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 Les péchés des pères [Roderik de Wenden]

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Arnoul de Stern
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MessageSujet: Les péchés des pères [Roderik de Wenden]   Les péchés des pères [Roderik de Wenden] I_icon_minitimeMer 30 Mar 2016 - 15:17


La salle dans laquelle il attendait la venue du sir de Wenden n’était pas bien grande. En réalité, il s’agissait d’une salle comme il y en avait des myriades dans le château d’Arétria. A l’intérieur, des armes étaient fixées aux murs, côtoyant de petites tapisseries et des trophées de chasse. Il y avait quelques meubles, ainsi que des chaises et des tabourets. Mais le plus impressionnant restait la ramure gigantesque dans le fond de la salle, vestige d’une chasse mémorable organisée par un antique comte arétan. C’était d’ailleurs l’origine du nom que l’on donnait à la salle ; la Salle du Cerf. Arnoul regrettait cette époque, où il partait à la chasse presque tous les jours. Certes, la Malelande n’avait aucune forêt. Il se rattrapait donc en négociant avec les seigneurs proches de la forêt d’Hedda, avec qui il avait passé plusieurs années à pratiquer l’art de la chasse.

Assis sur une chaise, le vieillard était accompagné d’Hudgar le Pieux, l’un de ses nombreux chevaliers. Le pandore aux longs cheveux roux était à côté de son seigneur, le regard fixé sur la porte. Hudgar n’avait jamais été quelqu’un de très expressif, ni de très bavard. En revanche, lorsqu’il parlait, il portait à son auditoire, soit des paroles divines, soit des vérités percutantes. Arnoul l’aimait bien. Lui aussi, aimait dire la vérité. Qu’elle soit dure à attendre importait peu. La vérité rendait tout tellement plus simple, et plus limpide. Il détestait par-dessus tout les bonimenteurs et les hypocrites. Peste soit de cette race de démons, que les Cinq n’éprouvent point de honte à les bannir à tout jamais dans le pire endroit du Royaume de Tyra.

La porte s’ouvrit, laissant entrevoir la silhouette du seigneur Roderik. Jeune, au maintien noble, Arnoul le regarda en se rappelant encore des anciens sieurs de Wenden. Ganelon était un homme honorable, ainsi que le père de ce dernier, du moins, dans le souvenir du doyen. Une famille de guerriers. Arnoul avait du respect pour les protecteurs du Comté. Lui-même avait beaucoup guerroyé, cependant, la plupart des menaces s’étaient avérées venir de l’intérieur même d’Arétria…

Il se leva doucement, s’aidant d’une canne.

« Seigneur Roderik, je vous salue. »

Il baissa doucement la tête, dans une petite révérence. Puis il toussota.

« Je tenais tout d’abord à vous souhaiter mes sincères félicitations pour votre mariage. Cela fera bientôt de vous mon suzerain, n’est-ce pas ? Enfin, ce n’est pas vraiment pour vous parler de l’avenir d’Arétria que j’ai demandé à vous voir. »

Pas celui d’Arétria, non. Plutôt le sien. Et celui de sa terre. Car à l’heure actuelle, certaines questions restaient encore sans réponses, et chaque jour passé sans nouvelles angoissait un peu plus le vieillard de Stern. Il se rassit vivement, congédiant le chevalier Hudgar d’un geste de la main. Ce dernier sortit par une autre porte, laissant les deux seigneurs arétans seuls dans la salle. Arnoul se racla la gorge.

« Vous dirigiez l’ost en tant que sénéchal. Vous avez fait la guerre d’Oësgard, et vous nous avez apporté la victoire lorsque le Comte lui-même a trépassé, paix soit sur son âme… Néanmoins, je m’interroge sur certaines choses. »

Il s’humecta les lèvres. La vieillesse les rendait parfois sèches et rêches.

« Pouvez-vous m’expliquer pourquoi mon petit-fils Arnaud, qui avait apporté avec lui quelques centaines de mes hommes, est en ce moment à Serramire, entre la vie et la mort ? »


Il le savait inconscient. En revanche, ce qu’il ne savait pas, c’était pourquoi.


