Cécilie de Missède
Humain
Nombre de messages : 1257 Âge : 70 Date d'inscription : 01/03/2015
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 21 ans - 1m59 Taille : 1m59 Niveau Magique : Arcaniste.
| Sujet: Réveille-toi Jeu 14 Avr 2016 - 14:05 | |
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3ème jour de la 9ème ennéade de Vérimios, An 8 du 11ème cycle, Jardins du Château de Lourmel. "Cécilie!"
Une voix grave vint heurter les tympans de la musicienne, suspendant sa voix dans l'air aussi sûrement qu'une gifle. Une teinte claire, tendu sur le fil du rasoir pour ne pas dérailler. Cet accent joueurs au parfum de vin et d'aventure... Qui aurait pu les imiter? D'un bond, elle se leva du banc sur lequel elle était installé, le laissant basculer en arrière. Sa lourde harpe tangua un instant mais Rose eu la présence d'esprit de la rattraper, alors que la demoiselle se tournait précautionneusement vers l'origine de l'appel sous les yeux interrogatifs de son équipage.
-Gaël! C'est toi?
Un jeune homme blonds comme les blés en tenue de voyage poussiéreuse apparu au coin de l'allée. Sans même un regard pour les suivants de la noble dame, il se rua littéralement sur elle pour l'embrasser sur les deux joues et la serrer dans ses bras avec un sourire rayonnant. Un faucon marquait sa cape. Le même symbole servait de fermoir d'argent a sa ceinture et d'empreinte sur une chevalière d'or attestant de sa lignée s'il en était encore besoin. Il était épuisé, la chevauchée avait été longue, mais maintenant qu'il était là, il était aux anges... Ou presque.
-Qui êtes-vous ? Où est mon petit frère ?
Cécilie étouffa un éclat de rire en se sentant oppressée contre le mantel de son son cadet avant que celui-ci ne la soulève en représailles de son commentaire, bien trop fier d'en être capable à présent. Les manches amples de la sur-robe de lin bleu accrochaient les mailles de protections disparates alors qu'elle s'agrippait à lui en protestant joyeusement contre les mauvais traitements qu'elle subissait, ses bras enlaçant le cou de son cadet. Il avait peut-être atteint l'âge d'homme, il n'en était pas moins démonstratif !
Après avoir fait quelques pas et obtenu son quota d'excuse, Gaël reposa doucement le petit bout de femme qui riait encore. C'était bon de la retrouver malgré tout... stressant et apaisant à la fois. Alors qu'elle tentait de reprendre son souffle, les yeux caractéristiques de leur famille humblement baissés sur un point qu'elle seule pouvait voir, il en profita pour l'observer... Elle avait prit des couleurs... Elle allait finir par devenir une vieille pomme ridée par le soleil si elle continuait ainsi... Il allait devoir en parler à Rose.
-Je ne t'attendais pas avant une ennéade au mieux! L'interrompit-elle sans le vouloir. -Père non plus.
Il voulut glisser une mèche rebelle derrière l'oreille de sa sœur... Et se heurta à une main agacée. Le sourire rayonnant de la musicienne avait repris son calme habituel... autant dire qu'elle faisait la grimace la connaissant... Et rien qu'à ce détail, Gaël ne put retenir un sourire attendrit de ceux qu'on lance à une enfant rebelle.
En tant que frère, il avait le don de toujours revenir sur les mauvais sujet et il le savait parfaitement. Cette fois il ne lui avait pas fallut plus de quelques secondes après des mois d'absence. Malgré tout l'amour que Cécilie lui portait, cette habitude avait le don de l’insupporter et il le savait parfaitement. Il ne s'excusa pas, mais ses lèvres se posèrent sur le front de la noble demoiselle... Maintenant qu'il était assez grand pour accomplir un tel geste il n'allait pas s'en priver... Et elle n'avait pas le cœur de le repousser à nouveau.
-Pas les sujets qui fâchent... Pas maintenant. Laisse moi te voir d'abord, tu veux ?
Insensible à la beauté des jardins mais pour des raisons bien différentes de celles de son frères, elle laissa ses mains courir sur le visage du jeune cavalier qui ne songea même pas à protester, se mettant instinctivement à la bonne hauteur. Une courte barbe naissante, des boucles lâches et mal taillées, un visage plus osseux, plus long. L'aveugle fronça le nez en reconnaissant une vilaine coupure le long du nez, faisant sourire de plus bel son petit frère.
-Mes Dieux ce que tu as changé. Souffla-t-elle en suivant une fois de plus la coupure.
Gaël l'arrêta en récupérant ses mains pour les embrasser avant de la prendre à son bras à travers les bosquets de fleur vers l'imposant château aux pierres grises. Pas à pas, son sourire s'élargissait. Il n'aurait pas cru que le vilain petit canard de leur famille lui manquerait autant... et en plus elle n'avait pas changé. Toujours la même certitude et la même naïveté au milieu d'un monde si complexe...
-Alors que toi... -Intemporelle, comme il se doit.
