arrière afin de surveiller les mouvements ennemis indiquaient que ces derniers s’étaient mis en route, non pas comme initialement imaginé, vers Fort Norkan dont les défenses étaient abondamment renforcées, mais vers les Oppidums de la confédération Sicambre.

Les wandriens de l’est venaient ainsi s’en prendre à ceux de l’ouest, sans doute pour leur faire payer leurs alliances et traités avec les péninsulaires. Tactiquement, c’était bien joué. Un oppidum était une structure qu’ils connaissaient et qu’ils savaient assiéger malgré leur manque de technologie de poliorcétique.

Néanmoins, il s’agissait d’une erreur stratégique. Attaquer les Sicambre et les tributs plus où moins neutres de l’ouest, c’était les jeter définitivement dans l’escarcelle velterienne. A moins de remporter une victoire totale et absolue, mais les choses en ce sens étaient loin d’êtres jouées.

De plus, des corbeaux venus du sud annonçaient de bonnes nouvelles. Des renforts étaient en route et venaient de quitter Beltrod pour Fort Norkan. Il suffisait de tenir bon et de pousser l’ennemi à la faute.

Après un repos bien mérité, une colonne de combattants, principalement composée de cavaliers, se remit en route afin de porter assistance aux alliés de velteroc tandis qu’un messager était envoyé auprès de la confédération Barangon afin d’y négocier une alliance de circonstance.

De leur côté, les Sicambres et leurs alliés n’avaient pas chômés. Abandonnant les places indéfendables non sans les avoir incendiées, ils s’était repliés dans de solides forteresses tribales pour y attendre le siège que ne manquerait pas de leur infliger l’ennemi résolu.
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MessageSujet: Re: Ce que cache parfois la brume    Ce que cache parfois la brume  I_icon_minitimeMer 27 Juil 2016 - 8:44

Le siège de Fort-Norkan était déjà bien entamé, alors qu’autour de la place forte, des milliers de Sigols attendaient patiemment qu’elles tombent. Les Hommes de l’Est crachaient nuit et jour contre le fort et ses habitants, maudissant leur nom, et priant pour que leur queue se noue, ou qu’elle soit coupée et jetée en pâture à leurs sombres divinités. Ils avaient osé s’établir sur des terres ancestrales, au-delà de leur Royaume corrompu et dégénéré. Eprouvaient-ils une once de remords, à présent ? Regrettaient-ils leur geste ? Pas encore, apparemment, puisqu’ils tenaient encore dans leur oppidum, isolés de leurs alliés Sicambres. Les Sigols faisaient des feux de joie devant le fort, et profitaient de leurs prises de guerre. Tout se déroulait pour le mieux.

Seulement voilà, à mesure que les jours s’allongeaient pour le siège, la Horde devenait de plus en plus tendue. A l’intérieur, des bagarres avaient déjà éclaté, promptement stoppées par les chefs de clans. Les Osverniens se frittaient avec les Sénoris, et les Nussèques avaient maintes fois provoqué les Ragants. Devant l’ambiance électrique qui semblait s’emparer de la Horde, Loup-Gris et son conseil de guerre avaient dû prendre des mesures. Il avait séparé les rivaux, et les avaient affectés à des tâches plus prenantes. Les Nussèques allèrent grandir les rangs des clans fourrageurs, qui se faisaient parfois harceler sur le chemin. Les Sénoris avaient été envoyés avec les Osverniens en renfort contre les quelques clans qui combattaient les poches de résistance sicambres. La région était à feu et à sang, et les Sigols échangeaient parfois des vivres et des armes en rançonnant des femmes et des enfants. D’autres clans se montraient moins aimables, en exterminant systématiquement les prisonniers. Les chefs faisaient encore ce qu’ils voulaient avec leurs hommes…

L’ennui qui avait provoqué les tensions à l’intérieur de la Horde fut vite oublié, lorsqu’un événement majeur se produisit. Par la grâce des dieux, les Sigols purent tromper leur ennui lorsqu’ils durent faire face à un ennemi regroupé, un dernier baroud de l’avant-garde des Sicambres non-retranchés, s’étant rallié à la bannière d’un de leurs princes encore vivant. Ils avaient décidé d’attaquer par le Nord, se divisant en deux groupes. Le premier irait attaquer les clans fourrageurs à l’Est, et le second se dirigerait vers le fort péninsulaire pour harceler les Sigols, et attendre le premier groupe pour tenter de lever le siège, une fois les fourrageurs matés. Le plan aurait pu fonctionner à merveille. Loup-Gris aurait eu une sacrée épine dans le pied, le cas échéant.