Dernière édition par Arnoul de Stern le Ven 1 Avr 2016 - 10:24, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Les péchés des pères [Roderik de Wenden]   Les péchés des pères [Roderik de Wenden] I_icon_minitimeVen 1 Avr 2016 - 9:41


Lorsqu'il pénétra dans la salle du Cerf, le regard du seigneur de Wenden vacilla entre les innombrables trophées de chasse amassés au fil du temps par les comtes d'Arétria. Enfant, il l'avait visitée avec son père Ganelon ; et dans quelques jours, cette salle, avec ses trophées de chasse, et tout ce qui se trouvait dans ce château, tout cela lui appartiendrait.

Il s'arrêta face au sire de Sternburg, qui le salua poliment. Il lui était toujours étrange de voir les seigneurs de la malelande faire preuve de déférence à son endroit ; au moins le vieillard n'en faisait pas des tonnes. C'est qu'il en avait vu défiler, des rois de la boue, ce doyen parmi les hommes ! Et peut-être en verrait-il encore, si le sort réservait à Roderik un destin similaire à celui de ses prédécesseurs, dont le règne avait été si court.

Roderik était légèrement tendu ; il savait ce qui amenait le vieil homme. Ils n'avaient pas évoqué le sujet lors du banquet, bien qu'ils aient alors été assis côte à côte, mais il sentait que la chose allait arriver d'un moment à l'autre. Il ne se trompait pas ; passées les banalités et les politesses d'usage, Arnoul de Stern mit tout de suite le sujet sur la table. Il voulait savoir. Il voulait la vérité, si dure soit-elle à entendre.

- J'aimerais vous dire que votre petit-fils a été... courageux, qu'il s'est bien battu, comme l'on pense si souvent que c'est ce que les pères veulent entendre. En vérité, je n'étais pas à côté de lui à ce moment-là, car j'ai moi-même été blessé. Je ne sais que ce que l'on m'en a rapporté par la suite. Un méchant coup de masse d'armes lui a été infligé, à ce qu'on dit. Lorsque je l'ai vu sur son lit, inconscient, j'ai d'abord été frappé par ses brûlures, et ne saurais dire si elles sont le fait des flammes ou d'un mauvais sortilège noirelfique... mais les guérisseurs du Temple Néerite minimisent leur importance. Ils étaient préoccupés, en revanche, par la fracture du crâne... c'était bien le seul point qui semblait faire l'unanimité, puisque chacun d'eux pinaillait quant à la manière de l'opérer. J'ai finalement, sur le conseil de l'entourage de votre petit-fils, désigné un barbier qui, m'a-t-on dit, avait sa confiance. L'homme a fait de son mieux, mais je ne saurais dire si votre petit-fils récupérera, sire Arnoul. Ce que je sais, en revanche, c'est que lorsque nous l'avons laissé à Serramire, jugeant le voyage trop dangereux pour lui, il était encore vivant.
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MessageSujet: Re: Les péchés des pères [Roderik de Wenden]   Les péchés des pères [Roderik de Wenden] I_icon_minitimeMar 5 Avr 2016 - 17:13

Le futur Comte était tendu. Arnoul n’aimait pas ça. Une simple mimique sur un visage pouvait signifier tant de choses horribles… Qu’était-il donc arrivé à son cher Arnaud ? Le seigneur de Stern avait déjà tant attendu, qu’il trouvait la réticence de Roderik extrêmement pénible. Il était même sur le point de lui hurler de cracher le morceau, lorsque celui-ci finit par lui avouer ce qu’il savait sur le dernier descendant du doyen arétan. Des brûlures. Une fracture du crâne. Arnoul ne put retenir une mine affligée en entendant le sort réservé à son héritier. Loin du supplice de Tancred, et de l’état de la dépouille de Sigurd, ce qu’annonçait le sir de Wenden n’en restait pas moins alarmant, et un brin désespérant.

