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| Cet endroit que nous étions les seuls à connaitre [Guillaume] | |
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Mathilde de Clairssac
Humain
Nombre de messages : 419 Âge : 36 Date d'inscription : 07/09/2012
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 23 Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Cet endroit que nous étions les seuls à connaitre [Guillaume] Mar 26 Avr 2016 - 11:33 | |
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Cela ne faisait que deux jours qu’elle était rentrée à Hiviène et Mathilde avait l’impression de ne jamais avoir été aussi longtemps enfermée entre quatre murs. Pourtant elle avait passé de nombreuses ennéades à parcourir les tapis de sa chambre à Etherna lorsqu’elle était enceinte. Mais les deux jours qu’elle venait de passer, assise derrière le bureau de son père, à trier, compter, ranger, ordonner et rédiger avaient finis par avoir raison de sa patience. Cynérus avait eu la gentillesse d’attendre le lendemain de son retour avant de l’assaillir de paperasses et de notes. Et comme elle l’avait promis à Jérôme dans ses lettres, elle s’était mise au travail sans rechigner, veillant tard avec le vieil intendant, levée tôt pour se pencher à nouveau sur les papiers. Elle ne s’était pourtant absentée que deux ennéades. Elle qui avait laissé un bureau propre et bien rangée en partant, avait failli hurler d’horreur en voyant l’état dans lequel il se trouvait à son retour.
Mais à présent qu’elle avait terminé, à présent qu’elle aurait pu aller dormir dans son lit plutôt que sur le fauteuil qui l’avait accueilli les deux nuits précédentes, Mathilde s’était rendue dans sa chambre aux aurores, bien décidée à quitter le château quelques heures. Elle avait fouillé dans ses armoires mais elle ne parvint pas à mettre la main sur ses pantalons de monte. Et bien soit, fatiguée de devoir chercher, elle attrapa seulement sa cape et se précipita dans les couloirs pour rejoindre les écuries. Il était tôt mais Henrich était déjà debout. Il ne fit aucun commentaire sur l’heure, sur sa tenue ni même sur son air déterminé. Il lui avait suffi de l’entendre dire : « - J’ai besoin d’aller faire un tour »pour qu’il la laisse en paix. Il l’avait aidé à préparer Tempête et il avait été surpris du baiser qu’elle déposa sur sa joue ridée avant de monter en selle. La jeune dame était d’humeur joyeuse à présent, elle allait profiter des premières heures du jour et elle savait exactement où elle voulait se rendre.
« - Faites prévenir Cynérus que je serais de retour avant midi. »
Le vieux maître d’écurie hocha la tête et la regarda s’éloigner. Dès qu’elle eut atteint le pré situé à l’ouest du domaine, elle lança Tempête au galop, retrouvant par la même son sourire. Depuis qu’elle était rentrée à Hiviène, elle espérait voir ses frères revenir. Jérôme lui avait écrit pour lui dire qu’il ne serait pas dans le premier convoi mais que Guillaume lui en revanche ne tarderait pas. Elle avait tellement hâte de le revoir. Tellement hâte que pour se forcer à patienter un peu, elle voulait se rendre dans un lieu tout particulier. Un endroit où ils avaient eu l’habitude de se rendre lorsqu’ils étaient plus jeunes. Malgré les années qui la séparaient de sa dernière visite, Mathilde retrouva le chemin comme si elle s’y était rendue la veille. Longeant la rivière, elle s’était enfoncée dans les bois jusqu’à entendre le chant lointain d’une cascade. Le trajet depuis Hiviène avait duré moins d’une trentaine de minute, et maintenant qu’elle se trouvait là, elle se sentait revigorée, comme si ce lieu seul avait le pouvoir de la rendre à nouveau pleinement heureuse. Peut-être parce qu’il la renvoyait à un âge où elle n’avait pas encore connu la moindre souffrance.