Mais à mesure que les Sicambres avançaient vers les assiégeants, ils se rendaient compte qu’ils n’avaient plus de nouvelle du groupe oriental.

Il leur fallut quelques jours pour apprendre qu’ils avaient rencontré un problème. Un problème qu’ils n’avaient pas prévu. Le groupe avait été dispersé, et avait éclaté en myriades de petits groupuscules fuyant les traqueurs à leurs trousses. Mais qui était donc responsable d’une telle débâcle surprise ? Ils eurent bien vite leur réponse en récupérant quelques hommes qui avaient fui l’Est. De leurs bouches, ils apprirent qu’un nouveau groupe de Sigols venait d’entrer en action. Venus tout droit du Sigolsheim, cinq nouveaux clans, attirés par les succès rencontrés par Loup-Gris, avaient décidé de le rejoindre dans sa campagne contre Fort-Norkan. La venue de ces renforts inattendus avait coupé l’effort de réorganisation sicambre, qui, une fois encore, devaient se replier, à présent hébétés. Leur peuple avait subi beaucoup de massacres… Les survivants souhaitant encore mener le combat se dirigèrent vers leurs oppidums restant, afin de se regrouper.

Accueillant les nouveaux Sigols avec joie, Loup-Gris identifia bien vite les renforts. Les Guerriers-Jaunes, les Surges, les Olriks, les Baskarnes et les Runis. Il fit l’accolade à Ulrich le Gros pour sceller l’union de leurs forces, et passé cet épisode mouvementé, la Horde fut de nouveau calme pendant un bon moment… Jusqu’à la prochaine vague d’ennui, bien évidemment.

Juché sur une colline en compagnie de sa mère, Maugrim regardait le grand fort, qui tenait toujours. Il savait que les Hommes du Sud pouvaient tenter une sortie. Ils l’avaient déjà fait en dispersant le clan des Embucètes avec une charge de cavalerie surprise. Lui, avait attaqué tout de suite la tête du serpent, Fort-Norkan, bousillant le système défensif des oppidums. Il avait plus de chance de les vaincre à découvert, ça, Maugrim le savait. Les Sigols avaient toujours été meilleurs guerriers, mais en matière de siège, leurs connaissances étaient bien moins légendaires... Songeur sur la suite des événements, il avait cherché conseil auprès de ses amis. Puis, Osa elle-même était venu le trouver.

« Les Sénoris sont revenus. Ils ont forcé un petit village à se rendre. Ils les ont laissé partir sans les massacrer. Ce geste les a convaincus de ne pas se rallier directement à leur peuple… Tes alliés sont malins, mon enfant. Mais ils auraient dû tuer ces hommes qui bafouent leurs divinités en aidant les Hommes du Sud. »


Maugrim secoua la tête. Il préférait changer de sujet.

« Les oppidums sicambres ne sont pas les forts péninsulaires, mère… Malgré les quelques centaines d’hommes ramenés par Ulrich le Gros, je ne pourrais pas tenir longtemps le siège du Norkan s’ils ont des renforts. Je ne sais pas à quoi m’attendre de la part de ces fourbes. »

Osa sourit. Mais pas d’un sourire chaleureux. Car lorsqu’elle souriait, son rictus faisait froid dans le dos.

« Tu pourras tenir si les dieux te sourient. Le siège est déjà bien avancé, mon fils. Les hommes à l’intérieur commencent à fatiguer. »


Son sourire devint soudainement plus mauvais.

« Laisse-moi m’occuper de leur sommeil. Je peux me faire passer pour l’araignée, tissant sa toile de rêves et de cauchemars dans les têtes des gens… »

Loup-Gris la regarda, un poil perplexe.

« Que voudrais-tu leur envoyer ? »

La sorcière haussa les épaules, s’éloignant de son fils en descendant la colline. Sur le chemin, alors qu’elle lui tournait le dos, elle lui répondit :

« La vision de leur mort. »
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MessageSujet: Re: Ce que cache parfois la brume    Ce que cache parfois la brume  I_icon_minitimeVen 2 Sep 2016 - 12:28




Le siège était bien installé. La horde sauvage de celui que tous appelaient Loup Gris était parvenu à prendre solidement pied dans la plaine qui entourait Fort Norkan et à y établir son camp.  Cependant, la résistance à laquelle il était confronté était bien supérieure à celle qu’il avait imaginée rencontrer en arrivant devant les constructions ennemies.