Vieux et accablé, Arnoul soupira, se tenant à l’accoudoir de sa chaise. La guerre ne l’avait pas tué. Du moins, pas encore. Tyra serait-elle assez fourbe pour lui laisser espérer que la malédiction pesant sur sa descendance n’était que pure affabulation ? Il se voyait déjà pénétrer les portes de Serramire, à l’heure même où son petit-fils rendrait son dernier souffle, affalé sur un matelas souillé de sang. Cette pensée ne cessait de hanter Arnoul. Au-delà du simple fait qu’il s’agissait de son dernier héritier direct et mâle, le vieil homme s’était beaucoup attaché à son petit-fils. Le voir trépasser était la dernière chose à laquelle il voulait assister. Il avait déjà vu tant de cadavres issus de sa propre chair…

« Apparemment, je devrais me rendre moi-même sur place pour évaluer l’étendue des dégâts… Par les Cinq, quelle situation de merde. »


Arnoul n’en avait plus rien à cirer du protocole, et de toute cette chianterie d’étiquette et de bienséance. Aux Drows les boniments, Roderik ne lui en voudrait sûrement pas d’employer des mots vulgaires à présent. Et de toute façon, il n’en avait plus rien à faire, à son âge…

« Moi qui ne comptais pas me rendre à ce fameux tournoi serramirois, je vois que je n’ai pas le choix. Je devrais encore me taper le ballet des catins et des pseudo-chevaliers… Halala, Roderik. La noblesse n’est plus ce qu’elle était, n’est-ce pas ? Enfin, vous ne pouvez pas savoir, vous n’étiez même pas né… »


Le vieillard commençait à radoter. Mais bon, le seigneur de Wenden était là, il pouvait un peu en profiter pour bavarder avec son futur suzerain. Peut-être n’aurait-il plus le temps de lui parler bien longtemps, avec son âge, et le destin qui se profilait pour les terres des Stern.

« Je n’aurais jamais imaginé que le fils de Ganelon puisse un jour poser ses fesses sur le trône de pierre. Et pourtant, j’en ai vu passer, des Comtes, croyez-moi bien. Des bons et des mauvais. Je ne vous vois pas encore comme un mauvais. Mais tout dépendra de comment vous évoluez, Roderik. On ne peut jamais dire quel genre d’homme vous serez, au moment où vous ceindrez la couronne comtale. Les vrais Comtes de la Malelande se forgent au fil des ans ! »


A la fin de ses dernières paroles, Arnoul crachota un petit peu, toussant avec force, et mettant son poing serré devant sa bouche.
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MessageSujet: Re: Les péchés des pères [Roderik de Wenden]   Les péchés des pères [Roderik de Wenden] I_icon_minitimeMer 6 Avr 2016 - 9:28


Roderik était dans une posture pour le moins délicate. L'heure était grave, tout autant que le sujet de leur entretien ; néanmoins, la vigueur du vieillard et le ton ordurier qu'il employait, évoquant le tournoi de Serramire sous la douce appelation de « bal des catins », avait quelque chose de comique, et Roderik avait toutes les peines du monde à réprimer un petit rictus. Il ne voulait pas donner l'impression au seigneur de Sternburg que le sort du malheureux Arnaud ne l'émouvait pas. Il trouva heureusement l'occasion de déguiser son amusement en un sourire aimable lorsque le vieux évoqua avec lui l'avenir du comté, et ce qui l'attendait, lui, le futur comte.

- Je vous tiens en grande estime, messire de Stern. Vous, euh... votre âge, enfin, votre expérience, est une chose utile, et j'apprécie la, hem, la chance de pouvoir compter sur votre point de vue. D'autant plus que personne ne doute de, disons... votre franchise. Aussi, mon ami, sachez que je n'hésiterais pas à requérir votre conseil.

Il l'avait appelé « mon ami » car il avait apprécié que le marquis de Serramire, Aymeric de Brochant, en fasse ainsi avec lui lors de l'entretien qui avait précédé son départ d'Oësgard. Non pas qu'il voulut flatter Arnoul de Stern avec un ton mielleux et des paroles fausses ; mais il voulait lui témoigner un certain respect, car la tragédie que vivait ce vieillard le touchait. Quelle poisse que l'un des rares hommes à vivre aussi longtemps soit de ceux dont la descendance dépérit à vue d’œil...