Quand elle fut au pied de la petite cascade, Mathilde attacha son cheval à un arbre avant de s’approcher de l’eau. Il y avait un bassin d’eau claire, et une cascade haute de deux ou trois mètres, tout au plus. L’été avait réduit son débit, apportant à l’endroit un calme tout à fait surprenant. Relevant ses jupes jusqu’à ses genoux, Mathilde s’assit sur le rocher plat, qu’ils avaient gravés de leurs initiales, et elle fit tremper ses pieds dans l’eau fraîche. Elle ne s’était plus sentie aussi sereine depuis des mois, des années même. Elle aurait voulu rester ici à écouter les bruits de la forêt et le bercement de l’eau.
Fatiguée mais sereine, la jeune femme se coucha sur le dos, laissant ses jambes barboter dans l’eau, le regard levé vers la cime des arbres et le carré de ciel bleu qu’elle entrevoyait au-dessus d’elle.
L’instant aurait pu être parfait, mais le léger pincement au cœur qu’elle ressentit lui rappela que les tensions avec son frère n’avaient pas été totalement dissipées. Elle ne l’avait pas revu depuis si longtemps… Depuis son départ d’Etherna pour rejoindre Jérôme au front… Il n’avait pas été là à la mort de leur mère, et pas là non plus à la mort de son fils. Et même si ils s’écrivaient régulièrement, tout ne pouvait pas être dit dans une lettre, et elle avait tant de choses à lui dire.
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| | | Guillaume de Clairssac
Humain
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| Sujet: Re: Cet endroit que nous étions les seuls à connaitre [Guillaume] Mar 26 Avr 2016 - 18:36 | |
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La guerre était ENFIN terminée, ils revenaient d'une campagne qui s'était voulue longue, de par ses événements.. Les Marcheurs, les Drow's, les Abominations, le sang, les entrailles... Tout ça pesait sur la conscience de Guillaume, celui-ci avait beau avoir connus la guerre depuis bien des années, il ne s'y ferait jamais. Ils avaient certes vogués de campagnes en campagnes mais.. Celle-ci.. Il avait vu son frère changer, tant changer pendant celle-ci.. Il l'avait vu devenir... Orgueilleux ? Devant les applaudissements de ses hommes, les louanges de ceux-ci. Certes, il les avait mérités mais jamais auparavant elles ne lui avaient tant fais oublier les affres de la guerre.
Et toutes ces nouvelles, Guillaume était inquiet pour sa Soeur, Mathilde, cette soeur qu'il chérissait tant malgré toutes ces erreurs qu'elle avait pu faire. Malgré ce... Chien qui l'avait touché, qui l'avait ainsi souillé... Il soupira, sur le dos de son cheval, en tête du convois pour cette partie, il profitait de quelques trots au loin de la horde d'homme, se calmant les oreilles de ce claquement d'armure incessant, du roulement des charettes sur les quelques pavés et leur grattement sur le gravier, il soupirait en observant le lointain, espérant bien vite arriver chez lui... Hiviène... Pouvoir serrer sa Soeur dans ses bras, s'excuser de cette absence longue.. De ne pas avoir été présent pour la mort de Mère. Il serra les dents.
Alors qu'ils avançaient depuis un moment déjà.. Ils purent enfin apercevoir Etherna, bon sang.. Il pourrait quitter les alentours de l'armée, et chevauchée à pleine volée vers Hiviène...
Il ne patienta pas réellement, faisant presque presser le pas, faisant passer les ordres entre ses commandants, s'assurant que les hommes tenaient les rangs correctement, et que tout se déroulait correctement en amont de la cohorte d'hommes.. Lorsqu'ils attinrent les portes, il désigna au commandant de la garde d'Etherna de se (Nous le dirons franchement... Aprés tout, cela en donnait l'impression) Démerder avec les hommes, et de se charger de la paperasse, faisant savoir que le maréchal de la famille lui donnerait un coups de mains, puis, il ne prit pas plus de temps, ne perdit pas plus de ces précieuses minutes, et se rua à toute allures vers Hiviène.
Et, quelle ne fut pas sa déception lorsqu'on lui dit calmement, devant son cheval renaclant et ses muscles endoloris, qu'elle s'était en allée il n'y avait pas plus d'une heure sur son canasson favoris. Tempête.. Et d'un coups d'oeil il comprit que tout cela était bien réel.