Il gloussa de mauvaise grâce en espérant qu'elle ne s'en rendrait pas compte. Oui, elle était une éternelle jeune fille. Leur père tardait à lui trouver un époux... Mais elle n'avait pas conscience de la situation difficile dans laquelle elle les mettaient tous. Elle était comme un oisillon qui demandait qu'on le jette du nid. Une inconscience rare... et plus d'une vie avait dû payer son manque de discernement d'après ce qu'il en savait.
Depuis qu'il avait franchi les Portes de Lourmel, depuis qu'il avait vu l'état de certaines campagnes du Nord en s'aventurant vers Oesgard avant de venir s'échouer derrières ces murailles, il ne tenait plus en place. Le Nord avait ses héros, lui n'avait pas eu une chance de se battre, il était arrivé dans le trop tard même pour les derniers combats, restant au près de leur jeune suzerain pendant que Cécilie était calfeutrée à quelques jours de la gloire, trop faible pour pouvoir participé... Et puis il avait appris pour son poste d'intendante... Maélyne était décidément bien trop serviable.
Il aurait du expliquer une bonne fois pour toute à sa sœur qu'elle ne pouvait pas continuer à mettre les autres en danger, mais elle se serait encore braqué à l'intérieur de son petit monde parfait. Il ne voulait pas la briser... et puisque c'était son père qui passait pour le méchant, il ne voulait pas qu'elle se braque contre lui également s'il lui restait une chance de la ramener calmement à la raison. Il devait également percer un autre mystère avant cela de toute façon : Ces satanées rumeurs. Il y en avait trop pour qu'elles soient toutes fondées – du moins il l'espérait – mais également trop pour qu'elles soient toutes issues de langues de serpents. Certaines l'avaient fait tiquer. Surtout celles concernant ses batifolages avec le Baron pour lequel elle avait refusé de rentrer au domaine familial... Mais le moment et le lieu était mal choisit pour aborder ce point... qu'il espérait quand même faux sans grand espoir.
-Tu as pu voir Mère récemment? Demanda-t-elle au milieu des trop longues descriptions du trajet alors qu'ils approchaient de ses appartement sous les directives discrètes de Rose.
Gaël passa sa main libre dans ses cheveux clairs en retenant un soupire. Il sentait encore les innombrables taloches de leur paternel sur ses joues mais aucune n'était aussi déstabilisante que l'attitude de sa sœur envers leur propre famille. Elle en était sans en être, les aimait tout en leur gardant rancœur. Mère avait mille fois raison, elle avait besoin d'un méchant et c'était tombé sur le seul homme qui n'accédait pas à tous ses caprices : leur père. D'un autre côté, elle était bien trop fragile pour se couper totalement d'eux. Il ne voulait pas la blesser plus qu'elle n'était déjà meurtrie par son propre état, mais par les Cinq que pouvait-il faire lorsqu'elle lui tendait des perches de la sorte ?
-Mère, et Colombe, et Melisande. Sa bouche se tordit malicieusement pour ricaner. Et aussi père même si tu ne sembles pas vouloir en parler...
Cécilie soupira bel et bien, elle, mais ne relança pas le débat... Ou du moins pas de manière ouverte.
-Et comment vont-elles?
L'énorme loquet et la porte de bois épais cédèrent sous la poigne de Gaël avec un chuintement qui coupa court aux réponses... Au moins cette forteresse était bien huilée... Mais les châteaux du Nord manquaient cruellement de raffinement et de confort. Certaines portes semblaient avoir été uniquement réalisé pour être ouvertes par des ours bruns... comme cet homme... ce... militaire ? qui les avaient croisé dans le couloir. Du haut de ses seize ans et avec son teint pâle et ses longs cheveux blonds, Gaël était bien plus proche de l'éphèbe rusé que du vétéran de guerre. Il était sec, réactif, rapide, calculateur, et l'armure sur mesure qu'il avait apportée jusqu'ici, frappées aux armes familiales, aurait coûté plus d'une vie de salaire à un homme de la piétaille. Mais devant un simple loquet et une porte gonflée par l'humidité, il se retrouvait encore parfois comme le commun des mortels et, même fort de sa virilité naissante, son orgueil n'était pas la seule chose qu'il avait réussit à blesser par obstination... Son épaule était là pour le lui rappeler. Alors autant éviter une scène pareille devant des gens du commun.
Il passa en premier, laissant la main de sa sœur s'emparer de son bras. Des yeux perçant aussi bleus que ceux de Cécilie, mais d'un charme tout personnel, se posèrent sur Rose avec un sourire galant.
-Merci, Rose. Nous t'appellerons si nous avons besoin de quoi que ce soit.
La domestique se redressa vite, délaissant sa jupe de belle étoffe qu'elle défroissait d'une main alerte, s'amusant intérieurement des manières du jeune homme qu'elle avait vu crapahuter à quatre pattes les fesses couvertes de talques. Il faisait bien des ronds de jambes à présent. S'il savait à quel point ses sourires enjôleurs étaient vains...