- Quant à ce fameux tournoi serramirois... si vous souhaitez vous y rendre, je serais ravi que nous fassions route ensemble, vous et moi. En espérant qu'il ne me claque pas entre les pattes. Je compte bien répondre présent et montrer à ces... pseudo-chevaliers... à quel point les arétans sont solides sur leurs chevaux.
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MessageSujet: Re: Les péchés des pères [Roderik de Wenden]   Les péchés des pères [Roderik de Wenden] I_icon_minitimeVen 15 Avr 2016 - 22:31


Le futur Comte arétan semblait chercher ses mots pour tenter de ne pas froisser Arnoul. Le vieillard ne trouvait pas l’initiative dérangeante, même s’il préférait la franchise, à son âge. A vrai dire, l’approche toujours plus pressante de la mort lui avait donné un regain d’honnêteté. C’était fou de constater à quel point l’étreinte glacée de Tyra avait le don d’éclaircir les philosophies et les mœurs. En sachant qu’il n’en aurait plus pour longtemps, et en l’acceptant, tout devenait tellement plus facile… Néanmoins, certaines choses ne pouvaient l’être. Et savoir son fils Arnaud dans une posture à la fois dangereuse et mystérieuse, n’allégeait en rien son chagrin. Il sourit aimablement à Roderik, abaissant doucement la tête dans une révérence.

« Vous m’en voyez ravi, monseigneur. Mon conseil et mes portes vous seront toujours ouvertes, à vous et à vos gens. »


La mention du terme ‘ami’ était quelque peu nouvelle, pour Arnoul. Il aurait pu s’enorgueillir de pareil titre, néanmoins, il restait modeste. L’attention lui fit plaisir, et le respect qu’il éprouvait pour le jeune seigneur n’en était que plus renforcé. Roderik parla dès lors des festivités devant avoir lieu à Serramire. Le vieux Stern écouta avec attention la proposition que lui faisait son futur suzerain, celle de voyager à ses côtés jusqu’à la cité du Marquis Aymeric, et d’ainsi aller voir dans quel état se trouvait son petit-fils. Avec lenteur, il se releva de sa chaise, s’appuyant sur les accoudoirs pour se maintenir en équilibre le temps qu’il fût debout.

« Seigneur Roderik, c’est un immense privilège de pouvoir faire route avec mon suzerain. Cela ne m’était pas arrivé depuis, attendez voir… Bien dix ans. J’étais beaucoup plus fringant et énergique à l’époque… Par contre, j’insiste pour faire le voyage à cheval. Que cette saleté de charrette aille au Puy, vous avez bien raison. Un véritable Arétan se doit de se présenter à cheval devant ces courtauds de Serramire. »

Il ricana entre ses dents.

« Je me demande bien si je tiens encore dans mon armure… Je pense que je dois flotter dedans, à présent… Ha ! Au fait. Avant que je n’oublie… Mon présent de mariage se trouve dans la cour. Un hongre, de quinze mains de haut, le poil crème. Il est issu de l’un des élevages de mon ami Edgar de Montfaucon. Tonnerre d’Ivoire, c’est son nom. »

Normalement, ce cheval était censé être le présent d’Arnaud, une fois revenu avec les honneurs des champs de batailles de l’Oësgard. Mais après tout, c’était peut-être mieux de donner ce canasson à Roderik. Lui, pourrait encore s’en servir longtemps…
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MessageSujet: Re: Les péchés des pères [Roderik de Wenden]   Les péchés des pères [Roderik de Wenden] I_icon_minitimeSam 28 Mai 2016 - 23:55


Un éclair de surprise et de joie sincère illumina le regard du seigneur de Wenden. Un cheval, par la queue d'Othar, que n'aurais-je donné mon futur comté pour un cheval ! Et la bonne fortune m'offre les deux. Il ne se remettait guère de la mort de Blanc-Cendre, sa regrettée jument tombée à Nebelheim ; un deuil d'autant plus difficile qu'il était bien malséant de pleurer cet animal en public, puisque le comte Alwin était lui aussi tombé ce jour-là. Se répandre en larmes pour la bête aurait laissé croire que le sort du suzerain lui était complètement égal ; c'était évidemment faux, mais Roderik se gardait bien de donner du grain à moudre à ses détracteurs.