Il fulmina presque, faisant demi-tour presque instantanément, tirant sur les brides de sa fière monture pour repartir dans l'autre sens.. S'il avait bien une idée d'où elle pouvait se trouver, il faut vous avouer qu'il s'attendait autant à tomber nez à nez avec le vide... Elle avait visiblement le don de lui glisser entre les doigts aujourd'hui.
Remontant le chemin à grand coups de galops et de trot, il finit par arriver devant la forêt en question, s'y glissant au pas, flattant l'encolure de sa précieuse monture, avant d'observer les alentours, quelque peu aux aguets, il ne fallait pas qu'ils se ratent de quelques minutes, il hurlerait de rage, il.. Il.. Il piquerait une tête dans la rivière tient, bonne idée.
Et alors qu'il s'approchait suffisament pour entendre le doux son de la cascade, il posa pieds à terre, amenant sa monture en direction de celle-ci... Il l'attacherait à un arbre, ou lui permettrait de boire avant cela, de toute manière, celle-ci saurait faire son affaire même s'il venait à la laisser se balader seule aux abords de cette cascade..
Puis il la vit.. Elle était au bord de la rivière, du microscopique lac s'étant formé en dessous de la tumultueuse cascade, qui a son habitude venait fracasser ses litres d'eaux contre le sol argileux des environs, creusant un peu plus une cavité accueillant une quantité importante du précieux liquide.
-... Mathilde. Fut tout ce qu'il dit, se tenant entre deux chênes, tenant la bride de la monture qui renaclait encore un peu à ses côtés.
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| | | Mathilde de Clairssac
Humain
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| Sujet: Re: Cet endroit que nous étions les seuls à connaitre [Guillaume] Mer 27 Avr 2016 - 10:30 | |
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Deux heures. Juste deux heures. C’était la seule chose qu’elle demandait et même ça on le lui refusait. Lorsqu’elle avait entendu son prénom, la première réaction de la jeune femme fut de fermer les yeux et de laisser tomber ses bras de chaque côté d’elle, en croix, dans un geste théâtral et mélodramatique.
« - Quelques heures… Est-ce trop demander, par Néera ? Je suis restée enfermée pendant deux jours … Je n’ai presque pas vu le soleil se lever et se coucher et vous venez quand même jusque-là pour… »
D’ailleurs, comment se faisait-il que quelqu’un ait su la trouver précisément ici ? Elle n’avait dit à personne l’endroit où elle se rendait. Ce qui était presque inconscient de sa part si elle se rappelait sa mésaventure près de Dorour. Et puis, c’était son prénom qu’elle avait entendu… Jamais un serviteur d’Hiviène ne se serait permis une telle familiarité.
Se redressant en prenant appui sur ses mains, la jeune femme se tourna pour voir qui se tenait à quelques pas derrière elle. Et par tous les dieux, on pouvait dire qu’elle n’avait pas été préparée à une surprise pareille. « - Guillaume… »Sa voix n’était qu’un murmure, couvert par le bruit de l'eau dévalant la cascade. Sans se soucier de ses jambes mouillées, Mathilde se releva brusquement pour faire face à son frère. Un immense sourire se peignit sur son visage alors qu’elle faisait un pas vers lui. Elle aurait voulu courir et se jeter à son cou mais quelque chose la retenait à présent. Peut-être était-ce à cause de toutes ses choses qu’ils s’étaient dit, ou alors de toutes celles qu’ils s’étaient contraints à taire.
Des mois qu’elle ne l’avait pas vu et à présent qu’il était là face à elle, elle ne savait pas comment réagir à sa présence. Malgré la force des émotions qui la secouait, Mathilde fit un nouveau pas dans sa direction avec un calme qui lui était totalement inhabituel. Elle essayait de jauger l’humeur de son frère, de savoir s’il était heureux de la voir mais son visage était figé, ne lui laissant entrevoir aucune émotion. Avant, il lui aurait suffi d’un regard pour savoir ce que pensait Guillaume, mais à présent, après toutes les épreuves qu’ils avaient traversé chacun de leur côté, il semblait tellement différent.
Et en même temps… Ce n’était que Guillaume. Son Guillaume. Tant pis s’il ne voulait pas d’elle dans ses bras, elle, elle avait trop besoin de s’assurer qu’elle ne rêvait pas. Aussi, une fois la surprise passée, elle combla l’espace entre eux et se jeta à son cou.