-Bien, Messire. Mademoiselle, s'inclina-t-elle pourtant avec toute la courtoisie et le respect dû au rang de ses interlocuteurs.
Le regard de Gaël attendit une seconde de pouvoir croiser à nouveau celui de la belle petite Rose, mais se laça vite devant son insistance à le garder baissé. Tant pis, il aurait tout le loisir de la voir dans l'après-midi. A la place, il tourna son regard vers le Capitaine rivegeois qui ne semblait pas quitté sa sœur. Le maintient du vieux militaire rappelait certains instructeurs de Missède...
-Vous pouvez disposer. -Bien.
Sans un mot de plus ni un signe de tête, il referma le bâtant et guida Cécilie jusqu'à la plus confortable des banquettes de la pièces : son lit... Où traînaient d'ailleurs un bas relief floral en bois qu'il jeta sur la table de nuit. Ils échangèrent quelques mots, l'un parlant de ce qu'avait réellement été son apprentissage aux côté de leur jeune suzerain, l'autre passant juste un peu moins sous silence les mésaventures des dernières ennéades. La discussion était légère, paisible, drôle, acerbe par moment. Exactement ce pourquoi Cécilie aimait retrouver son frère. Mais il y avait quelques chose de plus.
Si elle n'était pas en capacité de voir les iris bleues qui se détournaient parfois d'elle et les sourires qui lui étaient adressés, la musicienne sentait une certaine tension. Plutôt une distance. Elle craignait, comme à chaque retrouvaille, que le temps et les discours répétés de leur père aient fais leurs œuvres, mais elle aurait été bien amusé d'apprendre que son frère était toujours plus anxieux qu'elle dans ce genre de moment. Le jeune homme déglutissait, cherchait à décrire sa vie de façon toujours plus épatante. Qu'aurait-elle pensé si son petit frère n'avait pas été en tout point meilleur qu'elle ? S'il n'avait pas une vie semblable aux plus grands chevaliers ? Un lien d'étranglement mutuel en quelques sortes. Bien étrange à première vue... et à la seconde aussi.
Puis vint le moment où les mots et les heures vinrent à bout de leur premières réserves, comme toujours. Le premier silence songeur. Alors qu'on avait encore tant de chose à raconter en cherchant un peu, il pointait tôt ou tard le bout de son nez. Ce moment à partir duquel ils pouvaient de nouveau s'entraider... et se faire réellement du mal...
Ce fut Cécilie qui le rompit doucement, pressant la main de son frère dans les siennes en guise de regard complice.
-Je sais que cela fait peut-être deux ans que nous ne nous sommes pas retrouvé face à face mais si tu me disais ce qui te tracasse vraiment ?
La réponse aurait fait sourire d'incompréhension de plus avisé des conseillers, mais en matière de confidence, on se se refait pas. De droit et rayonnant, le blondinet assis auprès de sa sœur s'effondra littéralement sur elle. Sa tête s'appuya sur les genoux de son aînée et son orgueilleux visage se pressa dans les plis de ses jupes en fermant les yeux un instant, toute superbe envolée, comme du temps où il n'avait pas encore atteint l'âge de raison. Il serra les paupières en soupirant avant de s'allonger bien plus confortablement sans que sa tête ne quitte les genoux de la jeune femme. Néera était plus clémente en ce temps là... Et les moments passés avec sa sœur également plus simples.
Troublée, Cécilie laissa ses doigts se poser sur les boucles soigneusement entretenues de son cadet, retrouvant le sourire. Une pointe de nostalgie la saisit au cœur lorsqu'elle reprit.
-Et bien... Cela faisait des années... -Epargne-moi les vieux souvenirs tu-veux ? Je suis las du voyage. -Bien, répondit-elle simplement pour ne pas braquer l'orgueil de ce petit homme. Alors ? -Pleins de choses. La femme qui a de grandes chances de devenir ma fiancée ferait débander un arc et... -Gaël ! -Très bien. Très bien. J'épargnerai tes chastes oreilles. -Je suis sûre qu'elle n'est pas si laide. -Elle ressemble à une souris… J'espère juste qu'on m'offrira la cage qui va avec en cadeau de noce. -Bon... passons... capitula-t-elle en retenant un rire bien peu charitable qui ne passa absolument pas inaperçu. -Et bien... par exemple je te parlais de Diantra, les affaires n'y sont pas plus florissantes qu'ici... Il y a eut de gros dégâts… Et pour ne rien te cacher, si je suis là plus tôt que prévu, c'est que notre suzerain est tombé malade. On m'a envoyé prévenir père et de là je suis venu directement. -Malade ? Elle fronça les sourcils, Rien de grave j'espère… -Les médecins sont incapables de le dire avec certitude. -Que Néera le garde… je prierai pour lui lorsque je me rendrai au temple demain. -Tu vas au temple… Hors du château ? -Et oui. Et tu devrais peut-être essayer d'en faire autant un peu plus souvent. -Pour l'instant j'essaie surtout de survivre à mes voyages. Tu es au courant pour l'état de Diantra et des terres royales ? -Oui, je reçois des nouvelles de temps à autre par mère ou Renard. Mais il n'y a pas que ça, n'est-ce pas ? Je te sens tendu depuis ton arrivée et tu ne devais pas être là avant au moins une ennéade.