- Arnoul, mon ami, vous n'auriez pu trouver présent plus approprié. Je vous embrasserai volontiers si... si je ne craignais pas de vous arracher du même coup votre dernier souffle... enfin, si les circonstances ne rendaient pas cela... déplacé. Mais je ne doute pas que ce Tonnerre d'Ivoire suscitera autant d'admiration que de jalousie de la part de nos pairs. Et puisque je ne suis pas encore uni à ma fiancée, j'aurais au moins le loisir, dans les jours qui viennent, de pouvoir monter quelque chose, haha ! Ha... hem. Plaisanterie graveleuse peut-être un peu déplacée, ça aussi, pensa-t-il.

Son expression redevint sérieuse, alors qu'il s'apprêtait à aborder une question épineuse. Il avait d'abord pensé ménager le vieillard de cette difficulté, mais Arnoul affirmait lui-même qu'il préférait la franchise et qu'il ne souhaitait pas qu'on l'épargne.

- Nous souhaitons tous le rétablissement de votre petit-fils Arnaud, bien sûr. Mais vous et moi nous savons que son sort est entre les mains de la Damedieu, et qu'en-dehors de nos prières, nous demeurons impuissants. Je regrette d'avoir à le dire, seigneur Arnoul, mais... au cas où le pire venait à se produire, il serait préférable pour tout le monde que vous ayez désigné un autre héritier potentiel... au cas où.

Roderik se força à planter son regard dans celui du vieillard, alors que tout son être lui commandait de tourner la tête. Il était assailli par une empathie qui rendait la chose particulièrement pénible, car il ressentait comme une partie infime de la douleur du seigneur de Stern ; mais il ne devait pas céder au poids des sentiments et de l'émotion. Il savait déjà quel genre de suzerain il souhaitait être : il voulait être de cette trempe d'hommes qui font ce qui doit être fait, en toutes circonstances, que cela soit facile ou difficile.
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MessageSujet: Re: Les péchés des pères [Roderik de Wenden]   Les péchés des pères [Roderik de Wenden] I_icon_minitimeJeu 2 Juin 2016 - 15:35

Le présent offert par Arnoul semblait plaire à Roderik. Tant mieux, car un tel cheval valait son pesant d’or, et qu’il était bien mieux de le donner à un homme intéressé. Arnoul avait entendu les récits des batailles de l’Oësgard, et les charges de cavalerie des nobles Arétans, hardis et fiers sur leurs montures, fracassant les non-morts et les suppôts d’Uriz. Avec un peu de chance, le nouveau Comte mènerait à nouveau les fils de la Malelande dans une de ces charges phénoménales, monté sur Tonnerre d’Ivoire, le cadeau de l’un de ses plus fidèles vassaux. Serait-il encore vivant pour le voir ? Arnoul l’espérait fortement ! Et puis, ne s’était-il pas juré de tous les enterrer, dans ce maudit Comté ?

Rattrapé par la réalité, le Vieux Bouc fut ramené sur la terre ferme par les dernières phrases, plus sérieuses, que prononça le seigneur de Wenden. Arnoul paraissait plus vieux encore quand il pendait la gueule, et présentement, son humeur était bien maussade. Les mots, bien utilisés, coupaient avec la même aisance que le tranchant d’une lame. Il savait qu’il devait se choisir un nouvel héritier. Cela faisait bien longtemps qu’il avait entrevu la faillite de sa lignée, sans jamais pourtant l’accepter. Il y avait encore d’autres mâles portant le nom des Stern encore vivants. Mais Arnaud était son dernier descendant direct. Son ultime héritage légué au monde des Hommes. Peu lui importait les livres et les annales, si même le fils de son fils venait à trépasser.