« - Par Néera…. Tu es enfin revenu… »
Reposant ses talons sur le sol, Mathilde s’écarta légèrement, gardant tout de même si mains sur les épaules de son frère. Leurs regards, si semblables, se croisèrent à nouveau et elle ne put se retenir de sourire tant elle était heureuse de le revoir enfin.
« - Si tu savais comme tu m’as manqué Guillaume… j’ai tant d’excuses à te faire… pour tout… Je te demande pardon pour tout … »
Elle en avait noirci des pages d’excuses qu’elle n’avait jamais trouvé le courage d’envoyer à Guillaume. Il s’était retrouvé à Etherna qu’une poignée de jour après son retour de Thaar, et il avait dû repartir au front sans qu’ils aient réellement pu ouvrir le dialogue et crever l’abcès. En même temps, elle devait reconnaître qu’elle n’avait pas été très ouverte à la discussion… Mais ses longues ennéades de solitude, à craindre pour la vie de ses frères, à avoir perdu tant d’êtres chers, lui avaient rappelés ce qui était réellement important. Et pour l’heure, elle voulait seulement retrouver ce frère qu’elle avait perdu à cause de ses bêtises.
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| | | Guillaume de Clairssac
Humain
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| Sujet: Re: Cet endroit que nous étions les seuls à connaitre [Guillaume] Ven 20 Mai 2016 - 14:44 | |
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« - Quelques heures… Est-ce trop demander, par Néera ? Je suis restée enfermée pendant deux jours … Je n’ai presque pas vu le soleil se lever et se coucher et vous venez quand même jusque-là pour… »
Alors qu'elle commençait à pester, Guillaume ne put retenir un sourire prendre forme sur le coin de ses lèvres, il l'avait surpris, c'était déjà un bon point, alors qu'elle se relevait avec plus de précipitation encore, et semblait murmurer quelques mots, Guillaume ne bougea pas.
Il l'observait avec sérénité, calme et patience, si elle ne voulait pas le voir, il la savait suffisament franche pour le lui faire comprendre, mais lorsqu'elle se mit à courir pieds nues vers lui, il ne put que rire légèrement en la prenant dans son bras libre, la serrant contre lui avec l'amour d'un frère n'ayant pas vu sa soeur depuis bien trop longtemps. La serrant contre lui avec tout cet amour, et toute cette joie de la voir rayonner ainsi à son retour, il ne put que soupire d'aise en la reposant les pieds au sol aprés quelques secondes d'embrassade.
-Par Néera... Tu es enfin revenu...
Alors qu'elle reculait en gardant ses mains sur ses épaules, Guillaume lui sourit, croisant son regard qu'il ne quitta pas , et ne quitterait pour rien au monde. Sa soeur, ce petit bijoux qu'il avait toujours voulu protéger, l'éloigner des souffrances de ce monde, s'assurer d'un bel avenir...
Peut-être avait-il été trop protecteur ? Peut-être s'était-il fait trop dur avec elle ... ? Il se rappelait de cette gifle qu'il lui avait distribué, et s'en voulait maintenant que la colère était passée..
-Si tu savais comme tu m'as manqué Guillaume... J'ai tant d'excuses à te faire... Pour tout... Je te demande pardon pour tout...
Pourquoi s'excusait-elle... ? D'avoir été désabusée ? D'avoir cherchée l'amour ? De s'être éprise de la mauvaise personne ? Elle pensait réellement qu'il pouvait lui en vouloir indéfiniment ?
-... Ne t'excuse pas Mathilde. Il la reprit dans ses bras sans demandé bien plus. Tu n'as pas à t'excuser... C'est à moi de te faire part d'excuses, je n'aurais jamais du en venir à te gifler... Tu as été désabusée, utilisée... C'est simplement cet homme qui mérite ma rage, et ma colère. Pas toi. Je suis aussi ... Ce que tu m'as manqué ma soeur. Je suis désolé de ne pas avoir été là lorsque mère... Et... Il la serra un peu plus contre lui. Il aurait voulu être là, lorsque son fils l'avait quittée, lorsque leurs mères avaient sombrés dans les bras de Tyra... Jérôme et moi aurions dû être là... Présents. Pour toi.