En effet, si les Velteriens excellaient véritablement dans un domaine, c’était bien celui de la poliorcétique, que ce soit offensivement où défensivement. Capable de construire en un temps record des fortifications rudimentaires mais efficaces, ils n’avaient ensuite pas leur pareil pour les renforcer et le améliorer en continu.

Ainsi, les Wandriens, loin de se retrouver à assiéger un fortin traditionnel s’étaient-ils rapidement retrouvés en face d’une forteresse qui, de plus, avait été renforcée par de l’ingénierie naine.

Au delà des murs d’enceinte désormais en grande partie renforcés de pierre, une palissade en bois avait été rajoutée en avant et la citée se trouvait défendue par de nombreuses armes de siège dont des balistes à arcs triples dont la porté permettait d’atteindre les éventuelles armes ennemies au-delà de leur portée maximum.

Aussi, les assauts wandriens, s’ils étaient parvenus à détruire la première palissade, avaient-ils été chèrement payés en sang humains sans parvenir à poser pied sur l’enceinte fortifiée, ardûment défendue par ses défenseurs.


Ce que cache parfois la brume  909251Entregard90

Mais cet échec initial s’était transformé en un siège à la péninsulaire lorsque l’es arrières de la horde furent assurés par l’arrivée de ses renforts et le nouveau repli des Sicambres. Les hordeux commençaient à s’impatienter, peu coutumier du faite de devoir développer une approche méthodique tandis que les défenseurs se sentais écrasés par un étrange pressentiment de fébrilité.

Chaque jour semblait plus pesant que le précédent et certains cas de mutinerie durent être matés afin de ne point laisser de faille dans la défense qu’aurait pu exploiter l’ennemi.

Heureusement, les nouvelles étaient bonnes et Garulan pouvait arranger ses hommes au nom de ces renforts qui approchaient désormais et qui n’était plus qu’à quelques jours du fort, comme le lui indiquait les lettres reçues en provenance de Beltrod.

Et puis, au nord, cela bougeait également. Si les Barangons n'avaient pas encore accepté l’offre que leur avaient faite les Sicambre et les velteriens, une nouvelle armée se rassemblait ainsi afin de venir bouter l’ennemi hors de la zone d’influence des tributs autochtones.  

Après quelques jours d’une attente qui parut interminable, des voiles apparurent finalement à l’horizon. La bataille finale allait enfin commencer.

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MessageSujet: Re: Ce que cache parfois la brume    Ce que cache parfois la brume  I_icon_minitimeVen 30 Sep 2016 - 7:10



Le soleil se levait sur la forteresse de pierre. A l’intérieur, les hommes attendaient leur sort, et à l’extérieur, les dissensions avaient pris le pas sur la raison. Des bagarres avaient éclaté la nuit, réglées par les différents chefs de clan. L’un d’eux, Odhris le Laid, avait été si furieux qu’il avait provoqué un esclandre avec Reddhar, le chef des Embrèlmes. Peu de temps après, une nouvelle cicatrice sur son visage déjà peu favorisé par les dieux, l’actuel chef des Sèmices s’était retiré, emportant ses hommes avec lui. La Horde s’effilochait déjà, alors que l’impatience gagnait les rangs à la vitesse de la peste. Loup-Gris ne tolérait plus de voir ses alliés se dégonfler. Il fallait qu’ils affrontent enfin le Norkan. Mais derrière ses épais murs, ce pleutre avait peur.

Au loin, sur l’Eris, des bateaux. Ils n’avaient rien avoir avec les esquifs des peuples de la Grève. C’étaient de grandes embarcations, avec des grosses voiles. Et à l’intérieur, sûrement, de véritables ennemis. Maugrim avait observé l’avancée des lourds mastodontes dans la mer agitée. Certains portaient déjà les sévices de l’Eris, la Grande Salée. Nul navire ne passait indemne ces eaux chaotiques. Loup-Gris avait averti son conseil de guerre. Sidhi avait exposé un plan, mais il était bancal. Attendre le débarquement pour les cueillir sur la plage était trop risqué. Ils attendraient que les Péninsulaires se croient assez forts ensemble pour tenter une sortie. La véritable force des Wandrais résidait dans le feu de la bataille. Ils l’avaient déjà prouvé, par le passé.