Arnoul regardait intensément Roderik. Gardant toute sa dignité, le vieux seigneur lui répondit alors :

« Croyez bien que je suis déjà paré à cette éventualité, sir. Feue ma sœur Marda avait marié un petit seigneur forestier, Alfon d’En-deçà-d’Hedda. Ho, ce n’était pas l’homme le plus brillant d’Arétria, mais savait-il au moins produire des enfants. Il reste un autre Stern mâle à pouvoir prétendre récupérer Sternburg. Gerolt d’En-deçà-d’Hedda. Il prendra le nom de Stern, et prêtera serment. »

Avant que le seigneur ne puisse lui répondre, il rajouta :

« Et s’il n’y a aucun survivant mâle dans ma famille, alors les terres iront au futur mari de ma petite-fille Hildegard. Il serait bien temps de la marier… Par les Cinq, vingt-quatre ans… A mon époque, on appelait déjà cela une vieille fille ! »

Il se rassit finalement, avec l’infinie douceur des arthritiques et des incontinents. Ses bras à nouveau sur les accoudoirs, il s’humecta les lèvres, pensif.

« Je rêverais de retrouver la bonne vieille époque. Celle où j’avais une descendance foisonnante, un cheval de guerre, et des voisins prompts à la colère et lents au pardon… »

Il se pencha sur son siège, se voulant plus personnel dans ses propos.

« Vous voulez un bon conseil, monseigneur ? Faites-la pondre. Sachez que l’on n’a jamais assez d’enfants. Ils s’en vont bien plus vite et bien plus violemment qu’on ne le croit… »
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MessageSujet: Re: Les péchés des pères [Roderik de Wenden]   Les péchés des pères [Roderik de Wenden] I_icon_minitimeMer 8 Juin 2016 - 15:24


Il y avait une grande dignité chez cet homme. Sa sagesse, son expérience, incitaient au respect, à l'écoute ; il laissait Roderik songeur, cet homme dont la vieillesse n'avait épargné la lucidité que pour lui faire subir de plein fouet les tourments de ces temps sombres. Et Roderik se demandait si le privilège de vivre aussi vieux sans perdre la tête devait forcément être accompagné d'une malédiction. Pendant un bref instant, il songea à son propre destin, à ce qui l'attendait encore. Sa fin serait-elle glorieuse ? Serait-il tué en pleine force de l'âge sur un champ de bataille, ou mourrait-il dans un lit sous un amas de couverture, succombant à quelque maladie ? Il savait que bon nombre de grands hommes n'avaient pas connu une mort digne de leur rang. Mais ceci, en vérité, importait peu. Il est des hommes qui s'évertuent à connaître une fin honorable, mais ils feraient mieux de se préoccuper de ce qu'ils laisseront derrière eux. Arnoul de Stern avait raison. Faites-la pondre, les mots du seigneur résonnèrent dans l'esprit de Roderik. Même ces trois mots, avec leur sens trivial, sonnaient comme empreints d'une grande sagesse dans la bouche du vieillard.

- Vous avez raison, seigneur Arnoul. Arétria a besoin d'une grande lignée, comme le fut jadis la maison de Viorel. Si Néera le veut, la comtesse Iselda, je l'espère, sera bientôt grosse.

Il avait toutes les raisons de l'espérer ; un enfant mâle assurerait la mainmise de la maison de Wenden sur le comté. Mais si Roderik connaissait un destin tragique et prématuré, à l'image de ses prédécesseurs, alors Iselda en épouserait un autre, et une autre maison ferait flotter sa bannière sur la citadelle d'Arétria. La maison de Wenden subsisterait grâce à Aliénor, sa soeur, ou encore par quelque cousin éloigné qui viendrait briguer l'héritage. Mais elle redeviendrait une simple famille parmi d'autres, dont le seul rôle tiendrait à garder la trouée vers Serramire, comme c'était le cas depuis des siècles.

- A ce sujet, mon ami, permettez-moi de requérir un avis personnel. J'ai parfois entendu dire que la... hum, fécondité, pouvait être influencée par certaines... positions plus favorables à... cela. Il hésita, mais il avait déjà été trop loin ; trop tard à présent pour faire marche arrière, bien qu'il espérait ne pas passer, aux yeux du vieillard, pour un ignare en la matière. J'ai déjà eu un fils, rappela-t-il comme si c'était là une excuse. Qui n'a malheureusement pas survécu, pas plus que ma première épouse. Iselda me donnera de nombreux héritiers, je l'espère, mais... cela prendra du temps. Aussi, vous comprenez, j'essaie de me... renseigner. Il s'éclaircit la gorge, et tâcha d'adopter un ton plus assuré, comme s'il n'y avait rien de honteux dans sa demande : donc, je me demandais, seigneur Arnoul : à votre avis, dans quelle position devrais-je prendre ma future épouse ?
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MessageSujet: Re: Les péchés des pères [Roderik de Wenden]   Les péchés des pères [Roderik de Wenden] I_icon_minitimeMer 15 Juin 2016 - 13:54