Il roula lentement ses yeux bleus dans sa direction mais, évidement, n'accrocha pas un regard. Il avait horreur de ça... ces petits tours de... voyance. Il ne savait jamais sur quel pied danser et c'était épuisant ! Après quelques instants d'hésitation, il décida que de toute façon, il faudrait bien lui poser la question d'une manière ou d'une autre... alors autant le faire de façon clair.
-J'ai... J'ai besoin de savoir si toutes les rumeurs qui circulent sur ta relation avec Jérôme de Clairssac sont fondées... -Gaël... -Ce ne serait pas si incompréhensible, tu sais ? Tu tarde à trouver un mari après tout. Père n'en saura rien. Mais si c'est le cas, il faut que tu me le dises, je pourrai t'aider. Je... -Gaël ! Calme toi. Il n'y a strictement rien entre moi et le Baron. Si je suis ne suis pas rentrée c'est... Pour d'autres raisons.
Qu'il connaissait sans doute aussi bien qu'elle à force d'y réfléchir...
-Sur ma vie et je suis prête à te le jurer devant les Cinq, mon honneur est intact. Jamais Jerôme de Clairssac n'a même essayé de me faire des avances. Les hommes du Nord sont plus droit que tu ne sembles le penser… ajouta-t-elle avec un sourire apaisant
Certes, rumeurs étaient plutôt du côté des suderons en ce qui concernait la gaudriole, mais quand même… Gaël était toujours songeur, tout jusqu'à sa respiration prouvait qu'il essayait de déterminer à quel point Cécilie pouvait lui dire la vérité, égratignant au passage le cœur de sa sœur toujours aussi sereine en apparence :
-Fait moi plus confiance qu'à des racontages d'ivrogne ou tu finiras par croire que Maélyne m’héberge uniquement pour ne pas être frapper par le mauvais sort. Dit moi plutôt comment vont mère et les filles.
Il avait sa réponse et il n'en aurait pas d'autre, il le savait. Pourtant elle l'agaçait à répondre si simplement. Pas d'agacement ni d'offuscation. Il avait sous-entendue qu'elle avait été volage, ou était la fureur ? L'énergie ? La passion des grands personnages ! Non, il n'y avait que le calme, la douceur et la sincérité. Sa sœur était placide et morne... sans histoire. Il sourit en observant cette belle enfant ignorante du monde. Au moins sa bienveillance était reposante...
-Et bien elles se portent toutes à merveille. Colombe dit que tu n'écris pas assez, comme toujours. Elle m'a supplié de l'emmener avec moi pour te revoir. … Et mère se languit de toi aussi. -Mère se languit de moi tant que je suis loin...
Un claquement de langue aussi agacé qu'étonné accueillit son commentaire.
-Cécilie ! Tu sais... -Qu'elle m'aime. Oui. Je sais. Et je l'aime tout autant. Mais ce n'est pas à toi que je vais apprendre que cela n'est jamais simple. -ça pourrait si tu le voulais. -Tu te trompes. Et je suis bien mieux ici tant que Père sera à Beaurivages.
Elle n'aurait pas dû... Un silence s'étira entre eux. Elle imaginait très bien l'air sévère de son frère. Pourquoi le confrontait-elle ainsi ? Ils n'avaient rien à y gagner, ni l'un ni l'autre... Alors lorsqu'elle sentit un baiser se poser sur son front, elle sursauta presque.
-Je me trompais. Tu as changé. Souffla son frère. -Ah?
Il esquissa un sourire surpris. Peut-être moins morne qu'il le pensait... C'était la première fois qu'elle parlait de leur parents de façon si franche... Peut-être même qu'elle parlait de quelqu'un de façon si franche. L'opposition n'était pas dans sa nature…
-Ma grande sœur si calme, si douce et si fragile est devenue bien plus franche et affirmée. Le tempérament des Nordien déteindrait-il sur toi? -Essaierais-tu de trouver toutes les façons détourner de dire que je deviens rustre ou de me convaincre de rentrer car en fin de compte c'est toi qui te languit le plus de moi ?
Il rit. Tout simplement. Cécilie avait peine à croire en la réalité de ses propres mots. Elle l'avait provoqué, elle s'était exprimé sans douceur… et il riait. Son assurance intérieur était proche du zéro absolu. Elle balbutia avant de réussir à reprendre.
-Alors... Quelques échos nous sont parvenus, mais puisque tu dis que notre suzerain a des problèmes de santé, qu'en est-il de sa distinction au titre de Comte ? -Et bien elle a eut lieue… mais on ne peut pas dire qu'il a eu le temps d'en profiter jusqu'ici. Je ne savais pas que tu étais au courant… Vous correspondez depuis longtemps? -Non. Nous n'avons échanger que deux ou trois lettre concernant des projets d'apaisements entre Etherna et Missède. Ainsi qu'une demande pressente de partenariat commerciaux. -Ces fameux accords… Renard et père semblaient plutôt content...