Les pieds des Sigols écrasaient la rosée estivale, alors qu’ils se réunissaient pour ce qu’ils appelaient déjà la Victoire. Ulfednars, Embrèlmes, Séquoïs, Osverniens, Guerriers-Jaunes, Sénoris, Embucètes, Karrégians, Lambrons… Tant de clans réunis au même endroit. En général, une telle union ne pouvait durer. Et le siège de Fort-Norkan, lui, avait déjà duré trop longtemps. Les esprits étaient échauffés, des dissensions avaient frappé la Horde. Mais en ce jour de bataille, ils se tenaient tous debouts face à leur ennemi commun, comme si une soudaine réalisation s’était emparée de tous les esprits ; celui qui m’avait volé une chèvre l’an dernier est à présent mon frère d’arme, et je le protégerai des Pentiens. Bien sûr, de telles alliances ne survivraient pas au voyage de retour jusqu’en Sigolsheim. Mais c’était uniquement maintenant que Loup-Gris en avait besoin.

Des gens s’amassaient sur le rempart du Norkan pour voir arriver les bateaux. Ces derniers n’étaient plus très loin, et quelques éclaireurs angals avaient préparé une surprise aux nouveaux arrivants. Ce clan était passé maître dans l’art du piège, de la ruse, et de la fourberie. Maugrim ne les avait jamais aimés. Néanmoins, ils étaient utiles, dans ce genre d’affrontement. Les Péninsulaires étaient toujours déloyaux, autant en faire de même.

Les yeux glacés du chef de la Horde se posèrent sur les navires une fois encore. Puis, il se tourna vers ses compagnons de guerre, ses alliés de campagne. Reddhar aurait suivi Loup-Gris dans n’importe quelle charge désespérée, cet homme était aussi fou qu’il était stupide. Sidhi, lui, avait prouvé qu’il était un chef avisé, et sage. Un ami à garder près de soi. Dama, des Kartagans, était un allié naturel de Loup-Gris, et ce depuis cette fameuse échauffourée contre les Sébères. Ulrich, en revanche, était à surveiller. Son ambition était bien trop grande pour qu’il ne rêve pas de tuer Loup-Gris, et de s’approprier ses mérites. Si la Horde se désolidarisait, les Sigols seraient finis. Et tous les autres chefs savaient qu’il leur fallait surveiller le chef des Guerriers-Jaunes.

Beaucoup d’autres chefs étaient éparpillés dans les rangs, rassemblant leurs guerriers afin de les motiver. Les chamanes avaient fait leur entrée, sous la présidence d’Osa, et avaient psalmodié une bonne partie de la matinée. Quelques prisonniers avaient été sacrifiés à la vue de tous, et notamment des défenseurs. Les cris déchaînés des braves du Sigolsheim avaient résonné sur des lieues à la ronde, à chaque exécution, et à chaque invocation des dieux et de leurs bienfaits.

Maugrim lui-même reçut la bénédiction d’Ulwaah, la déesse de la Lune, qui d’après sa mère était sa divinité protectrice du jour. Plus loin, sa femme Sigra mènerait les Deux-Peaux, à sa demande expresse. Loup-Gris avait d’abord refusé, car sa grossesse avançait, et qu’il n’était pas sage d’aller se battre ainsi ronde et pleine. Mais Osa avait persuadé son fils du contraire… Et la sulfureuse guerrière avait pris sa place dans les rangs avec un grand sourire aux lèvres.

Surt et Gudrun combattraient côte à côte, que ça leur plaise ou non. Ils avaient beau se chamailler souvent, Maugrim avait cru bon de les mettre ensemble, afin qu’ils apprennent à se faire confiance. Ils avaient intégré le gros de la troupe, et Gudrun exhibait fièrement l’étendard à peau de loup de sa tribu. Tous levaient leurs haches en l’air, lorsque dans le ciel claquait le cuir encore recouvert de fourrure qui servait de bannière au plus grand des clans du Sigolsheim. Et des chansons belliqueuses étaient scandées dans les airs, comme pour réveiller les dieux du ciel, qu’ils assistent, réjouis, à cette victoire mémorable et qui éclipserait bientôt l’ancestrale Bataille des Crânes !