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| | | Mathilde de Clairssac
Humain
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| Sujet: Re: Cet endroit que nous étions les seuls à connaitre [Guillaume] Lun 23 Mai 2016 - 11:23 | |
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Elle qui avait imaginé des dizaines, non des centaines de fois ce moment où elle ravalerait sa fierté et son égo pour présenter ses excuses à ce frère qu’elle avait si souvent déçu, elle qui avait répété de nombreuses fois les mots qu’elle aurait voulu lui dire, voilà qu'en cet instant, elle était incapable d'ordonner ses pensées. Et puis, à peine avait-elle commencé qu’il l'avait coupé pour protester. Comment ça elle n’avait pas à s’excuser ? Bien sûr que si. Et pas qu’une fois même. Elle avait été la pire des égoïstes et même si sur le moment ces choix lui avaient paru judicieux, elle les regrettait à présent presque tous. Le seul qu’elle ne pouvait pas regretter c’était celui d’avoir demandé à Jérôme de lui permettre de garder Kiel près d’elle. Plus surprenant encore ce fût les excuses qu’il lui adressa à son tour. A croire que la distance qui les avait séparés si longtemps les avait fait réfléchir tous les deux. Il évoqua même cette gifle magistrale qui l’avait envoyé sur le tapis le jour où elle lui avait annoncé sa grossesse. Mais cela faisait bien longtemps qu’elle ne lui en voulait plus…Elle sentit toute son émotion lorsqu’il lui évoqua la mort de leur mère et même s’il ne prononça pas le prénom de Kiel, elle savait parfaitement qu’il parlait également de lui. Elle avait traversé de violentes et douloureuses épreuves sans eux, dont une que ses frères ignoraient encore et qu’elle préférait pour le moment garder pour elle, à quoi bon les inquiéter.
« - Tu n’as rien à te faire pardonné Guillaume, à part d’avoir été si long à revenir. Vous n’étiez pas là, c’est ainsi… Vous auriez pu ne jamais rentrer Jérôme et toi, mais tu es là maintenant et Jérôme ne devrait pas être long à te suivre. Je remercie Néera chaque jour de vous avoir préservé tous les deux. »
S’écartant légèrement, Mathilde attrapa les rênes du cheval de son frère et l’attacha à l’un des arbres.
« - Tu dois certainement être épuisé par ton voyage, mais je vais me montrer cruellement égoïste et te garder encore un peu, juste pour moi. Tu veux bien ? »
Revenant près de son frère, Mathilde lui prit la main et l’entraîna vers le bord de la cascade, là où elle était assise quelques minutes plus tôt. Des années auparavant, lorsqu’ils étaient adolescents, s’était exactement au même endroit qu’ils venaient. Combien de fois s’étaient-ils fait punir après être rentrée trempées jusqu’aux os ? Des dizaines probablement. S’installant sur la large pierre lisse, Mathilde tira un carré de tissu brodé de son corsage et elle le trempa quelques secondes dans l’eau claire du bassin. Une fois essoré, elle le tendit à son frère pour qu’il puisse se nettoyer le visage.
« - Je n’étais pas là moi non plus lorsque…lorsqu’elle est partie. »Il était évident qu’elle faisait référence à sa mère, mais elle avait toujours du mal à parler d’elle. Si ses frères avaient su lui pardonner ses écarts de conduite, c’était loin d’être le cas de la Dame d’Hiviène et leur relation n’avait plus jamais été la même… Même après la mort de Kiel… Surtout après la mort de Kiel. « - J’aurais dû être là… Mais je n’arrivais plus à supporter sa présence… On ne savait plus comment se parler, il y avait toujours l’ombre d’un reproche, j’ai bien conscience que je suis la première responsable de cette colère qu’elle nourrissait contre moi… mais elle m’a fait tellement de mal lorsqu’il est mort que… j’ai préféré la fuir. Vous n’étiez pas là pour elle…mais moi non plus…. Me pardonneras-tu de l’avoir laissé mourir seule ? »
C’était surprenant cette facilité qu’elle avait à lui parler. Ca avait toujours été le cas lorsqu’ils étaient enfants, mais sa grossesse, puis sa fuite à Thaar, n’avait pas facilité leur relation. Elle avait longtemps craint que tout soit différent avec lui, mais à cet instant c’était exactement comme si toutes ses années n’avaient pas eu lieu. Ils étaient sur leur rocher et elle lui parlait librement. Elle avait saisi sa main pour la serrer dans la sienne, ce contact la rassurait autant qu’il lui permettait d’être certaine de la présence de Guillaume. Il ne resterait probablement pas très longtemps, mais il était là et c’était tout ce qui comptait en cet instant.