Il se leva, s'éloignant de quelques pas dans la pièce encombrée. Son pas s'arrêta soudain pour faire place au silence… un long silence...
-Gaël... -Encore ton tour de passe-passe ?! C'est quoi cette fois ? Ma respiration ?!
Elle sursauta devant l'éclat de son cadet et serra les poings sur les pans de sa robe, incapable de répondre quoi que ce soit. Il du s'apercevoir de l'effet qu'avait produit son emportement… ou se souvenir qu'il parlait à sa sœur, car il soupira une excuse et revint se poster devant elle en baissant d'un ton.
-Tu sais ce que j'en pense, on ne va pas épiloguer là dessus. Je croyais que nous n'avions pas d'influence et que nous laisserions notre Suzerain et notre père nous départager en temps voulu. Je devais me tromper… Il s'arrêta un instant mais ne put retenir la suite. Tu n'es même pas dans nos terres, Cécilie. Je croyais que tu avais compris, que tu te rétracterais lors de la succession pour le bien de notre famille. Alors répond moi, est-ce que tu cherches à gagner l'appui de notre suzerain? -Non, Gaël, soupira-t-elle. Je suis partit jusqu'à Etherna, Lourmel même, pour que ce conflit que Père nous impose... -Laisse père en dehors de cela! Tu sais qu'il n'a pas tord! -Arrête de crier. Je fais ce que je pense juste! Je suis partie et je fais valoir les intérêts de notre famille ici sans rien exiger. Faudra-t-il que je m'en aille jusqu'en Estrévent pour que tu ne te sentes plus menacé? -... Tu as vraiment changé.
Une boule de culpabilité obstrua la gorge de la jeune femme. Cette phrase sonnait étrangement à son oreille. A la fois un reproche et une fierté qu'elle ne pouvait comprendre... Ravalant son trouble, elle posa ses mains sur ses genoux, repoussant un instant celle de son frère.
-Peut-être... Mais est-ce pour le pire? Je t'en prie Gaël, ne nous fâchons pas. Je n'ai pas plus d'influence sur notre suzerain que toi. Tu sais que cette succession n'aurai pas lieu demain et père sera peut-être le seul décisionnaire au final. Il arrivera ce qu'il devra arriver et tu sais qu'un combat fratricide n'a jamais fait parti de mes options. -Tu es aveugle ma paro...
Il s'interrompit. Elle ne dit rien, ne se détourna pas. Sans l'avoir jamais vu, Cécilie pouvait sentir son regard peser sur elle. On se baissa devant elle. Une odeur de poussière, de sueur et celle de son frère lui sautèrent au visage. Les mains de son cadet vinrent chercher doucement les siennes.
-Pardonne moi...
De tout ce qu'il aurait put faire, cette phrase de commisération était la pire… En deux mots, il lui faisait ressentir toute la compassion, toute la tendresse… toute la pitié qu'il avait pour elle. Il ne s'autorisait même pas les expressions les plus courantes. Se reprenait comme si elle risquait de se briser à chaque fois qu'il en faisait mention.
Et comme a chaque fois, elle s'obligea a garder un visage dépourvu de tout accroc. Elle ravala les mots qui lui brûlaient la gorge et lui déchiraient les entrailles.
-Tu as raison. Mais jusqu'à maintenant j'ai plus d'expérience que toi pour faire prospérer un domaine. J'ai aidé mère. J'ai conseillé Jérôme de Clairssac. J'aide Maélyne. Je ne demande qu'à avoir tort. Si tu me prouves que tu es capable d'assumer une charge réelle, je te laisserai disposer de tous nos biens sans même une plainte.
Au milieu de la tempête, elle n'était même plus certaine d'y tenir. Elle avait repousser l'invitation au mariage du suzerain de sa famille en partie à cause de cela… Mais si ce concours forcé pouvait obliger son frère à être un meilleur seigneur, alors elle n'avais pas à hésiter. Le silence s'étendit.
-Tu sais... Je ne voulais pas... -Peu importe Gaël. Profitons de cette rencontre, tu veux bien? -Oui. Bien sûr...
Il était encore si jeune… son comportement le faisait parfois oublié. On souleva une de ses mains pour l'effleurer d'un baiser. Elle sourit à demi, tentant de se calmer. Ils reprirent des discussions plus simples, parlant des autres plutôt que d'eux-même. Puis elles s'effilochèrent de nouveau et, au détour d'un soupire pour camoufler le silence, Gaël se leva pour saluer sa sœur et aller investir sa chambre.
Il lui prêta son bras pour l'aider à se relever.
-Mais avant j'ai encore une nouvelle importante…
Il s'était tourné face à elle, prenant ses mains d'une façon solennelle qui ne lui ressemblait pas vraiment… en tout cas pas avec sa sœur. Il était droit, la surplombant de sa nouvelle hauteur.