Aujourd’hui, les Pentiens allaient payer leur arrogance au prix du sang…
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MessageSujet: Re: Ce que cache parfois la brume    Ce que cache parfois la brume  I_icon_minitimeLun 14 Nov 2016 - 22:04

Une légère brume commençait à s'installer tandis que la silhouette des deux navires de renforts grossissait à l'horizon. Mais était elle naturelle ? A vrais dire, elle semblait se déployer devant les bateaux pour vernir ensuite les envelopper. S’épaississant progressivement, elle finit par les soustraire à la vue des observateurs.

Elle s'étendit encore et encore, se rapprochant finalement de la berge avant de commencer à l'envelopper à son tour. Fort Norkan lui-même finit par disparaître, emporté par l’immense nuage qui s'étendait dans toutes les directions.

Que pouvait-il bien se passer ? Nul ne le savait. Mais sur les remparts, les hommes du Médian qui avaient été lourdement éprouvés dans leurs journées et tourmentés jusque dans leur sommeil retrouvaient une ferveur qu'ils n'avaient pour beaucoup jamais éprouvés.

L'air crépitait d'une magie étrange et puissante. Le Médian avait envoyé l'élite de ses hommes pour secourir son comptoir commercial. A la fine-fleure de la chevalerie s'étaient adjoints des ingénieurs et arbalétriers de la guilde de Beltrod ainsi que des porteurs d'armes du nouvel ordre de la Main Écarlate.

D'ici quelques heures, ils seraient aux côtés des valeureux hommes du nord qui avaient tenus tête aux cruels Wandriens pendant de nombreuses ennéades sans faillir.

Forçant le respect, le récit de leurs nombreux exploits, savamment mis en scène par l'administration ducale avait atteint nombre de jeunes gens et de bourgeois qui s'étaient désormais mis en tête que leur apporter une aide quelconque leur permettrait de participer, à leur niveau à cette grande cause qu'était la protection des intérêts de leur royaume et la garanti de ses intérêts commerciaux.

De leur côté les Sicambres étaient parvenus à se ressaisir et à rassembler leurs soutiens. Après avoir passé de nombreuses ennéades à éviter le combat contre les forces ennemies et à abandonner et brûler les oppidums indéfendables, ils avaient finalement reprit l'initiative et lancés quelques raides audacieux contre les arrières ennemies, menaçant leur ravitaillement sans toutefois parvenir pour l'heure à le couper. Cela avait le mérite de le forcer à détourner toujours plus de ses forces du siège et de le fatiguer à effectuer de vaines traques dans des bois qui lui étaient inconnus.

Les navires avaient-ils touchés terre ? Les hommes étaient-ils en train de débarquer ? Si oui, où étaient-ils ? La brume s'étendait encore et enveloppait désormais les campements ennemis. La faune semblait s'être tue et un silence morbide régnait désormais sur le champ de bataille.

Le calme avant la tempête ?

Garulan se tenait debout sur les remparts et ses hommes se préparaient avec détermination aux combats qui ne manqueraient pas de débuter prochainement. Les balistes triples dont la portée impressionnante avait plus d'une fois surpris l'ennemi étaient chargée par les équipes d'ingénieurs et de servants, tandis que les armes de siège plus communes subissaient le même sort.

Tout était prêt pour que l'enfer se déchaîne sur cette morne plaine qu'était la vallée d'Aegirland aux abords de Fort Norkan.
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MessageSujet: Re: Ce que cache parfois la brume    Ce que cache parfois la brume  I_icon_minitimeSam 10 Déc 2016 - 15:42


La tension était à son comble.

Des renforts étaient venus de très loin, vomis sur la plage par les immenses nefs au bois recouvert de bigorneaux. Des hommes d’armes aux armures étincelantes, d’étranges archers dotés de ces arcs posés sur des bâtons… Était-ce tout Velteroc qui s’était vidé pour tenir tête aux plus féroces des Wandrais ? Leur brume ne leur servait à rien. Osa et ses sorcières, psalmodiant depuis la matinée des borborygmes caverneux, usaient de leurs étranges pouvoirs pour disperser la purée de pois, voire pénétrer son opacité afin d’étendre leur champ de vision au-delà du manteau de brume. Des covens entiers montraient l’étendue de leurs pouvoirs occultes, magie païenne et ancestrale, empreinte de sauvagerie, de mystère, et d’énergie naturelle. L’air était saturé, et certaines alrunes sigoles s’effondrèrent, prises de spasmes violents et soudains, alors que l’écume leur suintait de la bouche. Leur sacrifice était amplement volontaire, et c’était peut-être ce qui fit frissonner la plupart des guerriers de la horde wandraise…