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| | | Guillaume de Clairssac
Humain
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| Sujet: Re: Cet endroit que nous étions les seuls à connaitre [Guillaume] Lun 13 Juin 2016 - 4:40 | |
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Assis, ensembles, sur la bordure de cette cascade, après qu'elle l'ait intimé à venir. Lui en voulait-il de quémander son attention ? Non. Et il lui faisait comprendre en lui souriant, se tenant comme il l'avait fait, des années auparavant, une jambe pliée contre son torse, l'autre étendue vers la rivière. Il l'écoutait, calmement. Elle se justifiait, après lui avoir tantôt dis de ne pas s'excuser, qu'il n'avait aucune raison de le faire.
-Me pardonneras-tu de l'avoir laissé mourir seule ? Osa-t'elle lui demander, lui faisant relever la tête de cette cascade, et poser son regard bleu sur elle.
-Ce n'est pas à moi Mathilde... Que tu dois demander pardon.. Mais à elle. La seule chose qui me chagrine aujourd'hui, c'est que tu m'avoues ne pas avoir su renouer les liens avec elle. Il lui sourit légèrement, la fatigue se lisant sur ses traits, mais la tristesse aussi. Demandes-lui pardon.. Elle le fera. Elle t'aime. Elle t'a aimée, toujours. Même lorsqu'elle t'a fais du mal. Elle t'aimait. C'était une mère. Tu comprendras, mieux que moi. Il lui sourit, doucement. J'aurais voulu la voir une dernière fois. Lui dire , inutilement, à quel point j'l'aimais... Il avait la gorge nouée, le regard se plongeant dans l'eau de cette rivière, aussi cristalline qu'elle pouvait l'être. Elle va me manquer. Toujours avec ses sermons. Allongea-t'il doucement, avec une légère pointe d'humour dans la voix, malgré la tristesse qui venait de le submerger.
Il avait la larme à l'oeil. Tout ça venait de le rattraper, en quelques minutes seulement. Comme une gifle cela venait de lui arracher des sentiments qu'il aurait voulu taire. Comme une amante, cela l'avait fais souffrir plus que de raisons. L'amour qu'un enfant porte à sa mère n'a aucune limite. Et l'amour qu'une mère porte à son enfant, n'en a d'autant moins. Ce n'était pas une mauvaise mère. Elle n'était peut-être pas la meilleure des mères, avec tout ses sermons, ces ... Tiens-toi droit. Fais-ci. Fais ça... Non pas ça. Même quand il avait l'âge de savoir ce qu'il devait faire ou non. Elle n'pouvait simplement pas s'empêcher de s'occuper de lui. De replacer une mèche quand elle le voyait.
-.. Mais c'était notre mère... Il avait la gorge si nouée qu'il ne put cacher sa douleur. Il s'en voulait d'être dans cet état. Il s'en voulait de verser ces larmes maintenant. Il s'en voulait d'entraîner sa Soeur plus loin dans son malheur. Il regarde Mathilde, le visage crispé par la douleur. Pourquoi ? Hein ? Tyra ne pouvait pas me laisser la voir avant ça... ? Il fallait qu'elle l'emmène ?
Il avait un tel pincement au cœur, qu'il lâcha prise, se mettant à verser ses larmes, prenant simplement sa sœur dans ses bras. Car elle devait s'en vouloir. Au delà de toute idée que l'on pouvait s'en faire. Car cette femme qui les avait quittés. C'était leurs mère.
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