-Tu vas sûrement retourné à Beaurivage plus rapidement que prévu…
Elle fronça les sourcils. Ils se prenaient le bec pour des histoires de succession, elle lui avouait sans ambages qu'elle était partie dans le Nord pour ne pas se mettre entre lui et leur père. Et voilà qu'il parlait soudainement de son retour au pays. Il y avait quelque chose la dessous… Et Cécilie n'aimaient les surprises que lorsqu'elles étaient faites par des gens sans aucun lien avec la politique…
-Je t'avais promis de décider Père à te trouver un mari juste avant ton départ pour le Nord. Ça a mis un peu de temps mais c'est chose faite. Il a enfin arrêté son choix. Tu n'aura plus à vivre sous son joug.
Son cœur rata un battement avant d'essayer de battre tous les records de vitesses. Ses doigts se serrèrent plus fortement sur ceux de son frère. Elle n'osait y croire… Et pourtant… Pour une fois dans sa vie, son père avait fait un pas vers elle ? Il ne la haïssait donc pas vraiment ? Il l'avait vraiment laissée être avec l'homme de son choix ? Tant d'incompréhension. Tant d'année passées à ce méfier… Aurait-elle mal comprit le but de ces actes ? La joie lui dévorait le cœur au point de la faire trembler. Il fallait qu'elle en ait le cœur net. Était-ce possible que…
-Alors il a accepté...? -Et oui.
Sans réfléchir, elle se jeta au cou de son frère. Les larmes de soulagement débordaient alors qu'elle le remerciait un milliard de fois. Peu importe ce qu'avaient dit Renard et Gaël, elle leur en serait a jamais reconnaissante. Elle ne pensait pas pouvoir être plus heureuse dans tout une vie…
Gaël, lui, n'avait pas put s'empêcher de rire et grondait gentiment la jeune femme pour sa sensiblerie tout en passant sa main dans son dos en attendant qu'elle se calme un peu. Il avait le cœur un peu serrer de la voir se mettre dans un état pareil… Prenant conscience, même un peu, de la pression qu'elle devait ressentir.
Pour essayé de la faire allé de l'avant, il entreprit de parler un peu du futur époux.
-Tu verras, tu seras bien. -Je sais ! Rit-elle entre deux sanglots. -C'est un homme reconnu. Ce n'étais pas franchement prévu, mais il a été nommé Baron. Tu te rends comptes ? -Un… Baron ? -Et oui. Impressionnant n'est-ce pas ? Il possède une flotte considérable et je suis sûr qu'en quelques années, il pourra pacifier une grande part des routes commerciales. Sa famille est enchanté à l'idée de faire alliance avec une terre florissante et une vieille famille comme la notre.
Un léger silence lui répondit. Lentement, sa sœur s'éloigna d'une longueur de bras.
-Q-Qui? -Un certain Henri de Montecale. … Tu te sens bien ?
...
-Cécilie...? -C'est pour ça que tu voulais absolument savoir si les rumeurs étaient fondées ?
La voix de la jeune femme était blanche et tendue… Et il avait la forte impression d'avoir raté une marche. Mais elle avait un peu raison d'être fâchée par ses manières, il n'y était pas allé avec le dos de la cuillère.
-Je ne connais pas les clauses du contrat de mariage. Je veux être sûr qu'il ne t'arrivera rien de fâcheux, c'est tout... -Je vois… Pardonne-moi... C'est... Si soudain... Je n'en reviens pas.
Un papier épais glissa sur les doigts de la jeune femme. Elle s'y accrocha comme à une amarre.
-C'est de père et mère au sujet de cette affaire. Je n'en sais pas plus. -Je... Merci. Je vais... Je vois… Je dois... trouver Rose. -Je peux te la lire si tu veux. -Non ! … Je veux dire… Non… C'est une affaire... sérieuse. Je préfère la lire à tête reposée. Je crois que… je ne suis pas en… en état, pour l'heure.
Elle sourit. Un sourire crispé. Même lui pouvait s'en rendre compte. Elle avait perdu toute couleur. C'était à ce demander si elle était anéanti ou terriblement soulagée. Ce qui était sûr c'est qu'il ne l'avait jamais vu dans un état pareil.
-Tu n'as pas reçue ma missive avant de partir, n'est-ce pas ? -Et non je n'ai rien reçu. Elle m'a peut-être ratée de quelques jours. Pourquoi, c'était important ? -… Je…
La fin de la phrase ne vint pas. Il replaça une mèche rebelle derrière l'oreille de la musicienne et l'enlaça de nouveau tant elle avait l'air perdue.
Cécilie se laissa faire. Des doigts peignaient doucement sa chevelure. Les battements du cœur de Gaël l'apaisait légèrement, donnant plus de réalité aux secondes qui s'écoulaient.
-Tu seras bien. Tu verras. Tu va pouvoir t'établir dans un lieu calme et personne ne viendra troubler cette paix. -C'est l'émotion… Je suis une femme après tout... Je sais très bien que je ne suis plus de la prime jeunesse. Il s'agit de mon... mon mariage. Il est normal que je sois un peu... émue, non? -Il semblerait, en effet...