Loup-Gris était partagé entre l’exultation, la colère, et le doute. L’exultation de la victoire, qui galvanisait bien des cœurs, et portait en elle l’ivresse du combat à son paroxysme. La colère, de voir ainsi tous ces Wandrais ayant décidé de renier des siècles de lutte pour aller se travestir auprès des gens du Sud. Le doute, enfin, celui de l’homme, celui du chef qui s’apprête à envoyer son peuple au combat. Il connaissait la justesse de sa cause, et il était le bras armé des dieux de la nature. Pourtant, fallait-il que tant de vies fussent sacrifiées pour que la justice et la liberté triomphent de l’orgueil et de l’esclavage ? D’après sa mère, oui. Le sang nourrirait le sol, et abreuverait les dieux, qui dans un geste triomphal sortiraient des entrailles de la terre, et viendraient venger les morts et les martyrs qui en ce jour seraient nombreux.

Tout comme Loup-Gris lui-même éprouvait des sentiments partagés, les autres guerriers de la horde ne savaient quelle émotion arborer. Certains étaient excités à l’idée de se battre, et frappaient sur leurs boucliers de bois comme des forcenés. D’autres avaient été intimidés par le brouillard, qui même dissipé, venait forcément d’un sorcier envoyé par l’ennemi. D’autres encore restaient là, dans un silence de mort. Une chose étonnante pour les Sigols, d’habitude si expansifs à l’aube d’une bonne bataille. Peu de ceux qui observèrent ce comportement remarquèrent qu’il s’agissait des hommes d’Ulrich le Gros et de ses alliés…

Maugrim, juché sur sa colline, était fin prêt. Il n’avait cependant aucune nouvelle des Angals, et l’absence de cris près de la plage laissait sous-entendre que, le peu de temps qu’avait duré le brouillard, ils avaient soit accompli leur mission de manière plus furtive que prévu, soit été pris par surprise lorsqu’il s’était abattu sur eux. Qu’importe… Maugrim ne les avait jamais aimés. Il fit une œillade à Sidhi, qui acquiesça doucement, et s’en alla rejoindre ses hommes. Le Karamstra se battrait sur l’aile droite. En arrière, maître du champ de bataille, Loup-Gris était entouré de ses meilleurs hommes, ainsi que de Reddhar et quelques Embrèlmes. Dama des Kartagans était parti diriger lui aussi les siens sur le champ d’honneur. Ulrich, après avoir fait passer un ordre à l’un de ses suppôts, s’en était venu rejoindre l’état-major d’un pas lourd. C’était le dernier préparatif. La bataille pouvait commencer.

Tous frappaient en cadence leurs boucliers avec leurs armes, haches, masses, épées, lances, javelines… Une frappe valait deux pas en avant. Battant la mesure de leurs pieds et de leurs rondaches, ils entonnaient pour la plupart des chants de guerre, afin de donner du courage, surtout à ceux qui craignaient pour le mage qui se trouvait en face. Les chamanes se trouvaient dans les rangs désordonnés de la horde, parmi les guerriers. Elles seraient utiles, en cas de grabuge… Fermement, et comme une seule véritable armée, les clans du Sigolsheim faisaient trembler la terre sous leurs pas, et terrifiaient jusqu’aux animaux des forêts profondes. A une lieue au nord, un kerkand solitaire avait relevé la tête, soudain effrayé. Il avait rapidement pris ses jambes à son cou, beuglant à pleins poumons alors qu’il s’enfonçait dans la canopée…

Les Sigols n’étaient pas encore à portée. Ils avançaient toujours. Loup-Gris était concentré sur l’action, aussi, il n’entendit pas tout de suite le murmure qui s’échappait des lèvres de ses compagnons. Dérangé par le bruit, il tourna la tête en fronçant les sourcils, pour découvrir qu’ils regardaient tous en arrière. Gotrek, son meilleur homme, avait les yeux écarquillés. Reddhar, lui, semblait incrédule… et Ulrich le Gros souriait à pleines dents. Se retournant complètement, Loup-Gris avança lentement vers l’origine de toute cette agitation. Son sang ne fit qu’un tour.