Les grandes lignées étaient les chaînes de la noblesse. Elles la protégeaient, et agissait comme un garde-fou face aux hordes de vilains et de félons parcourant la terre tels les loups dans les bois. Les Cinq avaient sûrement des plans pour Roderik, et Arnoul souhaitait vivre assez longtemps pour les voir s’accomplir. La Malelande avait déjà connu bien trop de Comtes morts prématurément. Un autre, et le vieillard commencerait à croire que, tout comme lui, Arétria était maudite. Le seigneur de Wenden avait l’air solide, bel homme, bien portant. Un Nordien tel qu’il y en avait eu, et qu’il y en aurait toujours. Il semblait déterminé à assumer sa nouvelle place, et à devenir l’homme que sa destinée l’avait poussé à embrasser. Et si dans le lot, il pouvait engrosser sa belle une demi-douzaine de fois, tout irait pour le mieux dans le Pays de Boue.

Alors que le vieil homme se rasseyait convenablement, pestant contre son traître de dos, le futur Comte lui adressa une question pour le moins très personnelle. Furtivement, il jeta un œil vers l’endroit où était sorti Hudgar le Pieux. La porte était fermée, voilà qui était bon signe. Il se concentra à nouveau sur Roderik, qui ne semblait pas très à l’aise avec l’idée de se livrer ainsi sur son intimité. C’était tout à fait normal, et plutôt bon signe. Au moins, il ne provoquerait pas de scandale en s’étalant sur sa vie nocturne devant n’importe qui. Il l’écouta encore, puis s’enfonça un peu plus dans son siège, réfléchissant à ce qu’il allait dire.

« Fut un temps, monseigneur, où je me suis posé la même question. Curieux, d’ailleurs, je devais à peu près avoir votre âge… Un peu moins, je crois. Donc, il y a très longtemps ! »


Il gloussa à demi, manquant tousser.

« A l’époque, on m’avait marié à Maud de Rimbert. Une véritable pie, qui s’énervait tout le temps comme un roquet bâtard… Une vraie plaie. Mais il me fallait des fils, et j’ai eu la possibilité, lors de mes noces, de m’entretenir avec un Prêtre de Néera. Il m’a raconté que prendre sa femme en la couchant sur le dos, et en la regardant dans les yeux, permet au germe de se déposer plus loin dans le ventre. Je ne sais si ce sont des affabulations, et, à voir sa tête, il ne devait pas l’avoir fait souvent, si j’ose dire… »


Il s’humecta les lèvres, se sentant pris d’une nouvelle assurance. Il avait juste eu à lancer la machine pour qu’il se livre sur un tel sujet sans aucun problème. Néanmoins, sa future question le priva d’un peu de sa hardiesse, alors qu’il essayait de trouver une manière élégante de le dire.

‘Par les Cinq, je me mettrais à chercher de l’élégance dans la fornication ? Benêt !’

S’éclaircissant la gorge, comme le Comte un peu plus tôt, Arnoul dit à demi-mot :

« Sire… C’est une, heum, suggestion comme une autre, bien sûr. Mais… »


Il tapotait doucement l’accoudoir tout en se passant une main dans la barbe.

« J’ai entendu dire aussi qu’il était bénéfique de… purifier son corps du trop-plein de semence que l’on accumule. Hum. La semence serait alors plus fraîche, et plus jeune… »

Il essayait de rester flou quant à la manière… Faire pleurer le petit oiseau, ou prendre une maîtresse régulière. Il se sentait bien moins à l’aise de parler de ça, tout à coup. Non pas qu’il était gêné par la conversation, mais plutôt par la personne avec qui il l’entretenait. Parler masturbation et position avec son suzerain était un fait… inédit pour Arnoul, même après plus quatre-vingts ans.
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