Il l'écarta légèrement, pour voir ses yeux bleus si semblable aux siens.
-Je suis tellement heureux pour toi Cécilie. J'ai fait ce que j'ai pu pour décider père. Encore désolé d'avoir été si long.
hébétée, elle hocha la tête en un rire nerveux et tamponna ses larmes du dos de la main.
-Ne t'excuse pas. Je te… remercie. Tu devrais te reposer un peu. Prend un bain. Ta route a du être bien longue. Pendant ce temps, je vais… essayer de me reprendre un peu et me pencher sur ceci.. Et j'ai encore du travail. Nous irons voir Maélyne tout à l'heure... si elle a un peu de temps… Dieux que je dois avoir une mine affreuse… -Je suis passé me présenter à elle avant de venir te voir mais elle n'a pas eut le temps de me recevoir. Mais ça me va. A tout à l'heure dans ce cas. Et ne t'en fait pas trop. Tout iras bien. Et puis il y a ce fameux tournois auquel nous assisterons avant de rentrer. Tu as tout le temps que tu désires. -A tout à l'heure. Et si tu pouvais demander à un serviteur de prévenir Rose en sortant... -Bien sûr!"
Le jeune homme blond embrassa une dernière fois sa sœur et quitta la pièce.
Cécilie fit quelques pas, tâtonnant de la main pour trouver le tabouret qui trônait quelque part près de l'âtre, les jambes coupées. Elle s'obligea à laisser tomber sur ses genoux la lettre cachetée pour ne pas que son pouce continue indéfiniment de faire des allés et venues sur le sceau de cire qu'elle ne reconnaissait que trop bien. L'esprit vide, livide sans le savoir, elle glissa doucement ses doigts sur le cadre de la harpe. Ses motifs minutieux, polis par l'usage étaient rassurant. Ses mains atteignirent enfin les cordes alors que l'instrument flottait presque contre son épaule.
Elle heurta maladroitement une première corde grave. Presque une fausse note. Puis deux. Puis trois. Un rythme lent, aussi maladroit que les mains qui le jouaient. Des accords simples, juste pour s'abrutir et se calmer. Mieux valait que la musique tourne en rond plutôt que ses propres pensées.
Quatre temps sans un souffle de respiration. Incessant. Insolant. Acerbe. Instables... Garder l'esprit vide. Ne pas penser. Voilà tout ce qu'il y avait à faire pour le moment. Les accords résonnaient en elle, rebondissaient dans l'espace, emplissaient le monde d'un autre langage. Une langue où la vérité n'était que sentiment. Où le coeur s'exprimait du bout des doigts et happait ceux des passants égarés. Un langage que beaucoup préféraient ne pas parler.
Elle savait que cela arriverait... Non elle avait fini par se convaincre que cela n'arriverait jamais.
Toutes ces années où elle n'avait qu'attendu de pouvoir servir les intérêts de sa famille. Toutes ces années ou son père avait refusé toutes les demandes en mariage. Tous les efforts qu'elle avait fait pour servir ses affaires. Sa modestie, sa loyauté, son honneur. Toutes ces années à être rejetée, humiliée par les siens sans qu'ils s'en aperçoivent. Par les siens plus que par tout autre. Cette pitié qu'elle entendait dans la voix de sa propre mère. La distance dans celle de son père. Les mains de Gaël qui se voulaient protectrices mais qui n'étaient là que pour lui rappeler sa propre faiblesse.
La distance, les efforts, le savoir, même la magie n'y changerait rien.
Son coeur avait été libre. Longtemps. Elle l'avait dévoué à ceux qui lui avaient donné une chance de vivre malgré sa tare. Toute sa vie.
Ou presque.
Plus que la tristesse ou l'abattement, c'était une colère sourde qui lui chauffait le sang. Ses mains se durcissaient sur les cordes. Les notes plus fortes éclataient dans l'air. Elle s'en voulait, à elle, à sa vue, à ses sentiments, à Rose pour avoir à moitié fermé les yeux, aux dieux pour jouer avec sa vie, à sa famille pour tout le reste.
Une rage plus qu'une colère froide. Une rage devant sa propre impuissance. Plus forte encore que cette nuit ou Jindanor avait disparu.
Serait-elle obliger de se plier une fois de plus aux exigences d'un père qui la désavouait ? La Cécilie qui avait quitté la cours d'Etherna moins de deux mois auparavant n'aurait pas hésité. Elle aurait été heureuse de servir, heureuse d'échappée à sa famille et aux guerres internes qui lui étaient imposées. Elle aurait été soulagée de s'établir enfin honorablement, reconnaissante de faire un mariage si avantageux. Mais elle n'était plus cette femme.
Ses mains agrippèrent le cadrant de bois et le repoussèrent violemment. La harpe s'effondra au sol à deux pas dans une cacophonie de notes brisées. Ses mériales pépièrent en tout sens, terrorisées. Elle serrait les poings, fébrile. Elle s'était levée d'un bond, à bout de souffle. Immobile, elle écouta le concert des oiseaux puis le silence bourdonner à ses oreilles.