Des sous-bois de l’arrière-garde sortaient une nouvelle nuée de guerriers. Ils n’étaient pas fellings, encore moins paludiers. Non, ils étaient sigols. Et un étendard semblait se détacher des autres, dans ce fatras de nouveaux clans inattendus. Il s’agissait d’une tête de chèvre prise dans des entrelacs d’azur, un symbole qu’il ne connaissait que trop bien… Et c’est en le cherchant du regard que Maugrim put le voir ; faisant tournoyer sa hache, un homme grand, aux nattes et à la barbe blonde, recouvert de peintures de guerre provocatrices. L’homme regardait dans sa direction. Ses yeux étaient injectés de sang, et une lueur de feu vengeur brillait dans ses yeux.

Vaggru était venu.

Ulrich le Gros s’empara de son étendard d’un jaune pisseux, et le fit tournoyer en direction de son clan, qui marchait avec la horde vers le champ de bataille. Loup-Gris le regarda avec étonnement. Était-ce un signal ? Il ne le comprit que lorsqu’il vit les troupes du Gros faire volte-face, accompagnés par tous les alliés qu’il avait apportés avec lui. C’est près de trois-cents hommes qui chargèrent alors l’état-major réuni sur la petite butte, hurlant à pleins poumons, et faisant s’arrêter net le reste de la horde, éberluée. Reddhar gronda un ordre, mais qui se perdit dans le vacarme des autres chefs réunis. Chef-Vaggru envoya ses Sébères à l’assaut, suivi des Ikthanes et des Vossumènes. Prise entre deux feux, la poignée d’hommes qui entourait Loup-Gris allait devoir se défendre avec l’énergie du désespoir.

Le choc fut violent, pour les deux camps. Si Ulrich le Gros ne fit pas long feu face à la fureur de Reddhar, ce dernier non plus ne put résister longtemps lorsque trois lances le transpercèrent simultanément, et le forcèrent à plier le genou, avant d’être ladé de coups de surin. Gotrek et les plus vaillants Loups se battaient comme des démons pour protéger leur chef. Ce même chef qui, hébété par cette attaque surprise, venait à peine de se saisir de ses couperets. La mêlée dura moins de cinq minutes, avant de se transformer en véritable massacre. De l’autre côté, les Guerriers-Jaunes et leurs alliés étaient harcelés par les troupes des Ulfednars, revenus en catastrophe pour sauver Loup-Gris. La position première des Sigols s’était transformée en une gigantesque échauffourée, où le chaos régnait en maître. Personne ne savait plus où donner de la tête. Les Embrèlmes frappaient les Guerriers-Jaunes avec les Ulfednars, les Surges tentaient de se dépêtrer de l’assaut des Kartagans... Quelques guerriers baskarnes furent pris en chasse par des Osverniens qui ne savaient même pas de quel clan ils faisaient partie. Le désordre secouait la horde, et en face, l’ennemi devait bien se gausser…




Loup-Gris était arrosé de sang, et la fourrure sur son crâne et ses épaules en était poisseuse. Ses bras s’abattaient avec force et rapidité sur les ennemis qui tentaient de l’approcher. Il avait vu Gotrek être entraîné dans la mêlée, pour ne plus jamais en ressortir. A côté de lui, le dernier guerrier d’élite de son clan tomba à la renverse, alors même que sa jambe était fauchée par une hache rouillée et en mauvais état. Son râle d’agonie se perdit dans la nuée, écrasé sous les bottes en peau de ses ennemis. Loup-gris se retrouva bientôt seul… Tout seul…

Et c’est là qu’il le vit, armé de sa francisque vieillie par le temps. Chef-Vaggru venait à sa rencontre en personne. Maugrim était éreinté, et sa respiration laborieuse s’accéléra encore plus en voyant son pire ennemi le regarder. Il y avait quelque chose de dérangeant dans son regard : c’était celui qu’il lui avait donné le jour même où il lui avait rançonné son fils contre son cheptel. Le même regard de triomphe, et de raillerie. Comme il devait exulter à l’intérieur…

Loup-Gris poussa un dernier cri de guerre, et se lança contre Vaggru. Ce dernier se jeta sur le côté, avant de frapper le dos du Loup. Avec un grognement douloureux, Maugrim ferma les yeux et se retourna, pantelant. Lorsqu’il les rouvrit, Vaggru lui fonçait dessus, la hache à la main. Loup-Gris la para d’une arme, et envoya l’autre vers la tête du Sébère. Vaggru esquiva le coup, mais une partie du métal froid et souillé de l’arme ricocha contre sa boîte crânienne, et il tituba en arrière, se rattrapant après trois pas. Il se tenait à présent la tête, les yeux fous, du sang coulant de sa blessure. Loup-Gris sentait ses forces diminuer, mais dans un soubresaut vengeur, il leva son arme…

… et mourut.

Le Sébère qui l’avait achevé d’un coup de lance s’attira bien vite les foudres de son chef. Privé de sa revanche, Vaggru avait hurlé sa rage face au corps sans vie du grand Ulfednar. Face contre terre, le cadavre ressemblait à celui d’un loup-garou, mi-homme mi-bête, son sang se mêlant à celui de ses ennemis vaincus. Tous observèrent un instant celui qui avait cru pouvoir unifier le Sigolsheim tout entier. Là, dans une mare de son propre sang, était-il toujours si terrifiant ? D’aucuns jureraient qu’il était à présent bien plus petit… et bien plus inoffensif…

Ainsi mourait l'homme. Ainsi commençait la légende. Se souviendrait-on encore de ce qu'il avait accompli, en menant sa croisade contre les Pentiens ? Serait-il loué pour son tour de force, ou oublié pour son échec ? Les hommes des Wandres avaient beau ne tenir aucune chronique, ils avaient de la mémoire. Et la mort de l'un des plus grands chefs sigols de ces derniers siècles ne serait racontée que par le gagnant de cette guerre fraternelle qui déchirait la horde, s'affaiblissant au profit de ses ennemis.

Le jour où les Wandrais arrêteraient de se faire la guerre, ils domineronnt le monde. Mais pas aujourd'hui, non. Pas aujourd'hui.




Devant le feu de la bataille, quelques clans étaient restés en retrait à observer d’un air médusé comment la situation dégénérait. Parmi ces clans aux visages horrifiés, les Séquoïs se tenaient cois. Sidhi, les yeux lourds de cette vision cauchemardesque, détourna le regard lorsqu’il vit son ami Loup-Gris se faire achever à la manière d’un vulgaire gibier. Au loin, il voyait également Surt vivre ses derniers instants, criblé de pointes de lances brisées, et hurlant ses dernières paroles dans un torrent de sang se déversant de son gosier. Pas de trace de Gudrun. Pas de trace de Sigra. Et pas non plus de trace d’Osa…

Mais à peine avait-il fini d’y réfléchir qu’un de ses hommes lui tapota l’épaule, pour lui montrer les forces ennemies. Sidhi jura entre ses dents. Il avait presque fini par les oublier, ceux-là… Les Péninsulaires seraient bêtes de ne pas profiter de cette désorganisation soudaine qui tournait à leur avantage. Il fallait réfléchir vite et bien… Avec la mort de Loup-Gris, et la fin de la horde qui s’effilochait, à mesure que les anciennes rancunes faisaient à nouveau surface, la bataille était perdue. Néanmoins, Sidhi était plus connu pour son intelligence et sa prudence que pour sa propension à l’abandon. Une idée germa rapidement dans sa tête, alors que ses hommes se regardaient nerveusement en voyant les troupes velteriennes se préparer.

Avec un geste rapide et précis, il arracha la tunique d’un Séquoï, qui le regarda avec de grands yeux. Il lui offrit pour tout réconfort un regard froid, et un doigt pointant sa lance. Le guerrier cligna deux fois des yeux, avant de comprendre qu’il fallait lui donner son arme. Une fois fait, Sidhi attacha l’étoffe de lin blanc délavé à la lance. Harro, son plus jeune fils, lui dit alors :

« Père… que fais-tu ? »

Sidhi grogna.

« Ce que les Sigols ne font pas en ce moment même… »

Il se mit à marcher seul vers l’ennemi, tendant la lance vers le ciel en agitant le drapeau blanc de fortune.

« Je réfléchis ! »

Prestement, quelques hommes suivirent Sidhi, mais la plupart du clan resta cloué là, à regarder leur vieux chef se diriger d’un pas assuré vers les hommes du Sud.
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