POURQUOI MAINTENANT?!
Elle se redressa soudain, surprise. Une mèche avait échappée à ses tresse et sa poitrine se creusait en de profondes respirations malgré un maintien presque normal. Le chuintement de la porte venait de lui apprendre qu'elle n'était plus seule.
-Demoiselle… vous allez bien ?
Une voix vaguement connue. Sans nom en tout cas. Une servante sûrement. Âgée.
-J'ai... sentit quelque chose... J'ai cru que quelqu'un était dans la pièce. -J'puis faire quelque chose ?
Pas de réponse… On entra de quelques pas pour ramasser quelques bricole.
-Votre harpe. -Merci. Vous pouvez disposer.
Elle sentit l'intruse hésiter.
-Ne vous en faites pas. J'ai juste besoin d'un moment. Vous pouvez sortir.S'il vous plaît… En fait, trouvez Rose et dites lui que je l'attends pour lire une missive urgente. -Bien demoiselle.
Et aussi soudainement qu'elle était apparue, la vieille femme referma la porte. Toujours figée au milieu de sa chambre, la main posée sur le cadran de sa harpe, Cécilie écouta les pas de la servante croisés ceux d'un homme imposant derrière le lourd battant de bois.
A Cécilie de Laval
De Beaurivages huitième année du 11e cycle 2e jour de la 5e ennéade de Verimios Cécilie, J'ai appris que la guerre avait pris fin au Nord. Je me réjouis que les drows aient été vaincus. Cette bonne nouvelle devrait nous permettre de conclure de nombreuses alliances favorables. Une affaire toute particulière m'enjoint à t'écrire. J'ai enfin trouver un parti digne de notre famille : Le Baronde Nelen. Ce titre te surprendra sûrement mais sache que Henri de Montecale a lui même mené la reconquête de l'archipel et que c'est grâce à lui que ces terres sont depuis quelques jours vassales du Langehack. Son père et moi même parlons de cette union depuis plus de deux mois déjà mais les troubles du Médians viennent juste de nous donner le temps nécessaire à la finalisation de l'accord. La présence maritime des Montecale est non négligeable et leurs hauts-faits compensent de très loin leur récente accession à la noblesse et leurs origines suderonnes. Ils représentent un investissement des plus avantageux comme nous le représentons à leurs yeux en tant qu'ancienne lignée de sang dont la stabilité et l'influence commerciale n'est plus à démontrer. Nous attendons de toi un comportement irréprochable. De plus, le père de ton fiancé à accepté que votre puîné porte le nom des de Laval s'il venait par le plus grand des malheurs que ton frère ne puisse gouverner notre fief. Notre lignée sera donc moins mise en péril que ce que je craignais. Je souhaite que tu reviennes au plus vite. La date du mariage a été fixée pour la fin du mois prochain mais ta mère veut régler plusieurs choses elle-même. Elle aura besoin que tu sois là en personne, aussi je ne saurais trop te prier de ne pas trop tarder. J'espère que le tournois dont nous avons eut échos permettra de confirmer nos alliances dans le Nord. Je devais aussi t'annoncer que ta mère et Colombe essaieront d'être présentes. Arnaud de Laval Seigneur de Beaurivages
Rose reposa le parchemin, lèvres pincées.
« Cécilie… -Non. »
la jeune femme frissonna. Cécilie était assise, immobile sur le seul fauteuil qui ornait sa chambre. Fauteuil qu'occupait habituellement sa suivante. Ses mains étaient soigneusement posées sur ses genoux et son visage revêtait son plus beau masque de sérénité, à tel point que même son amie d'enfance aurait pu se laisser berner… Mais sa voix était glaciale. Il n'y avait rien de calme ou de chaleureux dans cette voix. Rien d'humain…
« S'il te plaît. Ne dit rien. Et si tu ne peux pas te taire, je ne te retiens pas. »
Rose n'avait même pas essayer d'ouvrir la bouche… Tout cela allait trop loin. Si elle continuait à se braquer pour une amourette d'adolescente au lieu de penser à son devoir, la jeune femme savait ce qui lui resterait à faire… et elle espérait vraiment ne pas en arriver là.
Après le coup du bureau et ces lettres absurdes de demande en mariage, elle savait que ses pires craintes s'étaient réalisées. Heureusement, elle avait encore le minimum de confiance requis en Cécilie pour espérer que si demande en mariage il y avait, elle ne s'était pas encore compromise… Mais maintenant que cette occasion de faire une alliance réellement stable et avantageuse s'offrait à elle, elle ne devait pas la laisser passer.
« Tu sais que j'ai raison… ça sera mieux ainsi.»
La porte de la chambre se referma sur elle. Il y avait une seule personne capable de faire entendre raison à Cécilie, et Rose n'avait plus tellement le choix...
>> Pendant ce temps, à Diantra
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